Fic en 7 chapitres racontant chacun une journée dans la vie de Rusard et d'un compagnon... pour le moins surprenant!

En espérant qu'ils vous plairont!

Pas de rythme de publication fixe, chaque chapitre pouvant se lire comme un OS à part entière, j'imagine que ce n'est pas dramatique si je ne poste pas un chapitre toute les 24h ^^

J'en profite pour remercier énormément beaucoup mes correctrices, j'ai nommé flodalys et Eve.


Jour 1 - Miss Enquiquineuse

C'est une bien petite pièce que l'appartement du concierge à Poudlard. Elle comporte un lit, une commode et une armoire. Pas de bureau, c'était ça ou le lit. Heureusement, elle est bien éclairée par deux grandes fenêtres offrant une vue imprenable sur le parc du château. Ce n'est pas grand-chose, mais cela rend l'ensemble un peu moins lugubre.

Dans un coin, une minuscule cheminée permet de réchauffer un peu l'atmosphère les soirs d'hiver. Devant celle-ci, une simple chaise en bois. Pas de canapé – il n'y aurait pas eu la place – pas de fauteuil non plus, juste une vieille chaise taillée grossièrement dans du sapin et inconfortable au possible.

Et sur cette chaise, devinez qui ? Le vieux Rusard bien sûr. Droit comme un « i », le regard plus tout à fait perçant, il maugrée dans sa barbe – ou plutôt ce qu'il en reste. Est-il fou ce vieux Cracmol ? Parfois, on est en droit de se poser la question. Mais cette fois ci, il a des raisons de protester.

Dans ses mains, il tient quelque chose. Un objet confisqué ? Non, c'est quelque chose qui lui appartient, quelque chose auquel il tient. Une photo. Allons bon, me direz-vous. Se peut-il que cet homme particulièrement acariâtre ait une quelconque famille à laquelle il tient assez pour en conserver la photo ?

- … remplacer ma Miss Teigne... on aura tout entendu... distingue-t-on entre deux grognements.

Voilà donc l'explication. Il s'agit d'une photo de sa chatte. Enfin, son ancienne chatte. Paix à son âme, cette brave Miss Teigne, décédée au cours de la bataille de Poudlard plusieurs années plus tôt.

Trop occupé à ruminer de sombres pensées, le vieux concierge omet la surveillance de sa fenêtre. Il ne voit donc pas ce bon Hagrid, chaudement vêtu de son manteau en peau de taupe, qui s'avance à grandes enjambées vers le château. Pas plus qu'il n'aperçoit le paquet que le demi géant tient au creux de son énorme main.

Mais soyons honnête un instant. Si Rusard l'avait vu, qu'en aurait-il conclu ? Certainement pas la vérité. Mais soit, admettons que, par on ne sait quel élan de génie, il avait tout découvert à ce moment. Qu'aurait-il fait ? Se serait-il enfui en courant ?

Quoi qu'il en soit, ça n'a pas grande importance puisque, tout occupé qu'il est à râler, il ne lève les yeux de sa photo que lorsque l'on frappe à la porte de son appartement. Sans cesser de marmonner, il se lève péniblement, attrape sa cane et claudique jusqu'à l'entrée. Avant d'ouvrir, il marque une pause, se redresse et s'applique à prendre l'air le plus condescendant possible.

- Qu'est-ce que c'est ? bougonne-t-il en ouvrant la porte à demi.

Mais il n'y a personne. Naturellement. Cela arrive au moins une fois chaque jour depuis que ce petit voyou de Teddy Lupin a découvert qu'il habite ici.

- J'irais me plaindre à Madame la directrice, s'égosille-t-il en brandissant un poing relativement menaçant en direction du couloir vide. Ça ne se passera pas comme ça, foi de Rusard !

Ce n'est qu'au moment où il décide de rentrer qu'il aperçoit le paquet qui gît à ses pieds.

- Qu'est-ce que c'est que ça encore, peste-t-il en donnant un petit coup de pied dedans avant de refermer précipitamment la porte.

Il colle alors son oreille contre le bois de celle-ci et attend. Soit il est devenu complètement sourd, soit la boîte n'a pas explosé. Il ré-ouvre alors prudemment et jette un coup d'œil méfiant par l'entrebâillement. Le paquet est toujours là, il ne semble pas si dangereux que cela. Rusard regarde à gauche, à droite, puis se penche lentement, sans oublier de lâcher une plainte bien sentie pour son pauvre dos ainsi malmené, et ramasse le carton avant de retourner précipitamment dans son appartement.

S'il n'avait pas été aussi vieux et si son audition avait été un peu moins éprouvée par des années d'écoute aux nombreuses portes de Poudlard, peut-être aurait-il remarqué que le colis n'est pas silencieux. Non, depuis qu'il a donné un coup de pied dedans, il émet de petits cris de protestation. Mais ça Rusard ne s'en rend pas compte, aussi espère-t-il encore qu'un elfe de maison aura eu la gentillesse de lui apporter une part de gâteau.

