Bonjour à tous : )

La fic que je vous propose aujourd'hui est en fait une suite de Je te hais autant que tu me plais, mais cette fois le ton est comique (en tout cas est censé l'être ; après je ne garantis pas, mais alors pas du tout, d'avoir un humour décapant). Il n'est pas indispensable de lire l'autre fic avant, mais cela aidera un peu mieux à la compréhension des relations entre Harry et Draco.

La vie quotidienne du lion et du serpent n'est pas précisément une fanfic à chapitres, c'est plutôt une série de one-shots (qui peuvent donc se lire indépendamment les uns des autres), mais on peut toutefois les considérer comme des chapitres, dans le sens où un fil commun les relie et qu'ils se déroulent dans un ordre chronologique.

Disclaimer : l'univers et la plupart des personnages appartiennent bien évidemment (est-il utile de le dire ? Oui, ah bon, zut …) à J. K. Rowling, les idées et le ton débile ou incongru sont à moi (et là je ne pense pas qu'elle ait envie de me les réclamer, lol)

Rating : heu … chais pas trop, ça dépendra des chapitres, je suppose (et comme j'ai pas encore tout écrit, c'est dur à dire pour l'instant). On va dire K + pour le moment.

Note importante : comme je l'ai dit dans Je te hais autant que tu me plais je n'ai lu aucun des livres de HP. Je ne connais cet univers que par les films et les fanfictions. Tout ça pour dire que je m'excuse mille fois par avance pour les incohérences ou erreurs qu'il pourrait y avoir éventuellement dans ma fic (même si je me suis en principe assez documentée pour éviter ça, mais on n'est jamais à l'abri d'une erreur).

L'histoire se situe en 7ème année de leurs études à Poudlard, mais ne tient pas compte des évènements importants des volumes 5 ou 6 (puisque je rappelle que je ne les ai pas lus, même si je sais en gros ce qui se passe).

Ah oui, c'est un POV (ce sigle m'a toujours fait beaucoup rire … hem, passons …) Harry, mais je pense que c'est très clair à la lecture.

Dédicace : je tenais à profiter de cet espace pour saluer ma très chère Mayura, qui a su m'accueillir sur ffnet avec toute la gentillesse, l'enthousiasme et l'amitié dont je la sais capable. Merci d'être devenue une amie si chère à mon cœur, merci d'être toujours si présente, et d'éclairer mes jours de ta présence . J'espère que ce texte, qui t'est dédicacé, te plaira !

Je tenais aussi à passer un petit coucou à Lightofmoon, toujours présente à chacun de mes textes. Merci de ta fidélité, ça me touche beaucoup !

Et surtout, bonne lecture à vous tous, qui aurez la gentillesse devenir faire un tour par ici !


La vie quotidienne du lion et du serpent

Partie 1 : La partie d'échecs

Les moldus disent souvent que Rome –une ville du monde moldu– ne s'est pas faite en un jour. Et bien, croyez-moi, il en va de même pour l'entente Gryffondors-Serpentards. Mais je vais plutôt vous en laisser juger par vous-même …

oOoOoOoOoOo

Le mois de Janvier touche à sa fin. On est dimanche. A 15h, la pluie a enfin fini de tomber, mais il fait vraiment trop froid dehors pour qu'on tente la partie de Quidditch qu'on avait prévu de faire cette après-midi. Ce n'est pas Hermione que ça va contrarier, notez bien : assise à la grande table de la salle commune des Rouge et Or, elle gratte furieusement de sa plume sa énième feuille de parchemin. Elle est en train d'apporter la touche finale à son devoir de Potions qui, cela va sans dire, n'est pas à rendre avant au moins trois semaines. Ron, lui, accoudé à la fenêtre, regarde dehors d'un air songeur, tout en soupirant à fendre l'âme. Je crois qu'il sera bien le seul aujourd'hui à vraiment regretter la partie de Quidditch.

Depuis le centre de la salle s'élève soudain une voix traînante :

« Bon … Qu'est-ce qu'on fait alors ? On va pas rester là à rien foutre toute l'après-midi, quand même … »

Tous les regards convergent alors vers le plus blond et le plus hautain de tous les Serpentards, j'ai nommé Mr Draco Malefoy. Avachi fort peu élégamment dans un des vieux fauteuils en velours rouge de la salle commune des Gryffondors, il trône, royal, au milieu d'une cour qui n'est pourtant pas la sienne –en tout cas, pas complètement. Ca et là, des touches vertes et argents, visibles sur des cravates, écharpes ou écussons, viennent trancher avec l'ensemble exclusivement rouge et or de toute la pièce. Oui, vous ne rêvez pas : il y a des Serpentards dans la salle commune des Gryffondors. Oh, pas de quoi tenir un siège, non plus : ils ne sont que 4 ou 5 ; mais bon, c'est déjà suffisant pour souligner à quel point la situation est inhabituelle.

