Cette fiction est une réponse à un prompt de Bruniblondi qui voulait que Stiles se fasse mordre par une succube, et qu'il réagisse à cette morsure.

J'espère que le traitement que j'ai fait de ce prompt te plaira Mag !

Merci beaucoup à Erika Keysie et à Maly Winchester pour la correction. Toute faute restante est à moi, j'ai la sale habitude de repasser un peu derrière...

Merci également à Orange-Sanguine, amie et supportrice, je ne pourrais pas écrire autant sans ton soutien.

Rien ne m'appartient, sauf le scénario.

Bonne lecture à vous tous !

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« J'ai... Derek, j'ai un problème. »

Derek soupira en maintenant le téléphone contre son oreille. Il n'y avait que Stiles pour l'appeler à trois heures et demie du matin. Et en général, ce n'était pas une bonne nouvelle. Il grogna pour indiquer au jeune homme de continuer.

« La succube... Elle m'a attaqué. »

Stiles n'eut même pas le temps de finir sa phrase que déjà, Derek avait sauté de son lit, enfilé une veste par-dessus son torse nu et était en train de déverrouiller la portière de sa Camaro. Il lança un « J'arrive ! » dans le combiné avant de raccrocher et de prendre la direction de la maison du jeune humain de la meute. Il lui fallait normalement douze minutes pour faire le trajet. Il le fit en huit. Il retrouva Stiles assis en pyjama dans son lit, les genoux remontés sous le menton et les bras enroulés autour de ses jambes. Il avait un miroir posé devant lui, et la chambre empestait le sexe, la peur et le sang.

« Derek ! Tu es pieds nus. »

Stiles se déroula, et le loup-garou découvrit une tache de sang sur le T-shirt du jeune hyperactif. En une seconde, il fut agenouillé devant l'adolescent et l'examina rapidement de la tête aux pieds. Il avait les yeux dans le vide, comme s'il contemplait quelque chose que lui seul pouvait voir, et une marque de morsure décorait l'endroit où sa nuque rejoignait son épaule.

Derek se sentit gronder. « Que s'est-il passé ? »

Quand il parla, les yeux de Stiles semblèrent s'éclaircir. Il posa son regard sur le visage du loup et gloussa. « Tu es pieds nus, et tu as une trace d'oreiller sur la joue. T'es adorable. Un adorable garou. Un adogarou. Je vais t'appeler comme ça maintenant. D'accord, Adogarou ? »

Derek fronça les sourcils. Ce n'était pas normal. Stiles ne savait pas se taire, et partait toujours dans des divagations où lui seul voyait le lien, mais il n'avait jamais eu l'air aussi... aussi à côté de la plaque. Le loup posa une main sur son épaule non blessée et serra un peu, essayant de donner à Stiles une sensation à laquelle se raccrocher. Cela sembla marcher, au moins en partie, et le regard de Stiles tomba sur la main de Derek.

« Derek ? Qu'est-ce que tu fais là ? »

Le loup sentit ses entrailles se tordre. Ce n'était pas bon. Il essaya de ne pas laisser paraître son angoisse et prit une voix douce. Enfin, une voix plus douce que d'habitude.

« Tu m'as appelé. Tu te souviens ? Tu m'as dit que la succube t'avait attaqué. Tu peux me dire ce qu'il s'est passé ? »

« La succube ? » Stiles secoua légèrement la tête avant de continuer. « La succube, oui, je me souviens. Je dormais, et j'ai fait un rêve. Il y avait cette femme. Très belle, très sexy et très... entreprenante. Au début ça allait, mais après le rêve a commencé à changer, et j'étais mal à l'aise, comme si je savais qu'il y avait quelque chose qui clochait. Pourtant, je suis un adolescent normal de dix-huit ans, j'aurais dû adorer ce genre de rêves, c'est pas comme si c'était la première fois que j'en faisais. Mais la femme a commencé à s'énerver et à dire que ce n'était pas normal et qu'il fallait qu'elle fasse quelque chose et là elle a commencé à changer, elle avait des cornes et des ailes et ses yeux brillaient, ils étaient tout blancs. Et elle s'est penchée sur moi et j'ai eu mal à mon épaule et ça m'a réveillé. Elle était là, et j'avais une marque de morsure sur l'épaule. Je me suis rappelé de ce que Deaton nous avait dit et je savais que la succube était à Beacon Hills du coup j'avais toujours un miroir à côté de mon lit. Je veux dire, on sait jamais, hein, on n'est jamais trop prudent, même si je pensais pas qu'elle viendrait pour moi. Je veux dire, je pensais qu'elle serait venue voir quelqu'un de plus... je sais pas, de plus comme toi. Pas comme moi. » Stiles reprit sa respiration, et continua sur sa lancée. « Non mais c'est vrai, regarde-moi, je suis tout maigre et je suis blanc comme un cachet d'aspirine, j'ai des trop grands yeux et des trop grands bras et mes cheveux sont impossibles à coiffer, alors que toi tu ferais bander même le pape ! »

Derek sentit la pointe de ses oreilles rougir. « Stiles ? Concentre-toi. Tu dévies du sujet. » Mais il ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de satisfaction aux paroles du jeune homme. Malheureusement, ils avaient une succube sur les bras.

La créature était arrivée à Beacon Hills deux semaines auparavant, et avait déjà attaqué et tué cinq adolescents. Tous morts de la même manière : une fatigue généralisée du corps qui avait entraîné un arrêt cardiaque. Les cinq étaient vierges, ce qui avait fait râler Stiles. 'Y'en a marre que ce soit toujours les vierges qui trinquent ! Ils pourraient pas s'en prendre un peu aux gourgandines et autres gigolos ?'

Les adolescents avaient tous raconté à leurs amis qu'ils avaient commencé à faire des rêves érotiques d'une intensité peu commune, et s'étaient vantés de se réveiller plus satisfaits que jamais. Tous avaient fait les mêmes rêves. Et tous avaient décrit la même femme. La police n'avait pas pris ça en compte, mais la meute avait décidé d'enquêter. Cela paraissait être leur rayon. Ils avaient ainsi découvert l'existence des succubes. Heureusement, ces créatures étaient courantes, et il avait suffi de regarder dans le bestiaire pour trouver comment les tuer.

