Pairing : Antonio Carriedo / Lovino Vargas (Spain/Romano)

Sommaire : WW2 AU. Lovino Vargas avait toujours voulu que quelque chose d'excitant arrive dans son ennuyante, quotidienne existence de villageois italien. Il ne s'était pas attendu à une guerre, à la Résistance, à l'amour, à la passion, à la trahison, ou à un joyeux, irritant, attirant espagnol défenseur de la liberté. (TRADUCTION)

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Oui, je me suis lancée dans la traduction de cette merveilleuse fiction qui a été écrite par un merveilleux auteur : George deValier. C'est un grand honneur pour moi, et même si la fiction n'est pas terminée et qu'elle ne le sera peut-être jamais, j'estime qu'il fallait que le public francophone puisse la lire. J'ai demandé la permission de la traduire, mais n'ayant obtenu pour le moment aucun réponse, je retirerai cette traduction si on me le demande.

Cette fiction est donc une histoire parallèle à "Auf Wiedersehen, Sweetheart" (Germany/Italy) du même auteur, et de quelques autres comme "We'll meet again"(US/UK). Cependant il n'est pas nécessaire de les avoir lues pour comprendre celle-ci. Le chapitre 2 est déjà en cours de traduction.

Disclaimer : Absolument RIEN ne m'appartient, je n'ai fais que traduire. La trame de cette histoire appartient à George deValier et je ne suis en aucun cas payée pour la traduire, je le fais seulement par plaisir.


Printemps, 1939
Un village en Italie

"Lovino !"

Lovino ne se retourna pas en entendant Feliciano lui courir après et crier son nom. Il garda les yeux fixé sur l'étroite route en terre, les poings serrés et grinçant des dents, irrité. Le soleil brillait au-dessus d'eux et une brise tiède soufflait doucement, transportant les subtils parfums du printemps. Lovino l'avait à peine remarqué. Son esprit restait bloqué sur les évènements du matin, au marché. Chaque jour, il entendait les mêmes choses. 'Mon petit Feliciano, j'ai de très bon produit pour toi aujourd'hui !'... 'Oh, tu ne m'avais pas dis que tu avais un petit frère aussi mignon, Lovino !'... 'De bonnes tomates ? Pour toi, Feliciano, bien sûr !' Lovino avait l'habitude de se sentir invisible aux côtés de son frère. Mais parfois, c'était trop. Parfois, Lovino espérait que quelque chose arriverait pas loin d'ici : quelque chose d'important, quelque chose qu'il pourrait faire plutôt que de vivre dans l'ombre de son toujours mignon, toujours doux, toujours remarquable petit frère.

"Lovino, attends moi ! Lovi... ARGH !"

Lovino se retourna en entendant le cri, pour trouver Feliciano étalé tête la première sur la route. L'inquiétude gagna légèrement Lovino alors qu'il faisait rapidement demi-tour et s'agenouillait doucement à côté de son frère. "Feli, est-ce que tout va bien ?"

Feliciano se remit lentement sur ses genoux, chassa la poussière de ses vêtements, et un sourire radieux étira ses lèvres. "Tu ne devrais pas marcher aussi vite, Lovino, Mes jambes ne sont pas aussi longues que les tiennes et je ne peux pas te suivre, et je ne pense pas que tu m'entends toujours quand je t'appelle et les accidents comme ça arrive, mais c'est bon parce que je ne crois pas que je sois blessé, regarde, je me suis juste écorché les genoux, est-ce que tu crois que je dois voir un docteur ?"