Quoique … inhabituelle n'est peut-être pas le mot juste. A vrai dire, c'est peut-être déjà le 5ème dimanche que la salle des lions accueille en son sein quelques serpents. Sans tuerie. Sans bagarre sanglante. Sans dispute … Bon, ok, peut-être pas sans aucune dispute, mais en tout cas, chacun s'efforce de mettre de l'eau dans son vin, depuis que …

« Po … Harry ! Alors, on fait quoi ? » m'interrompt de nouveau dans mes réflexions le leader des reptiles. Je lève mes binocles vers lui, et lui glisse :

« Je ne sais pas, Draco. Qu'est-ce que tu proposes ? »

Il râle de nouveau –plus pour la forme, je crois ; Draco adore se donner en spectacle, surtout quand il est entouré d'un large public-, puis finit par hausser les épaules :

« Chais pas … C'est pas à moi d'en décider, après tout. Vous nous invitez, c'est à vous de prendre soin de vos hôtes. » Il ricane, puis fait : « Mais bon, je ne m'attendais pas non plus à ce que les chatons de Gryffondors soient capables d'accueillir comme il se doit des invités de notre marque. » Deux ou trois Serpentards ricanent à leur tour, et je vois quelques-uns de mes camarades commencer à serrer les poings de rage. Allons bon ! C'est reparti pour un tour ! Je secoue la tête, désespéré, quand la voix de ma douce Hermione s'élève dans les airs, sèche et cassante :

« Malefoy, ça suffit maintenant ! Pas de provocation, ou vous repartez tous aussi secs dans votre tour. » Elle n'a même pas levé le nez de ces feuilles. N'empêche que tout le monde s'est tu. Je reconnais bien là le caractère de maîtresse femme de mon amie. Je souris, naïf que je suis, pensant qu'elle a réussi à ramener le calme sur tout ce petit monde. Mais c'est sans compter sur le sang bouillonnant –étonnant pour un reptile, d'ailleurs ; j'ai toujours cru que ça avait le sang froid, ces bêtes-là- de notre blond national, qui se lève de son fauteuil et s'écrie :

« Sang-de … Granger ! » –Oui, malgré les apparences, Draco fait vraiment beaucoup d'effort pour être poli envers mes amis- « J'ai raison, après tout : nous sommes vos invités, alors occupez-vous un peu de nous ! »

« Mais on ne demande que ça, à aller dans votre tour ! » s'exclama en retour Dean, debout près de la cheminée, à côté de moi.

« C'est vrai, » renchérit Hermione, sortant enfin de ses devoirs. « Mais vous ne nous avez jamais invités. »

Un peu penaud, le petit prince blond danse d'un pied sur l'autre, et hésite, jetant des coups d'œil à ses camarades, qui loin de l'aider, se plongent dans l'admiration muette et extatique de nos vieilles tentures murales –sauf Crabbe qui, lui, n'a pas décroché son regard torve du bocal où nage tranquillement le poisson rouge de Neville, depuis qu'il est arrivé (mais à quoi peut-il bien penser en fixant ainsi l'animal ?). C'est finalement moi qui vais venir à l'aide de Malefoy –St Potter à la rescousse, comme aurait dit l'autre :

« Mais, non, vous savez bien que Parkinson … Pansy, ne nous porte pas vraiment … heu … dans son cœur. »

« Mouais, » renifle alors dédaigneusement Lavande, sur le canapé à côté de Seamus. « Dis carrément qu'elle ne peut pas nous blairer, et que nos tronches lui donnent envie de gerber, et on sera peut-être plus proche de la vérité ! »

Draco jette un regard presque choqué devant la vulgarité de ma jeune et jolie camarade –oui, Lavande cache très bien son jeu-, pendant que, comme un con, je balbutie :

« Oui … Je … je crois qu'on peut voir ça comme ça. »

« Tout à fait ! » conclut la blonde.