C'étaient des démons immatériels, qui ne prenaient forme humaine que pour se nourrir. Elles étaient par conséquent fascinées par leur corps charnel, et il suffisait de leur faire croiser le regard de leur reflet dans un miroir pendant qu'elles se nourrissaient pour les enfermer dans ledit miroir. Tel Narcisse tellement captivé par son reflet qu'il finissait par se noyer, l'ennemi des succubes était le miroir. Il suffisait alors de les lier au miroir avec quelques gouttes du sang de leur victime, et tout ce qui arrivait au miroir arrivait à la succube. Pour la tuer, il fallait alors briser le miroir avec une arme en fer trempée dans de l'eau bénite. Deaton leur avait fourni l'eau, et ils avaient tous commencé à garder un miroir à portée de main, au cas où la succube changerait son mode opératoire.

Il semblerait qu'ils avaient eu raison.

Stiles frissonna, et Derek posa sa veste sur la chaise devant l'ordinateur avant de s'asseoir sur le lit à côté de lui, un bras autour de ses épaules. Le jeune homme rencogna son visage contre la clavicule du loup et soupira. La température corporelle du plus âgé était élevée, et cette chaleur faisait du bien.

« Je me suis donc réveillé avec une morsure à l'épaule. Elle était magnifique, juste comme dans mon rêve. Et dans mon lit. Totalement nue. Il y avait une femme nue dans mon lit, et j'étais terrifié. Elle était furieuse, elle me demandait pourquoi ça marchait pas et après elle a dit qu'elle allait quand même me tuer, qu'elle aspirerait ma force vitale d'une autre manière. Ça craint, non ? Je veux dire, c'était la première fois qu'une femme s'invitait dans mon lit, et elle a voulu m'assassiner. Super moyen pour mettre dans l'ambiance, je recommande... ça m'a vachement donné envie de recommencer. J'espère vraiment que c'est pas ses techniques de drague habituelles, parce que j'ai pas trop trop voulu la revoir après ça. Elle est pas obligée de prendre autant le rôle de femme fatale au pied de la lettre. Encore, si elle avait parlé de la petite mort, pourquoi pas. Mais je suis à peu près certain qu'elle voulait pas me faire mourir de plaisir. Les crocs en direction de la gorge, c'était un bon indice, quand même. Du coup j'ai pas réfléchi, j'ai pris le miroir sur ma table de nuit et... voilà. J'ai déjà saigné dessus, donc elle est coincée, mais j'ai ni eau bénite, ni fer forgé. »

Pendant de longues secondes, Derek ne dit rien, réfléchissant aux mots de Stiles. Ce n'est que quand celui-ci marmonna paresseusement quelques paroles de satisfaction qu'il se rendit compte qu'il avait inconsciemment commencé à frotter le dos de l'adolescent avec la main qui était auparavant sur son épaule. Il hésita à arrêter, mais se dit que Stiles devait avoir besoin de tout le réconfort qu'il pouvait dans ce moment difficile.

Et puis, ça le rassurait, lui aussi. L'appel paniqué de Stiles au milieu de la nuit, le fait de le savoir en danger, la vue du sang sur son T-shirt, tout cela avait affolé le loup en lui. Il avait besoin de se rassurer sur l'état de son compagnon de meute, et l'avoir vivant et en bonne santé juste contre son flanc, et donc là où il pouvait le protéger, suffisait à apaiser Derek. Il continua donc ses mouvements sur le dos de l'adolescent.

Stiles finit par s'endormir. Derek nettoya sa blessure qui avait relativement peu saigné, et emporta le miroir avec lui. Il ne fallait pas oublier la succube. Il le mit dans un sac en plastique avant de sortir. Il brisa le miroir dans le coffre de sa Camaro avec l'une des armes qu'il gardait toujours auprès de lui au cas où. Il n'eut alors plus qu'à jeter le sac dans une poubelle pour être définitivement débarrassé de la créature. Derek retourna alors dans la chambre de Stiles en passant par la fenêtre. L'adolescent était toujours endormi. Il alla s'asseoir sur le lit à côté de lui et passa la main dans ses cheveux. Stiles grommela de contentement et Derek sourit, les yeux fermés pour mieux apprécier le contact des mèches fines entre ses doigts.

Il se réveilla deux heures plus tard quand Stiles gémit fortement, le corps baigné de sueur. Il avait les sourcils froncés sous la douleur et il bougeait dans son lit pour repousser les draps. Derek posa une main sur son épaule pour le réveiller et écarquilla les yeux. La température corporelle de Stiles dépassait la sienne, et il était déjà très chaud de par sa condition de lycanthrope.

Il secoua Stiles qui se réveilla difficilement. Ce dernier ne semblait pas pouvoir ouvrir les yeux. Derek sentit la panique commencer à monter en lui. C'était obligatoirement une réaction à la morsure de la succube. Mais les succubes n'étaient pas venimeuses, et ne pouvaient pas faire du mal avec une simple morsure, comme les loups-garous le pouvaient. Alors pourquoi Stiles réagissait-il comme ça ? C'était de sa faute, pensa Derek. Il aurait dû emmener Stiles voir Deaton dès le début, dès qu'il s'était débarrassé de la créature. Mais Stiles avait eu l'air tellement paisible en s'endormant sous ses doigts, rien ne présageait qu'il aurait cette réaction. Et il avait nettoyé et bandé la blessure. Elle ne semblait pas si grave que ça.

Portant Stiles comme une jeune mariée, Derek se dépêcha de rejoindre sa voiture, pensant distraitement que c'était bien tombé que le shérif ne soit pas à la maison cette nuit-là, il ne savait pas s'il aurait pu circuler aussi librement sinon. Il conduisit en direction de la clinique vétérinaire à la vitesse spéciale 'urgences', c'est-à-dire en respectant toutes les limitations. Il n'avait pas le temps de se faire arrêter pour un contrôle, et pour répondre à des questions sur l'état du fils unique du shérif. Surtout vu ses antécédents avec la police...

À six heures et demie, Deaton était dans son cabinet. Il se dépêcha de faire passer les deux hommes dans l'arrière-boutique où Derek allongea Stiles sur l'une des tables métalliques qui s'y trouvaient.

Derek expliqua succinctement la situation à Deaton, ou tout du moins, il répéta ce que Stiles lui avait dit de l'attaque de la succube, ainsi que les mots qu'elle avait prononcés, à la fois dans le rêve et en réalité. Deaton fronça les sourcils et examina l'épaule de Stiles. Il prit sa température, passa une lumière devant ses yeux, marmonnant dans une barbe qu'il n'avait pas. Finalement, après ce qui sembla être des heures à Derek, mais qui n'étaient en réalité que quelques minutes, Deaton se tourna vers le loup-garou.

