Note de l'auteur: Il est, à mon sens, inutile de préciser que les personnages viennent tout droit de l'imagination de J.K Rowling et que, par conséquent, tous les droits lui reviennent. Mais je le fais tout de même. Ce que vous allez lire est en quelque sorte mon hommage à Nymphadora Tonks & Remus Lupin, qui sont mes personnages favoris car nous avons de nombreux points communs. Si vous avez des remarques à me faire, positives ou négatives, n'hésitez pas à laisser un commentaire. Si vos remarques sont négatives, justifiez les, sinon ce ne sera pas très constructif pour moi ! Sur ces quelques mots, je vous laisse vous forgez un avis sur le premier chapitre.


Scène I : Rencontre

Nymphadora Tonks tournait négligemment sa petite cuillère en argent dans le bol de café fumant que venait de lui préparer Sirius. Sa nuit l'avait éprouvée. Elle s'ennuyait tant pendant ses missions nocturnes au Ministère de la Magie qu'il lui arrivait de souhaiter être dérangée par un ou deux Mangemorts venus pour dérober la prophétie. Et puis la fatigue s'accumulait et elle avait de plus en plus de mal à se lever pour aller travailler, le matin. Alors ce jour-là, Tonks avait décidé de ne pas rentrer se coucher chez elle après son retour de garde pour l'Ordre du Phénix, à l'aube. Cela aurait été trop difficile de devoir se relever après seulement une heure de sommeil. Elle avait annoncé à Sirius qu'elle déjeunerait au 12 Square Grimmaurd et retournerait directement au Ministère ensuite.

Malgré l'heure matinale, il faisait déjà chaud en ce jour d'été, et la jeune femme sentait ses habits coller à sa peau. Tout en remuant toujours le contenu de son bol en faïence, elle écoutait d'une oreille distraite Sirius lui raconter un rêve qu'il avait fait la veille. Elle crue comprendre qu'il était question de Dumbledore qui déclarait à Sirius qu'il était en réalité son fils. Mais comme dans le brouillard de son esprit épuisé, elle ne saisissait qu'un mot sur deux, le sujet du rêve de son ami pouvait bien être complètement différent. Lorsque Sirius se taisait, Tonks se forçait à ouvrir la bouche pour demander la suite. Ecouter les délires que produisait le cerveau du dernier héritier de la famille Black, la nuit, ne lui demandait pas d'être attentive. C'était parfait.

La porte de la cuisine s'ouvrit soudain en grinçant, laissant entrer dans la pièce étroite un courant d'air frais. Tonks leva la tête et cligna des yeux pour s'éclaircir la vue. Qui que ce soit, il faudrait qu'elle échange quelques mots avec lui, pour faire bonne figure. Excepté si le nouvel arrivant était Severus Rogue. Elle avait déjà du mal à être aimable avec lui lorsqu'elle était reposée alors dans son état présent se serait impossible. Contrairement à ce qu'elle avait cru à son arrivée dans l'Ordre, quelques temps plus tôt, la rancoeur qu'elle avait contre le professeur de potions à Poudlard ne c'était pas atténué.

Mais celui qui avait poussé la porte de la sinistre cuisine de la demeure de Black n'était pas le directeur des Serpentards. C'était un homme de taille moyenne, aux cheveux châtains parsemés de mèches blanches, comme si ses cheveux avaient vieilli avant le reste de sa personne. Son visage était recouvert de cicatrices et Tonks se demanda quelle était la personne à qui il devait ça. Des cernes s'étalaient sous les yeux de l'homme : la jeune femme avait trouvé un sérieux rival en ce qui concernait le manque de sommeil. Il portait des vêtements rapiécés qui, visiblement, devaient dater de la prime jeunesse de Dumbledore. L'inconnu était manifestement gêné de la trouver là et l'une de ses mains était restée sur la poignée, comme s'il s'apprêtait à repartir.

- Bonjour ! lança Tonks à l'homme, en étouffant un bâillement. Mauvaise nuit pour vous aussi on dirait.

L'homme tourna la tête vers Sirius, attendant visiblement que celui-ci lui fasse les présentations. Mais Sirius, pour une raison que Nymphadora ignorait, se contentait de les regarder l'un et l'autre en souriant, le dos appuyé contre la vieille cuisinière. Pendant un instant, la scène sembla s'être figée, chacun attendant que les autres laissent échapper une parole ou fasse un geste. Le silence des deux hommes agaça Tonks, qui n'était pas de nature patiente. Encore moins quand elle n'avait pas dormi depuis la veille. Puisque aucun de ces deux-là ne prenaient d'initiative, elle allait devoir la prendre elle-même.

