Antoine

« - Mais nan arrêtes ! J'peux rentrer tout seul j'te dis ! »

Il était complètement torché ! La moitié de ses phrases se finissaient en beuglement, et il avait du mal à placer un pied devant l'autre. Mais qu'est-ce-que c'était marrant putain !

« - Non ! Allez Mat, tu dors chez moi ce soir. J'ai vraiment la flemme de te ramener chez toi.
- Mais on dort toujours chez toi !
- Tu habites à 30 minutes d'ici. Moi, 10 minutes, fais le calcul maintenant. »

Mathieu regarda le vide, pensif. J'explosai de rire pour énième fois.

« - Nan nan, ne réfléchis pas, c'est mieux. »

J'essayai de la faire marcher sur le trottoir, mais c'était impossible. Il ne faisait que gigoter et essayait de me convaincre d'aller dormir chez lui. Même pas en rêve. Je leva les yeux au ciel, ne supportant plus les prétextes à deux balles de mon schizophrène préféré.

D'ailleurs, il était incroyablement dégagé, ce ciel, pour une nuit d'hiver. Et en plus, on voyait bien les étoiles cette nuit. C'était assez extraordinaire d'arriver à discerner un ciel étoilé à Paris. Et c'était magnifique ! Cela fait un bon bout de temps que je n'avais pas vue une si belle chose dans cette ville grise et froide. Vivre à Paris c'est cool, mais c'est moche.

J'arrivai enfin au parking où était garée ma voiture, traînant presque Mathieu sur tout le long du chemin. J'ouvris la voiture d'un coup de clef, et j'assis Mathieu côté passager. Je lui mis sa ceinture, et je le vis fermer doucement ses petits yeux bleu.

J'étais loin d'être attiré par les hommes, mais ses yeux étaient magnifiques. Je m'étais déjà surpris à fixer ses jolis yeux sur quelque photos pendant plusieurs minutes. Je sais qu'il ne m'attirait pas, et je n'étais pas gay. Trouver de la beauté chez son ami est normal non ? Bon bref !

Je fermai la porte du coté passager et passai de l'autre côté pour m'asseoir côté conducteur. Enfin assis, je lâchai un soupir de fatigue. Il était bien trois deux heure du matin, et après avoir littéralement traîné Mathieu sur 100 mètres, j'étais crevé. Je fermai la portière, essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller le petit être endormis à côté de moi. Avant de commencer rouler, j'attrapai mon paquet de cigarette, et glissai une clope entre mes lèvres. Je l'allumai grâce à un briquet qui traînait dans mes poches, et expulsai la fumée en rejetant la tête en arrière, exténué.

« - Eh moi aussi j'veux une clope ! S'écria Mathieu, essayant d'ouvrir ses deux jolis yeux.
- Ah, tu es déjà réveiller ?
- J'ai pas dormi ! »

Je rigolai une fois de plus, et lui tendis une cigarette, qu'il alluma en m'arrachant presque le briquet des mains. Il ouvrit la fenêtre de la voiture difficilement, puis souffla la fumée à l'extérieur du véhicule. J'attachai ma ceinture, et démarrai. La radio s'alluma automatiquement, faisant résonné dans la voiture un son hip-hop que j'aimais bien.

« - Ah nan j'écoute pas ça ! Décida Mathieu, adorateur de rock et metal en tout genre.
- Branche ton téléphone si tu veux, disais-je en lâchant un faux soupir exaspéré. »

Il s'empressa immédiatement de brancher son téléphone sur la prise jack de la radio, et chercha une musique à mettre. Il avait du mal à poser son doigt sur l'écran tactile de son téléphone, ce qui me fit rire encore une fois de plus belle. Il réussi au bout de bien 5 minutes de bataille contre son corps qu'il n'arrivait plus à contrôlé. Visiblement, ce sera Stairway to Heaven.

Les premières notes de la chanson commençaient à résonner dans toute la voiture. On n'entendait plus que ça, et on ne voulait entendre plus que ça : cette musique douce, calme. Les notes de guitare s'enchaînaient une à une, mélodieuses, et magnifique. Cette musique avait le don de me faire sentir étrangement bien, et bêtement heureux. Je souris niaisement, bougeant doucement ma tête en rythme avec la musique.