« Eh bien... Je dois dire que pour une fois, je ne sais absolument pas ce qu'il se passe. »

Derek ne put s'empêcher, malgré la situation, de ricaner légèrement. Deaton était à court de mots. Ça changeait de d'habitude... C'est vrai que normalement, le vétérinaire préférait parler par énigmes, mais il n'était pas non plus d'une aide phénoménale à chaque fois. Ce n'était que parce que Stiles avait comme manie de lui piquer ses livres qu'ils pouvaient accéder aux ressources de l'homme. C'était aussi pour ça qu'ils savaient qu'ils se battaient contre une succube en premier lieu.

Deaton continua. « J'aimerais le garder en observation ici. Le plus important pour le moment est de faire baisser sa température. On dirait que son corps combat la morsure, c'est très étrange. Je n'avais encore jamais vu cela. Il faudrait que je téléphone à quelques contacts qui pourraient en savoir plus. Je... »

L'ancien émissaire de la meute Hale n'eut pas le temps de finir sa phrase que, déjà, Derek allait chercher de l'eau froide, des glaçons, et des serviettes pour pouvoir abaisser la température corporelle de Stiles, qui n'avait toujours pas repris conscience.

Ce n'est que vers le début de la soirée que Stiles commença à remuer, sa température revenant à la normale. Immédiatement Derek, qui était en train de lire un livre à deux mètres de lui, se précipita à ses côtés.

« Stiles ! »

« D'rek ? » bredouilla le jeune humain. « Qu's'pass' ? »

Derek ne lui répondit pas de suite, trop occupé à nager dans le soulagement dû au réveil du jeune humain. Ce n'est que quand Stiles lui donna un léger coup de poing sur la cuisse qu'il consentit à lui faire un bref résumé des événements. Stiles fronça de plus en plus les sourcils au fur et à mesure du récit, il ne se souvenait d'absolument rien.

Et Derek s'inquiéta de plus en plus. Stiles était faible et tremblant et, même s'il n'avait plus de fièvre, il était quand même recouvert de sueur. Ses cheveux étaient collés à son front et ses yeux papillonnaient. Plusieurs fois, Derek dut répéter la même chose car Stiles perdait le fil et devenait incohérent.

Le jeune humain ferma les yeux à la fin du récit de Derek et tous ses muscles se détendirent, et le loup appela Deaton, paniqué ses sourcils étaient plus froncés que jamais. Deaton le rassura. Cette fois-ci, Stiles était simplement endormi, il ne s'était pas évanoui de nouveau Il était simplement à bout de force après que son corps eut combattu la maladie. Il n'y avait rien d'autre à faire qu'attendre que Stiles se réveille, et ils en sauraient plus sur son état à ce moment-là. Le fait qu'il se soit réveillé une fois, même si pas longtemps, et que la fièvre soit tombée étaient de bons signes.

Le vétérinaire précisa également qu'il avait parlé à quelques contacts, et que personne n'avait entendu parler d'une telle réaction à une morsure de succube. Les créatures tuant en aspirant l'énergie vitale de leurs victimes, il était rare qu'elles utilisent les autres armes que la nature avait mis à leur disposition, notamment les crocs.

Derek demanda à Deaton si Stiles devait obligatoirement rester à la clinique, ou s'il pouvait l'emmener dans un endroit plus confortable. Le loup-garou se sentait hors de sa zone de confort, et cela l'angoissait, au vu de l'état de vulnérabilité de Stiles. Derek était assez mature pour ne pas se mentir, et s'avouer à lui-même qu'il était attiré par le jeune humain. Et cela depuis un bon moment déjà. Il se demandait même parfois si son loup intérieur ne l'avait pas choisi comme compagnon potentiel quand ils s'étaient rencontrés dans les bois quelques années auparavant.

À l'époque, Derek était occupé à pleurer la mort de sa sœur, et les événements suivants ne lui avaient pas laissé le temps de se pencher sur ses sentiments pour le jeune hyperactif, mais ils s'étaient mutuellement sauvé la vie plusieurs fois déjà, et depuis que Stiles l'avait soutenu dans deux mètres cinquante d'eau pendant deux heures, Derek avait su qu'il était en train de créer un lien avec lui. Lien qu'il espérait être réciproque.

Il n'avait jamais osé en parler à personne, trop protecteur de ses sentiments. Il redoutait que Stiles le rejette. Pour le moment, personne ne savait rien, et il pouvait apprécier le jeune homme à distance, en sécurité. Si jamais ses sentiments plus qu'amicaux se faisaient connaître, cela changerait forcément ce qu'ils avaient entre eux, et c'était une situation que Derek craignait de voir arriver, parce qu'il n'arrivait pas à savoir si elle changerait pour le mieux ou pas.

Et c'était à cause de ces sentiments que Derek voulait ramener Stiles dans son loft, au cœur de son territoire, où il pourrait le protéger efficacement et dans un environnement qui lui était plus que familier.

Dans la journée, il avait appelé le père du jeune humain pour lui expliquer la situation. Le shérif avait manifesté son inquiétude, mais avait convenu que Derek était plus apte à le protéger de menaces surnaturelles que lui, et que Stiles serait donc plus en sécurité avec lui jusqu'à ce qu'ils en sachent plus. John avait expressément déclaré qu'il avait bien l'intention de surveiller quand même le jeune homme, et Derek s'attendait donc à des visites très fréquentes du shérif dès qu'il le pourrait.

C'est donc en portant Stiles dans ses bras que Derek quitta la clinique vétérinaire. Il installa le jeune homme sur le siège passager de la Camaro et lui attacha sa ceinture de sécurité. Il faisait attention à tous ses mouvements, veillant à ne pas réveiller l'adolescent. Et s'il profita d'être penché sur lui pour inspirer longuement et se gorger de l'odeur de Stiles, personne n'avait besoin de le savoir.

Stiles se réveilla légèrement dans l'ascenseur pour grommeler quelques mots inintelligibles, et il enfouit sa tête dans la nuque de Derek en soupirant. Ce dernier se figea. Le souffle léger du jeune humain sur sa gorge le faisait frissonner. Il essaya de chasser les pensées indécentes que cela faisait naître dans son esprit. Pour le moment, Stiles n'avait pas besoin de ça, il n'avait pas besoin du désir du loup-garou. Il avait besoin d'aller mieux. Plus tard, quand tout irait bien et que Beacon Hills serait tranquille, peut-être que Derek essaierait de voir si c'était possible de tenter quelque chose avec le jeune homme. Mais maintenant n'était pas le moment.

