Disclaimer : Les personnages appartiennent au magnifique Anthony Horowitz.
Rated: T
Be mine or be nothing
Chapitre 1: le nouvel arrivant.
Le soleil tapait si fort que l'air en devenait irrespirable. John avait l'impression que les vêtements qu'il portait pesaient une tonne alors qu'il s'agissait de sa tenue habituelle. Seule la casquette qu'il portait occasionnellement pour se protéger du soleil le changeait de sa tenue vestimentaire traditionnelle qui se composait d'un pantalon kaki, d'un t-shirt de la même couleur et de bottes noires.
Si son métier d'instructeur l'obligeait à se montrer dur envers ses élèves, au fond de lui, John les plaignait et ne voudrait pour rien au monde se retrouver à leur place; même si, auparavant, il s'était lui-même plusieurs fois retrouvé dans leur posture : la peau brulée par les coups de soleil, le visage suant de transpiration et les mains moites qui ne devaient surtout pas trembler sinon cela pouvait faire glisser l'arme et vous faire rater votre cible.
John Rider n'était pas un instructeur quelconque, à vrai dire il n'avait jamais eu de diplôme pour pouvoir enseigner ce qu'il enseignait à ses élèves. Il n'en avait pas besoin. L'art de tuer ne s'apprend pas dans une école, fort heureusement. Et l'expérience de John parlait d'elle-même. Scorpia était pratiquement venue le chercher et lui avait proposé de venir à Malagosto en tant que tueur à gages. On lui avait d'abord demandé de faire ses preuves, puis il était devenu professeur pour les nouvelles recrues.
Au premier abord, on avait du mal à croire que John Rider soit le genre d'homme qui puisse devenir tueur à gages. C'était un tireur d'élite, un soldat chevronné, certes, mais c'était aussi un homme droit qui avait servi son pays et qui s'était marié à une ravissante infirmière anglaise, tout comme lui, dont il était follement amoureux. Seulement voilà, suite à un incident, la vie de John avait viré au cauchemar. John n'avait plus eu de travail, sa carrière militaire était terminée bien qu'il n'avait que trente ans et il n'avait plus d'argent.
Plus par nécessité que par ambition, il avait accepté ce travail illégal et indécemment bien payé. Bien sûr sa femme n'était au courant de rien, elle se doutait que ce que son mari faisait n'était pas très honnête mais elle n'irait pas jusqu'à penser que John assassinait des personnes pour de l'argent.
A présent il était un membre actif d'une organisation criminelle, peut-être l'une des plus dangereuses du monde, et Scorpia avait totalement confiance en lui. Tuer des gens pour de l'argent ne lui avait pas vraiment posé de problèmes d'ordre moral, personne n'est innocent, sauf les enfants peut-être.
Quoiqu'il en soit, John faisait son métier avec implication et c'était tout ce que Scorpia lui demandait. Peut-être plus, songea John avec amertume, depuis quelque temps la dirigeante de Scorpia semblait avoir des vues sur lui.
Bien sûr Julia Rothman savait que John était marié et qu'il aimait sincèrement sa femme, mais elle n'avait pas pu s'empêcher de poser son regard sur le bel homme qu'était John. Grand, blond et doté d'un charisme impressionnant, John était le genre d'homme qu'on ne pouvait pas ne pas remarquer et Julia n'avait pas échappé à la règle. A l'inverse des autres femmes que John avait rencontré Julia, elle, n'avait pas froid aux yeux et était prête à presque tout pour parvenir à ses fins.
Le regard de John se concentra de nouveau sur l'activité qu'il avait infligée à ses élèves. Ces derniers étaient onze, onze à être positionnés derrière une ligne par-delà laquelle à environ 20 mètres se trouvaient des cibles que le soleil les empêchait de voir correctement. Pour compliquer l'exercice John avait exigé de ses apprentis qu'ils ne tirent qu'avec une seule main, chose qui rendait la prise de l'arme très difficile étant donné qu'ils avaient les mains moites.
-Ne laissez pas le soleil vous déconcentrer, il peut parfois vous être très utile ! Si vous savez où est la cible mais que le soleil vous aveugle, ça veut dire que la personne qui se trouvera à la place de la cible ne vous verra pas ! Vous pourrez alors tirez plusieurs fois avant de vous faire localiser, leur avait-il crié.
