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PRINCE & PRINCESSE

Harry Potter Fanfiction
Drame, romance, suspens
Severus Rogue/Snape x OC

Respect Headcanon : oui, et c'est très important de le préciser... ne croyez pas que je massacre le personnage (le pauvre) ! Je me faufile uniquement dans les trous. Mon récit peut être lu comme le spin off. J'essaye de rebondir sur beaucoup de détails que JK Rowling glisse ça et là dans ses livres à propos de Snape/Rogue et je prends soins de ne jamais contredire le headcanon.
OC : oui, beaucoup, puisque c'est une époque peu couverte par l'histoire originale.
Longueur du récit : très long, car c'est une histoire à suspens, donc il me faudra du temps pour installer tous les éléments. Il est possible que le récit en lui même soit aussi important qu'un volume de l'histoire d'origine.
Publication papier : j'espère ! Mais quand j'aurai terminé l'histoire. Si vous suivez mes réseaux sociaux, vous pouvez parfois découvrir des illustrations qui seront à coup sûr insérées dans la version papier.
Beta Lecture et correction : Je corrige mon texte toute seule pour l'instant donc vous trouverez forcement des fautes. N'hésitez pas en commentaire à les relever si elles vous énervent. J'adore les corrections.


PROLOGUE
La maison du pêcheur


Dans ce monde comme ailleurs, certains sont immanquablement destinés à affronter les ténèbres.

Une falaise escarpée battue par de grosses vagues noires faisait face à l'horizon crépusculaire. L'écume qui naissait du choc des vagues sur la pierre formait des sillons de mousse étincelante, semblables à des bijoux précieux dans un gigantesque écrin de velours noir. Au large, à une poignée de milles de la terre ferme, s'élevait vers le ciel, très haut au-dessus de la mer, un long édifice aux murs sombres, pareil à une colonne d'onyx barrant le soleil couchant. Des spectres fantomatiques, en sentinelles maléfiques, dansaient autour de la tour dans un ballet effrayant.

La route caillouteuse qui jonchait le littoral et qui menait au point culminant de la falaise était difficilement praticable. La pente était relativement douce, mais en raison de la distance à parcourir pour atteindre son sommet, le vieil homme qui la gravissait, essoufflé par l'effort et par cet air saturé d'embruns, marchait d'un pas très lent et pesant. En outre, le spectacle de désolation qui se tenait devant lui ne rendait pas sa progression moins pénible.

Avec sa grande barbe grise et ses longs cheveux d'argent volant dans le vent marin, il se dirigeait vers une vieille bâtisse aux allures de maison de pêcheur, surplombant la mer. Isolée de toutes vies humaines, la cabane se trouvait au beau milieu de cette nature salée et battue par les vents et dans la lumière du crépuscule, sa façade claire brillait d'une couleur écarlate presque inquiétante. On aurait dit que le Diable en personne avait élu résidence ici même.

Soulevant les pans de sa robe pour faciliter sa marche, et au prix d'un dernier effort, le vieil homme finit enfin par atteindre les abords de la maison de pêcheur. Aussitôt arrivé, il discerna les contours d'une imposante silhouette masculine, postée devant l'entrée.

— Professeur ? Professeur Dumbledore ? s'enquit l'homme qui vint aussitôt à sa rencontre.

Reconnaissant immédiatement cette voix grave qui s'élevait dans la pénombre, Dumbledore accéléra sa marche et demanda :

— C'est vous, Altaïr ?

Un jeune homme d'une vingtaine d'années, vêtu d'un long manteau de cuir, et à la carrure résolument impressionnante, lui adressait un chaleureux sourire. Ses cheveux hirsutes qui avaient une couleur bleu marine dans l'obscurité étaient maintenus en arrière par une étoffe de soie ; et avec sa mâchoire carrée et volontaire, son grand sourire et sa tignasse en pétard, il émanait de sa personne un curieux mélange de virilité et de bonhomie.

— La route n'était pas trop difficile, professeur ? questionna alors le jeune homme. Vous auriez dû nous faire parvenir l'heure exacte de votre arrivée, je serai venu vous escorter.

En guise de réponse, Dumbledore se borna à un sourire amical. Puis, dans un même élan, il se tourna vers l'est pour balayer du regard le chemin pentu qu'il venait d'arpenter avec tant de difficulté.

— J'ai dû transplaner à 1 ou 2 miles d'ici, dit-il, en pointant le pied de la falaise avec son index. Je vous avoue qu'à mon âge, je n'ai plus vraiment le goût de la randonnée pédestre sur flanc de falaise !