Arrivé devant sa porte, il hésita. Il devait sortir les clés de sa poche pour pouvoir ouvrir, mais Stiles... eh bien, Stiles était un chargement précieux. Il ne pouvait pas le laisser par terre comme ça le temps qu'il fasse ce qu'il avait à faire ! Heureusement pour lui, la porte s'ouvrit toute seule, résolvant son dilemme.

Il leva les yeux, surpris. Il avait été tellement préoccupé par Stiles qu'il n'avait pas réalisé qu'Isaac était encore au loft. Le jeune homme sortit en réajustant son écharpe, qu'il portait été comme hiver. Selon lui, ça lui faisait un style chic et décontracté. Il avait un sac de sport sur l'épaule.

« Le shérif a appelé Scott, qui m'a appelé pour me raconter. J'ai pensé que tu aurais voulu ramener Stiles à la maison. Du coup, je vais aller passer quelques jours chez Scott. Occupe-toi bien de lui ! » Et avec un clin d'œil et un sourire supérieur, Isaac contourna Derek en direction de l'escalier.

Derek cilla, surpris, mais ne commenta pas. Ça n'aurait servi à rien, il n'y avait plus que lui et Stiles maintenant, et celui-ci n'était pas vraiment en état de répondre. L'alpha soupira. Il ne pensait pas avoir à le dire un jour, mais les babillages incessants de Stiles lui manquaient. Il pénétra dans son loft et referma la porte d'un coup de pied.

Une fois là, il hésita à nouveau. Le canapé, ou le lit ? Il ne réfléchit pas plus d'une seconde avant de l'emmener dans la chambre. Le canapé était confortable, mais la meute avait l'habitude de se réunir régulièrement chez lui, et le canapé était saturé de leurs odeurs. Et égoïstement, il ne voulait pas que Stiles prenne l'odeur d'autres personnes que lui. Et penser au jeune homme dans son lit... Même en restant platoniques, ses pensées lui donnaient chaud au cœur. Son lit serait empli de l'odeur de Stiles et quand le jeune homme ne serait plus là, Derek pourrait continuer à se gorger de son odeur. C'était peut-être bizarre comme pensées, mais il était un loup-garou, et l'odeur et les idées d'appartenance étaient très importantes pour lui.

Dans sa chambre, il allongea Stiles sur son lit qu'il n'avait pas pris le temps de faire quand le jeune homme l'avait appelé paniqué. Il lui enleva ses chaussures et, après une seconde d'hésitation, lui enleva aussi son jeans pour lui enfiler un de ses propres pantalons de survêtement. Son T-shirt était assez large pour qu'il ne le gêne pas en dormant. Satisfait de lui, Derek repoussa les cheveux du front de Stiles et rabattit la couverture sur lui avant de repartir en direction de la pièce principale pour préparer le canapé pour lui.

Il était impatient que Stiles se réveille, et ne savait pas vraiment comment agir maintenant qu'il avait fait tout ce qui était en son pouvoir. En dernier recours, il décida de prendre un en-cas. Il n'avait pas vraiment faim, mais ça allait l'occuper, et il pourrait en profiter pour préparer quelque chose pour quand Stiles serait réveillé.

Une fois sa collation avalée, il mit les restes au frigo, et se décida à aller se coucher. Il passa une dernière fois voir Stiles avant ça. Il posa la main sur son front pour vérifier sa température – normale – et alors qu'il allait repartir, il sentit une main agripper son poignet. Stiles ouvrit légèrement les yeux et, d'une voix toute endormie, lui dit :

« D'rek... Reste, s'p'lait... »

Comment résister à cela ? Derek s'allongea donc sur le dos à côté de Stiles. Immédiatement, celui-ci vint se blottir contre son côté, la tête sur sa poitrine et un bras autour de sa taille. Derek ferma les yeux, content et confortable, et l'une de ses mains alla inconsciemment jouer avec les cheveux de Stiles. Il s'endormit très vite, bercé par la respiration régulière de son compagnon.

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Ces dernières semaines avaient été un petit paradis pour Stiles. Depuis l'attaque de la succube et son réveil dans le lit de Derek, le loup-garou et lui s'étaient beaucoup rapprochés. C'était comme si une barrière dont ils n'avaient pas conscience s'était levée entre eux deux. Ils devenaient plus tactiles l'un envers l'autre, ils s'envoyaient des SMS, des photos de petites choses qu'ils avaient trouvées amusantes ou étranges et Stiles avait même découvert que Derek avait un compte Facebook qui datait du temps où il habitait à New-York avec Laura. Il était presque vide, seulement quelques photos avec sa sœur, un ou deux statuts quelconques et un lien menant à une réserve œuvrant à la préservation des loups.

Quand Derek avait accepté son invitation sur Facebook, Stiles s'était empressé de remplir son mur en partageant quantités d'informations dessus, que ce soit des tests de personnalité débiles (Dans une autre vie, Derek se serait appelé Régis et apparemment, son animal intérieur était le moineau. Stiles avait hurlé de rire à ce résultat), des quizz musicaux ou télévisuels et, mieux encore, des invitations à pleins de jeux Facebook différents. L'objectif secret de Stiles était de rendre Derek accro à Candy Crush Saga (Spoiler : il était sûr d'avoir réussi. Derek était beaucoup plus sur son téléphone ces temps-ci.)

En résumé, ils étaient en train de devenir de bons amis en plus d'être des alliés. Et Stiles ne s'était jamais senti aussi bien. Ses moments préférés étaient quand toute la meute était réunie dans le loft de Derek pour une soirée ciné, ce qui arrivait de plus en plus souvent. Il adorait voir Érica et Boyd se chamailler pour tout et n'importe quoi avant de se faire taire mutuellement avec des baisers. Il adorait voir Isaac et Scott se prendre le bec pour savoir si les films de zombies étaient meilleurs que ceux de loups-garous et s'ils devaient plutôt regarder 28 jours plus tard ou Dracula (celui avec Gary Oldman). Il adorait voir Lydia en profiter pour mettre un film de sa réserve personnelle (elle les avait obligés à regarder plusieurs fois N'oublie jamais) avant de retourner s'asseoir avec un air satisfait sur les genoux d'un Jackson blasé. Il adorait voir Peter rester dans la pièce pour travailler sur le bestiaire ou tout autre projet en lançant de temps à autre une remarque sarcastique sur le film.