« Ooh, it makes me wonder
Ooh, it really makes me wonder »

Levant les yeux dans le rétroviseur pour vérifier qu'il n'y avait aucun véhicule derrière moi, je fus attiré par deux beaux éclairs bleu. Mathieu me fixait dans le petit miroir, le regard un peu vide, mais insistant. Presque hypnotisé, je ne pu que le fixer moi aussi. Il n'avait aucune expression particulière, rien ne se lisait sur son visage. Il n'y avait que ses deux magnifique prunelles qui essayaient de faire passer un message, sans y parvenir.

Un klaxon me sortit de mes pensées, me fit regarder la route, et m'obligeai à freiner d'un coup sec.

J'avais faillis rentrer dans une voiture !
Une femme d'une cinquantaine d'années, si ce n'était pas plus, maquillée comme un pot de peinture, était à bord de son gros 4x4 noir. Elle avait ouvert sa fenêtre et était sûrement en train de crier et de m'insulter. Je n'entendais pas un seul de ses mots grâce à la musique que Mathieu avait mise.
Je m'excusai d'un bref coup de main, et passai à côté du véhicule de l'autre ménopausée.

« - Ça va ? Demandais-je à Mathieu en jetant un bref regard vers lui.
- Ouep. Toi ?
- En un seul morceau.
- Cool. »

Il était presque froid dans ses propos. Ou plutôt méprisant, je ne le savais pas. Il jeta sa clope par la fenêtre, et remonta cette dernière. Me souvenant que j'avais également une cigarette entièrement consumée entre les doigts, je la jetai aussi. Je voyais enfin ma rue, à quelque mètre devant nous ; de loin, on pourrait la confondre avec une petite rue de bourge dans les années 70, comme l'on voit dans les films américains, avec des dizaines et des dizaines de maison les unes collé contre les autres. Mais on se rend très vite compte que l'on n'est loin de cette vision. Mais bon, j'avais la chance d'avoir une belle maison, un bout de pelouse pour l'été, et des voisins cools.

Une fois arrivé devant ma maison, je me garai dans l'allée. Elle ressemblait vraiment à une baraque de vieux. C'était celle de mes parents, ils avaient décidé de me la laisser juste avant de déménager dans le sud. Donc la déco restait TRES rustique, pour ne pas dire horrible. Je me souviens que Mathieu c'était bien foutu de ma gueule en voyant l'intérieur de ma maison pour la première fois. Bon, le point positif, c'est que je n'avais aucun loyer à payer vue que la maison avait déjà été remboursé.

Je me souviendrai toujours de la première fois où l'on s'est rencontré avec le petit schizophrène. On se parlait depuis plusieurs mois sur facebook, et beaucoup sur Skype. Nous avions appris qu'on allait tout les deux participer à la Japan Expo, en 2013. Alors naturellement, j'ai demandé à ce qu'on essais de faire un petit "show" ensemble, je savais que les fan seraient ravis. Nous avions révisé nos textes ensemble sur Skype, pendant deux petites semaines. Par la suite, nous nous sommes vue pour la première fois deux jours avant la Japan. Je me souviens qu'il avait l'air tout impressionné de me voir. Il m'avait avoué quelque temps après que je l'avais intimidé, allez savoir pourquoi. Mais le courant était de suite passé entre nous.

Maintenant, ça faisait presque un an que nous nous connaissions

Je sortis en premier de la voiture pour aider Mathieu à se levé, mais je vis qu'il était sorti avant moi. Il se dirigea vers la porte d'entrée de la maison, et prit le double de la clef que je cachais dans une fausse fleur en plastique. Il ouvrit la porte, rangea la clef à sa place, et entra.

« - Depuis quand tu connais cette planque que j'ai longuement élaborée ?
- La dernière fois que TU étais bourré, tu me la montré, avait-il dit en peinant à parler. »

Voir ce petit bonhomme parler de moi bourré alors qu'il était lui-même complètement pété me fit bien rire !

Le problème n'était pas que Mathieu buvait trop, ou trop vite. Le problème était qu'avec ses 1m60, quatre petites bières le terrassait. Autant dire que je jouais la nounou à chaque fois que nous sortions boire des verres. Mais bon, cela n'empêchait en rien à ce que l'on passe de superbes soirées, et celles avec Mathieu était mes préférées.

Oui, on sortait souvent avec les autres « stars » d'Internet, comme Nyo, Kriss, Frédérique, du JDG, et encore pleins d'autres, mais que je voyais beaucoup moins souvent.

Bien sure, ce n'était pas facile de voir régulièrement tout ce petit monde. Excepté Mathieu ! Il avait emménagé à Paris depuis peu, ce qui fit qu'on se voyait presque toutes les semaines, des fois même, presque tous les jours. Et avec Mathieu, je m'amusai beaucoup plus. Il ne se passait pas un seul moment où je m'ennuyai. Il faut dire que ce petit schizo à toujours quelque chose d'intéressant à dire ou à faire.