Sur ces entrefaites, le jeune homme salua le vieil sorcier d'une franche poignée de main, puis il l'invita à le suivre. Il devait le dépasser en taille d'au moins trente centimètres et couvert de cuir de dragon des pieds jusqu'à la tête, il avait une allure qui imposait un certain respect. Ainsi, comme pour se donner un peu de contenance à côté de ce garçon à la carrure si athlétique, Dumbledore essayait de calmer sa respiration laborieuse tout en calant son pas sur le sien.

— Adrian vous attend à l'intérieur, professeur, lui confia le jeune homme qui, certainement par égard pour lui, avait ralenti sa marche.

— Je craignais que votre frère ne m'attende plus à cette heure si tardive, lui rétorqua Dumbledore d'une voix un brin sifflante. J'ai été retenu au Ministère ; c'est ce qui explique mon retard.

— Ne vous inquiétez pas, s'empressa-t-il de le rassurer. Adrian est parfaitement au courant. Il m'a demandé de vous attendre à l'extérieur avec des balais. C'est que cette route à pied n'a rien d'une partie de plaisir !

— J'y survivrai, j'y survivrai ! lança Dumbledore, inhalant une grosse bouffée d'air frais pour se remettre d'aplomb.

Dans l'obscurité entourant le bâtiment, le vieux sorcier remarqua rapidement la présence d'un spectre lumineux à l'apparence d'un imposant félin. Sans prêter aucune attention aux deux hommes, un lion à la crinière et au pelage d'argent se promenait paisiblement autour de la bâtisse ; son pas lourd et traînant faisait saillir dans son dos deux grosses omoplates. On ne pouvait nier qu'il émanait de la créature une remarquable aura de puissance.

— C'est le Patronus de mon frère, expliqua alors le jeune homme à Dumbledore. Comme vous devez vous en douter, même à des miles de distance, ces sales créatures ne nous lâchent pas d'une semelle. Le repas qui se trouve à l'intérieur de ces murs est bien trop alléchant.

— Je vous crois sur parole… acquiesça Dumbledore, en fronçant les sourcils, avant de détourner son regard du Patronus qui poursuivait paisiblement sa ronde autour de la vieille bicoque.

C'est alors qu'au même instant, il réalisa qu'une autre personne les observait, debout, tapi dans l'ombre du perron.

— De l'intérieur, j'ai entendu des voix ; et je me suis douté que c'était vous, Albus ! lança alors une voix d'homme, claire et sonnante.

— Pardonnez mon retard, mon ami ! rétorqua Dumbledore, tout en hâtant le pas pour rejoindre son hôte qui patientait devant l'entrée de la maison.

De haute stature, la taille mince, les épaules larges et drapé dans une belle robe de sorcier de couleur pourpre, l'homme accueillit aimablement Dumbledore en le gratifiant d'un remarquable sourire. Ses longs cheveux blonds tombaient sur ses épaules en une cascade d'argent et même dans l'obscurité, il était difficile de ne pas apprécier les traits fins et délicats de son visage. Il émanait de sa beauté quelque chose de très irréel, surtout dans la désolation de ce lieu abandonné de toute vie humaine.

— Comment allez-vous Adrian ? lui demanda Dumbledore d'un ton enjoué, tout en lui serrant chaleureusement la main. Je vois que la brise marine vous sied à merveille !

L'homme sourit gracieusement à sa raillerie et lui répondit immédiatement sur un ton qui reflétait toute sa joie de le retrouver ici :

— Je me porte à merveille et je prends votre trait d'esprit pour un compliment, Albus ! C'est un plaisir de vous voir.

— Veuillez excuser l'heure tardive de ma venue, j'avais encore à faire au ministère, expliqua aussitôt Dumbledore, comme pour justifier son retard. Juste avant mon départ, figurez-vous que suis tombé sur Fudge qui ne semblait pas vraiment résolu à me laisser filer si vite…

Adrian et Altaïr éclatèrent de rire de concert ; l'anecdote de Dumbledore semblait manifestement beaucoup amuser les deux frères.

Puis, on invita courtoisement Dumbledore à entrer dans la cabane. Les trois hommes se retrouvèrent rapidement dans un petit hall faiblement éclairé par la lueur vacillante d'une lanterne. L'odeur qui émanait de ce lieu était saturée d'iode et le parquet, constitué de vieilles lames de bois de tailles et d'épaisseurs différentes, grinçait sourdement sous leurs pas.

