Chapitre I : Adieu Privet Drive…

Harry Potter dormait profondément dans sa chambre, au 4 Privet Drive, lorsqu'un bruit sourd le réveilla. Il ouvrit brusquement les yeux, chercha ses lunettes posées sur une vieille table de nuit à sa droite, puis les enfila et se leva.

Devant lui, une chouette d'un blanc sans impureté donnait des coups de becs prononcés dans les carreaux de sa fenêtre.

Le jeune homme sourit.

Du haut de ses quatorze ans, Harry Potter était loin d'être un garçon comme les autres. Non pas que son physique le différenciait brutalement d'un adolescent normal : son mètre soixante douze et ses soixante kilos n'avaient rien de perturbant, pas plus que ses cheveux en batailles bruns ou que ses yeux très verts. Non, cette différence, il la devait à quelque chose de plus abstrait, de moins palpable : Harry était un sorcier. Ses parents étaient morts peu de temps après sa naissance, tués par le plus grand mage noir de tous les temps, dont le nom demeurait encore interdit à prononcer à ce jour : Voldemort. De nombreuses vies avaient été ainsi gâchées par le pouvoir maléfique de Lord Voldemort, réduisant à néant tous les sorciers qui tentaient de s'opposer à sa tyrannie et à sa quête de puissance, dont les Potter.

Depuis qu'il avait un an, Harry vivait chez son oncle et sa tante, des Moldus (personnes normales, sans pouvoir magique) absolument infâmes et fiers de l'être. Les Dursley ne supportaient en effet pas que leur neveu ait des ascendances sorcières, et ne se privaient pas de le persécuter depuis sa plus tendre enfance : le seul rayon de soleil était apparu dans la vie de Harry Potter à l'âge de onze ans, lorsqu'il avait été appelé à regagner Poudlard, une grande école de sorcellerie. Depuis ce jour, il n'avait à subir les foudres de sa famille que durant les vacances d'été, comme c'était le cas depuis deux semaines.

- Ah te voilà enfin, Edwige ! S'exclama Harry en ouvrant la fenêtre à sa chouette.

Il était de coutume que chaque apprenti sorcier puisse posséder un animal de compagnie, cela pouvait être un rat, un chat, ou un hibou. Edwige était un grand duc que lui avait offert Hagrid, un demi géant enseignant depuis peu à Poudlard, pour son onzième anniversaire.

Lorsqu'il constata que sa chouette tenait une lettre fermement harnachée dans ses serres, il s'empressa de la faire rentrer et de lui détacher. Edwige alla immédiatement s'installer dans sa cage, où elle bu et se rassasia de quelques morceaux de fruits que son Maître lui avait préparé pendant son absence. Harry, lui, se laissa tomber sur son lit, alluma sa lampe de chevet, et lu la lettre. Elle venait de son parrain.

Cher Harry,

Je n'ai hélas pas eu le temps de t'écrire avant, mais comme tu dois t'en douter, le retour de Voldemort nous occupe tous beaucoup.

Je suis chez Remus en ce moment, et je compte bien y rester un certain temps, ce qui ne semble pas le déranger le moins du monde. J'ai prévenu plusieurs de mes anciens amis de la montée en force de Voldemort, comme me l'avait demandé Dumbledore, et tous ont répondu à l'appel. Nous essayons de rassembler un maximum de sorciers, prêts à affronter le Seigneur Noir, ce qui pour le moment se déroule plutôt bien. Le papa de Ron a, de son côté, réussi à monter plusieurs hommes politiques contre l'aveuglement de Fuge, mais le plus gros reste encore à faire.

Et toi de ton côté ? Je n'ai reçu aucune de tes lettres depuis un moment désormais, j'espère que tout va bien et que les Dursley ne te posent pas trop de problèmes. J'ai parlé à Dumbledore de la situation, et il a donné son accord pour qu'en cas d'extrême urgence tu puisses venir vivre avec moi chez Remus, conscient que tu y serais très certainement en sécurité. Néanmoins cela demeure une solution de rechange, car c'est chez ton oncle et ta tante que tu es le plus en sûreté. Les Weasley voulaient t'inviter chez eux pour ton anniversaire, j'espère que cela tient toujours - car c'est la semaine prochaine il me semble.

J'attends ta réponse, fais attention à toi,

Sirius.

La lettre de son parrain fit tant plaisir à Harry qu'il s'empara immédiatement de sa plume et d'un parchemin. C'est vrai que les parents de Ron lui avaient promis de l'inviter ! Il avait oublié…

Cher Sirius,

Je suis …

Soudain, un grand coup de tonnerre retentit dans le ciel, suivit d'une étrange lueur verdâtre, ce qui le fit sursauter. Il lâcha sa plume et de l'encre coula sur la moquette de sa chambre : il ne s'attendait pas à un bruit d'une telle violence ; d'autant plus que le temps ne lui avait pas paru orageux… Au-dessous de sa chambre, Harry entendit Dudley – son cousin - pousser un hurlement.

Bientôt, toutes les lumières de la maison s'allumèrent :

- Qu'est ce que c'est que ce barouf ? Grogna une voix grave et mécontente dans la cuisine.

Harry s'apprêtait à sortir lorsque ce qu'il redoutait le plus se produisit : une douleur lancinante s'activa au niveau même de son front. Pris de panique, il descendit les marches quatre par quatre, la lettre de son parrain toujours au creux de sa main.

- Qu'est-ce qui se passe maman ? Pourquoi tout est vert dehors ? Couina Dudley en s'agrippant à la chemise de nuit de la tante Pétunia.

Celle-ci blottit son fils contre elle, les larmes aux yeux - elle portait sa traditionnelle chemise de nuit jaune, et ses bigoudis de même couleur. Dehors, plusieurs hurlements se firent entendre. Harry passa la tête par la fenêtre et vit que la plupart des voisins étaient sortis dans la rue, et volaient dans le ciel en poussant des cris apeurés, victime de sortilèges infâmes.

- Les Mangemorts ! Reconnut Potter en se plaquant derrière les rideaux. Non, c'est impossible !

Devant lui, l'oncle Vernon descendit bruyamment les quelques marches qui le séparaient encore de la cuisine, un fusil à la main. Lui-même portait un large pyjama vert clair et ses traditionnelles pantoufles grises à rayures. Ainsi, il croyait qu'une arme à feu allait le sauver…

- Oncle Vernon, ce sont des sorciers ! Le prévint Harry. Tu dois me dire où tu as mis mes affaires !

Chaque année, son oncle éprouvait un malin plaisir à lui cacher sa baguette et ses vêtements de sorcier, de peur qu'il s'en serve contre eux.

- N'essaie pas de m'avoir, mon garçon, tes affaires sont très bien où elles sont…

Sur ces dernières paroles, il ouvrit la porte de la cuisine et sortit dans le jardin.

Le spectacle qui s'offrit à lui le paralysa sur place. Flottant dans le ciel, plusieurs silhouettes encapuchonnées, toutes vêtues de noir, pointaient leur baguette magique vers des humains qui se soulevaient dans les air, se tordant de douleur. La nuit ne permettait à personne d'apercevoir leur visage, ou même de déterminer s'il s'agissait bien d'êtres humains.

- Je dois prendre ma baguette, oncle Vernon ! Hurla Harry, les cheveux volant dans tous les sens.

Lorsqu'il se tourna vers son neveu, le visage de Vernon respirait la peur. Il rentra aussi vite qu'il était sorti et referma tout derrière lui.

- Sous mon lit…Lâcha-t-il dans un murmure à peine audible.

Pendant un instant, Harry crut que son oncle avait pour projet de cacher toute sa famille sous son lit, mais lorsqu'il le vit prendre le téléphone et appeler la police, il comprit qu'il s'agissait de l'endroit où se trouvaient ses affaires de sorcier. Il monta les marches aussi vite qu'il pu et roula sous le lit de son oncle, d'où il en tira un large sac noir. Sa cicatrice se mit à le brûler plus fort encore, si bien qu'il plaqua son front contre le tapis quelques secondes, avant de se forcer à se relever. Puis il empoigna sa baguette et descendit à nouveau. Soudain, une voix sifflante et rauque s'éleva dans les airs, se faisant entendre dans tout Privet Drive.

« HARRY POTTER…SORS…VIENS A MOI, JE SAIS QUE TU ES LA… »

Les Dursley se tournèrent vers Harry, en haut des marches. Ses mains se mirent à trembler de façon inquiétante. Celui-ci pria intérieurement pour que son oncle ne le livre pas à celui qu'il avait désormais identifié comme Voldemort, bien qu'il devinât que ce n'était pas l'envie qui lui en manquait.

- J'ai appelé la police, ils arrivent, se contenta-t-il de dire, brisant ainsi un silence de délation des plus gênant. Montons dans la chambre, nous…

Trop tard. Les vitres venaient d'exploser dans la cuisine, arrachant un hurlement à la tante Pétunia. La porte s'ouvrit dans un coup de vent terrifiant, qui l'arracha. Soudain, la silhouette d'un Mangemort se dressa dans l'entrée. Le sang de l'oncle Vernon ne fit qu'un tour : il empoigna son fusil et tira sur le sorcier. Un rire froid et machiavélique retentit alors, en provenance de l'homme. Un instant, Potter crut le reconnaître : ce n'était pas celui de Voldemort.

- Eh bien, chers moldus, répugnants petits êtres infâmes, qu'est-ce que cela fait de contempler la puissance d'un sorcier ? Tonna Lucius Malfoy en pointant sa baguette vers les Dursley.

Mais Harry descendit alors brusquement les marches et attaqua Malfoy, ce qui le prit de surprise :

- Expelliarmus ! Hurla-t-il dès qu'il eut mis pied à terre.

Lucius alla voler à quelques mètres plus loin, ce qui laissa tout juste le temps à Harry de crier à son oncle et à sa tante d'aller se réfugier sous le placard et de le fermer à clef.

- Maître, je l'ai trouvé ! Cria Malfoy vers le ciel.

Harry sentit son cœur s'accélérer : bientôt il cru pouvoir l'entendre battre dans sa tête. Il chercha à se cacher derrière le petit bar qui faisait office de séparation entre la cuisine et le salon, mais soudain il réalisa avec horreur qu'il avait encore la lettre de Sirius dans la main. Pris de panique, il réalisa qu'elle contenait de nombreuses informations compromettantes, notamment celle concernant le nouveau noyau de résistance.

- Inflamare ! Chuchota-t-il en donnant un coup de baguette sur le courrier.

Celui-ci venait tout juste de se consumer lorsqu'une ombre terrifiante apparut dans l'entrebâillure de la porte. Lord Voldemort atterrit tout en douceur dans le salon des Dursley, ses yeux toujours rougeoyant comme si du sang allait en couler.

- Ah, te voilà, mon petit Potter sans défense…Ricana-t-il en s'avançant tranquillement vers lui.

Malfoy et d'autres se mirent à rire bruyamment en s'introduisant dans le salon à leur tour, bouchant soigneusement chacune des éventuelles issues de secours. Sans prendre le temps de réfléchir à ce qu'il était sur le point de dire, et bien trop apeuré pour se calmer, il répondit :

- Salut Tom ! Quoi de neuf ?

Tom Elvis Jedusor était le véritable nom de Lord Voldemort, mais celui-ci l'avait renié dès son plus jeune âge car c'était un nom de famille moldu. La réplique d'Harry le fit arrêter de sourire, de même que chacun des Mangemorts se tue. Visiblement, il aurait mieux fait de ne rien répondre.

- Harry, Harry, Harry…Lâcha-t-il alors. Combien de fois devrais-je donc te le répéter ?

Mais au lieu de finir sa phrase, il lança au garçon le sortilège du Doloris. Harry, qui ne s'était pas préparé à l'attaque, sentit ses genoux ployer sous son poids, puis plusieurs petits coutelas le traverser de part en part. Il poussa un hurlement aigu, tout en se tordant sur le carrelage glacé de la cuisine.

- Alors ? Cela t'avait manqué, non ?

La dernière fois qu'ils s'étaient rencontrés, Harry avait également eu à subir le même sortilège, et il n'en gardait pas un meilleur souvenir.

- Tu ne finiras jamais de me surprendre, tu sais…La dernière fois, je pensais vraiment que c'était la bonne…

Il l'attrapa par la gorge et le souleva dans les airs. Le trou qui lui faisait office de bouche s'élargit alors, laissant entrevoir un gouffre infini.

- Mais tu as encore trouvé un moyen de m'échapper…Cela devient presque drôle…

- Ravi – que – ça – vous – amuse …Tenta de dire Harry, sentant la main squelettique de Voldemort se resserrer sur sa gorge.

- Comme tu l'as peut-être déjà compris, j'ai décidé de ne pas reproduire les mêmes erreurs. Aujourd'hui, c'est de mes mains que tu vas mourir…

Un coup de feu retentit alors dans la maison. La main de Voldemort explosa, répandant des os à peine couverts de chair sur le sol. Harry s'effondra sur le carrelage. L'ensemble des Mangemorts pointèrent leur baguette vers Vernon Dursley qui continua de tirer sur les sorciers, faisant preuve d'une étonnante habilité. Trois des Mangemorts virent ainsi leur baguette exploser sous l'impact des balles, mais les trois autres lancèrent à Dursley un sort sans retour :

- Avada Kedavra !

Vernon s'écroula, mort, dans les dernières marches. Puis ce fût au tour de Pétunia et de Dudley, accourus à la rescousse, qui vinrent s'effondrer sur son corps. Potter sentit son souffle s'arrêter quelques secondes, comme s'il venait de prendre conscience que plus rien ne pouvait désormais arrêter Voldemort. Celui-ci, fou de rage, prononça une formule de réparation qui lui fit apparaître une nouvelle main à la place.

Soudain, Harry eut une idée. S'il parvenait à regagner sa chambre, il pourrait attraper et enfiler la cape d'invisibilité de son père, et s'échapper de Privet Drive. Même si cela lui apparaissait aussi stupide qu'irréalisable, cela demeurait néanmoins un de ses derniers espoirs. Mais comment détourner l'attention de Voldemort assez longtemps pour pouvoir monter les escaliers ? Puis il vit Edwige.

Perchée sur un rebord de fenêtre elle regardait fixement Lord Voldemort. Soudain, elle s'envola et se jeta sur lui, avec tellement de rapidité que tous furent pris de cours. Harry, lui, pointa sa baguette sur les rideaux et la nappe :

- ACCIO ! Hurla-t-il, faisant ainsi voler les tissus dans sa direction.

Puis il baissa sa baguette, et ils tombèrent lourdement sur les têtes des Mangemorts, tandis que Voldemort essayait d'ôter Edwige de son visage en rageant.

Le garçon courut aussi vite qu'il pu vers sa chambre, ouvrit la porte un grand coup, souleva une planche de son parquet et y arracha la cape de son père, soigneusement pliée. Il l'enfila en précipitation et administra un violent coup de baguette à sa fenêtre :

- Alohomora !

Edwige entra alors en trombes dans la chambre et passa par la fenêtre, suivie de près par Malfoy qui écarquilla les yeux en voyant le mur explosé. Il chercha Harry du regard dans la chambre mais ne le vit pas.

- Potter est dans la rue ! Potter a réussi à sortir par la rue ! S'exclama-t-il en se précipitant sur le rebord de la fenêtre, cherchant désespérément du regard la silhouette de Harry, sans s'apercevoir qu'il se trouvait juste à sa droite.

- Non, tonna la voix mécanique de Voldemort. Je sens sa présence, il est toujours là. Tu te laisses abuser par des astuces de gamin, Lucius.

La silhouette tant redoutée du Seigneur Noir apparut alors dans la chambre, accompagnée par celles de ses Mangemorts, tous plus haineux les uns que les autres.

- Il porte sa cape d'invisibilité, voilà tout, précisa Voldemort devant le regard incompris de Malfoy.

Harry, lui, se sentit trembler encore un peu plus. Comment …

- Tu te demandes comment je sais que tu as une cape, n'est-ce pas ? Ricana alors le sombre seigneur, comme s'il lisait dans les pensées d'Harry. Ton père avait la même…Combien de fois a-t-il essayé de m'échapper, ainsi ?

Tout en parlant, il cherchait le garçon des yeux et s'avançait de part et d'autre de la pièce, donnant de soudains coups de poings dans le vide. Bientôt il frôla l'épaule de Harry, qui s'accroupi le plus silencieusement possible.

Au loin, tel le son de la délivrance, une sirène de police se fit entendre. Harry sentit son cœur battre la chamade tant il était soulagé de leur arrivée. Voldemort, lui, sembla douter de ses paroles un instant et regarda par la fenêtre.

- Non…Il est bien là, dans cette pièce…Je sens sa peur…

Puis il se tourna vers un de ses serviteurs.

- Vas les chercher…

- M-Maintenant Monseigneur ? Bégaya Pettigrow.

- Oui, Maintenant, Queudver, trancha Voldemort.

Pettigrow était un homme de forte carrure, plutôt avachi et parfaitement dénué d'un quelconque sens de l'honneur ou de loyauté. Preuve en était que c'était lui qui avait trahi les parents de Harry en révélant leur cachette à Voldemort, quatorze ans plus tôt. Harry se demanda à qui ou quoi le « Va les chercher » pouvait bien se référer, et l'expression livide qu'avait Peter Pettigrow, dit Queudver, ne le rassurait pas. Mais enfin, que se passait-il ? Comment Voldemort avait-il su qu'il vivait ici ? Et pourquoi personne ne venait le sauver ?

Soudain, chacun des serviteurs fit exploser une paroi de mur, agrandissant ainsi la pièce. Harry sursauta en entendant le bruit fracassant des éboulis de roches dans la rue. Pourquoi étai-t-il nécessaire d'agrandir l'endroit en question ? Allaient-ils accueillir un dragon ?

Mais les bris de glace de sa fenêtre se couvrant subitement de gel, tout comme le reste de sa chambre, lui fit bien vite comprendre qu'il ne s'agissait pas, hélas, de ce genre de monstre. Emergeant de la nuit, plusieurs détraqueurs s'engouffrèrent dans la chambre. Voldemort leva une main de commandant vers les silhouettes, qui s'interrompirent.

- Mes alliés, mes serviteurs…Vous et moi avons conclu un pacte…En gage de ma bonne foi, mes frères d'armes, prenez cet enfant, symbole même de la résistance au pouvoir suprême des forces obscures…

Les Détraqueurs se précipitèrent alors immédiatement sur Harry, qui recula d'un bon, laissant sa cape tomber au sol. Tous écarquillèrent de grands yeux en le voyant ainsi apparaître. Les détraqueurs étaient des êtres dépourvus de sentiments, se nourrissant de l'âme de leurs proies, et qui pouvait sentir la présence d'un homme où qu'il se cache, même lorsqu'il portait une cape d'invisibilité ou quoique ce soit d'autre qui le rendait inaccessible aux yeux du monde. Le jeune Potter courba l'échine et s'engouffra par la fenêtre d'où il sauta dans la rue, se réceptionnant tant bien que mal sur le macadam. Les Mangemorts et leur Seigneurs éclatèrent d'un rire tonitruant et se penchèrent pour mieux observer la scène, un air de délectation sur leurs visages blafards.

Les Détraqueurs sortirent à leur tour et se jetèrent sur le garçon, mais avant même qu'ils aient pu faire quoique ce soit, Harry brandit sa baguette. Il repensa à son père et à sa mère qui l'avait aidé à échapper à Voldemort par la force de leurs esprits la fois précédente. Il repensa à son parrain, Sirius, et à ce qu'ils avaient ressenti lorsqu'ils avaient tout deux pris la fuite sur le dos de Buck, l'hippogriffe. Ce sentiment de victoire et de joie partagées…

- Spero Patronum ! Hurla-t-il, droit vers les Détraqueurs.

Un énorme bouclier blanc apparut alors du bout de sa baguette, se matérialisant très vite sous la forme d'un cerf resplendissant : Cornedrue, son père lorsqu'il prenait l'apparence d'un animal. Les Détraqueurs se heurtèrent au bouclier sans pouvoir atteindre le garçon, puis ils se retournèrent furieusement vers Voldemort, se sentant trahis. Celui-ci fut entièrement traversé par deux d'entre eux, puis il sortit à son tour sa baguette et se défendit. Les Mangemorts poussèrent des cris haineux et tentèrent de faire apparaître des Patronus comme l'avait fait Harry une minute plus tôt, en vain.

Harry, lui, profita de cette diversion pour courir à toute allure vers les voitures de police, stationnées non loin. Ainsi donc, les Détraqueurs arrivaient à la demande de Voldemort, et avaient passé un pacte avec lui… Mais n'hésitaient pas à se révolter. Intéressant. Soudain, il aperçut un officier, occupé à aboyer des ordres à ces hommes pour encercler Voldemort.

- Monsieur, Monsieur ! Appela-t-il. Il ne faut pas rester là !

Un inspecteur se retourna vers lui.

- Eh bien, que fais-tu ici mon garçon, c'est dangereux ! Répondit justement l'homme, se frottant nerveusement sa moustache en guidon de vélo. Sergent Coleoni ! Emmenez cet enfant au commissariat.

Avant qu'Harry n'ait pu dire quoique ce soit, une femme en tenue de police l'attrapa par l'épaule et l'assit à la place du passager. Harry eut tout juste le temps de ranger sa baguette, que la voiture démarra au quart de tour.

- Fais chier…

- Pardon ? Fit Harry, déconcerté.

Il se retourna vers la banquette arrière, dans la crainte de voir débarquer des Mangemorts à tout instant.

- T'aurais pas pu arriver avec les autres ? Aboya la femme.

- Les autres ? Répéta Harry, incrédule.

Il jeta un rapide coup d'œil dans le rétroviseur, et sourit en constatant que plusieurs silhouettes sombres s'entretuaient au loin.

- Les autres survivants ! Fais chier, à cause de toi, je suis obligée de retourner au poste…Tout ça parce que je suis une femme, ajouta-t-elle, plus pour elle-même que pour Harry. Oui, Oui, Coleoni, allez donc mettre cet enfant à l'abris, et restez-y pendant que vous y êtes…Tu parles : pour une fois qu'il y a de l'action dans ce patelin… Mais i'vont voir c'qu'i vont voir, ah ! Le sergent Coleoni. Fini le gentil sergent.

Harry la regarda, choqué. Comment pouvait-elle prendre Voldemort pour une raison de « passer à l'action » ? Inconsciemment, il venait plutôt de lui sauver la vie.

La voiture pila alors devant le commissariat.

- Bon, tu descends, où tu veux aussi que je te borde ?

- Euh, non, non, merci.

A peine eut-il posé le pied sur le trottoir que le véhicule repartit, toutes sirènes hurlantes. Il regarda la voiture d'un air hébété, puis s'éclipsa devant le commissariat. Inutile d'impliquer la police moldue dans tout ça… De toute façon, s'il expliquait qu'il avait survécu à un fou furieux avec une baguette magique, qui le croirait?

Il siffla alors dans le ciel, en espérant que sa chouette arriverait, mais personne ne vint. Il marcha vers la gare, traînant les pieds, et sentant plusieurs de ses blessures répandre du sang sur ses vêtements. Une fois sur les quais, il entra dans un vieux wagon rouillé hors service, se blottit le plus à l'abris qu'il pu, et s'endormit.

- « Train à destination de Londres au départ dans deux minutes, je répète…Train à destination de Londres au départ dans deux minutes… »

Harry se réveilla douloureusement, l'esprit encore engourdi des évènements qui étaient survenus la veille. Il se leva et sentit que son corps, en plus des quelques plaies que lui avait affligé le sortilège du Doloris, était entièrement courbaturé : le sol dur et glacé d'un wagon rouillé était bien aussi inconfortable qu'il en donnait l'impression.

Il passa une main sur sa nuque et se risqua à jeter un coup d'œil en dehors du train dans lequel il avait passé la nuit. Quelques mètres plus loin, une foule de personnes se hâtaient de rentrer dans des trains, eux en parfait état de fonctionnement. La voix qui l'avait réveillé une minute auparavant retentit à nouveau dans les airs :

- « Les derniers passagers qui désirent se rendre à Londres sont priés de monter dans le train, avant fermeture automatique des portes ».

Le sang d'Harry ne fit qu'un tour : Londres ! C'est là-bas que l'avait emmené Hagrid lorsqu'il avait dû acheter son matériel de sorcellerie ! Il bondit hors du wagon et courut aussi vite qu'il le pouvait, vérifiant au passage qu'il possédait toujours sa baguette dans sa poche de pantalon arrière.

- Attendez ! S'écria-t-il à un contrôleur qui fermait la dernière porte du train.

- Et bien mon garçon, dépêche-toi ! Tu as de l'argent ?

- Euh…

Harry n'y avait même pas pensé. Toute personne censée aurait réalisé qu'elle devait payer le contrôleur avant de monter dans un train moldu.

- Mes parents sont à l'intérieur, Monsieur, je vous en prie ! Ils vont vous payer, je vous le promets ! Mentit Harry d'une petite voix.

Un coup de sifflet se fit entendre, puis le contrôleur lui fit un signe de tête, l'incitant à monter dans le train.

- Allez, file, et te fais pas remarquer…Lui chuchota-t-il en fronçant les sourcils.

« Le contrôleur n'est pas dupe », pensa Potter en fonçant dans le coin le plus caché du véhicule de transport en commun. « Encore une chance qu'il soit gentil… ».

