Auteur : kaneda26

Origine : Yu Yu Hakusho

Genre : Yaoi

Couple : Hiei et Kurama.

Disclaimer : Tous les persos sont à moi ! (baffe de la part de Hiei). Non, je rectifie, ils ne sont pas à moi.

Note : Cette fic est une séquelle de ma fic « Que je ne puisse plus avoir peur ». Mieux vaut l'avoir lu avant de lire celle-ci sinon vous ne comprendrez rien du tout. Au début, le titre était « Jaganshi-sitting », vous comprendrez vite pourquoi. Mais finalement, je l'ai changé pour « Désir » qui me semble mieux.

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DESIR

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Chapitre Un

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« Tu es sûr que ça va aller? demanda Kurama.

-Hn. C'est bon.

-Je pars juste cinq jours. Je serais de retour samedi dans la matinée. Je t'ai laissé de l'argent pour les courses. Et puis…

-Tu me l'as déjà dit trois fois ! »

Kurama soupira et attrapa son sac de voyage. Il n'avait vraiment pas envie de partir. Mais il était responsable d'une classe pour ce voyage scolaire et n'avait pas le choix.

« Si tu as un problème, tu appelles Yusuke ou Kuwabara…

-L'autre abruti ? Plutôt crever.

-Et n'oublies pas tes séances chez le docteur Sôma. »

Hiei fit la grimace. Depuis qu'ils s'étaient affrontés dans un combat sanglant, il y a un mois de cela, le jaganshi n'avait eu que de brefs changements de personnalité qui durait à peine quelques minutes. Et la psychanalyse qu'il suivait l'ennuyait terriblement.

« Tu dois y aller, Hiei. C'est très important.

-Ca va, j'ai compris. »

Kurama se dirigea vers la porte en ayant l'impression d'avoir oublier quelque chose. Mais pas moyen de savoir ce que c'était.

Lorsque la main de Hiei se referma sur la manche de son manteau, le retenant, Kurama se rappela. Il laissa tomber son sac et prit Hiei dans ses bras. Il n'était pas encore habitué à ce que ce dernier ait la même taille que lui.

Mais l'avantage était qu'il n'eut pas à se baisser pour poser ses lèvres sur celles du jaganshi.

En même temps, ce genre d'étreinte le laissait toujours insatisfait. Car les baisers n'avaient rien amené d'autre. Et Kurama commençait à souffrir d'une immense frustration.

Etre loin de Hiei pendant quelques jours ne pourrait que lui faire du bien finalement. Il n'aurait pas à sans cesse se maîtriser, à se retenir d'imposer à Hiei plus que des baisers.

Le kitsuné ne savait pas ce que Hiei attendait de leur relation. Hiei l'aimait, il lui avait dit. Il aimait suffisamment pour rester avec lui dans le ningenkai. Il aimait aussi se blottir dans ses bras et être choyé.

Mais Kurama se demandait si ce n'était pas juste une sorte de reliquat de sa personnalité enfantine. Et dans ce cas, c'était alors normal que Hiei ne désire pas de relations intimes.

Kurama embrassa une dernière fois Hiei avant de sortir et de refermer la porte.

Il ne vit pas le visage du jaganshi s'assombrir brusquement comme une bougie qu'on souffle.

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Kuwabara avait encore du boulot pour l'après-midi. Et il se demandait encore ce qui l'avait pris de s'orienter vers des études aussi longues. Il se plaignait mais n'était pas déçu finalement. Il était passé du cancre type à l'étudiant moyen. Même si ça lui demandait pas mal de travail.

En passant devant le parc, il vit une silhouette assise devant un arbre et la reconnut sans mal.

« Hé le nabot ! cria-t-il. » Bien que le terme nabot ne corresponde plus à Hiei.

Kuwabara s'avança.

« Qu'est-ce tu… ». Il s'arrêta, la bouche ouverte. Devant lui, Hiei pleurait à chaudes larmes. Et c'était tellement incongru comme situation que le grand ningen ne sut pas quoi faire pendant plusieurs minutes.

Enfin, il se bougea, s'agenouilla devant le jaganshi et murmura :

« Hé mec ! Qu'est-ce qui se passe ? »

Il fut encore plus surpris quand Hiei se jeta dans ses bras en sanglotant.

