Banale.
C'était le premier mot qui venait à l'esprit de Rose Weasley quand quelqu'un lui demandait – au détour d'une conversation – de décrire sa vie de façon objective. C'était simple mais efficace, sans fioritures.

Rose soupira, faisant virevolter la mèche rousse qui s'était nonchalamment posée devant son nez. Oui, banale, c'était bien le mot, se dit-elle en délaissant quelque peu le rapport qu'elle était en train d'écrire pour jeter un coup d'œil au dehors. La nuit commençait à tomber et le semblant de clarté qui illuminait jusqu'à présent la petite pièce dans laquelle elle travaillait était sur le point de rendre enfin l'âme après des heures d'agonie.
D'un coup de baguette, elle alluma toutes les appliques de son bureau et reprit sa plume pour poursuivre la mise au propre des détails du procès auquel elle avait assisté plus tôt dans la journée. Il s'agissait d'une vulgaire querelle de voisinage où l'un des intéressés se plaignait que le second n'ait pas fait dégnomer son jardin, avec pour conséquence le massacre de l'un des espaces floraux du premier. L'envie de souffler reprit Rose mais elle se contint, s'abstenant seulement à tapoter la table du bout des doigts de sa main libre pendant qu'elle écrivait de l'autre.

Depuis sa sortie de Poudlard, deux ans auparavant, la jeune sorcière suivait une formation de cinq ans pour devenir avocate et effectuait donc tous ses stages au Département de contrôle et régulation des créatures magiques du Ministère. Si cette section l'avait au départ attirée, son assignation à l'Agence de conseil contre les nuisibles avait en revanche été une grande déception. Rose s'était attendue à des dragons, des hippogriffes ou bien encore des sombrals. Au lieu de cela, elle avait hérité des gnomes… Merlin seul savait combien elle connaissait ces petits êtres après avoir passé tous les étés de son adolescence au Terrier dire qu'elle ne les appréciait pas plus que cela aurait été un euphémisme.
Oh, bien sûr Rose aurait pu demander à sa mère d'en toucher deux mots à l'administrateur de sa formation, Mr Finnigan. Quoi de plus facile quand on était Hermione Granger-Weasley, directrice du Département de la justice magique ? Seulement, c'aurait été trop simple, et la jeune fille devait avouer qu'elle n'en pouvait plus de lire dans les magazines sorciers que tout lui avait toujours été servi sur un plateau d'argent. Demander service à sa famille n'aurait fait que confirmer leurs écrits.
— Pourrais-tu arrêter s'il-te-plait ? s'éleva soudain la voix hautaine de Graziella Zabini.
Rose immobilisa ses doigts qui n'avaient cessé de marteler le bois de son bureau sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle n'aurait su dire depuis combien de temps était dans la pièce la grande brune sculpturale qui lui servait de camarade, mais cela ne l'empêcha pourtant pas de lui jeter un regard noir avant de poser la tête dans le creux de sa main.
Zabini espérait, elle aussi, devenir avocate. C'était le monde à l'envers, pensa Rose en levant les yeux au ciel. Les gens débectaient littéralement cette fille, surtout quand ils n'étaient pas de naissance ''noble''. Dire le nom de cette petite pimbêche dans une phrase et ajouter qu'elle n'aimait quiconque plus pauvre qu'elle aurait été un pléonasme, Graziella rimait avec dédain. C'en était presque ridicule de la voir réduite à de simples affaires de gnomes, à tel point que Rose ne savait pas très bien si elle aurait dû pleurer de rire ou avoir pitié de l'intéressée. Il était même étonnant, voire limite aberrant, qu'elle n'ait pas convaincu son père d'user de ses relations pour une meilleure affectation.
La brune souffla, imitant Rose quelques minutes plus tôt, avant d'attraper le thé qu'elle s'était visiblement servie sans avoir l'amabilité d'en proposer à sa collègue. Charmant.
— Tu travailles Weasley ? demanda-t-elle en jetant un coup d'œil fuyant vers la rousse.
— J'essaye dira-t-on, répondit cette dernière en levant les sourcils.
Le silence retomba dans la pièce jusqu'à ce qu'une tasse fumante apparaisse devant elle, l'arrachant quelques instants à son parchemin. Zabini se trouvait tout près de son bureau, visiblement gênée mais muette.
— Il est empoisonné c'est ça ? Parce que je ne peux pas croire que l'idée te soit venue d'un coup, comme ça, seulement pour faire plaisir.
Graziella leva les yeux au ciel avant de s'asseoir sur le bord du bureau de Rose.
— J'essaye simplement d'être courtoise, puisqu'on est sensées se supporter, déclara-t-elle en se passant la main dans les cheveux.
— Ca fait deux ans qu'on se supporte Zabini si tu avais voulu être gentille tu n'aurais pas attendu jusqu'à maintenant, répartit la jeune sorcière méfiante.
— Oh écoute Weasley ! Albus insiste pour que nos relations s'améliorent, ça ne pourra pas se faire si tu n'y mets pas un peu du tien !
Avait-elle oublié de préciser que son adorable cousin sortait avec la Dame des Glaces depuis maintenant un an ? Bien ! C'était à présent chose faite. Et qu'on lui lance un Doloris si Rose arrivait un jour à comprendre comment le bougre faisait !
— Je passe mon tour si ta seule motivation reste la contrainte, se contenta-t-elle de répondre en prenant néanmoins une gorgée de thé.
— Ce que tu peux être bornée ! répondit Graziella. J'aimerais juste éviter d'avoir l'impression d'être dans la même pièce que Voldemort chaque fois que nous nous retrouvons toutes les deux face à face.
— Ce n'est pas moi qui ai tenu à entretenir ce climat.
— Tu n'as jamais fait d'erreur Rose ? J'étais jeune par Merlin ! C'est toi qui fais l'enfant là.
Rose reposa sa tasse en fixant Graziella avant de s'adosser à son siège. Depuis leur rencontre à Poudlard la jeune brune n'avait eu de cesse de lui rappeler à quel point elle se sentait supérieure à elle et à tout ceux qui l'entouraient et voilà qu'à présent elle la traitait, elle, de gamine ? Le sang afflua aux tempes de Rose et elle se prit l'arrête du nez entre les doigts. De toutes les filles qui avaient pu croiser la route d'Albus Potter, il avait fallu qu'il choisisse celle-ci en particulier…
— Très bien, concéda-t-elle finalement, puisque tu insistes je saurais être courtoise. Mais dis-toi bien, Graziella, que je t'accorde cette faveur pour Al et uniquement pour lui.
— Je ne m'attendais pas à ce que tu me sautes au cou de toute manière, répartit-elle en esquissant tout de même un sourire.
Rose la regarda s'éloigner avant de tremper à nouveau les lèvres dans son thé. Elle l'observa se rasseoir à son bureau en attrapant délicatement sa tasse. Si elle s'en tenait à ce comportement, la rousse pourrait peut-être la supporter, du moins elle essaierait… pour Al.
— Bonjour, lança une voix enjouée alors que Rose manquait s'étrangler en avalant de travers.
— Scorpius ! Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Graziella en enlaçant son ami, visiblement moins tendue que quelques secondes auparavant.
— Je passais dans le coin, je me suis dit que je pourrais venir te voir Grazia, répondit le jeune homme en s'appuyant au bureau de cette dernière.
Rose contempla son parchemin, prenant bien soin de ne pas lever les yeux vers le blond.
La relation qu'elle entretenait avec Scorpius Malfoy laissait souvent les gens perplexes. Si certains se seraient attendus à ce qu'ils se détestent, d'autres auraient pensé au contraire qu'ils se sentiraient inévitablement attirés l'un par l'autre. Ce que personne n'avait prévu, en revanche, c'était le caractère inexistant de leurs échanges. C'était comme s'ils faisaient étrangement tout, chacun de leur côté, pour feindre de ne pas se voir. Et cela avait tout le temps été ainsi, ce malgré le fait que Scorpius soit le meilleur ami de Al.
Perdue dans la contemplation de son écriture, Rose n'écoutait pas la conversation qui se déroulait à côté d'elle jusqu'à ce qu'elle surprenne son nom dans l'une des phrases de Graziella. Levant précipitamment la tête, ses yeux s'accrochèrent à ceux de Malfoy et elle rougit violemment avant de détourner le regard.
— Excuse-moi, dit-il à Graziella en secouant la tête. Tu disais quoi ?
— Juste que Rose venait enfin d'accepter une trêve entre nous deux et que ce serait assez sympa de fêter ça, répondit Graziella en se rasseyant. Qu'est-ce que tu en dis ?
La jeune rousse leva une nouvelle fois la tête, étonnée que sa collègue prenne la peine de lui demander son avis. D'abord le thé, maintenant ça. Graziella Zabini avait-elle finalement appris ce qu'était la courtoisie ? Le rouge lui monta aux joues pour la deuxième fois lorsqu'elle s'aperçut que Scorpius attendait lui aussi sa réponse en la fixant peut-être un peu trop assidument. Maudit gène Weasley !
— J'ai quelque chose de prévu ce soir, désolée, dit-elle simplement en se souvenant qu'elle avait rendez-vous avec Eric McLaggen dans la soirée.
— Pas de souci, je voulais t'inviter demain de toute manière. Albus voulait qu'on aille au pub qu'il aime tant… quel est son nom déjà Scorpius ?
— L'Hydromel.
— Exact ! Et donc Rose, on avait prévu d'y aller en couple, Albus , moi, Scorpius et Gwyneth Goyle. Pourquoi est-ce que tu ne viendrais pas avec ce garçon qui te court après là ? Eric, c'est ça ?
Graziella avait passer toute sa scolarité à Poudlard, le fait qu'elle ne soit pas sûre du prénom de McLaggen alors qu'il n'avait qu'un an de plus qu'elle avait tendance à énerver un peu Rose. Mais elle se retint, pensant à Al.
— Je lui en toucherai un mot, répondit-elle les dents serrées, mais je ne promets rien.
Du coin de l'œil elle surprit le léger haussement d'épaules de Malfoy. Elle fut tentée de lui demander ce qui semblait le déranger mais se contenta de boire une nouvelle gorgée de son thé, peu décidée à se faire remarquer.
— Ce serait bien qu'on se rejoigne vers vingt-et-une heure, avança Scorpius en regardant exclusivement Zabini. Mon père a insisté pour voir Gwyneth avant notre rendez-vous. Elle doit lui donner des détails sur le nouveau dossier qu'ils vont traiter…
Rose n'écouta pas la suite. Entendre Malfoy déblatérer sur sa parfaite petite-amie au parfait job à Gringotts n'était pas vraiment la chose à laquelle elle aspirait en ce jeudi après-midi pluvieux. Quitte à s'atteler à un sujet ennuyeux, autant choisir les gnomes.
Le temps qu'elle recopie une phrase puis lève les yeux Malfoy avait déjà disparut sans même un au revoir. Quoiqu'il ne lui avait pas non plus dit bonjour en y repensant bien.