Mais ce qu'il préférait, c'était l'habitude que Derek était en train de développer de l'attirer contre son flanc, où Stiles se blottissait avec un soupir bienheureux, une main sous le T-shirt de Derek posée sur la peau chaude de son estomac. Derek passait alors un bras autour de ses épaules et le pressait un peu plus contre lui, son pouce traçant de petits cercles sur son épaule. Il leur arrivait souvent de s'endormir l'un contre l'autre et de ne se réveillaient que quand les autres partaient. Il sentait que tout allait mieux dans sa vie, et il était comblé.

Mais toutes les bonnes choses ont une fin.

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Scott n'était pas toujours le membre le plus brillant de la meute. Il n'était pas le plus doué pour trouver les informations manquantes, ni pour monter les plans. Ça, c'était la spécialité de Stiles. Il n'était pas non plus le plus intelligent, c'était le rôle de Lydia. Allison bottait plus de fesses que lui – elle était magnifique, tout son corps devenait une arme dangereuse et mortelle, comme une déesse descendue des nuages pour exercer sa justice implacable. Scott n'arrêterait jamais de trouver ça fascinant. Derek était l'alpha et il se révélait étonnamment doué dans ce rôle, même s'il ne l'avait jamais voulu. Scott aurait dû s'en douter, on disait souvent que les personnes les plus aptes à exercer le pouvoir étaient celles le voulant le moins. Boyd, Erica et Isaac étaient ses premiers bêtas, il les avait lui-même mordus, et un lien spécial les unissait.

En résumé, Scott n'était ni le plus malin, ni le plus intelligent. Mais il connaissait ses amis. Surtout Stiles, son presque frère. Et les autres ne remarquaient peut-être rien, mais lui, il voyait.

Il voyait bien que Stiles changeait. Ça avait commencé avec l'attaque de la succube. Scott trouvait ça révélateur que Derek soit la première personne que Stiles ait appelée, qu'il soit la première personne à laquelle il ait pensé. Le jeune homme avait un béguin de la taille de l'iceberg qui avait coulé le Titanic pour Derek. C'était simple. Depuis qu'ils avaient commencé à se fréquenter plus ou moins régulièrement, et surtout depuis l'incident de la piscine, Stiles n'avait plus autant parlé de Lydia. Il ne la suivait plus des yeux avec un regard énamouré dès qu'elle entrait dans une pièce. Il ne se demandait plus ce qu'elle faisait à toute heure du jour et de la nuit. Cela faisait même plusieurs mois que Scott n'avait rien entendu du Plan-sur-quinze-ans-pour-séduire-la-fille-la-plus-formidable-de-l'univers, ou PSQAPSLFLPFDLU pour les intimes. Et même depuis qu'il avait commencé à se rapprocher de la jeune fille, à faire partie de la même meute qu'elle, c'était comme s'il s'en fichait. Il n'avait rien tenté, rien de rien. Il était passé à autre chose. Une chose nommée Derek.

Scott n'était pas certain que Stiles s'en soit rendu compte. Le jeune humain était peut-être plus intelligent et plus malin que lui mais, quand on en venait aux relations amoureuses le concernant, Stiles était plus aveugle que jamais.

Enfin ça, c'était avant l'attaque. Et Scott allait commencer à y penser avec un -a majuscule parce qu'il était persuadé que, quand dans quelques mois ils regarderaient en arrière, cette Attaque aura été le point de départ d'une nouvelle dynamique entre Stiles et Derek.

Et il avait tendance à penser qu'il ne se trompait pas, s'il s'en référait à la manière dont ils s'accrochaient l'un à l'autre. Ça n'avait pas été grand-chose, au début. Une main sur le bras pour attirer l'attention, de petites tapes amicales, des contacts anodins mais qui n'étaient pas là avant. Ils ne se touchaient pas forcément constamment, mais c'était flagrant qu'ils avaient en permanence conscience l'un de l'autre et ils bougeaient comme s'ils étaient le centre de gravité l'un de l'autre.

Quelques jours plus tard, Scott se demandait si les autres étaient vraiment aveugles, ou s'ils ne disaient rien par respect pour la nouvelle relation naissante. Parce que, bon sang, Stiles était pratiquement assis sur les genoux de Derek pour regarder des films. Et Derek ne le virait pas, non. Loin de là ! Il l'encourageait, le resserrant contre lui quand Stiles se contentait de s'asseoir à ses côtés. Et les phéromones qu'ils dégageaient... Scott avait l'impression d'être témoin d'une étrange parade nuptiale basée sur les odeurs.

Mais il ne disait rien, parce qu'il n'avait jamais vu Stiles aussi heureux et confiant avec quelqu'un. Ne serait-ce que pour le toucher. Stiles était quelqu'un de contradictoire sur ce point-là. Il était très tactile avec les autres, il adorait prodiguer des petites caresses réconfortantes, une tape dans le dos en guise de félicitations, une main dans les cheveux pour exprimer son affection, ce genre de petites choses. Mais il avait beaucoup de mal à ce qu'on le touche et c'était souvent qu'il se tendait quand quelqu'un s'approchait trop près de lui. Malgré son caractère extraverti et exubérant, Stiles restait quelqu'un de très privé. Cela avait pris quelques années à Scott pour que Stiles soit complètement à l'aise quand Scott réciproquait les contacts. Mais avec Derek... Scott n'avait jamais vu Stiles aussi libre dans les touchers qu'avec Derek.

Scott était heureux pour lui. Et il lui souhaitait que ça dure.

Donc, bien évidemment, cela ne dura pas.

La situation commença à dégénérer quand Derek reçut un coup de téléphone de sa sœur, Cora. La jeune fille était partie vivre au Mexique quelques années plus tôt au lieu de suivre Laura et Derek à New-York. Cela faisait donc longtemps qu'elle n'avait pas vu son frère, et elle lui avait demandé de la rejoindre quelques semaines dans sa meute pour qu'elle puisse lui présenter son fiancé, un jeune loup nommé Miguel. Dire que Stiles avait ricané quand il avait appris ça était un euphémisme. Tous n'avaient pas compris pourquoi mais Scott avait été mis dans la confidence de la blague du cousin Miguel par Stiles, et il eut du mal à s'empêcher de ne pas ricaner avec lui. Derek, voyant que la situation était très calme à Beacon Hills, avait confié la meute à Scott avant d'accepter l'invitation de sa sœur.

Mais cela faisait maintenant quelques jours que Derek était parti, et Stiles ne ricanait plus du tout. Il avait l'air sans cesse mélancolique, et il dégageait une odeur de tristesse et de solitude qui déstabilisait Scott et le reste de la meute.

