JHEEEEEEYYYYYYYYYYY ! Death note, me voilà enfin ! Je rêvais d'écrire un truc sur un Light en cellule et un L qui vient le voir, un truc où on voit l'etendue de leur génie, un peu du style Joke Therapy si des gens me suivent, et où ils se balancent des piques avec des sous-entendus qu'ils sont les seuls à comprendre. Ici personne n'est mort. Pas de L, pas Mello, pas Matt, pas Soichiro... Une sorte de fin alternative.
Je ne m'attends pas à des reviews, simplement des vues, (ce fandom est un peu désert il faut l'avouer) mais je ne désespère pas !
A écouter avec la playlist du nouveau Death Note 2017 - Air Supply, Power of Love, Berlin Take my Breath Away, qui est juste sublime.
Bisous, bisous, plongez dans l'univers des fous, sans cicatrice cette fois, sans huh et mots coupés, juste un jeu d'échec permanent où ils arrivent sans cesse à pat.
La partie était terminée.
C'était un constat effrayant, grisant. Ça soulignait qu'un des deux avait fini par gagner, que le perdant aurait toute son éternité pour revivre sa défaite - et ça lui laissait un gout amer dans la bouche.
Un cookie, englouti. Tentative sucrée d'apaiser cette amertume qui lui serrait la gorge.
Encore aujourd'hui il ne comprenait pas comment tout pouvait être aussi contradictoire, follement ironique. Il aurait dû le prévoir de toute façon, il avait gagné et il n'arrivait pas à savourer cette victoire.
Un autre cookie.
Kira était mort, les death notes détruits - Light était enfermé sous haute sécurité. Plus rien ne menaçait l'équilibre précaire de paix, et pourtant il n'était pas aussi satisfait qu'il aurait dû l'être. Il était retourné à des cas simples, ceux qui lui permettaient de déguster confiserie sur confiserie, sans crainte de ne jamais les revoir.
L'amante avait fait le coup, l'homme avait fui avec les dollars en Amérique du Sud, le tueur était un dégénéré qui travaillait dans le quartier, l'agression à main armée : c'était deux jeunes saouls qui s'étaient vus pousser des ailes.
Cliché, cliché, cliché - ennuyeux.
Il jeta un énième coup d'oeil sur l'écran qu'il zieutait depuis une heure du matin - il en était onze passé. La cellule d'enquête - avec qui il n'avait pas tissé de lien, non-non-non, fallait-il qu'il soit désespéré pour se mêler à cette plèbe dégoulinante de suffisance et d'imbécilité. Il guettait quelque chose - n'importe quoi. Un geste étrange, quelque chose qui lui montrait qu'il avait fait fausse route. Quelque chose qui lui montrerait que Light n'avait pas pu jouer aussi bien la comédie.
Un cookie - le geste se figea avant d'atteindre sa cible, nausée au bord des lèvres.
Impossible. Il les avait vu ses yeux, ces yeux d'innocents qui clamaient l'injustice. Comment auraient-ils pu être ceux, qui plus tard, le dévisageraient avec un sadisme délectable, riraient devant la chute de la justice, qui souriraient en même temps que leurs lèvres - comment ?
Il n'avait pu y croire au début - arrêt cardiaque naturel. Son hypothèse était fausse, forcément, Light s'était bien jeté sur lui pour le rattraper - aucune chance qu'il n'ait pu demander au Shinigami de marquer son nom. Il avait fait semblant de souffrir, d'être à l'aube de la mort - et voulait désespérément voir son expression d'horreur être reflétée dans les yeux de son acolyte, du seul humain jamais estimé.
Et il y avait eu son sourire - son rire quand L s'était relevé. Ce sourire qui hurlait sa joie au monde, qui marquait sa victoire. Et encore une fois L s'est relevé. Et là, Light avait compris. Que Rem s'était jouée de lui ou que les cahiers avaient été échangés, peu importe, le résultat était le même. Il s'était fait avoir par un coup de maître.