Puis il s'assit aux côtés d'un vieil homme endormi avec un journal sur les genoux. Maintenant qu'il était en route pour Londres, Harry se laissa aller à un soupir de soulagement…Puis il réalisa que tant qu'il n'aurait pas retrouvé Sirius, Lupin, Dumbledore, Mr et Mrs Weasley ou n'importe qui d'autre qui puisse le protéger face à des Mangemorts, il n'était pas en sécurité. Au contraire, Voldemort devait bien se douter que Londres serait le premier endroit où il chercherait à aller…Légèrement refroidi dans son soulagement, il jeta des regards inquisiteurs autour de lui. Le trajet s'écoula tranquillement dans l'ensemble, jusqu'à ce qu'un chat noir lui saute sur les genoux, prenant bien soin d'enfoncer chacune de ses griffes dans la chair d'Harry qui poussa un petit cri de surprise.

Soudain une femme d'une trentaine d'année fit irruption dans l'allée. Elle portait des cheveux blonds très courts, et de grands yeux bleu d'une incroyable douceur.

- Oh, Machiavel ! S'exclama-t-elle en se précipitant sur Harry et en récupérant le chat. Excusez-le, jeune homme, il n'est pas très obéissant…

Elle caressa le chat et le serra contre elle.

- Je suis désolée, reprit-elle d'un air sincère. Il ne vous a pas fait peur, j'espère ?

- Euh, non, non…Assura Harry. J'ai juste été, euh, je ne m'y attendais pas.

Soudain elle regarda sa cicatrice, puis parut choquée.

- Vous…

Harry sentit une vague d'espoir monter en lui : seuls les sorciers le fixaient avec une telle intensité lorsqu'ils apercevaient sa cicatrice. Elle représentait la seule trace qu'avait laissé Voldemort en essayant de le tuer lorsqu'il était bébé, et il était devenu célèbre à cause d'elle.

- Je suis Harry Potter, déclara-t-il, conscient qu'il serait ridicule si jamais cette femme était une moldue.

Mais après tout elle avait un chat – bon, d'accord tous ceux qui ont des chats ne sont pas des sorciers – mais elle avait regardé sa cicatrice avec avidité, alors peut-être que…

- Tu es vivant ? Demanda-t-elle en haussant les sourcils. Tu as survécu à l'attaque de Tu-Sais-Qui ?

Harry cru qu'il allait lui sauter au cou de joie.

- Oui ! Mais, comment savez-vous que…

- Mais c'est merveilleux ! S'écria-t-elle en souriant. Lorsque j'ai lu que ce qui avait été ta maison avait brûlé et que seule une vielle cape d'invisibilité déchirée restait de toi, je pensais que tu étais mort ! Nous le pensions tous !

Aux mots de « cape d'invisibilité » et de « mort », le vieil homme qui faisait mine de dormir à côté d'Harry rouvrit les yeux et regarda la jeune femme d'un air méfiant.

- Mais pourquoi restes-tu dans le wagon des moldus ? Demanda-t-elle en baissant le ton.

- Dans…Je ne savais pas qu'il y avait un wagon pour sorcier, avoua Harry.

- Alors viens ! Je m'appelle Talia Mcguiness, je suis chercheur pour la clinique Ste Mangouste.

Harry en restait bouche bée : quelle chance incroyable d'avoir rencontré cette femme ! Néanmoins, il se demandait bien ou, quoi et comment il pouvait exister un « wagon non moldu », de la même façon qu'il existait des wagon « non-fumeurs »…Soudain, ils s'arrêtèrent devant une porte où il était écrit « Accès réservé au personnel ». Talia poussa la porte et sortit une baguette magique de son petit sac en bandoulière. Elle donna deux petits coups rapides sur un pan de mur vierge qui se mit aussitôt à coulisser, laissant entrevoir des banquettes rouges et différentes personnes s'activant de part et d'autre.

- Tu ne l'avais jamais vu faire auparavant ? S'étonna Mrs Mcguiness en l'invitant à avancer.

- Non, d'habitude, je voyage en balais, avec le Magicobus, ou en voiture volante…

- Ou avec le Poudlard express…Acheva-t-elle avec un sourire compréhensif.

- Oui, acquiesça Harry en lui rendant son sourire.

- Dans ce cas je te propose de t'asseoir avec moi, il n'y a pas beaucoup de place et je suis toute seule pour une fois.

- Merci beaucoup.

Un peu plus tard, tandis qu'il observait les gens jouer aux échecs façon sorcier et se servir du café sans même toucher leur tasse, Harry remarqua une coupure de presse, posée sur la valise de Talia.

Faisant le pas sur sa timidité, il demanda à la jeune femme s'il pouvait lui emprunter pour la lire.

- Oui bien sûr, vas-y…Répondit Mrs Mcguiness en se relevant. Tu dois avoir faim, non ? J'allais me chercher des croissants, tu veux que je t'en ramène ?

- Oh oui, volontiers !

- Bien, tu peux surveiller Machiavel pendant ce temps ? Il a toujours envie d'aller dans la partie moldue du train : certains enfants emmènent leurs hamsters dans des cages de transport…

- Bien sûr, affirma Harry en jetant un coup d'œil au chat qui faisait sa toilette à côté de lui.

Puis la jeune femme partit. Harry s'empara du journal et ouvrit de grands yeux en découvrant qu'il faisait la une de la gazette du sorcier :

« NOUVELLE ATTAQUE CONTRE HARRY POTTER ! »

En dessous des gros titres, une photo de la maison des Dursley toute en flammes, ainsi que le corps de son oncle gisant dans les marches illustrait l'article suivant :

C'est dans la nuit d'hier à ce matin que le quartier moldu de Privet Drive s'est retrouvé envahi par des Mangemorts. « Il y avait des hommes tout en noir qui volaient dans le ciel et qui nous projetaient contre des murs », déclare une vielle femme moldue, juste avant de subir un sortilège d'effacement mémoriel, «Puis quelqu'un d'encore plus grand et plus terrifiant est arrivé et a dit d'une voix épouvantable qu'il cherchait un certain Harry Potter. J'ai bien vu, que quelques secondes plus tard ils se sont tous rués dans la maison de Mr et Mrs Dursley. Ensuite, j'ai couru vers les voitures de police qui arrivaient avec mes enfants. Mais c'était vraiment atroce, on aurait dit de véritables démons… ».

Plusieurs Aurors ont été envoyés par le ministère, Cornélius Fuge, qui se refuse à tout commentaire. Nos envoyés spéciaux nous témoignent cependant qu'aucune trace du jeune Harry Potter n'a été retrouvée, exception faite d'une vieille cape d'invisibilité, jadis appartenant au père du garçon, le très brave et très regretté James Potter. L'arrivée de Dumbledore à Privet Drive ce matin confirme les soupçons de nos journalistes quant à la gravité des faits : « Soyez certains que je mettrai tout en œuvre pour retrouver Harry Potter, dont je ne doute pas qu'il soit encore en vie à l'heure qu'il est. »

Ainsi, chers lecteurs, le mystère reste encore total : le jeune Potter aurait-il encore réussi à s'échapper du terrible Seigneur des Ténèbres, ou est-il en ce moment à l'agonie, sous la possession même de Celui-Dont-Le-Nom-Ne-Doit-Pas-Etre-Pronocé ? Nous vous tiendrons informés de la suite des évènements dès que l'enquête aura porté ses fruits.

Harry cru qu'il allait se donner des gifles : Dumbledore était à Privet Drive ce matin, et il ne l'avait même pas su ! Mais que faisait-il dans ce train à destination de Londres ?!

- Il n'y avait plus de croissants alors je t'ai pris des pains tout choco…Alors ? Fit Talia en arrivant.

- Je ne savais pas que Dumbledore était là ce matin, sinon je ne serais jamais monté…Soupira Harry en se passant une main sur le visage.

- Oh, il a dû repartir à mon avis, si cela peut te remonter le moral : il n'est resté qu'une heure ou deux puis il a dû repartir avec Fudge au Ministère pour organiser les recherches.

- Mais ça ne sert plus à rein ! S'indigna Harry. Il faut leur dire que je suis là et que je vais bien !

- Ecoute, si tu veux je peux t'emmener avec moi à la clinique : là-bas je pourrai contacter quelqu'un à même de venir te chercher. Tu as une idée de qui pourrait faire l'affaire ?

Harry pensa tout d'abord à Sirius, qui devait être mort d'inquiétude en ce moment, puis aux Weasley. Eux pourraient venir le chercher sans craindre de se faire envoyer à Azkababan…

- Oui, Mr et Mrs Weasley. Ce sont…

- Arthur Weasley ? S'étonna Talia.

- Oui…

Elle eut un large sourire.

- Oh, mais je le connais bien cet oiseau-là ! C'est lui qui avait tenté de me faire essayer la médecine moldue. Un vrai fanatique…Mais un brave homme.

Harry sourit et entama son pain au chocolat. La personnalité de Mr Weasley venait d'être impeccablement résumée…

La fin du trajet se déroula sans incident. Lorsque le train ralentit et arriva à destination de Londres, les sorciers sortirent au fur et à mesure des wagons en même temps que les moldus qui ne paraissaient accaparés que par leur montre. Talia et Harry prirent un bus depuis la gare jusqu'à Mangouste.

Ils arrivèrent devant la clinique quelques minutes plus tard, puis Talia le fit entrer au dernier étage.

De tout côté, plusieurs « Bonjour Docteur Mcguiness », « oh, bonjour docteur ! » ou encore « Tiens salut Talia, de service cette semaine ? » se faisaient entendre, au fur et à mesure qu'ils avançaient dans les couloirs. Harry en conclu qu'il se trouvait avec une femme d'assez grande renommée.

- Voilà nous y sommes…

Elle donna un coup de baguette à une porte comme elle l'avait fait dans le train, puis une large pièce apparut.

- Bienvenue dans mon laboratoire…

Une grande salle entièrement peinte en blanc, remplie de microscope, de potions, d'ouvrages tels « Sortilèges et enchantements médicaux », «Symptômes des maladies dues à la magie noire les plus graves »ou encore « Les tout premiers secours face à un homme mordu par un loup-garou »…Ce dernier livre lui fit penser au Professeur Remus Lupin, lui-même loup-garou à ses heures… Puis ses pensées se tournèrent vers Sirius, quelque part chez Remus, à s'inquiéter. Pourvu qu'il n'ai pas essayé de se rendre à Privet Drive pour partir à sa recherche : il était encore poursuivi par les autorités sorcières du ministère à l'heure qu'il était.

- Excusez-moi, Mrs, est-ce que je pourrais contacter les Weasley ? Ils doivent tous se faire des cheveux blancs…

- Oui, bien sûr, Maggie ?

Une secrétaire, qu'Harry n'avait pas encore remarquée apparut dans le laboratoire.

- Oui, Docteur ?

- Prévenez Arthur Weasley - vous vous souvenez, il nous avait laissé son hibou - que Harry Potter est là. Qu'il vienne le chercher…

- Harry Potter ?!! Euh, oui, oui, tout de, tout de suite Docteur…

- Bien. Harry, j'ai cru constater que tu étais blessé dans le train. Tu dois bien te douter que je ne te laisserai jamais repartir d'ici sans t'avoir administré quelques soins…Ajouta-t-elle en enfilant une longue blouse blanche.

En temps normal, Harry aurait immédiatement décliné la proposition, mais Talia lui inspirait véritablement confiance. Il lui adressa un sourire timide.

- Retire ton T-shirt…

Le Docteur McGuiness était d'une grande dextérité : elle était parvenue à soigner chacune de ses plaies sans même qu'il éprouve le moindre picotement. Un ultime coup de baguette sur son bras, et il était comme neuf…

Soudain, la porte vola en éclat.

- HARRY !!! OH HARRY CHERI, J'ETAIS TELLEMENT INQUIETE !!! Hurla Mrs Weasley en le serrant dans ses bras avant même qu'il ait eu le temps de remettre son T-shirt.

- Bon sang Harry, quelle joie de te voir ! Comment vas-tu ? Fit Mr Weasley en lui administrant une tape amicale dans le dos. On a bien cru qu'il t'était arrivé quelque chose, tu sais !

Mais les sanglots de Mrs Weasley couvrirent les trois quarts de ses paroles :

- Oh, oh, oh, bououhouh, Harry, si tu savais, je me faisais un sang d'encre !! Tout est de ma faute, mon chéri, j'aurai dû t'inviter dès la semaine dernière…

- Mais non, Mrs Weasley, vous n'y êtes pour rien du tout, la rassura Harry en tentant de se décoller de sa poitrine pour attraper son T-shirt. Mais je vais bien, tout est rentré dans l'ordre, maintenant…

- C'est vrai, il a raison, Molly, allons lâches-le…Lui dit gentiment Arthur Weasley en passant un bras autour des épaules de sa femme.

Puis il se tourna vers le docteur et lui serra la main en la remerciant. Une fois habillé, Harry salua à son tour Talia.

- Je t'en prie, Harry, fit la femme médecin. Si jamais un jour tu as besoin d'un coup de main, tu sauras où me trouver…

Puis ils partirent. Devant la clinique, Harry reconnut l'Angelina de Mr Weasley, une longue voiture turquoise capable de devenir invisible et de voler.

- Allez, Harry, racontes-nous ce qui s'est passé ! Lui dit Arthur en démarrant le moteur. Nous avons tous été extrêmement choqués que les Mangemorts parviennent à te trouver chez les Dursley. Tu aurais vu dans quel état nous étions lorsque nous avons lu l'article ce matin…

Harry lui fit alors le récit de tout ce qui s'était passé la veille, y compris l'intervention des Détraqueurs et sa petite escapade dans la voiture de police.

- Les Détraqueurs ! Tonna Mr Weasley. Tu vois Molly, combien de fois te l'ai-je répété que les Détraqueurs allaient s'allier à Voldemort ? Combien de fois te l'ai-je dis que Dumbledore avait raison ?

- C'est abominable, Arthur, il faut à tout prix prévenir les autres… (Elle se tourna vers Harry)

Nous avons établit notre camp de résistance chez Remus Lupin, tu te souviens de lui mon chéri ?

- Oui, très bien, c'est là que Sirius est !

- Oui, c'est exact, cela fait…EH ! MAIS COMMENT LE SAIS-TU ? CE N'EST TOUT DE MEME PAS LUI QUI TE L'A DIT ?! C'EST UNE INFORMATION CONFIDENTIELLE !!

- Eh bien, en fait, euh…

- TU ENTENDS CA ARTHUR ? QU'EST-CE QUE JE TE DISAIS MOI AUSSI ? TU VOIS UN PEU COMME SIRIUS EST IRRESPONSABLE ? ET SI JAMAIS L'INFORMATION ETAIT PARVENUE JUSQU'AUX OREILLES DE VOLDEMORT ?

- Ecoute, ma chérie, Sirius a dû vouloir bien faire en prévenant…Balbutia Mr Weasley par pure solidarité masculine.

- QUOI ? TU PLAISANTES ARTHUR, J'ESPERE ! TE RENDS-TU COMPTES DU RISQUE QU'IL A PRI EN …OH ! ATTENDS QUE JE LUI DISE SES QUATRE VERITES A CELUI-LA !

- Euh, nous arrivons…Interrompit Mr Weasley en pointant une petite ville du bout du doigt. Tout le monde va être surpris de te revoir, Harry, cela va être une explosion de joie ! Nous-mêmes étions en route pour la réunion lorsque nous avons reçu le hibou ! La tête qu'ils vont faire en te voyant…

- Qui sera là, Mr Weasley ? Interrogea Harry, curieux.

- Oh et bien il y a ton parrain, nos enfants, Hermione et ses parents, Dumbledore, Remus bien sûr, Maugrey, Minerva McGonagall, Sevrus Rogue…

- Rogue ? S'indigna Harry.

- Oui, nous nous apprêtions à lancer des recherches, tu sais…Ah tiens nous y sommes.

Tout trois atterrirent devant une vaste demeure, totalement en recul des autres. Vue du ciel, elle ressemblait à une petite maison d'enfant, mais maintenant qu'ils se trouvaient devant, elle donnait plutôt l'impression d'être un véritable manoir.

- Oh, elle est bien cette maison, affirma Mr Weasley en lui posant une main sur l'épaule, elle est grande, suffisamment pour tous nous accueillir…Et puis les voisins ne sont pratiquement jamais là. Bon, bien sûr ce n'est pas très luxueux, mais je trouve qu'elle est faite pour l'Ordre.

- L'Ordre ? Sursauta harry.

- Arthur ! Gronda Mrs Weasley en lui donnant un coup de coude dans les côtes.

- Ah, euh, oui, et bien je pense que, euh, Dumbledore te racontera tout ça mieux que moi…

Chapitre II : retrouvailles

Il lança un regard attendrissant à sa femme qui, elle, le foudroya de ses yeux noirs. Soudain, ils arrivèrent devant une porte. Mr Weasley donna deux coups de baguette dessus, en murmurant « Chocogrenouille », puis la porte s'entrouvrit.

- Nous changeons le mot de passe tous les jours…Expliqua-t-il à voix basse. Ah, BONJOUR TOUT LE MONDE ! S'écria-t-il en levant la tête.

- Encore en retard, Arthur ? Lança une voix qui devait être celle de Dumbledore.

- Oui, en effet ! Mais regardez qui je vous amène, professeur…

Puis Harry passa à son tour par la porte. Devant lui, il remarqua un large escalier en bois peint qui tournoyait jusqu'à une grande étendue où il aperçut le visage stupéfait de Dumbledore et la mine soudainement réjouie d'Hermione.

- HARRY !!! Hurla-t-elle avant de sauter de ce qui devait être une chaise et de descendre les marches quatre par quatre.

Tout a coup, une multitude de visages apparurent à leur tour en haut des escaliers, provoquant divers bruits de meubles tombés. Harry eut à peine le temps de sourire à Ron et à Sirius qu'Hermione lui sauta au cou :

- Oh Harry, j'ai eu tellement peur !

Puis, tous descendirent et se précipitèrent sur lui : même Ron l'étreignit un instant avant de laisser la place à George et Fred qui le mirent sur leurs épaules en criant :

- Il s'en est encore tiré ! Il s'en est encore tiré !

Ginie s'approcha également et l'embrassa sur la joue :

- Tu m'as manqué, heureusement que tu n'as rien !

Remus lui ébouriffa les cheveux :

- Content de te voir saint et sauf, Harry !

- Merci, professeur… (Puis il lui sourit) : je ne vous remercierai jamais assez de m'avoir appris le Patronus !

Mais Lupin fronça les sourcils :

- Le Patronus ? Tu en as eu besoin ?

- Oui, les Détraqueurs se sont…

- BON ET BIEN MOI JE PROPOSE D'ALLER DINER ET DE LAISSER CES HISTOIRES POUR APRES LE REPAS, interrompit Mrs Weasley en lançant un regard assassin à Remus.

Celui-ci leva les mains d'un air défensif puis s'éloigna en souriant : mieux valait ne pas contredire Mrs Weasley…

- Salut, Harry ! Soulagé de te revoir ! Lui lança brièvement Bill en lui serrant la main.

- Merci…

Puis Charlie et Percy arrivèrent et lui serrèrent également la main avec un large sourire. Enfin, ce fût au tour de Sirius :

- Harry !

Il le serra contre lui l'espace de trois (très agréables) secondes, puis posa ses mains sur ses épaules :

- Cette fois-ci j'étais vraiment inquiet…

Harry lui sourit et lui attrapa les poignets :

- Oui, mais je vais bien ! J'ai eu encore beaucoup de chance, tu sais…

Un simple regard de Mrs Weasley le fit taire :

- Euh, mais, on en parlera…

- …Plus tard, oui ça vaut mieux, compléta son parrain avec un sourire entendu.

Puis il l'entraîna vers l'escalier.

- Waouh ! C'est trop génial que t'ai survécu Harry ! Fit Neville Londubat d'un air admiratif et soulagé.

- Salut Neville, tu es là toi aussi ?

Puis lorsqu'il arriva au sommet des marches, il reconnut également Lee Jordan et les frères Crivey.

- Eh bien, tout Poudlard s'est réuni ici ou quoi ? Murmura-t-il à son parrain.

- Je ne vous le fais pas dire, Mr Potter, répondit une voix pincée dans son dos.

Il se retourna et vit le professeur McGonagall lui adresser un signe de tête :

- Une chance que vous soyez saint et s…

Mais bien qu'il ait deviné la fin la phrase de son professeur de métamorphose, jamais il ne l'entendit : un véritable mur venait de le percuter de plein fouet :

- Oh Harry, j'ai cru que je ne te reverrai jamais tu sais ! Pleura Hagrid, l'étouffant à moitié. Heureusement, les professeurs Dumbledore et Flitwick intervinrent :

- Allons, allons, Hagrid, laissez-le respirer…

- Mais enfin, vous vous rendez compte, professeur ? Fit Hagrid en s'essuyant les yeux d'un revers de manche. Tous morts sauf notre petit Harry…

Les paroles de Hagrid firent l'effet d'un saut d'eau froide à Harry. Tous morts sauf lui…C'était vrai. Les Dursley étaient morts. Et ils étaient morts pour le sauver. Voilà bien une chose à laquelle il n'aurait jamais cru si on le lui avait dit…Il n'était pas triste, pas vraiment… Mais…

Sirius dû apercevoir l'ombre qui était passée sur le visage de son filleul car il lui posa sa main sur la tête :

- Allons, Harry, tout va bien ici, tu es en sécurité…N'est-ce pas, Hagrid ? Fit-il en fusillant le demi géant du regard.

- Ah, euh, oui… (Puis il se força à rire bruyamment) : tout va très bien, je vais aider à mettre la table, tiens !

Dumbledore s'approcha à son tour de Harry, de sa démarche calme et noble :

- Je te laisse mon grand, lui murmura Sirius avant de partir rejoindre un Hagrid sur le point de se faire remonter les bretelles dans les cuisines.

Minerva McGonagall et le professeur Flitwick s'éclipsèrent également.

- Et bien, Harry, encore une fois tu me réjouis par ta présence…Tu as réussi à t'échapper ?

- Oui…

Puis, jetant un rapide coup d'œil à Mrs Weasley, occupée à virer tous les documents que contenait une immense table en bois pour y installer une nappe, il se lança dans un rapide résumé de ce qui lui était arrivé, de la lettre reçue de son parrain jusqu'à sa rencontre avec le docteur Mcguiness.

- Je ne savais pas que vous étiez à Privet Drive, ce matin…S'excusa Harry.

- Ce n'est pas grave voyons, le principal est que tu sois ici. C'est, de toute façon, là que je t'aurai emmené. Maintenant je propose de regagner la table…

Lorsque Harry se retourna, il constata que son récit avait dû durer plusieurs minutes, car la table était fin prête, et tous étaient assis à discuter bruyamment. Il alla s'asseoir entre Ron et Hermione, qui lui demandèrent immédiatement de leur raconter ce qui s'était passé. Il s'exécuta, mais fit un condensé de ses aventures, leur décrivant uniquement les grandes lignes.

- Waouh…Firent les frères Crivey, qui avaient toujours été de fidèles admirateur de Potter.

Des vrais détraqueurs…

Soudain, Mrs Weasley leur lança un regard de travers.

- Et à part ça, qu'est ce que tu veux Harry ? Interrogea Hermione d'un ton clair et fort en attrapant une louche. Du poulet ou du rôti ?

- Euh, du rôti s'il te plait avec des pommes de terres, comme toi…, répondit Harry sur le même ton pour que Mrs Weasley cesse de les fusiller du regard.

Ce qu'elle fit. Le menu était particulièrement appétissant, surtout pour Harry qui avait été astreint comme le reste de la famille à un régime strict composé de fruits sec et de légumes, et qui dans le cas présent n'avait pas mangé depuis la veille.

Une fois rassasié, il chercha Sirius du regard, et le vit attablé aux côtés de Remus, un verre de vin à la main. Revoir son parrain lui avait fait chaud au cœur : il avait eu peur que celui-ci n'ai tenté une folie pour le sauver, ou qu'il se soit laisser aller, mais il n'en était rien. Il était en parfaite santé, et avait retrouvé toute sa superbe : ses cheveux étaient coupés courts exception faite de quelques mèches qui lui tombaient dans les yeux, il était impeccablement rasé, et il portait enfin des vêtements dignes de ce nom : un jean bleu et une chemise blanche. Un peu plus loin, Rogue discutait très sobrement avec Flitwick, à côté de Dumbledore qui semblait raconter une blague à Minerva McGonagall. Le professeur de métamorphose regardait Dumbledore avec intérêt, mais ne riait pas… Puis il y avait Hagrid et Mr Weasley qui parlaient d'un air intéressé, tout en brandissant une laisse pour chat à déroulement automatique. Tout deux paraissaient aussi fascinés l'un que l'autre. Juste à la gauche de Mr Weasley se tenait son épouse qui parlait éducation avec les parents d'Hermione.

- Tu viens Harry, on monte ? Lui dit Ron. Faut qu'on te dise des choses nous aussi…

- D'accord, j'arrive !

Harry était R-A-V-I : tous ses amis étaient là, autour de lui, il venait de prendre le meilleur repas qui lui ait été donné de prendre depuis bientôt trois semaines, et il était au point d'apprendre certaines choses qu'on ne lui révèlerait certainement pas avant plusieurs semaines : les adultes avaient un peu trop tendance à essayer de le tenir dans l'ignorance.

Ils s'éclipsèrent donc, aussi discrètement que pouvait le permettre un groupe de dix enfants se levant d'un coup et courant vers l'étage supérieur.

