Erratum :
Un simple regard est une fiction dérivée de la série Amours Imparfaits, dont le titre comporte une horrible faute. Le genre du nom commun "amour" est masculin, au singulier, mais il est féminin, au pluriel. Ce titre aurait dû donc être : Amours imparfaites.
La correction dans Un simple regard est en cours.
Je dédie cette histoire à toutes les lectrices qui apprécient Amours Imparfaites & Cie et me l'ont fait savoir (pardon de ne pas tous vous citer ), et plus particulièrement à Miss, qui s'est chargée des corrections, pour la remercier d'être si passionnée et attentive à mes écrits.
Au départ, ce devait être un OS, mais finalement il y aura trois chapitres : que voulez-vous, Shûhei et Byakuya m'inspirent ! En plus, ils sont rebelles. Ils ne vont jamais facilement là où je veux les mener.
Disclaimer : Bleach est un manga de Tite Kubo à qui j'emprunte, sans autorisation, les personnages et l'univers. J'espère qu'il m'en excusera...
Maria est une jeune servante de la maison du seigneur Kuchiki. C'est un personnage imaginé qui a fait sa première apparition dans « Chroniques d'un serviteur des Kuchiki ».
Cette histoire se passe au début de la vie de Shûhei avec Byakuya, après « Amours Imparfaites II » et avant « Le bentô »(1).
Un simple regard
Acte 1 : La lingère et le Shinigami
Maria acheva d'épingler le drap et le relâcha. Sous le vent printanier, un pan de de la toile blanche se gonfla et s'agita dans un claquement sec. La jeune fille fit une pause. Elle s'épongea le front avec son avant-bras et regarda avec envie l'ombre bienfaisante des arbres. La sueur coulait le long de sa nuque vers sa gorge, en gouttelettes irritantes qui traçaient leur chemin sur sa peau avec une lenteur presque insupportable.
Le soleil rayonnait sur tout le Seireitei et trônait dans un ciel d'une pureté absolue. La chaleur se répandait implacablement dans l'atmosphère. Maria soupira et revint à sa tâche.
Elle en avait enfin fini avec les parures de lit. Elle jeta un œil découragé sur celui des deux paniers à ses pieds encore rempli de linge et elle en retira un carré de fine batiste blanche aux broderies délicates.
Un mince sourire naquit sur ses lèvres en reconnaissant le motif : c'était l'un des mouchoirs du seigneur Kuchiki. Rêveuse, elle en caressa un moment le relief du doigt, étonnée comme toujours d'observer la beauté dont il s'entourait car elle allait au delà du simple standing dû à son rang.
Elle en était persuadée, quand au hasard de ses corvées ménagères, son imagination fertile lui racontait l'histoire cachée derrière la présence d'un article et la raison pour laquelle il avait été choisi en dehors de son raffinement évident : dans le service à thé printanier, aux tendres motifs couleur framboise, elle devinait la douceur de l'épouse décédée du maître du pavillon ; les manches de bois brut de ses pinceaux qu'il exigeait qu'on entretienne lui évoquaient son défunt père, homme d'érudition plus que combattant aguerri ; le cadre d'acajou aux lignes simples soulignait de sa teinte chaude la photographie officielle de son union présente ; dans la peinture ornant le mur de la salle à manger qui représentait une partie du jardin, cerisiers, pruniers et châtaigniers tous fleuris dans un foisonnement hors-saison impossible, se reflétaient les sentiments complexes de son propriétaire.
Son imagination courait le long des vases qu'elle époussetait, des kimonos qu'elle amidonnait et qu'elle repassait, et dans sa tête elle faisait exploser l'une après l'autre les couches de glace qui emprisonnaient son maître. Pour elle seule et pendant quelques instants, elle était celle qui voyait clairement au travers de ses airs distants.
Au service de Kuchiki-sama, elle avait pénétré dans un univers où sa curiosité trouvait matière à s'enflammer. Son amour perdu entré dans la légende, sa noblesse qui le rendait inapprochable, les visiteurs de haut rang, les chuchotements sur son passage : intrigues et mystères faisaient battre d'émoi son cœur de jeune fille en recherche d'aventure. De questions en indiscrétions auprès de ses collègues, elle ré-inventait l'histoire de son seigneur et maître.