Un cook- l'odeur sucrée lui souleva le coeur.
Et il y avait eu le rire. Dément, incontrôlé. La façade se déchirait, le masque gentillet se fissurait : laissait apercevoir le monstre qui se cachait dessous. Yagami-san en avait presque tourné de l'oeil, incapable d'y croire. Lui s'était simplement composé un visage neutre, exemple parmi tous, ne laissait rien apparaître. Il abordait ça avec un détachement admirable, comme si rien n'avait changé depuis ses premiers soupçons. La joie d'avoir attrapé Kira se mêlait à l'horreur.
Light avait explosé - hurlé son rire dérangeant. Il en avait ri jusqu'aux larmes, appréciant le retournement de situation. Ses yeux surtout - candeur angevine disparue. Faîtes places à ces pupilles étrécies, glaciales. Meurtrières. Kira.
Il avait ri jusqu'au bout dans sa dignité, droit et fort comme une divinité, ce qu'il s'était targué d'être. Droit jusque devant les insultes des policiers, les gestes, la haine déversée en un flot continu. Droit dans son procès, droit dans la décision follement ironique du Jury : il n'allait pas mourir, non, ce serait bien trop de clémence.
Il allait vivre, il allait vivre jusqu'à ce qu'il soit mourant de vieillesse, forcé de voir comme son empire s'effondrait, comme toutes ses actions avaient été inutiles : la nature haïssait le vide, et elle s'efforçait de le compléter. Malgré les tentatives d'un homme, si intelligent soit-il. Forcé de vivre pour voir de ses yeux que la vie continuait - sans lui.
« La commande est arrivée, Monsieur Ryûzaki. » ânonna la voix agaçante de son nouveau majordome.
Il leva négligemment une paume en l'air, trop épuisé pour la soulever davantage. Watari avait été si fatigué, si vieux après l'affaire Kira qu'il se reposait dans une des demeures de L, quelque part entre le soleil et la joie de vivre. Ça avait été un ordre de sa part.
Son oeil retourna traîner sur les caméras, sa commande se posant derrière lui sans qu'il n'y fit attention. Éparpillées partout dans la pièce, des sucreries auxquelles il n'avait pas touché, s'empilant depuis l'arrestation de Light. A quoi lui servirait du sucre alors que son esprit n'était plus stimulé ?
Les écrans défilèrent un à un. La Wammy en plein examen, l'air détaché de Near - celle fiévreuse de son concurrent principal. La famille Yagami : attablés d'un air vide devant un programme stupide. Une prison : vue sur les cellules. Un bureau : la cellule d'enquête, partageant un café, la mine sombre. L'intérieur d'une maison ensoleillée : les reflets des rayons qui illuminaient une table en bois, une photographie d'un L de douze ans et de Watari.
Une autre prison : un jeune homme maigre, tête baissée.
Mais lorsqu'il releva ses yeux soulignés de cernes, on put voir avec précision l'éclat haineux qui lui dévorait le visage, tordait ses beaux traits comme de la cire en une grimace affreuse. Yeux injectés de sang, l'absence de sommeil se faisant cruellement ressentir.
L détourna le regard, pinça entre ses doigts un biscuit sec. A peine ses dents se refermèrent sur lui qu'il le laissa tomber, cruelle douleur venant de lui tordre l'estomac. L'acidité sucrée ne se faisait qu'à peine ressentir, masquée par la sensation nauséeuse.
Le parfum des pâtisseries derrière lui se répandit dans l'air, accentuant cette amertume qui lui masquait ses sens. Il n'eut qu'un autre regard à jeter sur l'écran six pour se décider.
Clac. Le tiroir qui s'ouvre.
Clac. Le dossier qui en est tiré.
Clac. L'esprit qui fourmille, qui gratte frénétiquement des mots sur un papier.