- Tonks, dit-elle en se reculant sur sa chaise.

- Pardon ? Demanda l'homme en fronçant les sourcils.

- Tu peux m'appeler Tonks. C'est mon nom.

- Tu peux aussi l'appeler Nymphadora. C'est son prénom, ajouta Sirius, goguenard.

La jeune femme tourna si vite la tête vers son ami qu'elle ressentie une douleur aiguë dans le cou. Elle lui jeta un regard noir auquel il répondit par un large sourire. Comment osait-il ? Il savait parfaitement qu'elle haïssait ce prénom. Il représentait tout ce qu'elle refusait d'être. Nymphadora, c'était un prénom de sorcière au foyer. Un prénom précieux qui évoquait une fleur qui éclot. Tonks n'était pas une fleur délicate. Ce qu'elle aimait, depuis toute petite, c'était l'action et non passer des heures devant un miroir à se pomponner. Elle faisait toujours en sorte d'éviter de donner son prénom aux personnes qu'elle rencontrait. Elle était Tonks, pas Nymphadora. Alors pourquoi Sirius vendait-il la mèche, alors qu'il connaissait sa répugnance pour lui ?

- Mon nom est Remus Lupin. Enchanté de vous… te rencontrer Nymph…, commença l'homme.

- Tonks, le coupa sèchement l'Auror. Je m'appelle Tonks.

- Mais…

Tonks sentait la chaleur lui monter aux joues, comme si elle s'était soudain rapprochée d'un feu. Il fallait qu'elle détourne la conversation sur autre chose que son maudit prénom. Elle sentait la colère monter en elle, comme à chaque fois que quelqu'un insistait sur le fait qu'elle s'appelle Nymphadora. Et elle ne voulait pas s'en prendre à l'homme qui se tenait devant elle, l'air déboussolé. C'était Sirius le responsable de cette situation. Quand elle se vengerait, il cesserait de sourire, comme il le faisait. Mais pour l'instant, elle ne pouvait rien faire si ce n'était détourner la conversation.

- Café ? Demanda-t-elle à Remus Lupin en se forçant à lui sourire.

- Pourquoi Sirius vous… t'appelle-t-il Nym… bredouilla le sorcier.

- Café ? Répéta Tonks d'un ton lourd de menace, en l'interrompant à nouveau.

- Oui, murmura-t-il.

Avec un sourire victorieux, Nymphadora regarda Lupin se laisser tomber sur une chaise. Il ne comprenait visiblement rien à la situation et semblait préférer s'avouer vaincu pour le moment. Son regard allait de Sirius, qui riait à présent ouvertement, à Tonks qui passait une main dans ses cheveux d'un rose éclatant tout en s'étirant. Elle écarta d'une main le col de son T-Shirt violet délavé pour essayer de faire passer un peu d'air entre sa peau et le tissu. La jeune femme repoussa son bol, qu'elle n'avait pas touché et qui était à présent froid, et se leva. Donnant un coup de coude à Sirius en passant, elle se dirigea vers l'encombrant buffet dans lequel était rangée la vaisselle. Nymphadora espérait que bouger la réveillerait quelque peu.

Quand elle eut trouvé dans le vaisselier un bol qui ne soit ni poussiéreux, ni ébréché, elle se dirigea vers la cafetière posée à côté de l'évier, pour y préparer le café. Sirius avait pris une chaise et c'était assis en face de son ami, dont les rayons du soleil matinal éclairaient le visage. Tous deux conversaient à présent à voix basse comme s'ils ne souhaitaient pas être entendu. Cela intrigua l'Auror qui, tandis qu'elle ouvrait le paquet de café d'un coup de baguette et déversait son contenu dans la machine, tendit l'oreille pour essayer d'entendre ce qu'ils racontaient. Si la discussion de Sirius et Remus concernait l'Ordre, elle ne voyait pas pourquoi ils ne voulaient pas qu'elle les entende.

- Toujours aussi douloureux ? Demandait Sirius.

- Toujours, répondit Remus avec une grimace. Heureusement que ça ne m'arrive qu'une seule fois par mois.