« Kura-chan est parti… Il est parti… Je sais pas où il est… Kura-chan… J'ai peut-être été méchant, je sais pas… »

Et les larmes coulèrent de plus belle, les mots se perdant dans les sanglots. Kuwabara réalisa enfin que la personnalité enfantine de Hiei était revenue. Il faisait une rechute.

« Merde, pensa Kuwabara, qu'est-ce que je fais maintenant ? »

Il tapota maladroitement le dos de Hiei pour le calmer. Il ne sut pas si ça eut un effet quelconque mais Hiei arrêta de pleurer, continuant de renifler par intermittences.

« Allez, viens, je te ramène chez toi, dit Kuwabara en repoussant le plus doucement possible le yohkai. »

Hiei tendit la main vers lui. Kuwabara mit quelques secondes à comprendre ce qu'il voulait puis prit la main tendue dans la sienne.

« Bravo, se dit-il. On a l'air de quoi ? Deux mecs qui se baladent main dans la main, y m'aura tout fait faire cet avorton ! »

En arrivant devant l'appartement de Kurama, il sonna plusieurs fois sans obtenir de réponse.

« Tu as les clefs ? demanda t-il. »

Hiei secoua la tête.

« Tu les as perdues ? »

A nouveau, Hiei fit non de la tête tout en retenant un sanglot.

« Tu les as quand même pas… oubliées à l'intérieur… »

Hochement imperceptible et deux larmes qui coulèrent simultanément le long des joues.

« Ne pleure pas ! fit Kuwabara n'ayant pas envie d'avoir encore à le consoler. »

Hiei renifla et essuya les larmes sur la manche de son sweet.

Kazuma sortit son portable et essaya d'appeler Kurama, sans résultat. Il appela Yusuke finalement.

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Kuwabara entra sans sonner dans l'appart de Yusuke, une feuille collée sur la porte expliquant à renfort de dessins sanglants ce qui risquait d'arriver au suicidaire qui appuierait sur la sonnette.

Le détective était en train de bercer sa fille pour l'endormir.

Et il jeta un regarde menaçant à Kuwabara et à Hiei.

« Vous la fermez, les mecs ! J'y suis presque, chuchota t-il. Un mot et je vous bute ! »

Après cinq minutes, Yusuke finit par coucher sa fille dans sa chambre et revint dans le salon.

Ce fut à ce moment là qu'il remarqua que Hiei tenait la main de Kuwabara.

« Tu nous fais quoi, là ? demanda Yusuke à Hiei. Kurama est pas parti depuis un jour que tu te jettes sur un autre mec ?

-Arrête ça, Urameshi ! C'est pas…

-Kura-chan est parti… »

La voix était moins grave que d'habitude. Yusuke haussa les sourcils et…

« Non…, dit-il.

-Si, fit Kuwabara.

-Merde.

-Comme tu dis. »

En quelques mots, Kuwabara raconta comment il avait trouvé Hiei et Yusuke expliqua l'absence de Kurama.

« J'ai essayé d'appeler sur son portable mais je tombe sur le répondeur.

-Il est à la montagne, ça doit pas passer.

-Ok, mais on fait quoi ?

-Hum, on le surveille jusqu'à ce qu'il revienne à sa personnalité normale. Ca change assez rapidement d'habitude. »

Hiei n'écoutait pas vraiment la conversation. Il était installé sur le canapé mais n'avait pas pour autant lâché la main de Kuwabara.

« Ca fait déjà une heure…, dit le ningen.

-Si on appelait son psy ?

-Ca peut aider, c'est sûr. Je vais essayer de passer directement au cabinet. Toi, tu trouves un moyen de contacter Kurama. Appelle son lycée, ils doivent bien avoir un numéro d'urgence. »

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« Merci de le recevoir aussi rapidement, docteur Sôma, fit Kuwabara.

-Je vous en prie. »

Hatori se déplaça pour attraper le regard de Hiei.

« Bonjour, Hiei, tu te rappelles de moi ? »

Hochement de tête rapide et Hiei se planqua derrière Kuwabara.

« Et bien, à première vue, ça m'a tout l'air d'être une rechute. »

Il invita Hiei à s'asseoir sur une chaise. Ce dernier jeta un coup d'œil inquiet à Kazuma et obéit finalement.

