J'sais pas pourquoi. Ou plutôt j'ai jamais vraiment compris pourquoi. Pourquoi les gens agissaient comme des pourritures, pourquoi cette société malsaine avait plus tendance à nous séparer qu'autre chose. Y avait de ces jours où je me posais et je prenais le temps d'y réfléchir. Pourquoi ci ? Pourquoi ça ? C'était pathétique un peu, j'ressemblais à ces gosses qui s'acharnaient à croire en ces rêves qui n'étaient au final que de banales illusions. Parfois, ils me regardaient mal. Mes parents. Ouais eux. Parfois, je me demandais si ils m'aimaient vraiment. Comment cela pouvait-il être possible ? Bordel, on pouvait pas être de la même famille ! Tous ces silences, toute cette indifférence...Bon sang, ça me foutait les j'tons, ça me donnait la nausée.

J'en étais bien consciente pourtant. J'avais un caractère merdique. Je râlais pour rien, mon haleine empestait constamment la cigarette et j'avais cette foutue manie de pas r'garder les gens quand ils avaient l'audace de me parler sérieusement. J'étais une accumulation de défauts, d'imperfections, et ça, ils ne se gênaient pas pour me le faire savoir.

« Tes notes sont dégueulasses »

« A quoi bon te payer l'école si c'est pour que tu foutes rien ? »

« Dégage d'ici, ta tête ne nous revient plus. »

Souvent, on s'engueulait fort. Dans ce genre de moments là, je me cassais illico presto de cet enfer appelé maison, et je ne leur donnais plus de nouvelles pendant 2-3 jours. J'squattais chez des potes. Pour moi, c'étaient eux ma véritable famille, y avait même de doute à avoir là-dessus. On rigolait, on s'taquinait. Y avait de ces jours où je pleurais sur l'épaule de Dell. Son odeur de clope mélangé à de l'alcool m'dérangeait pas, au contraire, elle me rassurait. Il m'caressait les cheveux, me disait à quel point j'étais précieuse, à quel point j'devais pas me rabaisser pour les cons qu'étaient mes parents.

Puis un jour, Miku est entrée dans ma vie. Son regard, je l'oublierai jamais. Ses grands yeux qui vous dévisagent, qui essayent de lire à travers vos sombres pensées. Elle était magnifique. Je ne me lassais pas de plonger mon regard d'ambre dans ses magnifiques orbes couleur océan.

Intense et profond, j'avais cette habitude de me perdre dans son regard.

Miku, je l'aimais comme une folle.

Cette fille, j'ai même pas les mots pour vous la décrire tant elle est parfaite à mes yeux. C'était un ange, un véritable ange descendu des cieux pour me bénir, pour me sortir des profonds ténèbres dans lesquelles j'étais plongée depuis trop longtemps.

Je n'ai jamais cessé de l'aimer à vrai dire.

Quand ses pourritures ont commencé à nous harceler, j'ai défendu Miku comme une lionne. J'me suis battue, j'ai crié, je les ai insulté de toutes mes forces.

Miki, cette sombre connasse. Celle qui avait fait de la vie de Miku un véritable enfer.

Jamais je ne l'oublierai.

Jamais je ne lui pardonnerai.

C'était à cause de cette sale pétasse que ma petite-amie s'était suicidée.

Quand j'ai appris sa mort, j'ai hurlé tellement fort. C'était comme si mon univers entier s'était renversé. Comme si ma véritable raison de vivre s'était envolée. Ça faisait mal, horriblement mal. Cette douleur constante, elle voulait jamais me quitter. Elle emplissait mes yeux de larmes, emballait mon coeur…

Je me sentais tellement coupable aussi. Coupable de ne pas avoir pu la sauver. Celle que j'aimais, ma moitié.

Miku. Où que tu sois, sache que je t'aime plus que tout.

Je ne cesserai jamais de penser à toi, ma belle.

Ma douce muse...