Chapitre 1: Corps blessé

Dès qu'elle avait vu que l'adresse mentionnée dans l'appel de détresse correspondait au lieu où se trouvait Partridge, elle avait foncé sans vraiment réfléchir. La mise sur écoute des sept noms de la liste de Jane allait peut-être payer quoi que Monsieur en dise. La dispute qu'ils avaient eue plus tôt dans la journée à ce sujet lui laissait un goût amer. Pour qui se prenait-il pour lui donner des ordres ainsi et la traiter de gamine ? Elle comprenait qu'il soit énervé, il lui avait fait confiance en la mettant dans la confidence et elle l'avait « trahi » en parlant à l'équipe et en mettant les suspects sur écoute. Elle savait que son but était de les protéger, l'équipe et elle. Ceci dit, il n'avait pas à lui parler ainsi. De tout le reste de la journée, elle n'avait pas répondu à ses appels. Même s'il appelait certainement pour s'excuser, ça lui ferait les pieds.

Elle était allée à cette adresse et attendait le groupe d'intervention quand elle entendit du bruit venant de la maison. Elle savait bien qu'elle ne devait pas entrer seule mais ce serait trop bête de le laisser filer. Elle pénétra dans la maison l'arme au poing, progressa prudemment, ses yeux fouillant l'obscurité . Son cœur battait la chamade sous l'effet de l'adrénaline qui envahissait son corps, son souffle se faisait plus court. Etait-ce vraiment l'adrénaline ou tout simplement la peur ? Quand elle ouvrit le placard et que le corps de Partridge tomba à ses pieds, elle comprit qu'il n'était pas leur homme. Il n'était pas encore mort et eut juste le temps de prononcer deux mots « Tigre, Tigre », ces mêmes mots issus du poème de William Blake et que Red John avait prononcés à Jane. Il s'éteignit juste après.

Alors qu'elle se redressait, elle pouvait sentir une présence dans cette maison, une présence qui lui glaçait le sang, elle sentit le danger mais n'eut pas le temps de sortir qu'elle reçut la morsure d'un pistolet électrique dans le dos, puis ce fut le noir.
Lorsqu'elle émergea, elle ne savait pas combien de temps elle était restée inconsciente mais pas plus de quelques minutes certainement. Elle appréhendait d'ouvrir les yeux craignant ce qu'elle allait découvrir. Elle sentait les liens qui entravaient ses poignets. Elle distingua un homme face à elle, la toisant de toute sa hauteur, mais ne pouvait voir son visage dissimulé derrière un masque en forme de smiley. Il était là, Red John était là. Elle sentit la peur l'envahir un peu plus encore et se mit à trembler sans pouvoir se contrôler. Il sifflotait en jouant avec un couteau dont la lame luisait sous les rayons de lune qui pénétraient à travers les carreaux poussiéreux. Le pire psychopathe de Californie se trouvait en face d'elle et elle connaissait sa cruauté.

