Prologue

« SCREAM! 'till you feel it

SCREAM! 'till you believe it

SCREAM! And when it hurt you

Sream it out loud! »

L'ambiance était déchaînée. La fête battait son plein dans cette grosse maison de Berlin. À l'intérieur se tenait une centaine de personnes. Certain dansaient à se déhancher, d'autres se faisaient les yeux doux dans un coin.

Au milieu de la piste de danse, deux amies dansaient côte à côte. L'une avait des cheveux noirs aux mèches rousses. Elle était petite et ronde et elle portait un jean noir avec une camisole un peu décolletée. L'autre avait les cheveux bruns courts, était grande et mince et portait un jean bleu délavé avec une camisole noir un peu moulante, mais assez simple. La chanson se termina enfin et la fille aux cheveux noirs et roux profita du silence pour demander à son amie :

« -Est-ce que tu connais cette chanson?

-Bah, c'est « Scream » de Tokio Hotel. C'est un groupe qui vient d'ici. Je t'en avais parlé une fois.

-Ah, ça se peut! Je ne devais pas t'écouter à ce moment.

-Hé!

Elles éclatèrent de rire.

-Il n'empêche que c'est une bonne chanson, s'exclama Sophie.

-Ça, je le savais déjà depuis longtemps, s'écria Karine.

-Est-ce que je peux me joindre à vous?

-Oh, Anthony! Si tu veux…

Sophie lui fit un sourire intimidé. À ce moment, la musique repartit, mais cette fois-ci, ce fut un slow. Sans même comprendre ce qui se passait, elle sentit des mains se poser sur sa taille.

-Excuse-moi, je dois rentrer. Il est déjà tard et je travaille demain à 10h00.

-Juste celle-là.

-Non, désolée. Je dois vraiment y aller.

Elle chercha Karine des yeux, mais celle-ci s'était poussée, croyant qu'ils voulaient être seuls.

-Si tu cherches ton amie, elle semble occupée, là-bas.

En effet, Karine dansait avec le beau blond qu'elle avait regardé toute la soirée. Sophie se dirigea vers elle dans la ferme intention de lui dire qu'elle s'en allait chez elle.

-Ne vas pas les déranger…

Mais Sophie était déjà rendu à leur côté.

-Excusez-moi, Karine, je m'en vais.

-Euh… déjà?

-Je travaille demain.

-Ok. Alors, on se voit demain au travail. Je commence à midi.

-Très bien. À demain.

-Laisse-moi te raccompagner.

Anthony l'avait suivi.

-Non, merci. Je préfère y aller seule.

-laisse-le! Quand un beau jeune homme comme lui propose de te raccompagner, tu ne dois pas refuser.

Sophie lui lança un regard mauvais.

-Très bien. Mais je rentre directement chez moi.

-Pas de problème.

Il lui tendit son bras qu'elle n'osa pas refuser. Ça ne lui tentait pas d'entendre Karine lui en parler pendant des jours.

Cela faisait environ dix minutes qu'ils marchaient. Anthony n'arrêtait pas de parler et Sophie commençait à s'ennuyer grandement. Pour oublier le fait qu'il parlait pour ne rien dire, elle se mit à chanter la chanson qu'elle avait entendue, dans la soirée, dans sa tête. Comment s'appelait-elle déjà? Ah, oui « Scream », c'est ça. Elle ne savait pas pourquoi, mais la voix du chanteur l'avait complètement emporté. Elle vibrait à l'intérieur d'elle. À la fois profonde, douce et envoûtante. Elle voulait connaître son nom… savoir à quoi il ressemblait. Elle ne savait pas pourquoi, mais en l'entendant, simplement, elle s'était senti proche de lui, bien qu'elle ne le connaisse pas du tout. Il faudrait absolument qu'elle se renseigne plus sur lui.

« SCREAM! 'till you feel it

SCREAM! 'till you believe it

SCREAM! And when it hurt you

Scream it out loud! »

-Hé! Tu ne m'écoutes pas.

-Hein, quoi?

-C'est bien ce que je pensais. Tu ne m'écoutes pas.

-Désolée.

Elle soupira.

-C'est juste que j'ai beau faire n'importe quoi pour t'empêcher de me suivre, tu le fais tout le temps. Je ne suis pas intéressée, Anthony.

-Mais moi, oui. On n'est pas obligé de sortir ensemble. On peut juste s'amuser.

-NON!

Cela en fut trop pour lui. Il la plaqua contre un arbre proche

-Tu ne me fileras pas une nouvelle fois des mains. Ça suffit!

Il lui attrapa le bras afin qu'elle n'essaie plus de se dégager. Il n'y avait pas de maison autour. Ils étaient seuls sur le bord d'une petite rue déserte, à l'entrée d'une forêt. Seule contre lui, ne pouvant plus bouger, elle ne pouvait que se remémorer une nouvelle fois la chanson et ressentir la même chaleur qu'elle avait ressentit pendant la soirée, en l'entendant.

-J'en ai assez!

La porte d'un petit studio s'ouvrit à la volé.

-Bill, où vas-tu? Demanda Georg.

-Je vais prendre l'air. Ne m'attendez pas pour la fin de la répétition!

La même porte claqua. Un jeune homme de 18 ans, les cheveux noirs aux mèches blondes, presque blanches, lui tombant en bas des épaules, sortit de l'immeuble. Il portait un simple jean bleu et un chandail noir. Il avait également un collier blanc serré autour du cou (je l'aime trop, son collier de chien… c'est moi son maître quand il le porte ) et quelques bagues.