John était plus exaspéré que fatigué.
Cela faisait plus de trois heures qu'il était debout et aucune des recrues n'arrivait à viser sa cible plus de deux fois de suite.
Cette année Scorpia n'avait pas recruté élèves de talents, juste des personnes qui étaient prêtes à souffrir durant des années dans un camp d'entraînement seulement parce qu'elles savaient qu'en sortant de Scorpia l'argent ne viendrait jamais à leur manquer.
Le fait de voir au loin Julia Rothman s'approcher fit redoubler sa fatigue. Il n'était pas d'humeur à repousser, une nouvelle fois, les avances de la femme qui avait profité de son malheur pour l'engrainer dans un monde sans scrupules.
Alors que Julia était près d'arriver, John donna l'ordre à ses élèves d'effectuer une pause, chose qui était rare en soi, mais leur médiocrité l'exaspérait tellement qu'il ne se sentait pas capable de supporter leur échec en plus de la présence de Julia Rothman.
Les élèves quittaient le lieu, ils allaient se rafraîchir prés de la mer qui bordait l'île de Malagosto alors que Julia faisait son entrée.
-John ! Quel plaisir que de te revoir ! lui dit-elle avec un sourire radieux.
Julia Rothman était ce que l'on pouvait appeler une beauté froide. Sa silhouette mince, ses longs cheveux noirs qui tombaient en cascade sur ses épaules et ses yeux marron foncés faisaient d'elle une femme assez jolie, mais quand on la connaissait bien on lui retenait plus facilement sa cruauté que sa beauté.
-Julia, salua John, quel bon vent vous amène ici ? dit-il en retirant sa protection auditive.
- John que dois-je faire pour que tu me tutoies ? Peut-être qu'un dîner pourrait améliorer notre relation. Quoiqu'il en soit, nous verrons cela plus tard, je ne suis pas là pour ça.
- Et moi non plus, répliqua John en souriant. Julia lui toucha le bras.
- Oh, toujours le mot pour me taquiner, elle fit la moue puis lui dit sur un ton beaucoup plus sérieux, John, nous nous apprêtons à recevoir une nouvelle recrue, elle nous vient tout droit de Russie. Il s'agit de Yassen Gregorovitch, il a dix-neuf ans.
- Qu'est-ce qui vous fait croire qu'il mérite d'entrer à Scorpia ? Les dernières recrues que vous m'avez envoyées ne sont pas aussi douées que vous le prétendiez.
-Parce que Scorpia est tout ce qu'il a dorénavant, il faut que tu saches une chose John, Yassen a tout perdu. Absolument tout. Ses parents sont décédés lorsqu'il a eu quatorze ans, il n'a plus d'argent, plus d'endroit où habiter et plus aucune famille. Il a vécu dans les rues de Moscou, travaillant pour la mafia par moment, c'est d'ailleurs un de mes contacts de la mafia russe qui m'envoie le petit. Il a du talent m'a-t-on dit et c'est la première fois que Birko, mon contact, me dit ça d'un de ses membres. On peut lui faire confiance.
Le comportement de Julia dégoutait John mais il ne le montrait pas. Il se contenta seulement de lui demander :
-Vous dîtes qu'il vient de Russie, sait-il seulement parler anglais ?
-Il semblerait qu'il ait appris à parler notre langue grâce à des livres, son anglais n'est pas parfait mais on arrive à le comprendre. Il sera là dès demain, je compte sur toi pour l'entraîner. Quant aux autres recrues, ne sois pas si dur avec elles John, elles ne sont là que depuis quelques semaines. Tu ne peux pas leur en vouloir de ne pas avoir ton talent, ajouta Julia avec un sourire enjôleur.
-Il semblerait que nous ayons fini cette conversation. Si vous le voulez bien Julia j'aimerais finir la séance d'entraînement avant demain, dit simplement John.
-A ce soir John, nous dînons ensemble, tu te rappelles.
Elle quitta les lieux avant même qu'il ait le temps de répondre, le laissant ainsi, plongé dans ses pensées. Yassen Gregorovitch, le jeune russe avait fini par intriguer John, il ne l'avait pas encore rencontré mais il lui tardait d'en savoir plus sur lui. Il rappela ses élèves et se remit au travail tout en continuant de penser à Yassen.
