Witch craze
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Titre : Witch craze : 1) évoque la folie ou un mouvement de panique. L'expression anglophone peut être traduite par « Grande Peur » en français. Fait référence à la persécution des sorcières. 2) J'utilise ce titre aussi pour mettre en valeur le retournement du stigmate du terme « sorcière » (c'est-à-dire le retournement d'un terme péjoratif pour en faire une fierté/revendication) non seulement dans le monde magique inventé par JKR, mais aussi par les femmes dans notre monde à nous. (Et dans ce cas là, « craze » est pris comme engouement, phénomène d'amplitude, etc).
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Résumé : 1914. Newt Scamander est à Poudlard et frôle l'expulsion : les Poufsouffles dont fait partie Min Xu opèrent un boycott en plein match de Quidditch. En parallèle, les adeptes de Grindelwald et de magie noire augmentent. Mais surtout, ça raconte qu'être une sorcière c'est bien plus que faire de la magie.
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Note : Waah, la vache. Ça fait un bail que j'ai plus rien écrit ici. C'est grave émouvant de reposter quelque chose. Bon, cette fic n'est pas très ambitieuse (elle fera 5/6 chapitres environ) juste assez pour me remettre dans le bain. Le sujet est un peu zarb, et l'époque pas très commune, et en plus il n'y a pratiquement que des OC à part Newt Scamander, Leta Lestrange et Albus Dumbledore… mais j'espère qu'elle trouvera quelques lecteur-ices malgré tout... Bonne lecture ! .
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Citation pour mettre dans l'ambiance, si si :
The yellow fog that rubs its back upon the window-panes,
The yellow smoke that rubs its muzzle on the window-panes
Licked its tongue into the corners of the evening,
Lingered upon the pools that stand in drains,
Let fall upon its back the soot that falls from chimneys
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Le brouillard jaune qui frotte aux vitres son échine,
Le brouillard jaune qui frotte aux vitres son museau
A couleuvré sa langue dans les recoins du soir,
A traîné sur les mares stagnantes des égouts,
A laissé choir sur son échine la suie qui choit des cheminées
- T.S. Eliot, La chanson d'amour de J. Alfred Prufrock
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Chap. I.
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31 août 1914, Veille de la rentrée à Poudlard, Angleterre.
Londres est la capitale de la révolution industrielle depuis le siècle dernier. Les moldus ont fait de la ville le chantre de la modernité ils ont reconstruit toute la ville et ont réaménagé l'ensemble des structures au fur et à mesure que le nombre d'habitants a augmenté. Les maladies ont poissé dans les ruelles salubres, la végétation a disparue sous les fumées âcres des usines et les ouvriers ont tiré grise mine.
On est à présent en 1914. Les premiers temps de la révolution industrielle sont passés. La communauté moldue entre en guerre (provoquée par l'assassinat de l'Archiduc François-Ferdinand d'Autriche), et Londres figure encore au podium des capitales les plus peuplées d'Europe (7 millions d'habitants), ce qui ne rend vraiment, vraiment pas les choses évidentes pour se cacher des moldus quand on est sorcier. Il faut être doublement vigilant, surtout quand les circonstances nous forcent à utiliser notre baguette magique pour se protéger des adeptes de Grindelwald.
...Moi, par exemple.
J'ai tellement peur en ce moment-même que je ne peux m'empêcher de tenir ma baguette droite le long de mon corps tandis que je marche à pas rapide dans une ruelle (Lordford Street), aussi haute que mince. Ma cape noire claque derrière mes molets tandis que je tiens le haut de mon col fermé pour ne pas avoir trop froid un vieux courant d'air s'insinue entre ma cape et ma blouse blanche. Je sens mon sautoir qui cogne contre ma cage thoracique au rythme des battements de mon coeur.
Je n'aurais pas dû m'aventurer par-ici en voulant suivre un adepte de magie noire. Bon sang. Ce sont de véritables coupe-gorges ces rues. Ma main se crispe sur ma baguette et j'allonge le pas, aux aguets.
Mes escarpins claquent contre les pavés noirs. Si observateur il y avait, qu'il soit devant, derrière ou au-dessus de ma tête, la même certitude le gagnerait : j'inspirais l'inquiétude à plein nez. Chacun de mes claquements précipités semblait dire : « je ne suis pas du tout rassurée mais alors pas du tout, du tout… ».
Et un soudain éclair donna raison à mes craintes. Je me plaquai dos au mur pour ne pas être surprise par derrière et brandis ma baguette droit devant moi. Le sort avait été jeté au bout de la rue, à l'intersection. Un deuxième sort fusa dans l'autre sens.
J'étais tombée en plein combat... C'était bien ma veine.
J'aubais bien aimé affirmer que je n'hésitai pas avant de coincer ma baguette entre mes dents et de grimper sur le rebord de la fenêtre, en face de moi. Ni d'aggriper les pierres afin de me hisser au-dessus de la fenêtre à la force de mes bras, à trois mètres de hauteur, et de progresser sur le toit le dos courbé, attentive à ne pas faire tomber de tuiles - celles-ci étaient tellement vétustes que la moindre pression sur une tuile fendillée ou mal fixée était fatale…. - Mais j'étais loin d'être une sorcière de terrain ! Non seulement j'étais la plus pataude des Poufsouffles en séance de combat à Poudlard (ce qui n'était pas peu dire), alors ici avec des sorciers expérimentés adeptes de la magie noire, je n'osais imaginer l'aboutissement du combat. La seule chose dont je savais faire c'était filer des sorciers sans trop me faire remarquer. (Peut-être à force de filer Oscar dans les couloirs de Poudlard…) Je recherchais, effectivement, les visages et les noms des adeptes de Grindelwald qui sévissaient à Londres… ça, c'était véridique, mais je ne dépassais jamais le seuil entre le « risqué » et le « dangereux ». Ici, il était clairement temps que je me retire.
Je fis donc demi-tour. Tandis que je m'éloignais, les sorts s'intensifièrent dans mon dos, électrisant l'air et remuant ma cape et mes deux longues tresses si bien qu'elles semblaient prises d'une crise d'épilepsie. Un cri de rage me fit sursauter, puis pâlir quand j'entendis une série de glapissements douloureux. Un voile soucieux creusa mes traits. Je continuai à rebrousser chemin le plus doucement possible pour ne pas me faire entendre malgré le claquement anxieux de mes escarpins.
Soudain, un sort fusa dans mon dos. Nom d'une soupière ! J'avais été découverte. Je dérapai au coin de la rue, me tenant à une goutière qui se plia en deux sous l'effet de l'élan. Je continuai à courir aussi vite que possible, les poings serrés devant moi. Une brûlure soudaine réveilla les nerfs de ma cuisse. Le sort m'avait touchée. Je continuai à courir en tentant de ne pas céder à la panique.
Je remontai la rue, bifurquai sur une petite place et me cachai là, dos contre un mur le temps de reprendre mon souffle et de faire le clair dans mes pensées. Il y avait ici et là des cartons qui traînaient, une fontaine au milieu et, affalé contre le mur à l'opposé de la cour, un vieux mandiant alcoolique qui n'avait plus aucun souffle pour réclamer quelque pièce pour remplir sa théière (car c'en était bien une). Il ne leva pas les yeux vers moi. Ce n'était même pas sûr que ce vieux moldu m'ait entendue.