Ok, un point pour Gryffondors. Bon, si on arrêtait là les hostilités, hein, les gars ? Parce que là je ne me sens pas de repartir pour un tour de …

« Je m'ennuie ! » s'écrie alors Ron depuis sa fenêtre –me coupant accessoirement lui aussi dans mes pensées. Un brin exaspérée, Hermione se retourne vers lui, et lui glisse, acerbe :

« Ron, on s'ennuie tous ! De quoi crois-tu qu'on est en train de débattre depuis tout à l'heure ? »

Ignorant superbement la brune, mon ami se tourne vers nous, et s'exclame alors, tout joyeux, comme s'il venait d'avoir l'idée du siècle :

« Et si on jouait aux échecs ! »

Et, quand je vois que tous ici présents se jettent des petits coups d'œil, un peu hésitants, mais prêts à se laisser tenter, près d'accepter de jouer tous ensemble à ce jeu, sans plus se disputer, je me dis que oui, finalement Ron a peut-être bien eu là l'idée du siècle.

oOoOoOoOoOo

Bon, évidemment, c'était sans compter qu'un jeu comme les échecs ne se joue pas à près de quinze personne. Commence alors une longue épreuve, qui m'apparaît soudain aussi rude que la lecture de la vie de Lockart écrite par lui-même, qu'un combat contre deux ou trois mangemorts sans rien d'autre pour se défendre qu'un brin d'herbe, ou que trois heures de colle avec Rogue … Non, rectification, ça, y'a rien de pire ! Commence l'épreuve du « Bon- on-fait-comment-pour-jouer-aux-échecs-alors-qu'on-est-près-de-15 ? »

Les propositions fusent, enthousiastes –tous semblant avoir retrouvé un regain d'énergie, maintenant qu'une idée pour s'occuper a été lancée :

« On joue à tour de rôle. » propose Millicent Bulstrode, ouvrant le bal.

« Ben, c'est un peu con, ça ne réglera pas le problème des autres qui s'emmerdent. » réplique Draco, jetant un coup d'œil froid à sa camarade. Je fronce un peu les sourcils : s'il se met lui-même à rembarrer comme ça les gens de sa clique, on n'est pas rendus. Il me jette un petit coup d'œil en retour, signifiant : « Commence pas Harry, je ne suis pas d'humeur. » De toutes façons, sa majesté n'est jamais d'humeur, alors … En tout cas, pas quand nous sommes tous en groupe.

« Bon, on n'a qu'à faire des équipes, alors … » propose intelligemment Hermione –comment ça, c'est une lapalissade ?

« Bonne idée ! » s'exclame Dean.

« Ok, » fis-je, comme tous ont l'air d'accord. « On se répartis en équipe. On en fait combien ? »

« Oh, ben deux. Si on en fait plus, on ne va pas pourvoir jouer tous ensemble, et c'est pas l'idée … » remarque avec pertinence Parvati, restée silencieuse, jusque-là.

« Oui … » soupire Zabini. « Faut dire que Dumby et ses grandes idées … »

« Ne l'appelle pas comme ça ! » glapit alors Hermione – fort peu gracieusement, je dois malheureusement l'admettre. La colère ne lui va pas toujours bien – bien que Ron ne suive pas mon avis, si l'on en juge par le nombre de fois où il la met (volontairement) en colère. Mais Ron et Mione, c'est déjà un autre débat, où il est risqué de se plonger …

« Alors, on fait deux équipes. C'est d'accord. » reprend calmement Draco. Je lui jette un regard mouillé de remerciements pour avoir stoppé le houleux débat. Il tente de m'ignorer, et continue. « Mais, comment on divise les deux équipes ? »

Ah, un ange passe. Moi, j'aime bien : c'est plus calme comme ça … Je les vois tous se jeter des coups d'œil gênés, attendant que les autres répondent. Mais pas un n'ouvre la bouche. Assis par terre, je souris béatement en m'adossant au pied du canapé se trouvant derrière moi. Je capte alors le regard rieur de mon homologue vert et argent. Je lui renvoie le même regard : ping-pong –un sport moldu- de prunelle à prunelle, plein de complicité, de deux personnes qui apprécient tous deux autant le calme.

Mais finalement, la voix de Seamus vient rompre la joyeuse balade de l'ange au-dessus de nos têtes :

« On peut faire les filles contre les garçons, non ? »

Zabini approuve vivement : « Oh oui, ça pourrait être marrant ! Elles qui se vantent toujours d'être plus intelligentes que nous … »

La plupart des garçons approuvent, à grand renfort de cris et exclamations joyeuses, mais très vite Lavande les coupe, soutenu par Hermione et Millicent – Parvati étant plus réservée que ses amies :

« Mais ça va pas, non ! On est que quatre, vous êtes beaucoup plus ! C'est trop déséquilibré … »

« Elles ont pas tort » soulève la voix timide de Neville, resté un peu en retrait du groupe –cette fois réuni au centre de la pièce.