Un vague « Qu'est-ce que vous faites ? REVENEZ TOUT DE SUITE ! » Se fit entendre aux alentours de Mrs Weasley, mais la voix apaisante de son époux vint couper court à toute protestations « Allons, Molly, laisse-les donc… ». Et puis, de toute façon, en entendant leur mère, les frères Weasley n'avaient fait que sprinter en direction du sommet des marches…

Ils arrivèrent tout en haut et s'enfermèrent dans une chambre remplie de photos de champions de Quiddich.

- C'est ma chambre, expliqua Ron, on en a tous une chacun tellement que la maison de Lupin est grande ! Et en plus, on a le droit de refaire la déco partout où on va…

- Ce qui n'est pas du luxe, précisa Hermione. Il reste encore dix chambres pour ceux qui voudront rallier l'Ordre, donc tu pourras choisir celle que tu voudras…

- Mais enfin, qu'est-ce que c'est que cet « Ordre » ? Fit Harry en fronçant les sourcils.

- Et bah, c'est le nom qu'on donne à ceux qui se rebellent face à Voldemort, expliqua George.

- Oui, l'Ordre du Phénix, c'est nous…Compléta Fred.

- Enfin c'est eux, plus précisément, soupira Neville en se laissant tomber sur un pouf. Nous, on a pas le droit de participer aux missions…

- Aux missions ? S'étonna Harry en s'asseyant sur le lit de Ron entre Hermione et Ginie.

- Oui, intervint Ron, les grands organisent des missions pour obtenir des infos sur Celui-Dont-On-Ne…

- Oh Ron, je t'en prie ne sois pas ridicule, s'énerva Hermione. Voldemort, et tu ne devrais pas hésiter à prononcer son nom ! Tu ne fais qu'entretenir la peur que tu éprouves et qu'il veut que tout le monde ressente à son égard si tu entres dans son jeu et que tu refuses de l'appeler…

- Oui je sais, je sais, fit Ron, agacé. Bon, je peux continuer maintenant ? ( Devant le silence d'Hermione, il poursuivit) : donc, comme je disais, ils essayent d'obtenir des infos sur lui et de recruter de nouveaux membres pour l'Ordre…Mais on peut pas te dire comment, vu qu'aucun d'entre nous n'a pu encore y participer.

- Et avec maman qui nous fait la chasse…Se plaignit Ginie.

Tous acquiescèrent d'un air abattu, ce qui fit sourire Harry. Puis il leur raconta ses deux premières semaines de vacances, en insistant bien sur le fait qu'il n'avait pratiquement rien eu à manger et que sa famille était partie trois jours au Canada sans lui.

- Quelle bande de…De…Commença Ron.

- Ils se sont sacrifiés pour lui, tout de même. Je pense qu'ils méritent, à défaut d'un peu d'affection, un peu de respect, intervint Hermione.

Une nouvelle dispute était sur le point de repartir lorsque Fred envoya un oreiller dans la figure de son frère jumeau, ce qui fit taire les autres :

- Et celui-là aussi il était mal visé ? S'indigna Fred avec fierté.

Pour toute réponse il reçut un coussin rouge déchiré dans le nez, ce qui se mua bientôt en une bataille d'oreiller géante.

Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrit : mais Mr Weasley n'eut pas le temps de dire quoique ce soit qu'il se reçut cinq oreillers dans la figure. Il repartit tel qu'il était venu en riant.

- Excusez-moi, j'aurai besoin de renfort…Maugrey, s'il vous plait ? Demanda-t-il du haut des escaliers en laissant ses yeux se balader sur la table et s'arrêter à un homme balafré et avec un troisième œil au niveau de son nez.

Tous le regardèrent d'un air incompris, mais Maugrey se leva tout de même.

- Que se passe-t-il ? Demanda-t-il une fois en haut.

- J'aurai besoin de la clef de Ginie…Mais j'ai rencontré quelques petites difficultés…Lui fit Mr Weasley en donnant un signe de tête en direction de la porte.

Maugrey y entra un grand coup…Et se réceptionna les dix coussins d'un coup, ce qui le fit tomber dans le couloir en refermant la porte : cette fois-ci tous s'étaient abrité derrière quelque chose. Ils éclatèrent d'un rire tonitruant, prêts à une nouvelle attaque…

De son côté, Maugrey apparut de nouveau près de Mr Weasley et prit un air des plus sérieux. Ses cheveux ébouriffés, et ses vêtements désapés en raison des oreillers lui donnaient l'air d'avoir affronté un dragon.

- Hagrid, je crois que je vais être obligé de vous demander votre aide. En tant normal, je me débrouillerai tout seul, mais là les choses sont un peu compliquées…

Quelques secondes plus tard, la même scène se reproduisit, provoquant un énorme brouhaha dû à la chute d'Hagrid. Tous se levèrent et montèrent les marches. Heureusement, Hagrid éclata de rire, prouvant ainsi qu'il n'avait rien.

- Je crois que personne ne va pouvoir entrer la dedans avant demain matin…Déclara-t-il en époussetant ses vêtements.

- Mais enfin c'est impossible, c'est Ginie qui a la clef de la cave…S'indigna Mrs Weasley en tapant du pied. Allons, poussez-vous, poussez-vous…

- Euh, Molly chérie, si j'étais toi, je…

- VOUS ALLEZ TOUS SORTIR DE LA ET ALLER VOUS COUCHEZ !!! Hurla Mrs Weasley en entrant brusquement dans la chambre.

Mais son intrusion n'eut pas plus d'effet que les deux précédentes. Remus l'aidait à se relever lorsqu'elle se débattit et cria :

- TRES BIEN VOUS VOULEZ RESTEZ LA ? ALORS RESTEZ-Y, MAIS DONNEZ-NOUS LA CLEF !!!

- JAMAIS !!! Répondirent en cœur les dix enfants avant d'éclater de rire.

Lupin se tourna alors vers les autres, le sourire aux lèvres :

- Sirius, je crois qu'il est grand temps de réaffirmer notre supériorité à l'égard de la jeunesse d'aujourd'hui…Fit-il en adressant un coup de tête vers la porte.

- Je m'occupe des Jumeaux, fit Hagrid.

- Et moi de Ginie et d'Hermione, affirma Mrs Weasley en retroussant les manches.

- J'assure Ron et Harry, compléta Sirius en expirant profondément.

- Tu t'occupes des plus terribles, je te préviens…Avertit Remus. Je pense que JE vais m'occuper de Ron.

- D'accord…Il reste Neville et Jordan.

- Ils se rendront, assura Mr Weasley avec gravité.

Dumbledore s'assit en riant, ravi d'assister à une telle scène, et pressé d'en connaître l'issue. Minerva McGonagall, elle, se contenta de jeter un petit coup d'œil désapprobateur vers la porte.

Tous s'adressèrent un sourire compatissant, puis ils ouvrirent la porte en grand, laissant dix oreillers frapper dans le vide.

- Il en manque trois…Déclara Hagrid.

- Les petits futés, il y en a qui ont gardé leurs armes…Répliqua Mr Weasley.

Puis ils s'engouffrèrent tous en même temps en poussant un cri de guerre : Mrs Weasley se rua sur Ginie qu'elle attrapa en première, Hagrid agrippa les jumeaux qui se débattirent autant qu'ils le pouvaient, chacun retourné sur une épaule du demi géant.

- Laissez-nous descendre !!!

Lupin attrapa Ron par la taille et le traîna vers la sortie, en prenant bien soin d'éviter les oreillers que lui lançait Harry.

- Sirius, ton filleul, c'est pour aujourd'hui ou pour demain ?! Pesta-t-il envers son meilleur ami.

- Attends un peu mon petit bonhomme…Annonça Sirius avant de s'élancer vers Harry qui roula sous le lit pour en ressortir de l'autre côté.

Tous avaient déjà rendu l'âme tandis que Jordan et Harry continuaient de se débattre comme des tigres :

- Vas-y Harry ! L'encouragea Jordan se sentant soulever par Hagrid, qui en était à sa troisième portée.

- Pas…De…Problème !!! Affirma Harry en riant : son parrain se rapprochait de plus en plus.

Il sauta sur le pouf qui le ralentit et lui fit perdre l'équilibre, puis Sirius l'attrapa par la cheville et le souleva complètement dans ses bras, tandis qu'il se débattait comme un serpent.

- C'est bon, j'ai le dernier ! S'exclama-t-il en riant.

Tous applaudirent de bon cœur.

- Vas donc le mettre au lit, il est dix heures passé ! Fit remarquer Mr Weasley en brandissant la clef.

- Tu vas aller au lit, filleul ? Se moqua Sirius.

- Ah non, certainement pas ! Rétorqua Harry en donnant des coups de pieds dans le vide.

Tout le monde éclata de rire, se dispersant progressivement.

- Oh mais si, tu vas y aller au lit, mon grand…Avertit Sirius en l'entraînant vers une chambre vide. Et on dit « oui, mon parrain adoré, à tes ordres ».

- TU PEUX TOUJOURS REVER MON PARRAIN ADORE !!! Rétorqua Harry en s'agrippant à une poignée de porte.

- Ah la la, les jeunes…Fit semblant de s'apitoyer Sirius en le tirant de toutes ses forces, et en le déposant enfin sur un grand lit.

- Allez, au lit maintenant !

- Mais Sirius, il n'est que dix heures ! S'indigna Harry.

- Ca, je ne veux pas le savoir, répondit Sirius en souriant. Quand tu auras dix huit ans, on en reparlera, mais pour le moment c'est le couvre-feu !

- De toute façon, je n'ai pas de pyjama. Je ne peux pas dormir sans …

- AU LIT !!! JE REVIENS DANS CINQ MINUTES !!!

- D'accord, d'accord !!!

Harry alla emprunter un pyjama à Ron, également sur le point de dormir, puis il s'engouffra sous sa couette, juste avant que Sirius ne revienne. Celui-ci alla s'asseoir juste à côté de son filleul :

- Prêt à passer une bonne nuit de sommeil, bonhomme ?

- Oui, d'attaque…Où est ta chambre à toi ?

- A l'étage d'en dessous, dernière porte au fond du couloir.

- Je pourrais venir t'embêter demain matin si je suis réveillé avant les autres ?

Sirius lui sourit et acquiesça :

- Cela va faire tout drôle de t'avoir ici, avec moi.

- Je te promets que je vais tout faire pour que tu puisses me supporter…Promit sincèrement Harry qui se voyait déjà lui amener son petit déjeuner au lit comme il devait parfois le faire avec les Dursley.

- Tu plaisantes ? Espéra Sirius. Reste tel que tu es et ce sera très bien !

Puis, sans trop réfléchir à ce qu'il faisait il se pencha sur Harry et l'embrassa sur le front :

- Bonne nuit, Harry…

- Bonne nuit, Sirius…

Puis il partit et éteignit la lumière. Les yeux de Harry s'embuèrent subitement. Cela faisait des années qu'il ne pleurait plus de tristesse, même lorsqu'il souffrait énormément. Néanmoins, c'était bien la première fois qu'il sentait venir des larmes de joie. Son cœur était loin d'être habitué à autant de chaleur…

Chapitre III : Pré-au-Lard

Le lendemain matin, lorsque Harry se réveilla, il se trouvait dans une grande pièce où siégeaient l'équivalent d'une centaine de bougies. La luminosité n'en demeurait pas moins mystérieuse que le reste de l'espace était relativement sombre. Autour de lui, tous assis en cercle sur des coussins rouge, il pouvait voir les frères Weasley, Neville, Hermione, Cho Chang, Angelina Johnson, Ernie McMillian, les frères Crivey… Tous le regardaient d'un air calme.

« Pour cette dernière réunion, je propose de faire au plus simple…Vous avez été extra, tous autant que vous êtes. Cette victoire, nous la devons a chacun d'entre nous, et il n'y a pas de meilleure récompense possible pour moi. »

- Harry ! S'exclama une voix aigue. HARRY !

- Quoi, queskiya, queskispasse ? Balbutia-t-il en ouvrant difficilement les yeux.

Devant lui, penchée à quelques centimètres de son visage se tenait Mrs Weasley, l'air anxieux.

- C'est la quatrième fois que je t'appelle, Harry ! Il est dix heures, il serait peut-être temps que tu te lèves !

Puis elle se redressa et partit en laissant la porte grande ouverte.

A cet instant, Harry réalisa que trois choses n'allaient pas : premièrement, jamais Mrs Weasley ne s'était montrée aussi brusque avec lui, deuxièmement, c'était bien la première fois qu'il se levait aussi tard – lui qui n'avait jamais réussi à dormir plus longtemps que huit heures – et dernièrement il venait de faire le rêve le plus étrange et le plus…Agréable de toute sa vie. La fierté. Sans savoir pourquoi, il ressentait une immense fierté. Ce n'était pas quelque chose de proprement personnel, pas vraiment… Mais c'était là, au creux de son cœur.

Il attrapa ses lunettes et se leva. Lorsqu'il mit les pieds en dehors de sa chambre, il faillit percuter Mr Weasley :

- Ah, euh, bonjour Harry, bien dormi ?

Puis, avant même qu'il ne lui réponde, Harry le vit disparaître dans les escaliers. Il se risqua donc à s'orienter vers l'étage inférieur, avec l'intention de stopper net la première personne qu'il croiserait pour lui demander, d'une ce qui se passait, et de deux où il pourrait se procurer des vêtements corrects car les siens étaient en lambeau.

Il cru apercevoir Neville, un peu plus loin, mais celui-ci se hâtait d'un pas vif en direction du rez-de-chaussée. Puis, au tournant du premier couloir, il tomba nez à nez avec Lupin qui lui sourit :

- Et bien ! Encore en pyjama à dix heures ? Tu n'es pas vraiment un matinal, Harry…

- En fait, ce n'est pas trop dans mes habitudes. Mais, euh… Je peux savoir ce qui se passe ici ? Demanda Harry avant que Remus ne se sauve à son tour.

- Voldemort vient de s'allier publiquement avec les Détraqueurs, lui révéla Lupin d'un ton badin, désormais Fudge est contraint d'avouer que le professeur Dumbledore avait vu juste. C'est une petite victoire pour l'Ordre !

Harry paru déconcerté. Puis son étonnement laissa place à la réjouissance :

- Mais alors maintenant, tout le monde va savoir qu'il est de retour, ils seront bien obligés de nous croire !

- Espérons-le, Harry. Bon, je file, il faut que je passe à la clinique vite fait.

- Vous n'auriez pas vu Ron ? L'interpella Harry juste avant qu'il ne s'éclipse.

- Dans la cuisine ! Lui cria Lupin.

La cuisine. Magnifique. Et où était-elle cette cuisine au juste… ? Vu la taille du manoir, elle pouvait bien être encore à deux kilomètres. Il décida d'aller au premier étage, dernière porte au fond du couloir à droite : Sirius.

Il frappa à la porte, mais personne ne répondit. Il l'ouvrit alors timidement et aperçut une vaste chambre principalement composée de blanc, avec un grand lit deux personnes et une armoire à glace. Un jean bleu traînait sur une chaise, ainsi qu'un plateau avec une tasse et quelques miettes. Personne. Il referma la porte et descendit au rez-de-chaussée, où il croisa Neville.

- Neville ! S'exclama-t-il. Est-ce que tu sais où est la cuisine ?

- Euh, ouais Harry, c'est là-bas tout au fond. Mais je te conseille d'attendre un peu avant d'y aller, parce que Mrs Weasley et ton parrain sont encore en train de se crier dessus.

- Sirius ? Demanda-t-il, incrédule.

- Ouais…

- Et Ron ?

- Il vient de finir son petit déjeuner, il est parti par là…Répondit-il en montrant la sortie du doigt.

Harry soupira : décidément, c'était un réveil en fanfare. Au risque de se faire jeter en l'espace de quelques secondes, il décida d'aller vers la cuisine. En effet, il entendit des explosions de voix dès qu'il se fût approché.

- IRRESPONSABLE…DANGEUREUX POUR L'ORDRE…

- FAIS CE QUE JE VEUX…

Soudain, il réalisa que Mrs Weasley devait être en train de reprocher à Sirius d'avoir communiqué des informations confidentielles dans la lettre de Harry.

- Ecoute, Molly, je suis désolé, ça te va ? Parvint-il à entendre lorsqu'il se fût suffisamment rapproché.

- Mais enfin Sirius, il ne s'agit pas de moi, il s'agit de l'Ordre ! Tu imagines si ta lettre…

- Etait tombée aux mains de Voldemort, oui je sais c'est la troisième fois que tu me le dis. Mais je te le répète, je suis resté très vague. J'ai dit que je vivais chez Remus, je n'ai apporté aucune autre précision.

- Oui, enfin ça c'est toi qui le dis ! Rouspéta Mrs Weasley.

Harry sentit sa colère l'envahir peu à peu : mais enfin qu'est-ce qui lui prenait de parler ainsi à Sirius ? Il méritait d'avantage de respect et de confiance !

Harry regrettait amèrement de s'être confié à Mrs Weasley, et il lui apparut que de toute manière, quoiqu'on lui dise, elle s'arrangeait toujours pour prendre la mouche…

- Et bien si tu ne me crois pas tu n'as qu'à demander à Harry ! S'exclama justement Sirius.

- Oui, bien sûr, sauf qu'il ne dira pas la vérité : il voudra te protéger !

Cette fois-ci, c'en était trop. Harry poussa la porte de la cuisine, les sourcils froncés :

- Et pourquoi est-ce que je serais obligé de mentir ? S'insurgea-t-il.

Sirius se tourna brusquement vers lui, surpris. Mrs Weasley sursauta en le voyant entrer ainsi.

- Sirius est le seul à ne pas m'avoir oublié pendant les vacances, inutile de le disputer comme s'il s'agissait d'un enfant qui avait désobéit. C'est vrai qu'il est resté très vague, il n'a donné aucun nom.

- Cela fait longtemps que tu nous écoutes ? Demanda Sirius très calmement en croisant les bras et en s'asseyant sur le rebord de la table.

- Non…Répondit Harry, déconcerté par une telle question.

Il venait sauver la mise à son parrain et voilà que celui-ci semblait sur le point de le disputer !

- Où est cette lettre, maintenant, Harry ? Poursuivit Sirius. Tu l'as toujours sur toi ?

Harry ne répondit pas tout de suite. Il traversa la pièce et se rendit devant le réfrigérateur.

- Non. Je venais juste de la recevoir quand Voldemort est arrivé. Je l'avais encore dans les mains quand Malfoy m'a attaqué.

Et paf : ainsi, non seulement il rappelait à son parrain qu'il ne lui avait toujours pas demandé ce qui s'était passé, et en plus il faisait paniquer son monde quelques secondes.

- Quoi ? Fit Mrs Weasley en se redressant d'un bond. Voldemort a la lettre ?

- Pourquoi tu ne nous l'as pas dit plus tôt ? S'énerva Sirius.

Tout compte fait, ce n'était pas une bonne stratégie du tout. Non seulement ils paniquaient, mais en plus ils le rendaient responsable du problème.

- Mais non, je l'ai brûlé. (Devant l'air incrédule de son parrain, il poursuivit) : j'ai brûlé la lettre juste avant que Malfoy n'appelle Voldemort. Elle venait juste de finir d'être consumée lorsqu'il est entré. Aucun risque.

- Hum…Grogna Sirius qui semblait ne pas le croire.

- Mais je te dis que c'est vrai ! Insista Harry en faisant chauffer du lait dans une casserole.

- Très bien, tu peux m'assurer que Voldemort ne risque pas de mettre la main sur cette lettre ?

- O-U-I, répondit Harry, agacé.

Un court silence s'installa, puis Mrs Weasley s'assit à côté de Harry.

- Excusez-moi, c'est de ma faute, j'agresse tout le monde ces temps-ci… (Elle se prit la tête dans les mains) C'est parce que j'ai toujours peur qu'il apprenne l'existence de l'Ordre…

Sirius se servit une tasse de café et vint poser une main sur l'épaule de Mrs Weasley :

- Mais non, tu as raison de t'inquiéter Molly. J'ai manqué de vigilance en envoyant cette lettre à Harry. Les choses auraient pu mal tourné. (Puis il se tourna vers son filleul et lui ébouriffa les cheveux) et toi tu as eu un très bon réflexe de la brûler.

Harry sourit légèrement et bu sa tasse. Sirius s'assit à ses côtés et lui coupa un morceau de pain, puis il poussa vers lui un pot de beurre et de la confiture :

- Il vaut mieux que tu manges bien ce matin, je ne sais pas si tu vas avoir le temps de revenir à midi.

- Ah ? Je vais où ? demanda Harry de nouveau à moitié agacé.

- Harry.

Son parrain avait tout juste prononcé son nom, mais il l'avait fait d'une telle manière que cela voulait plutôt dire : « Tu as fini de te plaindre, Harry. » Celui-ci baissa les yeux et soupira.

- Molly t'emmène à Pré-au-Lard, pour t'acheter des vêtements et de nouvelles affaires de sorcier.

- D'accord…Au fait, comment tu penses que Fudge va réagir face à l'union de Voldemort et des détraqueurs ? Demanda Harry à son parrain en se préparant une tartine.

Sirius et Mrs Weasley échangèrent un rapide coup d'œil.

- Eh bien, les nouvelles vont vite…Commenta celui-ci. Je ne sais pas trop, Harry. L'idéal serait qu'il reconnaisse publiquement qu'il avait tord, mais à mon avis il ne faut pas trop compter là-dessus.

- Mais pourquoi Voldemort a-t-il agit avec si peu de discrétion ? Il devait bien savoir que cela révèlerait sa présence…

Mrs Weasley se leva doucement.

- Ecoute, Harry chéri, il y a des choses que nous, les adultes, savons et qui ne te concernent pas.

- Mais…

- Elle a raison, Harry, intervint Sirius. Il y a des choses que tu peux savoir, et d'autres pas. La raison pour laquelle nous supposons qu'il ait cherché à révéler son retour en fait partie.

Harry se leva d'un bond de sa chaise et soupira bruyamment avant de tourner les talons.

- Reste-là ! Ordonna Sirius.

- Je n'ai plus faim, lâcha le garçon en sortant.

- Harry reviens !

Cette fois, le ton employé par son parrain était différent. Plus proche de la menace. Harry hésita une seconde, puis revint sur ses pas, le regard noir.

- Molly, tu peux nous laisser s'il te plait ? Demanda Sirius à Mrs Weasley.

Celle-ci acquiesça immédiatement et sortit en refermant la porte derrière elle.

- Veux-tu bien m'expliquer ce qui t'arrive, Harry ? Gronda Sirius en prenant une chaise et en s'asseyant à quelques centimètres de son filleul.

- Mais enfin, Sirius, j'en ai assez d'être mis à l'écart ! Protesta Harry en s'appuyant contre la porte. Tout le monde me traite comme si j'avais encore trois ans, même toi.

Sirius lui prit un poignet et l'attira vers lui.

- C'est ainsi pourtant, et il va bien falloir que tu t'y habitues bonhomme.

- Et bien, je ne vois pas pourquoi !

- Harry, quel âge as-tu ?

- Tu le sais bien.

- Oui, mais j'aimerais que tu en prennes conscience. Réponds moi.

- Seize ans dans trois jours.

- Et quel âge ont Fred et George Weasley ?

- Dix huit…

- En effet, ce qui fait deux ans de plus que toi, et pourtant, bien qu'ils soient légalement majeurs, eux non plus ne sont pas impliqués dans les affaires de l'Ordre, expliqua Sirius.

- Mais Sirius, comment peux-tu me comparer aux autres ! Il n'y a pas une différence frappante ? Je te donne un indice, regarde mon front !

Black s'apprêtait à reprendre la parole quand Harry l'interrompit :

- C'est toujours à moi que Voldemort s'en prend, et encore hier – ça n'a peut-être aucune importance pour toi – mais c'est moi qu'il a essayé de tuer ! M'avoir laissé pourrir dans ma famille moldue c'était blessant, mais me maintenir dans l'ignorance alors que je suis sûr que c'est encore moi qui vais trinquer la prochaine fois, c'est carrément dégueulasse !

Lorsqu'il vit le visage de Sirius, il comprit tout de suite qu'il avait dépassé les bornes.

- Alors écoute-moi bien Harry, primo je t'interdis de dire que ta mort aurait peu d'importance pour moi parce que tu sais très bien que c'est faux, deusio ta famille moldue est le seul endroit où tu aies jamais été en sécurité - et Dumbledore t'a déjà expliqué en quoi et pourquoi – tertio je te jure que la prochaine fois que tu me parles sur ce ton je t'en colle une ! S'emporta Sirius.

Harry arracha son poignet de la main de son parrain et ouvrit la porte un grand coup, pour partir. Il eut juste le temps de constater qu'une vingtaine de personnes étaient en train de les écouter, dont les Weasley, Lupin, et les professeurs de Poudlard – bref tous ceux censés être appelés d'urgence loin de la maison – que Sirius le rattrapa par la taille et claqua la porte.

- Je ne t'ai pas encore autorisé à t'éclipser !

- Tu n'es pas mon père, Sirius ! Rétorqua Harry, bien que ces paroles ne fassent qu'accroître sa propre douleur.

- Non, c'est exact, mais je suis ton parrain, ce qui signifie clairement que maintenant que Lily et James ne sont plus là pour t'élever, c'est à moi de le faire !

- Cela fait quinze ans que James et Lily ne sont plus là, et quinze ans que ma seule famille me persécute, et pendant ces quinze ans tu n'étais pas là !

- Peut-être mais maintenant je suis là, et il va falloir que tu fasses avec !

Harry soupira bruyamment une seconde fois puis alla se poster devant la fenêtre de la cuisine. Dans son dos, il sentit le regard de son parrain devenir de plus en plus intense.

Puis une larme commença à couler sur son visage. Il était content de s'être déplacé pour que Sirius ne puisse pas le voir ainsi.