Je traversai la place, dépassant la fontaine, quand, soudain, je me figeai de stupéfaction.
Devant moi, sous la galerie sombre, se tenait le mage noir que je filais depuis le début de la soirée et que j'avais totalement éclipsé de mes pensées à cause du combat et de la course. Ce n'était pas le plus inquiétant : ce mage noir complotait avec Lester Hodgson. Tous les deux tournèrent la tête et leurs baguettes d'un seul mouvement. Je fis de même, tellement sur le qui-vive, prête à donner le premier assaut, que je sentis ma baguette (chèvrefeuille, poil de licorne, 26,3 centimètres, torsadée) grésiller.
Nous demeurâmes à nous regarder en chien de faïence le temps de nous identifier mutuellement. Lester me reconnut plus vite que le mage noir, et son expression fut telle que j'avais présumée : impulsive. Ses cheveux roux-cendrés étaient ici semblables à des coups de pinceaux sombres, à peine visibles dans l'obscurité. Son grand nez me défiait tandis qu'il avançait, sortant de l'ombre pour mieux dévoiler son corps tordu par les journées passées retranché dans les coins exigus du château. Son attitude ne pouvait exprimer plus efficacement la menace. La suite me le confirma :
- Expelliarmus !
- Everte St...
Je n'eus pas le temps de répliquer, ma baguette me sauta des mains et alla rouler plus loin. Je frémis. Comment avait-il osé me désarmer face à un mage noir ? Je me précipitai vers ma baguette mais le mage noir fondit sur moi et empoigna mes deux tresses dans sa main. Il tira en arrière et une série de pics me hérissa la colonne vertébrale depuis mon crâne jusqu'au dos. La violence de l'agression me cambra le dos en arrière, et je dus reculer pour ne pas tomber sur les fesses. Je sentis le bout froid de sa baguette s'enfoncer dans la peau tendue de mon cou.
- Ne me dis pas que tu n'es qu'une élève de Poudlard comme ce cher Lester, je serais bien trop triste d'assister à une querelle d'écoliers, me dit-t-il sur un ton condescendant teinté de pitié.
Je gardai mon calme malgré ma mauvaise posture. Je sentis la magie dans son corps se canaliser dans sa baguette (bois de chêne, rigide, coeur de dragon, environ 20 cm) – ce n'était, certes, pas le moment de consigner ces détails techniques mais je ne pouvais m'en empêcher.
- Ne faites pas ça... grondai-je d'une voix grave qui résonna dans la cour.
La gravité appela mon corps au sol, et je tombai par terre.
- Lacarnum inflam…
Je fus prise d'une panique dont je n'avais encore jamais imaginé pareille intensité une véritable frayeur me liquéfia sur place et la sueur coula à grosses gouttes le long de mon front et me brûla les yeux. J'avais reconnu le sort qu'il me réservait. Il voulait m'enflammer. Mais son incantation ne trouva pas de fin. J'entendis un gros « bang ! » retentiret sa main relâcha mes tresses, me libérant par la même occasion. Je pensais aussitôt à Lester.
Pas du tout.
La scène qui se présenta devant mes yeux hagards était invraisemblablement risible : le mage noir était étalé par terre, assommé par le vieux moldu alcoolique qui avait brisé sa théière sur sa tête.
J'attrapai ma baguette au sol et visai le moldu en tremblant.
- Etes-vous cracmol ? Demandai-je au vieux mandiant d'une voix chevrotante due aux émotions.
Il tapa sur sa poitrine pour faire sortir un rot qui ne vint pas.
- Répondez ! Etes-vous cracmol ? Répétai-je en créeant des étincelles au bout de ma baguette.
- Sé pas c'que c'est qu'ça, assura-t-il d'une voix grasse, pas le moins du monde inquiet ou interloqué par la situation.
Je l'observai se toucher les lombères tandis qu'il se baissait pour ramasser l'anse de sa théière, seule morceau qui n'avait pas été brisé.
- Oubliette-le, Xu, me recommenda Lester d'une voix agacée.
- Il m'a sauvé la vie !
- C'est un moldu ! Me cria-t-il, fidèle à son tempéramment impulsif.
- Qui vaut mieux que toi, marmonnai-je avec rancune.
Soudain, mon agresseur bougea. Je n'eus pas le temps de réagir, il brandit sa baguette et son sort tomba sur Lester qui valdingua contre le mur. Je me demandai un instant s'il était mort avant de diriger ma baguette vers le mage noir :
- Pétrificus totalus !
Il devint immédiatement raide. J'accouru vers Lester, avachi au sol, la respiration sifflante. Il toucha ses poumons qui semblaient avoir encaissés directement le coup. Au moins il n'était pas mort. Il avait la tête basse si bien que ses cheveux lui couvraient une partie du visage. L'accroche métallique de sa cape noire s'était cassée et sa cape était dorénavant grande ouverte sur son pull bleu nuit. Le sort lancé par le mage noir avait brûlé son pull, formant un trou aussi large que ma paume, et l'odeur du brûlé m'emplit les narines – ce n'était pas seulement la laine du pull qui fumait, mais aussi la peau de Lester qui avait roussi.
J'approchai la pointe de ma baguette sur la blessure et murmurai des sorts pour amoindrir la douleur. Lester gémit. Mes deux longues tresses tombèrent en avant et touchèrent le sol tandis que j'étais accroupie.
- J'imagine que tu es satisfaite... marmonna-t-il entre ses dents serrées, c'est un juste retour des choses.
- Je ne répondrai pas à ça.
- Non, bien sûr, trop bonne pour ça, rétorqua-t-il sur un ton sarcastique.
Une fois que j'eus répertorié dans ma tête tous les sorts de guérison et de cicatrisation que je connaissais, je me redressai, le jugeant de toute ma hauteur.
- Ne t'avise pas de m'adresser la parole à Poudlard, Hodgson, prévins-je tandis qu'il levait les yeux vers moi.
Lester avait une expression qui disait qu'il s'en fichait pas mal de m'adresser la parole ou non à l'école. Il ne l'avait jamais fait en cinq années passées dans la même promotion, sauf lorsqu'on était placés en binome en cours de potion ou par nécessité. On était de la même année, mais lui était à Serpentard et moi à Poufsouffle ça suffisait pour qu'il m'ignore.
Je tournai les talons et me dirigeai vers le moldu. Je dirigeai sur lui le sort pour effacer ses souvenirs sans même le remercier de m'avoir sauvée la vie, puis quittai la cour.
La nuit était tombée.
Je marchai à travers Londres, les nerfs à vif. J'arrivai chez moi. On y accédait par derrière. Je montai l'escalier collé à un grand mur en pierre en levant la tête vers les lumières blafardes des lampes à huile derrière les vitres de la véranda. J'ouvris la porte de cette-dernière et une clochette tinta, sonnant mon arrivée. Des brosses grattaient magiquement la poêle et les casseroles dans la petite cuisine, en face de la porte où j'étais entrée. Le torchon, lui, transportait les assiettes jusqu'au buffet du salon.