Au début ils ne s'inquiétèrent pas vraiment, Derek manquait à Stiles, c'était normal, ils étaient pratiquement siamois tellement ils passaient de temps ensemble ces dernières semaines. Mais bientôt, Stiles commença à tomber malade. Pas grand-chose en premier lieu. Une plus grande fatigue que d'habitude, et il n'arrivait pas à récupérer entièrement même quand il faisait des nuits complètes. Et ça, ça n'était pas encore trop embêtant, parce que Stiles était habitué à se sentir fatigué après des nuits passées à jouer à Mario Kart avec Scott.

Mais il commença bientôt à se plaindre d'être toujours affamé. Et ce, même après les trois portions de frites, deux hamburgers et la glace qu'il avala sous le regard impressionné des loups. Rapidement, il perdit toute énergie, et il devint de plus en plus difficile pour lui de faire quoi que ce soit sans être immédiatement fatigué. Il perdit ses couleurs en même temps que son appétit. Il se retournait toute la nuit dans son lit – Scott avait pris le parti de dormir près de lui, il ne savait pas ce qu'il se passait et voulait pouvoir garder un œil sur lui. Stiles ne faisait qu'appeler Derek dans son sommeil, quand il arrivait à s'endormir.

Stiles ne supporta bientôt plus le contact physique avec les autres membres de la meute. Scott fit l'erreur un soir de toucher Stiles pour le redresser dans son lit afin de l'aider à boire une soupe préparée par sa mère. Stiles hurla et se recula comme s'il s'était brûlé. Scott n'essaya plus de le toucher. Il se contenta de s'inquiéter en silence.

Il se sentait complètement démuni et il avait l'impression que rien ne pouvait l'aider.

Parce que Deaton ne lui était d'aucune utilité. Il se prétendait émissaire honoraire de la meute par égard pour sa relation passée avec Talia, mais il était surtout bon à parler par énigmes et à ne rien faire du tout. Il ne parlait que d'un lien nouveau qu'il fallait assurer, construire, mais refusa d'être plus précis, arguant qu'il y avait certaines choses que la meute devait découvrir seule.

Scott essaya également de prévenir Derek, mais il ne répondait pas à son téléphone. Apparemment, il ne pouvait pas être joint au Mexique. Scott n'avait en outre aucun moyen de contacter la meute de Cora. Le seul moyen qu'ils avaient de joindre Derek était d'aller à sa rencontre, mais ce n'était pas possible.

La meute se résigna donc à attendre que la situation bouge d'elle-même, au plus grand déplaisir de Scott qui supportait mal de voir son meilleur ami souffrir sans qu'il ne puisse rien faire. Il aurait tant voulu pouvoir aller au Mexique pour pouvoir ramener Derek par la peau des fesses. Mais il ne voulait pas laisser Stiles seul, il n'arrivait pas à se résoudre à quitter son chevet. Même si ça le faisait hurler de se sentir aussi impuissant.

Scott se décida à réagir une semaine plus tard quand, en arrivant chez Stiles, il trouva celui-ci inconscient à côté de son lit, en sueur et gémissant face contre terre. Paniqué, il retourna Stiles et se figea. Ses yeux grands ouverts étaient entièrement blancs et luisaient d'une lueur bleue. Deux petites cornes avaient poussé l'une au-dessus de l'autre sur son front et des veines saillantes étaient apparues sur ses tempes et aux coins de sa bouche. Quand le jeune humain, qui n'avait plus l'air si humain que ça, gémit à nouveau, se hérissant au contact des mains de Scott, le loup-garou remarqua que deux petits crocs de vampire avaient remplacé les canines de Stiles.

Il ne fallut que quelques minutes à Scott pour emmener Stiles chez Deaton, criant et gesticulant que le vétérinaire fasse enfin quelque chose d'utile et découvre ce qui n'allait pas chez Stiles et, surtout, trouve comment le soigner. Scott sentit ses griffes et ses crocs pousser quand Deaton se contenta de tourner autour de Stiles en murmurant des Intéressant... il préféra sortir de la pièce, désireux de ne pas blesser la seule personne susceptible de lui dire ce qu'il se passait. Il passait le pas de la porte d'entrée quand son téléphone sonna. Il se dépêcha de répondre quand il vit le nom de Derek affiché à l'écran.

« Derek ? Bon sang ça fait des jours qu'on essaie de te joindre ! T'es où ? »

« Devant chez Stiles. Il lui est arrivé quoi ? Une succube est revenue ? Ça empeste la douleur et la succube dans sa chambre. Tu es où toi ? Tu es avec lui ? »

Scott resta quelques secondes sans rien dire, étonné. Il n'avait jamais entendu Derek prononcer autant de mots en si peu de temps. Il s'était attendu à entendre l'alpha grogner et gronder quelques phrases avant de raccrocher brutalement, comme il le faisait tout le temps. Il ne s'était certainement pas attendu à entendre de la panique dans sa voix.

« Ça sent encore la succube chez lui, tu dis ? Derek, je pense que tu devrais venir nous rejoindre chez Deaton, c'est important. C'est à propos de Stiles. »

Scott eut à peine le temps de finir sa phrase que Derek avait déjà raccroché, et il ne dut pas attendre bien longtemps avant de voir la Camaro apparaître devant lui. Derek ne s'arrêta même pas et passa devant Scott sans un mot, se précipitant dans l'arrière pièce du vétérinaire, passant le comptoir resté ouvert sans un regard pour ses alentours. Scott le suivit de près et fronça les sourcils quand, lorsque Derek entra dans la pièce, Stiles ouvrit les yeux en marmonnant une litanie sans fin de Derekderekderekfaimderekfaimnourrirderek.

Puis, ses yeux se posèrent sur Derek.

OoOoOoOoOoOoOoO

Miguel était adorable. Gentil, drôle, intelligent et, surtout, il rendait Cora très heureuse. Derek ne se lassait pas de voir sa petite sœur aussi ravie, et il ne pouvait s'empêcher de sourire... de sourire, oui ! Quand il voyait Cora prendre une expression rêveuse et amoureuse chaque fois que Miguel entrait dans la même pièce qu'elle.

Il était heureux pour elle, mais il ne pouvait s'empêcher de ressentir un pincement dans la poitrine à chaque fois qu'il était témoin d'une scène de ce genre.

Il ne pouvait s'empêcher de penser à Stiles, et au fait qu'il ne pourrait probablement jamais partager cela avec lui. Déjà, parce que Stiles était trop jeune. Il avait à peine dix-huit ans, et Derek en avait presque vingt-six. Et puis, Stiles était hétéro et avait le plus gros béguin du monde pour Lydia depuis qu'il avait découvert qu'on pouvait avoir ce genre de sentiments pour une autre personne.

