Chapitre 1 : Exhaustif préambule.

(Flanelle) s'éclaircit la gorge : Bonjour à toutes et à tous, enfin surtout toutes, puisqu'à ma connaissance, la plupart de vous sont du sexe féminin. Je suis ici ce soir, ce matin ou cet après-midi, en fonction de l'heure à laquelle vous lisez ces modestes pages, pour vous conter une histoire assez extraordinaire… Et je pèse mes mots !

Mesdames et Messieurs, ce que vous allez lire aujourd'hui sort tout simplement du commun… C'est une histoire sombre, contée malgré tout avec humour (si, si !), que nous rapporte notre auteur. Une histoire digne des plus grands (plus grands quoi, après, c'est autre chose) ; dans laquelle passion et haine se côtoient, dans laquelle douleur et fous rires se serrent les coudes, et où la fraternité et la trahison ne font qu'un… Aaah j'entends quelques sceptiques ! Ai-je réussi à piquer votre curiosité ? Non ? Bon, tant pis.

C'est une histoire qui commence comme un savon sous la douche : tout va bien, tout sent bon, tout est beau et propre jusqu'à ce qu'on glisse dessus… Pardon ? Ah, bien sûr, que j'en rajoute une bonne couche, puisque c'est mon histoire ! Non, non ne partez pas tout de suite ! Ok, ok, j'arrête les affabulations. Non, s'il vous-plaît, attendez, regardez ça avant de partir:

(Flanelle montre une photo sur laquelle quatre jeunes hommes font les mariolles. Elle se racle la gorge avant de continuer) Bien entendu, vous connaissez la trame principale de mon histoire: les Maraudeurs.

Celui-là, qui sourit d'un air niais, c'est James Potter, le père du très célèbre Harry Potter. S'il sourit comme ça c'est sûrement parce qu'une certaine rouquine doit être dans les parages. James, c'est la star du club de Quidditch : il se désigne lui-même comme étant « le meilleur attrapeur depuis Roderick Plumpton ». Imaginez la taille de ses chevilles… C'est limite s'il ne parle pas parfois de lui-même à la troisième personne. N'est-ce-pas pathétique ?

L'autre, juste derrière lui… Comment ? Oui, la paire de fesses, c'est ça. Oui, bon, forcément vous aurez du mal à le reconnaître. Quoiqu'il en soit, lui c'est Sirius Black. Croyez-moi, son visage est beaucoup moins disgracieux ! Sirius, C'est la coqueluche de ces dames : rien dans la tête, tout dans les muscles. Les autres appellent ça un Gryffondor 100% pur jus, moi j'appelle ça un barbare. A cette époque, il venait de partir de chez ses parents pour aller habiter chez les Potter. Je crois qu'il n'a jamais été aussi heureux que là-bas.

Le petit-gros que vous voyez, là, et qui a un air un peu absent sur le visage, c'est Peter Pettigrow. Je crois que de ma vie je n'ai jamais vu une telle bêtise concentrée chez une seule personne. Sérieusement, il a dû échanger sa place à Gryffondor contre des pièces de tissu au Choixpeau… Il est moche, peu populaire, méprisable, imbécile, et pire que tout : c'est la seule personne que je connaisse qui rigole à la blague du têtard. Vous savez ? « C'était un têtard, il croyait qu'il était tôt mais en fait… Il est têtard ! ». Il passe des heures à se bidonner tout seul dès qu'on la mentionne… Ses autres occupations ? Se pâmer d'admiration devant la popularité de Sirius, l'athlétisme de James et l'intelligence de Remus. Quelle vie !

