Mujaki, jeune bambine de six ans, courrait à toute vitesse, tentant de rattraper ses amis. Sa longue et soyeuse chevelure rose voletait derrière elle alors que son regard rouge brillait sous l'effort qu'elle faisait. Son teint de pêche était un peu rougit par la chaleur qu'elle ressentait, effet très normal si l'on considérait qu'elle courrait depuis près d'une demi-heure. Elle savait parfaitement qu'elle pourrait facilement rejoindre ses amis, qui avaient quelques mètres d'avance sur elle. Mais elle savait aussi que la manière dont elle s'y prendrait n'était pas normale. Alors, elle ne faisait rien, se contentant de courir bien normalement, un sourire aux lèvres.
Remarquant soudain que le soleil se couchait, elle se stoppa. Ses amis, des jeunes de son âge, la regardèrent, perplexe.
- Que fais-tu, Mujaki ?
- Je dois rentrer ! On se voit demain, d'accord ?
- Bien sûr ! On va t'attendre au café au coin de ma rue !
- C'est noté !
Sur ce, la jeune fille les salua, avant de tourner les talons. Un sourire se dessina sur ses petites lèvres. Elle était « nouvelle » en ville et elle avait déjà pleins d'amis, un exploit pour quelqu'un de son âge. C'était plutôt agréable d'avoir de la compagnie, surtout lorsqu'on avait passé tant de temps seule, complètement seule… Mais ce temps était révolu.
Déterminée, l'enfant se dirigea d'un pas plus rapide vers l'extérieur de son nouveau village. Un grand village, pouvant presque se faire appeler ville, du nom d'Azumano. Un endroit bien sympathique, qui faisait son charme par les nombreuses apparitions du célèbre voleur fantôme, Dark. La petite s'extasiait toujours devant cet homme. Pas vraiment parce qu'il était beau, courageux et « classe », comme le disait les adolescentes d'environ quinze ans. Non, c'était plutôt parce que… il lui ressemblait.
Elle arriva soudainement au pied d'une montagne. Elle jeta un bref coup d'œil aux alentours, s'assurant que personne ne pourrait la voir. Cette montagne, elle ne pouvait être escaladée par un être humain normal. Elle devait y aller d'une autre manière.
Son regard de braise se mit à briller, comme illuminé de l'intérieur. Une douce lueur rosée l'entoura, avant de se concentrer dans son dos. Une forme abstraite se forma dans celui-ci, avant de devenir des plus en plus nette, jusqu'à former une grande paire d'aile. Deux grandes ailes, environ deux fois plus grande qu'elle, entièrement roses. Elle eut un petit sourire, satisfaite. Elle se sentait plus complète avec ces ailes accrochées dans son dos. Sans plus attendre, elle prit son envol.
Le souffle du vent s'engouffrait des ses ailes, y arrachant quelques plumes, balayait aussi ses cheveux, effleurait sa peau comme une caresse. C'était si agréable comme sensation que, parfois, elle ne volait que pour la ressentir. Elle vola un instant avec les oiseaux avant de se poser sur une corniche, près du sommet de la montagne, face à une grotte. L'enfant ne perdit pas de temps à regarder le soleil couchant : elle était trop jeune pour profiter d'un tel spectacle. Elle s'engouffra dans la caverne, heureuse d'être près de chez-elle. Mujaki avança quelques secondes, avant de se retrouver dans une grande pièce circulaire, un cul-de-sac. Au centre de la cavité se trouvait une statue plutôt imposante. Sculptée, travaillée et peinturé, cette sculpture était un véritable chef-d'œuvre. Elle représentait une adolescente, d'environ quatorze ans, les yeux fermés et un sourire doux accrochés aux lèvres. Sa douce chevelure rose semblait balayée par le vent, tout comme les plumes sur ses grandes ailes de même couleur. Une œuvre magnifique, nommée « beauté éternelle ». Sa maison. Elle fit disparaître ses ailes dans une volée de plumes. Alors qu'elle allait entrer « chez elle », elle se retourna doucement. Elle venait d'entendre quelqu'un, dehors. Un sourire sur les lèvres, elle se dirigea discrètement vers l'extérieur, prête à accueillir à bras ouverts la personne qui avait réussit à monter jusqu'ici. Mais elle s'attendait à tout, sauf à ce qu'elle vit.
Devant le regard ébahis de l'enfant se trouvait un ange. Un vrai de vrai ! Sa longue chevelure dorée se faisait balayée par la brise du crépuscule, tout comme son habit blanc et doré. Les plumes de ses ailes immaculées, repliées dans son dos mais aussi imposantes que celles de la jeune fille, frémissaient eut aussi sous la caresse du vent.
- Woah…
L'ange se tourna, visiblement surpris. Lorsqu'il vit qu'il avait été découvert, il fronça les sourcils. Son regard doré ressemblant à ceux des chats la fixa un moment, comme s'il tentait de découvrir quelque chose. Finalement, méfiant, il demanda :
- Qui es-tu, petite ?
- Je m'appelle Mujaki ! Je savais pas qu'il y avait d'autres anges !
L'homme ailé tiqua légèrement, mais ne passa aucun commentaire. Il sentait que cette petite dégageait un aura digne de toutes les œuvres créées par les Hikari, mais peut-être qu'elle ne parlait que de Dark. Cependant, un petit détail l'intéressait au plus haut point.
- Mujaki-san, comment as-tu fais pour monter jusqu'ici ?
- Appelez-moi Mujaki-chan, s'il vous plaît, ten'shi-san (monsieur l'ange) ! Je suis montée ici en volant, évidemment ! C'est bien trop dangereux de grimper, voyons ! Mais vous, comment vous vous appelez ?
Un sourire éclaira le visage du blond. Cette petite possédait un pouvoir extraordinaire à l'intérieur d'elle et cette naïveté dont elle faisait preuve allait lui être bien utile. Cependant, pour que son plan fonctionne, il devait gagner la confiance de l'enfant. Bien que ça semble déjà fait, il travailla son sourire et son regard, les rendant plus doux. Puis, il lança :
- Appelle-moi Krad. Krad-san, si tu veux. Et tu sais quoi ?
- Quoi, Krad-san ?
- J'ai un petit jeu à te proposer…
Le regard de braise de Mujaki s'illumina, expression accentuée par les derniers rayons du soleil couchant. Un jeu ? Ça promettait ! Si seulement elle savait à quoi elle devait s'attendre…
Mujaki : Naïveté/Innocence. J'ai pas trouvé mieux x)
[Fin de ce court chapitre, une espèce d'introduction. J'espère que ça vous as plus et à bientôt pour la suite !]