- Papa, c'est moi, prévins-je en posant ma cape sur un fauteuil à oreilles.
Je m'avançai dans la pièce à vivre en baissant ma tête pour ne pas rencontrer les soucoupes dans lesquels des plantes étaient entreposées et qui pendaient du plafond, maintenues par des chaînes noires. Le parquet grinça sous mes pieds. Je regardai la lune à travers les verres embués de la véranda. Elle scintillait au-dessus des cheminées londoniennes. Le brouillard jaune s'était levé.
J'observai alors mon reflet dans un carreau. Mes yeux en amande étaient aussi noirs que la nuit, et moins bridés que ceux de mon père ni de mes grands-parents paternels qui habitaient en Chine. La ligne de ma mâchoire était ovale comme celle de mon cuir chevelu séparé en deux au milieu par une raie, si bien que mon visage s'apparentait à un œuf. En plus j'avais un air bennêt à cause de mes dents trop longues et de mes oreilles top écartées – avec le temps j'avais appris à faire face aux quolibets en prétendant que c'étaient mes tresses tirées en arrière qui donnaient l'impression que mes oreilles étaient décollées -. L'arrête de mon nez observait une ligne concave pareille à celle de papa et j'avais de nombreux souvenirs de moi, petite fille sur ses genoux, gesticulant sous la caresse faciale de papa qui prétendait que j'avais pris les meilleurs choses chez mes parents – le sourire bancale de maman, le nez creusé de papa. On m'avait déjà dit que j'avais un visage jovial et doux, qui donnait facilement confiance aux autres , et c'était sans doute vrai, mais ce soir je n'y voyais aucune joie.
- Min !
Je sursautai. Ca, c'était le ton autoritaire de papa, et ça sonnait pas bon. Il était là, le journal froissé à la main et me regardait avec un air furibond, cet air qu'il avait quand il était à la fois inquiet et déçu par mon comportement.
- Tu rentres à pas d'heure pratiquement tous les soirs en ce moment ! Je refuse que tu continues à être assez sotte pour agir à ta guise, inconsciemment, sans réfléchir aux conséquences de tes actes. Tu as seize ans maintenant, sois responsable !
Je baissai la tête, affligée.
- Ce n'était pas prévu…
- Dès qu'on sort dehors on est confronté à des imprévus, tu le sais bien ! On n'est pas maître de ce qui nous entoure.
- Je le sais bien, mais j'étais prudente…
- La prudence c'est de ne pas sortir dehors par les temps qui courent.
- Je ne peux pas rester enfermée, papa !
- Je t'assure que si, c'est dans l'ordre des possibles. Tu perds toute mesure, Min.
- Papa… protestai-je blessée.
Il s'assit dans un fauteuil en laissant tomber le journal sur la table basse et toucha sa barbe blanche pointue qu'il touchait toujours quand il était contrarié. D'habitude c'était quand il n'avait pas d'inspiration pour ses poèmes ou pour peindre. Ca arrivait de plus en plus depuis que maman était morte de la dragoncelle l'année dernière. J'étais inquiète pour parce qu'il avait toujours fait preuve d'un grand sang-froid mais depuis que maman était morte, ses doigts tremblaient ce qui l'empêchait de tenir son pinceau ou sa plume sans faire de ratures.
Soudain, un hibou grand duc s'engouffra par une vitre de la véranda laissée ouverte. Je m'approchai de la lettre, m'attendant déjà à ce qui allait être écrit. Je ne fus donc pas surprise de voir qu'elle m'était adressée. Je déchirai l'enveloppe qui tourbillonna jusqu'au sol comme une feuille morte.
- Qu'est-ce ? s'enquit son père en m'observant fléchir les épaules.
- Une lettre pour me dire que j'ai fait acte de magie hors Poudlard et devant un moldu. Ils rappellent l'article de la loi interdisant l'usage de la magie pour personne mineure, et m'avertissent que je suis dorénavant fichée par le Ministère de la Magie. Je vais devoir répondre de mes actes – dans l'immédiat au proviseur à Poudlard, plus tard à la Brigade des mineurs si je recommence.
Je me retournai vers mon père, la feuille à la main, sans faire attention à l'hibou qui me piquait le bras de petits coups de bec pour requérir à manger.
- Puisse ce courrier te faire davantage réfléchir sur ton irresponsabilité, conclut mon père d'une voix neutre.
- Franchement papa, je mérite ce courrier du Ministère mais pas ton ressentiment. Ce que j'essaie de faire en découvrant ces mages noirs est important : ils devraient être emprisonnés à Azkaban.
- Ce n'est pas ton rôle. Non seulement tu as seize ans, tu es beaucoup trop jeune, mais en plus il y a des Aurors qualifiés pour ça. Notre rôle de sorcier lambda est de ne pas interragir là-dedans.
- Et c'est toi qui parles de responsabilité ! Tu prétends qu'il faut être neutre et ne pas se prononcer, mais je trouve que ce n'est pas assumer ses responsabilités, dénonçai-je. Pourquoi serions-nous moins responsables que les mages noirs ou les Aurors ? Nous aussi nous avons une place dans cette société, nous aussi nous pouvons agir.
- Aïe !
L'hibou venait de mordre mon bras et une goutte de sang apparue sur ma peau blanche. Je lui donnai à manger et il s'envola, peu content de son traitement. Ce fut aussi à ce moment que la blessure derrière ma cuisse se rappela à moi.
- Bon… je n'aime pas beaucoup me disputer avec toi papa, mais vu qu'on n'arrive pas à trouver d'accord sur cette question autant s'arrêter là. Je dois préparer mes affaires pour demain.
Mon père parut surpris.
- C'est déjà demain la rentrée ?
- Oui.
- Oh… L'été est passé si vite, je vais de nouveau être seul ici...
Je hochai la tête mal-à-l'aise, puis m'éclipsai. Je montai à l'échelle et entrai dans ma petite chambre. Les tuyaux de la salle de bain traversaient le mur mitoyen. Ils gouttaient la plupart du temps alors j'étais obligée de mettre un seau dessous. Papa avait essayé de les réparer d'un coup de baguette mais au bout de la quarante-deuxième fois à répéter le même sort il avait tiré révérence et m'avait tendu un seau.
Je regrettais notre belle longère de campagne en Cornouailles où on habitait tous les trois avec maman et où on cultivait un potager tous les matins dès sept heures. Je posai ma baguette sur mon bureau puis poussai la chaise pour passer de l'autre côté de la chambre qui respirait difficilement, toute étroite qu'elle était. Je fermai les volets puis récupérai les manuels scolaires posés sur le rebord de la fenêtre.
J'entrais en sixième année à Poudlard, dès demain mais j'avais la tête tellement prise par les évènements de la soirée que je n'arrivais pas à y croire.
- Bon alors, petit récapitulatif de dernière minute, dis-je à voix haute :
- Combattre les créatures magiques aujourd'hui en Occident et s'en prémunir – suivi de Débats et Théories sur le sort des créatures, de Benedict Rosedesvents (je me demandais quelle avait été la réaction de Newt en découvrant le titre de ce livre il n'allait sûrement pas apprécier le ton vaindicatif et supérieur des hommes à l'égard des animaux fantastiques).