Clac. Le sourire, enfin, la réalisation.
L s'est toujours cru au dessus de certaines lois, pas parce qu'il était un dieu. Plutôt parce qu'il faisait détaché, incongru, avec ses tocs et ses habitudes, avec son physique et son cerveau. Parce que certaines motivations valent plus que ça.
En un bond il est debout, étire des muscles qui n'ont plus fonctionné depuis quarante-huit jours. Prépare son corps qui n'a plus vu la lumière du soleil depuis presque un mois et demi. Sa voix claque, ensommeillée, blasée même mais comme un coup de fouet.
« Mashiko-san, je sors. »
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.
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Les secondes s'écoulent comme des heures ici.
Il s'ennuie. Il s'ennuie. Il s'ennuie. IL S'ENNUIE ! Il a l'impression de devenir fou, entre ses compagnons qui hurlent, qui hurlent, qui hurlent, écoutex-moi ce goret brailler de toute la force de ses poumons, SE TAIRA-T-IL JAMAIS ! Il y a eu un fan de Kira à ses côtés, il lui a été utile, jusqu'à ce qu'il s'ennuie, encore, et encore, et encore.
Il l'a obligé à se suicider.
Les gardiens n'ont pas apprécié - oh non. Son visage frémit, prémice d'un rire. Ils l'ont déplacé - encore - et désormais chaque jour, ou nuit il ne sait plus, il a l'impression de devenir fou : il les entend hurler.
Son esprit se consume, sa matière grise s'enflamme et il le sait. C'est pour bientôt. Bientôt qu'il ne le supportera plus et tirera ses chaines, éclatera en milles morceaux parce qu'il est déjà fissuré. Plein de fissures, de fissures, de fissures, mais alors de qui est-ce que ça peut bien être la faute ? ET PUIS CE MAUDIT VOLATILE QUI L'A ABANDONNE !
Il se consume de rage, de haine, il hurle, il crie à son tour. Et les autres se taisent parce que quand lui prend la parole, ils écoutent. Ils écoutent la haine vomie en un torrent d'insulte, de rage noire noire noire comme son coeur calciné, les menaces, la mégalomanie qui s'exprime qui crie qui revendique ses droits dans cet enfer interminable.
IL FUT UN DIEU ! IL EN EST UN, ALORS COMMENT ? COMMENT COMMENT COMMENT COMMENT COMMENT COMMENT !
Comme Icare, le soleil l'a brûlé mais si ses aîles se sont embrasées, son esprit aussi et depuis il brûle interminablement, dans des sursauts de douleurs qui lui font prendre son front entre ses mains, le cogner, le frapper contre le mur parce que ça disparait, ça disparait ces images, ces cendres, ces cris encore et encore qui résonnent dans son crâne.
Cette litote : Meurtrier, assassin, meurtrier, assassin, meurtrier, assassin, meutrier, assassin, metrier, assasin, meutrier, asasin, meu-ier, a-a-in, assassin, assassin, assassin, asa... a-a-in, a-a-in, a-ainnnnn, a-a-aaaaaaaaaaaaaaassassin
Il saisit ses barreaux à pleine main, il n'a pas vingt-cinq ans et voilà que son éternité sera cette cellule - parce qu'un Dieu ne meure pas. Un dieu peut abandonner son enveloppe corporelle mais il ne meurt jamais, et voilà que pour toujours ce sera ça qu'il verra, qu'il vivra : son échec, son échec, et rien d'autre jusqu'à la fin.
Il en meurt.
Il pense à L des fois, il se rappelle de cette joie malsaine en le voyant tomber, de ces poignards qui lui frappèrent simultanément le coeur, cette réaction à moitié feinte de se jeter sur lui, parce qu'il venait de tomber : parce que c'était impossible n'est-ce pas ? Si Kira était un dieu, dieu tout puissant et miséricordieux pour ceux qui l'aiment, alors L se devait d'être une divinité concurrente. Seth et Osiris, Jupiter et Pluton, Thor et Loki, Bali et Vamana. Et il était tombé : avait brisé ses croyances.