- Ah Teresa, enfin vous ouvrez vos jolis yeux verts, je commençais à m'impatienter.
Elle devait se calmer, analyser la situation comme Jane le ferait, essayer de voir ses yeux, un détail, n'importe quoi qui coïnciderait avec un des six noms restants. Mais il fallait surtout gagner du temps en espérant que le groupe d'intervention arrive vite. Il n'était même pas question de tenter quelque chose de stupide, que pouvait-elle faire les mains ligotées ? Et même si elle arrivait à se relever, ses jambes ne la porteraient pas bien loin.
- Vous pourriez dire bonjour tout de même.
- Taré !
- Depuis le temps que vous me cherchez, je pensais que vous seriez contente de me voir...Mais bon, je me contenterais de « taré », ce qui pour moi est un compliment.
- Mon équipe sait où je suis, ils ne tarderont pas à arriver.
- Oh je sais Teresa, d'ailleurs Patrick a essayé de vous joindre plusieurs fois et comme je ne voulais pas qu'il s'inquiète pour rien, j'ai répondu, comme ça, il a une bonne raison de s'inquiéter maintenant. J'adore le rendre dingue !
- Vous ne croyez pas que vous lui avez fait assez de mal comme ça ?
- Euh...non ! Mais c'est de sa faute aussi, je l'ai puni et au lieu d'accepter sa punition, il essaie de se venger, c'est lui qui me cherche, pas l'inverse ! Et puis, il recommence à vivre et voyez vous Teresa, ça m'ennuie. Il vous a ,vous et vos collègues du CBI, il a un travail respectable, alors qu'il ne mérite rien de tout ça ! Je veux le briser !
- Que comptez vous faire ? Me tuer et faire un de vos smileys ridicules sur le mur en partant ?
- Et bien non Teresa, je suis un artiste, voyez vous, et vous tuer serait trop simple, trop rapide, vous ne souffririez pas assez. Vous méritez de souffrir tout autant que lui. Vous l'aimez tellement que vous avez fait de sa quête la vôtre. S'il n'était pas là, je ne serais qu'un taré parmi d'autres !
Il s'était dangereusement rapproché d'elle et avait laissé courir la lame de son couteau sur son visage, sur son cou, le long de son bras.
- Vous avez peur Teresa ? Ne dîtes rien, je connais la réponse. Assez discuté, voilà ce que j'ai prévu pour vous. Je vous ai toujours trouvé très attirante, une vraie petite bombe. Alors, on va prendre quelques minutes de bon temps tous les deux. Vous ne vous en remettrez pas et lui non plus, la culpabilité le rongera jusqu'à la fin de ses jours et cerise sur le gâteau, pour vous qui êtes amoureuse de lui, vous pouvez être sûre qu'il ne vous touchera jamais après ça. Qu'en dîtes vous Teresa ? N'est-ce pas merveilleux ce qu'un esprit peut élaborer de plus horrible ?
- Espèce de...
- Taré , je sais, dit-il en ricanant .
- Vous n'avez jamais agi ainsi, pourquoi vous y abaisser aujourd'hui ?
- Tstttttt, bien sûr que si je l'ai déjà fait, souvenez vous Miranda, la sœur de Lorelei, et c'était loin d'être la première. Je suis passée à l'étape suivante quand le dégoût et la peur sur leur visage ne m'ont plus suffi. Contrairement à toutes les autres, votre calvaire ne devrait pas durer longtemps, votre courage m'a trop excité Teresa, et puis nous n'avons plus guère de temps.
Il se jeta sur elle. Elle se débattit tant qu'elle put mais le coup qu'elle reçut sur la pommette la laissa à moitié inconsciente. Il la mit face contre le sol, défit son pantalon qu'il descendit sur ses cuisses. Tout se passa ensuite très vite. Pendant qu'il la violait, elle sentait son souffle chaud dans son cou et sa voix dans son oreille répétant « Souvenez vous Teresa, tout est de sa faute , tout est de sa faute ».
Il avait raison sur un point, la mort aurait été plus douce. Elle ne pleura pas quand il la laissa étendue sur le sol. Il était parti en riant.
- Dîtes bonjour à Patrick pour moi !

Elle avait entendu les sirènes au loin et avait alors rassemblé ses dernières forces pour remonter du mieux possible son sous-vêtement et son pantalon. Puis elle était restée étendue en attendant les secours. Elle ne réalisait pas encore et peut -être était-ce mieux ainsi.
C'est Cho qui était apparu le premier dans la pièce l'arme au poing. Il s'était approché lentement et s'était agenouillé auprès d'elle. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre la situation.
- Mon dieu Lisbon, que...Il vous a...
- Ecoutez, Cho, je ne veux pas que les autres sachent, je ne veux pas qu'IL sache !
Sa voix était faible et son regard suppliant.
- Mais enfin, il vous a …
- Jamais, Cho ! Je vous en prie !
Elle avait perdu connaissance avant que les secours n'arrivent. Cho avait fini de remonter et de reboutonner son pantalon quand Jane entra à son tour dans la pièce, la découvrant inconsciente. Il avait interrogé Cho du regard, lui demandant ainsi si elle était vivante puis l'avait prise dans ses bras jusqu'à ce que les secours la prennent en charge. Elle était vivante, Red John l'avait épargnée. Du moins, le croyait-il...