« Hiei, tu veux bien me parler ? demanda Hatori d'une voix douce.

-Kura-chan est parti. J'ai été méchant.

-C'est pas ça, interrompit Kuwabara, il est parti pour le boulot. »

Hatori fronça les sourcils.

Peut-être avait-il été trop confiant dans la guérison de Hiei et avait négligé les risques de rechutes. Mais l'absence de Kurama venait bel et bien de faire rechuter le démon.

« Depuis combien de temps est-il comme ça ? demanda le médecin.

-Ca fait trois heures que je l'ai trouvé, dit Kuwabara.

-Et il n'est pas passé par sa personnalité normale ?

-Non. »

Un long silence se fit dans la pièce seulement rompu par les grattements des crayons de couleur que Hiei faisait courir sur une feuille sans enthousiasme.

« C'est mauvais signe ? questionna Kazuma.

-On va dire ça. Hiei ? »

L'interpellé leva la tête de son dessin. Sur la feuille, il s'était dessiné seul et entouré de ténèbres noires.

« Tu sais pourquoi Kurama est parti ?

-J'ai été méchant.

-C'est ce que tu penses ? »

Hochement de tête.

« Et qu'est-ce que tu as fait ? Comment as-tu été méchant ? »

Hiei ne répondit pas. Il réfléchit quelques secondes et secoua la tête.

« Je ne sais pas. »

Le portable de Kuwabara sonna à ce moment-là et il sortit de la pièce avec un geste d'excuse.

« Yusuke ? fit-il en décrochant. Annonce moi une bonne nouvelle !

-Désolé. »

Kuwabara soupira.

« Alors ? T'as pas réussi à avoir Kurama ?

-Non. J'ai eu son lycée. Y'a une tempête de neige dans la station où il est. Les lignes téléphoniques ne fonctionnent plus. Les profs qui sont restés au lycée savent juste que les classes sont bien arrivées.

-Bon et on fait quoi alors ?

-On devrait pouvoir le contacter d'ici deux ou trois jours.

-Ok, j'vais le dire au doc. »

Kuwabara raccrocha.

Et entra à nouveau dans la salle.

Hiei ne dessinait plus. Il s'était réfugié dans un fauteuil et avait remonté ses genoux contre sa poitrine.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Kazuma en voyant Hiei au bord des larmes. »

Hatori secoua la tête.

« Je ne peux rien faire tant qu'il est dans cet état, énonça calmement le médecin.

-Ca veut dire quoi ?

-Tout simplement que pour Hiei, c'est une façon de se protéger.

-Se protéger de quoi ?

-Si tu parles de ça, je te bute ! »

Hatori et Kuwabara sursautèrent. La sensibilité du ningen saisit une aura noire et malveillante pendant un instant. Puis tout redevint calme.

« Euh… Finalement, j'veux pas savoir, dit Kuwabara.

-Oui, c'est sûrement mieux comme ça.

-Ca risque de se reproduire souvent ? Je veux dire, l'apparition de sa personnalité démoniaque.

-Il faut espérer que non. »

Kuwabara ne fut pas vraiment rassuré par les paroles du docteur.

Puis il le mit au courant des nouvelles concernant Kurama.

« Et bien, fit Hatori, il n'y a plus qu'à attendre.

-Ok, merci d'avoir reçu Hiei en urgence. Allez, le nabot, j'te pose chez toi et je rentre, j'ai encore du boulot, moi. »

Hatori attrapa Kuwabara par la manche de sa chemise.

« Vous allez faire quoi ?

-Ben… Le ramener chez lui.

-Et ?

-Et rentrer chez moi. »

Les sourcils du docteur se froncèrent.

« Dîtes-moi, vous êtes toujours aussi idiot ou c'est juste aujourd'hui ?

-Vous manquez de tact pour un psy, vous.

-C'est parce qu'il faut vous mettre les points sur les i apparemment. Bon, si vous aviez un gosse de cinq ans, est-ce que vous le laisseriez seul dans une maison ?

-Ben non. Mais là, c'est pas un gosse, c'est Hiei !

-D'accord, il est capable de carboniser le premier venu mais il n'empêche qu'actuellement, il a environ cinq ans d'âge mental.

