Le voleur
À bien des égards, le nouveau voleur de la ville était un voleur des plus singuliers. Tout d'abord, personne ne savait qui il était; personne ne l'avait jamais vue et personne ne l'avait jamais même entendu.
Ensuite, il pouvait rentrer chez vous et en ressortir sans aucun problème. Mais cela n'était pas vraiment la chose qui le rendait si particulier, car même si cela est rare il n'était pas le premier à avoir du talent dans ce domaine peu coutumier.
Non, ce qui le rendait si connu, c'est plutôt le sujet de ses vols silencieux.
Voyez-vous, notre voleur ne vole jamais plus d'une chose. Ce n'est pas la plus rare, loin de là même, car tout individu susceptible d'être volé chez lui en possède une. Il vous faut aussi savoir que ce n'était pas la plus grosse, pas plus que la plus petite. Par contre, ce n'est malheureusement pas quelque chose dont on peut ignorer la disparition. Ce voleur vole quelque chose que l'on se sert normalement tous les jours et qui nous fait sentir en sécurité.
Certaines personnes ont élaboré plusieurs suppositions du pourquoi de son choix de butin. Tant des experts de toute sorte et que nos simples commères de quartier, mais elles sont toutes pour le moment seulement de simples hypothèses. Aucune n'a jamais été confirmée et pour ce que je sais aucune ne le sera jamais.
Certains individus, les plus conciliants, pensent qu'il est un collectionneur inhabituel, ou encore juste un jeune qui s'amuse. Certains des plus paranoïaques croient que ces voles ne sont qu'un petit élément, le début de quelque chose de plus grand. Les psychologues qui se penchaient sur son cas quant à eux avaient tendance à élaborer divers profils physiologiques qui se contredisaient et qui étaient plus fous et compliqués les uns que les autres.
Les esprits les plus calmes, positifs et rationnels sont devenus sombres et pris de panique, ceux qui étaient déjà touchés par un brin de folie sourient et rient en entendant parler de lui. Ce qui est le plus important pour moi, c'est qu'il ne semble pas être sur le point de s'arrêter.
À l'extérieur de la ville, il y avait une jolie maisonnette à laquelle on accède par un chemin de terre cabossé. Celle-ci ne possédait aucun voisin sur un mile à la ronde. Ce gite des plus singuliers possédait des dizaines de portes et fenêtres identiques à une chose prêt, les poignées, qui, elles, se retrouvaient seulement en exemplaire unique. Enfin, assis négligemment dans son fauteuil moelleux, le propriétaire de celle-ci, un voleur aux yeux verts, planifiant son prochain vol.
