Une petite note avant que vous ne commenciez la lecture:

Ceci est la version 02 de ma traduction de 'John Winchester's Journal'. Un chapitre = une entrée d'un chapitre du livre (une journée).

Comme pour ma traduction précédente, ce livre étant un journal, le texte est accompagné d'images, je vous conseille donc d'ouvrir un onglet supplémentaire sur mon tumblr (lien dans mon profile) où je poste les images chapitre par chapitre.

Tout ce qui [...] correspondra à une image.

Le texte écrit dans cette police correspondra à des phrases écrites de la main de John dans "le journal".

Le texte écrit dans cette police correspondra à des extraits de texte, article de journal... présent dans "le journal".

Sur ce, je vous laisse à la lecture du Journal de John Winchester!


1983

16 novembre:

Je suis allé voir Missouri, et j'ai appris la vérité. Grâce à elle, j'ai rencontré Fletcher Gable qui m'a donné ce livre et m'a dit: "Écris tout." C'est ça que m'a dit Fletcher, comme si cette nouvelle vie était l'école et que je me ferais virer si je n'avais pas de bonnes notes. Sauf que là, si je me faisais virer, c'est que j'étais mort. Et les garçons se retrouveraient orphelins. Donc, je vais revenir là, où tout a commencé.

Deux semaines plus tôt, ma femme a été assassinée. Je l'ai regardé mourir, plaqué au plafond de la chambre de Sammy, le sang gouttant dans son berceau jusqu'à ce qu'elle prenne feu en me fixant alors qu'elle mourrait. La semaine avant ça, nous étions une famille normale... nous dînions ensemble, nous allions voir les matches de T-ball de Dean, nous achetions des jouets pour Sammy. Mais, en cet instant, tout changea... Lorsque j'essaie d'y repenser, de mettre mes idées au clair... J'ai l'impression de devenir fou. Comme si quelqu'un m'avait arraché les deux bras et sorti les yeux de leur orbite...J'erre depuis, perdu, seul, et il n'y a rien que je puisse faire.

Mary avait l'habitude d'écrire des livres comme celui-ci. Elle disait que ça l'aidait à se rappeler toutes les petites choses, à propos des garçons, de moi... J'aimerais pouvoir lire ses journaux, mais comme tout le reste, ils sont partis. Réduis en cendres. Elle avait toujours voulu que j'essaye d'écrire les choses. Peut-être qu'elle avait raison, peut-être que ça m'aidera à me rappeler, à comprendre. Fletcher semble le penser.

Plus rien n'a de sens désormais. Ma femme est partie, mes fils se retrouvent sans leur mère... Les choses que j'ai vues cette nuit-là... Mary a hurlé, et j'ai couru, mais pourtant... tout était calme, durant une seconde, Sammy allait bien, et j'étais certain, alors d'avoir imaginé des choses, trop de films d'horreur à heure trop tardive de la nuit. Et puis, soudainement, il y avait du sang, j'ai levé les yeux, ma femme...

La moitié de notre maison est partie en fumée, même si le feu n'a brûlé que quelques heures. La plupart de nos vêtements et de nos photos sont foutus, même notre coffre, le coffre avec les vieux journaux de Mary, les livrets pour les comptes épargnes afin que les garçons aillent à l'université, le peu de bijoux que nous possédions... tout est parti.

Comment ma maison, ma vie entière pouvait disparaître comme ça, si rapidement dans les flammes? Comment ma femme pouvait brûler comme ça et me quitter?

Je veux qu'on me rende ma femme. Oh Seigneur, je veux qu'on me rende ma femme.

Au début, je pensais que nous resterions. Mike et Kate m'avaient aidé à m'occuper des garçons juste après ça, Julie avait été géniale aussi, mais j'avais essayé de leur dire, de dire à Mike, ce que je pensais qu'il s'était passé cette nuit-là. Il m'avait juste fixé, fixé de ce regard... comme s'il était convaincu que j'avais perdu la raison. Il avait aussi dû en parler à Kate. Le lendemain, sorti de nulle part, Kate m'a dit que je devrais penser à aller voir un psy. Comment pourrais-je parler de ça à un parfait inconnu? Je n'avais jamais vu de psy pour tout ce j'avais traversé en étant chez les Marines, et je m'en remis. Mes amis pensent que je suis en train de devenir fou. Qui sait, peut-être que c'est le cas...

La police a plus ou moins laissé tomber l'affaire dès lors qu'ils n'ont pas pu m'inculper. Ils s'en foutaient de savoir qu'elle était au plafond, s'en foutaient du sang sur son ventre et de toutes les choses que j'ai vues depuis cette nuit-là. Ils veulent une réponse propre. Que ce soit la bonne leur importe peu. La dernière fois que je leur ai parlé, une semaine après sa mort, ils m'ont posé les mêmes questions qu'ils m'avaient posé la nuit de l'incendie. Où étais-je? Comment était ma relation avec Mary dans les semaines qui avaient précédées l'incendie? Des problèmes avec les garçons? Je sais bien où ils veulent en venir.