Je passai la porte d'entrée, suivant mon acolyte. Ce dernier jeta ses chaussures dans l'entrée à l'aide d'un peu gracieux coup de pied, titubant. Je le vis tomber dangereusement en arrière, et le rattrapai de justesse avant qu'il ne se retrouve le cul parterre. Je me mis à rire, encore une énième fois, quand il tourna son visage vers moi, faisant inconsciemment une mimique du Gamin. Il était presque attendrissant, et ses beaux yeux bleu troublant ne faisait que renforcer ma vision du pauvre enfant qu'il martyrisait dans tous ses épisodes de SLG.

Il se releva en s'aidant de la petite commode qui était placé juste à côté de lui, s'appuyant dessus de toute ses forces. Une fois debout, et ses esprits remit en place, il s'appuya contre un des murs de l'entrée, et lâcha un petit « Merci » , les yeux presque baissés. Il gigotait dans tous les sens, comme quand nous étions à la Japan Expo, avant de rentrer sur scène, le stress à son apogée. Un petit sourire se forma sur mon visage, me rappelant ce souvenir.

Il tenta de marcher à côté de moi pour ranger ses chaussures correctement, mais il ne fit que trébucher (encore), et s'affala sur moi. Je le retins, essayant de le remettre sur ses deux jambes.

« - Eh, Mat', t'es sure que ça va ? Demandai-je, presque inquiet de son état anormale.

- Oui ça va, t'en fais pas, marmonna-t-il en essayant encore une fois de se redresser. »

Un mec bourré ne tient pas debout, ça ne date pas d'hier. Mais Mathieu avait réellement un comportement bizarre. D'habitude quand il se bourrait la gueule, il arrivait au moins à placer un pied devant l'autre.

« - Je vais te mettre dans la chambre mec, tu arrives même pas à marcher, lui disais-je en le portant à moitié vers la chambre d'ami qui se trouvait à quelque mètre de nous. »

J'ouvris la porte de la chambre à l'aide de mon coude, et fis entrer Mathieu à l'intérieur, l'allongeant sur le grand lit double qui prenait beaucoup trop de place dans cette pièce minuscule. J'allumai la lumière et me retourna vers le petit homme qui était maintenant assis sur le lit, le dos contre un coussin. Il fixa le plafond, et plissa légèrement les yeux, éblouit pas la lumière. Un minuscule sourire apparut sur ses lèvres. Tout en attrapant mon paquet de cigarette au fond de ma poche, je lui posa une question :

« - Pourquoi est-ce-que tu souris ? »

Inexplicablement, il se mit doucement à rire.

Je lui lançai une cigarette, et il la plaça entre ses lèvres.

«- Et maintenant, pourquoi est-ce-que tu ris ? Disais-je en m'appuyant contre le mur en face de Mathieu. »

J'allumai ma cigarette et lui balançai le briquet. Il alluma sa cigarette, et posa le briquet sur une petite table de nuit en bois qui se trouvait à côté de lui. Il s'appuya plus confortablement contre le cousin, une main posé sur sa nuque. Il cracha la fumée vers moi, et me sourit.

La faible lumière de la chambre donnait une couleur plus sombre à ses yeux, presque grise. Cela n'empêchait pas qu'ils étaient toujours aussi beaux.

« - Tu as déjà lue les fanfic que les fans écrivent sur nous ? Dit-il en me regardant avec insistance.

- Non, non jamais, répondais-je, gêné. »

Effectivement, il me troublait. Je savais très bien de quoi parlaient ces fanfictions aux allures très gays. Je n'en avais jamais lue. Et puis, pourquoi j'en aurais lu ? Je laissai ça aux fangirls encore pucelle, mouillant leurs culottes quand elles regardaient des vidéos de nous. Je ne savais même pas comment elles faisaient pour me trouver beau, ou même juste mignon. J'étais toujours mal rasé, j'avais des petits yeux ridicules surplombé de petite lunette également ridicule, vingt bon kilo en trop, et les cheveux du diable. Et le plus troublant, c'est que ce que les fans préféraient chez moi était justement mes cheveux diabolique.

Mathieu me jeta un regard presque … accusateur ? Sans explication, j'eu le besoin de me justifier suite à ma précédente phrase.

« - Mais je sais de quoi ça parle : de nous, et tout ça ... »

J'étais totalement déboussolé. Je ne savais plus où poser mon regard, espérant ne pas croiser celui du petit Youtuber, qui me regardait avec encore plus d'insistance.