-Et vous voulez en venir où ?

-Jusqu'au retour de sa personnalité normale ou jusqu'au retour de Kurama, vous allez devoir vous occuper de lui.

-Mais pourquoi moi ? s'écria Kuwabara.

-Vous voyez quelqu'un d'autre ? »

Kuwabara réfléchit quelques minutes. Yusuke avait déjà sa fille, il n'avait pas besoin d'un deuxième gamin sur les bras. Botan était toujours en vadrouille pour son travail.

Soudain, la main de Hiei se glissa dans la sienne.

« Et puis, il a l'air bien avec vous, conclut Hatori. C'est la meilleure raison. »

Avec un soupir énorme qui vida entièrement ses poumons, Kuwabara accepta. Et puis, au moins, il ne risquait pas de se faire cramer ou découper en morceaux avec Hiei dans cet état.

C'était déjà ça.

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Sauf qu'il y avait bien d'autres risques liés à la personnalité enfantine de Hiei.

Et le pire de tous était cette envie d'affection constante. Hiei ne collait pas, non, il était comme la super-glue, impossible de s'en défaire.

Ils étaient passés rapidement chez Kuwabara le temps que le ningen prenne deux trois affaires puis ils étaient rentrés chez Kurama où le rouquin avait dû escalader le mur pour passer par une fenêtre pour revenir ouvrir à Hiei, le monde à l'envers, quoi.

Et le cauchemar avait commencé.

Mais comment faisait Kurama ? Comment pouvait-il supporter cette méga-glue ?

Hiei ne le lâchait pas d'une semelle et quand Kuwabara s'était installé tranquillement devant la télé, le jaganshi s'était blotti contre lui.

« Je ne sais pas ce qui est le pire, se demandait Kuwabara. Le fait qu'il colle autant ou savoir qu'il va me tuer quand il sera à nouveau normal. »

Tout en tremblant à cette funeste perspective, Kuwabara savait qu'il ne pouvait pas repousser Hiei, le docteur Soma lui avait bien fait comprendre qu'il ne fallait pas le perturber dans ses habitudes.

Kuwabara maudit Kurama. C'était la faute de ce stupide yohko. Il devait câliner Hiei tout le temps et lui filer des mauvaises habitudes.

Et d'ailleurs, est-ce que le fait que Kurama passe tous les caprices de Hiei n'était pas une des raisons de cette rechute ?

Hiei était-il devenu trop dépendant de Kurama ?

Ou y avait-il autre chose ? Ce secret que protégeait la personnalité sombre de Hiei ?

Perdu dans ses pensées, Kuwabara remarqua tardivement que la main du yohkai qui s'était agrippée à son tee-shirt avait relâché sa prise. Et que Hiei dormait profondément.

Kuwabara le déplaça pour pouvoir le soulever et le porter jusque dans son lit.

Il n'était pas seulement plus grand mais aussi beaucoup plus lourd.

Le ningen poussa la porte de la chambre de Kurama. Il eut une légère surprise. Il n'y avait qu'un futon dans cette pièce et de surcroît un futon pour une seule personne.

Etrange, ça. Il était persuadé que Hiei et Kurama formait un couple.

Tout en tenant Hiei dans ses bras, il gagna la deuxième chambre.

Et là aussi, un seul futon. Et la décoration minimaliste certifiait que c'était bien la chambre du jaganshi.

Kuwabara déposa Hiei sur le futon et le déshabilla, lui laissant son débardeur et son caleçon pour éviter une attaque de flammes quand Hiei reviendrait à la normale.

Il glissa Hiei entre les draps et sortit en éteignant la lumière.

Vraiment étrange. Kurama aimait Hiei et Hiei aimait Kurama. Même que la nouvelle de leur histoire n'avait surpris personne. Les seuls commentaires furent du genre : « Ah ben, c'est pas trop tôt ! »

Mais ils faisaient apparemment chambres à part.

Est-ce que les yohkais n'avaient pas de vie sexuelle ? Ou est-ce que ces deux-là étaient tellement des handicapés de l'amour - enfin, surtout Hiei - qu'ils ne savaient pas comment s'y prendre ?

En squattant le lit de Kurama, Kuwabara se demanda comment il en était arrivé à se poser des questions sur la vie privée du nabot et du yohko.

