Voici la traduction de ma fanficiton "Every man in his night goes to his light".
J'espère que vous apprécierez.
Bonne lecture.
Spencer Reid ouvrit les yeux et tourna la tête vers son réveil qui n'avait pas encore sonné, et pour cause, il était seulement 6h55. Il s'assit sur le bord du lit et tandis la main vers le boîtier électronique pour couper la sonnerie. Il n'avait jamais eu à se réveiller avec celle-ci mais il prenait toujours la peine de soigneusement la brancher, au cas où.
Il tira les rideaux pour faire venir les lumières de la ville encore plongée dans l'obscurité dans son appartement puis il jeta un coup d'œil dans la rue où la vie avait déjà repris ses droits ; les travailleurs commençaient à se rendre au travail et affluaient en masse vers les lignes du métro de Washington.
En attendant de descendre les rejoindre, Spencer commença son rituel du matin. Il faisait toujours les choses dans le même ordre : choisir ses vêtements, se doucher, s'habiller, se coiffer, déjeuner, et partir pour le travail. C'était une habitude qu'il avait pris très tôt dans sa vie et qui lui permettait d'être sur de ne rien oublier. Il se laissait cependant passer quelques « extra » comme regarder son téléphone portable pour voir si quelqu'un n'avait pas laissé un message pendant qu'il dormait à poings fermés, les médicaments contre les insomnies l'assommant littéralement du coucher au réveil que son esprit avait pré-programmé.
Ce matin aucun coup de fil, aucun message, pas même un e-mail, mais qui aurait bien pu lui en laisser ? En dehors de ses collègues du département des sciences du comportement, il n'avait pas vraiment d'amis, et il n'avait, du reste, pas cherché à s'en faire beaucoup. Niveau famille ce n'était pas beaucoup mieux, sa mère vivait dans un hôpital psychiatrique pour traiter les troubles schizophrènes dont elle souffrait depuis longtemps et dont il avait si peur d'avoir hérité dans son patrimoine génétique ; et son père... bien son père et lui n'avaient plus de contact et c'était très bien comme ça.
Il posa le téléphone sur la table qui lui servait de table à tout faire, de la table basse au bureau d'appoint. Il fallait dire que cet appartement n'était pas très grand et manquait cruellement de personnalisation. Tout n'était que livres, papiers en tout genre, et quelques dvds de cinéma d'auteur empruntés un peu plus loin dans la rue pour quand il voulait passer une soirée « tranquille ». ça et là on pouvait voir des boites de médicaments en tout genre dont beaucoup de somnifères et d'anti-douleurs pour combattre les insomnies et les migraines dont il était victime depuis... un moment déjà. Un échiquier attendait dans un coin qu'on bouge ses pions, recouverts d'une couche de poussière qui laissait comprendre qu'il avait abandonné l'idée de continuer cette partie, faute de temps, ou d'adversaire ?
La machine à café finit de ronronner, laissant une tasse fumante qu'il s'empressa de saisir. Il était 7h45 et c'était sa première tasse de café de la journée. Il aurait pu faire comme tout le monde et écouter la radio et les dernières nouvelles du monde en se réveillant mais Spencer Reid n'était pas comme tout le monde et il préférait regarder le monde extérieur depuis sa fenêtre plutôt que d'entendre l'actualité dans un grésillement d'ondes provoquées par son téléphone. Désormais le jour s'était levé et il voyait la foule, toujours plus dense, courir, s'agiter. Elle s'agitait d'autant plus vite qu'il pleuvait des cordes.
Spencer Reid regarda son horloge au mur puis sa montre, il allait bientôt devoir y aller à son tour. Il déposa sa tasse dans l'évier et commença à la rincer avant de la sécher et de la remettre sous la cafetière, tout serait ainsi prêt pour sa prochaine utilisation. Il prit le téléphone qu'il avait posé sur la table et une boite de médicaments, au cas où, avant d'attraper son manteau et de sortir.
La pluie n'était pas très forte mais elle rendait les trottoirs glissants en cette fin d'hiver. Sa mallette serrée contre lui, il avançait vers la bouche du métro qui allait l'engloutir pour le recracher plusieurs stations après, à un endroit où il retrouverai son collègue et ami, l'agent Derek Morgan. Il ferait avec lui la fin du trajet en voiture.
Souvent on lui demandait pourquoi il n'avait pas choisi un appartement plus près, ou une voiture pour se déplacer, et comme à son habitude, il répondait qu'il n'en voyait pas l'utilité et il sortait les statistiques sur l'empreinte carbone. Tous les autres étaient impressionnés par ses connaissances, et l'appelaient souvent Monsieur Je-sais-tout parce qu'à seulement 20 ans, il avait obtenu plus de diplômes que la plupart des gens normaux. Cela ne le vexait pas. Il avait pris l'habitude d'être différent des autres et avait passé beaucoup de temps à chercher sa place avant de croiser la route de l'agent Gideon qui l'avait intégré dans l'équipe d'Aaron Hotchner au département des sciences du comportement du F.B.I. Si Gideon était parti, lui, était resté avec ceux qui formaient désormais sa famille et qu'il était heureux de rejoindre tous les jours malgré l'horreur des affaires sur lesquelles ils travaillaient et qui l'empêchaient, parfois encore, de dormir la nuit. Il se rassurait en se disant que c'était la part d'être humain qui se battait pour ne pas basculer à son tour.
Le métro s'arrêta enfin à sa station et il s'engouffra entre les portes avec la foule compacte. Il s'extirpa tant bien que mal sur un côté et ouvrit un livre qu'il avait dans son sac, entamant sa lecture. Si il aimait les trajets en métro c'était parce qu'il lui laissait le temps de lire ce qu'il n'aurai pas pu faire en conduisant une voiture. Le métro s'ébranla et parti vers les autres stations, les gens montaient, descendaient, et lui restait imperturbable. Enfin sa station arriva, il sortit dans la bousculade et rejoignit les escalators. Le métro ferma ses portes et continua sa course souterraine tandis qu'il quittait le monde souterrain pour celui des humains.
Il rangea son livre quand les premières gouttes commencèrent à mouiller les pages. Il plissa les yeux, la lumière extérieure, même les jours de pluie, l'éblouissait. Il s'arrêta sur le trottoir cherchant des yeux la voiture de Morgan qu'il repéra quelques minutes plus tard. Il s'avança vers celle-ci et monta.
« Alors Reid, tu ne veux toujours pas de voiture malgré la pluie ? » plaisanta son ami.
Spencer répondit par :
« Sais-tu combien de CO² tu rejettes à chaque démarrage ? »
Et l'agent Morgan démarra.
Ils arrivèrent un peu plus tard au bureau où les autres membres de l'équipe arrivaient également, les agents Jennifer Jarreau, Emily Prentiss, Aaron Hotchner, et le remplaçant de Gideon, David Rossi.
Spencer retira sa veste et commença a fouiller ses poches à la recherche de monnaie pour faire fonctionner la machine à café quand soudain son cœur se serra. Il se pencha regardant son manteau et JJ lui dit :
« Quelque chose ne va pas Spence ? »
Il se redressa et la regarda avant de répondre :
« Ma poche est trouée. »
Elle lui sourit et dit :
« Ce n'est pas grave, je vais te payer ton café. »
« Non, ce n'est pas ça, mon téléphone n'est plus là. »