- Sorts, enchantements et incantations, niveau 6, de Velda Sarasti
- L'art de la potion pour étudiants expérimentés, de Raymond Duchêne
- La course de la plante grimpante et autres facéties facétieuses de nos amies les plantes, niveau 6, de Dorothy Howard
et le dernier :
- Sensibilisation à l'éthique de lamétamorphose sur le vivant – nouvelle préface écrite par le Professeur Albus Dumbledore, édtions Eclipse, écrit par Genevieve Travis.
Je plaçai les livres dans un coin de ma valise, puis ajoutai mes vêtements (trois chemises blanches de rechange, un cardigan gris ainsi que deux pulls en laine, une cape noire de tous les jours et une d'hiver, des chaussettes montantes, ma cravate ainsi que mon écharpe aux couleurs de Poufousffle et pour finir un chapeau pointu pour la répartition des premières années demain soir).
Je rajoutai bien sûr mon livre préféré que j'avais toujours sur moi : La Chasse aux Sorcières depuis le Moyen-Âge jusqu'au XVII ème siècle, écrit par l'historien de la magie Théophile Abbot (mon héros).
Après ça je descendis l'échelle et entrai dans la salle de bain au haut plafond et aux tuyaux apparents. La chaudière prenait pratiquement toute la place. Je me déshabillai, me lavai et désinfectai la plaie sur ma cuisse avant de la couvrir d'un pansement. Je mis mon pyjama jaune (Poufsouffle ou rien) et remontai l'échelle. J'éteignis la lampe à huile et me glissai sous les couvertures. J'écoutai les gouttes d'eau tomber dans le seau. La seule pensée qui me tournait en tête était que j'avais failli mourir aujourd'hui. L'instant d'après je dormais profondément.
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1er septembre 1914, jour de la rentrée scolaire Poudlard Express
Papa et mois sortîmes de la maison en fermant à clé la porte de la véranda et en descendant l'escalier de l'arrière-cour. J'étais contente qu'on se soit réconciliés ce matin au petit déjeuner, ça m'aurait fait mal de le quitter sur une dispute. Nous traversâmes la ville en métro (je n'appréciais pas beaucoup ça – décidément trop de moldus - mais Londres était trop grande pour marcher à pieds jusqu'à la gare de King's Cross. Papa m'embrassa sur les deux joues (deux fois), puis me laissa entrer seule dans la gare avec ma valise et ma chouette hulotte grise (Tituba).
King's cross frémissait d'impatience et d'excitation à chaque rentrée scolaire : aujourd'hui ne faisait pas exception. Pratiquement tous les élèves expiraient des souffles joyeux ou anxieux, l'esprit entièrement pris par la rentrée. Surtout les élèves de première année qui ne tenaient pas en place : la grande majorité avait entendu parler de Poudlard toute leur vie et attendaient ce jour comme le dernier le dernier d'une époque passée à la maison, mais aussi l'annonce d'une nouvelle riche en rencontres et en connaissances.
Le couloir du train était bondé. Je me faufilai comme une anguille à travers les corps, haussant à chaque fois la tête pour discerner mes amies dans les compartiments.
- Min ! On est derrière toi ! Entendis-je soudain.
Je me retournai et souris à mes amies qui jouaient des coudes et de leurs valises pour se frayer un chemin, Margaret la première des trois.
- Je pars devant à la recherche d'un compartiment.
- On te suit !
Je sentis le train se mettre en branle. Quel monde le brouhaha était à son comble. Heureusement le départ du train poussa les élèves à se tasser dans les compartiements pour dire au-revoir aux parents à travers les fenêtres, ce qui libéra le couloir.
Je trouvai un compartiment où Newt Scamander, de la même année et de la même maison que nous, était assis. Il avait un veston ocre par-dessus une chemise blanche bouffante et son écharpe aux couleurs de Poufsouffle enrubannée autour du cou. Il avait le nez plongé dedans, la tête baissée sur le manuel scolaire dont j'étais sûre qu'il allait s'en saisir aussitôt acheté : Combattre les créatures magiques aujourd'hui en Occident et s'en prémunir. Il était en train de raturer toutes les informations qu'il pensait non fondées et d'annoter des commentaires de bons traitements à côté de chaque animal évoqué.
- Salut Newt, fis-je en ouvrant la porte coulissante. Je ne voudrais pas te déranger mais on est à la recherche de sièges vides avec Margaret, Rachel et Constance, ça ne te dérange pas si on vient ?
Il releva la tête vers moi, bien qu'elle fusse davantage rentrée dans ses épaules que fièrement levée. Il avait cet air défensif, mi-souffrant mi-timide qui ne le quittait jamais. Il tenta une réponse mais ses lèvres pâles bougèrent avec peine à la place il sourit pour m'offrir l'accès au compartiment.
- J'en ai trouvé un, signalai-je en faisant signe à mes amies derrière.
Margaret leva son pouce. Je hissai ma valise dans les filets suspendus en hauteur, puis je m'assis à côté de Newt, la cage de Tituba sur les genoux.
- Tu vas bien ? Me demanda-t-il en fermant son livre et en se tournant vers moi.
- Soulagée d'aller à Poudlard, répondis-je. Et toi ? Tu as passé de bonnes vacances ? Tu as fait le tour des nids de poule d'Angleterre ? Demandai-je en riant.
Il sourit au coin en penchant la tête. Ses yeux coulèrent vers le bas avec gêne, ses paupières papillonèrent, puis il releva la tête – il s'apprêta à raconter avec passion le système reproductif des poules magiques, quand, le coupant en plein élan, Margaret débarqua en poussant une beuglante toute margaretienne :
- Comment ça je n'en fais qu'à ma tête ? Dis-moi, vas-y ! Tu as bien commencé, tu peux finir ! S'époumonnait-elle, les joues gonflées en se faisant une place dans le compartiment avec une énergie qui la caractérisait que trop bien.
- Tout ce que je dis, c'est que ce n'est peut-être pas une bonne idée de continuer à entrer dans les cuisines sans autorisation pour demander aux elfes de nous cuisiner des chocogrenouilles l'année dernière déjà les préfets nous ont fait comprendre qu'ils nous soupçonnaient...
- Pfff, évidemment, nous sommes juste à côté des cuisines, c'est de notoriété publique que les Poufsouffles vont dans les cuisines…
- Le règlement…
Margaret la coupa avec lassitude – c'était le mot qu'on entendait le plus dans la bouche de Constance et c'était fatigant à la longue –, elle poussa sa valise sous les sièges d'un coup de pied, et rebondit sur la banquette en face de Newt et moi. Elle croisa ses jambes sous ses fesses et nous observa en souriant tandis que Constance posait avec délicatesse sa petite valise noire sur la banquette près d'elle.
J'observai mes deux amies (Rachel était à la traîne mais dès qu'elle arriverait elle fermerait notre quator).