Bon sang, il avait pas envie de savoir!

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Kuwabara était à la limite de la crise de nerfs.

« Hiei, je t'ai dit que je ne sais pas les faire.

-On est mardi. Kura-chan fait des brioches aux myrtilles et à la cannelle le mardi.

-Tu ne vas pas me dire qu'il en fait tous les mardis ?

-Si !

-Et bien, moi je sais pas faire !

-Mais c'est mardi ! répéta Hiei. C'est brioches aux…

-Myrtilles et cannelle, on le saura, et le mercredi ? Tu vas pas me dire qu'il y a un p'tit déj spécial pour le mercredi aussi ?

-C'est pancakes, le mercredi. Avec du sirop d'érable. »

Encore un plat qu'il ne savait pas faire.

Pourquoi Kurama était-il aussi bon cuisinier ? Et qu'est-ce que c'était que ces manies de petits vieux qui avaient les mêmes plats pour chaque jour de la semaine ?

Kuwabara maudit encore une fois le kistuné.

« Si tu mangeais tes céréales et demain, on déjeunera dehors ?

-Non, c'est brioches…

-Mange tes céréales, Hiei ! cria Kuwabara, excédé. »

Et la catastrophe survint.

Des énormes larmes bondirent littéralement des yeux de Hiei. Et une sirène se mit en route quelques secondes après.

« T'EEESSS MEEECHHAAANNNNTTT ! JEE VEEUUX KUUURRRAA-CCHHAANNNNNN !

-Arrêtes ça, Hiei ! Chut ! Arrêtes ! PUTAIN MAIS TU VAS TE CALMER !!! hurla Kuwabara, couvrant les cris du jaganshi. »

Surpris que quelqu'un crie plus fort que lui, Hiei se calma un peu et continua toutefois de pleurnicher.

Mais il mangea néanmoins ses céréales.

Après la douche, Kuwabara dut remettre le tee-shirt de Hiei à l'endroit, ce dernier n'ayant visiblement pas compris que l'étiquette était censée être à l'intérieur.

Le jaganshi restait silencieux depuis le petit déjeuner. Il n'avait jamais été très bavard, c'est vrai. Mais depuis qu'il était passé en mode gamin-glue, il babillait sans arrêt. Un vrai moulin à paroles.

Kuwabara avait téléphoné à un camarade de classe pour que celui-ci lui prenne les cours, il pouvait ainsi rester avec Hiei sauf qu'il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il pourrait bien faire.

Que faisait Hiei d'habitude ? Kuwabara ne savait pas du tout comment le jaganshi passait ses journées dans le ningenkai. Et puis, il se rappela qu'il avait à faire à un gosse de cinq ans.

« Hiei, qu'est-ce que tu veux faire aujourd'hui ? On peut aller se balader ou on peut rester ici.

-Tu n'es plus fâché ? demanda Hiei d'une toute petite voix avec les yeux légèrement humides. »

Kuwabara soupira. Voilà qui expliquait le silence.

« Non, je ne suis plus fâché. Mais je ne suis pas doué en cuisine. Alors, je ne veux plus que tu fasses d'histoires comme ce matin, d'accord ?

-Oui.

-Bon, et si tu es sage, ce soir, on ira manger des ramens chez Yusuke. D'accord ? »

Le sourire sur le visage du jaganshi montrait à quel point il était d'accord.

Kuwabara trouvait cette situation vraiment étrange.

Et il en venait à oublier que c'était Hiei qu'il avait devant lui.

Il avait toujours aimé les enfants. Et s'était toujours bien débrouillé avec eux.

Mais là… C'était Hiei quand même.

« Kuwa-chan ? On peut aller au parc ?

-Oui, si tu veux. »

Hiei sourit encore puis se rembrunit.

« Dis… Kura-chan va revenir ?

-Oui, Hiei. Kurama va revenir. »

Mais le visage du jaganshi montrait qu'il en doutait.

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« Tiens, salut ! dit Yusuke. »

Hiei bondit par dessus le comptoir et se précipita dans les bras du détective.

« Houlà, ça s'est pas arrangé ! »

Il repoussa le démon.

« Kuwa-chan a promis qu'on mangerait des ramens !

