Title : Offrez-moi l'oubli!

Author : Miosyz

Characters: Sweeney Todd, Benjamin Barker, Nellie Lovett, les victimes du barbier (il ne faudrait tout de même pas les oublier :) )

Pairing: Un Sweenett bien lemoneux

Note de l'auteur:

C'est un grand jour pour moi. Enfin j'ai le courage de sortir une vieille fanfiction de mon tiroir poussiéreux pour vous la présenter. Ma première publication devait forcément avoir pour acteurs
principaux ces personnages que j'aime tant. Et comme une première publication ça se fête, je vous offre un petit lemon soft (soft c'est mon grand défi) de mon cru. J'espère qu'elle vous plaira et que je
pourrais compter sur vos nombreuses critiques pour l'améliorer. Bonne lecture!


Lorsque d'un mouvement net et précis, il plongea la lame de son rasoir dans la gorge de son client, un étrange sourire empreint de satisfaction parcourut son visage. Oh certes, ce n'était pas son crime qui l'emplissait d'une telle joie. Sa victime n'était après tout que l'un de ces pauvres diables qui avaient eu le malheur de pousser la porte de sa boutique. Mais quel plaisir de trancher cette chair si tendre pour ensuite sentir couler entre ses doigts ce liquide rougeâtre d'une chaleur si réconfortante!

Il ne prêtait jamais attention aux corps sans vie qu'il plongeait dans les entrailles de l'échoppe de sa voisine. Il leur préférait milles fois ses rasoirs scintillant de milles feux sous l'éclat de la lune. Dans combien de gorges s'étaient-il dejà plongé avec autant de plaisir que leur maître? Le barbier l'ignorait lui-même. Ces trophées n'avaient après tout que peu d'importance sur son tableau de chasse. Seule la pièce maîtresse de sa collection aurait pu lui apporter une réelle satisfaction. Mais cette proie dont il rêvait tant, cet animal qu'il aurait tant voulu voir tomber sous sa lame, lui était pour le moment inaccessible. Et cette situation avait le don de le mettre hors de lui!

Jour après jour, il sentait sa soif de vengeance augmenter sans que ses victimes ne suffisent à l'étancher. Que devait-il faire alors? Les recommandations de Nellie Lovett ressurgirent en son esprit tel un murmure désagréable. "Tout doux mon tendre, il faut savoir garder la sagesse, attendre!". A ces mots, il tourna son regard vers la rue ou fourmillaient tous ces vauriens. Pouvait-il réellement se contenter « d'attendre »? Attendre jusqu'à quand? Après tout peut être ne pourrait-il jamais assouvir sa vengeance.

Il est vrai que ce monstre jouissait d'une chance insolente. Durant 15 ans, il avait profité sans regret de tous les trésors de Benjamin Barker. Il avait abusé sans honte de la femme de sa vie, sa belle Lucy, qui ne pouvant le supporter s'était envolée pour un monde meilleur. Il avait enlevé sa petit fille qui vivait désormais dans la crainte d'épouser ce terrible prédateur qui l'avait si longtemps tenue entre ses griffes acérées. Pour couronner le tout, ce pauvre sot de Benjamin Barker avait vu s'évaporer devant lui 15 ans de bonheur et vécut l'enfer dans ces terribles prisons d'Australie. Et lorsque des années plus tard, il avait enfin eut l'occasion de se venger…

Mais pourquoi n'avait-il pas disposé d'un peu plus de temps? Pourquoi n'avait-il pas pu trancher la gorge de ce monstre qui s'était si aisément offerte à lui? Le destin ne lui sourirait-il donc jamais? Combien d'années devrait-il encore guetter sa proie avant de pouvoir enfin assouvir sa vengeance? Combien de temps devrait-il encore se livrer à cette stupide chasse à l'homme avant de donner le coup fatal dont il rêvait tant?

Toujours plongé dans ses réflexions, il se rapprocha quelque peu du miroir brisé qui lui faisait front. L'homme qu'il y rencontra alors l'effraya au plus haut point. Qui pouvait bien donc être ce spectre moribond, ce fantôme cadavérique? Attentivement, il parcourut chaque détail de ce visage surréaliste. Etait-ce bien son reflet qu'il contemplait dans la glace? Un simple geste suffit à le conforter dans son idée. Oui, cette pâleur de mort contrastée par le noir profond de ses yeux, ces gigantesques cernes marquant les longues nuits d'insomnie de cet homme, cette mèche d'une blancheur éclatante trahissait cruellement les années écoulées… Oui tout ça lui appartenait, à lui! Ou plutôt à l'homme qui s'était lentement emparé de Barker pour le métamorphosé en cette ombre, en ce Sweeney Todd.

Mais les apparences sont trompeuses et son miroir dévoilait bien trop souvent la vérité qu'il s'évertuait à cacher. Car en dépit de son aspect physique, ses pensées, ses rêves étaient toujours ceux de Benjamin Barker! Voilà pourquoi il se surprenait bien souvent à jeter de tendres regards éperdus vers une photographie vieille de 15 ans. N'était-ce après tout pas absurde de vénérer telle une icône une femme disparue depuis des années et un bébé qui depuis longtemps avait quitté son aspect juvénile pour se plonger dans le monde désenchanté de l'adolescence.

Pourquoi veiller de loin sur ces êtres chers qu'il ne reverrait jamais? Todd devait certainement rire à gorge déployée de la bêtise de Barker. Et pourtant son âme était enfermée dans le passé de Barker, nourri de rêveries éphémères et insensées. Pourquoi cet homme ne le laissait-il donc pas en paix? Il aurait pourtant tellement voulu, l'espace d'un jour, d'une nuit laisser derrière lui ce jeune homme innocent et naïf et vivre pleinement la vie de Sweeney Todd. Après tout pourquoi pas? Pourquoi ne pas offrir une vie à ce personnage qui l'avait servi avec tant de loyauté? Quelle joie cela pourrait-il être de se libérer de ce sentiment de culpabilité, de ses scrupules éhontés, de ses souvenirs douloureux qui étaient les apanages de son ancienne vie.

A cette pensée, il sortit de sa boutique. Avec attention, il scruta les tables extérieures de l'échoppe de Mme Lovett et porta son attention sur sa voisine affairée à servir ses clients. Une pensée traversa alors son esprit. Une pensée sans doute absurde mais qui se transforma rapidement en une idée délicieuse et obsédante.

A cet instant, un homme grimpa alors nonchalamment les marches qui le menaient au barbier. Bras ouvert, il l'accueillit chaleureusement et le pria d'entré dans sa boutique. Avant de le rejoindre, il jeta un œil vers sa complice qui lui adressa un clin d'œil. Pour toute réponse, il afficha un demi-sourire empreint de malice. Décidemment cette soirée promettait d'être pleine de surprise.