Margaret était plus petite que la moyenne tandis que ses tours de cuisse, de bras et le reste de son corps étaient plus ronds que la moyenne. Elle avait une coupe de cheveux brune coupée au carrée, les deux mèches du devant attachées par une pince à l'arrière du crâne. Ses yeux pétillaient de malice et me rappellaient son esprit cynique. Elle mettait tous les jours du rouge à lèvres rouge sur sa petite bouche en coeur qui aimait professer des grossièretés qui faisaient rougir les esprits puritains.
Elle était mon rayon de soleil à Poudlard. Il y avait deux mots qui me venaient à l'esprit : elle était chaleureuse et plantureuse et ces deux mots avaient une connotation toute positive, comme deux yings et non pas un ying et un yang. Etre à ses côtés c'était être gonflé d'énergie, toujours réconforté et poussé à dépasser ses limites. Elle était déterminée, et ça me forçait à l'être davantage aussi (moi qui étais généralement trop calme et attentive, habile à me soustraire aux autres ou aux situations). Margaret était la première à me pousser à aller faire un tour dans le parc de Poudlard dès huit heures du matin pour humer la brume fraîche – alors que c'était bien connu que les Poufsouffles restaient tranquillement au chaud dans leurs plumards jusqu'au début des cours -. Elle était aussi la première à me pousser à parler aux personnes qui m'intimidaient (notamment Oscar) et à oser donner mon avis dans mes devoirs plutôt qu'à recopier ce que je trouvais à la bibliothèque. Ah oui, et Margaret était férue de chocogrenouilles. Non seulement elle en mangeait tout le temps, mais elle était une grande collectionneuse de cartes.
Constance, elle, était l'exacte opposée de Margaret. Elle était svelte et altière. Elle attachait ses longs cheveux blonds en une queue de cheval en haut du crâne, si bien que ses cheveux roulaient en vagues jusqu'à ses omoplates comme une cascade blonde. Parfois elle les laissait libres en les retenant avec un serre-tête et alors ils attegnaient le milieu du dos. (Mais mes tresses à moi atteignaient le haut des fesses alors elle pouvait toujours essayer de me concurrencer !). Elle avait un grain de beauté à côté de l'oreille gauche et des yeux bleus clairs. Sa peau était parsemée de tâches de son ce que je trouvais très joli mais elle les détestait depuis qu'elle avait commencé la puberté c'était devenu son plus grand complexe, après ses petits seins (c'était bien bête, moi ma petite poitrine m'allait très bien). Constance était généralement sûre d'elle et fière de sa famille de sang-pur et de ses compétences à l'école (elle aurait pu être à Serpentard pour ça), mais à côté de cela elle était aussi très attentive quand quelqu'un allait mal. Elle avait été la première à deviner que quelque chose de grave m'était arrivé quand maman était morte de la dragoncelle l'année dernière.
Je l'appréciais, mais ce n'était pas vraiment réciproque. Constance n'avait jamais vraiment réussi à me trouver assez mature. Je faisais trop de farces. C'était mon passe-temps favori après lire mon livre sur La Chasse aux Sorcières depuis le Moyen-Age jusqu'au XVIème siècle. Et puis je crois qu'elle me trouvait louche – non seulement parce qu'elle me soupçonnait tout le temps de lui tendre un objet métamorphosé en autre chose et qu'il lui saute au visage ou lui colle entre les doigts, ou bien parce qu'à force d'occuper la même chambre elle avait appris à se méfier de tout ce qui pouvait être à portée de ma baguette et de mon esprit légèrement salace qui ne faisait rire que Margaret et moi (même Rachel était outrée par nos effusions d'hormones adolescentes) – mais surtout parce qu'elle avait du mal à savoir à quoi je pensais puisque j'étais souvent calme et en distance des autres et des débats. Peut-être que je tenais ça de la neutralité revendiquée par papa.
- Aloooors ? Ca va ? Demanda margaret en nous regardant, Newt et moi. Quoi de beau ?
Je ne réfléchis pas longtemps avant de répondre - c'était mon heure de gloire - :
- J'ai failli mourir, lançai-je avec un mélange de gravité et de nonchalance, observant leurs réactions béates avant d'étirer un sourire satisfait face à la réaction escomptée. Je continuai alors : Ça a eu lieu hier soir, alors que les rues de Londres étaient plongées dans la pénombre (j'enjolivais un peu)… je filais un mage noir, un adepte de la cause de Grindelwald que j'avais découvert depuis que j'avais été acheté mes fournitures scolaires au chemin de traverse. Alors qu'il était en train de me semer et que je courais presque dans les rues, je tombai en plein dans un combat j'ai dû courir – j'ai reçu un sort derrière la cuisse -, c'était une de ces courses ! Par Merlin, j'ai cru que j'allais me faire attraper sur ce coup-là, mais ce n'est pas le pire…
- C'est quoi le pire ? Croassèrent Margaret et Constance - Newt écoutait en silence, attentif car il était sensible à la montée des adeptes de Grindelwald lui aussi.
- Le pire, repris-je en baissant et ralentissant la voix pour ajouter à mon effet, c'est que je suis tombée nez-à-nez sur le mage noir que je filais en train de parler à…
- Àààà… ? Me poussèrent-elles à continuer en me dévorant des yeux.
- À Hodgson ! Claironnai-je, bien qu'assez sombrement.
Un blanc s'éternisa, si bien que je dus les réveiller.
- Vous avez entendu ? Hodgson fait partie d'eux.
- Lester Hodgson ? Répéta Constance en réfléchissant.
- Lui-même, assurai-je en hochant la tête.
- Oh... encore un mordu de magie noire, souffla Newt avec déception.. Je suis étonné qu'il n'ait pas pris ta défense.
- Non seulement il n'a pas pris ma défense, mais c'est lui qui m'a attaquée la première, et c'est ça le plus grave. Et aussi lorsque le mage noir a failli me crâmer…
- TE QUOI ? Cria Margaret en se penchant vers moi.
Je hochai la tête, mais à ce moment précis Rachel toqua à la porte ce qui nous fit bondir sur nos sièges.
- Rachel, pas besoin de frapper…
- Salut… c'était juste, et bien, vous voyez, pour ne pas débarquer comme…
- Comme Margaret ? proposai-je innocemment en souriant à la concernée.
- Comme toute princesse se doit de débarquer, argua-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine.
- Où étais-tu ? Demanda pragmatiquement Constance. Tu étais juste derrière nous et l'instant d'après tu ne nous suivais plus.
- Je parlais à… à... et bien, vous savez…
- À Francis ? Devinai-je.
Elle hocha frénétiquement la tête avant de s'asseoir à côté de moi, l'air affolée, ou attérée. Elle avait toujours l'air affolée ou attérée, comme si elle voyait constamment la mort en face d'elle. Elle était toute menue, la peau chocolat et les cheveux frisés si épais qu'elle essayait de les tenir sur sa tête en un gros chignon qui ressemblait à un chou-fleur hirsute.
