Explication du projet : Tous les ones-shots tourneront autour d'un passage du jeu FFVII, lors de la seconde visite du Gold Saucer durant cette fameuse soirée où Cloud est invité par un des membres du groupe (Yuffie, Tifa, Aeris ou Barret). Mais pendant ce temps que font les autres membres de l'équipe ? Si Cloud sort avec Aeris, qu'advient-il des autres "prétendants" ? Vous aurez compris que cette fic va tâcher de traiter de chaque duo de personnage qui a pu se construire durant cette soirée. Et donc, surtout les duos improbables. Peut-être que je rédigerais et remanierais les rendez-vous que Cloud peut connaître.

Disclaimer : Les personnages, lieux et certains termes sont la propriété exclusive de Square-Enix.

Note : Toute proposition de duo (ou trio même) est acceptée. Après reste à voir si cela m'inspire ou non.


1 – Cait Sith/Yuffie

Les éclats de rires qui, au-dehors, vibraient dans les tympans des passants, éclataient en fragments silencieux quand ils venaient frapper les vitres de l'hôtel. Les exclamations de joie, les clameurs de fête de l'extérieur ne laissaient dans la chambre qu'une rumeur confuse, comme l'empreinte d'un rêve. Ce qui laissait libre cours au moindre son provoqué dans la pièce, son qui retentit comme un glas aux oreilles de celui qui en était la cause. Ramassant promptement l'épée qu'il venait de faire tomber –mais aussi quelle idée de poser cette arme contre le mur, il aurait pu se blesser- il la remit promptement à sa place, jetant des coups d'œil autour de lui. Personne à l'horizon. Tous étaient partis profiter de l'ambiance festive, chacun voulant oublier momentanément le poids de la décision qu'ils avaient tous prise, le poids de cette tâche qui menaçaient de les écraser, brindilles fragiles sous le joug d'un destin inconnu. Lui seul avait refusé, en même temps personne ne lui avait demandé s'il voulait faire partie de la fête. Il avait été superbement ignoré, et ce n'était pas pour le déplaire. Il pouvait, à loisir, profiter de la situation pour accomplir ce pourquoi il était venu.

Restait à savoir où l'objet avait pu être caché. Il ne manquerait plus que son propriétaire l'ait gardé sur lui, mais cela il était certain que ce n'était pas le cas. Il avait tâché de mettre toutes les chances de son côté en allant au-devant de tous les membres féminins du groupe, bien sûr en les prenant à part chacune pour éviter toute confusion, pour leur annoncer la bonne aventure. Il est évident que toute femme s'intéresse à l'astrologie et aux prédictions ne serait-ce que par amusement. A chacune, il avait donné la même prédiction, le genre de phrases que chacun interprète à sa manière avec son trop-plein d'espérance : « Un dénouement heureux surviendra avant la fin de votre soirée, mettez toutes les chances de votre côté en prenant les devants. » Le plus étonnant avait été que les trois jeunes filles n'avaient pas hésité une seule seconde après cette déclaration pour se diriger vers la chambre de Cloud. Le pseudo-voyant n'avait pas cherché à savoir qui avait été l'heureuse gagnante de la soirée, là n'était pas son souci. Une seule chose l'intéressait : la Clé de pierre, seul objet permettant d'accéder à la Cité des Anciens.

- Ah ah ! La voilà !

Avec un air de pur ravissement sur son faciès, il prit l'objet ancestral entre ses pattes –à défaut de véritables mains humaines-, la satisfaction se disputant avec la peur d'être découvert au même moment. Ses pensées se concrétisèrent, la porte de la chambre s'ouvrant, laissant passer un rai de la lumière baignant le couloir. Se cacher ? Idée stupide si les arrivants étaient les occupants de la chambre, et revenaient de la fête pour se reposer. Il serait alors bloqué jusqu'au lendemain matin, et cela il en était hors de question, on l'attendait pour effectuer sa livraison. Mais il ne pouvait pas rester ainsi, la Clé de pierre en évidence entre ses pattes, il n'allait pas pouvoir les tromper avec cette preuve irréfutable de sa trahison. Avec un prompt mouvement, il ouvrit la fermeture éclair qui fermait le Mog robotique sur lequel il avait l'habitude de se déplacer, glissant la Clé de pierre dans l'intérieur faussement pelucheux de sa monture.

A peine avait-il refermé le tout, et reprit une position faussement naturelle que la chambre finissait d'être sous l'éclairage cru du corridor. Du rectangle lumineux, se détacha en ombre chinoise la silhouette élancée de l'unique adolescente d'Avalanche. Habituellement montée sur un ressort, le corps de la jeune fille semblait flasque, dénué de son énergie coutumier qui la faisait courir et sauter partout. Bras pendants, dos vouté sous le poids du destin qui se jouait d'elle, elle avançait de façon automatique, yeux rivés au sol. Le Mog en peluche rencontrant son champ de vision, Yuffie leva lentement son regard jusqu'à voir le chat robotique. Ce dernier leva une de ses pattes gantées, la secouant en un forme de salut.