Plusieurs regards –masculins- noirs se tournent vers lui, le réduisant au silence. Pauvre Neville, lui qui ne parle déjà pas beaucoup …

« Bon, ben, Serpentards contre Gryffondors, alors … » propose Goyle.

« Goyle, enfin ! » s'exclame Hermione. « Dois-je te rappeler pourquoi on est là ? »

« Pour jouer aux échecs ? » balbutie le garçon, de son air pataud.

Par Merlin ! C'est vraiment possible d'être aussi ralenti ? Comment Draco a pu supporter ces deux gorilles pendant autant d'années !

« Mais Grégory, t'es vraiment con ! » s'énerve justement ledit Malefoy. « Tu sais bien pourquoi on vient chez les Gryffondors tous les week-ends ! On suit la volonté de Dumbledore de rapprocher nos deux maisons … »

« Ah … » fait l'autre, sans pour autant avoir l'air de comprendre ce que raconte son camarade. Draco soupire, levant ses yeux orageux au ciel. Non, ben en fait, il n'a peut-être pas si bien supporté que ça ces deux gorilles … Ah ! Voilà qu'il tourne vers moi ses deux prunelles métalliques, me regardant avec colère. Je n'ai pourtant rien fait pour l'énerver.

« Harry ! Propose-nous quelque chose, toi ! »

Ben, c'est peut-être justement ça le problème : je n'ai rien fait. Je me gratte la tête un moment, alors que tous se mettent à me fixer avec une attention soutenue. Je lance alors, à tout hasard :

« Heu … un tirage au sort ? »

Silence. Puis applaudissements. Et cris de joie. Bingo ! Je crois que j'ai donné la bonne réponse. Je tourne mes lunettes rondes vers notre blondinet favori, et le vois alors qui me sourit. Super, j'ai réussi à calmer sa fureur. Et pour tout vous dire, je préfère nettement le voir comme ça, même si son air perpétuellement mécontent fait partie intégrante de son charme.

Le problème du « Comment-on-joue-etc-etc-quand-on-est-près-de-15- ? » maintenant réglé, nous nous attaquons au problème suivant : « Comment-on-répartit-les-joueurs-dans-chaque-équipe-? » Ron, que tout cela commence prodigieusement à gonfler –il faut dire que mon ami n'est pas d'un naturel très patient- se lève et part chercher son jeu d'échecs –« Pour faire avancer les choses », dit-il.

Pendant ce temps, Neville demande :

« Bon, on fait comment, alors ? On tire à la courte paille ? »

« Mais non, ça serait trop fastidieux ! » lui réplique Hermione. « On n'a qu'à le jouer aux fléchettes. »

« Tu trouves ça moins fastidieux, peut-être ? » s'exclame alors Dean, tandis que les autres se demandent ce que sont les « fléchettes » -j'y ai joué une fois, mais j'avoue ne pas être très doué, car à part faire des trous dans l'affreux papier peint de la cuisine de ma tante Pétunia, on ne peut pas dire que j'ai fait un carton.

Avant d'avoir droit à un autre regard courroucé de Malefoy –alors que je n'y suis pour rien dans tous ces contretemps, après tout, merde ! C'est pas parce que j'ai soi-disant une grande faculté à m'attirer des ennuis (n'importe quoi, déjà, ça ! Je ne sais vraiment pas où ils ont été pêché cette connerie, mais bon …), que je suis forcément responsable de tous les désagréments qui surviennent- enfin, bref, avant que Draco me fasse encore le regard spécial-avada-kedavra-rien-que-pour-Harry-parce-qu-il-le-vaut-bien, je note avec une profonde pertinence :

« Ben, j'ai dis un tirage au sort, alors, on tire au sort, non ? »

Super, maintenant j'ai droit à toute une collection de regards effarés dans ma direction (sauf celui de Ron, qui astique maintenant consciencieusement ses pièces d'échec avec un chiffon ; et Crabbe, toujours en pleine contemplation du poisson rouge … D'ailleurs, ce gros balourd de Serpentard ne serait-il pas en train de baver, à présent ! Par Merlin, qu'est-ce que …)

« Heu … c'est-à-dire, Harry ? » me fait Hermione.

« Ben … on tire au sort : on met nos noms dans un truc, un chapeau par exemple, et on tire les papiers. C'est quand même pas sorcier, non ? » explique-je (Comment ça peut bien se prononcer, ça ! Je vous met au défi de le dire à voix haute sans bafouiller, tiens …), pendant que Goyle rigole à ma dernière phrase, qu'il croit être une blague de ma part.

