Main Assassine
Warning ! - DM/HP-
Genre : Romance.
Notes :
► Les personnages d'Harry Potter ne m'appartiennent pas. Ceux de ma propre création ainsi que l'histoire en elle même si.
► Ce récit ne comporte aucune indication, aucune référence quelconque sur l'univers magique inventé par J.K Rowling. Donc oui. Je suppose qu'il s'agit là d'un UA.
► A tous les fans de FN&lM (et aux autres bien sûr !), je vous présente un des derniers « bébé », sorti de mon imagination. Pour ceux qui suivent FN&lM, je tiens à vous préciser que cette fiction ne ressemble en rien à celle que je suis entrain d'écrire parallèlement. Donc ne soyez pas trop déçu si Main Assassine s'éloigne complètement de l'Univers farfelu de FN&lM. Cette histoire se passe en huis clos et est bien moins innovatrice. Cette fiction sera beaucoup plus centrée sur la psychologie des personnages et sur leurs sentiments. Sans pour autant être un ramassis de guimauve, ni un tissu noirâtre de sentiments, ce récit s'adresse aux personnes qui peut être, on perdu foi en la vie à deux, à la notion de couple ou bien à l'Amour en général. Main Assassine est l'occasion idéale pour moi de me transporter dans un autre "style" d'écriture.
► Bonne lecture !
Chapitre 1 : Route en Taxi
« Tu peux tout balancer. Tout.
Les meubles, les rideaux, les tapis, mes bouquins, tes CDs, ta télé, la radio, mes portraits, tes portraits, nos photos, mes vêtements, mes chaussures, la vaisselle, les plantes vertes, mon PC, tes bibelots, mes bijoux, tout...
Tu peux absolument tout balancer si ça te chante. Fais toi plaisir. Fous y le feu si tu le veux. Tu peux tout bruler. Tu peux tout briser. Tout. Fenêtres, sentiments, carrelage, habitudes, écrans, miroirs,...
Fait ce que tu veux. Déchire mon prénom de ces papiers qui ne valent plus rien. Hurle moi dessus. Cri. Noie ton esprit dans cette fureur sans nom. Et coule.
Aujourd'hui j'ai décidé de m'en foutre royalement. »
Ces mots étaient exagérés... Vraiment exagérés. Honteusement exagérés. D'un hyperbolisme sans faille. Et pourtant... Je les avais adoré la première fois que je les avais lu. Je les adorais toujours autant. Aujourd'hui encore plus même.
Ils me fracassaient l'esprit depuis que j'étais parti.
Assis à l'arrière de ce taxi, la radio allumée, j'écoutais sans aucune peine l'animateur discuter avec ses invités. Une blague, des éclats de rire. C'était débile, c'était con, sans intérêt, mais j'écoutais. J'écoutais vraiment.
Puis une femme se présenta. Elle se mit à parler, à parler... Et à parler. De sa vie, de son boulot, de son mec, de sa sœur, de son chien. Son récit, parfois interrompu par quelques interventions d'animateurs bien trop présents n'en finissait pas, et moi, auditeur involontaire de la station, me moquais éperdument de son histoire... Et aussi visiblement que probablement, je n'étais pas le seul.
Tout comme des milliers d'autres inconnus, je ne savais pas pourquoi cette femme avait été invitée. Mais sa présence semblait être celle qui comptait le plus. Apparemment.
Lorsque son récit prit fin, je me demandai combien de personnes l'avaient réellement écoutée, et combien parmi celles qui l'avaient fait étaient en ce moment même assises tout comme moi à l'arrière d'une automobile. Probabilités incertaines.
Enfin, l'animateur annonça le nom d'une chanson que je connaissais. Une demande d'un auditeur. La chanson était plutôt triste et mélancolique. Les paroles contaient l'histoire d'une femme ou d'un homme, bref de quelqu'un, qui se perdait. De quelqu'un à limite de la dérive, de la perdition. De quelqu'un qui n'en finissait pas de se perdre en se cherchant. Le rythme lancinant et le refrain entêtant contrastaient divinement avec les voix teintées d'une ironique légèreté. C'était beau, triste... Et drôle. Tristement drôle ! De la même façon que l'étaient ces lignes, ces phrases exagérées qui refusaient de quitter ma mémoire pourtant sélective.