Rachel était excellente. Je veux dire, comme si elle avait tous les esprits des Serdaigles réunis dans sa tête, mais du coup ça la dépassait totalement. Elle parlait très, très peu. Je n'avais jamais exactement compris qui elle était au bout de cinq ans passés à côté d'elle, ce qui n'était pas peu dire. Je savais seulement que les professeurs s'étaient concertés pour la faire passer une deuxième classe (elle en avait déjà sauté une ce qui était rarissime à Poudlard, même Albus Dumbledore ne devait pas en avoir passé). Du coup, depuis deux ans elle n'était plus en classe avec nous mais dans le degré supérieur, ce qui avait pour conséquence de passer moins de temps ensemble. Ce qui me fascinait le plus chez elle c'étaient les dessins à la plume qu'elle exécutait : des sortes de dessins anatomiques de papillons disséqués et de bogues de châtaignes. C'était si précis et si réaliste qu'à chaque fois qu'elle dessinait je restais plantée devant à l'observer. Et parfois parmi les dessins qu'elle faisait elle entrait en transe et alors tout le monde savait que le résultat final serait très important car ils s'étaient toujours révélés prémonitoires.
Elle aurait dû être la source de toutes les jalousies, mais la vérité c'était qu'on ne pouvait s'empêcher d'avoir peur d'elle et peur pour elle – personne n'aurait été capable de deviner ce qu'elle allait faire ou ce qu'elle allait devenir après Poudlard. Elle aurait aussi bien pu se perdre dans la nature, devenir Ministre de la Magie ou pire... J'avais entendu le docteur de Poudlard, Mr Brûlepied, être très inquiet et s'entretenir avec le directeur pour qu'elle aille de manière régulière à Sainte Mangouste en parallèle de ses études à Poudlard parce qu'elle était « fragile », ce que la période de l'adolescence n'arrangeait pas.
- Min ? Hou-hou ?
Je sursautai, perdue dans mes pensées. La première chose que je réalisai fut la campagne anglaise qui glissait à grande vitesse à travers la fenêtre panoramique du compartiment – qui très bientôt serait remplacée par les landes écossaises. Le soleil était obstrué par de gros nuages.
- Quoi ?
- Tu n'as pas fini de raconter ce qui t'est arrivée hier, me rappella à l'ordre Constance.
- Oui, je… j'ai échappé de justesse au sort du mage-noir grâce à un moldu.
- Comment un moldu a pu… commença Margaret, interloquée, avant que j'explique :
- Il lui a assené sa théière sur le crâne.
- Nom d'une soupière ! Scanda Margaret en ramenant sa main sur sa bouche avant d'éclater de rire : Ah, ah, ah, alors ça c'est ex-ce-llent !
- Dorénavant on dira nom d'une théière, ajoutai-je en l'accompagnant, tout sourire bancal et dents longues en avant.
- Et Lester ? Coupa Constance qui ne prêtait pas au rire.
- Lui, ce lâche, soufflai-je en me rembrumant, pff, à la fois ça m'étonne et ça ne m'étonne pas qu'il ne m'ait pas aidée.
- On ne le connaît pas, il ne parle pas à grand monde, dit Constance, pensivement.
- C'est vrai, dit soudain Newt, tout ce qu'on sait de lui c'est qu'il est trop impulsif alors il se met souvent à dos ses camarades de maison, et les professeurs. À chaque fois que je le vois il est en retenue, soit en train de balayer des classes vides soit à récurer les toilettes.
- Et il fait perdre des points à sa maison, commenta Constance dont le ton indiquait clairement que c'était individualiste et (donc) déshonorant.
- Ce qui n'est pas sans se mettre davantage à dos les Serpentards, poursuivit Margaret.
- Au moins nous on prend de l'avance sur le score de fin d'année, opposai-je en levant le doigt.
- On est toujours en avance grâce aux points que nous fait gagner Rachel, contra Constance.
- Pas toujours… se défendit la concernée, moi, vous savez…
La porte s'ouvrit sur le coup, nous faisant bondir une deuxième fois.
- Bonjour les enfants, qui veut des confiseries ?
- MOI ! S'exclama Margaret, je suis à court de chocogrenouilles, je vais faire une crise.
C'était le seul petit plaisir que voulait bien nous concéder l'école, et la seule tradition bien implantée qui ne faisait pas rechigner les élèves : le chariot à confiserie ! Margaret acheta une poignée de chocogrenouilles et je moi je me débarassai de Tituba ma chouette pour me lever aussi et acheter des bonbons. Newt et les autres m'accompagnèrent et nous entourâmes le chariot jusqu'à ce qu'on en ait pleins les poches et les mains.
- Il ne faut pas tout dépenser en bonbons si jamais on veut acheter quelque chose durant les sorties à Pré-au-lard, avertit Constance.
- Ce genre de phrase qui a le bon goût de plomber l'ambiance... commenta Margaret en désarticulant une patte de grenouille entre ses dents.
- C'est que c'est long sept heures de train, ajoutai-je comme défense vis à vis de Constance qui haussa les épaules sans rien ajouter.
Un petit silence suivit la mastication et le bruit de suçion des bonbons.
- Et vos vacances, alors ? Demandai-je soudainement. Newt allait m'expliquer d comment font les poules au nid pour avoir des poussins, ça avait l'air vachement intéresant, commentai-je en souriant de manière bancale, les yeux en amande pleins de malice sous le regard hautain de Constance, scandalisé de Rachel et flatté de Newt.
Il commença donc son explication en décrivant les étapes, les unes après les autres, en détail, remuant des mains pour nous mimer la cour du mâle pour conquérir sa dame jusqu'à la garde des œufs à peine éclos – le temps de gestation était de deux mois seulement donc Newt avait eu le temps de voir toute l'évolution du processus. Il nous parla aussi des autres créatures qu'il avait reccueillie avec lui, dans sa chambre, dans son jardin, mais aussi celles qu'il avait ramené avec lui. Nous voulûmes lui en demander plus alors, tout attendri, il appela d'une voix paternelle son petit… qu'est-ce que c'était au juste ?
- Pickett est très timide, nous renseigna Newt en prenant avec précaution la créature cachée sous son veston.
Il nous montra une tige verte droite comme un i avec des bras et des jambes pareilles à des racines et deux feuilles faisant office de coupe de cheveux.
- C'est un « Bowtruckle », nous informa-t-il.
Nous l'observâmes de si près toutes les trois qu'il retourna se cacher contre la poitrine de Newt. Ce-dernier sourit d'excuse, une faussette creusée sur sa joue.
BANG, fit la porte en s'ouvrant brutalement. Nous faillîmes glisser de nos banquettes cette fois. Je pivotai vers l'entrée du compartiment (posant une main tranquilisante sur l'épaule de Rachel qui venait de frôler l'apoplexie), et contemplai une fille au visage encadré par une chevelure brune, le menton levé haut, le doigt inquisiteur :
- J'ai vu ! (variante du J'accuse moldu, célèbre en France depuis le siècle dernier), carillonna la jeune élève comme tirant sur la sonnette d'alarme, semblable à une préfète-en-chef. Tu as un bowtruckle dans ta poche mon petit Newt !
C'était Leta Lestrange. Elle était passionnée par les créatures magiques et, bien qu'il était connu que Newt préférait la compagnie des animaux à celle des humains, Leta, elle, faisait exception à la règle. Ils passaient la plupart de leur temps ensemble.
- Si tu veux, tu peux venir voir ce que j'ai sur moi aussi, lança-t-elle en ne regardant toujours que Newt, sans se soucier d'avoir débarqué aussi « princièrement » pour le coup, ni de nous snober.