- Bonsoir Yuffie ! Tu n'as pas l'air très en forme. Ta soirée s'est mal passée ? Un imprévu ?
- Tu m'as bien eu avec tes prédictions à deux gils, fulmina la ninja pointant un doigt accusateur vers Cait Sith qui baissa les oreilles d'un air penaud. Un dénouement heureux... Quelle idiote j'ai été ! Je n'avais aucune chance avec Cloud, mais tu m'as tout de même roulé dans la farine !

S'ensuivit une série de mots utaïens qui devaient être probablement des insultes, dont il valait peut-être pas connaître le contenu pour le bien-être de ses oreilles. Se laissant tomber sur le lit le plus proche, Yuffie tourna le dos au chat, refusant tout dialogue. La chambre reprenait son silence nocturne. Un feu d'artifice éclaira la pièce de lueurs orangées. La fête battait son plein et par sa faute, Yuffie ne pouvait en profiter, seule et ayant perdu toute conviction.

- Tu peux toujours rejoindre Cid ou Vincent, hasarda timidement Cait pour rattraper sa bévue, restant à l'écart d'Yuffie si jamais elle ripostait physiquement.
- Cid va me repousser en disant qu'il ne veut pas de demi-morpion dans ses jambes, et Vincent... Le temps que j'arrive à le dérider pour l'amener, ne serait-ce qu'à un stand de tir, ce sera déjà le lendemain après-midi.

Nouveau silence. Cait Sith pouvait toujours quitter la chambre, en prétextant de laisser seule la demoiselle afin de ne plus la gêner. Mais voilà, à des centaines de kilomètres de là, un cœur humain battait, avec son lot de défauts et de qualités, de sensations incontrôlables. La compassion en faisait parti, de connivence avec l'envie de se racheter. Son propriétaire tenta de se ramener à la raison : il était là pour accomplir une mission, autrement dit, donner la Clé de pierre à ceux qui en avaient besoin. Mais Avalanche aussi en avait besoin ! Alors disons à celui à qui elle revenait de droit. Avalanche la méritait davantage, le groupe avait fait des kilomètres pour la trouver alors que la Shinra s'était contenté de les laisser faire tout le travail pour en récolter les lauriers. Soupir mental du chat. Qu'il était difficile de jouer sur deux camps, le moindre acte pouvait vous faire passer pour un traître d'un des côtés de la barrière. Il n'avait pas le choix, il le savait. Un regard en direction de la noire pendule occupant un des coins de la chambre modifia sa réflexion. Parfois, on pouvait combiner ses devoirs sans que l'un d'eux n'empiète sur l'autre.

- Hem, Yuffie. (La jeune fille ne bougea pas d'un pouce ce qui n'empêcha pas Cait de continuer sur sa lancée.) Et si c'était moins qui t'accompagnais pour la soirée ?
- Tu parles sérieusement ? questionna la jeune ninja, un œil tourné vers l'individu pelucheux.

Son ton méfiant était tout à fait légitime et Cait reconnaissait qu'il l'avait bien mérité. A trop jouer avec le feu, on s'y brûlait.

- Bien sûr ! En plus d'être diseur de bonne aventure, excellent chercheur d'objets et de personnes perdus, je suis aussi garde du corps à mes heures perdues !

Yuffie laissa échapper un rire. Une peluche, garde du corps ? Comment un être pareil, ne faisant pas même un mètre sans son perchoir rose, pouvait défendre une jeune fille contre d'éventuels agresseurs ? Chose impossible, mais qui à imaginer ne pouvait que faire rire. Yuffie pouvait être des plus rancunières, mais son tempérament pouvait changer du tout au tout. Après tout, elle ne passerait pas la soirée seule dans son coin, ce qui était déjà un gain considérable. Et qui sait, si c'est elle qui menait la danse, tout irait pour le mieux.

- J'accepte. Mais c'est MOI qui choisit le programme des festivités ! A tes risques et périls ! claironna Yuffie, son expression n'augurant rien de bon sur la suite des évènements.

Cait Sith n'eut pas le temps de se dire qu'il avait peut-être commis une grossière erreur, en laissant parler ses sentiments humains avant la rigoureuse raison, qu'Yuffie le poussait déjà hors de la chambre, clamant à tue-tête.

- C'est parti pour la soirée-party à la mode Kisaragi !

***

Par Odin, qu'il détestait les montagnes russes ! Comment des gens pouvaient aimer une telle attraction ? Se faire projeter à des kilomètres à l'heure sur un semblant de chemin de fer qui défiait la gravité terrestre. Voir tous ces loopings, sentir son corps tourner dans tous les sens et, ultime torture, se retrouver suspendu tête en bas, dans une projection inversée du monde, voilà de quoi vous faire connaître un état proche de l'inconscience. Avec son corps, Cait ne risquait rien, hormis quelques légers dérèglements internes qui se remettraient bien vite d'aplomb. Mais son " maître " posté à Midgar en avait pris pour son grade, le teint aussi pâle que les murs d'un hôpital. Plus jamais il n'accompagnerait Yuffie dans une fête, et encore plus dans les attractions à sensations fortes. La voyant engloutir des friandises qu'elle avait préalablement acheté -et non volé, chose rare- à un stand, Cait Sith -ou plus particulièrement, celui qui le commandait- eu un haut-le-cœur. Comment son estomac pouvait subir un tel traitement ? Yuffie n'était pas humaine. Court moment de réflexion du marionnettiste pour modifier sa phrase et la rendre plus véridique. Les Utaïens ne devaient pas être humains, Tseng en était l'exemple.