Etait-elle si transparente ?


Quand Rose arriva à l'Hydromel ce vendredi soir là, la musique était si forte qu'elle en sentit pulser son cœur jusque dans ses oreilles. Aveuglée par les spots, elle cligna plusieurs fois des yeux avant de s'habituer à l'ambiance qui régnait dans le bar puis jeta machinalement un coup d'œil à McLaggen, posté juste derrière elle. Le jeune homme avait accepté de la suivre et elle ne savait pas si elle devait considérer comme bon ou mauvais signe le fait qu'il ne semble pas plus interloqué que ça à l'idée d'être présenté à son cousin – et accessoirement meilleur ami – au bout de seulement trois rendez-vous. Elle, en tout cas, aurait sans doute trouvé ça un poil précipité si les rôles avaient été inversés, mais comme il était exclu qu'elle arrive à cette soirée seule…
Eric lui sourit avec assurance en se rapprochant pour placer une main au creux de ses reins et la guider vers l'intérieur de la boîte. Rose se raidit au contact de sa paume sur le tissu de sa robe mais fit comme si de rien n'était, ignorant la sensation furtive mais désagréable qu'elle venait de ressentir.
— Est-ce que tu vois Al ? lui cria-t-elle par dessus la nouvelle chanson des Bizarr Sisters – qu'elle n'en pouvait plus d'entendre sans arrêt.
Il fit mine de chercher puis, au lieu de crier à son tour, se rapprocha d'elle pour lui parler à l'oreille :
— Il est là-bas, répondit-il alors que son souffle chatouillait le lobe de Rose.
Deuxième frisson désagréable.
Elle se tourna dans la direction qu'il lui indiquait et remarqua en effet Albus en pleine discussion avec Scorpius – qui, lui, avait Gwyneth sur ses genoux, toujours aussi parfaite à en vomir avec ses cheveux blonds, presque blancs à la lumière des projecteurs. Graziella, quant à elle, était assise à côté d'Al, sirotant d'un air distrait son cocktail et visiblement blasée par la conversation animée de ses deux compagnons.
Rose se redressa, lissant les pans de sa petite robe kaki et arrangeant ses longues boucles auburn. Elle frotta ses mains entre elles et constata qu'elles étaient moites. Génial…
— Viens ! se contenta-t-elle de dire à Eric laissant tomber ses bras d'un froncement de nez. Evitant de justesse les doigts de son accompagnateur prêts à s'accrocher à elle, elle se dirigea vers son cousin d'un pas lourd, accentué par les talons aiguilles qu'elle portait.
Il se colla pourtant à nouveau à elle, la rendant encore plus gênée par leur proximité, allant jusqu'à passer son bras autour de ses épaules alors qu'ils arrivaient au box d'Al. Elle sourit timidement, levant sa main avec incertitude.
— Salut tout le monde, dit-elle simplement.
Scorpius et Albus arrêtèrent soudainement leur conversation pour se tourner vers elle.
— Rose ! s'exclama le dernier des deux en se levant pour embrasser sa cousine. On ne t'attendait plus. J'espère que tu ne t'es pas aussi bien habillée seulement pour ce maudit McLaggen, lui glissa-t-il à l'oreille avant de se tourner vers Eric pour lui serrer la main de façon réticente.
Rose ne fut pas plus alertée que ça par les propos de son ami. Al n'avait jamais aimé son nouveau petit-ami et elle le savait. Leur rivalité datait de l'époque de Poudlard et semblait due au fait que son père et oncle Harry l'aurait mis en garde contre la famille McLaggen. Pourquoi ? Là résidait tout le mystère.
Elle en était là de ses pensées quand Graziella lui attrapa le bras pour s'approcher d'elle et lui faire la bise. Rose faillit tomber à la renverse mais ne fit nullement paraître son étonnement, se cantonnant à un petit sourire en coin. Elle avait dit qu'elle essaierait d'apprécier Zabini pour le bien-être d'Al, elle ne manquerait donc pas à sa parole.
Elle serra ensuite la main à Goyle, s'apprêtant à faire de même avec Malfoy, mais celui-ci détourna fièrement la tête. Qu'il l'ignore comme à son habitude était un fait mais qu'il laisse sous-entendre qu'il ne s'abaisserait pas à la saluer eut le don de la mettre en rogne.
— Bonsoir tout de même Scorpius, adressa-t-elle au blond d'une voix claire et forte avant de se tourner à nouveau vers Al, peu décidée à accorder plus d'attention que nécessaire à l'idiot aux cheveux peroxydés.
Du coin de l'œil elle observa tout de même Gwyneth donner une légère tape réprobatrice à son compagnon. Assez fière de son petit effet, elle s'assit à côté de Zabini, bien décidée à s'atteler à ses bonnes résolutions. Elles discutèrent donc, tantôt toutes les deux, tantôt avec Al et Eric. Rien de bien sérieux, mais la conversation ne s'envenima pas au grand étonnement de la rousse.
— Je tiens vraiment à Al, Rose, avoua la brune au bout d'un moment en effectuant une petite pression sur son avant-bras alors que ce dernier venait de partir leur chercher une quatrième tournée.
Rose se contenta d'hocher la tête pensivement. Graziella ne semblait pas un si mauvais choix finalement, si on oubliait son goût immodéré pour le luxe et les marques. Pourvu qu'elle ne brise pas le cœur de son cousin un peu trop romantique, se dit-elle en sirotant son verre fraichement servi.
Eric choisit ce moment là pour lui attraper la main et elle eut un mouvement de recul à peine perceptible. Elle se mordit la lèvre, ne sachant pas trop si elle se sentait dégoûtée ou bien coupable. Relevant les yeux, elle croisa le regard de Malfoy qu'elle se contenta d'ignorer, non sans rougir au préalable.


Le couple que formaient ses parents avait toujours été – selon Rose – la preuve que l'amour pouvait naître des périodes les plus sombres, la preuve que l'espoir existait, même pour les causes semblant les plus perdues. Des causes comme la sienne, par exemple.
Rose replia le carton d'invitation au vingtième anniversaire de mariage de ses géniteurs. Le mal de tête qui la menaçait depuis le samedi matin commençait à poindre le bout de son nez et elle ferma les yeux, passant la main sur son visage. Elle n'aurait jamais du boire autant à l'Hydromel…
Elle soupira, s'affalant sur son bureau, le bruit de la pluie la berçant presque. Le carton la narguait, à moitié ouvert à ses côtés, comme pour lui signifier que le bonheur était à portée de mains mais toujours si loin.
Il fallait qu'elle mette un terme à sa relation avec Eric, si l'on pouvait qualifier comme telle ce qu'il y avait entre eux. C'était la conclusion à laquelle elle était arrivée après cette fameuse soirée un peu trop arrosée. Elle ne supportait pas son rire, ses petites mimiques lui tapaient légèrement sur le système et des boutons lui poussaient à la simple évocation de sa main sur la sienne. Pourquoi lui avait-elle dit oui ? Il ne l'avait jamais vraiment attirée en y pensant bien, mais la perspective de rester seule toute une vie pouvait motiver les pires décisions. Elle se sentait coupable, elle n'aurait jamais dû laisser la moindre chance à McLaggen, d'autant plus que les bruns n'avait jamais été son style.
La porte du bureau s'ouvrit soudain et elle releva la tête, prête à répondre qu'elle était en pause, mais sa gorge se serra à la vue des deux yeux aciers qui la scrutaient.
Scorpius Malfoy – élégant comme à son habitude, dans sa robe de sorcier sur mesure – s'avança dans la pièce, s'asseyant sur le bureau de Graziella avec son éternel sourire en coin. Rose le toisa, se calant dans son fauteuil.
— Zabini n'est pas là, l'informa-t-elle simplement en croisant les bras.
— Je sais, répondit-il en l'imitant. Je lui ai toujours dit que l'alcool se consomme avec modération, mais elle n'en fait qu'à sa tête.
Rose haussa les épaules avant d'attraper sa plume.
— Ce sont des choses qui arrivent Malfoy, les gens ne vont pas toujours dans le sens que tu aimerais.
— Tu dis ça comme si j'étais un enfant pourri gâté Weasley.
— A peu de choses près, avoua-t-elle en se concentrant sur le procès auquel elle était censée assister le lendemain. Une vague affaire de scrouts à pétard. Maintenant, si tu veux bien m'excuser, j'ai du travail, le remercia-t-elle en pointant le dossier de sa plume.
Scorpius se remit sur ses pieds et elle se pencha à nouveau sur ses papiers, s'attendant à entendre ses pas s'éloigner.
— Tu me fais rire Weasley, lâcha-t-il cependant avant de s'approcher de la porte.
— Le sentiment est partagé, ne t'inquiètes pas, répliqua-t-elle légèrement vexée.
— Tu passeras le bonjour à McLaggen, vous sembliez très…connectés vendredi dernier, l'attaqua-t-il en faisant référence au débordement d'affection dont elle avait fait preuve envers le brun, tard dans la nuit après tous les cocktails qu'elle avait ingurgités. Il me tarde de le voir à la soirée de tes parents, finit-il avant de s'éclipser, laissant planer l'odeur de son parfum musqué dans la pièce.
Quelle soirée ? Rose fronça les sourcils, ses yeux tombant sur le carton d'invitation quasiment oublié. La lumière se fit dans son esprit et son visage se décomposa. Depuis quand Scorpius Malfoy était-il devenu intime avec sa famille au point d'être invité à l'anniversaire de mariage de ses parents ?
Si elle larguait McLaggen maintenant et débarquait seule à la soirée après le spectacle dont Malfoy avait été témoin elle passerait surement pour une fille facile, n'est-ce pas ? D'un autre côté si elle le laissait espérer, elle encourrait le risque qu'Eric s'attache réellement à elle, ce qui était fortement exclu. Elle avait déjà empiré les choses en fourrant sa langue jusqu'à ses amygdales vendredi, l'inviter à rencontrer toute sa famille et qui plus est à un évènement aussi important pour ensuite le laisser tomber comme une vieille chaussette ne ferait que la faire passer pour la garce de service, ce qui ne l'enchantait guère...