Alors quand il s'était relevé, sa foi en sa propre divinité s'était démultipliée et il en avait ri. Ri comme jamais, dévoilant enfin enfin enfin, ce qu'il avait pu en avoir rêvé ! De leur montrer à tous qui était le gentil Light, celui qui oeuvrait pour la mort de Kira - quelle blague ! Il en avait été surpris par l'ironie flagrante, en avait ri mais ri...
Light s'ennuie. Il pense à son ancienne vie des fois. Des fois où sa lucidité prend le dessus sur Kira, ils sont deux dans cet esprit à se partager des visions : et celle étriquée de l'assassin s'oppose à celle idéaliste de l'étudiant naïf. Il pense à cette simple joie de rentrer le soir, de partager un dîner et de n'avoir rien d'autre à penser que ses études du lendemain. Ses projets d'avenir.
Il pense aussi à l'époque dorée. Celle de son oubli. Celle de la chaîne s'il devait n'en garder qu'un mot-clé. Cette complicité entre lui et L, ces esprits qui se rejoignent et-
L T'A TRAHI !
ILS NOUS ONT TOUS TRAHI, EUX QUI HURLAIENT LEUR AMOUR POUR NOUS POUR KIRA OU POUR LIGHT OU SONT-ILS AUJOURD'HUI ? OU SONT TES ADMIRATEURS OU SONT TES FIDELES OU EST TA FAMILLE ?
Les secondes s'écoulent comme des heures ici, inlassablement ennuyantes. Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Il en est déjà à cent-mille. N'a-t-il rien à faire que compter, inlassablement ces secondes qui le rapprochent de la mort ?
Les jours passent, je demeure.
C'en est criant de vérité. Il demeure. Même quand son corps aura quitté ses murs, son âme restera coincée ici, prise au piège par cette fatalité dans laquelle on l'a coincé. il en hurle de désespoir et de haine, de rage, lui qui ne voulait rien d'autre que cette complète liberté, qui a toujours eu la peur des espaces clos, il est servi, il y mourra et plus encore.
Il est assis sur son lit de fortune. Fixe parfois la caméra de son regard brûlant, comme si il y avait L au bout du fil. Peut-être en fin de compte, n'a-t-il pas prouvé aimer le regarder par le biais d'une caméra ? Il en rit. Parce que c'est la dernière chose qui lui reste, au fond, son rire, qui lui rappelle qui il a eu la chance d'être un jour.
Et les secondes passent.
Jusqu'à cet instant précis, où il le sent, il le sent dans ces veines que quelque chose ne tourne pas rond. Il se redresse, voyons il faut être présentable, n'a-t-il jamais été autre chose que propre sur soi ? Il fait belle mine, sourit de ses joues décharnées, de ses yeux qui flamboient en un éclat rougeoyant. Il lisse son costume imaginaire, se rêvet de celui qui l'a fait être Light.
Il est excité. Quelque va se passer, il le sent, un nouveau co-détenu ? Il s'efforce de maintenir son sourire, en vain. Et quand la porte s'ouvre, c'est Light Yagami qu'elle trouve, pas Kira. Droit et digne comme toujours, le génie pas le criminel quoi que les deux se valent.
Et ce n'est pas un co-détenu que trouve Light.
C'est deux prunelles obsidiennes qui le fixent comme elles l'ont toujours fait, brûlante d'incompréhension et de désir de vérité. C'est un corps trop maigre qui se courbe, qui s'assit face à lui, lui trop droit sur son lit, tête haute. C'est un simulacre de sourire qui tord des lèvres qui n'ont plus ce goût de sucré, c'est le face à face enfin après cinquante-six jours d'éloignement.
« Bonjour Raito-kun. Ça fait longtemps, tu ne trouve pas ? »