« Le choixpeau magique ! » s'écrie alors Hermione, toute joyeuse. « Mais quelle bonne idée, Harry ! »

Stupéfait, je vois alors mes camarades s'agiter, tout contents, à une idée que je n'ai même pas formulée. Mais par Merlin, je n'ai jamais mentionné le choixpeau magique. Non ? Non, parce que je m'inquiète moi-même, là …

« Je suis sûr que Dumby sera ravi de nous le prêter, en plus … » ajoute Zabini, tout sourire.

« Zabini ! Qu'est-ce que j'ai dit tout à l'heure concernant Dumby … heu, Dumbledore ! » le gourmande ma très sage et très sérieuse Mione. L'ami de Draco s'approche alors d'elle, et lui caressant sa tignasse touffue, lui glisse d'un ton charmeur :

« D'accord, d'accord, ma belle. N'empêche que ce vieux fou ne dira sûrement pas non, puisque c'est pour l'entente de nos deux maisons. » Tellement surprise qu'il l'appelle « ma belle », Hermione oublie de le reprendre sur « vieux fou ». Ron, par contre, semble bien décidé à le reprendre sur « ma belle », vu comment son indicateur d'énervement a viré au rouge (ses oreilles, quoi ! Oh, faut suivre un peu …). Je le croyais trop concentré sur ses pièces d'échec pour qu'il prête attention à ce qui se passe alentour, mais j'avais visiblement oublié qu'il dispose d'un puissant radar quand il s'agit de tout ce qui concerne Hermione.

« Mais … notre directeur ne va pas nous prêter un objet aussi précieux que le choixpeau magique, juste pour une partie d'échecs ! » souligne avec pertinence Neville. J'approuve vivement d'un hochement de tête, mais comme ça manque de me faire tomber les lunettes du nez, je m'arrête tout aussi vivement.

« Mais si ! Y'aura pas de problème, surtout si c'est Harry et Draco qui lui demandent ! » s'exclame alors avec entrain Lavande.

Voilà, tout à fait … Hein ! Pourquoi ce serait moi, encore moi qui … Je jette des yeux de hibou affolé aux autres, mais non, ils ont tous l'air d'accord. Même Malefoy ! Ah merci, Draco, je te revaudrais ça, franchement …

« Bon, ben, c'est réglé. » conclu Nott, dernier Serpentard à n'avoir pas encore ouvert la bouche.

oOoOoOoOoOo

Voilà comment je me retrouve, ce dimanche après-midi de Janvier, à arpenter les couloirs glacials de Poudlard en compagnie de mon ex-Némésis, afin de me rendre chez le directeur pour lui demander s'il serait pas assez cool pour me prêter son choixpeau magique, juste parce qu'une bande débile de jeunes sorciers veut jouer avec … Non, mais franchement, y'a des jours j'ai envie de me pendre (Bon, mais je le ferais pas, parce que ça arrangerait trop les affaires de vous-savez-qui, et que je n'ai pas envie de lui faire ce plaisir).

La voix de Draco me tire de mes sombres –et désespérées–pensées :

« Allez, ça va Harry, fais pas cette tête d'enterrement … »

Je sens comme de l'amusement dans sa voix, et ça m'énerve ! Par Merlin, il se fout de ma gueule !

« Ah ah, très drôle, Draco. Mais ne me dis pas que ça t'amuse de te taper tout ce trajet jusque chez Dumbledore pour ça ? »

« Bah, ça nous dégourdit les jambes, au moins … »

« Mouais … » marmonne-je (Tiens, défi n°2, pour ceux qui se foutraient aussi de ma gueule : comment prononcer ça également sans bafouiller ?).

On continue à avancer, et j'avoue que je traîne pas mal les pieds. Je me dis qu'avec un peu de chance, on arrivera si tard dans le bureau de Dumbledore, que, quoiqu'il décide concernant le prêt du Choixpeau, il sera trop tard pour faire la partie d'échecs quand on reviendra dans la salle commune. Soudain, je sens la main de Draco m'attraper le bras, et m'entraînant avec allégresse dans le couloir, il s'écrie avec entrain (oui, un entrain entraînant ; et non, je ne me répète pas !) :

« Allez, Harry, sois jouasse un peu ! »

Je ne peux réprimer un sourire : voir notre blondinet national joyeux a toujours quelque chose de très … agréable. Et me dire que j'ai contribué à ça me réchauffe le cœur. Mais je ne peux m'empêcher de râler un peu – plus pour la forme, je crois :