Ah ? Je ne vous ai pas encore parlé de Remus ? C'est normal, le meilleur pour la fin. Remus, c'est le dernier, là, celui qui se tient prêt à frapper James avec un bouquin. C'est le plus intellectuel des quatre, mais il est toujours partant pour un coup fourré. Sérieusement, je me demande ce qu'avait Dumbledore dans la tête en le nommant préfet… Une overdose de glucose peut-être… Bref, comme vous le savez certainement, grâce à la lecture de toute la saga des Harry Potter, Remus est un loup-garou. Petit handicap qui le complexe énormément…

Comment ? Ah, moi dans tout ça ? Bah vous aurez du mal à me voir, je suis derrière l'appareil en fait. Oui, oui, c'est moi qui prends la photo. Non, mais attendeeeez avant de partir ! Oui, je sais que vous les connaissez déjà, les Maraudeurs ! Non, je vous assure, je ne vous prends pas pour des jambons. Bon, d'accord, vous présenter la photo n'avait aucun strictement intérêt vu que je ne suis pas dessus et que vous connaissez tous les personnages. Mais bon, il faut bien commencer une fanfiction… Bon alors je vous explique mon utilité dans tout ça ? Ah, merci.

Alors moi, je suis un peu comme la cinquième roue du carrosse : la Maraudeuse que tout le monde a oublié, quoi. Je connais ces quatre lascars depuis la première année ; j'ai fait mes premières heures de colle avec eux, mes premiers points en moins, mes premiers passages secrets… Mais j'ai été comme qui dirait évincée quelques années après notre sortie de Poudlard. Vous comprendrez bien vite pourquoi.

Ah oui, j'allais oublier l'essentiel: je m'appelle Flanelle Thérèse Géromine Pétronille Octavie De L'Estang. Comme en témoignent mes nombreux noms, je suis française. Enfin, plus exactement, je suis née à Honfleur et je suis arrivée en Angleterre dès mes 5 ans. J'ai été adoptée par une famille anglaise à la mort de mes parents. J'ai passé ma scolarité à Poudlard, et à ma sortie, j'ai décrété que l'Angleterre, c'était pas si mal que ça. Je suis donc restée.

Comment ? Vous me demandez si je fais des études ? Non merci, pas pour moi, tu peux bien les offrir à une autre ! Je me suis confortablement installée dans la maison d'été de mes parents adoptifs, Jack et Elizabeth Walden, à faire des petits boulots à droite et à gauche pour m'occuper.

Au moment où notre histoire commence, Sirius venait de me faire entrer comme secrétaire personnelle d'Alastor Maugrey. La classe, non ? Bon, d'accord, à part se servir d'une plume et d'un parchemin, une secrétaire n'a pas besoin de savoir faire grand-chose. Je passe mon temps à suivre Maugrey comme son ombre dans les différents départements du ministère, ou à prendre des rendez-vous pour son compte. Enfin ça, c'est pour les quelques heures que je passe en compagnie de Maugrey. La plupart du temps je traîne dans la cafèt du ministère avec un ou plusieurs des Maraudeurs. Je l'avoue, je suis assez inutile à la marche du ministère.

Ah si, quand même, figurez-vous qu'une fois j'ai même participé à une arrestation de mangemorts. Bon d'accord, je n'étais pas du tout censée être là. D'ailleurs Maugrey m'en veut à mort depuis ça… Il faut dire que j'ai failli tout faire capoter ! James a eu du mal à l'empêcher de m'avada kedravriser sur place.

Bon, attendez, c'est bien beau tout ça, mais ça n'a rien à voir avec ce pourquoi nous sommes réunis ici… Alors venez, suivez-moi (Nous nous retrouvons au milieu d'une ville. Flanelle avance entre des petites rues en direction d'un manoir). Tiens, regardez, là (Elle pointe quelque chose du doigt).

(On voit deux personnes approcher) Voilà, ça c'est moi et Remus. On vit ensemble depuis notre sortie de Poudlard. Non, non ne vous fourvoyez pas, nous ne sommes pas en couple. Remus est juste mon colocataire et, accessoirement, le meilleur ami que je n'aie jamais eu.