Rose se frappa le front, sentant son mal de tête s'aggraver. Elle n'aurait jamais dû boire autant, vraiment.


La fête battait son plein, Rose passait de groupe de personnes en groupe de personnes avec le même sourire scotché au visage, l'ambiance était bon enfant quoiqu'un peu étouffante. Jamais elle n'aurait pensé faire face à pareille foule. Elle savait ses parents appréciés – quoi de plus normal quand on a sauvé le monde sorcier ? –, mais elle ne s'attendait pas à voir autant de monde. Elle regrettait presque de ne pas être venue accompagnée. Presque.
Elle trempa les lèvres dans son verre, repensant à la manière dont Eric avait pris leur rupture. Un frisson remonta le long de sa colonne vertébrale. Elle n'osait imaginer sa réaction si elle avait attendu que cette soirée soit passée… Au moins s'était-elle enlevé cette épine du pied avant que les choses ne deviennent totalement sérieuses et finissent par dégénérer.
Rose soupira, le balai incessant des gens venant la saluer la lassant quelque peu. Elle s'adossa à l'un des trépieds qui supportaient les chapiteaux érigés dans la cour du Terrier. Cachée derrière son père – qui l'avait rejointe –, elle ferma les yeux quelques secondes, laissant son patriarche être le centre de l'attention générale. Le temps était lourd ce soir, elle n'aurait pas dit qu'il faisait chaud puisqu'on était après tout en Mars, mais ses mains étaient moites de chaleur et l'air venait parfois à lui manquer. La faute à tout ce monde sûrement. Les invités étaient si nombreux ce soir qu'il avait fallu des tentes énormes, quasiment aussi grandes que le jardin, si bien qu'elles en touchaient presque les murs de la vieille bâtisse familiale.
Tant de personnes et elle se sentait pourtant si seule... Non pas qu'elle ait placé d'immenses espoirs dans son histoire avec McLaggen, mais ne pas avoir eu de relation durable depuis ses treize ans pouvait gêner un tantinet, voire limite inquiéter. Si elle ne faisait pas attention, elle pourrait bien finir par se retrouver seule à quatre-vingts ans avec sa tripotée de chats comme son arrière grande tante Muriel avant elle.
Ses yeux se rouvrirent en grand à cette pensée. Elle papillonna des cils, tentant de se réhabituer à la lumière et finit par fixer son regard sur les deux prunelles grises qui l'observaient à l'autre bout de la salle. Malfoy leva son verre dans sa direction avant de lui adresser un sourire – en coin, comme à son habitude. Rose hocha la tête, quelque peu décontenancée, avant de se redresser, le dos endolori par le piquet qui l'avait soutenue. Il faisait décidément trop chaud ici, se dit-elle en essuyant une goutte qui perlait à son front. Elle s'approcha de son père, lui murmurant qu'elle sortait prendre un peu l'air avant de l'embrasser sur la joue puis s'éclipser.
— On ne peut plus se passer de moi Weasley ? railla gentiment Scorpius à sa droite tandis qu'elle s'adossait à l'un des murs du Terrier.
Il était caché dans l'obscurité, ce qui pouvait expliquer pourquoi elle ne l'avait pas vu et donc pas évité. Rose se tourna vers lui, prête à répliquer, mais ne s'en sentit pas l'envie, la faute sans doute au Punch magique qui coulait à flots ce soir. Elle haussa simplement les épaules en venant se poster à côté de lui. Il avait choisit un coin un peu à l'écart et elle comprit vite pourquoi quand elle aperçut la cigarette à sa main.
— Je suis venue ici pour tenter de respirer un peu mieux mais je ne suis pas sûre d'avoir fait le bon choix, dit-elle en regardant le blond porter le long tube blanc à ses lèvres – qu'elle trouva étonnamment attirantes au clair de lune.
Elle arqua un sourcil, plus pour elle-même que pour lui, se demandant ce qui pouvait bien lui passer par la tête. Elle avait bu, certes, mais tout de même pas à ce point. Si ?
— J'ai toujours dit à Al que sa cousine était une petite coincée, nargua-t-il en exhalant la fumer dans sa direction d'un air joueur.
Elle détourna la tête avant de lui couler une œillade meurtrière.
— Et moi je lui ai toujours dit que son petit copain était un sale gosse mal élevé et pourri gâté, rétorqua-t-elle. Pas étonnant, ceci dit, quand on sait qui est son père, ajouta-t-elle en s'en voulant presque aussitôt.
Il est vrai que Mr Malfoy n'avait jamais vraiment été dans les petits papiers de son père – bien que leurs relations aient tendu à s'améliorer avec le temps –, mais l'homme avait su redorer le blason familial et n'avait pas ménagé ses efforts pour racheter les erreurs commises en des temps plus troubles.
Scorpius sembla presque attristé l'espace d'un moment puis se redressa en portant une nouvelle fois la cigarette à sa bouche.
— Je ne suis pas d'humeur à me disputer maintenant Weasley, laissa-t-il simplement tomber. Tiens-moi ça, dit-il en lui fourrant sa clope entre les doigts et cherchant quelque chose dans sa poche de sa main libre.
Il en sortit une flasque métallisée qu'il ouvrit avant de boire une lampée d'un liquide non défini à même le goulot. Elle le regarda avec curiosité et il lui tendit l'objet.
— Tiens, tire une taffe et bois une gorgée tu verras bien ce que ça fait. A moins que Rose la petite coincée n'ait peur de ce que papa va lui dire, la mit-il au défi.
Elle le jaugea et il fit jouer ses sourcils comme pour lui laisser sous-entendre qu'il savait qu'elle n'oserait pas. Rose n'avait jamais été une lâche, une froussarde peut-être, mais jamais elle n'avait manqué de courage. Elle attrapa la gourde et prit une grande bouffée de nicotine avant de boire une bonne rasade de ce qu'elle reconnut comme étant du Whisky Pur Feu. La tête lui tourna quelque peu avant qu'elle ne se rende compte que son palais la brûlait, littéralement. Elle se mit à tousser violemment tandis que Scorpius récupérait sa flasque, riant à gorge déployée.
— Ces Gryffondors, toujours prêts à tout pour montrer qu'ils sont valeureux, hein ? Tu sauras pour ta gouverne, petite enquiquineuse, qu'on évite généralement de boire après avoir tiré sur une cigarette. Tu n'y es pas allée de main morte en plus, remarqua-t-il sans s'arrêter de rire.
— C'est tellement stéréotypé ce que tu viens de dire Malfoy, répondit-elle entre deux toussotements. Tu crois vraiment que j'irais me jeter d'un pont si tu m'en défiais sous prétexte que je suis une Gryffondor ? Tu n'es pas obligé de faire des coups aussi bas simplement parce que tu es un Serpentard, tu sais ? Tsss…
Scorpius pencha la tête, réfléchissant au sens profond de ce qu'elle venait de dire. Elle en profita pour lui reprendre la gourde des mains, espérant éteindre le feu qui couvait toujours dans sa bouche. Il la laissa faire, s'adossant aux escaliers qui rejoignaient la terrasse de l'étage.
— Je suis peut-être cliché mais que crois-tu être au juste Weasley ? Tu n'es que l'archétype de la bonne petite fille à papa, qui ne sort jamais de son chemin tout tracé, qui fait tout le temps ce qu'on lui dit, qui est trop habituée à tout avoir, laissa-t-il tomber telle une sentence implacable.
— Ne parle pas de ce que tu ne comprends pas, tu ne me connais pas, commença-t-elle à s'énerver, l'alcool aidant peut-être.
Pour qui se prenait-il ? A la juger comme tous ces magazines avant lui. A la psychanalyser comme s'il avait fait de grandes études, comme s'il était supérieur à elle. S'il croyait qu'elle allait le laisser la rabaisser sous le simple prétexte qu'il existait entre eux une espèce d'accord tacite selon lequel ils devaient s'ignorer, il se fourrait le doigt dans l'œil, et jusqu'au coude !
— JE NE TE CONNAIS PAS ? s'écria-t-il en laissant éclater la colère qu'il sentait sourdre en lui depuis qu'elle avait évoqué son père – et heureusement que chapiteaux et Terrier avaient été ensorcelés avec un assurdiato pour ne pas déranger le bébé de Victoire qui dormait paisiblement dans la maison. Je ne te connais pas ? répéta-t-il incrédule. Je t'en prie Rose ! Tu n'es qu'une mauvaise caricature de petite fille parfaite et bien sous tous rapports. Tu n'en peux tellement plus de jouer ce rôle que tu te bourres la gueule dès que tu le peux pour en arriver à embrasser des losers qui ne t'attirent même pas ! Je n'ai pas fini, la prévint-il alors qu'elle allait répliquer. Tu te crois supérieure à moi juste parce que tes parents ont sauvé le monde alors que mon père s'est enfui comme un lâche ? ET QUAND BIEN MEME ?! Moi au moins j'ai une personnalité ! Je me bats pour mes convictions, je ne reste pas dans mon coin quand mon travail n'est pas a mon gout sous prétexte que ça jaserait si j'utilisais mes relations pour réussir ! Je ne ferme pas ma gueule quand quelqu'un ne veut pas me dire bonjour ou qu'il se montre irrespectueux envers moi ! Je ne fais pas profil bas avec toi sous prétexte que tu as décidé de m'ignorer juste parce que ce ne serait pas bien qu'on nous voit ensemble ! Juste parce que papa a dit qu'il ne fallait pas m'approcher ! SI JE NE TE CONNAIS PAS ROSE WEASLEY ? MAIS OUVRE LES YEUX ! TU ES LA FILLE LA PLUS PATHETIQUEMENT PREVISIBLE QUI PUISSE EXISTER ! TU ES TOUT JUSTE BANALE.