Lovino roula des yeux, tendant une main pour aider Feliciano à se remettre sur ses jambes. "Ne sois pas stupide, tu vas bien." Pourquoi n'arrivait-il jamais à rester énervé contre son petit frère longtemps ? "Je suis désolé d'avoir marché aussi vite." Une fois qu'il fut sur ses pieds, Feliciano continua de s'accrocher à Lovino, balançant leurs mains entre eux alors qu'il continuait d'avancer sur la route. Lovino secoua la tête, exaspéré. N'importe qui penserait que son petit frère de quatorze ans était en fait un enfant. Pas étonnant que les villageois du marché le trouvaient toujours putain de 'mignon'. Lovino avait à peine un an de plus et il se sentait comme un adulte; le plus raisonnable, responsable. Mais il laissa Feliciano tenir sa main alors qu'il marchait le long de la route de campagne, pour finalement tourner dans l'étroit chemin qui menait à leur petite ferme.

"On est rentré, papy !" cria joyeusement Feliciano alors qu'ils passaient la porte.

"Bienvenu à la maison, les garçons !" Papy Roma se leva de sa chaise près de la grande table. Lovino s'arrêta brusquement lorsqu'il remarqua l'homme assis en face. Des cheveux noirs, des vêtements miteux, la peau halée et de grands yeux scintillants. Le jeune homme leur adressa un joyeux et brillant sourire; Lovino le regarda prudemment.

"T'es qui, putain ?"

Roma lança un regard furieux à Lovino. "Surveille tes manières, jeune homme." Lovino croisa les bras et jeta un coup d'œil maussade au plafond. "C'est un ami à moi. Antonio Fernandez Carriedo..."

Feliciano sembla totalement perdu.

"Antonio... Fernando..."

"Tu devrais l'écrire quelque part," dit Lovino.

"Appelez-moi Antonio." L'homme se leva. Lovino fit un pas en arrière.

Roma sourit fièrement alors qu'il se rapprochait de ses petits-fils. "Antonio, c'est Lovino, mon plus grand, et le petit Feliciano."

Antonio tendit sa main à Feliciano, qui la prit dans une prudente poignée de main. "C'est un plaisir de te rencontrer, Feliciano!" Antonio parlait l'italien avait un léger accent.

"Bonjour ! C'est amusant ta façon de parler."

Antonio rit. "Je suis désolé pour l'accent. Je viens d'Espagne, je n'ai pas l'habitude de parler italien."

Feliciano sembla étonné. "L'Espagne ? Wow ! Est-ce que tu t'es déjà battu contre des taureaux ? Tous les espagnols se battent contre des taureaux. J'ai lu ça une fois dans un livre, et il y avait des images, mais ça m'a rendu vraiment triste, parce qu'il se faisait poignarder et c'était horrible et j'ai finis par pleurer parce que c'était méchant et mal et... et... et c'était tellement affreux..." Feliciano cligna rapidement des yeux et renifla. "Papy, je ne pense pas que j'aime ton nouvel ami." Lovino donna un coup dans le pied de Feliciano.

Antonio rit de nouveau. C'était tellement sauvage et plein de joie. Pour d'étranges raisons, Lovino sentit son cœur battre plus vite en entendant ce son. "Feliciano, tous les espagnols ne se battent pas contre des taureaux. Je te le promets, je n'ai jamais blessé un taureau de ma vie."

Feliciano força un large sourire soulagé. "Oh, bien. Alors tout va bien, et je suis vraiment désolé d'avoir dit que je ne t'aimais pas, et je suis sûr que tu es vraiment gentil."

Antonio rit et Roma haussa les épaules. Lovino tapa du pied et roula des yeux. Et c'était repartit. Quelqu'un d'autre trouvait le petit Feliciano trop mignon.

"Et bien, tu es vraiment très mignon", dit Antonio. Feliciano pencha la tête et lui adressa un sourire resplendissant. Lovino regarda brièvement ailleurs, frustré, et lorsqu'il tourna la tête, il trouva Antonio qui lui tendait la main. Les yeux de Lovino s'ouvrir en grand, son cerveau gela, et il croisa ses mains dans son dos. Antonio retira immédiatement sa main et se contenta de sourire. "Et je suis ravis de te rencontrer, Lovino."

Lovino s'ordonna de dire quelque chose. N'importe quoi. D'ouvrir la bouche. Maintenant, bordel. "Qu'est-ce que tu fous ici, putain ?"

