Résumé : Bella s'apprête à sauter de la falaise pour se délecter de la voix de son amour perdu. Cependant, au dernier moment, elle est rattrapée in extremis. Avec cette histoire, je vous propose une alternative, une autre fin que celle de Stéphenie Meyer. Ici, Alice ne revient pas en catastrophe à Forks, et Edward ne se résigne pas à aller trouver les Volturri. Bella va connaître une autre possibilité de vie, avec un autre décor loin de Forks, loin de tous ses souvenirs et de ses espoirs. Alors les deux amoureux transis ne se retrouveront plus ? Faites-moi confiance et laissez-vous bercer par les mots…

Avertissement : L'histoire et les personnages ne m'appartiennent pas, ils sont la propriétaire de Stephenie Meyer. Seules Lily et Orline sont issues de ma propre imagination. Certaines scènes ne conviennent pas aux mineurs de moins de 13 ans.

Promesse

Vacances d'avril…

_ Non ! Bella !

Je pouvais presque me représenter son visage tordu sous la colère, j'entendais distinctement ses avertissements et mises en garde contre mon projet démentiel et stupide. Sa colère me parvenait clairement, tant ses intonations virulentes que suppliantes. Un délice extrême pour moi, qui ne pouvait le faire revivre autrement. Dans ces rares instants, aussi stupides que téméraires, je le sentais de nouveau près de moi, il était enfin à mes côtés, et rien qu'à moi. Un flot de souvenirs m'inonda, je le percevais, retrouvais l'éclat de ses yeux qui me foudroyaient, sa mâchoire qui se crispait sous l'impulsion de sa fureur, ses pommettes saillantes, qui tressaillaient à chaque mot hurlé.

_ Crie-moi dessus autant qu'il te plaira, ça m'est bien égal du moment que je peux t'entendre je serai prête à tout ! Murmurais-je pour moi-même.

Le vent, soufflant plus fortement qu'à l'instant d'avant, m'emmêla les cheveux qui revenaient sur mon visage en me fouettant violemment. Je pouvais sentir l'écume de la mer propulsée par les rochers. Quelques cailloux tombèrent dans le vide vertigineux au moment où mes pieds se rapprochaient dangereusement du précipice. Toutefois, malgré la peur qui me sciait le ventre à cause du vide vertigineux, le spectacle était imprenable. Juste sous moi, la falaise tombait à pic, aucune anfractuosité ne dépassait de cette roche grise recouverte d'une mousse verte par endroit, ne laissant qu'une surface lisse contre laquelle l'écume remontait.

La mer s'étendait à perte de vue, encadrée par une muraille de roches, qui formait un arc de cercle autour de cette masse marine mouvante. Je relevai la tête pour admirer une dernière fois ce paysage inhospitalier, ces pentes colossales qui s'élevaient juste au-dessus de moi tout en me menaçant. Finalement, il ne m'avait fallu que peu de temps pour atteindre cette hauteur, déjà impressionnante pour l'exploit que je comptais accomplir. Après avoir laissé ma voiture sur le bas côté, je m'étais infiltrée à travers les bois, me faufilant entre les ronces et évitant le plus possible de me prendre les pieds dans les racines. Le trajet devenait de plus en plus ardu, à mesure que j'avançai, le sol s'élevait, je dus bientôt évoluer à quatre pates, m'aidant de mes mains pour escalader ce chemin toujours plus abrupt.

Soudain, les arbres se firent moins nombreux et la lumière plus vive. Puis, le bruit des vagues s'entrechoquant me parvint nettement. Alors, je franchis rapidement les derniers mètres qui me séparaient de la lumière et débouchai sur une petite plateforme verdoyante donnant sur l'océan. Le sol était humide, libérant des gerbes d'eau sous chacun de mes pas, mouillant au passage mes tennis en toile. Seulement trois mètres plus loin, le terrain disparaissait dans le vide sous forme de pointe.

Je devais reconnaître que la hauteur de cette falaise était déconcertante, surtout pour ce que je souhaitais y faire. Toutefois, je n'allais pas m'élancer de la hauteur prévue, en tout cas pas du même endroit d'où sautaient Sam et les autres. Et puis, si Jake m'avait promis qu'on sauterait un jour de cette falaise, cela devait être sans risque. Du coup, je restais persuadée que je n'en mourrai pas, je sortirai de l'eau sans doute transie par le froid, mais avec la joie de l'avoir à nouveau entendu.

J'écartai mes bras perpendiculairement à mon corps, prête à me laisser glisser le long de l'escarpement. J'hasardai tout de même un regard en contrebas, où les vagues venaient se fracasser contre la paroi rocheuse du promontoire sur lequel je me trouvais, à plus d'une dizaine de mètres de hauteur. Malgré l'angoisse qui faisait palpiter mon cœur, je ne voulais pas renoncer à mon saut de l'ange. Cela faisait des semaines que je n'avais pas pu entendre sa voix, et je ne tenais plus en place.

