Je trouvais que c'était bizarre une fille comme toi. C'était peut-être parce que nous étions trop différentes l'une de l'autre. Je ne pouvais pas comprendre à ce moment-là.
J'avais mes propres inquiétudes d'adolescente. Même si j'avais tenté de te connaître, je n'étais pas arrivée à ouvrir la porte que tu laissais toujours fermée.
Ce n'était sans doute pas le bon moment. Ou peut-être est-ce moi qui m'y suis mal prise, je l'ignore. Avec toi, on n'était sûr de rien.
On en disait des choses sur toi à l'école. Il courrait des rumeurs assez invraisemblables à ton sujet, c'en était même parfois ridicule. Il arrivait même à Florian d'en lancer lorsqu'il s'ennuyait trop : ça l'amusait beaucoup de voir jusqu'où elles étaient déformées.
Toi, tu semblais éperdument t'en moquer.
Il t'arrivait cependant de laisser tomber ton expression d'indifférence, comme ce jour où je t'avais vu t'occuper d'un petit garçon qui te ressemblait beaucoup.
Mais le reste du temps, rien ne semblait t'émouvoir. Comme cette fois où, pour on ne sait quelle raison, Sirius Black se demanda tout haut comment une personne si associable et si orgueilleuse avait pu tomber dans la maison Poufsouffle.
Tu l'avais dardé d'un regard d'une telle froideur, la tête haute, comme s'il était juste une nuisance qui t'avais interrompu sur ton chemin. Tu t'étais ensuite détournée sans plus de cérémonie et l'avais planté là, laissant son venin glisser sur toi sans t'atteindre.
- Percutant Sirius, avait négligemment commenté Lupin le ridiculisant un peu plus.
J'avais été admirative devant tant de sang-froid. Je lui aurait sans doute fait avaler ses chaussures à ta place.
Il avait quand même dit tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. C'était dur de sa part. Mais tu paraissais si sombre ! Tu parlais si peu, et même les filles de ton dortoir ne connaissaient rien de toi. Tu ne voulais pas d'amis, ou tu n'arrivais pas à t'en faire.
Je ne pouvais m'empêcher de me demander parfois comment tu supportais autant de solitude. Je n'avais pas compris que justement il t'arrivait d'en souffrir.
Il y avait beaucoup de choses que je n'avais pas vues à cette époque-là. J'étais intelligente et sure de moi, mais je n'étais pas aussi mûre que je le pensais.
Je me souviens…