Papy Roma le frappa à l'arrière de la tête. "Ne sois pas impoli, Lovino. Antonio est là pour discuter des affaires."

Lovino regarda le sol, quelque peu embarrassé. "Les affaires ? A propos de la ferme ?" Il essaya de frotter sa tête discrètement.

"Quelque chose comme ça. Les garçons, allez commencer à préparer le diné pendant qu'on finit de parler. On ne veut pas vous ennuyer !"

"Est-ce qu'on peut faire des pâtes ?" demanda Feliciano avec enthousiasme.

"Ca me parait être une brillante idée !" dit Roma, un sourire amusé aux lèvres. Feliciano, ravis, partit en courant dans la pièce voisine mais Lovino resta là où il était pendant un moment, jetant des coups d'œil prudent à Roma et Antonio. Il ne savait pas sur quoi était la réunion, mais il était près à parier que ça n'avait rien à voir avec des 'affaires'. Il était également près à parier que Papy Roma ne lui dirait rien à propos de ça. Même si Lovino se sentait comme un adulte comparé à Feliciano, Papy Roma ne l'avait jamais traité autrement que comme un enfant.

"Quelque chose ne va pas, Lovino ?" demanda Roma. Son ton était joyeux, mais l'inquiétude était lisible dans ses yeux.

"Non", dit doucement Lovino. "Je vais aller aider Feliciano." Il quitta la pièce sans un regard en arrière. Cependant, immédiatement après avoir fermé la porte, il prit rapidement un verre à vin, plaqua le bord contre la porte, et plaça son oreille contre l'autre extrémité. Feliciano le regarda de là où il était, commençant à faire bouillir de l'eau dans une casserole.

"Je ne suis pas sûr que tu sois supposé faire ça, Lovino."

"Ferme-la," gronda Lovino, avant d'ajouter rapidement, "... et ne dis rien à papy."

Lovino ne pouvait pas entendre grand chose de la conversation, en autre parce que Feliciano faisait s'entrechoquer les casseroles et les assiettes derrière lui. Mais quelques phrases et mots filtraient à travers le verre : quelque chose à propos d'une alliance entre l'Italie et l'Allemagne, à propos d'une occupation fasciste en Tchécoslovaquie, à propos d'une rumeur de guerre, à propos d'un endroit appeler Guernica. Lovino était captivé. Il avait entendu des rumeurs dans le village ces derniers temps, mais rien de pareil. Rien qui ne semblait si sérieux... Si important. Lovino écoutait le léger accent espagnol d'Antonio avec une fascination grandissante, jusqu'à ce qu'il ne soit plus vraiment sûr que ce soit ce qu'Antonio disait qui le captivait ou la façon profonde, intense, et un peu joyeuse que l'homme avait de prononcer les mots. La voix de Papy Roma devint soudain plus forte et Lovino entendit parfaitement les mots à travers la porte.

"Dis-moi pourquoi tu n'es pas juste devenu un soldat, Antonio. Est-ce que tu ne pouvais pas accomplir quelque chose d'important en utilisant ton talent dans l'armée ?"

"Quelques fois les soldats font des chose biens. Et moi, je respect le désir des personnes qui veulent défendre leur pays. Mais j'ai vu ce que les militaires peuvent faire. J'ai vu les conséquences de suivre aveuglément les ordres. Les soldats tuent des personnes innocentes, Roma. Et je préfère mourir que de faire ça."

Lovino pouvait sentir son cœur battre entre son oreille et le verre. Il se sentait légèrement à court d'air. Chaque mots que Antonio disait était prononcé avec une certaine passion -ce n'était comparable à rien que Lovino ait déjà entendu.

"Je pense que je peux te croire, espagnol." Roma semblait satisfait.

"Lovino, est-ce que tu crois que je dois mettre plus de..."

Lovino agita frénétiquement sa main vers Feliciano."Ssh, ferme-la !"