-Kuwa-chan ? fit Yusuke en haussant les sourcils.

-Laisses tomber ! fit le grand ningen en attrapant Hiei pour le refaire passer de l'autre côté du comptoir. Ne cours pas partout, Hiei. Il y a des plats chauds et tu pourrais te brûler, compris ?

-Oui !

-Se brûler ? C'est un démon de feu, je te rappelle, dit Yusuke. »

Kuwabara haussa les épaules.

« Yu-chan ! Des ramens ! Des ramens ! s'écria Hiei en s'asseyant sur un des hauts tabourets.

-Yu-chan ? rigola Kuwabara.

-Ok, autant pour moi.

-T'as pu joindre Kurama ?

-Toujours pas. Selon la compagnie de téléphone, les lignes devraient être fonctionnelles demain, répondit Yusuke en servant un bol de ramens à Hiei.

-On en aurait pour combien de temps pour y aller ? demanda Kuwa.

-Avec la neige qu'il y a, un jour au moins. C'est pourquoi c'est mieux qu'on attende.

-Ouais, c'est sûr. Et Botan ? En volant, elle pourrait…

-Surchargée de boulot. Et comme il n'y a aucun danger, contacter Kurama n'est pas une priorité.

-Je vois, fit Kuwabara. Hiei ! Mais qu'est-ce que tu fabriques ? »

Le visage barbouillé, Hiei prit une mine coupable.

« Halala, vraiment, tu me feras tout faire ! dit Kuwabara, attrapant une serviette en papier pour essuyer le visage de Hiei. »

Yusuke faillit éclater de rire. Il ne s'était certainement pas attendu à ce que Kuwabara soit si attentionné avec le démon.

Après son dîner, Hiei s'endormit, les bras croisés sur le comptoir.

« Yusuke, est-ce que…

-Hors de question que je m'en occupe ! fit le détective catégoriquement.

-Non, c'est pas ça. Il est un peu chiant mais ça va.

-C'est quoi alors ?

-Kurama et Hiei, ils sont ensemble ou pas ? demanda Kuwabara.

-Hum, je vois où tu veux en venir.

-Tu sais alors ?

-Ben, commença Yusuke. Une fois, Kurama a dit une phrase une peu équivoque et j'ai compris.

-Ils font chambre à part, indiqua Kuwabara.

-Ouais, c'est ce que je me disais. Leur relation n'a pas avancé du tout.

-J'y comprends rien, ils sont amoureux pourtant.

-Ca, c'est sûr. Mais Kurama est très préoccupé par la santé mentale de Hiei. Et je crois qu'il n'ose pas pousser leur relation plus loin. Pour Hiei, par contre, j'ignore ce qu'il veut. »

Kuwabara haussa les épaules.

« A part me faire tourner en bourrique, j'en sais rien. »

Yusuke rigola.

« Il est si terrible que ça ?

-En réalité ? Non. C'est ça le pire. Je commence à le trouver mignon et attachant.

-Alors tout va bien.

-C'est pas toi qu'il va tuer quand il reviendra à la normale !

-Qui sait, peut-être qu'il sera reconnaissant.

-Y connaît même pas ce mot ! Sur ce, on va rentrer. »

Kuwabara passa la main dans les cheveux de Hiei pour le réveiller.

Ce dernier ouvrit des yeux endormis.

« On rentre, Hiei. Debout. »

Le démon se contenta de tendre les bras vers Kuwabara.

« Tu es trop grand pour être porté maintenant. »

Mais Hiei continua de tendre les bras.

Le ningen soupira, souleva Hiei et le plaça sur son dos.

« En fait, Kuwa, tu te débrouilles vachement bien, dit Yusuke. »

Kuwabara lui jeta un regard noir avant de s'en aller.

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« Minamino-sensei ? Il y a un appel pour vous. »

Kurama se retourna. Et alla décrocher le téléphone de la réception.

« Allô ? Allô ? Y'a quelqu'un ?

-Hiei, lâches ce téléphone ! hurla Kuwabara.

-Mais je veux parler à Kura-chan ! Kura-chan ? Kura-chan ? »

Le kitsuné poussa un léger soupir avant de dire.

« Bonjour trésor.

-C'est moi que tu appelles trésor ? demanda Kuwabara.

-Oups, pardon.

