« Je le fais sans regret »
Après que nos compagnons de voyage eurent abandonné le Pearl, il ne restait plus que lui et moi. Alors je dis la seule chose qui me traversait l'esprit à ce moment-là.
« Merci Jack!
- Nous ne sommes pas encore libre... Me répondit-il d'un air grave.
- Vous êtes revenus, je savais que vous étiez quelqu'un de bien! »
Je me rapprochais encore et presque inconsciemment, je jetais un coup d'œil rapide vers le grand mât.
Je savais ce qu'il me restait à faire, mais à quel prix ? Il fallait que je trouve une ruse capable d'endormir sa vigilance, car c'était lui que le Kraken cherchait. En le regardant dans les yeux, je fus emportée par une soif de goûter au danger de ses lèvres et n'écoutant plus que mon désir, je l'embrassais avec une fougue qui me fit oublier jusqu'à l'existence de Will. Tandis qu'une partie de ma conscience et de mon corps le repoussait vers le grand mât, l'autre était enflammée, car au lieu de me refuser comme je m'y attendais, il entrait dans mon jeu me rendant toute la passion qu'il avait en lui. C'était déroutant. Tout en le savourant le plus possible, ma main prit la sienne et nous nous décidâmes enfin à rompre le baiser. En le regardant avec mépris et dégoût, je l'enchaînais au mât tout en refermant la menotte d'acier et en offrant à son cher poignet une caresse d'adieu comme si je cherchais déjà son pardon.
Alors que Sparrow était encore alangui par notre échange, je sentis une haine monter en moi. Etait-ce lui ou moi que je maudissais ? Je l'ignorais. Toujours est-il que dans les brouillards de mon mépris, je sentis ma gorge se serrer et je me justifiais de ce crime que j'avais commis par nécessité et amour pour Will :
« C'est vous qu'il veut, pas le navire ni nous... il n'y a pas d'autre moyen jack... je le fais sans regret ! »
Dis-je en murmurant ces mots douloureux remplis de larmes à un souffle de lui et en retenant une nouvelle vague de désir qui m'aurait poussée à savourer à nouveau le péché de ses lèvres. Au lieu de cela, je plongeais mon regard dans le sien et c'est avec un sourire étrangement serein qu'il murmura d'un ton qui me bouleversa comme jamais :
« Pirate! »
Avant qu'il ne me voie pleurer, je me détournais de lui pour le laisser face à son destin.