Rose recula d'un pas à l'entente du dernier mot qu'il avait prononcé, celui-ci la blessant plus que tout ce qu'il avait bien pu dire avant. Les larmes lui montèrent aux yeux et elle dut faire un effort incommensurable pour les retenir. Il fallait qu'elle lui réponde. Elle avait tellement bu de toute manière, qu'elle aurait eu bien du mal à s'enfuir en conservant ne serait-ce qu'une once de dignité.
— Qui crois-tu être au juste ? dit-elle au bout d'un moment en restant calme. Qui penses-tu bien pouvoir être pour te permettre de me juger ? ajouta-t-elle en s'avançant cette fois-ci. Tu t'imagines peut-être que tu vaux mieux que moi ? Avec ta petite-amie parfaite, au job parfait qui est, oh coïncidence, le même que papa. Avec ta poupée blonde au sang-pur qui ne fera jamais pâlir d'effroi ton grand-père arriéré qui croit encore aujourd'hui à ces foutaises de sang mêlé ou pas ! Tu penses vraiment être meilleur que moi ? demanda-t-elle en reprenant sa respiration. Alors oui, je suis peut-être un peu trop discrète, oui, je veux réussir par mes propres moyens dans la vie, oui, je n'aime pas les conflits… Mais ça ne fait pas de moi un être inférieur à toi pour autant Scorpius Malfoy et j'attends de toi un peu plus de respect ! exigea-t-elle en se postant devant lui, à quelques centimètres de son torse.
Scorpius pencha la tête, intrigué, avant de sourire puis de franchement partir à rire. Alors ça y était, Rose Weasley lui avait enfin dit ses quatre vérités. Rose Weasley s'affirmait, elle n'était pas le pantin qu'il avait toujours vu en elle !
Rose faillit s'étrangler en voyant que ce qu'elle avait dit n'avait strictement servi à rien. Le bougre lui riait au nez ! Sentant ses nerfs la lâcher elle souleva la main pour le gifler, s'apprêtant à faire quelque chose d'inédit pour elle. Elle n'avait jamais tapé quiconque, la violence la débectait, et pourtant…
Scorpius fut plus rapide qu'elle et lui attrapa fermement la main avant que celle-ci ne s'abatte froidement sur sa joue. Il tint son poignet écarté de lui en l'observant alors qu'elle le jaugeait, les yeux noirs de colère. Elle était sexy, se dit-il pour la deuxième fois en moins d'une semaine sans arriver à y croire pour autant. Rose avait toujours été belle, c'était un fait – elle avait d'ailleurs eu un nombre incalculable de prétendants à Poudlard et semblait toujours en avoir autant même maintenant –, mais il n'aurait jamais cru la trouver attirante un jour. Du moins pas avant le vendredi précédent… Elle avait toujours été tellement stricte, carrée, discrète à l'école… Difficile d'imaginer qu'elle utilisait un truc aussi féminin et décalé qu'un baume à lèvres au malabar. Il avait toujours adoré ces chewing-gums moldus.
Il ouvrit soudain les yeux – se rendant compte qu'il les avait fermés – et se demanda comment, par Circé, aurait-il pu savoir quel goût avait la bouche de Rose Weasley ? Il s'écarta alors de la rousse, la laissant le visage penché en avant, visiblement étonnée que le baiser qu'ils étaient en train d'échanger se soit finit si tôt. La tête lui tourna. Avait-il trop bu ou était-elle réellement affairée à l'embrasser quelques instants plus tôt ? Et pourquoi cela était-il aussi bon ?
Il lui jeta un regard alors qu'elle relevait ses grands yeux bleus ourlés de longs cils vers lui. Des yeux à damner un saint. Depuis quand Rose avait-elle des cils pareils ? Elle le contempla quelques secondes avant de s'approcher à nouveau de sa bouche, son souffle chaud lui chatouillant les lèvres. Avidement, il se jeta sur les siennes, incapable de résister à la tentation pour une raison obscure.
Toute pensée cohérente déserta dès lors son cerveau. Les invités, l'endroit où ils se trouvaient… même Gwyneth… tout lui sortit complètement de la tête à l'instant où Rose enroula sa langue avec la sienne d'une façon si provocante qu'il dut la plaquer au mur de la maison pour ne pas perdre l'équilibre. Elle couina au contact de son dos avec le crépi, son sursaut plaquant ses seins à son torse. C'était si bon !
L'alcool aidant sûrement, ses mains descendirent de ses épaules à sa taille fine pour s'arrêter sur ses hanches, qu'il plaqua aux siennes afin qu'elle prenne conscience de l'effet qu'elle avait sur lui. Rose lâcha sa bouche en ouvrant grand les yeux avant de s'attaquer fébrilement à la boucle de sa ceinture, ses doigts frôlant son sexe gonflé. Son sang ne fit qu'un tour, le peu de conscience qui lui restait s'évaporant alors comme neige au soleil. Il la laissa déboutonner son pantalon pendant qu'il s'occupait de ses seins qu'il avait toujours trouvés parfaits malgré leur petite taille. Rose finit de dézipper la fermeture Eclair avant de stopper ses mains baladeuses quelques instants pour savourer la sensation qu'elle ressentait au passage de sa langue sur ses tétons durcis. La tête lui tournait et il lui fallut plusieurs secondes pour se rendre compte que Malfoy remontait sa robe pour toucher ses cuisses. Elle lui attrapa le menton pour l'embrasser tandis qu'il glissait un doigt sous sa culotte pour la caresser. Sa réaction fut immédiate, elle se cambra, attendant qu'il insère ses doigts en elle.
— Tu es tellement mouillée Weasley, dit Scorpius d'une voix rauque et profonde en entamant des va-et-vient avec sa main.
Rose s'arc-bouta un peu plus tandis qu'il jouait du pouce avec son clitoris. Des gémissements s'échappèrent de sa gorge sans qu'elle ne puisse les contrôler et il lui mit sa main libre sur la bouche, collant son front au sien. Ils se regardèrent dans les yeux pendant un certain moment, d'une façon si intense qu'elle en oublia presque ce qu'il faisait. Elle lui mordit la paume pour retenir un cri.
— Ca fait mal, se plaignit-il sans pour autant arrêter sa douce torture.
— Pas pour moi, répondit-elle d'une voix tremblant encore. Mais je préfèrerais autre chose, confessa-t-elle en se faisant violence pour retirer sa deuxième main.
Il sourit un instant, la laissant descendre son caleçon, prêt à exploser.
— Ah oui ? la nargua-t-il cependant. Et quoi donc ?
— Tu sais très bien, rétorqua-t-elle, refusant d'entrer dans son jeu.
— Oui mais j'aimerais l'entendre, insista-t-il en la fixant. Dis-le et tu l'auras.
— ... Toi, souffla-t-elle.
Il ne se fit pas prier et fut en elle en une poussée. La sensation était si exquise qu'il faillit en perdre tout contrôle. Elle soupira d'aise et enroula ses jambes autour de sa taille. Il commença à aller et venir lentement en elle. Elle était si étroite ! Elle se colla un peu plus à lui, tentant de bouger malgré le fait qu'elle soit coincée contre le mur. Il attrapa ses fesses et accéléra la cadence tandis qu'elle l'embrassait pour ne pas faire de bruit. Il n'en fallut pas beaucoup plus pour qu'il la sente se raidir, son corps parcouru de spasmes, elle était tellement serrée à ce moment-là qu'il en perdit ses sens à son tour. Il explosa en elle et ses yeux se voilèrent, plus rien n'existant sauf la sensation folle qu'ils étaient tout deux en train de ressentir.
Quelques instants plus tard, il redescendit sur Terre, le souffle court, les battements de son cœur frénétiques. Elle était toujours collée à lui, dans le même état, sa coiffure n'étant plus qu'un vaste souvenir. Elle reposa ses jambes à terre et il se retira d'elle, le cerveau en ébullition. Il remonta caleçon et pantalon, elle l'imita avec sa culotte avant d'esquisser un pâle sourire sans savoir vraiment ce qu'elle devait faire. La tête lui tournait encore un peu et ses joues la brûlaient. Elle allait parler quand Albus sortit soudain de sous le chapiteau.
— Ah vous êtes là ! dit-il en les apercevant avant de plisser les yeux, soudain soupçonneux. Qu'est-ce que vous faites ?
— Rien de spécial, répondit Rose en lissant les plis de sa robe, sa voix lui paraissant affreusement aigüe. Il semblerait juste que Malfoy se promène avec une boisson un peu plus corsée que les bierraubeurres et punch de la fête…
— Vous auriez pu m'appeler, se récria Albus avant de se radoucir à l'entente de Graziella l'appelant à l'intérieur. Vous feriez bien de venir, ils vont bientôt couper le gâteau, les prévint-il avant de retourner sous l'immense toile dressée.
Rose se tourna vers Scorpius, qui ne cessait de la regarder depuis tout à l'heure. Elle se sentit épiée comme un animal de foire, ne sachant pas trop quoi dire après ce qui venait de se passer entre eux.
— On ferait mieux d'y aller, se contenta-t-elle de laisser tomber au bout d'un moment, se rendant compte qu'il n'allait pas essayer de mettre au clair ce qui venait de se passer.
Et il était exclu que ce soit elle qui en parle la première. Elle avait déjà bien assez honte d'avoir été l'instigatrice de ce moment de folie, elle n'allait pas en plus le remettre sur le tapis alors qu'il n'avait visiblement pas très envie de le comprendre, voire même de le considérer comme réel.
— C'était… étonnant, lâcha-t-elle tout de même avant de retourner à son tour à l'intérieur, non sans jeter un charme à sa coiffure et ses vêtements froissés au préalable.