Alors pour vous mettre dans le bain, si nous sommes dehors à une heure aussi tardive, c'est parce que Lily et James nous ont tous invités à fêter leurs fiançailles. Oui, moi aussi, ça m'a étonnée au début, mais on s'y habitue… Et bon, en fait ce n'était pas vraiment une surprise pour vous, vu que vous avez lu les bouquins. Ah, regardez, voilà Sirius qui arrive… Bon, je vous laisse avec mon vrai moi, l'histoire va commencer. Ne vous inquiétez pas, vous êtes entre de bonnes mains (les miennes!). Allez, à tout de suite !


C'est bon vous êtes là ? Ok, donc nous venons d'arriver au portail du Manoir Potter. Remus et moi pouvons voir Sirius arriver à dos de sa moto volante. Mon cher loup-garou décide galamment de l'attendre avant d'entrer. Déjà lassée, je baille en m'étirant. Ah, le voilà qui approche.

-Salut Sirius.

-Salut Nellie, Salut Lunard ! Aaaah la vie est belle, hurle-t-il en nous embrassant expansivement.

Remus prend un air renfrogné :

-Sirius, ce n'est pas parce que ton meilleur ami vient de se fiancer qu'il faut que tu te forces à être plus enthousiaste que d'habitude…

-Ouais, c'est pas comme si c'était une surprise qu'il se fiance, quand même… Et je t'en supplie, arrête de m'appeler Nellie.

Mais malheureusement pour nous, Sirius ne se départit pas de son air béat, ni de mon affreux surnom. Agacée par son idiotie congénitale, je demande :

-Tu étais censé amener Peter. Tu l'as perdu en route ou il n'a pas réussi à te suivre ?

Sirius hausse les épaules, vexé, mais toujours le sourire à la bouche (si, si il y arrive! Nous parlons tout de même de Sirius Black, je vous en prie !) :

-Je suis allé chez lui, sa mère m'a dit qu'il était « affreusement malade » et qu'il ne pouvait pas sortir… La dragoncelle à ce que j'ai compris… Mais quand même, il aurait pu faire un effort pour les fiançailles de James !

-Il aurait surtout pu trouver une excuse plus plausible ! m'exclamai-je en secouant la tête d'un air blasé.

Remus sourit à ma remarque. Je crois que lui non plus n'a jamais trop aimé Peter. En fait j'en suis même sûre. Mais par égard pour les deux autres zigotos, il ne dit rien. Ca c'est tout Remus. La délicatesse incarnée…

-Bon les affreux, vous permettez, je me les caille, je rentre.

… ou pas.

Quelques secondes après que Remus ait sonné, Lily nous ouvre avec un sourire radieux. Elle a l'air comblé. Merlin tout puissant, je sens que je vais passer une soirée éprouvante ! Nom d'une baguette en bois, je hais les débordements de joie. Et Lily avec. Mais bon, je fais des efforts pour James, Sirius et Remus… Enfin, surtout pour Remus en fait…

-Remus, Nellie, Sirius !! Entrez, entrez ! Retirez vos manteaux, je vous en prie ! Comment allez-vous tous ? Peter n'est pas avec vous ? Vous n'avez pas froid j'espère ? Oh lala, ça fait combien de temps qu'on s'est pas vus ?

Je tente difficilement d'en placer une sous cette avalanche de questions. Remus coupe Lily :

-Ca fait au moins une semaine qu'on ne s'est pas vus Lily, rigole-t il.

Ca ne me fait pas rire du tout. Lily est une surexcitée de la vie, une sorte de Père Noël sous Prozac. Et c'est de pire en pire depuis qu'elle est avec James… C'est Disneyland tous les jours avec elle. Croyez-moi, c'est usant. Imaginez-vous faire le manège des poupées en boucle…

Quand j'ai appris pourquoi Lily et James nous invitaient, j'ai failli me faire porter pâle… Remus a dû me traîner jusqu'à Godric's Hollow. Enervée, je marmonne quelque chose à propos de Peter, qui n'est décidément pas aussi idiot que je le pensais. Alors que Lily va ranger nos manteaux dans la chambre d'amis et que Sirius se jette dans les bras de son presque frère, Remus se tourne vers moi, amusé, et me lance discrètement :

-Est-ce que tu viens réellement de reconnaître une once d'intelligence en Peter ?