-Bon, je suppose que t'as saisi le problème ?

-Très bien oui. Depuis combien…

-Hiei ! Arrêtes de grignoter des gâteaux ! Tu vas te couper l'appétit ! Excuse, Kurama, tu disais ?

-Depuis combien de temps il est comme ça ?

-Avant-hier. Depuis que tu es parti.

-Deux jours ?! C'est pas possible, s'écria Kurama. Ca ne dure jamais aussi longtemps…

-C'est parce que tu n'es pas là, Kurama ! C'est pour… Oui, Hiei, tu lui parleras après, d'accord ? Ranges tes crayons et tes feuilles maintenant…Kurama, tu seras super content, il t'a fait un dessin qui ressemble à rien.

-Je vais rentrer tout de suite, dit le yohko.

-Très bien. Oui, Hiei, c'est ton tour. »

Kurama entendit un peu de bruit.

« Kura-chan ?

-Salut trésor.

-Je serais gentil, promit Hiei. Je serais gentil maintenant. »

Kurama se mordit la lèvre. Il sentit ses yeux s'enbrumer.

« Je le sais, trésor. Je reviens bientôt.

-C'est quand bientôt ?

-Et bien, quand la nuit tombera, je serais là.

-A la nuit tombée, je t'attendrais… »

Kurama perçut un changement dans la voix.

« Hiei, c'est toi ? »

Il y eut un rire grave et sensuel sur ligne.

« Hiei ?

-Kurama, c'est moi.

-Kuwabara ? Il est…

-T'inquiètes pas ! Il est revenu en mode gamin.

-Tant mieux. »

Kurama respira. La personnalité démoniaque de Hiei ne s'était manifestait que quelques secondes. Mais pendant ce laps de temps, il avait craint pour la sécurité de Kuwabara.

« Je serais là dans la soirée au plus tard, dit-il.

-Ok. A toute à l'heure. »

Kurama reposa le combiné. Il jeta un coup d'œil à ses élèves qui se précipitaient dans le réfectoire. Il essaya tant bien que mal de marcher d'un pas assuré.

Il se réfugia dans sa chambre, claqua la porte et s'appuya contre.

Il se mentirait s'il ne se disait pas combien la situation lui pesait. Quand il avait entendu la voix enfantine s'élever, un grand poids était tombé sur ses épaules.

Il n'aurait jamais dû partir, il n'aurait jamais dû laisser Hiei seul.

Kurama secoua la tête et commença à préparer ses affaires.

Qu'est-ce qui clochait dans la tête de Hiei ? Qu'est-ce qui n'allait pas ?

Et pourquoi ne pouvaient-ils pas avoir une relation normale et être amants ?

Hiei ne l'avait jamais rejeté. Mais il n'avait jamais demandé plus que des baisers.

Et Kurama n'avait pas su lui faire comprendre qu'il désirait plus, beaucoup plus.

Le yohko chargea son sac sur l'épaule.

Il fallait du temps, c'était tout. Juste du temps.

Du temps, ce n'est rien dans la vie d'un yohkai. Kurama pouvait patienter jusqu'à ce que Hiei aille mieux et ait vraiment envie d'une relation intime.

Il sortit de la chambre et alla prévenir ses collègues de son départ précipité.

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Hiei ne tenait pas en place.

« Kura-chan va revenir ! Kura-chan va revenir ! chantonnait-il.

-C'est bon, j'ai compris ! dit Kuwabara. »

Hiei vint s'accrocher à la manche du ningen.

« C'est quand la nuit ? C'est bientôt ?

-Hiei, il est à peine quinze heures ! »

Le jaganshi haussa les sourcils comme s'il ne comprenait pas le rapport avec l'heure.

Mais il saisit que Kurama ne rentrerait pas tout de suite.

Aussi, il entoura ses bras autour de Kuwabara pour réclamer un câlin.

« Hé ! Tu colleras ce soir ! Quand je serais loin, très loin ! »

Mais Hiei ne le lâcha pas. Aussi Kuwabara caressa la tête de Hiei avec tendresse.

Le démon lui sourit.

« J'aime aussi Kuwa-chan ! dit-il.

