Prologue :
En ce début de matinée du 3 mai, Monsieur Lawford attaché-case en main, parcourait les rues de Londres.
En se rendant au travail, il eut l'impression que de chaque visage qu'il croisait émanait une sorte de lueur positive.
Peut-être cela était-ce dû au beau temps de la journée ?
Il est vrai que depuis des mois, le brouillard et le froid avaient fait rage, mais aujourd'hui le ciel était d'un bleu azur parsemé de quelques petits nuages et le soleil resplendissait.
Monsieur Lawford ralentit alors la cadence, observa d'autres visages et c'est avec le cœur léger et la certitude que le mauvais temps ne reviendrait pas de sitôt qu'il continua son chemin.
Mais Monsieur Lawford était un moldu, il ignorait que les Détraqueurs de la prison d'Azkaban étaient les responsables de ce brouillard. Ni qu'ils se nourrissaient de chaque petite pensée d'espoir et de bonheur. Ils retournaient à présent à leurs postes loin des rues agitées.
Il ignorait également que par-delà son regard se trouvait le monde des sorciers, le monde d'Harry Potter. Un jeune homme hors du commun qui, la nuit précédente avait mis fin à la longue ascension du plus grand mage noir de tous les temps, Lord Voldemort.
Chapitre 1: Un nouveau monde :
A plusieurs kilomètres de là, en Écosse, se trouvait à la différence de Monsieur Lawford, des visages tristes, emplis de douleurs, de désespoir et de chagrin.
Pourtant celui d'une jeune fille était neutre, comme si elle avait collé un masque sur son visage pour cacher ses émotions.
Elle avait les cheveux châtains en broussaille et des yeux noisettes.
Derrière son faciès on pouvait distinguer un air de suffisance et d'intelligence malgré les quelques entailles qui y étaient visibles.
Cette jeune femme portait le nom d'Hermione Granger.
Hermione se trouvait dans la grande salle de Poudlard, entourée de personnes pleurant pour la plupart sur des corps sans vie, mutilés et couverts de sang. Pendant que d'autres s'affairaient à soigner les blessés.
Ses deux meilleurs amis, Harry Potter et Ron Weasley, étaient partis dans la tour de Gryffondor prendre un repos bien mérité après avoir quitté le bureau de Dumbledore.
Mais Hermione, encore trop affectée par les événements de l'année et surtout de la veille, avait décidé d'aider les autres. Pourtant, elle avait cruellement besoin de repos, elle n'avait pas dormi depuis la nuit passée à la Chaumière aux coquillages. Harry , Ron et Hermione étaient alors rentré de façon fortuite à Gringotts la banque des sorciers, puis après une évasion très remarquée à dos de dragon, ils avaient dû pénétrer Poudlard pour mettre un terme à la guerre contre Lord Voldemort. Hermione repoussait donc le moment où elle devrait fermer les yeux et se replonger dans la bataille finale.
Le professeur McGonagall, une femme de grande taille à l'habituel aspect sévère et strict, avait à présent le chignon défait et une paire de lunettes cassées sur le nez. Elle lui avait remis d'une main tremblante, un parchemin contenant une liste non exhaustive des personnes ayant participé à la chute de Voldemort la nuit dernière, dans l'enceinte de Poudlard. Hermione devait vérifier que tout le monde était présent.
Hermione avait le sentiment d'être là sans y être, comme dans un état second, une noire torpeur qui lui permettait de rester calme et stoïque face à la situation.
Se contentant de signes de têtes, ne parlant que quand cela était vraiment nécessaire.
Sa «mission» était le moins qu'elle puisse faire pour remercier les héros venus leurs prêter main forte.
Mais à chaque fois qu'elle voyait un nom appartenant à un de ses anciens camarades sa poitrine semblait se déchirer sous la douleur.
Elle aurait voulu hurler son chagrin au monde entier sans y parvenir.
Certaine de ces personnes étaient hier, encore en vie.
Une vague de sentiments la submergea, elle devait prendre l'air et se retrouver seule avant que ses angoisses ne se manifestent aux yeux de tous.
Elle posa le parchemin et franchit aussi vite que possible la pièce pour se retrouver face aux grandes portes de l'école.
Hermione se retrouva dans le parc, une lumière vive l'éblouissait, c'était une belle journée.
Normalement, à cette époque de l'année, elle aurait dû être en pleine révision pour ses ASPIC.
Se rongeant les sangs à l'idée de la défaite.
Ses parents lui auraient alors envoyé un hibou remplit d'amour.
Elle était leur enfant unique, belle, brillante, studieuse, et surtout intelligente.
A cette pensée Hermione accéléra le pas, le souvenir de ses parents partis en Australie par sa faute était, lui aussi, tout autant douloureux.
Mais bientôt elle partirait loin de ce coin en ruine qui autrefois était un magnifique château et une école prestigieuse, pour partir à leur recherche et lever son sortilège.