Une nouvelle bourrasque de vent l'arracha à sa rêverie : « Ah ! ». La souple étoffe satinée glissa de ses doigts et prit son envol, emportée au loin vers l'air chaud des hauteurs.
« Zut ! C'est pas vrai... ».
Maria pinça ses lèvres de contrariété à la pensée du sermon qui l'attendait si elle ne rattrapait pas le mouchoir qui s'éloignait de plus en plus, caracolant sur les couches d'air comme s'il se moquait d'elle. En dépit du kimono dont elle était vêtue, elle courut comme elle put vers la pièce de linge en relâchant sa colère dans une exclamation véhémente :
« Attends un peu, toi ! Tu vas voir ! ».
Emmené par les caprices du vent, le tissu léger se rapprochait dangereusement de la maison.
« Ah non ! » s'écria Maria, alarmée à la perspective d'être la risée de tous si on l'apercevait.
Le sentiment d'urgence lui fit perdre le reste de son sang froid. Elle releva le bas du kimono qui entravait sa course et les genoux à l'air libre, elle se précipita avec une vitesse accrue.
La chance tourna en sa faveur. La brise s'apaisait, le mouchoir descendait par palier vers le sol, virevoltant doucement, jusqu'à tomber à quelques mètres d'elle. Elle allait s'en saisir lorsqu'un brusque courant d'air balaya la cour et emporta le tissu endiablé hors de sa portée.
De dépit, elle mit un genou à terre, essoufflée, échevelée et en nage, maudissant avec une rage renouvelée l'objet pourtant dénué d'esprit :
« Je le jure, même si c'est la dernière chose que je dois faire sur cette terre, je te rattraperai ! » gronda-t-elle entre ses dents, en total inadéquation avec la réserve que devait montrer un serviteur des Kuchiki.
« Est-ce de ceci que tu parles ? ».
Une main aux phalanges apparentes apparut dans son champ de vision, tenant entre ses longs doigts fins le textile soyeux, enfin stoppé dans sa fuite.
« Hisagi-sama ? » murmura Maria, incrédule.
Elle se releva rapidement et tenta sans grand succès de cacher l'indécence de sa tenue. Sa main crispée sur sa jupe(2) qu'elle n'avait pas relâchée, son souffle court qui avait accompagné sa course, ses joues rougies par l'effort, la sueur qui perlait à son cou, visible par son encolure défaite, les petites mèches bouclées de ses cheveux mouillés à la racine : elle formait un tableau délicieusement impudique.
« Tsujirô-san te mène la vie dure à ce que je vois » fit Shûhei, très sérieux.
À la grande honte de Maria, son nouveau jeune maître était venu à son secours. Son incompétence ne connaissait plus de bornes. Elle rougit plus encore sous le regard scrutateur de celui qui était devenu, il y a quelques mois, un habitant de la demeure. Se trouver ainsi observée l'emplit de joie et d'une fierté toute féminine qui aggravèrent encore des symptômes pour lesquels la chaleur extérieure n'avait plus rien à voir.
« Tu vas bien ? s'inquiéta-t-il face au silence persistant de la servante.
— O-oui, je vais bien. Merci. Je... C'est le vent. Merci de l'avoir rattrapé.
— Le vent... est traître, il faut s'en méfier » murmura-t-il les sourcils froncés et le regard assombri.
Ah... le souffle de Maria tourna court, et ce ne fut pas le vent qui la prit au dépourvu cette fois mais la profondeur du regard de son jeune maître. La stupeur lui fit enfin relâcher son kimono. Elle n'avait jamais eu l'occasion de l'approcher jusqu'ici et il ne semblait pas parler beaucoup. Mais à l'instant, elle avait eu l'impression qu'un secret lui avait été confié. Elle ne connaissait rien aux zanpakutôs, pas plus qu'au reiatsu. Seul son instinct la guidait.
« J'aime le vent pourtant, affirma-t-elle. J'aime ses formes changeantes, la façon dont il nous enlace avec tant de force parfois ou bien nous caresse d'une légère brise, toujours présent sans que jamais on ne le voie » expliqua-t-elle en tendant la main vers le mouchoir pour le prendre. « Merci encore, Hisagi-sama. Excusez-moi de vous avoir importuné avec ma maladresse » dit-elle en se courbant.