Et qu'il aille se trouver un troll si après ça il osait encore dire qu'elle était prévisible et banale, pensa-t-elle en rendant son sourire à son père.


Sept heures cinquante-quatre et toujours aucun signe de Rose dans son bureau en ce lundi matin pluvieux. Scorpius soupira, s'asseyant aux côtés de Graziella en faisant mine d'écouter ce qu'elle était en train de dire même s'il aurait été incapable de préciser quel était le sujet de leur conversation actuelle.
Il se pinça l'arrête du nez, regardant pour la énième fois l'horloge murale, et se molesta mentalement pour avoir osé coucher avec Rose Ginevra Weasley, la fille la plus compliquée au monde, sorciers et moldus confondus. C'était dire…
Il était venu ici avec la ferme intention de s'expliquer avec elle – quoi de plus normal après son départ si précipité le samedi précédent ? – et voilà qu'elle ne se montrait pas, elle d'ordinaire si ponctuelle au point qu'elle pouvait parfois avoir plus de vingt minutes d'avance. La seule chose qu'il voulait c'était mettre les choses au clair pour qu'il n'y ait aucun malentendus entre eux : ils avaient bu, n'étaient plus maîtres de leurs actions, ce qui avait engendré un grand n'importe quoi. Un n'importe quoi très plaisant, certes, mais tout de même. Il savait qu'elle pensait la même chose – tout du moins il l'espérait, auquel cas la chose pourrait vite s'avérer gênante – mais il savait aussi qu'elle n'en resterait pas là, qu'elle ne pourrait pas s'empêcher de culpabiliser, qu'elle stresserait à l'idée que quelqu'un découvre la vérité, qu'elle se comporterait étrangement avec lui, alertant au passage leur entourage. C'est pourquoi il était là, pour bien lui signifier que ce qui c'était passé n'avait aucune espèce d'importance et qu'ils en riraient sûrement dans quelques mois. Qu'il ne servait à rien d'en faire toute une histoire et que, du moment qu'ils étaient tout deux conscients de l'erreur qu'ils avaient commise, cela suffirait. Et ce même si l'expérience avait été l'une des plus euphorisantes de toute sa vie, l'alcool n'y étant pour rien.
A huit heures passées d'une minute, il aperçut enfin la chevelure auburn de l'objet de ses pensées. S'il s'attendait à voir une Rose cernée, défaite, fatiguée de s'être retournée dans son lit tout au long du week-end car elle ne se remettait pas de ce qu'il s'était passé, il en fut tout autre. La jeune femme était fraîche et dispo, pimpante et toujours belle, comme à son habitude – non pas qu'il l'ait un jour trouvée laide.
Ses pantalons habituels laissant place aujourd'hui à une petite robe cintrée, ses yeux n'en furent que plus attirés par ses longues jambes fines, celles-là même qui avait enserré sa taille deux jours plus tôt. Le bas de ses cheveux était humide, sans doute à cause de la pluie, et la pointe de son petit nez était rosée, ce qui la rendait étrangement sexy. L'odeur de son parfum entêtante s'insinua dans ses pensées et il secoua quasi imperceptiblement la tête, tentant de se ressaisir. Il la contempla encore un instant avant de soutenir le regard qu'elle lui lançait, visiblement interloquée de le voir.
— Désolée pour le retard Graziella, j'ai l'impression que tout Londres était de sortie ce matin, lâcha-t-elle au bout d'un moment en rompant la conversation muette qui semblait les unir pour enlever son manteau et s'approcher de son bureau.
D'où lui venaient ces courbes aussi féminines ? se demanda-t-il sans pour autant la quitter des yeux. Et depuis quand devait-il contrôler la partie sud de son corps en la regardant ? Quelque chose clochait. Comme pour confirmer ce qu'il pensait, Graziella lui pinça discrètement le bras et il se rendit compte qu'il était précisément en train de faire ce qu'il ne fallait pas, ce contre quoi il était venu mettre Rose en garde, autrement dit : les griller.
Il se tourna vers son amie qui le regarda bizarrement en mimant un « qu'est-ce qui te prend ? » du bout de ses lèvres parfaitement maquillées. Il leva la main, lui faisant comprendre qu'elle se faisait des idées avant de se la passer sur le visage, Rose n'ayant rien vu de leur échange, trop occupée à détailler le courrier accumulé sur son bureau depuis le vendredi précédent. Sans vouloir se répéter, il la trouvait particulièrement belle aujourd'hui.
— Au risque de paraître impolie, que nous vaut le plaisir de ta visite Malfoy ? demanda-t-elle sur le ton sarcastique qu'elle avait l'habitude d'employer avec lui.
Ce sur quoi Graziella se tourna de nouveau vers lui, visiblement en train de se dire que sa présence était en effet étrange et que cela méritait approfondissement.
— Je passais juste dire bonjour à mon amie avant de commencer le travail et je voulais en profiter pour t'apporter des précisions sur la conversation que nous avons partagée à la réception de tes parents, se contenta-t-il de répondre en insistant juste assez sur le mot ''conversation'' pour qu'elle soit la seule à saisir le double-sens de sa phrase. Mais bon, ça peut attendre j'imagine, précisa-t-il en se rendant compte qu'il était quasiment huit heures dix et qu'il allait devoir courir dans les couloirs du ministère pour espérer être à l'heure à son entrainement d'Auror. A plus tard Grazia, lança-t-il avant de sortir précipitamment de la pièce, non sans jeter un coup d'œil à Rose, s'attendant à la voir aussi rouge qu'une tomate pour finalement la trouver étonnamment calme.
Il fronça les sourcils, continuant son chemin avec l'impression curieuse qu'il n'était pas au bout de ses peines.