D'habitude, je n'écoutais pas vraiment ce genre de chanson. Mais je ne pus m'empêcher de me demander, et ce dès les premières notes, si la personne qui l'avait choisie était elle-même triste et seule... Un peu comme je l'étais. En beaucoup plus. Je me demandais si elle aussi était prise des mêmes états d'âme que moi, et si elle s'en remettrait. Pris dans cette ambiance couleur sépia dont j'avais perdu l'habitude, je me surpris à apprécier la musique, allant même jusqu'à fredonner le couplet. Je réalisais alors que je portais plus que ma propre peine.
Il était vingt-deux heures, le taxi roulait depuis environ une demie-heure. Peut être même moins... Ou plus. Je l'ignorais.
J'observais de ma fenêtre les éclats de vie lumineux qui me rappelaient à quoi ressemblait une ville durant la nuit, tout en ignorant superbement les chiffres défilant sur le petit compteur en face de moi et préférant de loin l'image de ce couple de personnes âgées entrain de marcher sur l'un de ces trottoirs dégueulasses main dans la main.
Image en voie de disparition.
Dans la poche de mon manteaux noir, je devinais plus que je ne sentais ou ne voyais, l'écran de mon portable lumineux afficher un unique mot, son prénom, Draco.
Je n'étais pas le genre de personnes têtues et obstinées au point d'en devenir enfantines. Je n'étais pas le genre de personne à fuir mes responsabilités ou mon quotidien. Je n'étais pas non plus du genre à fuir à la moindre dispute ou à la moindre engueulade. J'avais passé cet âge là. Et ce n'était pas parce que je ne voulais pas lui parler que je ne décrochais pas. Vraiment.
Je n'avais juste plus rien à lui dire.
Je n'aimais pas les conflits, les incartades, les engueulades. J'en avais trop gouté lorsque j'étais enfant et adolescent, mon caractère tête brûlée me jouant plus d'une fois de mauvais tours, j'avais appris avec le temps à me tasser, à me tempérer. Peut être trop.
Car ce soir, l'adulte soit disant mature que j'étais m'était totalement étranger. Ces actions n'étaient pas miennes, ces doutes et ces regrets non plus. Autrement je ne serais pas parti sans prendre mes valises.
Non.
Et pourtant j'aurais sûrement du.
J'étais rentré plus tard que d'habitude. Ça m'arrivait parfois. Je m'étais arrêté pour faire quelques courses, sachant très bien qu'il n'aimait pas les faire. Il n'y avait rien à dire. Je n'avais rien de plus à dire. Les paquets chargés parlaient pour moi. Mais de toute évidence, ça ne suffisait pas. La dispute éclata. Pris entre sa jalousie mal placée et ses réflexions merdiques à souhait, ce que je détestais vivre le plus au monde était entrain de se passer sans que je ne puisse amortir quoi que se soit. Pour une raison que j'ignorais encore, la colère qui nous anima nous poussa dans nos retranchements les plus sordides. C'était absurde, c'était tout sauf rationnel, c'était explosif. Ce n'était plus moi.
Jamais je ne l'avais autant détesté qu'à cet instant précis. Jamais. Pas même lorsque nous nous bagarrions pour des pommes lorsqu'on était gamin, pas même lorsqu'il me provoquait sans cesse juste pour se prouver son existence, pas même lorsqu'il me snobait, moi et mes meilleurs amis étalant son argent dont il ne savait plus quoi faire, pas même lorsqu'il me rabaissait et m'humiliait comme le moins que rien qu'il pensait que j'étais. Pas même.
Et c'était fou.
Elle partit sans même que je ne la vois, elle claqua l'air de son son répugnant et me brûla la joue.
Elle nous refroidit considérablement, nous figea, nous statufia.