- Y a quoi d'autre intéressant, Cait ? Tu dois connaître le coin, non ?
- Hé bien...

Vite, trouver une occupation qui puisse distraire Yuffie mais sans que ses rouages n'aient la moindre chance de lâcher.

- Le Wonder square propose plein de jeux d'arcade, tu devrais y trouver ce que tu souhaites.

Vu la façon dont il présentait cela, çà faisait presque article de magazine vantant bon gré mal gré un énième festival sur un quelconque produit culinaire. Mais aussi bizarre que cela puisse paraître Yuffie accepta la proposition. Voilà donc les deux compères partant en direction de la salle d'arcade. Avec une totale absence de surprise, Cait vit Yuffie s'élancer aux manettes d'un jeu de combat projeté en trois dimensions. Ce n'était pas le genre de demoiselles à s'amuser devant un jeu plein de bons sentiments comme la maison de Mog. Cait Sith était un peu étranger à tout l'amusement que connaissait Yuffie durant cette soirée ; toutes ses pensées restaient fixées au but qu'il devait accomplir. Et en parlant de ceci, l'heure avait du tourner depuis le temps et l'heure de la livraison devait approcher à grands pas.

- Yuffie ? Je m'absente quelques secondes, le temps de... graisser quelques rouages !

C'était l'excuse la plus classique qu'il avait en stock. Il ne pouvait pas prétexter un souci naturel, étant donné qu'il n'était pas humain. Trop occupée à remporter le combat contre son nouvel adversaire polymorphe, Yuffie acquiesça vaguement, martelant les touches de la manette. L'occasion était trop belle. Du haut de son Mog, Cait Sith avança du plus vite possible, courant presque pour ne pas rater ce rendez-vous des plus importants.

***

La peluche gisait lamentablement sur la chaise, balançant ses pieds -pattes ?- dans le vide. Cait Sith n'avait pas raté le passage de l'hélicoptère de la Shinra, et n'avait pas non plus manquer de donner la Clé de pierre à Tseng. Il avait accompli son devoir envers la Shinra avec brio, mais un grain de sable avait enrayé les rouages de son entreprise. Avalanche l'avait surpris dans ses méfaits, ils savaient son véritable statut, seul lui restait sa véritable identité. Il ne pourrait plus jouer les faux idiots comme avant. Qu'il était difficile de soutenir les regards plein de haine, de mépris et surtout de déception. Le regard de Yuffie mélangeait ces trois sentiments. Être trompé par quelqu'un c'est déjà une blessure infime, mais quand on apprend que celui-ci fait parti de nos ennemis ancestrales, alors le coup est doublement porté. Et la blessure en est d'autant plus profonde.

Alors qu'Avalanche s'apprêtait pour rejoindre tout de même la Cité des Anciens, Cait Sith tenta d'attirer l'attention d'Yuffie qui passait à côté de lui.

- Je ne voulais pas que çà se passe ainsi, Yuffie. Dans d'autres circonstances, les choses se seraient déroulées autrement. Je tiens à m'excu...

D'un geste du bras, Yuffie fit tomber Cait Sith de son siège. La peluche ne ressentit aucun choc, la blessure était simplement morale, cruellement psychologique. Durant un court instant il crut que l'Utaïenne allait laisser éclater sa hargne en le frappant. Mais avec un suprême sang-froid, elle se ressaisit, crachant des paroles teintés de souvenirs amers enfouis au fond d'elle.

- Jamais je ne ferais confiance à un individu de la Shinra. Je les savais cruels, stupides et méprisables. Mais pas lâches au point de se cacher derrière un jouet de gosse.

Chaque mot le frappa car empreint d'une terrible vérité, la vérité qu'il tâchait de se dissimuler à lui-même. Oui, il était un lâche. Un lâche qui était incapable d'exprimer ses opinions et se taisait quand les grands de ce monde pensaient différemment de lui. Maintenant qu'Avalanche connaissait la vérité, il pouvait les quitter. Mais cette curieuse et idiote volonté de se faire pardonner ne voulait plus le quitter. Même doté d'un corps de peluche, il pouvait montrer qu'il était doté d'un coeur, et qu'il n'était pas aussi mauvais que sa fonction le faisait croire. Voilà son nouveau but : le pardon. Et quand la confiance sera restaurée, il glisserait à l'oreille d'Yuffie ces quelques mots : " Au sein de la Shinra, tous ne sont pas des monstres de cruauté, des loups quémandant du sang. Il existe des individus humains, mais on ne les voit pas, noyés qu'ils sont dans la noirceur des pensées de leurs semblables. "