_ BELLA ! Souviens-toi de ta promesse !

A ce moment-là, elle se fit plus ferme et plus dure, le plaisir s'infiltra dans tout mon corps, parvenant même à panser le trou béant de mon cœur. Au diable ma promesse ! Avait-il tenu la sienne ? Celle de rester auprès de moi tant que c'était mon désir. Non ! Alors peut m'importait de revenir sur la mienne, nous étions quitte à présent.

Je fis quelques pas de plus, pour que mes pieds soient au plus près du gouffre, et m'inclinai vers la masse bleue de la mer en dessous de moi. Le ténor se mit à gémir et hurler en même temps, me priant de ne pas sauter, alors se fut avec le sourire que je m'effondrai du précipice.

_ Aussi stupide et téméraire que je puisse ! Sur ce mon corps se pencha dangereusement…

Tout d'un coup, et même plus tôt que je ne l'aurais imaginé, je me sentis propulser sur le côté, certainement à cause de la puissance du vent, et je vins percuter avec force un revêtement ferme. Bizarrement, je ne ressentis pas la morsure du froid m'assaillir, ni l'eau m'envelopper. Bien au contraire, j'avais l'impression d'être recouverte d'une camisole chauffante.

Alors, j'ouvris les yeux et ce que je vis me laissa pantoise. Ce que j'avais pris pour une couverture, n'était autre que les bras de Jacob, qui m'enlaçaient fermement. Finalement, je n'avais pas pu sauter, il m'avait rattrapé juste à temps.

_ Mince ! Pensai-je.

Sa tête était enfouie dans mes cheveux et il me serrait fortement contre lui. Je tentai de remuer, mais en vain, il me tenait trop bien pour que je puisse bouger ne serais-ce qu'un membre. Qu'allait-il penser de mon acte ? Qu'allait-il croire ?

Soudain, s'apercevant de mes tentatives infructueuses pour me mouvoir, Jacob releva la tête, faisant vriller ses yeux dans les miens. Alors, je vis des larmes couler le long de ses joues. A la vue de sa tristesse je m'en voulus de lui causer autant de soucis. Je n'étais qu'un monstre, un être égoïste qui ne pensait qu'à son petit plaisir personnel, sans tenir compte des sentiments de mon entourage. Je méritai son mépris, mais au lieu de me rejeter, il colla son front au mien sans quitter un seul instant mon regard.

_ Ne refait plus jamais ça ! Qu'importe ce que tu ressens, qu'importe le mal dont tu souffres, jure-moi de ne plus attenter à ta vie.

À ce moment là, ses larmes redoublèrent, ses mains se déplacèrent sur mes bras, me tenant par les épaules. Devant une telle détresse, j'éclatai en sanglots, baissant le regard, honteuse.

_ Je désirais juste l'entendre encore une fois. Je ne voulais en aucun cas mettre fin à mes jours, seulement apaiser ma blessure grâce… Grâce au son de sa voix, de… De son ténor. Répondis-je en m'étranglant à moitié.

_ De quoi parles-tu Bella ? De qui ?

Son regard en disait long sur ce qu'il pensait. Jacob était complètement ahurit et surprit, n'ayant pas dû saisir l'ampleur des dégâts, du moins pas jusqu'à ce point. À cette heure, il devait sûrement me considérer comme une folle à lier, cette seule pensée me gênait et je fus prise de tremblements violents.

_ Oh, Bella calme-toi s'il te plaît, je ne te laisserai jamais ! Moi je ne t'abandonnerai pas, et je t'aiderai à apaiser tes douleurs, à panser tes blessures. Donne-moi seulement l'opportunité et je pourrai te rendre heureuse, je te le promets. Essaye de me faire confiance !

Il ne me quittait pas des yeux, et son expression était à la fois sincère et grave. Je me mis alors à hurler la triste vérité sur mon cas :

_ Je ne suis qu'une coquille vide Jake ! Un trou énorme a envahi ma poitrine, mon cœur se meurt et de mes blessures coulent un sang froid et terne. Que pourrais-je t'offrir ? Je relevai les yeux les plongeant dans les siens, et restais étendue, lasse de ce que j'étais devenue, une pitoyable créature.

_ Je ne te demande rien en retour, ton sourire et ta joie de vivre seront pour moi ma seule consolation. Je désire seulement ton bonheur, laisse-moi t'aider, tenter d'y parvenir. Ton cœur a beau être ravagé par le chagrin et la douleur, il continu de battre, il te faudra vivre avec cette cicatrice indélébile, alors peut-être guérira-t-elle un jour. Si tu me le permets, j'essayerai de te rendre la vie plus douce, faire diminuer la douleur et que tu te sentes bien.