« Ecoute Drake, t'es bien gentil, mais désolé si je ne m'enthousiasme pas follement devant les idées complètements farfelues de cette bande de dégénérés qui nous tient lieu d'amis … »

Il s'arrête alors de sautiller un moment (oui, je sais, Draco Malefoy, the great serpentard himself, qui sautille, ça fait bizarre. Mais c'est comme ça. Enfin, pas devant tout le monde ; il a une certaine réputation à garder tout de même), donc il arrête de caracoler, pour se tourner vers moi et reprendre un visage sérieux :

« Tu n'es pas content qu'on joue tous ensemble aux échecs ? »

Je n'aime pas quand il prend cet air, un peu triste, un peu déçu. Par Merlin, je n'aime vraiment pas ça ! Et comme, j'ai beau être le grand Survivant Harry Potter, je reste un faible face à mes amis me faisant ce genre de visage, je réplique, gêné :

« Mais si, Drake … Je trouve ça sympa qu'on soit tous réunis, et tout … Mais c'est juste que des fois … ben, des fois ils sont tous un peu bruyants. Et que j'aimerais de temps à autre passer des dimanches un peu plus calmes. »

« Calmes ? Avec une miss je-sais-tout qui passe son temps à râler, un rouquin braillard, des potes plus agités qu'une bande de sirènes en chasse et des pipelettes de … » Il s'interrompt quand je lui lance mon regard attention-Malefoy-ne-va-pas-trop-loin-ou-je-vais-me-fâcher-tout-rouge (mais sans aller jusqu'à ajouter tout de même le petit éclair dans l'œil, qui veut dire et-un-Harry-Potter-qui-se-fâche-ça-peut-être-vachement-dangereux-crois-moi). Il me fixe un moment, puis hausse les épaules, et crache alors (au sens figuré, pas au sens propre … heu, sale en l'occurrence … enfin, je me comprends … Et c'est déjà pas si mal, croyez-moi !) :

« Je plaisantais, Potty ! »

« Je sais. Mais je n'aime pas quand tu parles comme ça. » Puis, j'ajoute d'une petite voix en détournant la tête : « Ni quand tu m'appelles Potty. »

Il s'approche alors subrepticement tel … ben, tel un reptile (oui, oh ça va, on a jamais dit que je devais être doué pour les métaphores, en plus d'être le futur sauveur du monde sorcier. On peut pas savoir tout faire …), et me susurre (toujours tel l'animal-rampant-emblème-de-sa-maison – c'est mieux comme ça ?) de sa voix doucereuse :

« Je sais … Harry. Moi aussi je préfère quand c'est plus calme. Je préfère quand je ne suis qu'avec toi – je lève des yeux étonnés (et croyez-moi, des yeux ronds agrandis par des verres de lunettes, c'est un spectacle plutôt risible … enfin, je suppose ; je me regarde rarement dans la glace à ces moments-là) vers lui – mais bon, Dumbledore s'est dit que ça serait bien que le maximum d'élèves de nos deux maisons sympathisent, alors … »

Avant que je puisse répliquer un truc (genre, attendri « Oh c'est super beau, ce que tu dis là, Drake ! » ; ou plus viril – même si c'est dur quand on n'est pas très grand, pas très costaud non plus, et qu'on a les cheveux en broussailles et d'affreuses lunettes rondes, mais bon – style « T'inquiète, vieux ! Je suis avec toi, quoiqu'il arrive » ; ou même dans le registre sage et philosophe « Oeuvrons ensemble pour la paix entre nos maisons, mon cher Draco Malefoy »), bref avant que je puisse ouvrir mon clapet, j'entends une voix terriblement joyeuse et d'un enthousiasme tonitruant s'élever derrière nous :

« Oh, on parle de moi ? »