Hermione était arrivée sans s'en rendre compte devant le saule cogneur.
Toujours dans son état de torpeur elle se remémora sa troisième année d'étude, son chat Pattenrond leur avait ouvert le passage à Harry et à elle-même afin de pouvoir délivrer Ron du Sinistros, un énorme chien noir présage de mort.
Mais cet animal comme elle s'en doutait n'avait rien du chien fantôme, en réalité c'était Sirius Black.
C'est là qu'elle fit sa connaissance pour la première fois, pauvre Sirius parti trop tôt, comme son ami Lupin et sa femme Tonks.
Hermione dut s'asseoir un instant pour retrouver ses esprits.
Tous étaient morts à présent: Sirius, Lupin, Tonks, Colin, Fred...
Ron n'avait que très peu parlé depuis sa mort. Il lui avait juste déposé un léger baiser sur le front avant de partir se coucher. Il préférait sûrement être seul et elle respectait son choix.
Hermione tourna la tête en direction du lac, non loin de là se trouvait la tombe de Dumbledore, lui qui leur avait caché tant de choses, c'était un miracle qu'ils soient encore en vie.
La baguette de Sureau et les reliques de la mort, l'horcruxe qui habitait Harry, la véritable mission de Rogue. Rogue...
Elle interrompit ses pensées, son cœur accéléra en ratant quelques battements, Rogue !
Hermione se leva d'un bond comme électrisée. Elle trouva rapidement ce qu'elle cherchait, une branche était non loin d'elle et elle la fit léviter jusqu'au nœud qui immobilisait le saule.
Une fois l'arbre gigantesque devenu parfaitement immobile elle se précipita à toutes jambes dans l'ouverture.
A moitié courbée dans le passage pour ne pas se cogner la tête, Hermione courrait toujours ignorant son point de côté.
Quelle idiote ! pensa-t-elle
Les seuls encore vivant à connaître la vérité au sujet de Rogue étaient Harry, Ron et elle.
Lors de l'affrontement entre Voldemort et Harry dans la Grande Salle, ce dernier avait révélé au Mage Noir devant des centaines de spectateurs comment il était entré en possession de la baguette de Sureau ainsi que la véritable mission de Rogue. Mais Hermione doutait que les personnes présente ai réellement compris les propos d'Harry, elle même ne gardait en mémoire que très peu de chose, plus concentrée sur les deux baguettes pointés sur leur adversaire respectif.
En outre pour le reste du monde il était sûrement toujours considéré comme un mangemort, assassin de Dumbledore. Du moins jusqu'à ce que les événements soient révélés. Harry Ron et Hermione avaient reçu un hibou leur indiquant un rendez-vous le lendemain avec Kingsley Shacklebolt, le nouveau Ministre de la Magie, pour le récit détaillé sur la mort de Voldemort. Harry avait d'ailleurs l'intention de plaider en faveur de la famille Malefoy pour l'intervention de Narcissa dans la Foret Interdite.
C'est pour cela que personne ne s'était donné la peine d'aller chercher son corps, Rogue n'était pas dans la Grande Salle, d'ailleurs peut-être qu'ils ne savaient même pas qu'il était mort.
Mais Hermione ne pouvait se résoudre à le laisser là, après ce que Rogue avait fait pour eux, il méritait au moins une sépulture décente et non une décomposition sur un parquet moisi de la Cabane Hurlante.
Hermione secoua la tête pour se remettre les idées en place, avoir des pensées morbides n'était pas la solution.
Elle accéléra encore et arriva bientôt au bout du tunnel. A tout moment elle le savait, Hermione devrait affronter à nouveau la vue d'un cadavre mutilé.
Arrivé à destination, elle poussa les caisses bloquant l'entrée, elle ferma les yeux son cœur menaçant de s'arrêter à tout instant, elle put entendre le sang affluer à ses oreilles.
Prenant une grande inspiration, elle ouvrit les paupières, et comme elle s'y attendait son cœur manqua encore quelques battements.
Rogue était étendu sur le sol, couvert d'un sang qui avait séché pendant la nuit. Son visage était plus cireux que jamais, son nez crochu pointant vers le bas. Sa bouche légèrement ouverte révélant une dentition inégale et jaunie. Les bras en croix dans son éternel gilet noir surmonté d'une grande cape de la même couleur et ses longs doigts blancs à proximité d'une baguette magique devenue inutile face à Voldemort.
Hermione s'approcha alors doucement de lui, s'agenouillant devant feu son professeur de potions.
C'était étrange de le voir ainsi, elle avança jusqu'à son visage aux cheveux noirs tombant en rideau, une main qui à la différence de McGonagall ne tremblait pas.
Arrivée à trois centimètres de ses paupières, qu'elle avait eu l'intention de fermer, Hermione arrêta brusquement son geste et fixa le Professeur.
Quelque chose n'allait pas...