Shûhei ne répondit rien, déconcerté par ce qu'il venait d'entendre. D'un air absent, il avait laissé filer le carré de batiste et fixait les mains qui le tenaient à présent, plongé dans les tourbillons de son esprit. Maria ne savait plus que faire, confuse, car son cœur s'était mis à battre à tout rompre sous la proximité du geste. Elle s'était sentie happée alors que sa petite taille lui donnait une vue idéale sur la tête baissée du jeune homme et sur ses yeux, soulignés d'une barre noire et griffés de cicatrices.
Si sa curiosité et son imagination se nourrissaient des airs distants du seigneur Kuchiki, c'est un tout autre sentiment que l'émotif Shûhei était en train d'éveiller. Le mélange de violence et de fragilité qui émanait des traits du visage fin et cependant viril, révélait en elle une nature maternelle, vouée à protéger et une nature exaltée, vouée à aimer. C'est à ce moment-là qu'elle sut qu'elle était perdue. Elle sentit que sa gentillesse et sa cordialité toutes empruntes de sa fonction domestique se dissolvaient dans le regard noir. Dans ce regard tellement étroit, que les humeurs changeantes qui le traversaient y étaient concentrées au point qu'elles en étaient assassines. Elle ne pouvait lui échapper. Être la proie d'un regard. C'était la première fois qu'elle comprenait et ressentait le sens de cette expression. Elle était tombée sous le charme ténébreux de l'amant du seigneur Kuchiki !
Ignorant de l'émoi de la servante, celui-ci se laissait submerger par la sincérité de sa remarque et restait médusé qu'elle s'en soit pris au mouchoir plutôt qu'au vent. L'acceptation ingénue de l'élément de son zanpakutô dont il se méfiait toujours des ruses, était une sensation agréable et inconnue.
Ce ne fut l'affaire que de quelques secondes au bout desquelles le temps reprit son cours. Maria, mal à l'aise et coupable, s'empressa de s'éclipser après une nouvelle révérence, les joues en feu.
« Shûhei ! »
L'interpellé, un sourire aux lèvres, se tourna vers l'auteur de l'appel sec et impatient qui avait attendu à quelques pas de là, dans une irritation croissante. Il le rejoignit et fut accueilli avec une froideur toute seigneuriale.
« Que t-a-t-il pris ? Ne t'ai-je pas déjà expliqué que tu devais laisser nos gens effectuer leur travail sans interférer ? » s'enquit Byakuya, d'une voix emprunte de lassitude.
Shûhei ne répondit pas. Son sourire s'était effacé et il contemplait tristement celui qu'il venait de décevoir.
« Shûhei !
— Cela ne coûte rien d'aider un peu » fit ce dernier en haussant les épaules.
Byakuya soupira, désespérant de jamais faire comprendre à Shûhei quelle était sa position depuis qu'il était son concubin.
« Je suis curieux de savoir ce qui t'a retenu ainsi, bien qu'aucun sujet de conversation avec une lingère ne ne me paraisse être d'un possible intérêt alors que je suis à tes côtés » demanda-t-il pince-sans-rire, un rien énervé. « Sans parler du fait que cela n'est pas convenable, crut-il bon d'ajouter.
— Le vent. Elle m'a parlé du vent. » répondit Shûhei, le regard troublé.
Byakuya se tut, perplexe. Il n'avait pas apprécié le comportement de la jeune servante, exhibant devant Shûhei la rondeur de ses genoux nus et le regardant avec admiration et ferveur, comme une Cendrillon éperdue d'amour pour son prince sauveur.
Il analysait froidement la situation. La jeune servante avait un physique plutôt avenant dont le naturel avait tout pour plaire à Shûhei. Elle avait surgi de nulle part, luttant vaillamment bien qu'en pure perte contre les rafales d'air et le gentil Shûhei s'était spontanément porté à son secours. Apparemment, elle lui avait dit quelque chose qui l'avait marqué. L'impertinente n'était pas qu'une tête de linotte... Il soupira. Tsujirô, son fidèle majordome, appréciait Maria et il ne serait pas raisonnable de renvoyer une servante sur un simple soupçon. De plus, cela ne ferait pas honneur à Shûhei qui avait toute sa confiance.