Et puis, même si Stiles était gay ou bi, rien ne disait qu'il voudrait de Derek. Ce n'était pas automatique, ce n'était pas parce que Stiles était attiré par les garçons qu'il serait forcément attiré par lui.

Il fut sorti de ses pensées par un gloussement de Cora et soupira. Il se frotta la poitrine, il commençait à ressentir une gêne et un sentiment de manque qu'il ne savait expliquer.

Les jours passèrent sans événement notable au sein de la meute mexicaine, si ce n'était que sa sensation d'inconfort ne cessait de grandir et se transformait peu à peu en pincement, en douleur sourde et constante derrière la nuque. Ce n'était pas extrêmement douloureux, c'était facilement supportable, mais c'était toujours là et ne se faisait pas oublier.

Jusqu'au jour où ce ne fut plus supportable.

Derek était en train de parler base-ball avec Miguel quand une douleur l'envahit tout entier, se concentrant sur sa poitrine. Il s'effondra en haletant, et il eut bientôt douze loups autour de lui, lui demandant ce qu'il se passait et si il se sentait bien. Il retint la remarque sarcastique qui menaçait de sortir (et nota que Stiles aurait ricané à sa remarque) avant de tenter d'expliquer qu'il ressentait un léger inconfort depuis qu'il avait quitté Beacon Hills, inconfort qui s'était changé en légère douleur au fil du temps avant que ça ne le percute de plein fouet ce jour-là.

Il ne fut pas vraiment surpris quand Miguel lui dit que c'était ce qu'il ressentait au début avec Cora, quand ils s'éloignaient l'un de l'autre avant qu'ils ne cimentent leur lien de compagnon. C'était difficile au début du lien de s'éloigner l'un de l'autre et Cora et Miguel avaient tous les deux ressenti cette sensation de gêne et de douleur sourde quand ils restaient éloignés trop longtemps. Mais le mexicain n'avait jamais vu personne réagir aussi fortement, et cela fit peur à Derek.

Si lui ressentait cette douleur, que se passait-il pour Stiles ?

La meute Juarez ne lui en voulut pas quand il envisagea de partir, au contraire. Cora était un peu déçue de ne pas avoir vu son frère autant qu'elle l'aurait voulu, mais elle l'encouragea à retourner auprès de Stiles pour voir ce qu'il se passait.

Il conduisit rapidement, sans faire autant de pauses qu'il aurait dû et, en vingt-cinq heures, se retrouva devant chez Stiles. Pour ne trouver qu'une maison vide. Une chambre empestant l'odeur si spécifique des succubes, mélangée à celle de Stiles. Il sentit la peur et la souffrance et l'incompréhension et cela affola ses sens. La chambre était retournée, comme s'il y avait eu une bataille et il essaya de téléphoner à Stiles. En sortant son portable, il vit qu'il avait plusieurs appels manqués de Scott qu'il n'avait pas vus avant, et il ne put s'empêcher de craindre ce que cela voulait dire. Stiles avait-il eu un problème, et Scott avait essayé de le joindre pour avoir son aide ? La connexion passait mal au Mexique avec son opérateur, et il n'avait reçu les notifications des appels qu'en revenant en Californie. Si jamais il y avait eu un problème et qu'il n'avait rien pu faire juste à cause d'un souci d'opérateur, il ne savait pas si il allait pouvoir se le pardonner.

Essayant de ne pas sauter trop rapidement à des conclusions alarmistes, il composa le numéro de Stiles, qu'il connaissait par cœur, nota-t-il distraitement.

La sonnerie retentit dans la chambre et Derek trouva le portable du jeune homme sous une pile de vêtements.

Il avait le droit de paniquer maintenant ?

Essayant de garder son calme, il composa un second numéro et, heureusement pour sa santé mentale, Scott répondit rapidement. Mais savoir que Stiles avait des problèmes, que son intuition avait été la bonne, que la douleur qu'il avait ressentie était bien due au jeune humain ne l'aida pas à garder son calme.

L'esprit de plus en plus envahi par la peur, il se dépêcha de se rendre chez Deaton, le loup à l'intérieur de lui ne voulant qu'une chose, être auprès du compagnon qu'il avait choisi. Il passa devant Scott sans un regard pour lui, il se sentirait coupable de l'ignorer plus tard, pour le moment il avait d'autres choses en tête.

Quand il passa le comptoir en bois de sorbier l'odeur de Stiles le frappa de plein fouet. L'odeur de succube était toujours présente, mais différente de celle qu'il avait tuée. Elle se mélangeait à l'odeur de Stiles et en faisait ressortir les notes les plus fraîches de la pluie d'été et le loup à l'intérieur de lui gémit, le museau au vent pour capter le plus possible ce délicieux parfum.

Et Derek sut à cet instant, sans aucun doute possible, que Stiles était vraiment son compagnon. Son loup lui criait cet état de fait depuis un certain temps, mais Derek ne voulait pas l'écouter. Il était plus vieux que Stiles, était socialement coincé, ne savait pas comment exprimer ses émotions. Il se sentait morne alors que Stiles éclatait de vie, il se sentait triste quand Stiles ne faisait que sourire, et le jeune humain partirait un jour ou l'autre, il n'était pas destiné à rester à Beacon Hills alors que Derek avait tout qui le retenait ici. Ils ne pouvaient pas être ensemble.

Mais cette odeur de pluie fraîchement tombée...

Elle se mariait à la perfection avec sa propre odeur de champs moissonnés, et Derek savait ce que cela voulait dire. Les loups-garous trouvaient leur compagnon à l'odeur. Ils étaient attirés par les parfums dégagés par leurs âmes-sœurs, et leurs odeurs respectives se mêlaient pour en créer une nouvelle, propre à eux. Talia et son époux avaient senti l'orange et la menthe poivrée, Scott et Allison la pomme et la cannelle. L'odeur de pin de Cora se mêlait parfaitement à celle de bord de mer de Miguel.

Derek n'avait jamais senti l'odeur de Stiles aussi fortement et il se hâta de franchir les derniers mètres qui le séparaient de son compagnon.

Il s'arrêta net dans l'encadrement de la porte, frappé par l'apparence physique de Stiles.

Les yeux brillants, les cornes, les oreilles effilées, les crocs... Depuis quand Stiles était une succube ? Deaton aurait à répondre à beaucoup de questions. Plus tard. Parce que pour le moment, son compagnon avait posé les yeux sur lui, et il se sentit immédiatement raidir dans son jeans.