L'eau à la bouche, le vieux concierge s'installe à nouveau sur sa chaise en bois, le paquet sur les genoux. Ce n'est qu'à ce moment qu'il remarque l'enveloppe, posée sur le dessus de celui-ci. Intrigué, il la déchire plus qu'il ne l'ouvre et en sort le parchemin qu'elle contient. D'une écriture un peu brouillonne et pleine de rature, il peut y lire :

« Bonjour Argus,

Un élève me l'a donné parce qu'il n'en veut plus. Paraît qu'il est insupportable. Mais moi je ne peux pas le garder, pas avec mon chien vous comprenez. Et puis le Professeur McGonagall me disait l'autre jour que ça ne vous ferais pas de mal d'en avoir un nouveau alors j'ai pensé... Enfin vous voyez, j'ai pensé que ça vous ferait plaisir.

Rubeus Hagrid »

Rusard reste un moment interloqué. Ce grand benêt de Hagrid ne lui adresse que rarement la parole et voilà qu'il lui offre un cadeau ? Il nage en plein délire.

Lentement, précautionneusement, il soulève le couvercle de la boite, toujours posée sur ses genoux. Quelle n'est pas alors sa surprise lorsqu'il y découvre un minuscule chaton, lové dans un coin de la boite et qui le regarde de ses grands yeux verts.

Plusieurs émotions passent sur le visage de Rusard. De la colère, il n'en veut pas ! De la tristesse aussi, sa pauvre Miss Teigne... Et un peu de pitié, comment peut-on abandonner un petit être sans défense comme celui-ci ?

Comme pour se rappeler à lui, le félin s'agite. Il se relève et sort de la boite pour venir se percher sur le bras du vieil homme avant de pousser un miaulement sonore qui tire Rusard de ses pensées. Aussitôt, il se remet à pester. Que va-t-il faire d'un chaton hein ? Il attrape la bête par la peau du cou et l'élève à hauteur de ses yeux. C'est une petite femelle tricolore aux grands yeux verts. Qu'a dit Hagrid déjà ? Insupportable ? Il demande à voir.

L'homme et la chatte s'observent, se jaugent. Suspendu dans le vide, l'animal gesticule. Cela ne sert à rien, mais il n'abandonne pas. Il s'époumone, le message est on ne peut plus clair. « Lâche-moi ».

Qu'à cela ne tienne, dans un rictus, Rusard pose la minette par terre et croise les bras. Elle ne se démonte pas. Sans peur, elle part à l'aventure. Le tour du propriétaire est vite fait et elle revient rapidement aux pieds du concierge. Aussitôt, sous ses yeux effarés, elle se remet à hurler. Pour qui se prend-t-elle ? Une petite princesse à qui tout est dû ?

Sans cesser de miauler, elle tourne autour des jambes du vieil homme en se frottant contre elles. Rien n'y fait. Il est bien décidé à ne pas craquer. Alors la petite boule de poil entreprend l'escalade. Elle plante crocs et griffes dans les mollets de Rusard et grimpe aussi vite qu'elle le peut. Ce dernier met du temps à réaliser, puis se met à vociférer. Il l'attrape à nouveau par la peau du cou et la secoue.

- Saloperie de chat ! crie-t-il.

Quant au chat en question, il s'est enfin tu. Maintenant il se contente d'observer son nouveau maître, de ses yeux grands, tout verts. Et quand Rusard a fini de gronder, le félin se met à ronronner.

- Tu n'es qu'une petite peste, tu le sais ça ? ronchonne encore le vieillard.

Mais au fond, nous savons tous qu'elle a gagné la partie. Lentement, Rusard la repose sur ses genoux noueux où la petite chatte se pelotonne, sans pour autant cesser de ronronner. Et tandis qu'il lui gratte l'arrière de la tête, le concierge réfléchit. Il pourrait l'appeler « Miss Teigne II », en hommage à la défunte. Mais ça ne lui dit rien. Il n'est pas masochiste, contrairement à ce que l'on dit de lui, il n'a aucune envie de passer quinze ans à penser en permanence à son ancienne partenaire adorée.

- Miss Enquiquineuse, voilà un nom qui t'irait à merveille, marmonne-t-il tandis que ladite enquiquineuse s'endort peu à peu.

Ne se voilons pas la face. « Miss Enquiquineuse », sérieusement ? C'est bien trop long pour un prénom. Clairement, personne ne l'appellera comme ça. Non, à partir de maintenant, la petite chatte ne répondra qu'au ridicule surnom de « Quiqui ». Vous trouvez ça absurde ? Vous n'avez encore rien vu. Un petit aperçu ? Imaginez un peu la scène : le vieux Rusard, claudiquant le long d'un couloir, et s'égosillant « Quiqui, viens ici ! » tandis que le chaton n'en fait qu'à sa tête.

J'en connais quelques-uns qui ne manqueront pas l'occasion de bien rigoler.


J'aime bien les review, et j'aime encore plus leurs auteurs... à tel point que je veux bien leur faire des câlins =D (ou pas, si vous n'en voulez pas...) Bref, je dis ça, je ne dis rien, bien entendu ^^