Tonks se retourna brusquement vers les deux hommes qui se turent immédiatement. Tout en essayant de comprendre les mystérieux propos qu'elle avait entendus, elle observait les deux amis. A présent, Sirius regardait le plafond en sifflotant, dans une pathétique tentative pour paraître inoccupé. Remus, quant à lui, affichait un air contrarié sur son visage couvert de fines cicatrices, auxquelles le soleil donnait du relief. Alors qu'elle se demandait à nouveau ce qui avait valu ces marques à Lupin, l'évidence la frappa. Comment avait-elle pu ne pas y songer plus tôt ? C'était pourtant son métier de repérer les petits détails qui trahissent ce que les sorciers s'acharnent à cacher !

- Tu es un vrai loup-garou ? Interrogea la jeune femme tandis que le café finit se versait seul dans le bol en émail.

Remus sursauta et ses yeux s'agrandirent de surprise. Il regardait Nymphadora comme si elle avait émis le souhait de devenir Mangemort. En constatant qu'un silence gêné avait envahi la cuisine, l'Auror se sentit soudain idiote, chose qui lui arrivait bien trop souvent à son goût. Elle avait une fois de plus exprimé tout haut le vomi verbal qui lui passait par la tête. Et une fois de plus, sa gaucherie la mettait dans une situation gênante, pour elle comme pour les personnes avec qui elle se trouvait. Par tous les Mages, quand apprendrait-elle à se taire ? Ces parents lui avaient toujours dit qu'elle parlait trop. Il fallait qu'elle admette qu'ils avaient raison, une fois de plus. Tonks détestait cette idée.

Alors qu'elle s'apprêtait à s'excuser pour sa maladresse, Remus prit la parole de sa voix rauque :

- Je ne sais pas comment tu as pu deviner cela, mais la réponse est oui.

- Fantastique !

La jeune femme se mordit la lèvre en se rendant compte qu'elle venait de commettre un nouvel impair. On ne disait pas à un sorcier que c'était « fantastique » d'être un loup-garou ! Elle s'attendait à ce que Remus lui jette un regard de dédain, comme le faisaient d'habitude les victimes de ses maladresses intempestives. Mais ce ne fut pas le cas. Au contraire, un sourire se dessina au coin de sa bouche. Nymphadora remarqua, dans sa gêne, que cela le rajeunissait considérablement et n'était pas sans lui conférer un certain charme. D'ailleurs, plus elle regardait cet homme et plus elle constatait qu'il n'était pas sans attraits. Peut être pourrait-elle lui proposer de boire une Bièraubeurre avec elle, un jour prochain. Oui, elle s'imaginait très bien assisse à une table des Trois Balais en sa compagnie. Ils pourraient…

- Vraiment ?

La voix de Remus la ramena à la réalité.

- Tu trouves ça vraiment « fantastique » que je sois un monstre ?

- Ce que je trouve fantastique, c'est qu'un « monstre » puisse avoir l'air aussi normal et inoffensif que toi, répliqua Tonks.

Les joues de Lupin se colorèrent et Nymphadora esquissa un sourire. Elle prit le bol de café, désormais remplit, pour le lui amener. Mais à peine avait-elle avancé vers la table que son pied gauche buta contre le droit. Quelques secondes plus tard, elle était par terre, entourée par le nuage de poussière qu'elle avait soulevé en tombant lourdement sur le sol. Il lui fallut un instant avant de réaliser ce qui lui était arrivé. Après s'être relevée en jurant elle put constater que le bol de café, qui lui avait échappé des mains, était allé se fracasser contre l'imposante table de bois et avait généreusement répandu son contenu sur Remus. Aussitôt, elle se précipita vers lui pour essayer de réparer la catastrophe qu'elle avait déclenchée.

- Mille Gargouilles, je suis désolée ! dit-elle précipitamment en sortant sa baguette de la poche de son jean. Ne bouges pas Remus, je vais t'enlever ça ! Par la barbe de Merlin, je suis vraiment confuse !

Tonks leva sa baguette avec appréhension. Elle savait par expérience que les sortilèges ménagers ne lui réussissaient guère. D'habitude, elle laissait le soin aux autres de s'en occuper. Mais cette fois-ci, elle se devait d'être performante. L'Auror s'était déjà assez ridiculisée pour la journée. Pour toute une vie, en fait. Si elle ratait son sort, en plus de toutes les autres erreurs qu'elle avait commises précédemment, Remus Lupin allait penser qu'elle n'était qu'une petite écervelée. Et il refuserait d'aller aux Trois Balais avec elle de peur qu'elle ne le ridiculise. Ca ne devait pas être le genre d'homme qui aimait attirer les regards sur lui. Il devait plutôt être de ces sorciers qui frôlent les murs en espérant ne pas être remarqués.