Voilà ce que lui disait sa raison. Parce que pour l'instant, il était irrité.
« Byakuya, tu es en colère ? » s'exclama Shûhei d'une voix tremblante, cherchant sans y parvenir à démêler les expressions quasi-inexistantes qu'il croyait entrevoir sur le visage fermé de son énigmatique amant.
Un pincement légèrement plus marqué des lèvres, un pli prononcé à la base du nez qu'on ne pouvait qualifier de froncement de sourcil, c'étaient là deux des quelques mimiques qui l'avaient amené à cette supposition.
Sous son masque rigide d'expression qu'une longue habitude et une grande expertise lui avaient permis de conserver, Byakuya s'était trouvé surpris par sa susceptibilité inattendue : bien sûr qu'il était en colère alors qu'il s'était trouvé évincé, même temporairement, de l'attention de Shûhei par une soubrette énamourée ! Shûhei le fixait maintenant d'une mine inquiète et coupable et une douceur non feinte s'ajouta alors aux traits aristocratiques :
« Il est nécessaire que tu agisses avec plus de prudence, Shûhei. À trop vouloir jouer avec le feu, on s'y brûle.
— Mais qu'est-ce que tu veux dire par là ?
— Cette servante, Maria, ne flirte pas avec elle, résuma radicalement Byakuya.
— Vraiment, tu exagères. Parler de flirt quand je l'ai simplement aidée à rattraper son linge ! Tu aurais besoin d'assouplir un peu ta manière de voir les rapports humains, se défendit Shûhei, injustement accusé.
— N'as-tu vraiment pas eu conscience de la façon dont elle te regardait ? repartit Byakuya, se raidissant sous l'insulte.
— Non. Elle s'est simplement montrée aimable. Byakuya, continua-t-il, soudain alarmé, tu ne vas rien lui faire, hein ? »
Shûhei ne se rappelait que trop l'épisode peu glorieux avec l'association féminine des Shinigamis(3).
« Ta gentillesse est louable, certes, mais à double tranchant. Tu peux faire du mal sans le vouloir à ceux que tu prétends aider. Un conseil, reste loin d'elle, pour son bien comme pour le tien.
— Tu veux vraiment dire que Maria va tomber amoureuse de moi simplement parce que j'ai ramassé sa lessive ?
— De nous deux, tu es celui qui a besoin de bien plus de clairvoyance dans ses rapports humains ! » fit Byakuya, excédé maintenant par l'aveuglement de son cadet. « Tu ne vois que ce que tu veux voir ! Tu fuis la réalité que tu ne veux pas connaître sous des prétextes fallacieux. Tu veux vraiment courir au drame comme avec... (4)»
Byakuya s'interrompit devant le changement d'expression de Shûhei qui pâlissait à vue d'œil. Il s'abstint d'argumenter son discours. Son esprit analytique le desservait dans sa relation avec lui. Ce dernier n'avait pas besoin qu'il retourne le couteau dans la plaie. Il soupira. Il était las, vraiment.
« Je te demande pardon, Shûhei. Je me suis emporté lorsque j'ai vu qu'elle portait sur toi un regard qui n'avait rien de chaste.
— Je n'ai rien remarqué, dit Shûhei, têtu, croisant devant lui ses avant-bras aux muscles souples et longilignes.
— Oui, j'en suis sûr » dit Byakuya, dont l'humeur vacillait entre l'apaisement et la contrariété. « Bien que je me réjouisse que tu sois indifférent aux signes avant-coureurs de son inclination et que je n'aie aucune raison d'être jaloux, je te demande de me faire confiance et de prendre mon conseil au sérieux.
— C'est d'accord, je vais être sur mes gardes » promit Shûhei, levant le menton, ses longs bras le long du corps, un air décidé sur son visage.
Un Shûhei sur ses gardes pouvait faire bien des ravages. Byakuya ne put s'empêcher de penser qu'il lui fallait trouver une autre façon de montrer sa méfiance que de lancer sur le monde les flèches étincelantes de son regard. Il soupira mais pas de lassitude cette fois-ci, cherchant à s'extraire de l'envoûtement qui émanait des agates noires et qui le faisait frémir :
« Surtout, garde-toi de la regarder avec ses yeux-là.
