HARRY POTTER ET LES RELIQUES DE LA PAIX
1 – Quand le doute s'installe
Cela faisait maintenant quinze jours que Harry, le Survivant, était rentré chez lui. Quinze jours qu'il n'avait pratiquement pas quitté sa chambre du 4 Privet Drive. Quinze jours qu'il ne descendait pratiquement pas pour manger avec sa famille. Sa famille lui en était d'ailleurs reconnaissante puisque, moins ils le voyaient et mieux ils se portaient. Cela faisait plus de nourriture pour Dudley qui faisait un régime stricte sous le contrôle de sa mère.
Quinze jours…. Il n'avait encore reçu aucune nouvelle de son monde. Ni ses amis, ni l'ordre ne lui avait écrit. Il ne leur en voulait pas car il avait besoin de solitude pour se remémorer les instants tragiques de la mort de son mentor. La trahison de Rogue, le désarroi de Drago au moment de prendre sa décision, et toutes les autres morts qui ont jalonné sa vie depuis qu'il est entré dans le monde de la magie. Ses nuits étaient peuplées de cauchemars, de rires froids, et des fantômes des êtres chers qu'il avait perdus ses parents à l'âge de un an, Cédric Digorry, son parrain Sirius, et bien sûr Dumbledore. A chaque fois il se réveillait la nuit en sueur avec la peur au ventre mais aussi une colère sourde contre tout ce qui lui était arrivé. Il cherchait un coupable à tous ses malheurs, et il se rappelait d'un coup Voldemort.
Voldemort, le plus puissant mage noir que le monde de la magie n'ait jamais connu. Le seul qui n'ait pratiquement jamais été aussi proche de l'immortalité grâce à ses horcruxes. Cet ennemi implacable qui avait décidé de gâcher sa vie à cause d'une stupide prophétie auquel il croyait fortement dans sa mystique. Un adversaire qui ferait tout ce qui est en son pouvoir pour le détruire. Voldemort qui avait rejeté son humanité pour le pouvoir absolu, ne croyant qu'en lui-même et en rien d'autre. Quand Harry y pensait, une bouffée de désespoir lui nouait la gorge car maintenant il serait seul pour affronter son ennemi. Son mentor n'était plus pour le guider, le conseiller et lui monter le chemin à suivre. Et à chaque fois il pleurait doucement ne sachant que faire. Le manque de son maître se faisait ressentir durement, et il ne savait vers qui se tourner.
Dans ses moments de doutes, il repensait alors à ses amis, et plus particulièrement à Ginny qui lui manquait de façon obsessionnelle. Il sentait qu'au fond de lui il aurait dû lui écrire. Mais il voulait s'en tenir à la résolution qu'il avait prise à la fin de l'année scolaire. Pourtant, quand il réfléchissait à ce choix, son cerveau lui disait qu'il avait eu raison de le faire, mais son cœur lui était contre. Une bataille s'engageait alors qui se terminait toujours par un match nul car chaque argument trouvé des deux côtés s'annihilait. Et face à cette situation, il revenait toujours à son point de départ : la mort de Dumbledore, les horcruxes, Voldemort, la prophétie, ses amis et Ginny. Il était au cœur d'un cercle vicieux qui lui semblait sans fin. Il ne voyait aucune issue nulle part et n'arrivait pas à se ressaisir.