Margaret et moi nous regardâmes avec la même pensée pleine de sous-entendus graveleux suite à la phrase de Leta.
- J'en ai dans mes affaires et ici, compléta Leta en tapotant sa poche qui faisait un renforcement et qui bougeait.
Margaret et moi tournâmes la tête vers Newt d'un seul mouvement, le disséquant du regard – il avait cet air satisfait qui comble une personne quand celle ou celui qu'on voudrait avoir près de soi débarque soudain et que tout semble parfait dorénavant, comme si plus rien ne manquait au tableau ni en soi. Il avait aussi un air gêné mais devancé par une curiosité dévorante. Il sauta sur ses pieds.
- Je suis obligé de voir ça, expliqua-t-il.
- Ah mais absoooolument, ça ne peut se rater pour rien au monde, assurâmes-nous, Margaret et moi, les bouches en cœur.
- Vous êtes écœurantes, nous murmura Constance afin que Leta et Newt ne l'entendent pas.
- Je reviens tout à l'heure, c'était sympathique de partager cette partie du voyage avec vous.
- Bon voyage à la découverte d'une nouvelle entité physique, lui souhaita Margaret avec ironie.
Il feignit ne pas entendre le double-sens et les salua de la main avant de suivre Leta qui, elle, ne nous adressa pas même un regard.
- Parfois je voudrais vous lancer un sort de mutisme... décréta Constance quand la porte se referma.
Les filles racontèrent leurs vacances respectives. Rachel avait passé son été à suivre ses parents moldus qui dirigeaient l'orchestre du Royal Opera House à Londres et à accompagner ses deux petits frères virtuoses en musique classique. Margaret, quant à elle, avait joué au quidditch avec ses sept petit-frères (la plupart étaient des demi-frères) et ses oncles – elle adorait le quidditch mais ce sport qu'elle affectionnait tant lui était implicitement refusé à cause des remarques que ses oncles lui réservaient sur son corps bien en chaire et ses formes généreuses, ce qui était scandaleux -. Enfin, Constance avait fait une visite guidée du château de Beauxbâtons avec ses parents et sa grande-sœur et visité les jardins français des alentours.
Après quoi, je me plongeai dans la lecture de la Chasse aux sorcières.
C'était passionnant de connaître la vie des Premières Nations des Etats-unis. Les sorciers et sorcières vivaient en parfaite harmonie avec les moldus autochtones. Ils n'utilisaient pas de baguettes magiques, contrairement aux Européens. C'étaient les parties de leurs corps qui servaient de canalisateurs de magie : leurs mains pour diriger tel ou tel sort, leurs yeux pour voir dans la nuit et discerner les mauvais maléfices, leurs cheveux pour les potions… Leur société était régie par une organisation sociale traditionnelle et l'établissement d'une architecture rurale et urbaine. Il y avait plusieurs peuples différents et certains d'entre eux maîtrisaient très bien les transformations en animagi – en prenant l'apparence d'animaux ils reliaient le monde animal à celui des humains, et la plupart des moldus voyaient en eux des totems protecteurs.
L'arrivée des colons moldus européens a créé un point de non-retour pour les civilisations précolombiennes. Les colons ont agi sur tous les plans : directement en massacrant les civilisations amérindiennes, en les soumettant à l'esclavagisme, en expropriant leurs terres et en les chassant de leurs territoires. Indirectement en répandant des épidémies qui ont décimées la population.
L'arrivée des colons a sonné aussi le début de la chasse aux sorcières. Les animagi réussissaient à échapper aux persécutions, mais les autres étaient souvent torturées et brûlées.
En Europe aussi la chasse aux sorcières est très répandue par l'État et l'Église, dès le IXème siècle jusqu'au XVIIème siècle. Les pays principaux où la chasse est menée avec le plus de dévouement sont l'Italie, l'Allemagne, la France et l'Angleterre.
Au XVIIème siècle, on assiste à une migration européenne vers le Nouveau Continent. Leurs espoir est de se fondre dans la population amérindienne.
Les Ratisseurs (mercenaires) sont nombreux. Ils font passer d'innocents Non maj' pour des sorciers afin de recevoir des récompenses de la part de membres crédules de la communauté non magique (souvent constituée de juges puritains), et vont jusqu'à vendre les sorciers...
Les heures défilaient dans le Poudlard Express. Margaret tricotait une écharpe aux quatre couleurs de Poudlard. Constance lisait un roman victorien. Rachel dormait en prononçant des mots inintelligibles. La lumière était blafarde, mais j'aimais cette atmosphère grisâtre calfeutrée qui accompagnait ma lecture comme une faille intemporelle : le gris était la couleur de l'entre-deux, et moi je me trouvais entre plurieurs espaces et plusieurs époques en même temps grâce à cette lecture.
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J'entamai le chapitre sur les Sorcières de Salem, elles aussi liées à l'histoire coloniale des Etats-Unis et à l'esclavage.
La paranoïa puritaine s'entretenait toute seule. Elle était alimentée par les religions vaudous importées du Bénin et du Togo, ou instituées en Amérique par les esclaves nés dans les plantations. Les juges puritains appréciaient peu le culte voué à l'invisible, ni la mise en relation entre le monde des humains et le monde surnaturel, ni les rites de possession des esprits, et encore moins les pratiques de sorcellerie sur les poupées vaudous.
L'épisode de Salem commence quand Tituba, esclave, est achetée par le révérend Parris habitant Salem Village. Tituba raconte à la fille du révérend, Elizabeth (Betty), et à sa cousine, des histoires vaudou qui impressionnent beaucoup les fillettes. Betty a 9 ans en 1692 lorsqu'elle tombe malade. Elle est prise de convulsions et perd l'usage de sa langue natale au profit d'une effusion de mots étrangers. Son cas fut particulièrement sidérant, mais lorsque d'autres filles présentèrent les mêmes symptômes cela suffit pour prétendre qu'elles avaient été victimes d'ensorcellement. Tituba se condamna en préparant un witchcake au chien de la famille Parris pour qu'il lui révèle l'identité de celui qui avait jeté un sort à Betty Parris. Elle fut jugée, condamnée, acquittée, puis condamnée de nouveau.
D'autres femmes moldues furent condamnées pour sorcellerie et possession satanique. Après un certain temps où le Massachussets fut plongé dans la paranoïa et l'hystérie, l'épisode prit fin après l'exécution de vingt-cinq personnes (certaines d'entre elles véritablement sorcières, d'autres moldues) et de nombreux emprisonnements.
Suite à ça, la communauté magique instaura le Code International du Secret Magique pour ne pas faire de magie devant les moldus et, ainsi, pour que la communauté magique ne soit pas découverte (ce que je n'avais pas respecté hier soir quand j'étais tombée sur le mage noir et Lester).
L'année suivante, en 1693, le MACUSA (Le Congrès Magique des Etats-Unis d'Amérique) est né, pourchassant et traduisant en justice les Ratisseurs qui avaient vendues des sorcières de Salem pour l'appât du gain.
Je fermai mon livre sur mes genoux, repue par la lecture, et m'endormis jusqu'à Poudlard.