"Et je vous fais confiance aussi, Roma. Je vous donnerais toutes les informations que je serais capable d'acquérir. Il faut cependant espérer que cette intrusion allemande sera stoppée avant que ça n'aille trop loin."

Lovino essaya de respirer malgré la multitude d'émotions qui déferlait en lui. Il ne pouvait pas être sûr de savoir de quoi son grand-père et Antonio avait parlé exactement, mais ça ressemblait exactement à ce qu'il espérait. Quelque chose de différent, quelque chose de nouveau, quelque chose qui pourrait enfin changer sa lassante existence où rien ne se passe et où il était invisible et ignoré. Entendant Roma et Antonio se dire au-revoir, Lovino retira le verre de la porte, et sans y penser, l'ouvrit légèrement pour jeter un coup d'œil de l'autre côté. Papy Roma tournait le dos à la cuisine, feuilletant une pile de papier sur la table. Toutefois, Antonio se tenait face à Lovino, et leurs yeux se rencontrèrent immédiatement. Lovino s'immobilisa net quand Antonio lui sourit largement, ses yeux lumineux scintillant. Et là, il lui fit un clin d'œil. Les yeux de Lovino s'écarquillèrent. Il claqua abruptement la porte et s'adossa à elle, son cœur battant rapidement dans sa poitrine. Son souffle était tellement difficile qu'il haletait presque.

Feliciano leva les yeux de sa casserole d'eau bouillante et sourit. Fidèle à lui-même, il ne semblait pas avoir remarqué quoi que ce soit d'anormal. "Le nouvel ami de papy est vraiment gentil, tu ne trouves pas ?"

"Non," dit Lovino, qui essayait désespérément de se convaincre que ses rapides battements de cœur et sa poitrine en feu étaient le résultat de la conversation qu'il avait entendu, et pas de ce sourire rayonnant et ce surprenant clin d'œil. "Non, je ne trouve pas du tout. Oh honnêtement, Feliciano, tu as cuisiné beaucoup trop de pâtes encore une fois..." Lovino alla aider Feliciano pour le diner, et essaya d'oublier les yeux verts brillants d'Antonio.

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Lovino devint doucement habitué aux visites d'Antonio au cours des semaines suivantes. A écouter derrière les portes pour avoir une idée de ce qui se passait, à la frustrante sensation de son cœur bondissant dans sa poitrine à chaque fois qu'il entendait que Antonio allait venir, à ce sentiment envahissant d'excitation qu'il ressentait à chaque fois qu'il écoutait Antonio et Roma parler de la rumeur grandissante à propos de la guerre. Mais en même temps, Lovino n'était pas tout à fait habitué aux constants sourires joyeux d'Antonio, à ses cheveux bruns désordonnés et ses grands yeux verts, à son rire, à sa présence joyeuse et à la façon dont il ébouriffait toujours les cheveux de Feliciano et l'appelait 'mon migon.' Lovino s'était dit qu'il s'en foutait. Il y croyait presque. Mais alors, Antonio lui souriait, ou lui jetait un coup d'œil en passant, et Lovino prenait un air renfrogné et regardait ailleurs, se sentant toujours incertain et confus et énervé de ne pas pouvoir comprendre pourquoi il se sentait comme ça.

Tout ça était devenu un peu habituel, et tous les jours jusqu'à tard dans la nuit, il essayait de comprendre. Lovino s'assit sur le muret du jardin, le soleil se couchant doucement, repensant à la conversation qu'il venait juste d'entendre. Antonio avait une façon de parler qui donnait l'impression que chaque son était important, mais les mots qu'il avait prononcés plus tôt devant Papy Roma avaient semblé plus graves que d'habitude.

"Vous comptez toujours faire ça, Roma ? Je ferais tout ce que je peux pour vous aider. Mais vous serez une résistance. Vous vous battrez contre le gouvernement de votre propre pays."

"Un gouvernement qui n'en a rien à faire des libertés de ses citoyens. Oui, je compte toujours le faire."

"Et vous savez ce que vous risquez ?"