Mais celui-ci s'avança doucement vers lui et posa une main sur son épaule, le tournant progressivement vers lui. Un combat intérieur fit rage dans le cœur de Harry pendant quelques secondes, histoire de savoir s'il allait se débattre et s'éloigner ou se laisser câliner par son parrain. Mais lorsque celui-ci commença à lui caresser les cheveux, il se retourna et se glissa dans ses bras.

- C'est bon, c'est fini, fit Sirius en le serrant fort contre lui.

- Pardon, murmura Harry si bas qu'il était difficile de savoir s'il s'agissait d'une parole ou d'un sanglot.

- Ce n'est pas grave, mon grand, lui répondit son parrain en l'embrassant sur les cheveux.

Je sais que tu as mal.

Harry sentit alors toute la colère qu'il éprouvait contre Voldemort et toute sa tristesse face à la mort de ses parents et de Cédric Diggory faire une remontée en force. Il pleura aussi fort qu'il sentait les bras de son parrain le blottir et le cajoler.

Puis au bout de quelques minutes, il essuya ses yeux et prit une expression un peu honteuse.

- Excuse-moi…

- Je te l'ai dit : ce n'est pas grave. Je préfère que ça finisse comme ça, lui répondit Sirius avec une infinie douceur.

Harry releva la tête et lui adressa un petit sourire. Dès cet instant, il comprit que Sirius serait le père qu'il n'avait jamais eu, et qu'il était prêt à l'accepter. Une vague d'affection pour son parrain le traversa, si bien qu'il resta ainsi dans ses bras de longues minutes avant de se décider à sortir enfin. Sirius ouvrit la porte le premier, foudroyant du regard les vingt curieux qui se tenaient devant la cuisine et qui se dispersèrent en l'espace de quelques secondes. Puis il posa une main dans le dos de son filleul et le dirigea vers les escaliers, tout deux se déplaçant d'un même pas.

- Ron va te prêter des vêtements pour la journée, tu le lui rendras ce soir…Déclara Sirius en entrant dans la chambre de celui-ci. Il m'a dit qu'il avait laissé les vêtements en question sur sa chaise…Ah voilà.

Black prit délicatement un jean marron et une chemise beige posée sur le dossier et les tendit à son filleul.

- Le salle de bain est au bout du couloir.

Harry regarda les vêtements que Ron avait prévu de lui prêter et eut un pincement au cœur.

- Que se passe-t-il ? Lui demanda Sirius.

- Rien, rien, assura Harry. (Puis en voyant son parrain froncer les sourcils il caressa la chemise) : ce sont les plus beaux vêtements qu'il possède, c'est tout. Cela me fait de la peine de lui emprunter sachant que moi-même je vais aller m'en acheter… J'aurai envie de lui en offrir à lui aussi. Des vrais, comme il aimerait en avoir.

A son grand étonnement, Sirius lui sourit et posa une main sur son épaule :

- C'est très généreux à toi, Harry. Mais tu dois garder précieusement l'argent que James et Lily t'ont légué. Tu le sais, n'est-ce pas ?

- Oui, affirma Harry en soupirant. Et puis de toute façon, il n'en voudrait jamais…

- Je le pense aussi. C'est pareil avec Arthur : il préfèrerait se priver de nourriture lui-même pendant un an plutôt que d'accepter qu'on lui vienne financièrement en aide, à lui et à sa famille.

- Hum, hum, acquiesça Harry en se dirigeant vers la salle de bain.

Il en sortit un quart d'heure plus tard, douché, séché, habillé…Et pressé d'aller à Pré-au-Lard.

Mrs Weasley vint le trouver une demi heure plus tard, tandis qu'il commençait une partie d'échecs avec Ron.

- Harry, mon chéri, tu es prêt ? Demanda-t-elle.

- Oui, répondit celui-ci en se levant.

- On peut venir ? Demanda Ron, tandis qu'Hermione les regardait avec hésitation.

- Oui bien sûr ! Fit Harry en souriant, bien qu'il fût intérieurement gêné d'aller acheter autant de choses sous les yeux de son meilleur ami.

Mais Ron et Hermione lui sourirent, ce qui fit s'envoler toutes ses appréhensions.

Pré-au-Lard était un village uniquement composé de sorciers : on y trouvait une multitude d'objets magiques, aussi était-il extrêmement difficile de ne pas se laisser séduire par les baies vitrées.

Ils se rendirent tout d'abord à la banque Gringotts où ils retirèrent une assez grande quantité de Gallions, puis se dirigèrent ensuite vers une boutique d'accessoires sorciers pour acheter un nouveau chaudron, une nouvelle robe et les nouveaux ustensiles de base : quant aux fournitures scolaires, ils attendraient la liste envoyée par les professeurs fin août.

- Je vais jeter un coup d'œil dans la boutique qui fait le coin de la rue, expliqua Mrs Weasley en pointant une baie vitrée totalement recouverte d'une peinture noire foncée. Attendez-moi ici, je n'en ai pas pour longtemps.

- C'est quoi ? Un point de rendez-vous pour l'Ordre ? Demanda Ron, curieux.

- Ca ne te regarde, pas, répliqua sa mère. Je reviens dans cinq minutes…

Puis elle s'en alla.

- Pff, fit Ron dégoûté. J'en ai assez de ne pas savoir ce qui se concocte…

- Moi, aussi, répondit Harry d'un air rêveur.

- Oui, on a entendu ça ce matin, commenta Hermione avec un sourire.

Harry lui rendit son sourire, gêné.

- Je me suis un peu emporté, ce matin, expliqua Harry. Mais aussi, quelle idée d'écouter aux portes, reprit-il d'un ton légèrement accusateur.

- Oh tu sais, personnellement je vous entendais depuis le jardin, donc ça ne changeait pas grand-chose, fit Ron en s'étirant. En attendant, comment tu leur as dit leurs quatre vérités !

- Franchement, commenta Hermione en fusillant Ron du regard, je n'ai pas trouvé que c'était une attitude particulièrement digne de louanges.

- Je n'ai jamais prétendu le contraire, rétorqua Harry.

Un bref silence s'installa, puis ils marchèrent lentement, sans direction précise.

- Ce que je voulais dire, reprit Ron en passant une main dans ses cheveux, c'est que ça ne leur fait pas de mal d'entendre ce qu'on pense tous. Après tout, on est plus des bébés…

- D'accord, répondit Hermione. Mais si tu avais des enfants, et que tu savais que Voldemort était de retour, tu t'inquièterais aussi pour eux, et tu ferais tout pour les protéger et les tenir à l'écart du danger.

- Mais enfin, Hermione, s'emporta Ron, il y a deux genres de sorciers, tu me suis ? Ceux qui se planquent au moindre danger, et ceux qui l'affrontent la tête haute. On fait partie de la dernière catégorie.

- Attendez ! S'écria Harry en s'arrêtant net.

- Quoi ? Demandèrent en chœur Hermione et Ron.

- Là-bas ! Fit Harry en désignant une silhouette encapuchonnée. On aurait dit Pettigrow !

Ron fit un pas en avant et fixa la personne en question.

- Petit, carré, courbé…Ca pourrait correspondre…Tu as vu son visage ?

- Je sens que c'est lui ! Se contenta de répondre Harry, buté.

Hermione se posta devant eux, les bras écartés tels un barrage.

- Attendez une minute, on ne peut pas y aller comme ça !

- Hermione…S'énerva Ron. Si tu veux rester en arrière, ne te prives pas : personne ne te force.

- Je ne parlais pas de ça, abruti, je te parlais d'un plan. Hors de question de le laisser s'échapper une fois de plus, il faut le coincer. Mais si on se jette sur lui maintenant, ce sera facile pour lui de s'enfuir, d'autant plus que tout le monde nous prendra pour des fous si on révèle son identité.

- Et pourquoi ça ? Rétorqua Ron qui ne quittait pas l'étranger du regard. Ils ont bien cru au retour de Voldemort par la force des choses, ils croiront bien à son retour a lui.

- Sauf que Voldemort est un meurtrier connu, et que Pettigrow est innocent aux yeux du monde. Une vraie victime du serial killer Sirius Black, vous vous rappelez ?

Harry et Ron acquiescèrent douloureusement.

- Alors quoi ? Fit Harry. On le laisse partir ?

- Pas tout à fait…Répondit Hermione avec un sourire farouche. On va le filer, le stupefixer à la première occasion, l'emmener à la banque car c'est le seul endroit où il y a des barreaux, puis on le menace de l'envoyer à Azkaban s'il ne fait pas d'aveux…

- Et une fois qu'il a tout avoué aux gobelins, il va quand même à Azkaban, triompha Ron en serrant son poing droit.

- Il n'est pas si bête, fit Harry. Il se doute bien qu'il y ira quand même. J'ai peur qu'il ne nous dise rien, et que tout nous retombe dessus…

- Harry…Fit Hermione en levant les yeux au ciel. Tu n'as jamais entendu parler de la sauvagerie des gobelins quand il s'agit d'obtenir la vérité ? Si tout se déroule selon nos plans, Azkaban sera une délivrance pour ce pauvre Queudver…

Elle se retourna vers la silhouette en question et fit un signe de tête en direction d'un mur. Tout trois se précipitèrent derrière et attendirent que Pettigrow bouge. Soudain, une voix stridente se fit entendre :

- Ron ? Harry ? Hermione ? Hurla Mrs Weasley, une voix transperçant son inquiétude. RON ?

HARRY ? HERMIONE ?

Pettigrow se tourna vivement vers elle et rabattit un peu plus sa capuche en accélérant le pas vers la sortie de Pré-au-Lard.

- Oh non c'est pas vrai, je l'avais oublié celle-là…Chuchota Ron en faisant la grimace. Laisse tomber, si on s'est pas fait calculer, c'est qu'il est vraiment stupide.

- Il est stupide, répondirent Harry et Hermione d'une même voix.

- Et bien c'est parfait alors…Fit Ron d'une voix faussement ravie. C'est parti !

Ils s'élancèrent à la poursuite de Pettigrow. Celui-ci se retourna plusieurs fois, mais il ne sembla pas remarquer Harry, Ron, et Hermione.

- C'est trop facile…Murmura Hermione en nommant ce à quoi Ron et Harry pensaient tout bas. J'ai peur qu'on ne soit en train de tomber dans un piège gros comme une maison.

- Il sort, ça y est…Commenta Ron. Qu'est-ce qu'on fait, on prend le risque ? Harry, est-ce que ta cicatrice te fait mal ?

- Non, répondit Harry les sourcils froncés. Mais je ne réagis pas aux Mangemorts.

- Donc tu penses qu'ils sont là et qu'ils nous attendent ? S'inquiéta Hermione.

- Tu l'as dit toi-même c'est trop facile…

Puis il se redressa.

- Mais je ne veux pas vous entraîner dans un piège. Je vais y aller seul.

- Quoi ? Firent en chœur Ron et Hermione, indignés.

- C'est un piège, c'est certain. Mais c'est le seul moyen de faire bouger les choses : la première piste depuis deux mois…je ne veux pas la laisser s'envoler.

Chapitre IV : Le réveil de Fudge

- On vient avec toi, Harry ! S'insurgea Hermione. De toute façon, tu as besoin de nous. Et puis je ne me vois pas affronter la mère de Ron maintenant : « OÙ ETIEZ VOUS PASSE ?! CELA FAIT UNE HEURE QUE JE VOUS CHERCHE, JE VOUS AVAIS DIT DE M'ATTENDRE SAGEMENT !! QUOI ? COMMENT CA VOUS AVEZ LAISSE HARRY SEUL AVEC UN ASSASSIN ?! »

Ron et Harry sourirent jusqu'aux oreilles :

- C'est vrai que ça donnerait à peu près ça, remarqua Ron.

Puis, sans ajouter un mot, ils continuèrent de filer Pettigrow, jusqu'à ce qu'ils se retrouvent tous les trois dans la forêt.

Soudain, Queudver s'immobilisa et jeta des regards furtifs autour de lui, puis il ôta sa capuche, laissant apparaître un visage disgracieux, dont un nez crochu et des dents proéminentes. Ron fit une grimace de dégoût en observant celui qu'il considérait jadis comme son animal de compagnie :

- Quand je pense que je passais mon temps à le câliner quand il était dans mes poches…Murmura-t-il en passant une main sur ses yeux et en secouant frénétiquement la tête.

- Ce n'est pas le moment de se remémorer les bons souvenirs, Ron, le taquina Hermione. Harry sourit devant l'expression exaspérée de son meilleur ami, puis retrouva toute sa gravité :

- Sortons nos baguettes, il va y avoir du mouvement…

- Ta cicatrice te fait mal ? S'inquiéta immédiatement Ron.

- Non. Mais il y a quelqu'un là-bas…Précisa-t-il en pointant le menton vers un bosquet sombre.

Queudver s'avança vers une silhouette encapuchonnée dont il était difficile de voir les contours.

- On est trop loin, on n'arrive pas à entendre ce qu'ils disent ! Pesta Ron.

- Oh la la, je n'aime pas ça, Harry. Je n'aime pas ça du tout…Trembla Hermione.

- Moi, je trouve que la situation s'améliore…Fit Ron d'un ton presque enjoué. On est peut-être sur le point de mourir, mais on est pas tombé dans un piège : il s'agit d'un rendez-vous.

- Hum, se contenta de répondre Harry. Il faut se rapprocher…

- Et se séparer, ajouta Hermione.

- Quoi ? S'inquiéta Ron en prenant inconsciemment une voix aigue.

- Elle a raison, répondit Harry dans la seconde. Dispersés, nous sommes plus forts.

- Eh mais non, c'est pas vrai ça, tu connais pas le proverbe « l'union fait la force » ? Gémit Ron.

- Ron ! S'énerva Hermione. Il y a un temps pour l'union, et un temps pour la séparation. Si l'un d'entre nous se fait prendre, les autres pourront toujours l'aider. Si on se fait prendre tous ensemble, c'est fichu.

Ron la regarda avec une moue peu convaincue.

- Tu sais, Ron, reprit Hermione d'un ton volontairement hautain, il y a deux catégories de sorciers. Ceux qui…

- Ca va, ça va, la coupa Ron en levant les yeux au ciel. J'ai compris : on fait partie de la deuxième catégorie.

Harry s'avança alors vers un arbre au tronc extrêmement large puis sauta le plus silencieusement possible derrière. Il fit un signe de tête à Hermione pour qu'elle parte de l'autre côté, ce qu'elle fit immédiatement. Tous les trois commençaient à se rapprocher des deux hommes lorsque un cri grave et puissant retentit. Ils s'immobilisèrent et échangèrent des regards paniqués.

- Lâchez-moi ! Vous entendez ? Je vous ordonne de me lâcher ! Je vous enverrai tous à Azkaban !

Dans la pénombre des fourrés, Harry ne reconnut pas immédiatement la personne qui avançait, traînée par deux autres. Mais sa voix ne lui était pas inconnue. Il regarda Hermione qui lui faisait des grands signes de la main. Puis elle mima un nom avec ses lèvres, qu'Harry mit près d'une minute avant de comprendre. Soudain, il se raidit et arbora une expression déconfite, puis retourna à son observation.

Cornélius Fudge. Elle avait raison.

- Comment osez-vous, misérables ? Tonna le ministre de la magie en donnant de violents coups de cannes dans le vide. Vous irez tous en prison pour un tel affront !

Des éclats de rire. Puis un des hommes ôta à son tour sa capuche, se révélant être en réalité une femme. Bellatrix Lestrange. Lorsque Ron, Hermione et Harry la reconnurent, ils sentirent leur colère et leur amertume les envahir, et eurent une pensée sincère pour Neville Londubat, dont les parents avaient perdu la tête à cause de cette femme.

Aucun des trois adolescents ne reconnut en revanche le deuxième Mangemort. Nouvelle recrue ?

Soudain, l'homme qui semblait converser avec Pettigrow une minute auparavant s'avança vers le ministre en riant. Puis il ôta sa capuche, laissant apparaître le visage de Lucius Malfoy.

- Vous ! S'écria Fudge. Lucius ?

- Et oui mon cher Cornélius, quelle étonnante découverte, n'est-ce pas ?

- Non ! J'avais confiance en vous ! Répliqua Fudge d'un ton haineux.

Harry échangea un regard avec Ron et brandit sa baguette. Celui-ci déglutit douloureusement puis acquiesça, brandissant la sienne à son tour. Puis ils se tournèrent vers Hermione qui, au grand étonnement de Harry et au soulagement de Ron, leur fit un « NON ! » de la tête. Ron rentra immédiatement sa baguette, mais Harry fonça les sourcils et interrogea son amie du regard. Celle-ci désigna Pettigrow d'un signe de tête et abattit doucement sa main vers le bas en signe de patience.

Attendre ? Pensa Harry. Et quoi au juste ?

Mais Hermione étant à vingt mètres de lui, inutile d'espérer obtenir de réponse. Il rangea à son tour sa baguette en soupirant. Espérons qu'ils ne commettent pas d'erreur.

- Mon cher Cornélius, vous êtes un grand homme, chantonna alors Malfoy.

Puis il éclata de rire et reprit d'un air des plus sérieux :

- Nous sommes à l'aube d'une ère nouvelle, Cornélius. Le temps des Moldus est révolu, celui des sorciers à son apogée, vous ne pouvez le nier. Nous autres, sorciers au sang pur, nous devons de préserver notre suprématie sur ce monde, et pour cela il n'y a qu'un seul homme capable de nous mener à la victoire. Vous savez bien sûr de qui je veux parler…Ajouta-t-il en interrogeant Fudge du regard pour s'assurer qu'il était bien compris.

- Celui-Dont-On-ne-doit-pas-prononcer-le-nom a toujours servi ses desseins personnels ! S'emporta le Ministre. Et ce n'est même pas un sang pur, au passage !

Mauvaise réponse, pensa Harry. En effet, Malfoy blêmit et pointa sa baguette sur Fudge, mais c'est Lestrange qui lança un sort la première.

- NE PARLEZ PLUS JAMAIS DE NOTRE MAITRE AINSI !!! Hurla-t-elle d'un ton particulièrement hystérique.

Fudge se tordait de douleur sur le sol, à en pousser des cris d'une rare violence.

- Allons ça suffit ! Tonna Malfoy. Sparadam mortician !

Fudge cessa de hurler et se contenta de gémir, tandis qu'il se relevait péniblement. Hermione et Harry échangèrent un regard étonnamment ravi. « Sparadam mortician » ! Le sortilège du Doloris n'avaient jamais, à leur connaissance, eut de contre sort. Voilà une nouvelle plutôt réjouissante… Ron, lui paraissait pétrifié, a raison, par la scène qui s'offrait à sa vue.

- Continuons, fit Malfoy en s'accroupissant pour être à la hauteur de Fudge. Vous devez vous allier à nous, Cornélius. Cessez de jouer au héros suicidaire et rangez vous du côté des plus forts…

- Vous…Déraisonnez…Malfoy, répondit Fudge en tentant de reprendre son souffle entre chaque mot.

Malfoy s'empara alors de sa canne à tête de serpent et gifla violemment Fudge au visage.

- Allons, ressaisissez-vous Fudge. C'est la puissance et la victoire que je vous offre ! L'immortalité !

Hermione leva les yeux au ciel, comme si le simple fait d'entendre de telles paroles la rendait malade.

- Queudver ! Cria Malfoy en se redressant progressivement, son regard dédaigneux toujours rivé sur le ministre. Tu as ce que je t'ai demandé ?

- Oui, Seigneur Malfoy, balbutia Pettigrow en se tordant nerveusement les poignets.

Il plongea sa main dans un pan de sa robe sale et grisonnante et en sortit un parchemin enroulé sur lui-même.

- Lis-le ! Ordonna Malfoy sans bouger d'un millimètre.

- « Nous, responsables de la banque Gringotts, nous engageons à mettre nos fonds à disposition du Seigneur Noir dès que celui-ci en aura fait la demande. A faire valoir ce que de droit, et conformément à l'article quatorze de la constitution financière des sorciers, nous affirmons ainsi nous délier de l'autorité suprême du Ministère et nous mettre au service de Celui-Qui-Saura-Nous-Protéger-De-La-Mort-Et-De-La-Décadence. »

Hermione, Ron et Harry échangèrent un regard inquiet.

Heureusement que le plan n'a pas marché comme prévu, pensa Harry, sinon les gobelins nous en auraient fait baver. C'était de là qu'il venait : la banque…

- Et bien, Cornélius ? Vos impressions ?

- A…Allez au diable Malfoy ! S'écria Fudge, toujours essoufflé.

Malfoy se baissa soudainement et empoigna les cheveux de Fudge, lui arrachant une nouvelle plainte.

- Je ne vous le répèterais pas, Fudge, abruti ! Unissez-vous à nous, ou vous mourrez !

- Tuons-le ! Hurla Bellatrix Lestrange, les yeux exorbités par la démence. Il ne cèdera pas, TUONS LE, NOUS PERDONS NOTRE TEMPS !!

Elle s'avança d'un pas saccadé et pointa sa baguette sur la gorge de Fudge. Malfoy recula vivement et regarda Lestrange d'un air inquiet et prudent.

- Oui, certainement, lâcha-t-il. Tuons-le.

Hermione brandit alors sa baguette, Ron et Harry firent de même. Elle sortit brusquement de sa cachette et hurla le sortilège du Doloris à Lestrange, sentant que la haine qu'elle éprouvait pour elle lui permettrait de le rendre efficace. Bellatrix parut déconcertée une seconde, puis roula sur le côté en criant de douleur.

- STUPEFIX !!! Cria Ron sur Malfoy et Pettigrow.

- Expelliarmus ! Se déchaîna Harry sur le dernier Mangemort.

Il l'avait prononcé avec une telle force qu'au lieu d'être simplement désarmé, celui-ci alla faire un vol plané de quatre mètres et percuta un tronc.

Puis, avant même que quiconque ne fasse quoique ce soit, Hermione se plaça juste devant Lestrange, en train de reprendre conscience de sa situation :

- WINGARDIUM LEVIOSA !!

Lestrange se souleva soudainement dans les airs et fût projetée sur le corps inerte du Mangemort étalé au pied de l'arbre. Puis, tous se tournèrent vers Malfoy et crièrent une nouvelle fois le même sort. Les trois Mangemorts se retrouvèrent l'un dessous l'autre, inconscients.

Ron pointa sa baguette sur Pettigrow, mais Harry l'arrêta d'un geste.

- Non ! Pas lui. On l'emmène !

Entre temps, Hermione s'était agenouillée auprès de Fudge et avait passé un bras sous son épaule.

- Essayez de vous relever, Monsieur le ministre, murmura-t-elle avec douceur.

Celui-ci la regarda, encore en état de choc, et se remit difficilement sur ses jambes.

- Que…Comment…

- Nous vous expliquerons tout plus tard, pour le moment il faut très vite partir ! Ron, aide-moi, Harry surveille-les !

- Je m'occupe de Queudver, je ne peux pas tout faire, répondit Harry avec brusquerie en attrapant le col de chemise de Pettigrow. Comme on se retrouve, traître…

Bien que dans l'incapacité de parler, Pettigrow roula des yeux effrayés.

- Wingardium Leviosa, murmura Harry en le faisant léviter à quelques centimètres du sol.

Il jeta un bref coup d'œil derrière lui et vit Malfoy bouger.

- Ils se réveillent, il faut courir ! Prévint-il.

Tous se mirent à trottiner autant qu'ils le pouvaient, Ron et Hermione encombrés par le poids de Fudge, Harry par celui de Pettigrow. Puis, après une éternité, ils arrivèrent à l'entrée de Pré-au-Lard.

- Où on va, qu'est-ce qu'on fait ? Paniqua Ron en massant son épaule endolorie par la corpulence de Fudge.

- A la tête de Sanglier, murmura Fudge, nous y serons en sécurité. J'ai de nombreux partisans, là-bas…

Tant bien que mal, ils se dirigèrent vers l'auberge en question, que Ron, Hermione et Harry connaissaient bien car c'était là qu'ils se rendaient à chaque sortie.

Lorsqu'ils entrèrent, une multitude de cris étouffés se firent entendre.

- Cornélius ! Se précipita la patronne, une femme aux cheveux frisés. Par la barbe de Merlin, que vous est-il arrivé ?

- Je, j'ai glissé…Mentit Fudge avec un petit sourire gêné, conscient que tout le monde le fixait et tentant de tenir debout sans l'aide de Ron ou Hermione. Montons, si vous voulez bien…

Harry et Pettigrow entrèrent à leur tour, Queudver poussant de petits gémissements apeurés.

Une fois au premier étage, la patronne ferma la porte derrière eux.

- M…Merci, fit Fudge à Ron et Hermione une fois qu'ils l'eurent aidé à s'asseoir sur un canapé.

- Oh, Cornélius, je vous en prie, expliquez-moi…Trembla la femme en lui servant une tasse de thé.

- Et bien, je … Je travaillais au Ministère lorsque j'ai reçu un hibou important du responsable de Ste Mangouste. Je commençais à y aller, lorsque je me suis fait attaquer par deux Mangemorts…

La patronne poussa un cri horrifié et mit une main sur sa bouche, en une gestuelle un peu trop théâtrale au goût d'Hermione.

- Oh ce n'est pas tout, ce n'est pas tout, l'interrompit Fudge en épongeant son front à l'aide d'un mouchoir de poche. Ils m'ont emmené dans la forêt, où Lucius Malfoy m'attendait.

- Mr Malfoy ? Répéta la patronne, incrédule et inquiète à la fois.

