Dementor
Résumé : « Recroquevillée dans son coin, Ginny, qui semblait aussi affectée que Harry, laissa échapper un sanglot. (…)
- Personne d'autre n'est tombé de son siège ? demanda Harry, un peu gêné.
- Non, dit Ron en le regardant à nouveau d'un air anxieux. Mais Ginny s'est mise à trembler comme une feuille… » - Les sombres secrets de Ginny Weasley.
Note : Drabble en 600 mots, pour répondre au défi d'une amie : ce que ressent Ginny Weasley face à un Détraqueur.
Disclaimers : Toujours la propriété de J.K. Rowling.
Pairing : None
Rating : T
ooo
« Il entre, et pour la seconde fois de ma vie, tout est gelé comme la mort. Je distingue la haute silhouette drapée dans l'étoffe sombre, je distingue la cagoule sous laquelle gronde le râle d'une respiration inhumaine ; je peux voir mon haleine glacée former dans les airs de petits nuages d'enfer. Quelque part au fond de moi, il y a un cœur qui bat comme les ailes d'un oiseau affolé, l'oiseau prisonnier de sa cage sous le regard du prédateur. Un froid putride me tord les entrailles, un froid m'aveugle presque. Peur.
Et soudain, dans les ténèbres de ce qui forme désormais ma conscience, un rire. Aigu, froid, fou, effrayant. Une voix douce et glacée qui appelle mon nom avec une pointe de sarcasme, un semblant de sadisme. Un autre nom aussi. Pas le mien, je ne crois pas. Ou si ? Tom Elvis Jedusor.
Non, non, ce n'est pas moi, c'est celui qui m'a possédé, qui s'est emparé de mon âme, de mon corps. Il y a de grandes plages de blanc dans ma mémoire à ces instants où j'ai perdu le contrôle de mon être. Sans doute est-ce pour ça qu'on dirait qu'il y a du brouillard autour de moi. Et, par delà le brouillard, les rires, les moqueries de ce qui a l'apparence d'un homme, mais qui n'en a que les caractéristiques physiques. Un monstre, monstre comme celui auquel il siffle ses ordres, et son regard noir et charmeur est aussi dangereux que celui meurtrier du Basilic.
Il y a la chatte au dessus de moi, pendue à sa torchère, les yeux grands ouverts. Il y a le message en lettres de sang sur les murs. Il y a Colin Crivey étendu dans les escaliers, pâle et figé comme le marbre. Il y a ma main sur le cou brisé des coqs du poulailler. Il y a la forme indistincte d'un fantôme et le corps renversé de Justin Finch-Flechtley. Il y a l'amie aux cheveux bouclés de mon frère aîné, et la meilleure amie de celui que j'aime qui darde sur moi un regard fixe, mais qui en dit long sur ce qu'elle a compris.
Je ne comprends pas, je ne devrais pas me souvenir des mots que Jedusor me chuchote à l'oreille, je ne devrais pas être capable de retracer dans ma mémoire les esquisses des scènes du drame.
Je vois Jedusor s'extraire des pages du journal que j'ai appris à craindre, je vois son sourire lugubre. Je sens sa main aristocratique sur mon épaule comme un étau maudit, je sens son âme s'abreuver de la mienne, la côtoyer, s'y lover comme un chat se pelotonne sur les genoux de son maître, je sens la vie me quitter. Je tente de me débattre, mais après tout, peut-être n'est-ce que le tremblement qui agite mon corps tandis que la respiration du Détraqueur se fait plus profonde ? Je ne perçois plus le contact du siège du Poulard Express sous mes cuisses, je ne perçois plus le contact de la dalle froide du sol de la Chambre des Secrets alors que je m'enfonce dans un état second.
Et soudain, éclat de voix, silence, lueur d'argent. Le froid me quitte et le frémissement qui secoue mon échine s'apaise. Je m'aperçois que des larmes irrépressibles coulent sur mes joues, je prends conscience du corps convulsé de Harry à mes pieds.
Harry ouvre les yeux. Je n'ai plus froid, il ne fait plus sombre et les lumières brillent à nouveau dans le train qui m'emmène loin de ce cauchemar. Le bras d'Hermione s'enroule autour de mes épaules pour me réconforter. »