-Quoi ? s'écria Kuwabara, surpris et certain que Hiei le tuerait une fois sain d'esprit. »

Hiei se blotti un peu plus contre lui et dit avec une franchise toute enfantine :

« J'aime Kuwa-chan.

-Et Kurama alors ? le taquina le ningen.

-Je préfère Kura-chan mais j'aime beaucoup Kuwa-chan et Yu-chan. »

Hiei le regarda, semblant attendre quelque chose.

Kuwabara devina que c'était la réciproque qu'il attendait. Ce que Kurama devait tout le temps faire.

« Hum, fit-il en se raclant la gorge. Moi aussi, je t'aime… beaucoup. Et Yu-chan… et Yusuke aussi. »

Il se sentit comme un parfait imbécile. Mais ces mots firent plaisir à Hiei qui sourit.

« Allez, dit Kuwabara en repoussant le jaganshi. On arrête de jouer à la super-glue ! Si on allait faire un tour au parc pour patienter ?

-Oui ! »

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Le temps s'était radouci et la famille Urameshi au complet les avait rejoint.

Atsuko avec une bouteille de saké à la main, Yusuke avec un panier contenant de quoi faire un petit goûter et Keiko qui tenait sa fille dans les bras.

Hiei, installé sur un coin de couverture, dévorait une part de gâteau au chocolat fait maison par Keiko.

« Kurama rentre ce soir ? demanda Yusuke.

-Ouais.

-C'est moi ou t'as l'air un peu triste ?

-C'est ça, fous-toi de ma gueule ! râla Kuwabara. Je serais bientôt débarrassé du pyromane. Que demander de plus ? »

Tout en râlant, Kuwabara avait quand même essuyé la bouche du jaganshi avec une serviette et avait planté une paille dans une petite brique de jus de pomme avant de la tendre à Hiei.

Et il avait fait ces gestes sans même s'en rendre compte !

Hiei, lui, était aux anges.

Kurama allait bientôt rentrer. Et il était avec des personnes qu'il aimait.

Keiko lui avait même permis de porter un peu le bébé.

« Devinez qui j'ai trouvé sur le chemin ? fit la voix de Botan. »

Ils se tournèrent tous mais le plus rapide à trouver la solution fut Hiei.

« KURA-CHAN ! s'écria-t-il en sautant sur le yohko alors que celui-ci descendait à peine de la rame de Botan.

-Bonjour trésor ! sourit Kurama en vacillant sous l'étreinte du jaganshi. »

Il éloigna un peu Hiei, attrapant son visage entre ses mains pour l'observer.

Il attendait un changement, un retour à la normale.

Mais seul le sourire innocent d'un enfant lui répondait. Et le yohko déposa un léger baiser sur le front de Hiei.

« Kurama ! Viens t'installer ! cria Yusuke. »

Avec Hiei cramponné à son bras, Kurama rejoignit les autres.

Kuwabara déglutit. Il en était sûr, Hiei allait le tuer.

Mais le jaganshi s'assit aux côtés de Kurama et installa sa tête sur l'épaule du kistuné, jouant d'une main avec les longues mèches rouges.

Il y eu un silence.

« C'est bizarre…, commença Yusuke. J'étais persuadé qu'il redeviendrait normal dès qu'il te verrait…

-Ca va peut-être prendre un peu de temps ? dit Kuwabara. Qu'il se réhabitue, non ?

-Je ne sais pas, murmura Kurama. »

Il passa son bras autour des épaules de Hiei. Ce dernier se blottit davantage contre Kurama avec un sourire satisfait.

« Y'a une séance avec le doc ce soir, dit Kuwabara. Il saura sans doute quoi faire.

-J'espère, répondit Kurama avec un sourire peu convaincant. »

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A suivre...

Ah, ça fait un moment que je vous avais promis cette séquelle, la voilà enfin! Je peux vous dire que ça fait un moment qu'elle traînait sur mon ordi sans être terminée. Mais voilà, j'ai enfin réussi à trouver les idées et les mots pour la finir. Le deuxième et dernier chapitre dans la semaine quand je l'aurais fini et corrigé.

J'espère que ça vous a plu. En tous cas, moi, je l'aime bien. Je me suis bien marré aussi à donner un petit côté « Rain Man » à Hiei ce qui exaspère Kuwabara.

Voilà, à plus et laissez des reviews!