La soirée avait été longue pour Bill. Les quatre membres du groupe Tokio Hotel ne voulaient pas du tout s'entendre sur divers points. Ils étaient en train d'enregistrer leur nouvel album, mais chacun avait son point de vue à défendre et ne voulait pas du tout coopérer.

Ce problème n'était pourtant pas le seul qui le mettait aussi enragé. En effet, sa semaine avait mal débutée, car le lundi même, une certaine rumeur avait refait surface comme quoi il était homosexuel. Quelqu'un l'avait photographié alors qu'il avait malencontreusement tombé sur un homme dans la rue. Le scandale que cette nouvelle a engendré à bien fini par l'achever. Il savait bien que sa façon de s'habiller, de se coiffer et d'agir ne l'aidait pas du tout, mais pourquoi les journalistes se sentaient toujours obligés de lui poser cette question à chaque entrevue? Ça fait des années que cela dure et à chaque fois, il répond la même chose.

Il me semble qu'il a tout à fait le droit de s'habiller ainsi sans être forcément homosexuel! Sa manière d'agir… elle était strictement utilisée dans le but de séduire le public. C'est une simple image. Il ne se conduit pas comme ça dans la vraie vie. Mais bon, tout ça pour dire que ce n'était pas sa journée.

-Non! Lâche-moi!

Il venait de tourner le coin d'une petite rue déserte. La voix qu'il entendit le sortit de sa bulle.

-Je ne te lâcherai pas, non! Ça fait des semaines que tu me fuis. J'ai été assez humilié comme ça!

-Aïe! Mais arrête, tu me fais mal!

CLAC! Cette gifle la laissa sans voix. Sans s'en rendre compte, Bill courait déjà vers les deux silhouettes près d'un arbre.

-Tu vas la lâcher, sal con!

Il l'empoigna par le bras et lui asséna un coup de poing au visage. Anthony se tordit de douleur au sol, le nez en sang. Il fini par se relever et sauta sur son agresseur. Dans leur élan, Sophie s'était retrouvé projetée une nouvelle fois sur l'arbre, s'y frappant. Elle tomba alors par terre. Elle voulait les empêcher, mais elle était trop terrifiée par ce qui venait de se passer et par le spectacle devant elle pour pouvoir bouger.

Bientôt, Anthony se sentit impuissant et partis en courant. Bill se retourna alors vers Sophie, épuisé par cette bataille, le nez en sang aussi.

-Hé, ça va?

Agenouillé auprès d'elle, il souleva sa tête et eut tout juste le temps de croiser son regard chocolat avant qu'elle ne s'évanouisse.

-Merde!

Il n'y avait personne autour. Il devait trouver son cellulaire. Mais où était-il? Il le repéra bientôt un peu plus loin. Lors de la bataille, il avait dû glisser de sa poche. Il réussit enfin à le prendre pour appeler l'ambulance. Cela prit environ trente minutes à arriver, suivit de près par une voiture de police. Pendant qu'ils embarquaient la jeune fille dans l'ambulance, le policier l'interpella.

-Hé, j'ai des questions à vous poser.

-Je ne peux pas aller avec elle?

-Non, nous avons des questions à vous poser. Alors, dites-nous ce qui s'est passé.

Bill leur expliqua tout ce qu'il savait et le policier lui ordonna de rentrer dans la voiture afin de se rendre au poste.

-Cela ne devrait pas prendre plus de trente minutes. Nous avons encore besoin de vous.

Trente minutes plus tard, il était déjà sortit et se dirigeait maintenant vers l'hôpital. Comment pourrait-il la retrouver alors qu'il ne connaissait même pas son nom?

-Bill? Où es-tu?

-À l'hôpital.

-Que s'est-il passé?

-C'est une trop longue histoire, Tom. Je te raconterai tout à mon retour. Pour l'instant, je dois aller voir si tout va bien.

-Très bien. On se revoit plus tard.

-Oui, à plus tard.

Il avait finalement réussis à la retrouver. Il alla s'asseoir sur une chaise en face de la chambre et attendit. Lorsque le médecin ouvrit la porte, dix minutes plus tard, Bill se leva.

-Comment va-t-elle?

-Elle va très bien. Il n'y a rien de grave, elle ne s'est pas frappée la tête trop fort.

-Ouff! C'est soulageant. Est-ce que je peux aller la voir?

-Non!

Bill resta bouche bée.

-Mais pourquoi?

-Parce qu'elle doit se reposer et que personne d'autre que sa famille n'a le droit de rentrer.

-Mais je veux la voir.

-Je suis désolé, mais c'est non. Je vous remercie de la part de sa famille. Vous devez partir. Au revoir, monsieur!

Bill soutint son regard quelques minutes avant de se diriger vers la sortie.

-Oh, mon Dieu! C'est Bill Kaulitz! AAAAAAAAAAH!

Un groupe de jeunes filles coururent vers lui, à l'extérieur de la bâtisse, en larme. Bill soupira silencieusement avant de se remettre dans la peau de son personnage. Il fixa l'hôpital une dernière fois avant de signer des autographes à ces folles en furie. Il essayait de se concentrer, mais tout ce qu'il voyait, c'était les yeux noisette de la jeune fille à qui il avait sauvé la vie, quelques heures auparavant.