Bonjour à tous ! Je n'ai rien publié depuis longtemps, mais les récents (et merveilleux) épisodes m'ont donné envie d'écrire. Ce sera normalement en deux parties. Attention spoilers pour les récents épisodes la saison 6, notamment Red John et My Blue Heaven. Si vous ne connaissez pas l'identité de John le Rouge, vous pouvez lire sans risque, puisque je ne lé révèle pas.
Bonne lecture !
"Je suis désolé d'être à la fois ton parapluie et ta pluie." Tablo
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John le Rouge est mort. Il ne l'a pas coupé en petits morceaux comme il avait promis qu'il ferait, mais il l'avait tué à mains nues, en savourant la sensation de voir la vie quitter le corps du monstre.
Jane s'est enfui. Il avait tout prévu. Il avait de l'argent en liquide, gagnée au poker. Il avait un avion à prendre dans moins d'une heure. Il avait un faux passeport. Il espérait juste qu'il pourrait quitter le pays.
Il avait trouvé une petite habitation et s'y était installé. Les premiers mois étaient durs, il ne parlait que quelques mots d'espagnol, alors la plupart du temps, il était seul. Libéré d'un poids, certes, mais malheureux comme les pierres quand il pense à ce qu'il a laissé derrière lui.
Il se demande souvent si Lisbon avait pu écouter le message qu'il lui avait laissé. Il se demande ce qu'elle fait, maintenant qu'elle n'a plus de travail. De nombreuses fois, il songe à lui demander de le rejoindre. Les journées chaudes d'été, il imagine très bien Lisbon déambulant sur la plage, ses tâches de rousseur accentuées par le soleil et le regard rieur. Mais il est seul.
Il s'est libéré de ses démons, et ça ne suffit toujours pas. Il s'en était créé d'autres : le manque lui tiraillait la peau. Il avait passé dix ans à ses côtés, et soudain, il était à des centaines de kilomètres d'elle.
Jane ne supportait plus l'odeur du café. Il en était devenu intolérant. Elle allait de pair avec elle. Et elle n'était plus là. Dès que quelqu'un commandait un café dans le bar ou restaurant dans lequel il se trouvait, il s'en allait. L'image de Lisbon, soufflant sur le bord de la céramique, le frappait violemment et les regrets l'assaillait.
Ce qui le hantait le plus, c'est qu'elle continuait sa vie loin de lui, et qu'il n'avait plus aucun rôle à jouer. Il était le déserteur, celui qui lui avait plus pourri la vie qu'autre chose pendant une décennie. Peut-être qu'elle ne voudrait plus jamais le revoir. Peut-être qu'elle était heureuse sans lui. Peut-être qu'elle avait trouvé quelqu'un qui pouvait la rendre heureuse, car elle méritait le monde.
Il avait tout le temps pour penser à leur relation. Il avait tellement de chance de l'avoir dans sa vie. Il ne s'en rendait compte que maintenant. Cela faisait maintenant huit mois qu'il était sur cette île, et il avait l'impression que cela faisait des années. Elle lui manquait plus que lorsqu'il avait été à Las Vegas. A l'époque, John le Rouge se dressait encore entre eux. Il avait une raison de rester loin d'elle. Aujourd'hui, la justice lui courrait après, et c'était la seule chose qui l'empêchait de retourner la voir.
- Votre femme vous a quitté ?
Jane venait de finir son verre de scotch et l'avait posé assez brutalement sur le comptoir. Le serveur, un homme d'une cinquantaine d'années, une balafre au visage, le regardait comme s'il le comprenait. L'ancien médium soupira avant de répondre.
- Pas exactement, elle n'est plus de ce monde, et ça fait plus de dix ans.
- Pourtant votre douleur a l'air très récente. Je suis habitué à voir des gars comme vous défiler ici. Vous avez fait le con, et vous regrettez parce qu'elle vous manque, vous réalisez que vous n'aviez qu'elle de bien dans votre vie. Il n'y a rien qui vous retienne de retourner vers elle.
Jane contemple le serveur, le regard vide. Si seulement c'était aussi simple que cela...
Il se lève du tabouret, en laissant un billet sur le comptoir. Ses yeux le brûlent. Il a besoin de prendre l'air.
Il marche sur la plage, et la lune se reflète dans l'eau. Il s'allonge sur le sable et laisse le bruit des remous des vagues caresser ses oreilles. Lisbon lui manque autant qu'Angela, et c'est un inconnu qui lui a fait comprendre. Il secoue la tête. Il observe les étoiles, et pense que c'est triste qu'elles brillent toutes autant.
Il pense à Lisbon. A des émeraudes et à une vague de cheveux sombres. A des joues colorées de rouge. A un parfum familier et un rire léger. A des larmes qui menacent de tomber, la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Dans d'autres circonstances, il l'aurait embrassée avant de partir, mais ç'aurait été égoïste. Et le manque aurait été encore plus grand. Et elle aurait pleuré pour de bon.
Il lui avait dit qu'il était désolé pour tout, un peu avant de partir, et c'était vrai. Désolé d'être aussi stupide, désolé pour cette vengeance qui l'avait rongé jusqu'à la moelle, pour toute cette tristesse transmise. Elle n'avait pas besoin de ça. Désolé pour toutes ces nuits d'insomnies et d'inquiétudes. Désolé pour la douleur qu'il ressent autant qu'elle, pour la boule au ventre le matin au réveil.
Il pense à leur étreinte brûlante au crépuscule, à ce que ça aurait pu être s'il leur avait donné une chance. Il pense aux nuits blanches, aux draps froissés, aux cheveux sombres ébouriffés, aux verres de jus d'orange le matin, au facteur qui sonne, à une robe blanche, à leurs initiales suivies de son nom, gravées sur une porte.
Demain il commencera à lui écrire régulièrement, en s'excusant d'abord, de tout son cœur, puis, en lui jurant à chaque lettre qu'elle est à sa vie ce que l'encre est au papier. Il se lève, et jette avec nonchalance un galet dans la mer, qui tombe lourdement au fond. Il regarde les ondulations à la surface de l'eau.
En fin de compte, il n'avait pas gagné face à John le Rouge. Il avait cru gagner largement, il avait perdu.
Il l'avait perdue.
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Vous êtes libres de laisser vos impressions :) le prochain chapitre sera du point de vue de Lisbon.