"Je ne sais que trop bien ce que je risque. Mais s'il y a quelque chose de pire que le risque, c'est..."

Lovino était partit avant d'entendre la fin de la conversation, sentant qu'il avait besoin d'air. Le petit jardin était tacheté par la lumière du soleil et les ombres des grands arbres qui entouraient le mur, l'air chaud était étouffant et promettait un long été. Lovino balança ses pieds mécaniquement et son regard commença à se perdre dans la rangée de Rosemary devant lui. Ces mots résonnaient dans sa tête... "Je ne sais que trop bien ce que je risque." Des centaines de pensées s'emmêlèrent dans son esprit. Il savait que Papy Roma et Antonio planifiaient quelque chose. Mais maintenant il se demandait juste ce que c'était exactement, et ce que ça impliquerait. Ce que risquait Papy... Ce qu'il ferait... Ce que ça voulait exactement dire toutes ces discussions de guerre et d'Allemagne et d'invasion ? Soudain ce sentiment familier d'excitation fut remplacé par une peur profonde.

Lovino se retourna en entendant la porte de la cuisine s'ouvrir, juste pour voir Antonio sortir dans le jardin. Le cœur de Lovino bondit désagréablement dans sa cage thoracique. Il commença à descendre prudemment du mur, mais Antonio ne l'avait pas remarqué. A la place, il marcha rapidement devant les parterres de fleurs colorés avant de s'appuyer contre l'extrémité du mur, près du portail, sa poitrine se soulevant et s'abaissant rapidement. Il semblait un peu anxieux et quelque peu épuisé. Il sortit une cigarette de sa poche, l'alluma, et était juste en train d'expirer profondément la fumé quand Lovino descendit pour de bon du mur et fit quelques pas dans sa direction. Antonio tourna la tête brusquement, avant de sourire. "Lovino."

Lovino regarda prudemment Antonio. Il ne savait jamais vraiment comment agir avec lui; c'était plus perturbant que ça ne devrait l'être. Lovino croisa les bras. "Je t'ai entendu parler avec Papy, tu sais."

Antonio le regarda curieusement. "Oh?"

"Il va y avoir une guerre, pas vrai ?"

L'expression d'Antonio devint soudain incertaine. Il inspira sur sa cigarette et souffla doucement la fumée. "Probablement."

Lovino hocha pensivement la tête. "Bien. Bon. J'imagine que j'ai juste à rejoindre l'armée dans ce cas."

Antonio rit légèrement, regardant Lovino avec des yeux brillants. "L'armée ?" Il pencha légèrement la tête. "Je viens de remarquer que je ne te l'avais jamais demandé... Quel âge as-tu, Lovino ?"

Lovino réfléchit à la façon dont il allait répondre. Il pensa d'abord à mentir. Il réalisa ensuite que ça n'avait pas probablement pas d'importance. "Quinze," dit-il, vexé.

Les sourcils d'Antonio se froncèrent et il regarda ailleurs rapidement. "Quinze," marmonna-t-il. Il secoua la tête, prit une autre longue inspiration sur sa cigarette, et regarda le ciel pendant quelques minutes. "Tu ne vas pas pouvoir rejoindre l'armée tout de suite alors. Et quand tu seras suffisamment âgé, est-ce que tu sais pour quoi est-ce que tu te battras ?"

Lovino fronça les sourcils. C'était quoi cette étrange question... "Pour l'Italie, bien sûr."

"Hmm." Antonio réfléchit longtemps avant de parler. Lovino se demanda si c'était à cause de la différence de langue. Il refusa d'admettre que cela le fascinait. Parce que ce n'était pas le cas, bordel. Antonio expira un nouveau nuage de fumée. "Parfois, rejoindre l'armée n'est pas le meilleur moyen de servir ton pays. Parfois, pour faire ce qui est bien, tu dois te rebeller et te battre pour ce que tout le monde trouve mal."

