Sans vouloir faire de mauvais jeu de mots, j'ai le sentiment qu'une bombe m'a explosé au visage aujourd'hui.. Des mots jetés à un autre que moi au travers d'une glace sans tain, des mots que j'aurais pu ne jamais entendre …. Si j'étais arrivé 10 minutes plus tard, je serais encore en train de me bercer d'illusions..

Such a fool.

Tu ignorais que j'étais là. Tu sais très bien que la vérité finit toujours par éclater. Mais jamais je n'aurai imaginé de cette manière. Non ce n'était pas ainsi que j'aurais voulu revenir sur ces trois mots et dire que je comptais pourtant le faire après l'enquête...

Double fool..

J'avais faux sur toute la ligne. L'amour peut-il vraiment nous rendre à ce point aveugle ! Comment ais-je pu attendre aussi longtemps une femme qui n'en avait cure ? Une histoire qui je croyais serait mon futur ?

J'avais tellement de projets pour toi et moi...

Je pensais que c'était mon rôle de te rendre heureuse, mon rôle de te protéger,

J'en arrivais à penser au pluriel , je voyais l'avenir à travers toi et moi. Je ne disais plus je mais nous. Il semblait tellement évident que nous ne formions plus qu'un, et je m'aperçois que finalement j'étais seul ? Est ce que tu sais à quel point c'est douloureux d'être arrachée à sa moitié de cette manière ? Est ce que tu peux imaginer combien ça me terrifie de devoir envisager l'avenir avec un je ? Sans toi ?

J'ai voulu te rendre ta vie et tu m'as volé la mienne. Je ne pourrai jamais te pardonner pour ça, jamais.

Tu savais, tu as su dès le premier jour.

La discrétion n'est pas mon fort et en l'occurrence c'était plus fort que moi, que tout ce que j'ai connu jusqu'à présent. Et personne n'était dupe. Et certainement pas toi.

Comment as tu pu laisser faire ça des années durant ?

J'étais ton partenaire, ton ami et tu n'as pas eu la décence de me dire que je n'étais rien de plus. Comment aurais-je pu savoir que ces regards ces sourires ces always ne nous inspiraient pas les mêmes sentiments? Tu m'as trahi. Les images de ces dernière années défilent et aujourd'hui elles sonnent faux. Comme si tout ça n'était qu'un mauvais jeu de rôles.

Pourquoi n'ais-je jamais osé simplement savoir ?

Comment as tu osé me demander si nous n'étions que partenaires si tu connaissais la réponse ? Pourquoi ne me l'as tu jamais donnée?

Je ne me posais même pas la question tu sais. J'attendais, je t'attendais. C'était plus qu'une certitude nous deux, c'était une évidence. Le destin nous avait réuni pour une raison et après tout ce qu'on avait traversé, il me semblait juste qu'il nous réunisse. Non ?

Notre partenariat si spécial, cette relation unique t'a forcément interrogée ? Alors pourquoi ne pas m'avoir fait un signe ?

Qu'ai je fait pour que mon destin m'échappe ainsi ? Suis-je censé te soulager de ta douleur et la porter à mon tour ?

Je ne sais pas comment tu fais... C'est insupportable..

Tu n'as pas perdu la vie, tu es là quelque part, tu parles, tu ris, tu rêves à ton avenir. Mais moi je t'ai perdue, et je vois s'envoler la vie qui m'était destinée, l'unique vie à laquelle j'aspirais..

J'ai déjà ressenti ça. Au cimetière quand tu étais dans mes bras, une balle logée dans la poitrine.

Je pensais que je n'aurai plus jamais aussi mal. Mais cette blessure s'est refermée parallèlement aux tiennes. Tu allais mieux, alors je n'ai gardé de cette douleur que la peur de la revivre à nouveau.

Mais là, il n'y a rien qui pourra me soulager. Le temps dira-t-on... par tranche de dizaines d'années oui.. Comment refermer une blessure qui s'ouvre sur tout un avenir ? Comment écrire en sachant que chaque mot est empreint de toi, comment être moi-même alors que c'est toi qui as fait l'homme que je suis devenu ? Comment suis-je sensé aimer une autre femme que toi ?

Tu hantes chaque pan de ma vie, et aujourd'hui tout est réduit en miette. Par six petits mots : I remember every second of it . Une réponse détournée aux trois miens un an plus tôt. Pas vraiment celle que j'attendais..

J'aurais voulu te rendre ta vie, qu'on trouve celui qui hante tes nuits. J'en aurais été le gardien à mon tour, je t'aurai montré l'autre coté du tunnel, je t'aurais montré la vie, la lumière, l'amour.

Si tu savais comme je t'aurais aimée.. Personne n'aurait pu le faire comme moi.