Un escalier de bois – en tout aussi mauvais état – semblait monter à l'étage et, dans un renfoncement étroit, juste à côté des marches, on avait disposé un petit bureau. Sur la table, une grosse liasse de parchemin menaçait de s'envoler à cause de l'air marin qui s'était engouffré dans le hall à leur arrivée. Ainsi, Altaïr, le dernier entrant, s'empressa de refermer la porte derrière lui à l'aide de sa baguette magique qu'il sortit d'une poche de son manteau. Aussitôt, une dizaine de cliquetis retentirent.

— Il n'y a que vous deux ici ? demanda Dumbledore en s'adressant à Adrian.

— Alastor Maugrey doit venir cette nuit pour s'assurer qu'il n'y a pas de problème, répondit l'homme. Habituellement, trois Auror montent la garde, avec des tours de garde de 8 heures. Davantage de sécurité serait inutile. Le bouclier autour de la maison s'étend à plus d'un kilomètre et c'est Alastor lui-même qui l'a conçu. Un sortilège qui détecte la présence humaine en dehors du bâtiment nous alerte quand quelqu'un s'aventure à proximité. La vue étant dégagée, Altaïr n'a eu aucun mal à vous voir monter jusqu'ici.

Dumbledore pivota sur ses talons pour inspecter la porte d'entrée qu'on venait de verrouiller.

— Je suppose qu'il est plus facile d'entrer que de sortir de cet endroit, marmonna-t-il d'un air sombre.

Adrian, toujours aussi souriant, s'approcha du bureau près de l'escalier. Il tira du renfoncement une petite chaise d'aspect très austère et il fit un geste de la main pour inviter Dumbledore à s'asseoir. Mais ce dernier refusa aussitôt l'invitation d'un brusque hochement de tête.

— Non, je suis assez pressé, annonça-t-il très sèchement. J'aimerais m'entretenir avec lui le plus rapidement possible.

– La date de l'audience a-t-elle été fixée ? interrogea Adrian, en le regardant gravement.

— Oui, répondit Dumbledore. Le 24 décembre, la veille de Noël.

Cette réponse mécontenta vivement son interlocuteur qui lança alors un étrange regard accusateur à son frère. Le jeune homme, qui se tenait derrière Dumbledore, détourna aussitôt ses yeux et fit un pas en arrière, comme pour signifier à son frère aîné qu'il n'était en rien concerné par cette affaire.

— La veille de Noël, dites-vous ? répéta Adrian d'un ton qui trahissait une certaine irritation. Comme c'est amusant… En d'autres termes, les membres de la commission n'auront qu'une hâte, c'est de rentrer chez eux rejoindre leur famille.

— Tout juste, acquiesça vivement Dumbledore.

L'homme prit place sur la petite chaise et croisa nerveusement ses jambes. Dans un geste sec – mais néanmoins gracieux –, il jeta ses longs cheveux argentés en arrière pour se dégager le visage.

Toutefois, pour une singulière raison, Dumbledore continuait à le darder d'un regard réprobateur.

— J'ose espérer que vous n'êtes pour rien dans le choix de cette date, mon ami, demanda-t-il brusquement à l'homme assis en face de lui.

Adrian leva sa belle figure vers Dumbledore qui continuait à le dévisager avec dureté à travers les verres de ses petites lunettes. Les deux hommes se toisèrent un instant, comme pour se jauger ; ils donnaient l'impression de lire dans le regard de l'autre. Et au bout de quelques secondes d'un silence lourd de reproches, Adrian finit pas baisser les yeux ; un sourire navré étirant ses lèvres.

— Vous le savez bien, Albus, dit-il paisiblement. Je n'aime pas jouer quand les dés sont pipés.

L'expression du visage du vieux sorcier parut alors retrouver sa sérénité habituelle.

— Ne m'en veuillez pas de vous poser cette question, Adrian. Je cherche uniquement à comprendre les motifs d'un tel revirement de situation. Comment juger du repentir d'un homme dans de telles conditions ? La veille de Noël, bon sang !

Adrian acquiesça d'un hochement de tête à sa remarque :

— Je suis d'accord avec vous, Albus. Ce n'est pas l'idée que je me fais d'une justice impartiale. N'y a-t-il pas moyen de décaler la séance ?