Je me retourne alors vers notre très estimé, vénérable, puissant, sage, mais ô combien … spécial (je pense rester assez poli, là), directeur : Albus Percival etc etc (j'ai tendance à ne jamais retenir ses 40.000 autres noms) Dumbledore. Je ne peux pas m'empêcher de sursauter à sa vue ; 7 années à Poudlard ne m'ont toujours pas immunisé contre l'excentricité du vieil homme, à ce que je constate. « Spécial » était encore trop loin de la vérité, croyez-moi. De fait, le sorcier se tient là, non loin de nous, un sourire extatique plaqué sur son visage, tenant un paquet de bonbons au citron (énorme paquet, d'ailleurs ! Mais où se fournit-il ? Directement à l'usine ou quoi ? Le connaissant, qu'il soit le directeur de l'usine même ne me surprendrait pas). Jusque-là, que du très normal, me direz-vous. Certes. Si ce n'est que je doute qu'une cape de sorcier bleu ciel et jaune et ornée de fleurs hawaïennes fasse vraiment partie de la garde-robe classique d'un directeur d'école pour sorciers. Ainsi que le chapeau de paille. Et les lunettes de soleil. Et les tongs. Surtout ornées d'un gros soleil en plastique jaune fluo. Par Merlin, mais qu'est-ce que je fous là ! Et c'est avec un mentor comme ça qu'on s'attend à ce que je me débarrasse de face-de-serpent-albinos-mégalo ? (Voldemort, of course, pas Draco ! La description ne lui ressemblait pas, enfin. Même s'il est à Serpentard. Même s'il a la peau pâle. Et qu'il est un peu prétentieux. Bon, OK, beaucoup.) Ben, on est mal barrés alors, c'est moi qui vous le dit …

Je me tourne vers mon homologue vert et argent, et constate vu sa tête qu'il doit en être au même point de réflexion que moi. Si toutefois ses neurones n'ont pas grillé à la vue de notre directeur, ce qui serait somme toute assez compréhensible. Comprenant que ce ne sera pas Draco dans son état qui répondra à la question de Dumbledore, je lâche un soupir et me retourne vers le vieux sorcier, tentant de ne pas sursauter une nouvelle fois (non, parce que ça m'embêterait de le vexer, quand même, après tout. J'ai encore besoin de lui … enfin, j'imagine, bien que j'avoue ne plus être très certain de sa santé mentale, et donc de son aide dans cette guerre qui se prépare) :

« Heu oui … Nous nous rendions justement à votre bureau, pour … » Je m'arrête : je viens d'apercevoir derrière Dumby (heu non non ! Je ne dois pas me mettre moi aussi à l'appeler comme ça … Sinon Hermione sera fâchée ! Oui, voilà, pense à la colère de Mione, ça devrait te calmer, Harry … Voilà, c'est réussi ! Non, parce que franchement, y'a bien que Ron qui ne s'effraie pas des colères de Hermione. Je dirais même qu'il aime ça, ce malade ! Enfin, revenons à nos moutons …), donc derrière Dumbledore, qui est-ce que je vois ? Je vous le donne en mille : Rogue ! Et là je reste bouche-bée. (Et j'imagine aisément l'état de mon camarade derrière moi, quand même filleul du professeur de potions, rappelons-le). Oui, parce que bon, Rogue a beau porter son habituelle robe de sorcier noire et terne, et arborer sa coiffure d'un brun crasseux au brushing déprimant (oui, un brushing peut être déprimant. Surtout quand c'est celui de Severus …), notre prof porte quand même … Oh Merlin, j'ai presque honte pour lui de le dire … Il porte lui aussi un chapeau de paille. Et des tongs. Avec des crabes en plastique rouge vif.

J'entends un BOUM derrière moi. Flûte ! Je crois bien que Draco vient de s'évanouir. Trop d'émotions sans doute. Je compatis. N'empêche, je compatis moins de l'allure de Rogue. Après mûre réflexion (de quelques secondes), je crois même que j'ai bien envie d'éclater de rire. Non mais franchement ! Que Dumbledore s'habille comme ça, bon, c'est (un peu) surprenant, mais ça passe encore. Mais Rogue, honnêtement ! Mais je n'ai pas le temps d'esquisser un semblant de rictus moqueur que l'effroyable professeur me lance un regard à la sauce avada kedavra, me signifiant très clairement que si j'ose ne serait-ce que faire une petite remarque, je mourrais dans d'atroces souffrances, que mon jeune esprit, même confronté plusieurs fois à l'affreux Voldemort, ne soupçonnerait même pas … (Oui, je vous jure que j'ai saisi tout ça dans son regard. Parce que Rogue a beau arborer toujours le même visage, il peut être super expressif. Il excelle particulièrement dans la cruauté quand même, je dois bien avouer).

« Heu, donc, je disais, heu … » Je tente de reprendre le fil de ce que je disais à Dumbledore, mais mon regard ne cesse de revenir au maître des potions. Notre cher directeur, face à mon discours un peu décousu, capte enfin :

« Ah, mais sans doute vous demandez-vous ce que nous faisons accoutrés ainsi ? »

Clairement, oui !

« Et bien, Severus et moi-même allons de ce pas nous essayer à un très amusant jeu moldu : la pétante ! »

Après un moment, je murmure :

« Heu … la pétanque, vous voulez dire, sans doute ? »

« Oui, tout à fait ! » s'exclame très joyeusement Dumbledore.