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- EN RANGS SERRES ! Ordonnèrent les préfets-en-chefs en bousculant les élèves qui sortaient des files.
Je me fis toute petite à côté de mes amies dans le rang des Poufsouffle tandis que j'entendais des préfets commenter la tenue d'un élève et asséner une claque sur la nuque d'un autre pour qu'il se tienne plus droit. La discipline était de rigueur.
Nous étions montés dans les diligences tirées par les sombrals et étions à présent groupés dans les couloirs du château.
- ON AVANCE, LES PREMIERS RANGS !
Les classes de septième année entamèrent la mise en marche de ce grand corps et l'accordéon d'élèves se tendit jusqu'à la Grande Salle.
- RESTEZ GROUPEZ ! Hurlaient les préfèts en accourant ici et là, leurs talonnettes claquant contre les dalles grises.
Nous nous assîmes à la table des Poufsouffle tandis que les couleurs rouge, verte et bleue remplissaient les bancs des trois autres tables, telle ras-de-marrée de chapeaux pointus. Nous attendîmes l'arrivée des premières années qui devaient traverser le lac en barque en ce moment même. Je les imaginai admirer le château monté sur un énorme récif, les tourelles et les ogives pointant vers les étoiles et découpant la silhouette tordue du château où, ici et là, des lumières jaunes brillaient sur un fond bleu nuit. Et plus ils se rapprochaient, plus le château prenait des proportions énormes. Les différents niveaux se révèlaient, les tours, les arches, les cours intérieures, les ponts, les galeries… tout pour se perdre et évoluer pendant sept ans.
Et moi j'en avais déjà fait six. Je soupirai, la tête dans la main, le chapeau tombant sur mes yeux.
Les premières années arrivèrent dans la grande salle et nous les regardâmes avancer, pas plus haut que trois pommes. Ils découvraient les lieux les yeux brillants le plafond, nous autres attablés, la grande tablée vers laquelle ils se dirigeaient constituée du directeur Armando Dippet au milieu et des professeurs autour : notamment Albus Dumbledore, professeur de Métamorphose, le plus jeune professeur promu à ce poste (il n'avait que 33 ans).
Margaret fit un signe rassurant à son quatrième petit-frère Liam, qui tremblait comme une feuille en attendant que son nom soit énoncé et que le choixpeau définisse sa maison – il fut attribué à la maison Gryffondor comme ses frères jumeaux de treize ans et un sourire de victoire illumina ses traits. Il descendit du tabouret et se précipita vers sa table lorsque, au moment où il passait derrière Maragaret, elle l'hammeçonna afin de l'attirer vers elle et de l'embrasser sur la joue sans faire attention aux efforts de son petit frère pour se dégager de sa sœur, au comble de la gêne. Elle lui lança un : « tu vois, ce n'était pas si difficile ! », et il hocha la tête avant de rejoindre ses frères, les joues en feu.
Aaah, ça avait l'air si bien d'avoir des frères et sœurs… soupirai-je encore une fois dans ma tête, le chapeau de plus en plus bas sur mes yeux.
La répartition se termina par Zadis George, et je relevai la tête pour observer le directeur Dippet, qui commençait déjà à avoir les sourcils et les cheveux gris et une calvitie (cachée sous un gros béret en fourrure). Il avait le visage long et un nez aquilin. Il était petit mais imposant avec sa robe bleue céruléene nouée jusqu'au cou par une série de boutons en or. Une longue bande de tissu épaisse, ornée d'entrelacs en bronze et en or, lui couvrait les épaules et retombait sur son torse, pareille à une écharpe. Il tenait les bouts avec les mains afin qu'ils ne traînassent pas par terre et qu'il ne marchât pas dessus en s'approchant de l'aigle sculpté où il était coutume que les directeurs faisaient leurs discours de bienvenue.
- Bonsoir, bienvenue aux nouveaux et aux nouvelles et bon retour aux autres élèves. Je suis heureux de vous accueillir ce soir comme chaque nouvelle année dans notre noble école de sorcellerie et, incidemment, notre foyer principal : Poudlard. Je voudrais rappeler à tout un chacun que votre première journée de cours commencera demain par la distribution de vos emplois du temps et qu'il est obligatoire de se rendre à tous les cours, en avance et dans la mesure du possible en silence. Comme vous le savez, les classes sont dorénavant mixtes depuis cinq ans – qu'en déplaise au Ministère de la Magie qui ne voit pas cela d'un bon œil - car nous estimons que c'est une démarche progressiste et nous voulons la tenir encore longtemps.
- « À quand les dortoirs mixtes ? » entendîmes-t-on dans la Grande salle, ce qui provoqua quelques gloussements et de nombreuses inspirations outrées (« haaan... »), avant que le directeur Dippet ne continue comme si aucune interruption n'avait eue lieu :
- Je voudrais rappeler d'autres points importants du règlement : il est absolument et formellement interdit de faire preuve de magie en dehors des salles de classes ou sur vos camarades (hors séances de combat dirigées et surveillées par les professeurs). Il va aussi de soi que la forêt interdite garde son nom et sa fonction interdite cette année et les prochaines à venir, ne vous y aventurez sous aucun prétexte. En ce qui concerne vos camarades préfets, ils sont là comme conseillers et relais entre le corps professoral et vous, alors n'hésitez pas à aller vers eux si vous avez la moindre question ou si vous avez besoin d'aide.
Il embrassa l'ensemble des visages attentifs avant de conclure poliment :
- Sur ce, je vous souhaite un très bon appétit.
Il frappa dans ses mains et les tables se garnirent de toutes sortes de récipients remplis de plats cuisinés. Je goûtai à une purée de lentilles corail au lait de coco et cumin, c'était un régal. Constance mangeait proprement en parlant du programme de cette année, Rachel décortiquait la peau d'une cuisse de poulet en écoutant silencieusement, Margaret plongeait sa main dans des bocaux de cacahuètes en hochant la tête à mesure que parlait Constance, et moi… j'observais Oscar en me faisant toute petite.
Il avait changé depuis l'été. Il avait, certes, toujours eu un corps d'athlète grâce à ses heures d'entraînement au Quidditch (il était poursuiveur à Serdaigle), mais depuis cet été j'avais l'impression que sa corpulence musculaire s'était davantage développée. Ca lui donnait peut-être un air bourru, mais il était toujours aussi beau à mes yeux. Il était entouré de ses amis et lançait des blagues qui n'en finissaient pas de faire pleurer de rire ses amis. J'en vis même un taper du poing sur la table tellement c'était drôle. Oscar souriait, se gratta le nez, puis se rapprocha de son ami à sa droite en ouvrant grand ses yeux marrons qui tendit l'oreille vers lui puis qui sourit avec complicité tandis qu'Oscar se replaçait correctement sur le banc.
Qu'est-ce que j'aurais aimé être à la place de son ami… soupirai-je, encore une fois.
Mon défi de cette année serait de parler à Oscar. Je faisais confiance à Margaret pour me pousser à oser aller vers lui. En attendant, je profitai de mon retour à Poudlard et de retrouver mes amies et Newt, assis tout près, après de longues vacances passées séparés.