- Et oui, comme je vous le dis…Et il a essayé de me tuer, à l'aide de Lestrange pour que je me rallie à Vous-Savez-Qui.

La patronne se courba en tâtant sa chaise, comme si elle craignait de s'asseoir à côté tant la nouvelle paraissait la choquer.

- Au mon Dieu, Cornélius…Murmura-t-elle en plaquant une main sur son front et en relevant une de ses boucles.

- Il m'a lu un parchemin selon lequel Gringotts donnerait foi au comportement de Vous-Savez-Qui. Vous vous rendez compte ?

La patronne acquiesça douloureusement, sa main désormais sur sa joue droite.

- Quelle horreur…

- Je ne vous le fais pas dire !

Puis – enfin – il se tourna vers Harry. Celui-ci se raidit, prêt à entendre les paroles et les accusations les plus insupportables, comme Fudge savait très bien les prononcer à son égard.

- Harry Potter, je vous dois une fière chandelle, à vous et à vos amis, déclara-t-il d'un ton officiel.

Harry sentit ses épaules se relâcher sous le coup du soulagement.

- Peut-être désirez-vous quelque chose ? Demanda alors la patronne en se tournant vers les trois adolescents qu'elle avait superbement ignorés jusqu'à présent.

- Euh…Moi je veux bien un peu de thé aussi, fit Ron d'un ton hésitant.

- Oui bien sûr, et vous mademoiselle ?

- Du thé c'est très bien, acquiesça Hermione avec un sourire.

- Mr Potter ? Demanda la patronne tandis qu'elle sortait trois nouvelles tasses.

- La même chose, s'il vous plait…

Cornélius Fudge se leva péniblement et alla s'asseoir en face de Harry. Puis il se courba, posant ses coudes sur ses genoux et croisant les doigts.

- Maintenant mon garçon, explique moi un peu ton histoire. Que faisiez-vous dans la forêt tous les trois, et qui est cet homme que nous avons traîné ici ? Fit-il en jetant un rapide coup d'oeil à Pettigrow.

Harry prit une profonde inspiration et lui raconta toute l'histoire de Peter Pettigrow, en insistant bien sur le fait qu'il avait trahi ses parents et rendu Sirius coupable de ses crimes. La patronne amena leur tasse à Ron et Hermione, puis était en train de servir celle de Harry lorsque celui-ci prononça le nom de Voldemort. Ron plissa le nez en buvant une gorgée, la patronne sursauta et renversa du thé à côté de la tasse et Fudge déglutit difficilement, parcouru d'un frisson. Seuls Harry et Hermione firent comme si de rien n'était.

- Mais alors, vous voulez dire que…Sirius Black est innocent ? Vous êtes sûr de cela, mon garçon ?

- Absolument certain, Monsieur le Ministre répondit Hermione à la place de Harry.

- Oui, nous en sommes sûrs, acquiesça Ron en posant sa tasse vide sur la table basse.

- Oui, assura Harry. C'est pour cela que lorsque j'ai aperçu Pettigrow dans la foule, je l'ai suivi : mon parrain est obligé de se cacher pour un crime qu'il n'a pas commis, et c'est pourquoi seuls ses aveux peuvent innocenter Sirius.

Fudge se leva et fit trois pas en direction de la fenêtre, en gardant le silence. Il passa une main sur son visage las et ridé puis inspira bruyamment.

- Les aveux de Pettigrow seront un plus, mais ils ne seront pas essentiels, lâcha-t-il en se retournant et en s'adossant à la fenêtre. Mon témoignage suffira à la cour.

Harry et Hermione échangèrent un très large sourire.

- Je l'ai vu de mes yeux agir sous le compte des Mangemorts, et cela me convint pleinement de la véracité de vos accusations.

- Youpi ! S'exclama Ron en brandissant un poing dans le ciel, ce qui fit sursauter les quatre autres. Mais alors, ça y est, Sirius est libre ?

Fudge sourit discrètement et but sa dernière gorgée de thé.

- Je vais ordonner aux Détraqueurs de cesser immédiatement leurs recherches. Puis je demanderai à la gazette du Sorcier de rédiger un article sur cette histoire. Votre témoignage, bien sûr, leur sera indispensable, ajouta-t-il à l'adresse de Harry en levant les sourcils.

Tous les trois acquiescèrent joyeusement.

- Cependant, j'aurai une faveur à vous demander…Fit Fudge d'un air grave.

- Oui ?

- Cela va peut-être vous paraître stupide, mais…Pourriez-vous m'accompagner jusqu'au Ministère ?

Harry et Ron s'efforcèrent de cacher leur déception : ils étaient tellement pressés d'apprendre à Sirius qu'il était en fin innocenté !

- Bien sûr, Monsieur le Ministre, répondit Hermione en se levant. Cela fait maintenant plusieurs mois que nous tentons de combattre Voldemort (un nouveau frisson) et ses Mangemorts, nous serons à même de vous mettre en garde si nous en rencontrons au Ministère. Et puis, vous pouvez compter sur nous.

- Je le sais bien, mademoiselle Granger, répondit Fudge en souriant, ravi de ne pas paraître trop ridicule. C'est justement pour cela que je vous demande pareil service !

Tous se levèrent au même instant et se dirigèrent vers la porte.

- Oh Cornélius ! Vous ne voulez pas demander à un ou plusieurs Aurors de venir assurer votre protection ?

- Ma chère, je crois que je suis à une passe de ma vie où je ne peux plus faire confiance qu'à ceux qui s'en sont montrés dignes, répondit Fudge d'un air désolé. Ces jeunes gens en font partie.

Hermione et Ron sourirent sous le compliment. Seul Harry fronçait les sourcils.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Murmura Hermione en se penchant vers lui.

- La maman de Ron doit être morte d'inquiétude, elle a dû aller prévenir les autres de l'Ordre.

Ron et Hermione se figèrent.

- Tu as raison, fit-elle en grimaçant. Cela ne sert à rien de les faire paniquer…

Ron passa une main dans ses cheveux et les ébouriffa en gonflant ses joues :

- Euh, moi, personnellement, je trouve que ce n'est pas si mal…Ca évitera la crise de nerf si on débarque en leur disant que tout va super bien…

Hermione leva les yeux au ciel.

- Ron ! En ce moment, ta mère doit être en train de pleurer de tout ton soul, et tout le monde doit intérieurement lui reprocher son manque d'attention ! Il faut également que je te décrive Sirius, Lupin et ton père s'entretuer pour agir à notre secours ?

- Non, non, pas la peine, s'agaça Ron. C'est bon !

Hermione se tourna alors vers Fudge, qui les observait d'un air inquiet.

- Monsieur le Ministre, pourrions-nous, par hasard, disposer d'un hibou pour prévenir nos familles que nous sommes en sécurité ? Ils doivent beaucoup s'inquiéter…

- Euh, oui, bien sûr, mais, euh…Etes-vous sûre d'être « en sécurité », Mademoiselle ?

Hermione ne sembla pas comprendre l'insinuation de Fudge.

- Il a raison, affirma alors Harry en ouvrant la porte, autant ne les prévenir que lorsque nous serons arrivés au Ministère.

Hermione acquiesça alors, les joues légèrement empourprées. Oui, c'était, en effet, plus…Logique.

Ils sortirent donc, Pettigrow toujours stupéfixé et en lévitation aux côtés de Harry qui lui lançaient de sombres regards. Une calèche arriva devant la porte du café dès que Fudge fit un signe de la main.

- Le Ministère, je vous prie, ordonna-t-il une fois que Ron, Hermione et Harry se furent installés à leur tour.

- Oui, Monsieur le Ministre. Désirez-vous que nous suivions une route particulière ?

- Par la ville, répondit Hermione à la place de Fudge. Plus nous serons entourés de monde, plus nous aurons de chances d'arriver saint et sauf…

Celui-ci acquiesça, peu rassuré, et la calèche partit d'un bon trot.

- Qu'allons-nous faire de Pettigrow, Monsieur le Ministre ? Demanda Hermione alors qu'ils arrivaient presque.

- Le Ministère dispose d'une salle de retenue qui fera parfaitement l'affaire, rassurez-vous, jeune fille, répondit Fudge avec un sourire décontracté : le fait de se savoir près du Ministère devait le rassurer.

Il passa le reste du trajet à plaisanter et à lancer des regards enjoués autour de lui. Puis la calèche s'arrêta juste devant une grande porte qu'aucun moldu ne semblait voir.

- Merci, fit Fudge en donnant une bourse au conducteur.

Puis il donna un coup de canne à la porte qui s'ouvrit instantanément. Tous les quatre entrèrent dans la somptueuse salle qui s'offrait à leur vue. Jamais encore ils n'étaient entrés de ce côté-ci…

Une dizaine de sorciers se précipitèrent sur Fudge, si bien que ni Harry, ni Hermione, ni Ron ne purent s'approcher de lui à moins de six mètres pendant plusieurs minutes. Fudge ne cessait de faire le récit de son « enlèvement », et de la bravoure avec laquelle il avait « résisté à la proposition scandaleuse de Malfoy ».

A cet instant, Harry sentit son estomac se retourner. Quelque chose n'allait pas. Il fronça les sourcils et serra les poings.

- Que…Commença Ron.

- Harry ? S'inquiéta Hermione.

Celui-ci lui jeta un regard noir puis baissa à nouveau les yeux.

- Qu'est-ce que ? Qu'est-ce qu'on t'a fait, Harry ? Demanda Ron d'une voix tremblante en reculant d'un pas.

- Rien…Lui répondit Harry en passant une main sur sa cicatrice. Rien du tout, pourquoi ?

- Tu plaisantes… ? Fit Ron, une grimace apeurée sur son visage. T'as vu comment tu nous a regardé, on aurait dit qu'on venait d'essayer de te tuer… ?

Harry réfléchit un instant aux paroles de son meilleur ami, puis se tourna vers Hermione, qui affichait la même expression paniquée. Soudain, il sentit ses propres traits se décontracter, et ses mains se desserrer.

- Ce n'est pas moi…Lâcha-t-il dans un murmure à peine audible.

- Qu…Quoi ? Fit Hermione, les sourcils froncés.

- C'est Voldemort, expliqua Harry. Il était très, très en colère.

Hermione et Ron prirent alors une expression étonnée.

- Comment… ?

- Je l'ai senti, coupa Harry en plaquant une mèche de cheveux sur sa cicatrice. Malfoy et Lestrange ont subi leur châtiment. Le Seigneur noir ne tolère pas l'échec…

Hermione et Ron n'aurait pas paru plus déconcertés si Harry venait de leur annoncer qu'il était enceint. Voyant qu'ils ne saisissaient pas trop ce qu'il leur avait dit, il abattit une main de haut en bas :

- Laissez tomber ! Leur fit-il avec un petit rire moqueur.

Tout deux sourirent à leur tour, soulagés de retrouver Harry tel qu'il était d'habitude.

C'est alors que Fudge se manifesta de nouveau :

- Le voilà ! S'exclama-t-il en pointant Harry du doigt.

Trois journalistes se précipitèrent sur lui et lui serrèrent la main d'un air enjoué, bousculant Ron et Hermione au passage.

- Mr Potter ! S'écria l'un des reporters.

Fudge passa alors derrière Harry et posa une main sur son épaule, avec un large sourire :

- Mon sauveur ! Annonça-t-il pendant qu'ils se faisaient tout deux mitrailler de photos. Comme je vous l'ai dit, je ne m'en serais jamais sorti sans le soutien de Mr Potter.

- Oh, voyons, Monsieur le Ministre, ne soyez pas si modeste, fit une femme richement vêtue avec un sourire séducteur…

Bientôt, une cinquantaine de sorciers les entourait. Harry lança un regard gêné à Ron et Hermione, qui se moquèrent de lui en cirant leurs ongles d'un revers sur leurs T-shirt.

- Mr Potter, accepteriez-vous de nous accorder un instant ? Demanda l'un des journalistes. Je désirerais écrire un article sur vos prouesses. (Puis il se tourna vers Fudge, son appareil photo pendant autour de son cou) et sur cette étonnante histoire à propos de Sirius Black !

Tous acquiescèrent, avide d'entendre son récit.

- Euh, et bien, oui, oui volontiers, balbutia Harry.

- Parfait ! S'exclama le reporter. Mr le Ministre, pourrions-nous disposer d'une salle pour la rédaction ?

- Mais bien sûr, venez donc dans mon bureau… (Il fit un signe de main agressif à deux sorciers sombrement vêtus, sans doute des Aurors) Vous ! Amenez Pettigrow avec nous !

Harry se tourna vers Ron et Hermione :

- Ca risque de prendre du temps…Les prévint-il.

- Je reste avec toi, assura Ron.

Hermione les regarda tour à tour puis expira brusquement :

- Bon, moi, je rentre chez lupin. Je vais tout expliquer aux autres.

Ron sourit :

- Excellente idée ! Tu nous enverras ta tête une fois que ma mère t'aura décapité !

- Ha, ha, ha, très drôle…Répondit Hermione d'un ton sarcastique. De toute façon, il faut bien que quelqu'un se sacrifie.

Harry s'apprêtait à dire quelque chose, lorsqu'un bras rigide se posa sur son épaule.

- Mr Potter, veuillez nous suivre, je vous en prie ! S'exclama l'un des reporters. Je ne pourrais plus vivre une minute de plus sans savoir ce qui s'est passé…

Hermione leva les yeux au ciel et haussa les épaules d'un air blasé. Ron se détourna légèrement pour masquer un rire moqueur.

- Bon, j'y vais, à plus tard…Fit Hermione en leur faisant un signe de la main.

Harry et Ron lui rendirent son salut et suivirent les journalistes jusqu'au dernier étage, dans le bureau spacieux et cossu de Fudge. Ron alla discrètement s'installer près de Pettigrow, qu'il fixait avec un regard assassin, tandis que Harry s'assit derrière le bureau de Fudge et commença son récit.

Les journalistes le prirent en photo et écrirent tout ce qu'il disait, lui posant moult questions quant à l'identité des Mangemorts, et prenant bien soin de noter les interventions de Fudge, qui passait son temps à donner foi aux accusations de Harry.

Chapitre V : comme père et fils

La nuit était déjà tombée depuis longtemps lorsque Hermione arriva devant la maison de Lupin : un train l'avait déposée à l'entrée du village, et elle avait fini le chemin à pied. Elle était habituée à s'y rendre de cette façon, car c'est ainsi qu'elle faisait depuis le début des vacances. Elle donna le mot de passe du jour, « wistiti », et poussa la porte tout doucement. Elle arriva ensuite sur la seconde porte et se raidit en entendant des voix de l'autre côté. Elle cru reconnaître celle de Mr Weasley, mais était incapable de comprendre ce qu'il disait. C'était déjà bon signe : elle avait redouté que personne ne soit là quand elle arriverait…

Elle prit alors son courage à deux mains et baissa la poignée de la porte.

Les voix se turent. Elle passa sa tête par l'ouverture et vit Sirius, Mr Weasley, son épouse et leurs enfants, Remus Lupin et Dumbledore – leurs regards concentrés sur la porte. Elle sourit et entra.

- Hermione ! S'exclama Mrs Weasley dans un cri qui ressemblait d'avantage à un sanglot.

Tous se levèrent d'un bond et se précipitèrent sur elle, mais ce fût Sirius le plus rapide : il la saisit par les bras et s'accroupi à sa hauteur.

- Hermione, que s'est-il passé, où est Harry ? Demanda-t-il d'une voix folle d'inquiétude.

- Tout va très bien, rassurez-vous, tout va très bien. Harry et Ron sont au Ministère, ils reviendront…Euh…Plus tard.

Lupin referma la porte derrière elle :

- Explique-nous tout ce qui s'est passé depuis votre départ de la maison, ordonna-t-il en la poussant délicatement vers un fauteuil.

Mrs Weasley fondit en larmes et la serra dans ses bras en balbutiant qu'elle s'en voulait atrocement de les avoir laissé seuls.

- Non, ne pleurez pas, Mrs Weasley, tout est de notre faute, à Harry, Ron et moi. C'est nous qui avons pris de très gros risques. Mais tout va bien, fit Hermione en posant une main sur l'épaule de Mrs Weasley.

- Je crois que nous devrions laisser Mrs Granger fournir des explications, intervint Dumbledore en s'asseyant à son tour aux côtés d'Hermione.

- Euh, oui, euh, merci…Répondit Hermione, les joues roses.

Tous s'assirent en cercle autour d'elle, les visages crispés.

- Euh…Alors voilà. Pendant que Mrs Weasley était dans sa boutique, on était en train de parler avec Ron, lorsque Harry a vu quelqu'un se cacher. On lui a demandé ce qu'il lui arrivait, parce qu'il était vraiment très nerveux, et il nous a dit qu'il était sûr que c'était Pettigrow. Alors…

Elle s'interrompit en voyant Lupin se donner une claque désespérée sur le font et murmurer « c'est pas vrai… ». Elle observa alors Sirius, mais celui-ci ne laissait échapper aucune émotion de son visage. Il se contentait de la fixer, les sourcils légèrement plissés.

- Continues, lui fit-il d'une voix grave et douce.

- Alors on a décidé de le suivre…

Mr Weasley donna un coup de poing sur la table, ce qui fit sursauter Fred et George.

- Non mais c'est pas vrai ! Rugit-il à son tour, avec plus d'agressivité que Lupin. Mais enfin, c'est insensé, ça, Hermione ! Qu'est-ce qui vous est passé par la tête !?

Hermione baissa les yeux et se racla la gorge.

- Euh. Vous savez, dans la série des actes irresponsables et risqués, celui-la est en dernière position donc je crois que vous devriez vous calmer parce que sinon vous n'allez pas survivre à la fin du récit…Murmura-t-elle avec une grimace fataliste.

Mr Weasley roula des yeux ronds.

- Ah ?

- Hum…Acquiesça-t-elle. Euh…Je peux continuer ?

- Oui, répondirent-ils tous en cœur.

- Donc on a décidé de le suivre, juste pour s'assurer que c'était bien lui : si on en avait été sûrs, on lui serait tombés dessus et on l'aurait emmener à la banque. C'était notre plan, à l'origine. (Puis elle regarda le bout de ses chaussures d'un air apeuré et ajouta, plus pour elle-même) : d'ailleurs heureusement que rien n'a fonctionné comme on le voulait sinon…Enfin, bref. Puis on a entendu Mrs Weasley nous appeler, mais Pettigrow l'a entendu aussi, et là on l'a reconnu. Il s'est mis à sprinter et on en a baver pour lui courir après sans qu'il s'en aperçoive. Heureusement qu'il est stupide, parce qu'avec n'importe qui d'autre on se serait tout de suite fait remarquer….

- Vous… Commença Mrs Weasley. Vous m'avez entendu, et…Vous n'êtes pas revenus ?

Le ton de sa voix brisa le cœur d'Hermione.

- En fait, Harry voulait qu'on aille vous retrouver, avec Ron. Il disait que c'était un piège, qu'il en était particulièrement convaincu, mais qu'il allait tout de même y aller. Par contre il ne voulait pas que, nous, on le suive. Alors bien sûr, on a refusé : comme si on était du genre à le laisser aller se faire tuer tout seul…

Cette dernière phrase fit sourire Bill qui se passa une main sur les yeux en secouant frénétiquement la tête.

- On l'a suivi jusqu'à la sortie de Pré-au-Lard, puis dans la forêt. Et là-bas, on a vu qu'il y avait Malfoy. Ils ont parlé un moment, mais on n'entendait pas ce qu'ils disaient. Alors…On a décidé de se rapprocher.

Mrs Weasley pesta, et son mari fusilla Hermione du regard.

- Et on s'est séparés. Puis Cornélius Fudge est arrivé.

Avant même qu'elle ne précise quoique ce soit, Dumbledore retira ses lunettes, surpris. Les Weasley échangèrent un regard paniqué :

- Lui ? Murmura Molly. Je ne l'aurais jamais cru…

- Non, non, trancha Hermione. Laissez-moi finir. Il était avec deux Mangemorts, Bellatrix Lestrange et un autre qu'on ne connaît pas, un nouveau sans doute. Ils l'avaient amené là de force.

Tous soupirèrent de soulagement. Hermione se retint de lever les yeux au ciel, pour la énième fois de la journée : les choses n'allaient pas assez vite à son goût… Elle décida de précipiter les faits.

- Ils ont – quand je dis ils je veux parler de Malfoy – tenté de faire ployer Fudge pour qu'il se lie à Voldemort (Un frisson parcourut les Weasley), mais celui-ci a refusé. Et là, accrochez-vous, Pettigrow a lu un document à Fudge démontrant que Gringotts s'était uni à Voldemort !

Mais personne ne réagit, hormis une nouvelle série de grimace suite au nom du Seigneur Noir.

- Vous entendez ? Demanda Hermione.

Soudain elle comprit :

- Vous étiez déjà au courant ? S'indigna-t-elle.

- Depuis un mois environ, répondit Lupin. Continue, Hermione.

La jeune fille le foudroya du regard, rancunière. Ils étaient au courant et ils ne lui avaient même pas dit…

- Et puis Lestrange s'est énervée et a voulu tuer Fudge, alors on est intervenu à ce moment-là, avec les garçons, se força-t-elle à poursuivre.

- Vous vous êtes attaqué à quatre Mangemorts, dont deux des plus puissants, à vous tout seuls ? Fit Charlie d'un ton admiratif. Je vous savais timbrés, mais pas à ce point-là…

- Si tu savais, sourit Hermione en hochant la tête. D'ailleurs, je suppose que vous étiez déjà au courant, mais il existe un contre-sort au sortilège du Doloris.

Tous écarquillèrent les yeux, ce qui fit rayonner Hermione.

- C'est « Sparadam Mortician » : on a vu Malfoy l'utiliser pour Fudge.

- Sparadam…Commença à répéter Fred.

- Continues, firent Lupin et Sirius en chœur.

- Bref, ils ont été tellement surpris de nous voir débarquer qu'il sont pas eu le temps de faire quoique ce soit : je me suis occupée de Lestrange, Harry de Queudver, et Ron de Malfoy et l'autre…

- Ron de Malfoy ? Fit Bill, incrédule. Et il est encore en vie ?

Mrs Weasley fusilla son fils du regard.

- Oui, répondit Hermione. Mais pour Malfoy, c'est moins sûr. Enfin, ça, ça vient à la fin…

Ensuite, on a emmené Fudge et on a stupéfixé Queudver. On est allé à la tête de sanglier, puis au Ministère : Fudge nous a dit qu'il voulait qu'on l'accompagne, il était terrorisé. Puis Harry lui a tout raconté pour l'histoire de Sirius et Pettigrow, et comme Fudge avait vu en personne Pettigrow servir les Mangemorts, il nous a cru. Ensuite on est arrivé au Ministère, et il a raconté à tout le monde ce qui s'était passé, y compris comment Harry Potter l'avait sauvé des griffes des Mangemorts, et tout et tout…Puis il a proposé à Harry de parler à la gazette du sorcier de l'affaire en question, et quand je suis partie il allait se faire interviewer avec Fudge et Ron. Ah oui, il y a autre chose que j'ai oublié de vous dire. C'est un truc…Bizarre.

- Oui ? Fit Lupin avec une infinie patience.

- C'est à propos d'Harry. On a pas très bien compris avec Ron, donc je pense qu'il vous l'expliquera lui-même mieux que moi, mais…Quand on était au Ministère, pendant que Fudge se faisait photographier sous toutes les coutures, Harry a eu…Enfin il est devenu très différent, vraiment violent. Il nous a regardé comme si on venait de le trahir : il était furieux, haineux même. On lui a demandé ce qui se passait, pourquoi il nous en voulait, et il s'est calmé soudainement. Il a dit « ce n'est pas moi ». Il nous a dit que Voldemort venait de faire subir leur châtiment à Malfoy et Lestrange parce qu'il n'acceptait pas l'échec. Et puis il a frotté sa cicatrice, et tout est redevenu normal. Et puis…

- Et puis tu as hérité de la tâche de venir fournir les explications, compléta Lupin en souriant pour détendre l'atmosphère crispée qu'avaient provoqué les dernières paroles de Hermione.

- Oui, c'est à peu près ça, répondit Hermione en rougissant.

- Incroyable ! Fit Mr Weasley en se redressant. Franchement, je…Je n'arrive pas à comprendre Hermione : tu es une fille censée, comment as-tu pu te laisser embarquer dans quelque chose de si…Risqué ? De si suicidaire ?

- Mr Weasley, fit Hermione avec le plus grand calme, ne le prenez pas mal, mais…On a vraiment vu pire avec Harry et Ron. Je crois que vous n'avez pas idée du nombre de fois où on a pu se retrouver face au danger, mais c'est comme ça. Et les choses ne changeront pas…

Je ne sais pas comment vous l'expliquer, mais ce qui est sûr, c'est que si c'était à refaire, aucun d'entre nous n'aurait d'hésitation. Ce n'est pas seulement un goût pour le risque : la mort de Cédric Diggory nous hante à chaque instant, seulement…C'est ainsi. Il y a un problème, on est là pour le résoudre point final. Jusqu'à présent ça a toujours marché.

- Mais un jour, cela ne marchera peut-être pas, Hermione, observa Lupin.

- Et à ce moment-là, il sera trop tard, affirma Sirius.