J'éclate de rire. Ah, si j'étais une femme normalement constituée, je serais folle de Remus Lupin !

James se tourne vers nous après avoir lâché Sirius. Lui aussi semble gonflé à l'euphorisant ce soir. Je prends mon courage à deux mains et déclare haut et fort, pour éviter que Remus puisse me le reprocher :

-Toutes mes félicitations James !!

Je ne peux m'empêcher de lui donner un coup de coude dans les côtes et de laisser tomber un peu lourdinguement :

-Eh, n'oublie pas que l'amour est aveugle mais que le mariage lui rend la vue !

Remus pouffe, moqueur. James sourit. Ca peut paraître dingue mais James et Lily adorent ce genre de remarques nunuches. Je lève les yeux au ciel, désespérée. Lily revient de la chambre d'amis au moment où je sors quelque chose de mon sac.

-OoOoOoooOh !! Qu'est ce que c'est ??

Je fais un sourire crispé et empoigne la bouteille de champagne que j'avais emportée. Oui, j'ai peut-être un jugement un peu négatif à l'égard de mes amis mais je prends soin d'eux tout de même… Ils peuvent être utiles, qui sait ?

En voyant la bouteille, Remus s'écrie :

-Allez, champagne pour tout le monde !!

-Espèce d'alcolo, le champagne ça se déguste ! Je m'écrie, révoltée, en serrant la précieuse bouteille contre moi.

Remus lève les yeux au plafond.

-Excusez-moi, je n'ai pas votre expérience des alcools fins et raffinés, Madame La Duchesse…

-T'inquiètes pas Lunard, j'ai toute la binouze qu'il faut au frigo… Rétorque James en un clin d'œil peu discret.

La réponse de Lily ne se fait pas attendre :

-Ah non, James, tu m'as promis ! Pas ce soir, c'est notre soirée !

Non mais quelle rabat-joie, sans rire… Comment James peut-il la supporter ? Une vraie belle-mère avant l'heure !

-Oh allez, Lily Jolie, ta soirée, c'est tous les soirs… Lui susurre-t il d'un ton plein de sous-entendus (très lourd, soit dit en passant).

Et Lily se permet de faire la tête. Dis-donc, je sens que ça va être sympatoche ! Sentant la crise de nerfs imminente, je l'entraîne à la cuisine d'un ton qui se veut gai :

-Allez Lily, ne t'inquiètes pas, des fiançailles on t'en fêtera des milliers si tu veux ! Laisse-les décompresser, pour une fois qu'ils arrivent à se voir !

J'ai envie de rajouter « Tu ne vas pas nous faire chier mèmère, on n'a que 20 ans ! », mais je m'abstiens à contrecoeur. Lily me suit, bon gré, mal gré. Elle proteste qu'ils vont encore lui détruire son mobilier et lui tâcher ses tapis. Je réplique que de toute façon, puisqu'elle est une sorcière, ça ne lui prendra que deux secondes pour ranger le lendemain. Elle se trouve à court d'arguments et se voit obligée de laisser les hommes déboucher le champagne et sortir la vinasse.

En attendant, nous nous retrouvons seules dans la cuisine. Les moments que je passe seule avec Lily sont ceux que j'appréhende le plus. J'ai toujours peur que sa bonne humeur expansive termine par me contaminer et que je termine par ressembler à un Bisounours ou à Mickey Mouse (sa voix suraigüe est l'un de mes cauchemars les plus affreux).

Mais contre toute attente, Lily affiche un air grave qui me surprend tellement que je ne peux que la prendre au sérieux (pour une fois):

-Nellie, il faut que je te dise…

-Pitié, ne m'appelle pas Nellie, c'est tout ce que je demande. C'est trop Anglais pour moi.

Elle prend un air contrit.

-J'aimerais beaucoup, mais j'ai un peu de mal avec « Flanelle ». Ça fait un peu… ruban.