Rose se redressa sur sa chaise, réajustant sa robe pour qu'elle atteigne tant bien que mal ses genoux. Elle ne s'était pas vraiment attendue à croiser Malfoy et, même si elle avait tenté de paraître calme et posée, la réalité était toute autre. Elle avait passé son week-end à se demander comment elle allait bien pouvoir se comporter la prochaine fois qu'ils se verraient et était même arrivée à la conclusion qu'ils se contenteraient de s'ignorer comme à leur habitude, ce qui n'avait pas été pour lui déplaire.
Elle n'avait pas prévu de se retrouver confrontée à lui à la première heure du lundi matin, et encore moins de le surprendre en train de la détailler de la tête aux pieds. Elle se maudissait d'avoir choisit sa petite robe bleue marine achetée depuis déjà un mois mais qu'elle n'osait pas sortir, la trouvant trop moulante. Et le voilà qui, pour couronner le tout, osait faire référence à ce qu'ils avaient fait devant nulle autre que Graziella Zabini, jeune femme qu'elle aurait pu qualifier comme étant sa pire ennemie quelques semaines plus tôt, celle-là même qui adorait les potins et ce, malgré le fait qu'elle lui soit devenue plus appréciable ces derniers temps.
Rose s'affala sur son bureau en se prenant la tête. Il allait la rendre folle. Elle n'allait pas réussir à cacher longtemps son trouble et elle ne donnait pas cher de sa réputation si la nouvelle de ce qui s'était passé entre eux venait à s'ébruiter. Surtout après son histoire avec McLaggen... Elle était idiote. Elle ne voyait pas d'autre explication.
— Il s'est passé quelque chose entre toi et Scorpius ? demanda alors la voix de Graziella, toute proche.
Rose releva les yeux pour croiser le regard interrogateur de son interlocutrice par delà la fumée du thé chaud que celle-ci venait de poser devant elle. Elle attrapa la tasse, tentant de se retenir de tout lui avouer pour avoir enfin quelqu'un à qui raconter ses bêtises, quelqu'un qui pourrait peut-être la rassurer. Elle but une gorgée, s'incitant au calme, avant d'observer à nouveau sa collègue.
— Rien d'intéressant, répondit-elle d'un ton égal. Tu nous connais je pense, plus on s'ignore mieux on se porte j'imagine.
— Oh ce que j'ai vu ce matin ne s'apparentait pas vraiment à de l'ignorance si tu veux mon avis, d'autant plus que je ne t'ai jamais vu aussi pensive, même confrontée à la plus ennuyeuse des affaires, renchérit la brune, ses œillades devenant plus perçantes. Il s'est passé quelque chose, et ce n'est pas une question.
Elle la scruta, ses prunelles semblant vouloir déchiffrer ses moindres réactions. Il fallait qu'elle vide son sac, du moins en partie. Le sentiment d'imposture qu'elle ressentait s'estomperait peut-être un peu de cette manière, qui sait ?
— On s'est simplement disputés si tu veux tout savoir, admit-elle en ne mentant pas vraiment puisqu'ils s'étaient réellement querellés, au début s'entend. Et si je suis distraite c'est parce que je repense à certaines choses que j'ai pu dire et que je regrette à présent, je n'ai pas l'habitude d'être gratuitement méchante.
— Raconte ! lança Graziella avide en s'asseyant sur la chaise faisant face à la jeune Weasley.
Rose se laissa tomber sur le dossier de sa chaise, méfiante mais tout de même rassurée que sa collègue ait mordu à l'hameçon et ne creuse pas plus. Elle reprit néanmoins une gorgée de thé avant de lorgner sur les papiers qu'elle avait encore à traiter.
— Rooose ! Je sais bien que tu n'as pas énormément confiance en moi mais tu peux me croire, ça ne sortira pas d'ici. Scorpius est mon ami tu sais, et je suis peut-être un peu trop optimiste mais j'espère réellement que nous le deviendrons aussi de notre côté, avoua-t-elle mal-à-l'aise en triturant ses doigts.
La rousse remit un peu d'ordre dans ses dossiers, tentée mais tout de même encore un peu hésitante.
— Je ne sais pas… Il n'aimerait peut-être pas que j'en parle, et il n'y a pas grand-chose à dire…
— Vus vos comportements respectifs c'est forcément plus important que ce que tu veux bien me faire croire.
Et elle ne croyait pas si bien dire, mais ça, jamais elle ne le saurait.
— Disons juste que j'ai commencé par indirectement insulter son père, mais en m'en voulant aussitôt, se justifia-t-elle en voyant le regard que lui jetait Graziella, et qu'il a continué en me qualifiant de certains adjectifs qui ne m'ont pas plu.
Elle lui raconta leur altercation en détail, écourtant sciemment la fin leur joute verbale. La brune parut étonnée des propos de Malfoy qu'elle précisa trouver pourtant si calme d'habitude.
— Ca va se tasser Rose, je suis sûre qu'il a déjà ravalé sa rancœur et qu'il t'attendait justement ce matin pour que vous vous expliquiez. Scorpius n'est pas un méchant garçon, il peut paraître froid mais ce n'est qu'une façade.
Et ça elle en savait quelque chose, pensa-t-elle en se prenant à rêvasser à nouveau. Il avait en effet été tout sauf froid samedi soir.
— Et quand on parle du loup... Je vous laisse, je n'avais pas remarqué qu'il était déjà midi quinze. Albus m'attend, dit-elle en enfilant son manteau avant de s'éclipser non sans faire un clin d'œil à la rousse.
Scorpius la regarda partir en relevant un sourcil avant de se retourner vers Rose. Un silence gêné se fit durant lequel ils ne firent que se toiser l'un l'autre. Au bout d'un moment, il ferma la porte d'un coup de baguette et prit une grande inspiration.
— Je pense qu'il faut qu'on parle, lâcha-t-il tout de go, pointant l'évidence.
— Tu penses qu'il faut qu'on parle, répéta-t-elle sarcastique en cachant son malaise derrière de l'ironie. Finement observé.
— Je ne suis pas venu pour me disputer Weasley, je veux seulement qu'on mette les choses au clair.
— Je ne vois pas ce qui peut être dit de plus, contra-t-elle en ne voulant pas rentrer dans les détails, elle avait déjà bien assez honte. C'était une erreur, une grosse et merdique erreur. Qui ne se reproduira plus.
— Si nous sommes sur la même longueur d'onde, conclut-il en se sentant idiot d'avoir éprouvé le besoin de mettre les points sur les i quand il semblait ne s'agir que d'une passade pour elle aussi. Du moment que Gwyneth n'en sait rien, souligna-t-il cependant sans vraiment savoir pourquoi avant de se tourner pour rejoindre la porte.
Rose faillit lui dire qu'elle n'était pas bête à ce point mais finit par se mordre la langue, évitant de le provoquer. Elle s'apprêtait à retourner à ses papiers quand il revint sur ses pas.
— Tu jures que l'esprit torturé qui se cache en toi ne va pas culpabiliser au point d'en faire une maladie.
— Puisque je te dis que non ! Et quand bien même je culpabiliserais, ce que je trouverai normal étant donné le fait que tu n'es pas célibataire, tu n'as pas besoin d'insinuer une quelconque folie en faisant référence à ma personne Malfoy. Tout le monde n'est pas sans scrupule comme toi ! Et au risque de t'étonner, ce serait même un comportement normal que de s'en vouloir, s'énerva-t-elle en se levant et s'apprêtant à le conduire vers la sortie.
— Je ne suis pas sans cœur Weasley, désolé de te l'apprendre. J'ai aussi des sentiments, affirma-t-il en croisant les bras pour signifier qu'ils n'en avaient pas fini. Nous sommes tous les deux coupables et je ne minimise pas ma part de responsabilité dans ce grand n'importe quoi, mais n'essaye pas de me faire passer pour le méchant de l'histoire.
— Je n'ai jamais tenté de jouer les victimes. J'étais certes alcoolisée mais consentante, ne me demande pas comment ni pourquoi d'ailleurs. Mais ce qui est fait est fait, et oui, je n'en suis pas fière, mais ne t'en fais pas, ton secret sera bien gardé, l'assura-t-elle en ouvrant la porte.
— Ce n'est pas que mon secret, chuchota-t-il sur un ton réprobateur avant de lancer un assurdiato et de refermer la porte manuellement cette fois, coinçant ainsi Rose entre cette dernière et lui. Et ne me fais pas croire que tu te moques que ça se sache.
— Bien sûr que je ne veux pas que ça se sache, bouillonna-t-elle en le repoussant.
— C'est vrai que ça pourrait ternir ta jolie image de gentille fifille à son papa, répliqua-t-il en reprenant sa place, comme pour la défier.
— Ne recommence pas avec ça, le prévint-elle en l'éloignant à nouveau.
— Sinon quoi ?
Elle leva à nouveau les mains mais il les lui attrapa au moment où elle les posait sur son torse, les collant le long de son corps qu'il plaqua contre la porte. Ils se jaugèrent et sa bouche tressaillit sans qu'elle ne parle pour autant.
— Sinon quoi, Weasley ? répéta-t-il, ses lèvres à quelques centimètres de son visage.
Rose ne répondit pas, la chaleur de son souffle sur ses joues la rendant muette. Il la toisa, la défiant silencieusement d'oser répondre.
— Tu ne me fais pas peur Malfoy, s'enhardit-elle en tentant de libérer ses mains toujours prisonnières de l'étau des siennes.
— Ah oui ? provoqua-t-il plus qu'il ne demanda en enlaçant leurs doigts pour prouver ce qu'il avançait.
Elle frissonna, prenant soudainement conscience de sa haute taille, ne semblant jamais s'être aperçue qu'il faisait au moins une bonne tête de plus qu'elle, ce qu'elle savait pourtant. Il sourit d'un air suffisant, laissant apparaître une partie des ses dents blanches et parfaites. Rose se rappela alors d'une vieille histoire moldue que sa mère aimait lui raconter quand elle était encore toute petite et dans laquelle une enfant se laissait manger par un loup aux longues dents faites pour mieux la croquer. Elle eut l'horrible impression d'être cette fameuse fillette et trembla à nouveau, ce qui n'échappa pas à Scorpius. Il lâcha enfin l'une de ses mains pour lui relever le menton de manière à ce qu'elle le regarde. Il lui caressa la bouche de son pouce et elle ferma les yeux, décidément plus du tout apte à cacher le trouble qu'il lui inspirait. Elle pencha la tête pour lui permettre un meilleur accès et il gronda, faisant courir sa paume le long de sa mâchoire pour terminer sa course dans sa nuque, inclinant encore un peu plus son visage vers lui. Il approcha son front du sien et son haleine – mélange de cannelle et de pomme – lui chatouilla les narines, faisant exploser des milliers de petits papillons dans son bas-ventre.
Il était sur le point de l'embrasser quand il se stoppa, à peine quelques millimètres au dessus d'elle. Elle fronça les sourcils. Il inspira profondément comme pour la tenter un peu plus et elle combla l'espace entre eux en un quart de seconde. Leurs lèvres s'épousèrent parfaitement, leur langue se rencontrant quasi instantanément. Il lâcha sa deuxième main, épousant la courbe de sa hanche et l'enserrant, ce qui lui laisserait sûrement un hématome le lendemain. Curieusement, elle n'aurait pas pu s'en moquer plus. Elle aurait pu profiter de son inattention pour le repousser, au lieu de cela elle se pendit à son cou, collant encore un peu plus leur corps l'un à l'autre. Il gémit et se détacha d'elle, ses iris habituellement gris n'étant plus que deux grands gouffres noirs, prouvant – si elle ne s'en était pas encore rendue compte – le désir qui le tenaillait.
— On ne devrait pas, fit-il remarquer en l'embrassant néanmoins furtivement.
— C'est sûr, confirma-t-elle en lui piquant un autre baiser.
— Je suis sérieux, affirma-t-il en lui attrapant les hanches. Je ne suis pas dans mon état normal avec toi Rose.
Il fourra alors son nez dans son cou et elle soupira, paupières à nouveau closes. C'était lui qui la rendait folle et pas le contraire. Il lui caressa le sein tout en continuant à embrasser l'endroit où sa carotide battait frénétiquement et elle rouvrit les yeux, le souffle coupé par la vague tiède qui parcourut tous ses membres à ce moment là. Un éclat sur sa robe de sorcier la fit ciller et elle reconnut un cheveu blond sur son épaule.
Blond comme la chevelure de Gwyneth Goyle.
Elle le repoussa alors, dégoûtée. Dégoûtée par lui, qui trompait sa petite-amie sans scrupule, dégoutée par eux et ce qu'ils étaient en train de faire, mais encore plus et indubitablement dégoûtée par elle-même. Il s'éloigna sans résistance, beaucoup trop étonné, et elle sentit une affreuse sensation de nausée l'envahir. Il parut inquiet et voulut la toucher mais elle recula, une main sur la bouche, avant d'ouvrir la porte et de sortir de la pièce.
Il mit un certain temps à assimiler ce qui venait de se passer, tentant avec difficulté de calmer son excitation. Quand il reprit ses esprits, elle avait déjà filé dans le couloir et il eut à peine le temps d'apercevoir un éclat roux tourner au bout du corridor.
— Weasley ! appela-t-il avec l'espoir qu'elle rebrousse chemin.
Elle n'en fit rien.