- Avec Harry et Ron, on a…Eu plus d'occasion de mourir que tous les élèves de Poudlard réunis, vous savez. Ce n'est pas ce qui nous a empêché de survivre, et de devenir plus forts. Cédric Diggory ne recherchait pas le danger, et pourtant il s'est fait tuer alors qu'il croyait être sur le point d'obtenir une simple récompense. Ce que Ron et moi pensons, c'est que personne n'est à l'abri du danger. Et Harry vaut la peine qu'on prenne des risques, ça ne fait aucun doute. Si un jour les choses tournent mal, parce qu'elles tourneront mal un jour c'est certain, au moins nous aurons agi tant que nous étions vivants. Désolée si je vous choque ou si je vous parait inconsciente, ou prétentieuse, ou je ne sais pas quoi, mais c'est ainsi.

Sirius se leva et alla se poster devant la fenêtre, les bras croisés.

- Mrs Granger, je crains qu'il ne s'agisse ni de prétention ni d'inconscience, mais ni plus ni moins de courage, déclara Dumbledore avec douceur en essuyant ses lunettes et en le remettant sur son nez.

Hermione retint un sourire de fierté.

- Néanmoins, reprit-il aussitôt, votre conduite a été très risquée. Inutile de vous préciser que si nous étions en période scolaire, au moins cinquante points auraient été retirés à Gryffondor…

Hermione fit une grimace et acquiesça sagement. Un long silence s'installa, défini par les pensées de chacun, puis Mrs Weasley se leva :

- Quoiqu'il en soit, je suis heureuse que vous n'ayez rien, déclara-t-elle. Mais tu dois être affamée, non ?

- Si, répondit Hermione en se levant à son tour.

Tous sourirent, puis discutèrent, tandis que Hermione dînait. Enfin, sur les coups de une heure du matin, tous allèrent se coucher.

Lorsque Ron et Harry poussèrent la porte de la maison, il n'était que quatre heures du matin et tout le monde dormaient encore, même Lupin, le plus matinal de tous.

Tout deux tenaient un exemplaire de La gazette du sorcier, édition spéciale, qu'ils brandissaient devant eux tels un bouclier face aux éventuels assaillants.

- Tu crois qu'ils dorment encore ? Fit Harry en se risquant à jeter un coup d'œil par-dessus son journal.

- Ouais, je pense, répondit Ron en baillant bruyamment. Et je sens que je vais aller faire de même…

Ils se dirigèrent vers les escaliers, puis Harry s'arrêta au premier étage.

- Tu fais quoi ? Demanda Ron, les yeux mi-clos.

- Euh…Je vais voir Sirius, balbutia Harry.

- Maintenant ?

Puis, voyant que sa question gênait Harry, il baissa sa main l'air de dire « laisse tomber » et lui dit « Bonne nuit » en montant jusqu'à sa propre chambre.

Harry se dirigea vers la dernière porte au fond du couloir et attendit une seconde. Peut-être que Ron avait raison, il était vraiment très tôt…Ou très tard, cela dépendait du point de vue où on se plaçait. Il leva une main, puis la rabaissa. Allait-il frapper ou pas ?

- Entre.

Harry sursauta. Quelqu'un avait parlé. Sirius ? Oui. C'était lui, c'était sa voix. Il poussa la porte, et vit son parrain, encore tout habillé, assis sur son lit. La fenêtre de sa chambre était ouverte et la lune éclairait son visage.

Harry referma la porte derrière lui, et fit trois pas en direction de Sirius, tendu. Qu'allait-il se passer ? Il tenait toujours un exemplaire de la gazette du sorcier qui allait paraître publiquement d'ici trois heures, mais il se demanda subitement si cela allait faire plaisir à son parrain, ou au contraire le plonger dans une colère noire.

- Hermione est là ? Demanda-t-il bien que ce ne fût pas ce qu'il avait envie de dire.

- Elle est arrivée hier soir et nous a tout expliqué, répondit Sirius à son grand soulagement.

Harry acquiesça, puis il observa ses chaussures. Le reste de la chambre était plongé dans l'obscurité la plus totale.

Puis Sirius se leva et tendit une main vers le journal que Harry tenait.

- Je peux ? Demanda-t-il.

Harry lui donna et alla s'asseoir à côté de lui. Sirius alluma une lampe de chevet et lu l'article où il était écrit noir sur blanc qu'il était innocent et qu'il allait être réhabilité.

Harry frissonna. Quelle idée de laisser la fenêtre ouverte, lui qui était en T-shirt…

- Tu as pris d'énormes risques, Harry, déclara alors Sirius en repliant le journal.

- Je sais, concéda le garçon.

- S'il t'était arrivé quelque chose, je ne me le serais jamais pardonné.

Harry acquiesça. Il savait tout ça. Sirius se leva de nouveau et regarda par la fenêtre. Harry avait remarqué qu'il faisait toujours cela quand il réfléchissait. Puis les minutes passèrent, longues… Silencieuses…Empruntes de doutes…

Et soudain, Harry s'endormit. Il était tellement fatigué… Il se laissa doucement chavirer contre le mur et ferma les yeux.

Lorsqu'il se réveilla, la chambre était inondée de lumière. La lumière du soleil. Ses chaussures traînaient sur le tapis, et ses lunettes avaient été posées sur la table de nuit de Sirius. Harry se redressa dans le lit et constata qu'il était sous les couvertures, bien au centre du matelas, tandis que son parrain dormait à côté de lui, sur l'extrême bout du lit et sans aucune couverture. A bien y réfléchir, il paraissait sur le point de tomber par terre…

Harry s'étira et se tordit le cou pour voir l'heure qu'il était sans réveiller Sirius : huit heures et demi. Il avait faim. Mais vraiment très, très faim. Son dernier repas datait d'à peu près vingt quatre heures, et son estomac poussait des gargouillis indignés.

Bon…Il fallait qu'il se lève. Mais comment faire sans réveiller Sirius ? Il essaya de se mettre a genoux, histoire de passer par-dessus lui, mais c'était peine perdue. Au bout de cinq minutes, il se laissa tomber sur les couvertures en soupirant. C'est alors qu'il remarqua que son parrain avait bougé. Et même qu'il avait sourit.

- Ca t'amuse de faire semblant de dormir !!!?? S'indigna Harry en attrapant un oreiller et en lui abattant sur la tête.

Cette fois-ci, Sirius laissa échapper un véritable éclat de rire, tout fier d'avoir fait marcher son filleul.

- Tiens, pour la peine ! S'exclama Harry en lui sautant sur le ventre.

Sirius poussa un cri de douleur étouffé et continua de rire tandis que Harry essayait désespérément de descendre du lit.

- Lâche-moi ! Fit-il d'une voix faussement rancunière. J'ai dit lâche…AAAHHHH, AU SECOURS!

Sirius venait de le chatouiller à la taille. Harry partit dans une série de fous rires incontrôlables… Puis la porte de la chambre s'ouvrit à la volée.

- QUE SE PASSE-T-IL ? Tonna Maugrey, sa baguette à la main. OÙ SONT-ILS ?

Sirius et Harry sursautèrent et échangèrent un regard surpris.

- Euh…Qui ça, Alastar ? Demanda Sirius, les cheveux au moins aussi en bataille que ceux de Harry.

- J'ai entendu quelqu'un appeler à l'aide…Expliqua Maugrey en fixant Harry d'un œil rancunier.

- Ah…Désolé, fit le garçon. Fausse alerte…

Puis il commença pouffer, retenant coûte que coûte un nouveau fou rire que Maugrey prendrait certainement très mal. Sirius lui lança un regard réprobateur qui signifiait clairement « non, attends qu'il soit parti, attends qu'il soit parti ! Il est susceptible, très susceptible… »

Fol Œil observa les contours de la chambre, puis il fixa de nouveau Harry, l'air soudainement beaucoup moins dur.

- Bon…Dans ce cas…Je ferais peut-être mieux de partir ? Bredouilla-t-il.

- Euh, oui, pourquoi pas ? Se moqua Harry.

Puis il sentit Sirius lui administrer un coup de pieds.

- Enfin, si vous voulez…Se rattrapa le garçon.

- Bien. Au revoir, répondit bêtement Maugrey en refermant la porte.

Harry laissa son envie de rire reprendre le dessus, mais ses éclats n'avaient encore rien de comparables à ceux de son parrain. Puis, une fois qu'ils se furent calmés tous les deux – chose difficile car il suffisait que l'un des deux imite le visage déconfit de Fol Œil pour que l'autre reparte dans un fou rire – ils sortirent du lit.

- Tu as faim bonhomme ? Demanda Sirius en roulant l'exemplaire de la gazette.

- Tu peux pas savoir ! Il est loin le petit déjeuner d'hier…Se plaignit Harry en enfilant ses chaussures.

- Mais tu aurais pris un délicieux dîner hier soir… Si tu n'avais pas joué aux héros, fit remarquer Sirius d'un ton badin.

- Oui, mais tu serais encore un dangereux criminel…Si je n'avais pas joué au héros, répondit Harry d'une voix similaire avec un petit sourire.

Son parrain le fixa un instant et posa sa main sur ses cheveux noirs en bataille.

- C'est vrai…

Puis, sans échanger de paroles supplémentaires, Sirius l'attira dans ses bras. Harry se laissa faire volontiers, ravi d'avoir enfin droit à des remerciements.

- J'ai vraiment beaucoup de chance de t'avoir, lâcha Sirius.

- Non. C'est moi, murmura Harry.

Sans se voir, tout deux sourirent. Puis ils se séparèrent et sortirent.

Lorsqu'ils arrivèrent en bas, tout le monde avait un visage rayonnant. Hermione se précipita sur Harry, encore en chemise de nuit :

- C'est fantastique Harry ! S'exclama-t-elle. Fudge a reconnut publiquement que Dumbledore avait raison !

Tous se tournèrent vers Sirius et Harry, dans l'attente de voir leur visage s'illuminer autant que les leur.

- Enfin ! S'exclama Sirius d'un ton triomphant.

- Oui, je sais, répondit Harry. J'étais là lorsqu'il l'a déclaré…

C'est alors que Ron descendit à son tour des escaliers en baillant.

- Tu parles d'un abrutit, celui-là ! Pesta-t-il en sautant les deux dernières marches. Attendre que le Ministère se fasse attaquer...

- Quoi ? Fit Sirius.

Lupin et Mr Weasley se rapprochèrent de Ron en fronçant les sourcils. Celui-ci se tourna vers Harry :

- Tu ne leur as pas dit ? S'étonna-t-il.

- Non. Je croyais que tu le ferais…

Ron se laissa tomber dans un fauteuil en se massant les tempes :

- Les Mangemorts ont débarqué cette nuit, avec des Trolls…

- DES TROLLS ? S'insurgèrent ses auditeurs d'une même voix.

- Oui, des Trolls. Et ils ont voulu s'emparer du Ministère une bonne fois pour toute. Fudge était tellement terrorisé qu'il nous collait partout où on allait. (Il prit une voix apeurée et ridicule) : « Oh Monsieur Potter, protégez-moi, je vous en prie, je vous paierai, je vous paierai… ».

Harry sourit et alla s'asseoir à ses côtés :

- C'est vrai, ça donnait à peu près ça !

- Alors on a assuré sa protection toute la nuit. De toute façon, on n'avait pas le choix, dès qu'un Mangemort arrivait, il se planquait derrière Harry. Alors on lui a expliqué qu'on pourrait pas lui sauver la mise éternellement, parce qu'on était un peu jeune pour lui servir indéfiniment d'escorte personnelle.

- Et on lui a parlé de Dumbledore…Précisa alors Harry en abattant ses mains sur les accoudoirs de son fauteuil.

- T'as vu comment il a sursauté, d'ailleurs ? Fit Ron d'un ton moqueur en regardant Harry.

- « Ah oui, j'avais oublié…Oui, Albus !!! » imita Harry avec dédain. Tu parles, il était peut-être temps !

- Heureusement, on avait des Aurors avec nous, puisque Pettigrow était sévèrement gardé. On a réussi à les repousser, mais ça s'est joué à très peu de choses près.

- Et le pire, c'est que Fudge ne veut pas parler de cette invasion. Il dit que cela risquerait « d'affoler la population »…S'indigna Harry. Il a reconnut publiquement que son comportement vis-à-vis de Dumbledore avait été scandaleux, et qu'il en prenait la pleine responsabilité, mais pas un mot sur ce qui l'a fait retourner sa veste !

- Et cela te surprend ? Fit gentiment Lupin.

Harry réfléchit à la question puis haussa les épaules :

- J'espérais qu'il se servirait de l'attaque pour appeler les sorciers à la résistance…Avoua Harry.

Ron et Hermione le regardèrent avec des yeux ronds, tandis que Sirius but une gorgée de café noir en souriant. Lupin, lui, soupira :

- Je vois que tu n'as pas encore tout à fait assimilé le comportement de notre très cher Ministre, Harry. Fudge n'appellera pas les sorciers à la résistance : il veut résoudre le tout en deux temps trois mouvements et sans l'aide de personne afin de prouver au monde qu'il est encore digne de la confiance qu'on lui a porté.

- Tu parles ! Rétorqua Mr Weasley en enfilant sa robe de sorcier. Un incapable, voilà ce qu'il est !

Un concert d'approbations se fit entendre :

- Bien dit ! S'exclama Tonks en fermant un poing.

- Un incapable et un lâche ! Renchérit Mrs Weasley en donnant un coup de spatule sur la table de la cuisine.

Harry les regarda en haussant les sourcils. Visiblement, il ne partageait pas leur opinion.

- De toute façon, moi j'ai toujours dit que c'est Dumbledore qui aurait dû être élu Ministre à sa place, tonna Maugrey. Qu'a-t-il fait de bien pour l'ordre des sorciers, à part nommer des incapables aux hautes responsabilités et créer des lois stupides sur la déclaration des loups-garous et des Animagus ?

Sirius acquiesça en souriant avec l'air d'un fin connaisseur, mais Lupin, vers qui tous les regards s'étaient tournés, fixait Harry.

- Tu n'es pas tout à fait d'accord, n'est-ce pas ? Demanda-t-il.

Harry se servit une tasse de chocolat et s'assit à côté de Ginie. Puis, voyant que tout le monde attendait une réponse, il murmura :

- Pas d'importance.

Sirius fronça les sourcils :

- Pourquoi ?

- Parce que je le connais moins bien que vous, depuis moins longtemps, expliqua Harry à voix basse et douce. J'ai une vision différente des choses, peut-être un peu erronée.

Maugrey le fixa de tous ses yeux et se pencha sur la table :

- Tu as oublié ce qu'il t'a fait subir ? Insista-t-il. En te faisant passer pour un menteur et un fou ?

- Non, bien sûr que non, assura Harry. Mais il a fait ça parce qu'il avait peur de voir son monde s'écrouler autour de lui. Je pense que c'est compréhensible.

- Compréhensible ? Répéta Fol Œil d'un air furieux. Ma parole, Harry…

- Laissons-le continuer, proposa Lupin.

Hermione se dirigea alors vers lui :

- Quoiqu'il en soit, moi je suis d'accord avec toi, fit-elle. C'est normal d'avoir paniqué. Et puis…Je n'oublierai jamais la façon dont il a résisté à Malfoy hier soir. Il était sur le point de mourir ! Pourtant il est resté fidèle à ses convictions, peu en auraient fait de même.

- Et puis j'ai des dettes envers lui…Déclara Harry. Des choses qu'il a fait pour moi, alors que je ne lui demandais rien.

- Si tu veux parler de ce qui s'est passé avec qui tu sais, où tu sais, alors là je t'arrêtes tout de suite : tu étais innocent ! Même Hagrid l'a dit !

- Hermione, même s'il me voyait tuer quelqu'un, Hagrid déclarerait que je suis innocent, rétorqua Harry en levant les yeux au ciel.

Mais Ron intervint :

- Eh ! De quoi vous parlez, là ? Je suis au courant ou pas ?

- Non, répondit Hermione.

- Et quand on a remonté le temps, continua Harry. Tu t'en souviens, n'est-ce pas ?

- Oui, bien sûr…Fit la jeune fille en baissant les yeux.

- Cela fait partie des choses interdites pour lesquelles nombre de sorciers se seraient fait enfermés à Azkaban : et pourtant il a tout comprit et n'a rien dit.

Lupin se redressa :

- Vous avez remonté le temps ?

Hermione but une gorgée de sa tasse en guise de réponse.

- Pour la bonne cause, assura Harry en se préparant une tartine.

- Ca alors ! S'exclama Remus d'un air fasciné. J'ai longtemps essayé et je n'y suis jamais parvenu. Comment… ?

- On a le droit de rien dire, coupa Hermione d'un ton sévère.

- Et, euh, c'est quoi cette histoire de tu sais qui avec tu sais où ? Interrompit Ron, curieux.

Sirius acquiesça :

- Oui, j'aimerais bien le savoir moi aussi, fit-il en lançant un regard en biais à Harry. Je sens que ça ne va pas me plaire.

- C'est certain, assura Harry avec un sourire moqueur. C'est pour ça que tu ne le sauras jamais.

Fred et George éclatèrent de rire, mais Mrs Weasley passa devant eux :

- Ce n'est pas quelque chose de grave, au moins ? S'inquiéta-t-elle.

- Non, répondit Hermione. Pas de grave. Mais de perturbant. Et pas la peine de nous mariner, on dira rien !

Chapitre VI : L'Occlumancie

Un magnifique hibou noir et beige se rua alors dans la maison, manquant de percuter Hermione qui se baissa juste à temps.

Tous se levèrent :

- Je ne le connais pas, celui-là ! Pesta Maugrey. D'où vient-il ?

Lupin tendit une main pour l'attraper, mais celui-ci alla se poser au sommet d'une armoire.

- Je crois que la lettre est pour Harry…Fit-il en se massant l'épaule droite.

Tous se tournèrent vers lui :

- Il est interdit de communiquer par hibou dans cette maison ! S'écria Maugrey en lançant à Harry un regard sauvage. C'est trop risqué !

- Mais je ne vois pas qui pourrait m'écrire ! Jura Harry en reculant devant l'air menaçant de Fol Œil. Vous êtes tous là !

- Peut-être Dumbledore ? Suggéra Ginie.

- Non, assura Lupin, ce n'est pas un de ses hiboux.

- Ah parce que vous connaissez tous les hiboux de Poudlard ? S'agaça Hermione.

Lupin la regarda patiemment et répondit :

- Dumbledore n'est pas à Poudlard. Et je connais, en effet, tous les hiboux qu'il utilise.

Hermione se sentit un peu stupide devant une telle réponse, mais le hibou en question mit fin à son malaise en allant se percher sur le dossier de chaise qui jouxtait celle d'Harry. Celui-ci prit la lettre et l'ouvrit.

- C'est qui ? Demanda Ron en s'approchant prudemment.

Harry ne répondit rien et lu la lettre d'un trait. Puis il releva la tête et rangea le courrier dans une de ses poches.

- Aucun risque, c'est une amie. (Il se tourna vers Sirius) : mais il faut que je parte très vite d'ici.

Son parrain écarquilla les yeux, Lupin se releva doucement, Hermione ouvrit grand la bouche, et tous s'avancèrent d'un pas.

-…Pour me rendre à Ste Mangouste, précisa Harry. Et, euh…Est-ce que tu pourrais venir avec moi ?

- Mais enfin, explique-moi, s'énerva Sirius. C'est qui, cette amie ?

- Un médecin qui s'occupe des blessures Moldues et magiques, et qui est inquiète pour moi.

- Le docteur Mcguiness ? Interrogea Mr Weasley avant que Sirius ne réponde quoique ce soit.

- Oui, c'est elle. Elle veut me voir, et je lui fais complètement confiance, assura Harry.

- Moi aussi, c'est une femme d'honneur, jura Mr Weasley. Si elle dit qu'elle veut te voir, il n'y a aucune hésitation à avoir !

- Je sais bien, répondit Harry. Sirius ? Tu ne veux pas ?

Black croisa les bras :

- Bien sûr que si, mais…

- Mais ?

- Mais je ne sais pas du tout qui c'est, cette femme, lâcha-t-il d'un ton brusque.

Mrs Weasley et Lupin approuvèrent la réponse d'un signe de tête.

- Et puis…Je ne sais pas…Tu es sûr que c'est prudent pour moi, de sortir ainsi ? Je pourrais l'effrayer, ton toubib. Cela fait à peine une heure que je ne suis plus un assassin

- Aucun risque, je te le garantie. Si tu arrives à lui faire peur, je jure de ne plus jamais prendre aucun risque de toute ma vie…

Sirius retrouva une mine joueuse :

- Vraiment ?

(Euh, Harry, tu prends des risques, là…Prévint Ron)

- Vraiment ! Déclara Harry. Alors ? Oui ou non ?

- Oui.

- Sirius ! Intervint Mrs Weasley en gémissant. Tu étais plus lucide il y a deux minutes ! Personne ne sait rien de cette femme !

- Mais si, je te dis, s'énerva son époux. D'ailleurs, je la verrai bien dans l'Ordre. Elle serait un atout précieux.

Lupin s'apprêtait à parler, mais Tonks fût plus rapide :

- Hep ! Pas de précipitation ! S'exclama-t-elle. D'abord, Harry reçoit une lettre ici, alors que personne n'est censé savoir où se trouve le repère, puis tout le monde déclare que c'est dangereux, et tout compte fait, non ! Et puis cinq minutes plus tard, voilà qu'il est question de la faire entrer dans l'Ordre…

- Tout à fait d'accord, fit Maugrey. Moi, avant même de la connaître, elle ne m'inspire pas confiance cette Mcguiness.

- Oh, vous, Alastar, de toute façon, personne ne vous inspire jamais confiance, rétorqua Mr Weasley avec agacement.

Harry et Sirius échangèrent un regard et sourirent, se remémorant parfaitement leur fou rire du matin.

- On y va ? Murmura Harry en lui attrapant le poignet.

- On y va…Acquiesça Sirius en attrapant un blouson de cuir.

Ils sortirent discrètement pendant que Mrs Weasley, son époux et Maugrey se disputaient. Lupin, lui, vit Sirius et Harry sortir et leur lança un regard peu rassuré. La réponse muette de Sirius lui fit penser à ses traditionnels « t'inquiètes ! ».

La porte se referma.

La clinique Ste Mangouste était une très large bâtisse à l'intérieur de laquelle co-opéraient guérisseurs et médecins afin de soigner les blessures magiques. Elle était répartie en de nombreux étages, en fonction de la raison pour laquelle on y venait.

Lorsqu'ils arrivèrent à la réception, Harry prit un numéro : ils étaient les huitièmes.

- Tu es sûr que ça va ? Demanda le garçon à son parrain.

Celui-ci ne cessait de regarder les gens qui l'entouraient d'un air suspect.

- Oui, oui, très bien, répondit Sirius d'un ton agacé.

- Si tu veux, on peut…Commença Harry.

- Je te dis que ça va, s'énerva Black en s'adossant à un mur.

- Je voulais juste te proposer d'attendre dehors…

Sirius lui lança un regard noir.

- C'est bon, je n'insiste pas, fit Harry en levant les mains d'un air pacifique.

Sirius passa une main dans ses cheveux et respira profondément. Ce soudain contact avec la foule le rendait nerveux. Il n'était plus habitué à côtoyer autant de monde, lui qui était resté enfermé pendant quatorze ans et caché pendant six mois.

- Le numéro sept, fit une voix de femme.

Une dame à très forte carrure bouscula Harry et alla se poster devant la réceptionniste :

- Il était temps ! S'écria-t-elle. Cela fait trois heures que j'attends !

- La clinique n'était pas encore ouverte il y a trois heures, madame, répondit calmement la jeune femme. En quoi puis-je vous aider ?

L'étrangère fourra une main couverte de bijoux dans son sac à main et en sortit un parchemin.

- J'ai rendez-vous avec le docteur Latouche, grogna-t-elle.

- Oui, la chirurgie esthétique est au deuxième étage. Au revoir. Numéro Huit.

La dame se retourna et bouscula à nouveau Harry en pestant. Sirius fit un pas vers elle, prête à la faire s'excuser, mais le garçon l'attrapa par le bras.

- Laisse, Sirius, fit-il d'un ton apaisant. Il faut qu'elle aille se refaire le visage – ces choses-là n'attendent pas, tu sais…

- Elle devrait aussi se faire refaire la cervelle pendant qu'elle y est, répliqua Black en la regardant s'éloigner avec dédain.

La réceptionniste, qui l'avait entendu, pouffa.

- Que puis-je faire pour vous ? Demanda-t-elle en fixant Sirius avec des yeux de biche.

- On aimerait voir le docteur Mcguiness, s'il vous plait, dit Harry en claquant des doigts pour qu'elle se résigne enfin à le regarder.

Ce qu'elle fit avec un sursaut.

- Oui, le docteur Mcguiness, oui, vous avez rendez-vous ?

- Ah…Non. Mais on a reçu un hibou de sa main ce matin, et ça avait l'air urgent…

- Ah, d'accord. C'est au dernier étage, dans ce cas. Dix-huitième porte à votre gauche.

Sirius leva les sourcils, surpris. Harry fit de même, mais la réceptionniste ne semblait pas s'en soucier, trop occupée à fixer Sirius.

- Bien, merci, fit Harry.

- Mais je vous en prie, répondit-elle avec un grand sourire sans détacher son regard de Sirius. Dès qu'ils se furent un peu éloignés, Harry lança un regard accusateur à son parrain.

- Quoi ? Fit Sirius d'un air innocent.

- Je la suspecte de nous avoir menti pour le numéro de la porte afin qu'on revienne à la réception, répondit-il en entrant dans l'ascenseur.

Sirius sourit et secoua la tête.

- Mais non… Affirma-t-il.

- Eh, mais dix huit c'est énorme comme nombre…Répliqua Harry.

- On verra bien.

La porte s'ouvrit enfin, laissant apparaître un long corridor rempli de portes…Sans numéro.