Après ses mots, il caressa mon visage de ses deux énormes mains, pour que nos yeux ne se quittent plus. Alors, je vis le déluge de sentiments qui passaient au travers. Pour la première fois depuis des mois, je perçus tout au fond de moi, les pulsations de mon cœur qui s'accéléraient, ma gorge se noua et je sentis comme des papillons dans mon ventre.

Cet instant sembla s'éterniser, comme suspendu dans l'air, le temps lui-même était arrêté. La vigueur des prunelles de Jake brisaient petit à petit les dernières barrières que je m'étais imposée. Puis, il rapprocha doucement son visage du mien, je pouvais sentir son souffle chaud sur ma joue et même entendre les battements de son cœur. Il déposa un baiser sur mon front, puis descendit le long de ma joue, pour atterrir sur mes lèvres, délicatement d'abord, puis plus fougueusement à mesure que mon corps se collait au sien. Il plaqua sa main sur le bas de mon dos, m'attirant ainsi plus près de lui, toujours plus près, pour ne faire plus qu'un. Je m'agrippai avidement à son cou et collai ma bouche de façon plus intense, en m'accrochant à ses cheveux.

Il n'y avait aucune retenue, la chaleur de son haleine titillait mes narines, et je pouvais laisser libre cours à mes envies et à ma fougue jusque là bridées. Jacob m'allongea délicatement sur le sol avant de me faire rouler sur le côté, se retrouvant ainsi au-dessus de moi. Sa bouche fourrageant dans mon cou, puis remontant automatiquement sur mes lèvres, qui ne désiraient plus qu'une seule chose : la douceur des siennes. Mes mains s'accrochèrent derrière sa nuque pour le retenir à jamais, pour qu'il ne m'abandonne pas.

A bout de souffle, Jacob releva la tête et me sourit, ce qui me fit chavirer. En voyant mon trouble et mes joues rosir sous le désir, il rigola et me couva de son regard plein d'amour. Néanmoins, une fois les premières ardeurs du baiser passées, un étrange sentiment s'empara de moi, je ne savais pas comment l'expliquer, ni quel mot choisir pour le matérialiser, toutefois, j'avais la sensation d'une certaine culpabilité. Un sentiment qui n'avait pas lieu d'être, après tout c'est lui qui m'avait quitté, ne devrais-je pas l'oublier définitivement ? Ne serais-ce que pour mon entourage et le bien de ma santé mentale.

Aussitôt, je sus que je ne pourrai jamais effacer ni ce visage, ni l'affection que je lui portais depuis toujours. Mon cœur pourrait-il se fendre en deux ? Pouvoir accepter l'amour de Jacob tout en restant fidèle aux sentiments que j'éprouvais encore pour lui. En serai-je capable ? Peut-être finira-t-il par s'éclipser au fil du temps ? J'essayais alors de m'en persuader naïvement, en sachant pertinemment que ce qui me liait à lui était bien plus fort qu'un simple premier amour d'adolescente.

Dorénavant, je voulais réellement m'en sortir. Il n'était plus question de survivre mais de profiter de ma vie, de ma famille, de mes amis et de Jacob, qui était mon protecteur. Je priais pour réussir à l'aimer autant que lui m'aimait, du moins je me suppliais d'y parvenir.

Il choisit ce moment précis pour se matérialiser de nouveau à travers mon imagination. Ses traits n'étaient plus tendus comme tout à l'heure, il semblait grave mais calme. Je vis ses lèvres s'entrouvrirent légèrement et entendis ce qu'il me murmurait :

_ Sois heureuse.

Puis, comme une vague disparait dans l'océan, ma vision s'effaça progressivement, ne devenant plus qu'un point à l'horizon. En même temps qu'il s'éloignait de moi, mes sentiments se disloquèrent. Il me reprenait mes promesses d'amour éternel et achevait ainsi notre idylle passionnée.

Mon cœur, revenu à la vie, se contracta devant cette fin, comme une page que l'on tourne. Me poussait-il à aller de l'avant et laisser mon passé derrière moi ? Ma souffrance s'arrêterait-elle ainsi ? Avais-je sa bénédiction ? Cela me paraissait simple, si simple, trop simple…

Jacob se redressa, tout en me gardant fermement dans ses bras, sans me lâcher une seconde des yeux, et me ramena chez lui. Étrangement, sur le chemin, je m'imaginais un éventuel futur avec lui, notre quotidien fait de moments voluptueux, de désaccords, de contacts fougueux et sans retenue. Je ne pouvais rêver mieux en dehors de celui qui m'avait laissé pour d'autres aventures. D'ailleurs, je n'avais depuis lors jamais imaginé mes lendemains en tant qu'humaine sans lui, cette seule pensée me fit tressaillir et je m'empressai de la chasser pour me concentrer que sur un seul objectif : mon rétablissement émotionnel. J'étais persuadée que Jacob serait la personne la mieux habilitée pour réussir dans cette tâche ardue.