Lovino déglutit difficilement. Antonio avait dit quelque chose comme ça plus tôt. Vous allez vous battre contre le gouvernement de votre propre pays... "Je ne comprends pas ce que tu veux dire."

"Tu comprendras." Antonio éjecta ses cendres par terre et le regarda. "La guerre n'est pas excitante, Lovino. J'espère sincèrement que tu ne feras pas l'erreur de croire ça avant de vraiment le voir."

Lovino plissa les yeux alors qu'il étudiait Antonio, repensant à tout ce qu'il avait entendu ces dernières semaines. A propos de la guerre civile en Espagne et du fascisme dans ce pays que Antonio mentionnait peu, cet endroit appelé Guernica... "Qu'est-ce que tu fais réellement ici ?"

Antonio réfléchit encore un peu. "Je pense que j'essaye de me battre pour ce qui est juste."

"Tu pense ?"

"J'espère. Malheureusement, je n'ai jamais été très doué pour séparer le bien du mal. Je pense que je me laisse trop influencer par mes sentiments pour vraiment faire la différence. Mais là... Oui, je suis sûr que je ne me trompe pas. Je dois le faire."

Lovino essaya sans succès de supprimer le sentiment qui grandissait dans sa poitrine. Alors il essaya avec agacement de l'ignorer. "Je ne t'ai pas demandé de me raconter ta vie, bâtard."

Antonio le regarda, vaguement amusé. "Non. Pardonne-moi, Lovino." Il inhala profondément son tabac, ses yeux toujours dirigés vers le sol. Un lourd silence s'installa. Lovino n'était pas sûr de savoir s'il devait partir. Pour d'obscurs raisons, il ne bougea pas, il ne le voulait pas. Il agita ses mains derrière son dos pendant un moment. Antonio ne disait toujours rien, alors Lovino brisa le silence.

"Je peux avoir une cigarette ?"

Antonio rit. "Non."

"Va te faire foutre, bâtard !"

Antonio lâcha la cigarette et l'écrasa. Finalement il releva la tête, ses yeux croisant ceux de Lovino, se noyant dans son regard. Lovino sentit sa prochaine insulte mourir sur ses lèvres. Le calme et la chaleur de ces derniers jours sembla les entourer. Il ne pouvait pas bouger, pas respirer, pas lâcher du regard ces brillants yeux verts posé sur lui. Antonio fit un pas vers lui et s'arrêta, secoua la tête, et rit légèrement pour lui-même. "Quinze," marmonna-t-il, avant de se retourner et de passer le portail. Lovino le regarda partir, le sang battant ses tempes, pas sûr d'être soulagé.

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Seulement quelques jours plus tard, Lovino se tenait dans la cuisine, écoutant Antonio expliquer à Roma qu'il partait pour quelques mois. Lovino était surpris, contrarié et exaspéré de constater que cela le bouleversait et le décevait. C'était stupide. Il ne devait pas s'en préoccuper, il ne s'en préoccupait pas, pour quoi diable s'en préoccuperait-il...

"Les choses avancent vite, Roma. Plus vite que prévu. Bien sûr je reviendrai régulièrement, mais jusque là c'est à vous de décider. C'est vous qui dirigerez tout ça. Je serais simplement votre informateur."

Roma rit bruyamment. "Parfois tu fais bien plus vieux que ton âge. N'oublis pas que tu parles au plus jeune officier italien à avoir atteint le rang de capitaine. Je suis largement capable de guider un groupe à la victoire."

La voix d'Antonio devint joyeuse et lumineuse une fois encore. "Comme n'importe quel étudient de la Grande Guerre, je suis au courant de vos exploits militaires. Maggiore Vargas, héro de la campagne d'Isonzo. Pourquoi pensez-vous que je suis si enthousiaste de travailler avec vous ?"

"Très bien, ça suffit les flatteries, gamin." Mais Lovino pouvait entendre la joie dans la voix de Roma. Papy avait toujours aimé que les gens parlent de ses célèbres faits d'armes. "Tu fais ton travail, je ferais le mien."