Sirius compta dans sa tête et en arriva à la conclusion qu'il s'agissait de la dernière porte.

- Elle aurait pu nous dire « dernière porte au fond du couloir à gauche », critiqua-t-il en frappant.

- Oui ? Fit une voix d'homme.

Sirius et Harry échangèrent un regard étonné. Se seraient-ils trompés dans leur décompte ?

La porte s'ouvrit alors.

- Et bien, entrez ! S'exclama un homme typé indou d'une quarantaine d'années.

- Euh, nous voulons voir le docteur Mcguiness, annonça Harry d'un ton hésitant.

- Oui, répliqua le même homme d'un air moqueur. Mais pour cela il faudrait que vous mettiez un pied dans ce bureau.

Ce qu'ils firent.

- Bien, je vais la prévenir…Murmura l'homme. Asseyez-vous, je vous en prie.

Harry se laissa tomber dans un large fauteuil en cuir marron qui s'enfonça sous son poids, décrochant ses pieds du sol, tandis que Sirius alla se poster devant la fenêtre.

- Ouf…Fit Harry en essayant de se redresser. Je crois qu'il va falloir que je perde du poids…

- Tu plaisantes, j'espère ? Répondit Sirius en faisant quelques pas dans la salle d'attente. Tu es déjà trop maigre.

- N'importe quoi, se vexa Harry.

- Si, insista Sirius. Ce qui n'est pas étonnant vu que tu ne manges rien.

- Ron n'est pas plus gros que moi… Bougonna Harry.

- Ron n'est pas un exemple, répliqua tranquillement Sirius.

Harry garda le silence quelques instants, tout en essayant de se sortir de son fauteuil sans paraître fournir trop d'efforts. Il venait juste d'y parvenir lorsque Talia entra dans la salle, l'homme qui les avait accueilli sur les talons.

- Bonjour, Harry, fit-elle en tendant une main vers le garçon.

- Bonjour, répondit-il, sans savoir s'il devait l'appeler Talia, Mrs Mcguiness ou docteur. Voici mon parrain, Sirius, fit-il en le désignant d'un signe de tête.

Talia s'avança vers lui et lui serra la main également.

- Enchantée, dit-elle avec automatisme.

Au grand étonnement de Harry, Sirius ne répondit rien.

- Bien, merci d'être venu si vite, Harry, commença-t-elle en s'asseyant derrière son bureau. Assieds-toi, je t'en prie.

Harry regarda le fauteuil dont il avait eu tant de mal à sortir d'un sale œil.

- Oh non, pas celui-ci, il est pour les gobelins, expliqua Talia en désignant le fauteuil que Harry fixait avec tant de méfiance. Non, prends la chaise.

Le garçon s'exécuta, bientôt suivi de Sirius.

- Voilà. Je te présente le professeur Hamman, il est spécialisé dans l'occlumancie. Est-ce que tu sais ce que c'est ?

- Absolument pas, répondit franchement Harry.

- L'occlumancie, expliqua brièvement Talia, est une branche de la magie assez complexe. C'est un art pratiqué le plus souvent par ceux qui ont des visions, ou symptôme du même genre.

- Ah ? Fit Harry, intéressé.

- Oui…J'ai analysé, pratique de routine, ton sang - celui que tu as versé à cause du sortilège du Doloris. Et j'en suis arrivée à la conclusion très rare que tu étais – ou que tu allais bientôt être - sujet aux visions.

-Vraiment ? Répondit Harry, incrédule.

- Oui. Je pense que je vais laisser le professeur Hamman poursuivre les explications à ma place, c'est plus son domaine que le mien.

- Merci, Talia, répondit Hamman en souriant. Il s'assit à son tour, juste à côté de Harry.

Peut-être le sais-tu déjà, mais il existe plusieurs sortes de visions, expliqua-t-il en prenant un air des plus sérieux. Il y a celles que l'on fait la nuit, et qui sont le plus souvent prémonitoires, celles que l'on a durant une séance de méditation par exemple et qui sont le reflet d'évènements se produisant au même instant à un autre endroit, et enfin – les plus rares, celles qui pourraient te concerner – celles qui assaillent une personne par les sentiments en plein éveil.

Sirius regarda furtivement son filleul. D'après le récit d'Hermione, il s'agirait de cette dernière catégorie. Mais Harry, lui, continuait d'afficher cette même expression surprise.

Talia se pencha vers Harry, ses yeux incroyablement bleus plongeant dans les prunelles vertes du garçon.

- Harry, il faut que tu saches que ces visions sont la conséquence d'une connexion entre deux êtres. Cela peut être entre des jumeaux…

- Je n'ai pas de jumeau, coupa Harry d'un ton ferme.

- Entre deux amants, poursuivit-elle, imperturbable.

- Non plus, assura Harry en balançant nerveusement ses pieds dans le vide.

- Ou entre deux êtres qui ont vécu un échange un peu brusque d'origine magique. Tu vois de qui je veux parler ?

- Non, mentit Harry.

- Je pensais à Voldemort, déclara Talia sans ciller.

Hamman sursauta ostensiblement en entendant ce nom, puis il la regarda comme si elle venait de prononcer une série d'injures toutes plus infâmes les unes que les autres.

- Et quel est le rapport avec moi, au juste ?

Talia le regarda un instant puis se leva.

- Professeur, voulez-vous bien aller me chercher mon carnet de visites, s'il vous plait ? Demanda-t-elle en se tournant vers Hamman qui acquiesça, surpris.

Dès qu'il fût parti, elle alla s'accroupir à la hauteur de Harry, n'accordant pas un seul regard à Sirius.

- Harry…Je ne veux pas te forcer à quoique ce soit, déclara-t-elle d'une voix douce et chaleureuse. Mais il faut que tu saches ceci : les visions que tu as pu avoir jusqu'à présent ne représentent aucun danger pour toi, car ton sang est de type réceptif, ce qui signifie en bref que Voldemort te communiquerait involontairement ses sentiments. Mais d'ici un mois, deux tout au plus, il sera capable de contrôler ce flux, voire l'inverser. Il est fort probable qu'à l'heure actuelle, il soit même capable de sentir ta présence.

Harry repensa immédiatement à l'acharnement avec lequel Voldemort l'avait cherché à Privet Drive, lorsqu'il affirmait à Malfoy que Harry était bien dans sa chambre. Puis de nouveau à sa vision lui témoignant que Lestrange et Malfoy avaient tout deux subi leur châtiment.

- Il faut que tu comprennes le risque que cela représente Harry : une fois qu'il contrôlera ce flux, tu ne seras plus jamais à l'abris. Et pire encore, il pourra voir ce que tu verras, et entendre ce qu'on te dira, où que tu sois.

Le garçon baissa les yeux une seconde, puis sans les relever, il ajouta :

- Et en quoi l'occlumancie interviendrait-elle ?

- Elle te permettrait de contrôler tes visions, soit à accéder aux sentiments de Voldemort lorsque tu as décidé, toi, de t'ouvrir à lui, et non pas l'inverse. Mais l'occlumancie est un art difficile à maîtriser, il te faudrait au moins quatre semaines intensives pour apprendre à l'utiliser, et c'est pour cela que j'ai tenu à t'avertir au plus tôt.

Harry ne répondit rien, toujours fasciné par le bout de ses chaussures. C'est alors que Sirius intervint :

- Merci de votre sollicitude, docteur, dit-il en se levant. Je pense que Harry devrait réfléchir à votre proposition avant de formuler une quelconque réponse.

Son filleul le regarda avec gratitude, ravi que quelqu'un ait enfin mis un terme à sa gêne. Talia se releva à son tour et retourna derrière son bureau, une expression de déception sur le visage.

- Je comprends, fit-elle avec douceur. Si vous avez besoin de moi pour quoique ce soit, n'hésitez pas…

Harry eut un sourire un peu coupable, puis Sirius posa sa main sur son épaule.

- Nous reviendrons vous voir pour vous communiquer notre décision, quelle qu'elle soit, assura-t-il en fixant Talia d'un regard pénétrant.

La jeune femme leva alors les yeux vers Sirius, comme si c'était la première fois qu'elle le remarquait véritablement. Elle semblait réconfortée par une telle démarche, ce qui la fit sourire.

Harry remarqua qu'elle était plus belle encore lorsqu'elle paraissait heureuse, et il comprit au regard de son parrain qu'il n'était pas le seul à le penser.

- Voilà docteur ! Intervint le professeur Hamman, un carnet à la main. (Puis, voyant que Harry et Sirius étaient debout, il prit un air déconfit) : Vous partez ? Déjà ?

- Harry a prit connaissance de notre proposition, et il va y réfléchir quelque temps, expliqua Talia.

- Ah, fit Hamman, déçu. Bien, dans ce cas, au revoir…

- Au revoir, firent poliment Sirius et Harry.

Une fois la porte refermée, Sirius foudroya son filleul du regard.

- Qu'est-ce que j'ai fait, encore ? Demanda celui-ci en appuyant sur le bouton de l'ascenseur.

- Tu fais confiance à cette femme, et à ce qu'elle t'a dit sur l'occlumancie ?

- Oui, pourquoi pas : ça m'a paru plutôt clair… Pas toi ?

- Alors pourquoi tu ne lui as pas parlé de tes visions ? S'agaça Sirius en ignorant sa question.

Harry ne dit rien. Quelque chose ne tournait pas rond. Comment Sirius pouvait-il être au courant de ses visions ?

- Je ne vois pas de quoi tu parles…Bredouilla-t-il.

(Ah. Mauvaise réponse). Sirius se tourna face à lui en fronçant les sourcils :

- Ne te paie pas ma tête, Harry ! Je sais que tu as eu une vision au Ministère, par les sentiments de Voldemort, exactement comme l'a décrit le toubib. Hermione nous l'a raconté.

(Oups. Et bah voilà tout s'explique…).

Harry ne répondit rien, tout bête. Ils prirent l'ascenseur, sortirent de la clinique et reprirent le train en direction de la maison de Lupin. Aucun des deux ne desserra la mâchoire de tout le trajet, Harry se sentant stupide d'avoir fait semblant de ne pas savoir de quoi on lui parlait, et Sirius vexé que son filleul ait tout mit en œuvre pour lui cacher ses visions. Etait-ce parce qu'il ne lui faisait pas assez confiance ? Ou parce qu'il pensait que Sirius serait incapable de le comprendre ?

Sirius, lui aussi, connaissait l'existence d'un wagon pour sorciers. Ils arrivèrent devant une porte exclusivement réservée au personnel, donnèrent deux coups de baguette au mur de droite, et entrèrent dans le premier compartiment vide qu'ils trouvèrent.

- Je vais me chercher un café…Tu veux quelque chose ? Demanda timidement Harry une fois qu'ils eurent traversé Londres.

- Non merci, lui répondit poliment Sirius en continuant de fixer le paysage par la fenêtre du train.

Le garçon se leva et sortit du compartiment.

Un long moment plus tard, une voix s'affaira dans l'interphone : « Nous informons notre aimable clientèle que le terminus sera en approche d'ici cinq minutes. Veuillez vous préparer à traverser les parois pour regagner le quai… ».

Deux minutes s'écoulèrent, mais Harry ne revint toujours pas. Cette fois-ci, Sirius se leva et sortit en direction du wagon restauration. Qu'est-ce qu'il se passait, cette fois-ci ?

Une fois arrivé au wagon en question, il commença à s'inquiéter : tout était désert.

- Excusez-moi madame, demanda-t-il à une hôtesse moldue, je cherche un adolescent : brun, des lunettes, un mètre soixante dix…

- J'ai vu un garçon qui pourrait correspondre à cette description partir vers les distributeurs à café il y a environ dix minutes…Lui répondit-elle en désignant un étroit corridor.

Sirius la remercia et s'y engouffra. Puis il entendit des éclats de rire :

- Et bien Potter, quel sens de l'humour tu as quand ton cousin n'est pas là ! S'exclama une voix grave et perçante.

- Ravi que ça te fasses rire, Malcolm ! Maintenant si tu permets, je suis pressé.

Sirius passa la tête par l'entrebâillure et observa la scène avec réserve.

- Attends une minute ! Cria un adolescent qui faisait au moins deux fois Harry en hauteur, et trois fois en largeur. On t'a pas autorisé à te tirer !

- Ah oui, je vois, répondit Harry avec un sourire, le problème tu vois c'est que je n'ai pas l'habitude d'obéir aux blaireaux de ton genre : ça fait mauvaise impression, tu comprends ?

Une énorme main graisseuse vint le saisir à la gorge et le propulser contre le distributeur.

- Tu continues à faire le malin parce que Big D n'est plus là pour t'éclater la face, mais t'inquiètes : nous on s'en fiche que t'ai des pouvoirs magiques c'est pas ce qui nous empêchera de te faire la peau !

- Vas-y tues le Malcolm ! S'excita un adolescent d'une corpulence similaire.

Sirius s'apprêtait à intervenir lorsqu'il vit Harry prendre sa baguette.

- Wingardium…Leviosa…Balbutia-t-il avec difficulté car la main de Malcolm l'étranglait.

Les deux garnements sentirent leurs pieds s'élever à un mètre du sol : ils poussèrent un hurlement.

- Expelliar…Commença Harry, le visage furieux.

- Non, Harry ! Trancha Sirius.

-…mus ! S'écria Harry en ignorant son parrain.

Les adolescents se retrouvèrent propulsés à toute vitesse contre une cloison du train, et perdirent connaissance.

- HARRY !

- C'est eux qui m'ont attaqué ! Se défendit le garçon en rangeant immédiatement sa baguette.

« Terminus… » Déclara une voix douce, « terminus, tout le monde descend ».

- Tu n'as PAS LE DROIT d'utiliser la magie devant des moldus à moins d'être en danger de mort ! Gronda Sirius par-dessus le bruit de l'interphone.

- Il était en train de m'étrangler ! Protesta Harry avec une voix de petit garçon capricieux.

- Tu l'as provoqué !

- Mais c'est lui qui a commencé !

Sirius se massa les tempes, donnant l'impression de plonger dans ses dernières réserves de patience.

- Donne-moi, ta baguette, ordonna-t-il d'un ton calme mais froid.

Harry s'apprêtait à protester de nouveau lorsque Sirius le foudroya du regard. Il sortit sa baguette de son pantalon et la tendit à son parrain qui l'attrapa et la rangea avec la sienne dans son blouson.

Puis Sirius alla s'accroupir devant les deux adolescents et leur prit le pouls.

- Tu as de la chance, ils sont juste assommés…

- Et mince… Se risqua à dire Harry en souriant.

Lorsqu'il vit que Sirius faisait volte-face en fronçant les sourcils, sur le point d'exploser, il plongea dans une des parois du train et atterrit sur les quais en riant. Personne ne le remarqua, pas même les moldus qui passaient à quelques centimètres de lui : chaque train était enveloppé d'un bouclier d'invisibilité qui permettait aux sorciers d'entrer et sortir sans se faire remarquer.

Sirius, lui, jeta un sortilège d'amnésie aux deux garnements et vérifia que personne ne les avait vu. Puis il sortit à son tour, contraint d'admettre que Harry était bien le fils de son père. Un instant il se demanda si, lui, était aussi insupportable que cela quand il était jeune, mais la réponse ne le réconfortait en rien. En fait, il était pire.

Le reste du chemin s'effectua à pieds, Harry essayant par tous les moyens de récupérer sa baguette, et Sirius le sermonnant sur les risques qu'il venait de prendre.

- Ca te va bien de me dire ça, avec tout ce que tu as fait quand tu avais mon âge ! S'exclama justement Harry alors qu'ils approchaient de la maison de Lupin.

- Moi, j'avais le droit, répliqua Sirius avec un petit sourire.

- Ben voyons…Fit Harry, dégoûté.

Sirius lui jeta un petit coup d'œil et lui ébouriffa les cheveux en se moquant de lui.

- Rends-moi ma baguette, répéta Harry en fouillant dans la poche de blouson de son parrain.

- Je t'ai dit non, Harry, répondit Sirius avec un peu plus de sérieux. De toute façon, tu ne vas pas en avoir besoin avant la rentrée, vu que tu vas te tenir à carreaux dans la maison, n'est-ce pas ?

- Cours toujours, rétorqua Harry en essayant de lui tordre un poignet.

Tout à coup, tandis qu'ils n'en étaient plus qu'à quelques mètres, la porte de la maison s'ouvrit brusquement, laissant apparaître les jumeaux Weasley.

- COMMENT AVEZ-VOUS PU !!?? Hurla Mrs Weasley en brandissant sa baguette sur ses fils.

Tout deux poussèrent des cris de protestation, tandis qu'une dizaine d'instruments de cuisine leur fonçaient dessus, les frappant et les faisant tomber.

- Mais maman, on voulait juste un peu aider ! Se défendit Fred.

- Oui, c'est vrai, assura George, et puis vous parliez tellement fort !

- DES BONS A RIEN, VOILA CE QUE VOUS ETES !!! S'insurgea leur mère en les poursuivant dans la rue. DES VOLEURS, DES ESPIONS, DES VAURIENS !!!

Sirius regarda Harry, inquiet, mais celui-ci lui sourit :

- Bah vas-y, Sirius, va confisquer la baguette de Mrs Weasley : je doute qu'elle soit en danger de mort, tu sais ! Et puis, elle…

Il aurait bien continué de le taquiner si son parrain ne lui avait pas administré un coup de sa propre baguette sur les fesses.

- Oui, c'est ça, et bien file avant que je ne me fâche pour de bon ! Trancha Sirius en pointant un doigt vers la porte.

Harry courut vers la grande salle, passant juste derrière Mrs Weasley qui continuait de crier. Puis il entendit Sirius essayer de la calmer :

- Allons, Molly, qu'est-ce qui s'est passé ?

Pas besoin de plaquer l'oreille contre le mur pour l'entendre répondre :

- ILS ONT TOUT ENTENDU ! ILS ONT ECOUTE TOUT CE QUE NOUS DISIONS DANS LE CADRE D'UNE REUNION POUR L'ORDRE ! LES SALES PETITS…

- Allons bon !

Lupin arriva alors dans le champ de vision de Harry et claqua la porte de la cuisine dans une rare démonstration de colère :

- Je n'arrive pas à croire que tu aies pu faire une telle chose, Hermione ! S'exclama-t-il.

C'est alors que Harry remarqua Hermione, debout au milieu de la salle, les yeux au sol, le visage rouge fluo.

- C'est insensé ! Poursuivit Lupin.

- Pardonnez-moi, professeur, répondit Hermione d'une toute petite voix. Je…Je me suis laissée embarquer…

- Ecouter aux portes, espionner, divulguer des informations top secrètes…Je ne pensais pas que cela faisait partie de tes prérogatives !

- Excusez-moi, je … Ne le referai plus…Promit Hermione en levant légèrement les yeux.

Soudain, elle aperçut Harry et son moral remonta d'un cran. Elle ne put retenir un sourire soulagé, qui n'échappa bien sûr pas à Lupin :

- Et cela te fait rire ?

- Non, non, professeur…

Harry s'avança alors d'un pas discret.

- Euh…Excusez-moi.

Lupin se retourna avec surprise.

- Vous êtes revenus ? Aboya-t-il. Parfait ! Où est Sirius ?

- Euh, dehors, il…

Inutile de poursuivre sa phrase, Lupin ne l'écoutait plus : il se dirigeait déjà à grandes enjambées furieuses vers l'extérieur.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demanda Harry bien qu'il eu déjà une idée très précise sur la question.

Hermione lui expliqua qu'ils avaient fait mine d'aller se balader dans la forêt, mais qu'en réalité ils étaient restés cachés dans la maison, à écouter les rapports de chacun des membres de l'Ordre, jusqu'au moment où Maugrey les avaient aperçut au travers du mur, grâce à son œil magique.

- Aie…Fit Harry d'un ton compatissant.

- Mr Weasley s'est jeté sur Ron et Ginie, son épouse sur les jumeaux, Maugrey sur Neville et Jordan…Quant à Lupin,…

- Il s'est occupé de ton cas, oui j'ai vu ça… Mais je ne vois pas en quoi Sirius peut lui être utile…

- Bah, tu sais, d'après ce que j'ai entendu, tandis qu'on en avait après Pettigrow, c'est Sirius qui faisait la loi auprès de tout le monde – je veux dire des casse-cous comme Fred, George, Neville, Jordan et Ginie. Alors en cas désespéré, maintenant ils se tournent vers lui. Mais c'est bizarre, parce que je ne le vois pas du tout se mettre en colère, moi, ton parrain…

- Oh, alors là ne t'avance pas si vite, la contredit Harry. Je peux te jurer que si ! La preuve : il m'a confisqué ma baguette…

Puis Harry lui expliqua brièvement ce qui c'était passé avec les deux anciens amis de son cousin Dudley.

Hermione pouffa puis prit un air sérieux.

- Mais quelque part, il a raison : tu as de la chance d'être dans les petits papiers du Ministre, sinon tu aurais reçu une lettre depuis bien longtemps.

- Probable…Se contenta de répondre Harry en se laissant tomber dans un large fauteuil poussiéreux. Alors du coup, où est Ron ?

Hermione haussa les épaules.

- Harry…Tu sais, pendant qu'on était tous là, on se demandait…Euh, pourquoi elle voulait que t'aille à Ste Mangouste la toubib qui t'a écrit ce matin ?

- Oh, c'est un peu compliqué…En fait elle veut m'apprendre à contrôler mes visions, tu sais comme celles que j'ai eu hier soir au Ministère, parce qu'elle dit que ça pourrait devenir dangereux…

- Waouh, fit Hermione d'un air plus qu'intéressé. Et ? T'as commencé, ça y est ?

- Non…Je ne sais pas encore si je vais accepter…

- Mais pourquoi ? Se révolta la jeune fille. C'est capital, surtout si ça peut devenir dangereux !

- Je sais, je sais…S'énerva Harry en se relavant subitement. Bon, on peut aller voir Ron, maintenant ?

Hermione s'apprêtait à protester de nouveau, mais elle se ravisa : Harry n'avait pas l'air d'humeur à débattre de la question.

Harry, lui, ne savait pas trop pourquoi il hésitait autant à apprendre à maîtriser ses visions… Le docteur Mcguiness l'avait un peu effrayé en lui prédisant ce qu'il risquait d'arriver, et surtout en mettant pile le doigt sur ce qu'il avait déjà ressenti alors que jamais encore il ne lui en avait parlé…C'était un peu comme une preuve qu'elle ne se trompait pas, et que ses pires craintes allaient alors se réaliser : il ne pourrait plus être utile à ses amis, et plus encore, il deviendrait une menace pour l'Ordre étant donné que Voldemort serait à même de voir au travers de ses yeux…Or, il voulait qu'elle se trompe, qu'elle lui dise qu'elle avait fait une faute professionnelle et qu'en réalité Harry ne représentait absolument aucun risque. Que jamais il n'aurait à s'isoler pour la sécurité de ses amis. Qu'il était bel et bien en sécurité, ici, avec son parrain, Ron, Lupin…

Une série de petits chocs sortit Harry de ses pensées : il ne s'en était pas rendu compte mais Hermione et lui étaient désormais devant la chambre de Ron et la jeune fille venait juste de frapper à sa porte.

- Ron ?

- Ouais…

Ils entrèrent pour voir Ron et Ginie sagement assis devant une table de chevet, à jouer aux échecs.

- Comme vous pouvez le constater, Ginie et moi avons prit de bonnes résolutions… Grimaça Ron sans même les regarder. Rien de suspect, rien de mouvementé, rien de pas convenable…

- Une simple partie d'échecs, aussi longue, ennuyeuse et inintéressante qu'on pourrait le penser…Compléta sa petite sœur en se tenant droite.

Harry et Hermione les fixèrent, bouche bée, puis partirent dans un fou rire.

- TRES DROLE, HARRY, VRAIMENT TRES DROLE ! S'emporta Ron en se levant d'un coup et en maintenant ses poings fermement serrés le long de son corps.

- Eh, mais calme-toi, Ron, se défendit Harry entre deux rires étouffés. C'est juste que ça fait bizarre de te voir aussi… « Sage »…

- Peut-être que si ton père venait de te menacer de t'envoyer bosser dans des mines si tu te calmais pas, tu adopterais un nouveau comportement, répliqua sèchement Ginie sans même lui accorder un regard.

- Mais enfin, Ron, intervint Hermione : tu adores les échecs, tu y joues souvent avec Harry à Poudlard.

- Mais c'est pas pareil, gémit Ron en attrapant une balle et en la lançant contre son mur. A Poudlard, il n'y a pas grand-chose d'autre à faire pour passer le temps…

- Et vos devoirs ? S'indigna Hermione en allant chercher la balle.

- Tu es là pour les faire, Hermione, tu aimes tellement ça…Répondit Ron avec un large sourire.

Une balle de tennis lui effleura l'oreille droite et cassa sa lampe, juste derrière lui.

- EH !!! Protesta-t-il en se planquant derrière Harry.

Elle traversa la pièce, sortit sa baguette, et prononça « reparo » sur les fragments de lampe, qui redevint intacte. Puis elle se tourna, l'air hautain :

- Je vous signale que vous m'aviez promit une balade en forêt, avant de jouer à James Bond, alors BOUGEZ-VOUS !

Puis elle sortit, la tête haute.

- Ah…Fit Harry. Ca faisait longtemps qu'on ne l'avait pas revu ainsi, notre Hermione…

- Hum…Approuva Ron en fixant la porte par laquelle elle était sortie.