— Avec quels autres yeux veux-tu que je la regarde ? »
L'innocence de la question fit doucement rire Byakuya.
« Je parle de ces deux joyaux d'obsidienne dans lesquels on se noie volontiers si l'on n'y prend pas garde.
— Oh !... s'exclama Shûhei, réagissant à la tonalité suave adoptée par son amant et rosissant sous ses tatouages et ses cicatrices.
— Je suis sérieux, Shûhei. Prends exemple sur moi et mets y moins de passion. Ainsi, tu seras à l'abri de l'attraction que tu exerces sur la gente féminine. »
Shûhei écarquilla les yeux, examinant l'idée fantasque de cacher ses émotions au sein d'iris couleur acier identiques à ceux qui se posaient gravement sur lui. Un tendre sourire éclaira son visage, rapidement remplacé par un air embarrassé alors qu'il poursuivait son introspection et envisageait plus consciencieusement la recommandation.
« J'ai bien peur d'être incapable de le faire. Je ne pense pas à toi en des termes de froideur et d'indifférence » rougit-il, un brusque bouffée de chaleur accompagnant l'effet que le regard, soit-disant sans passion de l'aristocrate, avait sur lui.
Différentes images de Byakuya refluèrent en son esprit. Le noble visage aux paupières fermées et la quiétude qui se transmettait à lui en vagues persistantes et affectueuses. Le port hautain du chef de clan, lorsqu'il portait sur le monde un regard dédaigneux qui maintenait chacun à l'écart, et la transparence et la clarté qu'il voyait dans ses yeux dont nul n'était à même de souiller la vue. Et lorsque Byakuya répondait à son amour dans l'intimité de leur chambre, rien ne lui ferait jamais croire que les pupilles d'ébonite assombries de désir aient pu abriter autre chose qu'une passion retenue.
« Non, vraiment, cela ne sert à rien de me transformer en toi, un seul suffit à cacher ses émotions. Et puis, je ne possède pas la séduction que tu me prêtes » conclut-il avec une vibration dans la voix témoignant de l'agitation de ses pensées.
Du guerrier agressif qui se plongeait dans la bataille et qui tirait le meilleur parti de ses atouts physiques et de son habileté lorsqu'il était déchaîné, il ne restait qu'un jeune homme timide lorsqu'il se confrontait à des tiers sur des sujets intimes. Byakuya s'étonnait du manque d'assurance en la matière de Shûhei et se demandait comment il avait pu rester jusqu'ici inconscient de l'attirance qu'il exerçait sur autrui, et qui n'avait rien à voir avec son intelligence. À moins, se dit-il, avec un brin de fierté, que l'épanouissement de son amour pour lui n'ait rehaussé ses attraits.
« J'ignore ce que notre domestique a vu en toi. Mais je sais qu'elle n'a pas été à même d'y résister. Devines-tu pourquoi ?
— …
— Moi-même, j'ai succombé à tes charmes, Shûhei. »
Le teint de Shûhei devint rouge cerise.
« Raah ! gémit-il en se prenant la tête entre les mains, tout est embrouillé maintenant. Grâce à toi, je ne pourrais jamais plus me conduire naturellement devant elle ! ».
Byakuya emprisonna ses lèvres, interrompant la jérémiade. Il se félicitait. Quelque soit les circonstances, l'embarras de Shûhei l'empêcherait dorénavant d'user inconsciemment de ses charmes. La confusion nuancerait ce regard qui vous pénétrait jusqu'au tréfonds de l'âme pour peu que vous soyez pris dans ses rets. Et un Shûhei embarrassé et maladroit serait un idéal garde-fou contre la demoiselle émoustillée. Du moins le croyait-il.
Fin acte 1
Notes
(1) cf Chroniques d'un serviteur des Kuchiki
(2) dans le sens de « partie inférieure du kimono »
(3) cf Amours Imparfaites II
(4) Byakuya fait référence aux événements qui ont été relatés dans Amours Imparfaites I et II. Quels sont-ils ? Vous en rappelez-vous ou bien avez-vous besoin que je détaille ?