Le reste de la conversation se fit à voix trop basses pour être clairement entendu. Quand un silence s'installa finalement dans la pièce, Lovino pressa le plus possible son oreille contre la porte. Est-ce qu'ils étaient partis ? Est-ce que leur réunion était terminée ? Il essaya d'entendre des bruits de pas, mais ne perçu rien, jusqu'à ce que la porte soit soudain ouverte. Lovino cria de surprise et tomba en avant, droit dans les bras forts d'Antonio.

"Bonjour, Lovino !"

"Mais... Que... Lâche-moi, bâtard !" Le visage de Lovino devint rouge et il se remit frénétiquement debout, repoussant Antonio et recula jusqu'à se cogner au mur derrière lui.

"Pourquoi est-ce que je te trouve toujours à écouter aux portes ?" Antonio sourit avec amusement à Lovino.

"C'est ma maison," dit Lovino avec indignation. "Et je n'étais pas en train d'écouter, j'étais..." Lovino n'avait aucune idée de ce qu'il allait dire. "J'étais… Oh, dégage."

Antonio sourit et hocha la tête. "Très bien." Il commença à partir, mais alors qu'il marchait, Lovino sentit sa main se lever et agripper le t-shirt d'Antonio. Il était sûr qu'il n'aurait pas dû faire ça. Antonio le regarda, aussi surpris que Lovino. Lovino détourna nerveusement les yeux.

"Tu t'en vas."

Antonio sourit de nouveau. "Tu n'étais pas en train d'écouter ?"

Lovino lui lança un regard furieux. "C'est la seule façon pour apprendre de choses ici. Personne ne me dis rien autrement."

"Oui, Lovino, je pars pour un moment. S'il te plait ne sois pas triste. Je reviendrais bientôt. Je reviendrai assez fréquemment."

"Je ne suis pas triste !" cracha Lovino avec indignation.

"Bien sûr que non." Antonio était trop près. Lovino essaya d'ignorer les espèces de papillons dans son estomac, essaya d'ignorer sa respiration qui devenait difficile, parce qu'il s'en foutait, Antonio ne le faisait pas se sentir comme ça, oh Dieu il se sentait si bien, NON ! "Bon," continua Antonio, "Je suppose que..."

"Ne perd pas ton temps à me dire au-revoir, bâtard, va trouver mon mignon frère et dis lui adieu plutôt." Lovino regretta immédiatement ses mots. Merde, putain, pourquoi avait-il dit ça ? Ca n'était pas sortit aussi agressivement que ça en avait l'air, sûrement...

Antonio laissa juste un léger rire lui échapper. "Oh, Lovino." Antonio fit un pas vers lui et Lovino se pressa encore plus contre le mur. Ensuite, Antonio se pencha et posa sa main doucement, légèrement, contre la hanche de Lovino. Lovino écarquilla les yeux. Les battements de son cœur s'accélérèrent, ses paumes devinrent moites, et une drôle de chaleur s'empara de sa nuque et se répandit rapidement dans tout son corps. Puis, il sentit le souffle chaud d'Antonio contre son oreille. "Feliciano est mignon, Lovi. Mais tu es magnifique."

Lovino fut stupéfait. Magnifique. Antonio avait dit qu'il était magnifique. Pas mignon, pas adorable, pas doux; quelque chose de mieux que tout ça. Antonio lui avait dit ça à lui, à lui seul; l'avait murmuré à son oreille quand personne d'autre ne pouvait entendre, des mots qui n'avait du sens que pour Lovino. C'était beaucoup trop. Lovino ne voyait qu'un seul moyen de se débarrasser de ces sentiments sauvages, déroutants, et peu familiers qui le transperçaient. Il se redressa, et frappa Antonio à la mâchoire. "Ne dis pas à un garçon qu'il est magnifique, espèce de lèche-bottes !"

Lovino se retourna et sortit vivement de la pièce, faisant semblant de ne pas avoir entendu Antonio rire derrière lui.