Je souris, sincèrement cette fois. Bizarrement, les critiques qu'elle peut me faire sont les remarques que j'apprécie le plus de sa part. En plus elle n'a pas totalement tord. Flanelle est un nom assez dur à porter…

-Je pense que c'était le but recherché par ma mère. Enfin, Octavie je veux dire.

A la mention de ma mère biologique, Lily a l'air mal à l'aise :

-Justement, c'est de ça que je voulais te parler… Je veux dire, tu ne nous parle pas souvent de tes parents biologiques et de ton enfance en France…

-Et c'est ça qui te rend si mal à l'aise ?

-Oui... Enfin, non…

Elle a l'air de ne pas savoir sur quel pied danser.

-Je ne vois franchement pas l'importance que ça a, Lily. De toute façon je n'ai que très peu de souvenirs de cette époque.

-Justement c'est important… Ecoute… Je…

-Si je n'en parle pas c'est parce qu'il n'y a pas grand-chose à en dire. Je suis née, mes parents sont morts, j'ai été adoptée. Point final.

-Bon, tu vas me laisser terminer, Nellie?

Son ton sec m'intercepte. Imaginez Tinkie-Winkie vous ordonner de vous la fermer, il y a de quoi surprendre. Mon dieu : Oui-Oui se rebelle ? Tremblement de terre au pays des jouets !! Raz-de-marée sur l'Île aux Enfants !

Je ne cherche cependant pas à répliquer –bien que l'envie ne manque pas- et la laisse achever.

-Ecoute Nellie, ça m'embête de te dire ça… Mais le fait que tu ne nous parle pas de tout ça… Et la mystérieuse mission dont tu t'es investie auprès de Dumbledore…

-Quoi ? Qu'est ce qu'il y a ?

-Eh bien… Ne le prends pas mal hein. Ce n'est pas ce que je pense, mais… Ca en amène certains à penser que le traître serait toi…

Je suis littéralement estomaquée.

Moi qui pensais passée une soirée des plus médiocres à parler de l'heureuse future vie de mari et femme de James et Lily, je me retrouve assise dans une cuisine dont la décoration laisse franchement à désirer –influence de Barbie ? On ne saura jamais…- à être accusée d'être la taupe qui livre toutes les informations capitales de l'Ordre à Voldemort.

Sa déclaration me fait l'effet d'une douche froide. Je les ai critiqués des milliers de fois. Ils m'ont insupporté au moins autant. J'ai failli leur décoller plusieurs bonnes roustes pour leur bêtise. J'ai toujours détesté leur manière de voir le monde en rose et noir (Nda : oui parce qu'ils sont tellement Bisounoursisés que le blanc est rose pour eux). Mais, Merlin tout puissant, ce sont mes amis. Des amis insupportables, certes, mais ils ont au moins le mérite d'avoir décerné ce titre.

Lily est réellement gênée. Ma réaction a dû l'étonner. J'ai vraiment dû surestimer leur capacité de jugement…

-Nellie, je n'ai pas dit que je pensais que tu étais le traître…

-J'en ai rien à foutre de ce que tu penses Lily, la coupé-je sèchement.

Elle prend une inspiration. Elle a l'air peiné.

-Ecoute, je sais que ça peut décevoir…

Je ne prends même pas la peine de répondre. Je m'assois sur la première chaise qui vient, trop éberluée pour pouvoir faire quoi que ce soit. Tellement éberluée que je ne remarque même pas que je me suis assise sur les toasts apéritifs. Ce que ça vient faire sur une chaise, on se le demande.

Lily reprend, alors que je tente de retirer la tapenade qui me colle au fessier d'un geste rageur:

-Nellie, comprends-les ! Tu viens d'une famille dont on ne connaît rien ! Qui sait si tes parents n'étaient pas des sorciers rattachés à la cause de Voldemort ?