Il savait pourtant qu'il avait des décisions importantes à prendre. Il devait prévenir sa famille moldue de partir loin pour éviter que Voldemort s'en serve comme moyen de chantage. Malgré la haine que lui portait sa famille, et lui-même leur rendait bien, il se devait de les avertir pour les protéger. Le jour de son anniversaire approchait rapidement, et la protection mise en place par sa mère grâce à son sacrifice disparaîtrait. Il lui fallait leur parler. Mais après où irait-il ? Il avait décidé de ne pas revenir à Poudlard pour partir à la recherche des horcruxes. Il savait que déjà deux avaient déjà été détruits, le troisième était un faux, et il en restait encore quatre à trouver qui devaient correspondre à des objets ayant appartenu aux fondateurs de Poudlard. Dans cette quête désespérée pour détruire Voldemort, Hermione et Ron s'étaient engagés à le suivre en connaissance de cause. Les dangers seraient grands et ils seraient seuls face à une magie dont ils soupçonnaient à peine l'existence. Ils en avaient fait le choix bien que Harry ait tenté des les en dissuader. Lui-même leur en avait été reconnaissant, et pourtant il doutait de leur aide car il avait peur pour eux. Beaucoup trop de gens autour de lui mourait. Et évidemment il ne préférait pas penser à son avenir qui à ses yeux était bouché par une mort inéluctable, la sienne ou celle de Voldemort. Albus lui avait pourtant bien fait comprendre que sa vie ne s'arrêtait pas uniquement à cela. Il n'était pas une machine à tuer Voldemort. C'est Voldemort qui en avait décidé ainsi ! Ce n'était pas lui ! Et ainsi il retombait dans ses doutes.
Il en aurait crié de rage s'il avait pu. Il voulait s'enfuir, partir loin de tout ça. Dés qu'il était revenu à Privet Drive, c'est ce qu'il avait envisagé dès les premières heures. C'était tellement vrai qu'il n'avait pas déballé ses affaires. Il avait juste sorti un sac à dos de son armoire, y avait entassé deux, trois affaires, et s'était préparé à fuguer. Mais au moment de ce départ inopportun, quelque chose en lui l'avait retenu. Il s'était vu alors comme un lâche, un pleutre qui préférait fuir devant les difficultés. Au moment de passer la porte d'entrée, sa main s'était comme éloignée de la poignée de la porte d'entrée. Sa détermination s'était envolée pour laisser la place au doute et à la peur. Il n'était pas un lâche. Il ne fallait pas fuir. Il avait réchappé de la mort au moins cinq fois en se trouvant face à Voldemort. Peu de sorciers peuvent se vanter de cet exploit, et il en est bien le seul. Il ne pouvait pas fuir aussi facilement car son ennemi le rechercherait quoi qu'il fasse. Il était donc remonté dans sa chambre. Et tout cela remonte à peine à quinze jours.
Quinze jours qu'il ne cessait de faire les cent pas dans sa chambre. Quinze jours à douter. Quinze jours avant son anniversaire. Quinze jours avant que sa destinée ne bascule dans le tourbillon de la guerre qui s'annonçait effroyable. Quinze jours avant qu'il ne devienne enfin de compte l'espoir auxquels de nombreux sorcier allaient se rattacher. Quinze jours avant qu'il ne devienne majeur et seul maître à bord de son navire. Quinze jours qui lui semblaient une éternité…
Et maintenant il se devait de se sortir de cette torpeur. Après s'être levé de son lit, il fit le tour de sa chambre de long en large. Hedwige s'était faite très discrète pendant ces quinze premiers jours de Juillet. Elle comprenait le désarroi de son maître et savait qu'elle ne pourrait rien y faire. Et pourtant elle sentit quand il se leva qu'il était prêt. Elle hulula doucement pour lui faire remarquer sa présence. Harry la regarda et lui sourit. Il ouvrit la fenêtre de sa chambre, et ensuite la cage d'Hedwige. Il s'excusa de l'avoir négligé, et celle-ci, pour lui pardonner, lui mordit gentiment le bout des doigts tandis qu'il lui caressait le dos. Il lui dit d'aller chasser et de revenir rapidement car il sentait qu'elle avait besoin de dégourdir les ailes. Quant à lui il venait enfin de prendre une décision. Il descendrait demain voir les Dursley, les préviendrait et tenterait de les convaincre de quitter au plus vite Privet Drive pour leur sécurité. Ceci fait il attendrait tranquillement son anniversaire et transplanerait ensuite au Terrier pour une semaine avant de partir à la recherche des horcruxes. Il convaincrait ses amis de rester à Poudlard pour veiller sur l'école tandis que lui irait en premier se recueillir à Godic's Hollow avant de partir à la recherche des horcruxes, et donc de Voldemort.
