Avis de l'auteur: Ceci est ma première fic sur Noblesse. J'espère que vous allez aimer, n'hésitez pas à écrire une review pour me donner votre avis^^. J'ai créé l'un des personnages, Elin, mais tout le reste appartient à l'auteur de ce manhwa que j'adore. Le premier chapitre sera court, mais les autres devraient être un peu plus longs... Et je préviendrais au préalable s'il y a des spoilers, mais je ne crois qu'il y en aura.

Elle avait peur. Des ombres l'entouraient, habillées de sarraus blancs, et une lumière crue lui blessait les yeux. Pourquoi n'arrivait-elle pas à bouger? Elle tenta de se débattre mais des anneaux de métal la maintenait clouée à la table d'opération, et elle était bâillonnée. Elle ne pouvait ni crier ni se défendre, et le scalpel entra en contact avec sa peau plus vite qu'elle n'aurait pu le prévoir.

La douleur lui aiguilla le bras et une larme coula sur sa joue. Pourquoi avait-elle mal? Pourquoi ces gens étaient-ils si méchants avec elle? Qu'avait-elle fait pour mériter de… d'être traitée comme un sujet d'expérience? Elle avait des émotions aussi, elle était humaine. Ils n'avaient pas le droit de la vulgariser en objet scientifique.

Le sang coula. Un peu. Juste assez pour lui faire prendre conscience d'à quel point elle était impuissante. Elin sanglota et voulu crier, mais elle ne pouvait pas. Souffrance. Les gens autour d'elle riaient et se moquaient d'elle, et elle ne pouvait rien faire d'autre que pleurer. Elle… n'existait… pas. Elle n'était qu'un instrument manipulé au gré des hommes qui la martyrisait.

Soudain la douleur se retira, et Elin eut droit à un bref répit. Elle haleta et s'étrangla avec ses larmes, puis la lame du couteau pénétra à nouveau ses chairs, tailladant sa peau. Tellement mal. Pourquoi… pourquoi?

Elle s'enfonça lentement dans le néant, perdant connaissance.

À son réveil la lumière avait été éteinte. Il n'y avait plus que le silence, et la souffrance l'avait quittée. Rassurée pour le moment, elle se détendit, puis constata qu'on l'avait détachée. Il y avait un miroir posé sur la table à côté d'elle.

Cela faisait des années qu'Elin n'avait pas vu son propre reflet. Elle cessa de respirer un moment, et se releva de sur la table avec hésitation. Avait-elle le droit de…? Mais son désir de se voir fut plus fort que sa crainte et elle s'en empara.

Son visage n'était plus celui d'une enfant. Elle ressemblait à… une jeune femme. Une femme aux grands yeux gris cernés, aux joues pâles et aux cheveux emmêlés et luisants de sueur. Mais elle avait les caractéristiques d'une humaine modifiée, quelque chose dans l'ensemble de ses traits fins n'était pas naturel.

Elin jeta le miroir au bout de ses bras, réprimant l'envie de hurler sa rage et sa douleur. Il se fracassa en mille morceaux sur le plancher du laboratoire, reflétant la lumière sur les grands murs blancs délavés. Elle était anormale. Quelque chose avait changé depuis son enfance, elle avait été transformée. Qu'est-ce qu'ils lui avaient fait? Pourquoi son propre visage lui paraissait-il si inhumain? Mais elle ne pouvait nier qu'elle se trouvait belle. Une beauté marquée par le désespoir, un charme sauvage et indéfinissable, mais elle était jolie.

Elin n'avait que faire de son apparence. Elle voulait… partir… d'ici.

La jeune femme descendit de la table, chancelante. Elle connaissait le monde du dehors, on l'avait déjà envoyée dans un autre laboratoire pour effectuer des tests. Par la fenêtre de l'hélicoptère elle avait brièvement aperçu la ville, mais elle n'était jamais au proprement dit sortie dehors. L'engin volant avait atterri dans un hangar et sa seule vision du vrai monde avait disparu instantanément. Mais à présent les choses étaient bien différentes. Elle devait sortir à tout prix sans se faire attraper si elle voulait partir d'ici, voir autre chose que les murs ternes du laboratoire. Elin marcha jusqu'à la porte et l'ouvrit.

Le couloir était désert. Elle ne comprenait pas, la nuit était tombée, alors pourquoi avait-on laissé sa porte débarrée? Était-ce de la négligence ou simplement le destin?