Il eut vaguement conscience que Deaton entraînait Scott en direction de la porte en marmonnant quelque chose avant que toute son attention ne se concentre sur le jeune homme sexy allongé sur la table en fer devant lui.

Avant qu'il n'ait pu faire un mouvement, Stiles sauta de la table, empoigna Derek par son T-shirt en faisant preuve d'une force peu commune et l'attira contre lui pour attaquer sa bouche.

Attaquer était le bon mot. Stiles n'y mit aucune douceur, prenant et conquérant ce qu'il voulait, et ses crocs se cognèrent dans les gencives, les lèvres, la langue de Derek, apportant le goût métallique du sang au baiser.

Surpris, Derek tenta de reculer, mais Stiles fut plus rapide et posa une main sur la nuque du loup-garou, l'empêchant de s'échapper. Derek ne fut alors que trop heureux de se laisser aller au baiser, enivré par l'odeur entêtante de son compagnon.

Bientôt, la main de Stiles quitta sa nuque pour descendre dans son dos, remontant sous son T-shirt. Ses ongles éraflèrent la peau de son dos et Derek gémit. Il avait toujours aimé un peu de douleur dans son plaisir. Ça rendait les choses plus piquantes. Stiles sourit et son autre main alla rejoindre sa jumelle, caressant doucement le creux de ses reins avant de repasser sur son ventre, griffant son estomac.

Les mains de Derek ne restèrent pas immobiles et il les enfouit dans les cheveux de Stiles, repositionnant sa tête pour avoir un meilleur accès à sa bouche. Il partit ensuite à la découverte du corps de son futur amant sans cesser de l'embrasser.

La chaleur montait entre eux deux, et Derek craignit de ne pas durer assez longtemps pour passer au menu principal. Il s'éloigna de Stiles, juste assez pour pouvoir parler, et gémit.

« Stiles... Stiles, je... »

« Chuuuuut. » lui intima ce dernier. « J'ai attendu trop longtemps avant de faire ça, je ne veux pas arrêter maintenant. Ne me fais pas arrêter maintenant, s'il te plaît. » Le ton du plus jeune était désespéré, comme s'il avait réellement peur que Derek dise qu'il ne voulait plus franchir cette étape avec lui.

Comme si Derek avait la force de volonté d'arrêter... Il n'était pas certain que ce soit la meilleure chose à faire, surtout que Stiles n'était pas dans son état normal, mais le loup à l'intérieur de lui était fou de désir pour son compagnon qui s'offrait à lui, et Derek savait qu'il n'avait pas la force de résister. Stiles était frénétique, ses mains tremblaient presque sous l'effort qu'il faisait pour les maintenir immobiles sur l'estomac de Derek.

Quand celui-ci ne répondit rien, et ne fit pas mine de s'éloigner davantage, Stiles recommença à bouger, déboutonnant le jeans de Derek, sa bouche retrouvant celle du loup. Il descendit la braguette et essaya d'enlever son pantalon, mais il resta bloqué à mi-cuisses. Stiles ne s'en préoccupa pas plus que cela et, appuyant Derek contre la table en fer, il se laissa tomber à genoux devant lui, appuyant son visage contre son pubis.

Pendant quelques secondes il resta immobile dans cette position, ses mains sur les hanches de Derek. Le loup sentait la respiration chaude de Stiles sur son membre tendu à travers son boxer, et il frissonna. Sa respiration se coupa quand soudainement, Stiles colla sa bouche contre son érection, apprenant à le connaître à travers le fin tissu du vêtement.

Derek haleta. La bouche de son compagnon n'était même pas en contact direct avec lui, mais il avait l'impression de ne jamais avoir ressenti autant de plaisir, et il replongea ses mains dans les cheveux de Stiles, essayant de se stabiliser. Quand le plus jeune utilisa sa langue, il gémit fortement, se moquant totalement qu'on puisse l'entendre. Il ne se concentrait que sur Stiles, qui se mit à gémir aussi. Derek ferma les yeux, essayant de respirer profondément pour se calmer un peu. Il ne voulait pas que tout se termine avant d'avoir vraiment commencé.

Son cœur battait fortement dans sa poitrine, jamais personne n'avait réussi à le mettre dans un tel état en aussi peu de temps. Mais ce n'était pas étonnant, c'était Stiles avec lui. Son compagnon. Derek ne se lasserait jamais de penser ces mots et il n'avait qu'une envie, les prononcer à voix haute pour les sentir rouler sur sa langue.

Il sentit ses jambes faiblir quand il sentit les dents de Stiles – heureusement redevenues humaines – contre son membre érigé. Mais le plus jeune avait l'air de savoir ce qu'il faisait et, en quelques minutes à peine, Derek se sentit au bord du gouffre. Seules les mains de Stiles sur ses hanches, et sa propre prise sur le rebord de la table lui permirent de rester debout.

Quand les doigts de Stiles remontèrent le long de ses flancs pour venir pincer durement ses tétons, il gémit fortement. Et jouit.

Pendant quelques secondes il resta immobile, sans respirer. Venait-il vraiment de jouir dans son pantalon – enfin, dans son boxer, mais c'était la même chose – comme un jeune adolescent ? Alors que Stiles n'avait même pas été en contact direct avec son érection ?

Apparemment, oui.

Il baissa les yeux vers Stiles, prêt à s'excuser, se doutant déjà des taquineries que le plus jeune devait avoir en réserve pour lui. Mais Stiles était loin d'être moqueur.

C'était même tout le contraire. Il avait l'air particulièrement fier de lui, et Derek aurait pu jurer qu'il ronronnait. Son regard prédateur était fixé sur son boxer, et Derek entendit un faible « À moi » murmuré.

Stiles descendit son boxer, et entreprit de nettoyer le membre de Derek. Avec sa langue. Derek gémit et, s'il ne venait pas de jouir, savait qu'il serait déjà en train de durcir. Il avait rarement vu vision plus érotique que Stiles à genoux devant lui, avalant sa semence avec de petits coups de langue en ayant l'air satisfait du chat qui a mangé le bol de crème.

Quand Stiles eut terminé, il se redressa pour embrasser Derek, et celui-ci put sentir son propre goût sur la langue de son amant. Se sentant particulièrement somnolent, il posa sa tête dans le creux de l'épaule de Stiles, ferma les yeux une minute, se laissant bercer par les doux ronronnements de son compagnon.