Les courses avaient été balancées à travers toute la cuisine et la salle à manger. Le carnage s'élevait à un paquet de farine et de pâtes renversés, à une grappe de tomates écrasée, à deux assiettes et un vase brisés, à un tableau décroché -le sien, le moche, celui acheté à dix-mille livres chez son amie galeriste contemporaine-, à deux chaises retournées, à trois livres à jeter puis à racheter et à un parquet à nettoyer.
Je me souvins avoir longtemps observer l'état déplorable de l'appartement avant de pouvoir me recentrer sur son geste et l'étendue de sa portée. Bien que ça soit surtout ses excuses et suppliques presque pitoyables qui me firent réaliser.
Et il y avait de quoi.
J'étais complètement à masse, à la ramasse même. Enfaite, je crois que j'avais simplement mal. Partout. Au sens propre comme au figuré. J'avais non seulement mal, mais aussi du mal à me rendre compte. Mes fondations étaient lentement entrain de s'effriter, mes convictions et mes valeurs entrain de s'écrouler. Une gifle, ça n'était pas anodin, ça n'était pas plaisant à recevoir, ça n'était pas quelque chose de facilement excusable, peut être que ça ne l'était d'ailleurs pas... Une gifle c'était tout sauf rien. Je me rendis compte que les mots claque, gifle, coup et baigne étaient entrain de s'accaparer toute ma raison. Après la gifle qu'il y avait-il ?
J'avais besoin de prendre l'air. De respirer.
Rien qu'un peu.
Le moi braillard et débrouillard que j'avais terré et tu ne se serait certainement pas privé de se barrer sans aucune autre forme de procès, avec en extra un joli crochet droit dans sa gueule d'ange à cet homme que j'aimais et côtoyais depuis près de sept ans. Le moi de dix-sept ans n'aurait jamais accepté cette gifle, il n'aurait même pas essayé de comprendre les raisons d'un tel acte. Raisons que je ne trouvais d'ailleurs toujours pas moi même.
Les pots cassés avaient du mal à se recoller, et à moins d'être un de ces artistes contemporains, la beauté déformée des choses et des objets avaient définitivement de la peine à trouver leur grâce auprès de mes yeux émeraudes.
- Arrêtez-vous là s'il-vous-plait, demandais-je enfin au chauffeur de taxi en désignant de la tête le parking d'un restaurant familial.
- Comme vous voudrez jeune homme, me répondit-il d'une voix un peu graveleuse.
La voiture s'engagea alors sur le parc de stationnement et s'arrêta.
- Combien vous dois-je ?
- Cent trente-deux livres, s'il-vous-plait.
Je payai sans dire un mot face au montant exigé, ça n'était pas ma carte de crédit. Lorsque je me décidai enfin à jeter un coup d'œil sur mon téléphone pour comptabiliser le nombre d'appels manqués, je vis son prénom apparaître à nouveau sur l'écran. Je m'avançai alors vers le restaurant lumineux et décrochai.
- Où es-tu ? me demanda une voix sèche et grave.
- Je m'apprête à manger quelque chose, puisque le repas de ce soir s'est transformé en une sorte de ragout pour parquet ciré, répliquais-je amer.
- Pour la deuxième fois, je te demande où tu es ! dit-il en haussa sensiblement le ton.
- Dans une chaîne des restaurants "Prêt-à-Manger", répondis-je en me mettant au bout d'une file d'attente.
- Lequel ? grogna-t-il.
- Parce que tu penses vraiment que je vais te le dire ? demandais-je froidement. Mais tu me prends pour quoi Draco ? repris-je sur le même ton avant de raccrocher.
Je soufflais agacé et éteins mon appareil. Ce soir il n'y aurait pas de réconciliation sur l'oreiller, pas de baise animale et désespérée comme nous en avions déjà eu, pas d'amour non plus. Ce soir il n'y aurait pas de mots dégoulinants de miel et de dîner aux chandelles pour pardonner. Ce soir il n'y aurait rien de tout ça. Ce soir j'étais profondément seul. Juste moi et mon ombre, et putain que ça faisait du bien.
Posté le 29/02/12
Note : J'espère que ce premier chapitre vous a plu ! A bientôt !