- Tergeo, murmura la jeune femme avec un mouvement fluide du poignet.

Elle ne put retenir une exclamation de déception lorsqu'elle vit que seule une infime quantité du café qui s'était répandu sur le vieux pull de Remus c'était volatilisé. La jeune femme s'apprêtait à lever sa baguette à nouveau quand soudain une tempête de rire secoua la sinistre cuisine du 12 Square Grimmaurd. Sirius et Remus riaient à gorges déployées et leurs rires ne tardèrent pas à gagner Nymphadora qui réalisa soudain le comique de la situation. Elle oublia momentanément qu'elle était épuisée et qu'elle devrait retourner au travail dans un instant. Dès que son regard croisait celui de Sirius et Remus, elle riait de plus belle. Enfin, au bout de longues minutes, elle parvint à se calmer.

- Tu devrais faire ça toi-même Remus, fit-elle à bout de souffle. Je crois que ça vaudrait mieux.

- Elle a raison, renchérit Sirius en se fendant à nouveau d'un large sourire. Parce qu'elle est tellement douée pour le nettoyage que tu risques d'être encore là ce midi, si tu la laisses faire.

Remus pointa sa baguette sur le pull-over qu'il portait, en dépit de la chaleur qui régnait dans la vieille bâtisse, et aussitôt toutes les taches s'effacèrent. D'un autre coup de baguette, il reconstitua le bol dont les morceaux s'étaient éparpillés jusque sur le buffet. Nymphadora ne put s'empêcher d'admirer la remarquable efficacité de sa magie. Si seulement, elle pouvait faire de même ! Mais il y avait peu d'espoir pour qu'elle maîtrise un jour les sortilèges ménagers comme elle maîtrisait les sortilèges d'attaque et de défense. D'ailleurs, tous ses collèges admiraient ses capacités au combat. Cette reconnaissance était une de ses fiertés et une vengeance contre certains professeurs de Poudlard qui lui avaient ressassé pendant sept ans qu'elle ne serait jamais bonne à rien à cause de sa maladresse.

- Comment as-tu su que je suis, disons, un peu différent des autres sorciers ? demanda Lupin qui la regardait à présent avec intérêt.

- J'ai reçu une formation pour apprendre à deviner toute sorte de choses, répondit Tonks en haussant les épaules. Je suis Auror au Ministère de La Magie.

- A propos du Ministère, intervint Sirius en jetant un œil à la pendule vermoulue qui se trouvait à l'opposé de la longue pièce, je crois que tu vas devoir inventer une bonne excuse pour ton retard. Tu devrais être au travail depuis trente minutes.

- Oh non ! Tu n'aurais pas pu me le dire avant, Black ?

La jeune femme se précipita vers la porte aussi vite que lui permit l'espace encombré, en renversant au passage une chaise. Pourquoi n'achetait-elle pas de montre ? Il faudrait qu'elle y songe à l'avenir.

- Tu me payeras ça Sirius ! S'exclama-t-elle la main sur la poignée. Au revoir Remus, nous ne reverrons sûrement plus tôt que tu ne le crois, j'en suis sûre !

Elle lui adressa un clin d'œil et eut le temps de voir ses joues s'empourprer à nouveau avant de refermer la porte sur elle. Avec un grand sourire, elle sauta par-dessus la porte parapluie en forme de jambe de troll et se hâta vers la sortie. Il faudrait qu'elle envoie un hibou à Remus Lupin dans les prochains jours. Il devait habiter avec Sirius car s'il avait eu un foyer, il serait rentré chez lui après sa nuit et ne serait pas venu au 12 Square Grimmaurd de si bonne heure. Du moins, n'importe quelle personne saine d'esprit préférerait rentrer chez lui que de venir dans la maison de la famille Black. Pourtant, c'est bien ce qu'elle avait fait, elle. Mais elle s'occuperait de savoir si elle était folle plus tard.

L'Auror poussa la porte d'entrée, dévala les marches du perron et se retrouva dans la rue. Peut être pourrait-elle justifier son retard en disant qu'elle avait rencontré un loup-garou sur le chemin du Ministère. Après tout, c'était presque la vérité, pensa-t-elle en tournant sur elle-même dans la rue vide.