L'univers n'est pas le mien. Les mots et les ressentis le sont. Premier écrit sur le sujet qui ne dépassera pas les 5 chapitres je pense...

Chapitre 1

Le temps a passé.
C'est toujours le problème d'ailleurs avec le temps quand on y pense. Il passe. Sans rien prendre en considération. Ni les joies. Ni les peines. Ni les doutes et encore moins les remords.

Des fois il se demande si ce n'est pas pour cela qu'il est devenu insomniaque. Pour ne pas louper un grain de cette clepsydre qui se vide. Pour pouvoir, lentement sentir l'acide du passé qui lui ronge le cerveau. Pour ne pas oublier trop vite.

La guerre a un effet étrange sur les gens. Elle exacerbe les rancœurs, la haine et génère une violence à posteriori. Paradoxalement elle suscite aussi chez les gens un besoin de calme, de paix, de tourner les pages rapidement pour pouvoir refermer le livre. La société a besoin de modèle de rédemption. De figure emblématique.
Le coup d'éclat de sa mère a fait le reste.

Sauver le survivant, mentir avec aplomb au Mage noir, ce n'est pas commun. Encore moins quand on s'appelle Malfoy.

Alors peu importe le costume à capuche de son père, peu importe la marque sur son bras, peu importe encore qu'il soit responsable de l'entrée des Mangemorts dans Poudlard, peu importe qu'il ait levé sa baguette face à Dumbledore.
Un joli sort d'oubliette sur tout cela.
Pour peu, on pourrait presque croire en écoutant les gens qu'il était agent double au service du bien. Que s'il n'a pas réagi face aux tortures au sein du Manoir c'est que cela faisait partie du plan. Qu'il a œuvré pour l'ordre du Phénix dès le départ. Qu'il est de la même trempe que Rogue.

Les gens sont prêts à croire tout ce qui peut mettre un peu de couleur dans le gris.

Mais il le sait bien lui qu'il n'est rien de tout cela. Certes il s'est contenté d'exécuter des ordres, par convictions en premier lieu. Par éducation plutôt. Puis par peur. Mais au final, qu'est-ce que cela change ? Les morts sont toujours morts.

Même si le temps passe.


18 mois.

1 an et demi qu'elle se réveille dans un lit à écouter son cœur qui bat trop vite.

Le danger est passé. Les cicatrices se referment doucement. Les magasins ouvrent de nouveau et les rires se font de plus en plus nombreux sur le chemin de Traverse, dans les couloirs du ministère ou aux tables des Trois Balais.
Les lumières ont même commencé à se détourner d'eux. A se détourner d'elle. Elle peut désormais profiter du silence dans la chaleur d'une vie douillette.
Pourtant elle tremble encore. Peut-être même plus qu'à l'époque de leur exode pour chercher les hoxruces. Parce qu'il s'agissait alors de survivre et qu'au final c'est presque plus facile que de vivre.
Ça la terrifie tout ce calme. Elle ne sait pas comment agir et elle se demande souvent comment les autres font. Quand elle regarde Ron reprendre pied en douceur mais sûrement, quand elle entend Molly sourire par-dessus ses larmes. Quand elle voit Georges créer mille et une inventions malgré la mort de Fred, elle cherche ce qui cloche chez elle.
Mais peut-être qu'ils font tous comme elle. Que derrière la façade il y a ce même cri de douleur. Mais elle a beau scruter elle ne trouve rien. Il n'y a que chez Harry qu'elle perçoit la faille, quand quelques instants à peine il baisse la garde. Mais cela reste si furtif qu'elle ne sait pas si c'est réel.

Des fois elle se demande si un jour ils sauront être heureux, réellement ou s'il faudra s'habituer à ce gouffre qui par moment englouti tout le reste. Et cette sensation que rien, plus rien n'ira jamais bien, lui donne envie de se cacher pour pleurer. Pendant des heures, des jours. Des mois même s'il le faut.
Mais elle sait qu'elle n'en a pas le droit. Qu'elle ne s'en donne pas le droit. Parce qu'elle fait partie de ceux qui ont eu de la chance. Qui s'en sont sortis vivants. Les héros de la nouvelle génération. Et que pour l'espoir de la société elle n'a pas le droit de s'écrouler.
Même si elle en crève d'envie. Même si elle en crève tout court.

Parce que cela fait déjà 18 mois et qu'il est trop tard pour cela de toutes les façons.