Coda à Civil War. Donc spoilers. Et du lourd.

Va en paire avec 'Sans issue', où Steve n'a pas de solution miracle.


Cause perdue

Un peu trop souvent à son goût, Tony se surprend à méditer sur l'entropie. Sur cette règle de thermodynamique qui interdit de mettre de l'ordre à quelque chose sans créer une plus grande pagaille à l'échelle supérieure, parce que l'univers tend inexorablement vers le chaos.

L'entropie, il conclut toujours, m'a pigeonné plus souvent qu'à mon tour. Tony a beau résoudre des problèmes, organiser sa vie, son entreprise, le monde, la plus grande pagaille que cela crée finit toujours par lui retomber dessus. Des armes fabriquées par Stark Industries à Ultron, toujours, toujours, toujours, quelque chose de pire prend la place de la situation précédente. Pour finir avec quoi ? Sa dernière tentative de maintenir tout le barda debout s'est soldée par Rhodey paraplégique, Rogers, Wilson, la sorcière Maximoff et un assassin lobotomisé courant dans la nature, Romanoff en porte-à-faux, la Vision déprimée (ils ont réussi à déprimer une intelligence artificielle ! s'ils ne sont pas doués), les gouvernements sur les dents et la sécurité mondiale drastiquement diminuée. Et tout ça, par un enchaînement de circonstances que des intelligences inférieures pourraient appeler karma, est sur ses épaules.

Ne le lancez même pas sur tout le reste. Sur Rogers et son pote, sur ses parents et tout ce qu'il voudrait leur dire, sur le bouclier qui prend la poussière au fond d'un placard.

Le problème ne sont pas les étapes individuelles. Tony pourrait, bien entendu, appeler Rogers et s'excuser (ah ! s'excuser ! de quoi ? qu'a-t-il fait qui nécessite des excuses ?), discuter calmement (calmement ? n'a-t-il pas le droit d'être hors de lui après ce que Rogers et son psychopathe de meilleur ami lui ont fait ?) et arriver à une entente. Se répartir les maîtres du mal ; lui et les Avengers officiels luttant contre les menaces approuvées par les Nations Unies et Rogers et sa bande de fugitifs contre celles pour lesquelles ils n'ont pas d'autorisation. Oui, il y a bien des moyens de régler le bordel de cette pseudo guerre civile…

… mais l'entropie s'assurerait qu'un bordel pire prenne place ailleurs. Dans ma tête, Tony suppose amèrement. Rogers est prêt à jouer le jeu de l'entropie, à plonger la tête la première dans le piège de la thermodynamique, mais lui ne se fera pas avoir encore une fois. Il est un génie après tout.

Les limitations, les lois des hommes comme les règles de l'univers, ne l'ont jamais arrêté. Il a défié son conseil d'administration, le sénat, le SHIELD, la gravité, l'exiguïté du tableau périodique, sa santé, les limites de l'intelligence artificielle et bien d'autre. Tony ne sait pas encore comment il va s'y prendre, mais il ne laissera plus une loi fondamentale pourrir sa vie. Il trouvera un truc. Je couperai les barbelés.

Après, quand il aura la solution de l'équation, le moyen d'inverser la courbe catastrophique de sa vie et de l'univers, il pensera à pardonner à Rogers.

Tony ne sait pas s'il est prêt à faire ça pour pardonner à Rogers ou s'il faut ça pour pardonner à Rogers. Il ne sait pas non plus si ce sont deux idées indépendantes ou si elles sont au contraire intriquées.

Ce qu'il sait, c'est que si la putain d'entropie s'obstine à lui barrer la route, il va la faire bouger.