— Non, répliqua Dumbledore. Pensez bien que j'ai fait mon possible pour essayer de la reporter à une date ultérieure ; mais ils n'ont rien voulu entendre ! Les audiences exceptionnelles ont été programmées dans les trous du calendrier du Magenmagot. Si vous voulez mon avis, le ministère joue habilement la discrétion.

Adrian abaissa ses paupières, comme pour acquiescer une nouvelle fois aux suppositions du vieil homme. Il semblait partager ses conclusions.

— Il est moins difficile de juger que de pardonner... dit-il doucement.

— Quoi qu'il en soit, je dois m'entretenir avec lui, conclut précipitamment Dumbledore. C'est d'ailleurs le but de ma visite. Je ne doute pas une seconde que vous travailliez vaillamment à affiner votre argumentaire, Adrian. Je dois donc, de mon côté, m'assurer de travailler ma défense.

Adrian se leva d'un bond de sa chaise et demanda aussitôt à son frère d'escorter Dumbledore à l'étage :

— Il se fait tard et la nuit ici n'est pas propice aux échanges de haute importance, ajouta-t-il d'un ton rembruni, en allant s'installer derrière son bureau de fortune.

Le jeune homme, qui était resté muet durant ce bref échange, invita alors Dumbledore à s'engager dans le petit escalier : il déposa délicatement une main sur le dos du vieil homme comme pour l'inciter à marcher devant lui.

Même si l'escalier grinçait sous leur poids, il semblait plus robuste que ce qu'il paraissait. Les deux hommes gravirent une trentaine de marches avant de gagner l'entrée d'un couloir plongé dans une profonde obscurité, où régnait une atmosphère nauséabonde et salée, saturée d'humidité marine ; cet affreux mélange d'odeur de poissons morts et de pourriture générée par l'humidité fit aussitôt grimacer Dumbledore.

Ensuite, Altaïr conduisit le vieux sorciers devant une porte en décrépitude, sur laquelle était placée une petite ouverture rectangulaire à hauteur des yeux ; elle ressemblait à s'y méprendre à une porte de prison.

— C'est ici, annonça-t-il. Ce n'est pas l'hôtel, mais ils sont bien mieux que là-bas en face, si vous voulez mon avis.

Mais, au moment d'ouvrir la porte, le jeune homme se figea, puis porta sa main à son visage pour se gratter nerveusement la joue ; il semblait tout à coup comme envahi d'un profond malaise.

De son côté, Dumbledore sentait instinctivement qu'il désirait lui confier quelque chose avant d'entrer ; mais visiblement, les mots ne parvenaient pas à sortir de sa bouche.

— Vous savez, finit par dire le jeune homme à voix très basse, il est plutôt calme... Ils le sont tous plus ou moins, d'ailleurs. Et ça nous facilite un peu la tâche…

Ne saisissant pas vraiment où il voulait en venir, Dumbledore le dévisagea d'un regard interrogateur. La mine basse, Altaïr faisait saillir nerveusement les muscles de sa grande mâchoire carrée ; le garçon était manifestement en proie à un profond dilemme.

— Vous savez, reprit-il en approchant son visage de celui de Dumbledore, ce n'est pas que je porte ce genre de types dans mon cœur… Vous me connaissez, professeur… Mais ça ne serait pas juste de ne pas vous en parler.

Altaïr hésita à poursuivre une nouvelle fois.

— Parfois, je l'entends pleurer la nuit, ajouta-t-il, après une courte pause. Et je crois qu'il ne dort pas beaucoup. Puis, il paraît qu'il ne mange pas grand-chose pendant la journée, non plus. Je crois qu'il essaye de… enfin, vous voyez ce que je veux dire.

Dumbledore hocha vigoureusement de la tête pour lui signifier qu'il le comprenait parfaitement.

— Attention, professeur ! reprit-il avec un visage grave. Ne vous méprenez pas ! On ne les traite pas si mal, ici. Je voulais juste vous dire ça… pour vous tenir au courant de la situation.

À cet instant, Altaïr – aussi gigantesque et massif qu'il fût – était semblable à un tout petit garçon qui tentait de se justifier auprès de son vieux professeur.

Alors, comme pour le rassurer, Dumbledore lui donna une affectueuse tape sur l'épaule et le jeune homme se redressa légèrement en bombant le torse ; comme soulagé.

De nouveau, il s'empara de sa baguette magique pour déverrouiller la porte qui se dressait devant eux. C'est alors que cinq cliquetis résonnèrent dans la pénombre glaciale du couloir.