Je ne prends pas la peine de répliquer. Ils savent tous très bien pourquoi je ne parle jamais d'Octavie et de Gustave. Lily prend une bonne inspiration et continue, comme si elle avait peur de ne pas pouvoir terminer si elle s'arrêtait :

- Mais surtout… Surtout… Tu es de plus en plus absente, on ne te voit quasiment jamais… Tu pars des jours entiers, et tu reviens toujours avec une mine d'information sur les mangemorts… Et quand tu passes du temps avec nous tu es mal aimable au possible… Tu as tellement changé, on ne te reconnaît plus !

Sa tirade m'exaspère au plus haut point. Je sors brusquement de la cuisine. Elle n'est même pas logique dans son raisonnement. Comment est-ce que je pourrais trahir l'Ordre alors que je n'en fais même pas partie ? Et ça a eu Optimal en arithmancie…

Elle me suit, embarrassée :

-Nellie, reviens, écoute !! Réponds-moi ! Explique-nous !

Je retourne au salon, sous le regard éberlué des trois hommes, qui ont dû entendre des bribes de notre conversation. Passablement vexée, j'empoigne mon sac à main –qui vient de leur fournir une bonne bouteille de champagne bien chère, soit dit en passant- et me retourne vers mon hôtesse d'un air rageur :

-Où est mon manteau ?

-Ne pars pas Nellie, attends…

-Non, je n'attends pas ! Je me casse ! Donne-moi mon manteau tout de suite !

Les trois hommes ont l'air sidérés. James prend la parole :

-Lily, qu'est ce qu'il se passe ?

-J'ai confié nos soupçons à Nellie… Je suis désolée, James, mais elle devait être au courant…

Sirius prend immédiatement un air constipé. Remus, lui, n'a pas l'air de comprendre ce qu'il se passe. James soupire et se retourne vers moi, avec une lueur triste qui se veut compréhensive dans les yeux :

-Nellie, je suis désolé que tu aies eu à entendre ça… Mais il faut nous comprendre…

Dipsy commence à m'énerver. Leur calme ne les abandonnera donc jamais ? J'inspire profondément avant de cracher :

-Comprendre quoi Jamesie ? Qu'après toutes ces années passées avec vous vous n'avez pas plus confiance en moi qu'en le premier venu ?

La confiance est une vertu primordiale pour James. C'est pour cela que ma remarque le pique immédiatement au vif :

-Il y a un traître parmi nous, tu le sais aussi bien que moi, arrête de faire ton outrée !

-J'ai quelques raisons de l'être il me semble ! Et je te rappelle que je ne suis pas ta seule amie ! Pourquoi ce serait moi la traîtresse ?

-Arrête Nellie ! Tu as cru qu'on avait pas remarqué combien tu avais changé ? Tu n'es jamais là, et quand tu reviens…

-… Tu reviens toujours avec une mine d'information sur les mangemorts et un air mal aimable, je termine à sa place en un « gnagnagna » moqueur.

-Ne joues pas à ça ! Mets-toi à notre place ! On ne sait rien de ton passé, ni de ce que tu fais quand tu n'es pas là !

-Tes arguments sont minables James ! Pourquoi pas suspecter Remus parce que c'est un loup-garou pendant qu'on y est !

A ces mots, je vois que les lèvres de Sirius s'étrécissent et que James se renfrogne.

Oh non.

Ne me dites pas que…

Je crois que j'ai touché en plein dans le mille. Merlin tout puissant. Ils ont réellement suspecté Remus. Mon Remus qui ne ferait pas de mal à une mouche. Je reste bouche bée devant tant de stupidité. Et je ne me cache pas pour leur faire savoir :

-Alors là… Je vous savais idiots mais à ce point… Vous êtes vraiment…

James me coupe, agacé :

-Donne-nous une preuve, bordel, Nellie !

-Je ne m'appelle PAS Nellie !

Sirius se lève, prit d'une intuition soudaine, et empoigne mon bras droit. James comprend aussitôt –une fois n'est pas coutume- et remonte la manche de ma robe.

Qu'elle n'est pas leur surprise en constatant qu'aucune marque ne s'y affiche… J'arrache mon bras de leur emprise.

- Vous êtes contents ? Pas de marque ! Je suis blanche comme neige, désolée de vous décevoir !