Il était dix-huit heures et douze minutes quand Rose se décida enfin à se lever ce mercredi soir. Ayant été nauséeuse tout le lundi après-midi elle avait été contente de trouver un prétexte pour se faire porter pâle deux jours durant afin d'éviter de croiser Malfoy. Chaque fois qu'elle repensait à ce qu'ils avaient fait ou à ce qu'ils avaient été sur le point de faire, elle ne pouvait empêcher son estomac de se tordre. Elle préférait se dire qu'il s'agissait de dégoût mais soupçonnait le fait que ce soit plus par anticipation de ce qu'il se passerait la prochaine fois qu'ils se verraient. Et elle s'en voulait d'avoir ce genre d'idées même si elle était incapable de les réfréner.
Elle planta ses ongles dans sa peau, se rappelant insidieusement qu'ils ne s'appréciaient pas plus que ça et, surtout, qu'il n'était pas célibataire, ce qu'elle avait un peu trop tendance à oublier à son goût. La sonnette de la porte d'entrée retentit alors qu'elle venait d'allumer la télé. Elle considéra le fait de faire la morte un peu plus longtemps et de laisser croire qu'elle n'avait rien entendu mais la personne insista et elle dut se rendre à l'évidence : elle ne pourrait pas se cacher éternellement. Rose se leva en soupirant et ne prit même pas la peine de regarder par le judas avant d'ouvrir. Elle comptait bien renvoyer l'intrus illico-presto chez lui de toute manière. C'était sans compter sur le trublion – tourbillon ? – que pouvait parfois être Al, qui prit tout juste le temps de la saluer avant d'entrer sans y être invité. Il observa l'écran géant sur lequel défilaient les images d'un jeu télévisé avant de lever les yeux au ciel.
— Je sais que tu as toujours été fascinée par tous ces trucs moldus Rose, mais je n'arrive toujours pas à comprendre l'utilité de s'asseoir devant un rectangle en plastique pendant des heures.
Elle croisa les bras pour toute réponse et pencha la tête d'un air entendu.
— Je suppose que ta présence ici ne se limite pas au constat de ma médiocre capacité à m'occuper sainement Al ? Du moins j'ose espérer, car je n'apprécierais pas énormément que tu m'abandonnes et rende visite à ta cousine uniquement pour cette raison si j'étais Graziella…
Graziella, répéta-t-il en souriant avec triomphe. Je me trompe où j'ai l'impression que mon acharnement commence à payer ses fruits ?
La rousse fronça les sourcils, peu encline à déchiffrer les paroles incohérentes qui caractérisaient si bien son cousin. Avec un peu moins de fatigue et un peu plus d'estime de soi elle y aurait consenti, mais elle n'était vraiment pas d'humeur ce soir.
— C'est Graziella à présent, et non plus Zabini, consentit-il à expliquer. Tout comme c'est Rose pour elle dorénavant. Je savais que vous finiriez par vous entendre une fois la hache de guerre enterrée. Je me dis parfois que j'ai raté ma vocation. J'aurais dû être conseiller de conjugaison… Ou un truc dans le genre, rectifia-t-il en trouvant le choix de ses mots assez bizarre une fois ces derniers dits tout haut. Bref tu sais, ce boulot moldu là, qui consiste à régler les problèmes relationnels.
— Ce n'est pas la modestie qui t'étouffe mon pauvre Albus, lâcha-t-elle en souriant cependant. Mais disons juste que ta copine n'est peut-être pas si affreuse qu'elle n'y paraît. Et tu ne peux pas nier qu'elle a su être une vraie peste à Poudlard, se justifia-t-elle en voyant le regard courroucé que venait de lui lancer le brun.
— Un jour tu me remercieras de t'avoir forcée à apprécier ta demoiselle d'honneur, plaisanta-t-il et elle grimaça à la simple idée d'un hypothétique mariage.
Faudrait-il avant tout pour cela qu'elle trouve le futur époux, ce qui ne s'annonçait pas tâche facile si elle se cantonnait à l'idiot blond qui servait de meilleur ami à son cousin et qui était, par-dessus le marché, pris.
— Plus sérieusement Al, qu'est-ce qui t'amène ici ce soir alors que tu pourrais être avec ta petite amie à faire Merlin sait quoi ? Et je ne tiens pas à savoir pour ma part, se sentit-elle obligée d'ajouter en le voyant sourire.
Albus éclata de rire et ils restèrent un instant là, debout, à se tenir l'estomac d'avoir trop rit, jusqu'à ce qu'il se rembrunisse, lui attrapant la main pour l'attirer sur le canapé gris qu'elle venait tout juste d'acheter.
— Je venais voir comment tu allais Rose, dit-il en la sondant du regard, tout d'un coup beaucoup plus sérieux qu'auparavant. Grazia m'a dit que tu ne te sentais pas bien lundi après-midi et que tu étais rentrée chez toi, ce qui ne te ressemble pas. Je pensais que tu te laisserais mardi de répit et que tu retournerais au travail aujourd'hui mais quand on s'est vus à midi, elle m'a apprit que tu étais toujours aux abonnés absents.
Elle se mordit la lèvre, fatiguée de devoir contenir le trouble qui l'assaillait chaque fois que l'on faisait référence à un fait en rapport – direct ou pas – avec Malfoy. Son cousin cala son bras sur le dossier de la banquette en attendant une réponse qui mit un certain temps à venir.
— Je me sentais un peu patraque, j'ai dû faire une indigestion, mais ça va mieux. Je pense que je pourrais reprendre d'ici à demain, se résigna-t-elle à inventer, feignant un sourire qui était censé le rassurer.
— Tu es sûre que ça n'a rien à voir avec Scorpius ? demanda-t-il alors qu'elle le regardait avec étonnement, ses yeux s'arrondissant. Je dis ça parce que Graziella m'a dit que c'est la dernière personne avec qui elle t'a vue avant que tu ne partes, et je ne pense pas que le fait qu'il ait rompu avec Gwyneth pile cet après-midi là soit réellement une coïncidence.

L'estomac de Rose lui en tomba dans les talons, son cœur soudain plus lourd. Malfoy avait fait quoi ? Elle sentit des sueurs froides la gagner et se tint les mains pour qu'Al ne remarque pas les légers tremblements qui la gagnaient peu à peu. Elle ne pouvait pas être à l'origine de ça. Elle ne l'avait jamais incité à quoique ce soit. Elle n'était pas une briseuse de ménage… Et pourtant c'est bien ce que dirait tout le monde une fois la vérité éclatée au grand jour. Elle se couvrit la bouche, pour empêcher le cri qu'elle sentait poindre au fond de sa gorge. Un cri d'animal piégé.
— Ne fais pas cette tête Rose ! Ce n'est pas comme si tu ne te doutais pas que plus rien n'allait entre eux depuis déjà un bon bout de temps.
— Qu…oi ? balbutia-t-elle dans un état second. Il n'arrête pas de parler d'elle Al ! contra-t-elle comme s'il s'agissait d'un argument solide.
— Il parle d'elle et du travail qu'elle fait avec son père Rosie. La seule raison pour laquelle il ne l'a pas laissée avant : son père était bien trop heureux qu'il soit avec elle. Et Scorpius à toujours cherché l'approbation de Draco, expliqua-t-il en la regardant étrangement. Sur quelle planète vivais-tu ces deux dernières années ?
Elle s'apprêtait à répondre qu'elle pensait ces deux là amoureux lorsque la sonnette vibra pour la deuxième fois ce soir. Elle croisa le regard d'Albus qui sourit avant de se lever.
— Je savais que ça arriverait un jour mais je ne pensais pas que ce serait aussi rapide après tout le temps qu'il vous a fallu à remarquer qu'il se passait quelque chose entre vous. Scorpius a été moins lent cependant, plaisanta-t-il. Grazia m'attend, expliqua-t-il avant d'amorcer sa position de transplanage. Oh et Rosie, appela-t-il pour s'assurer de son attention, sois gentille avec lui s'il-te-plait, j'aimerais être parrain un jour.
Et il s'évapora, non sans lui faire un clin d'œil au préalable.

