Disclaimer : Albator, Clio, Warius, appartiennent à leur créateur M. Leiji Matsumoto.

Les autres sont à moi

1.

Shinori aurait pu être comparé à un piranha pourvu d'ailes. Il se déplaçait dans l'air de façon plutôt gauche, son corps massif ne semblant absolument pas fait pour le vol.

- Et alors que tu manques t'écraser à chaque battement d'ailes, tu me proposes ton aide pour un combat titanesque qui vaut bien celui que j'ai mené contre des Cyclopes ! ? grinça Alguérande.

- De mon lointain Sanctuaire, il me semble avoir parfois entendu un Humain proférer qu'il ne faut pas se fier aux apparences.

- Oui, mais il y a des limites à mon sens de la tolérance…

Tout en gardant un œil sur l'étrange créature qui, jusque-là, ne semblait pas lui vouloir de mal, le jeune homme se redressa sur la ronde dalle de marbre de l'espèce de chambre de prières où il venait de recouvrer ses sens.

- Qu'as-tu fait de mes amis et de nos cuirassés ?

- Ils vont bien. Ils ne m'intéressaient pas, même le guerrier éternel.

- On dirait que tu me connais…

- Nous avons tous entendu parler de toi, Alguérande Waldenheim. Et moi, je suis Shinori puisque tu ne le demandes pas !

- J'ai fait une bonne pêche, moi, marmonna encore Alguérande. Et hormis l'appellation « ceux d'Unyversium » j'ignore tout bonnement à qui j'ai à faire ! Pourquoi t'es-tu mis sur notre route ? Peux-tu vraiment quelque chose pour nous ?

Shinori s'approcha encore, manquant percuter Alguérande qui s'était remis debout, manquant proprement l'écrabouiller de sa masse !

- Je voudrais signaler que c'est vous qui avez failli heurter mon Sanctuaire ! Ton chromosome doré n'a même pas détecté ma présence.

- Si cela avait été le cas, j'aurais fait tourner la barre du Deathbird pour ne pas te faire de mal. Je suis désolé si nous avons failli te rentrer comme dans du beurre, ou plus vraisemblablement qu'on se serait fracassés et compressés sur ton refuge ! Pourquoi m'as-tu fait venir ici, ta téléportation m'a complètement éreinté.

- J'ai remarqué, tu as mis du temps à récupérer.

- Je vieillis, ça doit être ça, maugréa Alguérande.

- Non, tu as été soumis à de trop rudes épreuves, en trop peu de temps. Il aurait fallu que plus de temps s'écoule avant que Korsishon et les siens ne passent à l'offensive !

- Comme si logique ou bienséance quelque part avaient jamais été respectées. J'ai déjà connu un Sanctuaire sous-marin, j'ai failli y laisser ma peau, pour changer. Le tien semble normal !

- J'ai l'aspect d'un poisson, mais je n'ai effectivement rien à voir avec ceux de ta culture, Alguérande. Je suis céleste, comme l'indiquent mes ailes.

- Oui, c'est flagrant ton aisance dans les airs, marmonna encore Alguérande. Viens aux faits, s'il y en a. Je n'ai vraiment pas de temps à perdre ! Il faut que je sache ce qu'il est advenu de mon Pouchy !

- Chaque chose en son temps. Là, tu ne peux rien pour ton Pouchy, comme tu dis. Et tu as à affronter la cohorte des dieux.

- Je crains de n'avoir aucune chance… En tout cas, je ne vois pas comment je pourrais en avoir une ! Ce sont des dieux, justement ! Et Shernolpe…

- Shernolpe n'était qu'une mouche, un insecte. Elle était leur maillon faible même. Elle était dégénérée, faisait cavalière seule, et était tout bonnement folle à lier. Nous ne pouvions tolérer une telle épine dans notre pied !

Alguérande tressaillit violemment, observant plus attentivement son, apparemment, maladroit interlocuteur.

- Tu es un dieu, toi ? !

- Oui, fit simplement Shinori. Comme quoi, les apparences !

- Autant pour moi. J'ai été malpoli et injurieux, je m'en excuse. Mon ignorance n'excuse pas cette incorrection, car j'avais à te respecter puisque tu es un Gardien de Sanctuaire !

- Tu es inquiet, à fleur de peau. Que dis-je : tu es paniqué au possible par la disparition de, à présent, quatre des tiens ! Et pour ma part, j'ai joué avec tes émotions, je le reconnais. J'avais l'avantage, c'est moi qui n'ai pas été correct. Et maintenant, venons-en aux choses sérieuses. Il y a ceux d'Unyversium d'un côté. Et de l'autre, il y a bien d'autres dieux qui ne les reconnaissent pas comme leurs pairs. Je suis de ceux-là.

Alguérande déglutit péniblement, la bouche et la gorge complètement sèches.

- Quoi, vous seriez, aussi nombreux que ceux d'Unyversium ? interrogea-t-il enfin.

- On va le résumer ainsi. Il est temps pour nous d'entrer dans la danse ! Mais pour nous réunir, il va te falloir nous convaincre, nous persuader de nous unir à toi. Un exercice qui t'est familier. Je vais te guider jusqu'à notre Assemblée. Le grand et dernier moment est arrivé, Alguérande Waldenheim !


Dans un sursaut, Alguérande revint à nouveau à lui, sur la passerelle de son Deathbird.

Il empoigna la grande barre en bois.

- Deathbird, en avant !