Chapitre VII : Les Kitanans

Une demi-heure plus tard, après avoir durement négocié la libération de Fred et George, cloîtrés dans leur chambre, puis en ayant enchaîné une suite interminable d'excuses et de promesses sans valeur auprès de Maugrey et de Mrs Weasley, ils parvinrent à sortir tous les dix – Harry, Ron, Hermione, Ginie, Fred, George, Neville, Lee Jordan et les frères Crivey.

Arrivés devant la forêt, Neville se prit les pieds dans une racine que tout le monde avait soigneusement évité avant lui.

Des éclats de rire retentirent dans les bois, puis ils partirent tous au plus profond de la forêt, sans prêter garde aux heures qui défilaient.

- Eh, Harry, alors pourquoi fallait que t'ailles à Ste Mangouste ? Demanda Fred lorsqu'ils s'étaient tous arrêtés sur une pelouse à peu près propre.

- Pour te faire vacciner contre la rage ? Supposa George.

Les rires fusèrent de nouveau :

- Non, assura Harry avec un sourire en brisant une branche.

Puis il leur expliqua le principe des visions, fascinant tout le monde par son récit. Enfin, il s'assura qu'aucun adulte ne pouvait l'entendre à environ dix mètres aux alentours, puis il se tourna vers les jumeaux :

- Alors, et vous ? Demanda-t-il. Qu'est-ce que vous avez entendu durant la réunion ?

Tout deux sourirent jusqu'aux oreilles, prenant un air prétentieux.

- Notre fierté…Soupira Fred en regardant son frère d'un air entendu.

- Et manœuvré de main de maître, en plus…Confirma celui-ci en remettant sa veste bien droite.

- Je vais traduire, interrompit Hermione avec brusquerie : on n'a pratiquement rien entendu…

Son intervention fût accueillie par des protestations de toutes parts.

- Ne l'écoute pas, Harry, grogna Fred en lançant un regard noir à Hermione. En vérité, on a appris plein de choses : par exemple, tu sais où Lupin passe toutes ses journées quand il est en mission pour l'Ordre ?

- Non…

- L'allée des embrumes, très cher, révéla George en prenant à son tour une branche. Avec Maugrey ils sont à l'affût des moindres rumeurs sur le retour de Tu-Sais-Qui…

- C'est vrai ? Fit Harry, admiratif.

Tous acquiescèrent d'un même mouvement en souriant.

- Pas mal, hein ? Demanda George.

- Et quoi d'autre ? Insista Harry.

Fred passa un bras autour des épaules de Harry en remuant la tête d'un air réprobateur :

- Mais non, attends un peu : chaque information doit être étudiée au peigne fin…Argumenta-t-il avec sérieux. Par exemple : pourquoi l'allée des embrumes ?

Harry sourit en comprenant qu'il s'agissait très probablement de la seule information qu'ils avaient réussi à entendre. Le regard moqueur de Hermione confirma ses doutes.

- Peut-être parce que c'est le repère des Mangemorts ? Suggéra Harry, s'abstenant de toute réflexion.

- Bingo, fit George en lui donnant un coup de poing sur le torse. Et tu sais quoi ?

- Hum ?

- Tu es le seul d'entre nous qui y soit déjà allé ! Compléta Fred.

Tous les regards se tournèrent vers lui.

- Euh…Oui, et ? Demanda Harry, soudain mal-à-l'aise.

- Et ? Se moqua Jordan. Et bah tu seras notre guide !

Il n'avait pas encore fini sa phrase, qu'Hermione s'était précipitée sur Harry :

- Tu ne vas pas faire ça, Harry, tout de même ?! S'insurgea-t-elle.

Fred la repoussa d'une main :

- Mais elle va pas nous laisser tranquilles, celle-là ?

- Si vous essayez d'y aller, je répète TOUT à vos parents !

Une seconde plus tard, elle comprit qu'elle n'aurait jamais dû proliférer de telles menaces : une multitude d'injures et de braillements l'assaillirent, si bien qu'elle dû renoncer à ajouter quoique ce soit d'autre.

- Ecoutez, dit alors Harry, moi aussi j'en ai assez de toujours rester les bras croisés alors que nos parents et amis prennent des risques à longueur de journée pour lutter contre Voldemort, mais l'allée des embrumes, moi, je n'y suis allé qu'une fois !

- Mais c'est déjà ça ! Insista Ron avec un grand sourire. Et puis, qui se méfiera de gamins, honnêtement ?

- OUAIS ! Répondirent les huit autres en cœur.

- Tu pourrais être notre chef ! Proposa alors Colin. Après tout c'est toi qui en sais le plus long sur Qui-On-Sait.

- OUAIS ! Répétèrent les autres.

- Oh là, oh là, interrompit Harry en levant deux mains tel un frein. Pas si vite.

- Ecoute, dit Ginie, il faut être honnête : ça va être vraiment très dangereux…

- Oh, les filles ! Rouspéta Ron en levant les yeux au ciel. Si tu es d'accord avec Hermione, tu n'as qu'à partir, tout ce qu'on vous demande c'est de ne rien répéter aux autres…

- OUAIS ! Firent les adolescents en chœur, une fois de plus.

- Mais non, laisse-moi finir, espèce d'idiot ! S'énerva alors Ginie. Ce que je veux dire, c'est qu'on ne peut pas y aller à l'arrache, comme ça, tous ensembles ! On a besoin d'une organisation, exactement comme les grands…À moins que vous ne vouliez faire ceci que pour vous amuser ?

- NON ! Répondirent-ils tous d'un ton ferme.

- Alors, il nous faut quelqu'un qui organise les choses, parce que si on part tous ensembles ça va faire louche…Et je pense, moi aussi, que tu es le mieux pour le faire.

- Bien dit ! S'exclama Neville en sautant sur un rocher. Pour Harry, HIP HIP HIP ?

- HOURRAH !!! Hurla le chœur en brandissant un poing dans le ciel.

Harry ne pouvait le nier : se voir ainsi attribuer une telle confiance lui faisait chaud au cœur. Il regarda chacun de ses amis, tour à tour, puis inspira profondément.

- D'acco…

- OUAIS !

- D'accord, reprit Harry avant que ses amis ne l'acclament à nouveau. Mais il nous faut un nom, et des règles, et des idées, et des moyens de transport discrets…

- Pourquoi pas le Potter's fan club ? Fit Hermione d'un ton dur.

Harry la fusilla du regard, puis remarqua que c'était ce que tout le monde avait fait.

- Non, non, un mot qui veut dire qu'on va être un groupe actif…Contredit Neville qui n'avait pas compris qu'il s'agissait d'une moquerie. Pourquoi pas les attaquants ?

- Ouais, bof…Répondit Ron. Ou un tuc dont on serait les seuls à connaître le sens : un mot inventé…

- Ah ouais, ça c'est bien fréro, fit Fred, songeur. Les Terman ?

- Non, non, fit Ginie. Quoique ça fait joli avec une terminaison en « an »…

- Les Kinans ? Proposa Georges. Après tout, le « ki », c'est un cri de guerre…

Plusieurs murmures approuvèrent l'idée.

- Euh…Vous connaissez le film, « Mortal combat » ? Demanda alors Denis Crivey.

La plupart des adolescents acquiescèrent, d'autres pas.

- Et bah, y a une guerrière, super courageuse, qui se rebelle contre un empereur démoniaque invaincu jusqu'à présent et craint de tout le monde…Elle s'appelle Kitana, dans l'histoire.

- Ah ouais ! Fit son grand frère. Les Kitanans ?

Cette fois-ci ce fut des éclats de voix qui acceptèrent l'idée.

- Très bien, fit Harry en montant sur un roc pour que tout le monde puisse le voir. Alors à partir de maintenant, nous sommes les Kitanans…

- Trop bien…Fit Fred, excité comme une puce.

- C'est clair, répondirent Ron et George, le regard plein d'admiration posé sur Harry.

- Bon, alors règle numéro une : il est interdit de parler de notre Ordre à nous, aux adultes, d'accord ?

Tous acquiescèrent.

- Règle numéro deux…

- Attends, je prends des notes, interrompit Lee Jordan en sortant un vieux parchemin tout chiffonné de sa poche de pantalon.

Hermione leva les yeux au ciel et poussa un soupir exaspéré. Une fois que Jordan eut fini d'écrire la première règle, appuyé sur une bûche plus ou moins droite, il se tourna vers Harry.

- Très bien, alors règle numéro deux : tout le monde doit être mis au courant si jamais l'un d'entre nous veut faire entrer quelqu'un d'autre dans l'Ordre. On procèdera à un vote…

Tous acquiescèrent de nouveau et couvrirent Jordan du regard tandis qu'il écrivait la seconde règle.

- D'autres idées cruciales pour le moment ? Demanda Harry qui ne trouvait plus de règle supplémentaire.

- Il y en a une qui me paraît importante, interrompit Hermione.

Tout le monde la fixa durement, prêt à contre-attaquer.

- Tout le monde devra jurer obéissance à Harry…Se contenta-t-elle de dire.

- Je ne veux pas contraindre les autres à m'obéir, s'agaça Harry. Je ne suis pas plus âgé qu'eux !

- Non, elle a raison, Harry, fit Neville. Pour le moment, ça ne nous paraît pas important peut-être mais plus tard, si jamais il commence à y avoir des désaccords, ce sera important de remettre notre décision à ton propre choix. Ca évitera des conflits…Vous ne trouvez pas ? (Ajouta-t-il en voyant que les autres le fixaient d'un air incrédule).

- Si, je suis d'accord, répondit Ginie. Harry a beaucoup plus d'expérience que nous, et pas la peine de procéder à un vote pour déclarer que c'est lui le plus fort et le plus courageux. On peut lui faire confiance, et ça tout le monde le sait.

Devant l'approbation générale, Jordan lut à haute voix :

- Règle numéro trois : chaque Kitanan a juré fidélité et obéissance à Harry, donc il se doit de tenir son serment…

- Sous peine d'être viré de l'Ordre, précisa Ron.

- Euh, on verra plus tard pour les sanctions, Ron, tu veux bien ? Bondit Harry en levant les sourcils.

- Ah…Euh, d'accord, si tu veux…

- Maintenant je propose de rentrer, fit soudainement Harry.

Un concert de bougonnement se fit entendre.

- Krum, Krum., fit Harry avec un sourire. Je vous rappelle que vous n'êtes pas censés vous opposer à moi…

Tous sourirent à leur tour, avec la curieuse impression de s'être fait piéger.

- Je pense que nous devrions rentrer car cela fait maintenant plusieurs heures que l'on est partis, et si nous voulons faire perdurer l'ordre des Kitanans, il faut faire montre d'une très grande prudence. Sur tous les plans, et avec tout le monde.

- C'est vrai, fit Ron en époussetant son pantalon. Ils vont finir par suspecter quelque chose si on reste trop longtemps ensemble…

- On reviendra demain, j'espère ? Murmura Denis à son frère.

Les Kitanans sortirent de la forêt le sourire aux lèvres et avec l'intime conviction que, désormais, leur existence venait de prendre un tournant capital. Tous respiraient la joie de vivre, et appréciaient particulièrement le fait de partager un secret commun.

Lorsqu'ils furent à portée de vue depuis la maison, Maugrey pointa un doigt vers eux :

- LES VOILA ! Hurla-t-il.

Plusieurs personnes apparurent alors dans le champs de visions des jeunes sorciers : Lupin et Sirius qui sortaient d'une vielle grange abandonnée, Mrs Weasley et Tonks de la maison, Mr Weasley d'un bosquet non loin. Visiblement, ils étaient attendus de pied ferme.

- OU ETIEZ-VOUS ? LA NUIT VA BIENTOT TOMBER ! S'exclama Mrs Weasley en jetant un regard particulièrement rancunier à Fred et George.

- Molly, laisse-nous faire, tu veux bien ? Intervint gentiment Lupin. Ecoutez, fit-il en haussant la voix et en se tournant vers le groupe, il est évident que depuis le début des vacances, vous ne semblez pas accorder grande importance à la cause de l'Ordre…

- Euh, interrompit Ron, vous devriez un peu mieux choisir vos mots, professeur. Je vous signale au passage que dès qu'on a voulu accorder de l'importance à cette cause, on s'est fait expédier dans nos lits comme des bébés. Qui sème le vent récolte la tempête…

Tous fixèrent Ron avec surprise : c'était bien la première fois qu'il faisait preuve d'une telle assurance.

- Par contre, reprit Harry si vous voulez dire qu'on est un peu trop turbulent pour vous, c'est à dire qu'on vous empêche de vous donnez à fond en prenant la chose à la rigolade, rassurez-vous : on vient juste d'avoir une petite conversation entre nous…

- Et on a décidé d'arrêter de nous faire remarquer, compléta Fred. C'est vrai que ça peut paraître stupide, mais on est fatigué de devoir manigancer pour que vous vous intéressiez à nous.

- Mais essayez de comprendre, aussi, finit George, empêchant toujours Lupin de continuer, c'est blessant de constamment se sentir traités comme des enfants et de ne nous voir attribuer aucune confiance.

- Ce n'est pas…Commença Mrs Weasley, vexée.

- Mais quoiqu'il en soit, intervint alors Hermione : c'est fini : vous ne nous verrez plus traîner dans vos pattes.

Les adultes l'observèrent avec une expression à mi chemin entre l'incrédulité et le soulagement.

- Bon, fit alors Hermione, j'ai faim par contre : on n'a pas mangé à midi…

Tous approuvèrent et entrèrent dans la maison, laissant Sirius, les parents Weasley, Lupin, Tonks et Fol Œil plantés devant la porte.

Ceux-ci se tournèrent vers Sirius qui haussa des épaules :

- Et bien, voyons combien de temps dureront leurs bonnes résolutions…Fit-il en entrant à son tour.

Tous le suivirent aussi incrédules les uns que les autres, un sourire sur les lèvres : oui, dès demain, les bêtises recommenceraient, c'était certain…

Mais à la longue, ils furent bien contraints d'admettre que la promesse des jeunes sorciers n'avaient pas été des paroles en l'air : durant trois semaines consécutives, aucun d'entre eux ne commit le moindre impair. Même l'anniversaire de Harry, le lendemain de la création de l'Ordre des Kitanans, se déroula sans incident : les seuls éclats de voix transparaissant de temps à autres étant le fait d'une dispute entre Mr et Mrs Weasley.

Les Kitanans, eux, s'activaient impérieusement : Fred et Georges avaient demandé à Mondingus, un ami de l'Ordre du phénix bien encré dans les affaires louches, s'il connaissait quelqu'un capable de leur fournir de fausses pièces d'identité, tentant de ne pas éveiller ses soupçons – ce qui n'était pas difficile étant donné la fâcheuse tendance de Mondingus à boire plutôt que de réfléchir.

Ginie et Hermione, de leur côté, prétextaient toutes sortes de recherches culturelles pour se rendre à la bibliothèque de Londres, et s'empressaient d'acheter des vêtements dans les boutiques avoisinantes qui leur permettraient de se déplacer dans l'Allée des embrumes sans attirer les regards.

Quant aux autres, ils ne cessaient d'organiser et de planifier la toute première mission que l'Ordre des Kitanans allait avoir à remplir : se faire une réputation dans l'Allée des embrumes. En effet, il avait été décidé que seule une infiltration parfaite parmi les sorciers à sombre réputation leur permettrait d'obtenir des informations cruciales sur Voldemort.

Chapitre VIII : Première Mission

Le jour de l'anniversaire de Harry avait symbolisé une nouvelle étape dans l'Ordre : les Kitanans s'étaient réunis pour lui offrir – a l'abris des regards – une médaille d'or où étaient gravé « H.P, King and Master ». L'idée du prix qu'avait dû coûter la médaillemit Harry en colère, mais il se calma bien vite en constatant qu'aucun de ses amis ne le prenait au sérieux. Et d'ailleurs, au plus profond de lui-même, il avait été très touché.

Lupin et Sirius s'étaient assemblés pour lui offrir une nouvelle cape d'invisibilité, puisque celle de son père avait rendu l'âme durant l'incendie de la maison des Dursley.

Dumbledore et les autres professeurs, eux, avaient préféré un ouvrage d'environ mille pages intitulé « Premiers pas d'un Auror ». Les Weasley lui offrirent un pull cousu maison et un gâteau artisanal concocté par Molly, quant aux autres, ils se contèrent d'une boîte de chocogrenouilles, ce qui transporta Harry de plaisir : tout le monde avait pensé à lui.

La mi-août approchant, Mrs Weasley entra un matin dans la chambre de Harry pour le prévenir qu'ils iraient très certainement à Pré-au-Lard dans la semaine. La nouvelle s'ébruita alors bien vite parmi les Kitanans, et tous se donnèrent rendez-vous dans la forêt pour une soit-disante partie de foot (« le Quiddich des moldus », avait expliqué Hermione devant l'expression suspicieuse de Fol Œil et Mrs Weasley).

Une fois arrivés au centre des bois, et après s'être assurés qu'ils étaient bien seuls, Harry monta sur une large souche d'arbre et attendit que tous se turent.

- Bon, commença-t-il. Vous savez comme moi que nous allons bientôt aller à Pré-au-Lard…

Une série de murmures enchantés se fit entendre, ponctués de quelques « Oui ».

- J'ai décidé que nous nous servirions de cette occasion pour accomplir la phase numéro un.

Une série de « Ah… » S'exclamèrent puis se turent à nouveau.

- C'est pourquoi j'ai imposé une réunion ici, aujourd'hui, continua Harry. J'aurai besoin d'un compte-rendu de chacun d'entre-vous : Hermione, tu veux bien commencer ?

Tous se tournèrent vers la jeune fille qui s'éclaircit la gorge avant de parler :

- Alors, avec Ginie on a réussi à regrouper quatre tenues entières, et plusieurs autres accessoires-clef pour la confection de vêtements passe-partout : capes et pantalons noir, grisonnant. Médailles en toc, gourdes suspectes, etc… Bref tout ce qui est naturel et qui met en confiance dans l'Allée des embrumes d'après ce que tu nous as dit.

- Bien, merci, répondit Harry. Donc, quatre d'entre nous vont agir cette semaine. Hum, hum, vas-y Fred.

- Avec George, on a réussi à avoir seulement trois papiers d'identité différents, intervint le jeune homme. Il restera plus qu'à mettre nos photos d'identité et ce sera sans problème…

- O.K. D'autres résumés ? Demanda Harry.

Personne ne répondit, d'avantage par timidité que par raison.

- Personne d'autre n'a préparé quoique ce soit pour cette première mission ? Fit semblant de s'étonner Harry : il savait très bien que tous avaient travaillé d'arrache-pied.

Une main à peine visible s'éleva parmi les têtes des Kitanans.

- Oui, je t'écoute Neville…

- Alors, euh, Denis, Colin et moi on est allé faire un tour du côté du département des transports tandis qu'on était censé aller t'acheter un cadeau avec Fol Œil. Et on a prit une feuille d'adresse où l'on pouvait se procurer des Portoloins pas trop chers…Il y a un vendeur à Pré-au-Lard.

- Parfait, commenta Harry avec un sourire qui rassura Neville. Tu as la feuille ?

- Euh, oui, oui, affirma Neville en lui tendant un parchemin officiel.

- Bien. Lee ? Ron ?

- On est allé dans un bar de la gare et on a rencontré un gamin qui connaissait très bien l'allée – selon lui. On lui a demandé s'il pouvait nous faire une sorte de plan, et pour deux Gallions et trois paquets de chocogrenouilles on a obtenu ceci… Répondit Ron en faisant passer un plan manuellement tracé vers Harry.

Celui-ci l'observa attentivement, les sourcils froncés, faisant inconsciemment croître la tension, puis il sourit :

- Oui, c'est un bon plan. J'en reconnais une partie…

Tous poussèrent un soupir de soulagement.

- Alors voilà, fit Harry en étendant le parchemin sur un roc taillé qui leur faisait office de table de réunion depuis le début. Quand nous irons à Pré-au-Lard, Fred et George iront à la boutique de Portoloins pour tenter d'en obtenir un. Il vous reste un peu d'argent de la Coupe de Feu, j'espère ? S'inquiéta-t-il subitement en leur lançant un regard méfiant.

- OUI, répondirent-ils en chœur.

- Très bien. Pendant ce temps là, Neville et Jordan, vous allez vous rendre dans un café – celui-ci, fit-il en tendant la carte et en montrant un bar non loin de la banque. Vous allez y aller avec les tenues suspectes, et vous les enfileraient dans les toilettes publiques. Puis vous parlerez de manigances, n'hésitant pas à vous taire lorsque quelqu'un s'approche de vous, comme si vous craigniez d'être entendu. Compris ?

- OUI, pas de problème, répondit Lee, ravi.

- Euh, Harry, pourquoi moi avec Lee ? Demanda Neville, inquiet.

- Parce que personne ne vous connaît là-bas, alors que moi, je ne passe jamais inaperçu avec ma cicatrice, et que Fred et George sont bien connus à Pré-au-Lard : un peu trop pour que ça fonctionne.

- C'est vrai, reconnut George, on est des vraies terreurs…

- Les terreurs de la rigolade, compléta Fred.

- Bien, pendant ce temps-là, Hermione, tu vas prendre l'un des papiers d'identité et tu vas aller déposer un flacon de liquide de serpent venimeux dans la boutique dont je t'ai parlé, là où j'avais atterri la première fois.

- D'accord, répondit-elle. Mais pourquoi ?

- Parce que si tu caches des choses là-bas, la nouvelle circulera bien vite que tu gardes des choses compromettantes. Et c'est ce qu'on veut. Il faudra te vieillir un peu, et que tu sois agressive…

- T'inquiète pas pour ça, Harry, elle sait très bien faire, précisa Ron.

Tous rirent.

- Il faudra que tu fasses preuve de la plus grande rigidité à l'égard de cet homme. N'hésite pas à dire que tu viens de la part des Malfoy. Et regarde les objets autour de toi avec intérêt, pas répugnance : tu sais à quoi sert chacun d'entre eux. Même dans la conversation, dis que tu possèdes déjà une main comme celle que je t'ai décrit. O.K ?

- Pas de problème…Assura Hermione, flattée qu'on lui accorde un si grand rôle malgré les réticences qu'elle avait eu au début.

- Les autres, continua Harry, vous m'aiderez à détourner l'attention des adultes qui nous accompagnerons : j'espère qu'il n'y aura que Mr et Mrs Weasley…

- Si jamais Fol Œil se ramène, c'est même pas la peine…Râla Fred.

- C'est clair : il nous verra partout où on ira…A cause de son œil infernale…Ragea George qui n'avait toujours pas digéré les coups de spatules de sa mère à cause de Maugrey.

- Dans tous les cas, acheva Harry, il est impératif que TOUT LE MONDE se retrouve devant la banque très exactement deux heures après que j'ai donné le signal.

- Euh, le signal, c'est quoi ? Interrompit Colin.

- J'allais le dire, continua calmement Harry : Ron et moi allons nous disputer.

Ron écarquilla les yeux.

- Ah ? Comment on va faire ?

- A propos du Quiddich : tu étais pour la Bulgarie et moi les Slaves…

- OUAIS…Jubila Ron.

Tous sourirent.

- Bonne idée, en plus ça va attirer l'attention de tout le monde ! Fit remarquer Ginie.

- Bien, comme je le disais : TOUT LE MONDE devant la banque deux heures plus tard. Si les choses tournent mal, pas de panique : vous lancez des étincelles jaunes dans le ciel, on rappliquera tous. O.K. ?

- O. K… Répondirent Hermione et Ginie.

- Euh, Harry, comment on fait des étincelles jaunes dans le ciel ? Paniqua Neville.

- Incandescia, répliquèrent tous les autres d'un air exaspéré.

- Voilà, fit Harry. D'autres questions ?

- Ouais, fit Ron, et si jamais c'est Sirius qui squatte, on fait quoi ? Tu crois pas qu'il va se méfier ? Après tout, ce qu'on va faire, je suis sûr qu'il l'a déjà fait plein de fois quand il avait notre âge, t'as pas peur qu'il le remarque ?

- Laisse-moi m'occuper de Sirius, je maîtrise le personnage, répondit Harry en souriant d'un air innocent.

Tous éclatèrent de rire. Puis Denis leva la main.

- Oui, Denis ?

- Et si il en manque, devant la banque, deux heures plus tard ?

Harry réfléchit à la question, puis il soupira.

- Alors on voit qui manque, et on fonce à l'endroit où il était censé aller. Dans ce cas-là, si les choses empirent, on n'hésite pas à tout avouer aux adultes…

-Ohhh…Protestèrent les frères Crivey d'un ton boudeur.

Fred et George levèrent les yeux au ciel.

- Mais j'ose espérer que seuls de graves problèmes – et non pas l'étourderie, parce que là je m'énerverai vraiment - vous empêcheront d'être au rendez-vous fixé, c'est pourquoi je peux vous garantir que s'il en manque, la règle numéro un sera reléguée au second plan. Compris ?

Tous acquiescèrent d'un même mouvement.

- Une dernière question ?

Personne ne répondit.

- Neville, tout est clair ?

- Oui, oui, balbutia Londubat. Enfin je pense…

- Hermione, Ginie ?

- Hum, hum, répondirent les filles en chœur.

- Denis, Colin, Fred, Georges ?

- Euh, intervint Fred, le prix maximal à dépenser pour le Portoloin ?

- Pas plus de vingt Gallions. Et faites-vous convaincant : il nous faut de la qualité, tant pis pour l'esthétique… Lee ? Ron ?

- Pas de question pour moi, assura Jordan

- Moi non plus, fit Ron en haussant les épaules. Tout paraît clair…

- Parfait. Alors on rentre ! Déclara Harry. La séance est close…