Il s'assit en face de moi, les pieds posé au sol. Je tirai comme un malade sur ma cigarette priant pour que ça calme mon esprit, mais je ne fis que me brûler la gorge à plusieurs reprises, sans laisser transparaître la douleurs sur mon visage. Mathieu tira également sur sa cigarette, me crachant la fumée dans ma direction, encore.

« - Tu veux que je t'explique ? Lâcha-t-il comme une bombe, faisant s'emballer mon coeur.

Mon cœur eu un raté, et j'ouvris la bouche, sans trop savoir quoi dire.

- Je vais t'expliquer alors, reprit-il avant que je n'eu le temps de protester. »

Il se leva brusquement et fit un pas vers moi. Encore soul, il trébucha, et tomba directement sur moi. Je le rattrapai de mes deux bras, et l'aidai à se relever. Il était à présent face à moi, la bouche entre-ouverte, les yeux écarquillés, et ses deux bras enroulés autour de ma taille. Non, il n'était pas face à moi, il était littéralement contre moi, le torse collé au mien. Je sentais son cœur battre contre ma poitrine visiblement, il était bâtait aussi rapidement que le mien. Son torse se soulevait au même rythme que le mien, m'imitant. Son corps me plaquait un peu plus contre le mur auquel j'étais appuyé. Il leva un peu la tête pour arriver à me regarder dans les yeux, et je fis paralysé. Je plongeai mon regard dans le sien, n'arrivant plus à m'en détacher. Son regard azuré me rendait de plus en plus frêle au fur et à mesure que je le regardais.

« - Le plus souvent, commença-t-il en parlant étrangement mieux qu'il y a cinq minutes, les fan fics parle de moi, qui est éperdument amoureux de toi. »

Je ne voulais pas y croire. Non, non c'était sûrement une mauvaise blague de sa part.

« - Je passe mon temps à te courir après, sans que tu t'en rende compte. Je rêve tous les soirs d'avoir le privilège d'embrasser tes lèvres, sans jamais y avoir le droit. »

Mathieu, amoureux de moi ? Ou même uniquement attiré par moi ? Non, impossible. Cela faisait plus d'un an qu'on se parlait, qu'on se voyait plus que souvent. Je m'en serais rendu compte bien avant. Non, c'était des conneries.

« - Et puis il y a un moment où j'explose, et où je t'avoue tous mes désirs. Suite à ça, il y a toujours deux suites évidentes : … »

Il approcha son visage du mien, ne me lâcha pas une seconde du regard. Il me figea grâce à ses jolies mirettes, encore une fois. J'assistai à la scène comme spectateur, incapable de réagir. Je pouvais sentir sa respiration en dessous de ma lèvre, et c'est à ce moment qu'une boule se forma dans mon estomac. Le rouge me monta aux joues tant la situation était gênante pour moi.

« - La première, tu fuis, laissant le pauvre petit Mathieu seul avec son chagrin. »

Je fermai un instant les yeux, et senti Mathieu grandir de quelque centimètres. Il s'était mit sur la pointe des pieds pour approcher sa bouche de mon oreille. Son souffle était encore plus fort, plus chaud. Sa prise au niveau de ma taille se resserra très légèrement, assez pour que je le sente. Il pressait maintenant son torse contre le mien, me faisant sentir toute la chaleur émanant de son corps.

« - Mais en suite, dans la deuxième, tu acceptes. Et c'est à ce moment que je t'embrasse, goûtant tes lèvres, et par la suite bien d'autre chose, finit-il en m'adressant un petit sourire coquin. »

Je frissonnai de peur ? De colère ? D'envie ? Je n'en savais rien. D'envie ?! Mais non !

Alors que je recommençai à reprendre mes esprits, Mathieu recommença à me fixer, avançant dangereusement son visage vers le mien. Son regard bleuté m'empêchait de faire quoi que ce soit. Il me rendait fou d'un sentiment quelconque : peur, colère, honte et … désir ? Peut-être tout cela à la fois. Ses lèvres avides d'amour s'approchaient de plus en plus des miennes.

Il déposa ses lèvres sur les miennes, et engagea directement un baiser bestial. Je le suivais, sans réellement comprendre de que je faisais, ce qu'on faisait. Il remonta ses bras jusqu'à mon col, où il attrapa ma chemise pour m'entraîner jusqu'au lit qui se trouvait derrière lui. Il me jeta presque sur le matelas, et se mit à califourchon sur moi. Il reprit le baisser sans attendre, attrapant fermement ma nuque d'une main.