Elle releva un sourcil avant de sourire légèrement. Son cousin était fou, et il venait de lui donner une sacrée migraine. Elle supportait généralement assez bien d'avoir à assimiler un grand nombre d'informations en si peu de temps, mais là Albus venait de faire le tour de plusieurs questions restées en suspens depuis cette fameuse soirée d'anniversaire, et accessoirement aussi des deux dernières années. Il en était même arrivé à insufflé en elle l'idée qu'il y ait un jour pu avoir plus qu'une histoire d'alcool mal toléré entre Malfoy et elle. Elle secoua la tête, plus que sceptique, avant de se rendre compte qu'on sonnait à nouveau, et elle se refusait d'espérer – espérer ? – qu'il s'agisse bel et bien du blond comme Al semblait le suggérer.
— Weasley ! Je sais que tu es là, Al a transplané pour me dire qu'il venait juste de te laisser !
Le fourbe ! pensa-t-elle paniquée, avant de se rendre compte que Malfoy était bel et bien derrière la porte… et qu'elle ressemblait à un inferius. Elle conjura ce qu'elle portait ainsi que sa coiffure avant de se prendre la tête entre les mains et de s'astreindre au calme. Relevant les épaules et se tenant bien droite, elle se dirigea vers la porte qu'elle ouvrit lentement avant de s'en servir comme support.
— Que me vaut le plaisir Malfoy ? interrogea-t-elle sarcastiquement – comme à son habitude –, priant pour qu'il ne remarque pas sa gêne.
Il était accoudé au chambranle et soutint son regard, visiblement excédé, ou énervé, voire peut-être même bien accusateur… Son cœur rata un battement et elle se retint de lisser les mèches qu'il avait dû mettre un certain temps à placer en un style savamment voulu décoiffé. Il secoua la tête avant de l'attraper par la nuque et de l'embrasser, la faisant retourner à l'intérieur de l'appartement par la même occasion.
Ses sens s'échauffèrent et elle noua ses bras autour de son cou, trop heureuse de retrouver la bouche qui la hantait depuis déjà deux jours. Son baiser impérieux la fit se cambrer et elle le sentit frissonner au contact de son buste sur son torse. Il plaça sa main libre dans le bas de son dos et la plaqua un peu plus à lui en lui caressant les lèvres de sa langue. Elle se retint de sourire, l'autorisant implicitement à approfondir le baiser en ouvrant la bouche. Ils échangèrent un long moment ainsi et, quand il n'y tint plus, il lui attrapa les fesses, la soulevant de terre. Elle reprit alors ses esprits, retouchant le sol de ses jambes et le repoussant avec force. Il la jaugea, penaud, avant de froncer le nez en signe d'incompréhension. Il en était presque touchant, pensa-t-elle avant de se raisonner.
— Tu ne peux pas débarquer comme ça et m'embrasser quand bon te semble, expliqua-t-elle, s'enlaçant de ses bras en prenant conscience qu'elle avait froid, à présent privée de sa chaleur.
Il pencha la tête, visiblement décontenancé par ses propos.
— Es-tu en train d'essayer de me repousser avec tact Weasley ? questionna-t-il au bout d'un moment. Parce que si c'est le cas, tu as encore des progrès à faire.
Rose se renfrogna, croisant finalement les bras devant elle, en signe de défense.
— C'est bien les hommes ça ! l'accusa-t-elle. Si on ne vous embrasse pas c'est forcément parce qu'on ne veut pas. Désolée de te dire, Scorpius, que je ne suis pas contrôlée uniquement par mes hormones et que je ne suis pas prête à te laisser me sauter dessus chaque fois que l'envie t'en prend.
Il tenta de se rapprocher d'elle mais elle mit les mains devant elle avant de reculer, l'incitant à rester où il était.
— Et surtout pas après avoir appris que tu as rompu avec Goyle.
Son regard se fit plus alerte et il comprit qu'Albus lui avait tout raconté. Il serra son poing et le desserra dans une tentative de se calmer. Al n'avait pas à le lui dire, c'était à lui de le faire. Telle qu'il connaissait Rose elle était sûrement déjà en train de se dire qu'elle était à l'origine de la chose voire de culpabiliser à cause de cela et d'imaginer le pire concernant les retombées de toute cette histoire, alors que vraiment, la seule à pouvoir se blâmer d'être à l'origine de la fin de leur couple était bien Gwyneth elle-même.
Il inspira profondément avant de rencontrer à nouveau les deux prunelles azures de la rousse.
— Juste pour que les choses soient claires : ce qu'il s'est passé entre nous n'a rien à voir avec ma décision de mettre un terme à ma relation avec Gwyneth.
Elle le regarda dubitativement avant d'ouvrir la bouche pour répliquer.
— Je suis en train de parler Rose, lui fit-il remarquer et elle referma ses lèvres aussitôt. Goyle et moi, ça n'a jamais vraiment été le grand amour. Nous avons couché une fois ensemble après les ASPIC et elle a passé son été à me rendre visite au manoir de mes parents. Le temps que je réalise que je devais me dépêtrer d'elle, mon père m'avait déjà félicité sur mon choix, ventant ses qualités et m'avouant qu'il avait toujours craint que je tombe un jour amoureux de toi. Et ce n'était pas une insulte, précisa-t-il en s'apercevant qu'elle le prenait comme telle. Il savait que je te trouvais mignonne, je ne m'en suis jamais caché, même si je ne serais pas sorti avec toi pour tous les Gallions du monde tellement ton air de petite fille propre sur elle m'horripilait. Il avait simplement peur que j'essuie un échec juste parce que je suis un Malfoy et toi une Weasley. Notre famille était déjà bien assez dépréciée comme ça à l'époque et sortir avec toi n'aurait fait qu'attirer les journaux, si tenté que tu t'amouraches un jour d'un fils de traître…
Elle releva la tête, tentant d'ignorer le fait que ce qu'il disait la touchait, elle voulait répondre cependant, mais était prête à respecter son temps de parole comme il le lui avait si expressément demandé.
— Bref, ayant toujours voulu lui faire plaisir, je me suis laissé embarquer dans cette histoire sans vraiment comprendre où j'allais avant de me rendre compte quelques mois plus tard que Gwyneth m'avait utilisé pour obtenir un stage à Gringotts, dans le service de mon père, relata-t-il, les yeux durs. Quand j'ai voulu la laisser tomber à cette époque là, elle s'est mise à pleurer, avouant les faits mais confessant être tombée amoureuse de moi au fil des mois. Tu aurais dû voir le regard de mon père chaque fois qu'il posait les yeux sur nous, il était tellement heureux de me savoir comblé. Je ne me voyais pas lui dire que c'était finit entre elle et moi, alors j'ai rongé mon frein, le sexe n'était pas si mal après tout, mais je n'ai jamais pu lui pardonner.
Il lui attrapa la main et elle se laissa faire, prête à écouter la suite, avide même de l'entendre.
— On aurait pu rester encore longtemps comme ça si tu étais arrivée seule à cette fameuse soirée à l'Hydromel au lieu de venir avec cet idiot empoté de McLaggen, tu parles d'un mec…, grommela-t-il. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais dès que je t'ai vu avec lui, c'est comme si une partie de mon corps que je ne connaissais pas s'était réveillée. J'étais tellement jaloux que j'aurais pu en crever même si j'ai essayé de nier l'évidence et de me dire que ce débordement de testostérone était dû au fait que j'avais envie de cogner cet imbécile depuis un sacré bout de temps. Et ce désir ne s'est pas arrangé quand tu l'as embrassé et que ce rôle de parfaite petite fille à papa s'est envolé. C'était comme si je te voyais pour la première fois. A partir de cette soirée là, Gwyneth et moi avons fait chambre à part. Je l'entendais pleurer tous les soirs mais je ne pouvais penser qu'à toi. J'ai essayé de me mentir, de me dire que c'était simplement le fait que tu sois arrivée pile au moment où elle me tapait de plus en plus sur le système, et j'ai presque réussi à m'en convaincre. Jusqu'à cet anniversaire de mariage, où tes mauvaises habitudes ont repris le dessus et où tu t'es permis d'insulter mon père, lui qui s'est toujours démené pour rebâtir la réputation de notre famille. Je me suis tellement énervé, et je ne m'attendais pas à ce que tu le sois en retour, ça m'a fait rire, parce qu'enfin tu te montrais sous ton vrai jour… La suite tu la connais. J'ai tenté de me dire que tout ça n'était qu'une erreur mais après lundi je ne pouvais plus nier l'évidence. Et quand je t'ai cherché le lendemain, puis aujourd'hui, tu n'étais nulle part. Alors je suis venu ici.

Il se rapprocha d'elle, son souffle chatouillant ses lèvres, et elle ferma les yeux alors qu'il comblait l'espace entre eux. Elle l'attrapa par le col de sa chemise et tira dessus pour l'attirer vers sa chambre où elle s'étendit sur son lit, attendant qu'il la rejoigne. Il s'allongea sur elle, ses avant-bras supportant le poids de son corps, et la regarda intensément. Bouleversée, elle lui prit la main et lui fit sentir les battements de son cœur, erratiques. Il sourit, la faisant fondre par la même occasion.
Sors avec moi Rose.
Elle exulta, attrapant sa nuque pour embrasser sa bouche tiède. Peu importait ce que pourrait dire les magazines demain ou dans dix jours, peu importait s'il la considérait comme une briseuse de couple. Tous les deux ils connaissaient la vérité, et c'est tout ce qui comptait.

Et si un jour on venait à lui demander une nouvelle fois de résumer sa vie, le mot ''banale'' ne lui traverserait certainement plus jamais l'esprit.