J'imaginais ton retour à la vie, et qu'enfin tu te tournes vers moi. J'imaginais nos premiers pas, nos premiers baisers, la première fois que je t'aurais fait l'amour. Je peine à imaginer la plénitude qui émanerait de la fusion de nos âmes et corps.

Et t'avoir près de moi chaque matin, enfouir mon nez dans ton cou, tes cheveux, respirer ton odeur, embrasser ton épaule. J'imagine ton corps dans la lumière du matin, l'expression enfin sereine de ton visage. Je pense à nos moments privilégiés, à nos sublimes joutes verbales, je nous vois coquins et joueurs. Je sais déjà comment je t'aurais fait ma demande, tu serais si belle dans ta robe, avec ton ventre légèrement arrondi. J'entends les rires de nos enfants , et je me sens déjà fondre à la vue d'un si petit visage qui te ressemble.

Je nous imagine vieux, nous disputant encore pour des broutilles.

Je nous vois main dans la main comme des adolescents, je t'imagine amoureuse, je t'imagine heureuse.

Mais maintenant je ne peux que balayer tout ça du revers de la main. Parce que ce n'est pas ton bonheur que je vois, ce n'est pas le nôtre, c'est le mien. Ce n'est pas tout ce qu'on m'a toujours dit, que je ne voyais que par moi ?

Alors qu'est ce qu'il me reste, coucher mes fantasmes sur le papier? Donner à Jameson l'amour, l'avenir, que je n'aurai jamais ?

Comment ma vie pourrait-elle être plus pathétique ?

Il me faut de l'alcool quelque chose de fort, de plus fort que ma douleur. Je comprends ce que la débauche a de salvateur. On ne peut pas tomber plus bas.

J'ai besoin de changer d'air, j'ai besoin de retrouver la vie. Autre que toi. J'ai besoin de tout mettre en contradiction avec toi. Comme lorsque je me rebellais, adolescent. J'ai l'impression de le redevenir subitement..Et j'en éprouve un certain plaisir. Comme si tout a coup toutes les portes étaient ouvertes, tu n'es plus là pour me ramener sur le chemin de la raison, de la bonne conduite. Je peux faire ce que bon me semble, j'en ai maintenant le droit. Je n'ai plus de raisons de me battre, de chercher ton approbation. Au contraire, j'ai envie de tout envoyer balader en shootant furieusement dans tout ce qui touche à toi.

Je te hais. A cet instant je te hais. Et quelque part, c'est libérateur. C'est toi la fautive, c'est toi qui as menti. Dès que je pose mes yeux sur toi , je sens la colère m'enflammer. Elle coule dans mes veines, et ressort par chaque pore de ma peau. Tu l'as senti, je le sais. Et je me moque de tes regards interloqués, des froncements de sourcils. Je ne t'appartiens plus, je ne te dois plus rien. Tout ce que je peux t'offrir c'est de la haine. Une haine sourde qui me vrille le coeur. Et muette aussi. Tu l'as été pendant de si longs mois, je ne te ferai pas le cadeau de t'expliquer la raison de mon attitude. Un comportement nouveau, indifférent.. dont tu as m'as fait si souvent la victime.

L'admiration, la tendresse et le désir que tu pouvais lire dans mes yeux, ils ne sont plus. Moi aussi je peux me cacher sous un masque, moi aussi je peux prétendre.

Je ne te laisserai pas prendre le dessus, je ne te laisserai pas t'expliquer et faire en sorte d'être pardonnée. Je ne veux plus être faible. Je ne veux plus être idiot.

Mais je vais rester. Parce qu'il n'y a pas que toi. Il y a des gens qui meurent qui méritent qu'on trouve l'auteur de ces crimes, il y a des enfants dehors que l'on doit protéger. Et pour cela je veux rester. j'aime ce qu'on fait, ce que je fais. Parce que ça compte.

Je sais que je ne devrais pas, qu'il serait mieux de fuir pour avancer. Mais la rupture totale, là tout de suite sans anesthésie me semble plus insupportable encore. Ce quotidien à tes côtés c'est devenu ma vie. Le sevrage sera long et difficile. Je ne peux pas tout balancer d'un seul coup.

Mais je partirai... un jour quand je serai prêt, quand je n'aurai plus mal. Mais comment suis-je censé regarder d'autres hommes te toucher ? Comment suis-je supposé m'éloigner de toi tout en restant à tes côtés ?

Mais je sais que toi tu me veux près de toi, je sais que je compte.. en tant qu'ami.

C'est pour cela que je ne veux pas me venger, je ne veux pas te faire de mal.. après tout, je ne peux pas t'obliger à m'aimer pas vrai ?

Mais dorénavant nous serons collègues, ce qui implique une relation uniquement professionnelle. Tu ne comprendras certainement pas, tu seras blessée mais tu t'y feras.

Je veux une vie à moi, une vie privée, nouvelle que j'ai besoin d'inventer sans toi. Et elle s'ouvre aujourd'hui.

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