Elle n'eut pas le temps de réfléchir plus longtemps. Une silhouette noire se dressa devant elle et elle frissonna de terreur.

-Où crois-tu aller, D-65?

-Je m'appelle Elin.

Elle ne comprit pas où elle trouva le courage de répliquer, mais elle en usa.

-Laissez-moi passer.

-Petite idiote…

L'homme la frappa et elle gémit de douleur, s'effondrant par terre. Sa lèvre était fendue et sa tête lui tournait, mais elle se releva malgré tout. Elle trouva la force de se dérober et de courir.

La fenêtre était devant elle. Le garde la poursuivait et elle n'eut plus le choix. Ses pas martelant le corridor obscur, elle se sauva jusqu'à cette extrémité lumineuse où elle voyait étinceler la lumière des étoiles et des rayons de lune, et elle sauta.

Le verre éclata en éclats et elle senti le vent tournoyer dans sa chevelure. Les lueurs de la ville, aux fenêtres des gratte-ciels, dans le ciel et sous elle dans le trafic emmêlé des voitures. Elle était vivante. Elle voulait VIVRE!

Sa robe se déchira en s'accrochant aux branches d'un arbre planté devant l'immeuble, et sa chute fut ralentie, amortie. Comme un oiseau qui se pose, Elin tomba doucement sur le sol d'asphalte. Elle se releva en panique, des écorchures sur les bras et les jambes, le cœur battant à tout rompre. Elle… elle l'avait fait, elle avait réussi!

Mais elle avait peur. Encore. Des cris résonnaient à l'intérieur de l'édifice et des éclats de verre jonchaient le sol. Elle devait fuir.

Des coups de feu retentirent et elle hurla. Quelques voitures passaient dans la rue, mais personne ne semblait la voir, elle était comme transparente. La jeune femme se releva et s'enfuit dans la nuit, au hasard, sans savoir où elle allait.

On ne la poursuivit pas. Elle n'était pas assez importante pour mériter l'attention de l'Union, et c'était un avantage important dans sa situation. Elle courut droit devant elle, défiant le monde réel pour la première fois, ne comprenant rien, ne voyant rien. Elin s'effondra dans le fond d'une ruelle, sur une pile de cartons abandonnés, éperdue, horrifiée. Complètement perdue et désorienté. Elle avait froid et elle mourait de soif, après un tel effort physique, et elle ne vit pas tout de suite l'homme qui s'approcha d'elle.

-Mademoiselle, vous vous sentez bien?

La jeune femme sursauta et recula avec un hoquet de terreur. La voix de l'apparition était douce et rassurante, mais elle en avait tout de même peur. Personne ne pouvait lui vouloir du bien ce monde.

La lune perça soudain les nuages et le visage de l'inconnu apparu devant ses yeux terrifiés. Il était grand et bien bâti, et une cascade de cheveux blonds ondulés encadraient ses traits bien dessinés et ses yeux bleus brillant dans la nuit. L'homme s'agenouilla pour être à sa hauteur et posa une main sur son épaule, l'air soucieux.

-Tu as le teint pâle, et tes blessures semblent profondes.

-Non, je ne veux pas…ne…me faites pas de mal…

Elin senti une douleur horrible lui lever le cœur et elle se mit à tousser, crachant du sang. Elle ne voulait pas retourner là-bas… L'homme la prit dans ses bras et la souleva du sol, et ses gestes étaient doux. Un flot de larmes ruisselèrent sur ses joues alors qu'elle croisait son regard inquiet et bienveillant, car pour la première fois, elle se sentait en sécurité. C'était quoi cette sensation de… d'apaisement, de réconfort, elle ne pouvait pas lutter contre et ses défenses se baissaient malgré elle. La jeune femme murmura d'une voix tremblante :

-Qui êtes-vous?

-Je passais ici par hasard, ne t'inquiète pas. Je n'ai aucun lien avec l'Union, si c'est ce que tu crains.

L'inconnu se mit en marche, la transportant comme si elle ne pesait rien.

-Quel est… votre… nom?

Elin senti que l'homme quittait le sol, comme s'il s'élevait au-dessus de la ville. Et même si une telle chose était normalement impossible, elle ne le remarqua pas. Un vertige soudain s'empara d'elle, mais avant de sombrer dans l'inconscience il lui sembla entendre la réponse.

-Je m'appelle Frankenstein.