L'oncle de Mary, Jacob, a organisé des funérailles pour elle dans l'Illinois d'où elle était originaire. Je n'y suis pas allé. Pourquoi? Il n'y avait rien à enterrer et je ne pense pas que j'aurais pu écouter ce que qui que ce soit aurait eut à dire là-bas. Je bois beaucoup trop, et j'ai du mal à trouver la fin de mes phrases. J'entends des choses la nuit, lorsque je suis assis dans la chambre de Dean et Sam. En ce moment tout semble être comme ces instants où vous vous rappelez un rêve que vous avez fait il y a quelques jours, mais que vous n'arrivez pas à vous rappeler si c'était bien un rêve ou si ça s'était réellement produit. Je n'arrête de me repasser cette nuit dans ma tête...Pourquoi est-ce que je suis sorti de ce lit? J'ai laissé ma femme toute seule pour aller regarder la télévision et elle était morte. Je suis vraiment désolé, Mary.

Dean parle toujours à peine. J'essaie de lui faire la causette sur des banalités, ou je lui demande s'il veut aller faire quelques lancers de balle. Je fais tout pour qu'il se sente à nouveau comme un enfant normal. Il ne s'éloigne jamais vraiment de moi, ou de son frère. Chaque matin, lorsque je me réveille, Dean est dans le berceau, ses bras enveloppant Sammy. Comme s'il tentait de le protéger de ce qui était là, la nuit.

Sammy pleure beaucoup, il réclame sa mère. Je ne sais pas comment l'arrêter et une partie de moi ne le veut pas. Ça me brise le cœur de penser que dans quelque temps il ne se la rappellera plus du tout. Je ne peux pas laisser son souvenir mourir.

Je me suis réveillé hier matin avec une mauvaise gueule-de-bois... Je n'avais pas vraiment la tête à faire quoi que ce soit, et encore à avoir une discussion à cœur ouvert avec Mike qui m'a sauté dessus dès que j'ai eu posé un pied dans la cuisine. Je suppose que c'est son droit puisque nous sommes dans sa maison. Il me répéta, comme un disque rayé, que je devais me ressaisir, pour les garçons... mais semblait plus inquiet pour le garage qu'autre chose. M'accusant de me faire porter pâle, de ne presque pas aller au travail... Sans blague, que je suis à peine allé au travail... Ma femme est morte, quelque chose d'horrible lui est arrivé et mes garçons sont peut-être en danger... Comment, pour l'amour de Dieu, puis-je oublier tout ça et aller travailler?

Quoi qu'il en soit, je lui ai dit qu'il pouvait l'avoir. Ça l'a stoppé net. "Tu es en train de me dire que tu vas abandonner le boulot de tes rêves pour ça?" Regarde-moi faire, Mike. C'est le tien.

J'ai quitté la maison de Mike avec son chèque à la main. Il n'était pas si inquiet pour moi, pas au point de ne pas me laisser partir, en tout cas. Est-ce je l'en blâme? Je ne sais pas. J'ai emmené les garçons chez Julie, et me suis rendu dans le premier dépôt de chèques que j'ai pu trouver. J'en suis sorti avec assez de liquide pour remplir l'arrière de la voiture de sécurité. Deux calibres douze: un fusil à pompe 1300 Winchester et un Stevens 311côte à côte. Et un régiment d'armes de petit calibre: un bon vieux Browning .9mm, un .44 Desert Eagle, un revolver Ruger SP101, et enfin un petit .22. Ce serait suffisant pour commencer.

Je n'ai jamais rien écrit d'aussi long de toute ma vie. J'espère que je n'aurais jamais à le refaire.

Je suis allé voir Missouri une deuxième fois, et je ne peux pas l'expliquer, mais... mais c'était comme si nous étions amis depuis des années. Elle connaissait chaque petit détail, pas seulement de ma vie, mais de moi aussi... mes pensées... mes peurs. Elle fut la première personne à ne pas me regarder comme si j'étais fou à lier quand je lui racontais mon histoire... elle m'écoutait simplement, acquiesçait, puis me dit qu'elle me croyait.

Elle me dit aussi que, si je voulais des réponses, j'allais devoir faire un sacrifice. Un sacrifice de sang. Je me suis alors arraché moi-même un de mes ongles, comme si c'était quelque chose que je faisais tous les jours. Elle eut une vision et nous trouvâmes un vrai bain de sang dans une maison du voisinage, ainsi que les mots NOUS VENONS POUR LES ENFANTS écrits avec du sang. Je ne me rappelle rien de ce qui s'est passé entre ça et trouver Sam et Dean, Dieu merci, sains et saufs chez Julie, mais elle... Julie était morte. Quelque chose l'avait massacrée. Missouri a trouvé une dent dans son corps. [01] J'ai essayé de la dessiner, mais je ne sais pas dessiner.J'ai pris les garçons, dit au revoir à Missouri et me suis tiré au plus vite de Lawrence. Si jamais j'y retourne un jour, ce sera trop tôt.

Pas pour Dean, en revanche. La première chose qu'il voulait savoir était quand nous rentrerions à la maison. Mais nous n'avons plus de maison, Dean. Plus vite tu t'y feras, mieux ce sera. Nous n'aurons pas de maison, tant que nous n'aurons pas trouvé ce qui a tué ta mère.

Premier arrêt: Eureka. Fletcher dit que c'est là que nous devrions commencer.