J'avise alors effectivement un jeu de pétanques (version plastique, vous savez, avec les boules jaunes, bleues et rouges) rangé dans une petite valisette, que tient Rogue dans une de ses mains blanches et osseuses.

« Hem … et heu … les tenues, c'est pour ça ? Non, parce que je ne sais pas si vous avez vu, mais il pleut dehors. Vous ne pourrez pas jouer à la pétanque dans le parc. »

Il me semble entendre Rogue marmonner un « Je lui avais bien dit, mais il ne m'écoute jamais, alors … », mais déjà le vieux sorcier s'écrie, tellement emporté par l'allégresse que plusieurs bonbons sautent de son sac :

« Peu importe ! Un peu de pluie ne nous déprimera pas ! Nous allons jouer dans les couloirs ! »

Là, j'entends plus clairement Severus lâcher « Loin des couloirs des élèves, par pitié, j'ai une réputation moi … » Mais Dumbledore n'en a cure a priori. Et puis, je ne veux pas dire, mais pour sa réputation, c'est déjà foutu, à Rogue. Moi je l'ai vu dans cet accoutrement. Et c'est un grand moment dans une vie de Survivant, croyez-moi. Le genre de truc qui fera de bons souvenirs plus tard. Si je survis, comme mon pseudo l'indique.

Mais pour l'heure, je tente de me sortir de cette situation surréaliste, parce que là j'avoue avoir eu ma dose de folies pour la journée. Aussi, quand Dumby (oui pardon, mais là on a atteint un tel degré d'absurdités, que je peux pas me retenir) me redemande si je voulais quelque chose, je réponds simplement « Non, merci » dans un petit soupir, et je les regarde s'éloigner tout deux dans un petit bruit de plastique. Slap. Slap. Slap. Fait le bruit de leurs tongs sur les dalles en pierre de Poudlard.

Une fois les deux hommes partis, je me retourne vers Draco (qu'on avait tous oublié jusque-là), et tente de le réveiller. Cela fait, il cligne des yeux, me regarde un peu désorienté, et me lance :

« Harry ? … Que … Je crois que je viens de rêver. J'ai cru voir Rogue … »

Je lui pose une main compatissante sur l'épaule : « Sois fort, Drake. Tu n'as pas rêvé. »

Il se rallonge sur le sol, et referme les yeux. « Merlin … Je crois que je vais encore m'évanouir. »

Je me penche alors vers lui et lui murmure quelque chose à l'oreille. Il me sourit alors, et se relève. Son « oui, pourquoi pas ? » enthousiaste acquiesçant à ma proposition, nous repartons vers ma salle commune.

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Nous n'avons jamais fait cette fameuse partie d'échecs. Mais à la place, j'ai fait découvrir à tous nos camarades réunis un merveilleux jeu, très convivial et amusant. Et ils ont tous beaucoup apprécié. Nous avons beaucoup ri, et je crois bien que ce dimanche restera l'un des meilleurs que nous avons passé, Gryffondors et Serpentards réunis.

Bon, c'est vrai, Rogue a un peu moins apprécié par contre de devoir servir de professeur de pétanque à une bande d'élèves hilares, un maudit dimanche après-midi pluvieux. N'empêche, Dumbledore n'a pas cessé de le remercier pour avoir contribué à l'entente de nos deux maisons, alors ça devrait peut-être adoucir sa rancune.

En tout cas, même les deux heures de colle que Rogue nous a donné par la suite (à tous, même à ces chers Serpentards. Mais je crois vraiment que là l'humiliation était trop grande pour qu'il laisse passer ça ; même à eux), donc même cette punition n'a pas entaché le merveilleux souvenir de cette après-midi.

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Surtout qu'avec les photos que Draco a prise grâce à l'appareil de Colin Crivey, nous aurons encore de quoi nous en rappeler longtemps …

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Et accessoirement avoir un moyen de pression si un certain grincheux aux cheveux crasseux nous embête trop. Foi de Survivant, assurer ses arrières n'est jamais trop prudent ! (c'est vrai que dans mon cas, quand on a un revenant visqueux et psychopathe aux trousses, ce conseil est particulièrement avisé, mais bon …).


Voilà, j'espère que cela vous a plu. Le prochain chapitre concernera la St Valentin (voui voui !) et s'intitulera « Un goût de chocolat » (oui, c'est vrai, j'adooore le chocolat !). J'essaierai de ne pas le mettre en ligne trop tard.

Gros bisous à tous !

Rickiss : )