Sirius renifle dédaigneusement, et se rempare de mon bras :

-Ne nous prends pas pour des idiots, Nellie, tous les partisans de Voldemort ne sont pas marqués.

-Tu peux m'en citer un peut-être ?

-Greyback !

-Greyback est un loup-garou espèce d'abruti congénital ! Tu as une cervelle, sers-toi en, macaque à la manque !

Ma remarque déplait fortement à Sirius. Il sort sa baguette et me la coince sous la gorge. Je peux entendre Lily bloquer sa respiration et Remus se lever brusquement :

-Ca suffit, Sirius, lâche-la tout de suite !

Mais Sirius n'a franchement pas l'intention de me lâcher. Il me murmure à l'oreille :

-Je sais très bien avec qui tu passes tes nuits pendant que nous nous battons contre Voldemort… Tu t'amuses bien pendant que certains de nous donnent leur vie pour se battre !

Le silence s'est fait dans la pièce. Chacun a pu entendre Sirius aussi clairement que moi. Je n'avais jamais remarqué que le silence pouvait être aussi angoissant. Je déglutis, peu sûre de moi. Merlin, je suis pas dans la merde…

-T'as que de la gueule, Black, arrête ton délire.

-Tu sais très bien que je ne délire pas, De L'Estang. Je sais d'où tu tires tes putains d'informations sur les mangemorts, sale catin.

Je ne peux m'empêcher de me soustraire à son étreinte et de lui retourner une gifle magistrale. Pour couronner le tout, je lui crache au visage, avant de m'emparer vivement de mon sac et de partir précipitamment.

Je n'ai pas le temps de dépasser la cheminée. Je sens un sortilège me frapper dans le dos alors que je tombe à terre. J'entends Remus se précipiter pour m'aider à me relever, mais quelqu'un l'en empêche, je crois.

J'ai du mal à respirer. Je suis comme écrasée contre le sol. Je peux sentir le sang couler de mon dos. Je ricane nerveusement : Lily aura de quoi nettoyer ses tapis, demain.

J'entends Sirius approcher, il me retourne sur le dos et m'assois face à lui, dos à la cheminée.

-Dis-leur avec qui tu passes tes nuits.

-Vas te faire foutre, bordel, murmuré-je.

Heureusement pour moi, Remus intervient. Il se jette sur Sirius, les précipitant tous les deux contre la cheminée. Le choc fait tomber une urne sur ma tête. Pitié, Merlin, ne me dites pas que c'est Mrs Potter… Ce serait le clou de la soirée ! Je soupire de soulagement en constatant que ce n'est que la poudre de cheminette.

En attrapant l'urne, je me rends compte que je n'ai plus qu'une solution. Je perds beaucoup de sang, je n'ai pas le temps d'attendre que la bagarre soit finie. Et Remus aura beau faire, Sirius aura le dessus. Je desserre alors le couvercle pour prendre une poignée de poudre. Je me lève tant bien que mal, faisant tomber le reste de l'urne par terre. Je me dirige vers le feu à reculons. Au moment où je jette ma poignée de poudre et que je me précipite dans le feu, je me rends compte que je ne connais pas son adresse. Chiottes alors. Comment je vais faire ? Pendant les quelques secondes que je prends pour réfléchir, je peux entendre James s'écrier :

-Elle s'enfuit !!

Prise par le court, je prononce clairement un nom qui résonne dans la pièce entière :

-Severus ! Severus Rogue !

Je peux voir les mines ébahies de James, Lily, Sirius, et surtout Remus, mon Remus qui n'en croit pas ses yeux, avant de disparaître dans un tourbillon de couleurs.


Voilà, fin du premier chapitre !

N'oubliez pas le petit bouton en déprime juste en dessous.

Ah, juste pour la note, j'ai décidé de m'amuser avec mes titres de chapitres : je note un titre bidon que je modifie avec un thésaurus… Un peu comme Joey (mon héros, mon maître spirituel !), quand il doit écrire la lettre de recommandation de Monica et Chandler.