Alors c'est ça ? C'est réellement ça ? Mathieu, attiré par les hommes ? Pas n'importe quel homme, moi. Et j'aurais été aveugle tout ce temps ? C'est impossible. Non, c'est bien possible, la preuve est là ! Il était sur moi, m'embrassant avec fougue, se délectant de mes lèvres.

Non, rien de tous ça était possible. Ce n'était pas lui. Il avait du lire un peu trop de fiction qu'écrivaient nos fans. Mais pourquoi avait-il lu ces fanfiction putain ?!

Je n'étais pas comme ça, je n'aimais pas Mathieu, ni son baiser, ni son corps contre le mien, ni ses paroles, ni la couleur de ses yeux, rien.

Sa main libre se baladait maintenant sur mon torse, effleurant ma peau du bout des doigts, me provoquant mille frissons. J'essayai vainement de me défaire de son emprise, mais il stoppa son baiser pour me regarder droit dans les yeux. Son regard me suppliait presque de rester ici, dans ce lit, avec lui. Je perdis le train de mes pensées quand nos regards se rencontrèrent à nouveau, donnant à mon cœur une raison de plus de s'emballer. Il reprit le baiser lentement, hésitant. Sa main continua ses légères caresses tout en descendant plus bas.

Sa main avait maintenant atteint ma cuisse, et remontait doucement vers ma taille.

Peut-être que ça me plaît. Peut-être que je devrai me laisser faire. Et peut-être que je devrai mettre cette nuit sur le compte de l'alcool.

Durant un bref instant, l'idée d'apprécier cette échange m'effleura l'esprit. Mais je fus très vite sortie de mes rêveries idiotes quand je senti une main un peu trop entrepreneuse se diriger vers mon entre-jambe. Je rouvris les yeux, et regardai furtivement Mathieu.

La réalité revint au galop, me frappant au visage, et me rappelant exactement ce qu'il se passait.

Sans réfléchir, j'attrapai le poignet de Mathieu et le balançai brusquement loin de mon corps.

J'attrapai les épaules de Mathieu, le poussai un peu violemment sur le côté et me relevai brusquement.

« - Putain ! Criais-je en direction de Mathieu. »

Je me retournai, réalisant à présent tout ce qu'il venait de ce passer. Mathieu était assit sur le lit, les joues rouges, et les lèvres quémandeuses.

« - Antoine, je …

- Pourquoi tu as fais ça ?! »

Il baissa les yeux vers le sol, le regard vide. Il ressemblait à un petit enfant que l'on aurait grondé, faisant la moue comme le Geek. Encore une fois, je le trouva attendrissant. Mais non bordel !

Je perdais encore tous mes moyens. Putain, pourquoi est-ce-qu'il me perturbait autant ?!

« - Je … Je vais dormir Mathieu, à demain, lui disais-je d'un ton glaciale, ne sachant plus quoi faire, ou dire. »

Je montai en quatrième vitesse dans ma chambre, et m'allongeai sur mon lit sans prendre la peine de me déshabiller.

Inutile de dire que le sommeil fut difficile à trouver. Les images du petit Mathieu sautant sur moi, attrapant mes lèvres, et se collant contre moi ne cessait pas de revenir dans mon esprit. Mais … J'avais aimé ça ? Non, non, non. Non ! C'était le délire des fan girls ça, il ne fallait pas que ça nous monte à la tête.

Mais pourquoi Mathieu avait-il lu ces histoires à la con que nos fans imaginaient ? Est-ce-qu'il avait déjà prévu de me faire cette petite scène depuis quelque temps ? Et est-ce-qu'il avait imaginé que je me serai laissé faire ? Oui, il avait réussi à avoir mes lèvres pendant quelque seconde, mais uniquement parce-qu'il m'avait prit par surprise. Je ne savais plus ce qu'il se passait, où j'étais, et ce que faisait l'homme qui était mon meilleur ami.

Je repensais aux mots qu'avait dit Mathieu avant de littéralement me sauté dessus : « La première, tu fuis … Mais en suite, dans la deuxième, tu acceptes. » Ces mots résonnait dans mon esprit, encore et encore. Je n'arrivais plus à me défaire de ces phrases, essayant de leurs donner un sens. Il sous-entendait que j'accepterais, mais quoi ? De l'embrasser ? De coucher avec lui ? L'aimer ? Non non non …

Oui, je fuyais. Mais il n'y aura pas de suite, il n'y en aura jamais.