A chaque lune bleue.
Rating : M
Disclaimer : Non, évidemment, rien ne m'appartient... tout appartient à l'équipe d'Aventures ou aux créateurs de Miss Pérégrine et les Enfants Particuliers.
Note : Pour ceux que le yaoi ou le yuri n'intéressent pas ou qui pourraient être choqués, quittez cette page, vous connaissez la chanson...
Bonne lecture !
- Maman... Papa... J'ai fait un cauchemar...
Sagement couché au fond de la pièce, Eden releva à peine une oreille en entendant un des bambins de la petite troupe débouler de l'étage avec la discrétion d'un éléphant, habitué aux bruits incessants de l'auberge et à tous les probables dangers qu'il lui fallait ignorer. Tout aurait dû le faire fuir ou au moins l'effrayer mais, apprivoisé depuis longtemps, la bête se contentait de somnoler paisiblement dans son coin.
Beaucoup de nouveaux clients lui jetaient d'ailleurs un coup d'œil intrigué, certains habitués allant jusqu'à le saluer d'une caresse à peine hésitante, son pelage immaculé rougeoyant à la lueur du feu de cheminée.
Passant près de lui, l'enfant ne fit pas cas de sa présence et s'avança plutôt vers les tables, cette fois un peu plus hésitant.
Visiblement impressionné par ses deux parents riant autour d'une des tables de l'auberge, le petit parut presque intimidé de devoir briser l'étrange tableau formé par les deux adultes naturellement enlacés et visiblement occupés à discuter avec quelques clients de passage. Néanmoins effrayé par son cauchemar, il finit par attirer leur attention en tirant sur la manche d'Enoch pour quémander des paroles rassurantes et peut-être même un câlin, attendrissant les adultes autour de lui...
Après tout, pour l'instant, l'enfant avait seulement besoin de constater qu'ils étaient encore là, tout près de lui, pour le protéger des affreux monstres peuplant ses songes.
- Balthou ? Qu'est-ce que tu fais là ? C'est l'heure de dormir, mon grand. Tu devrais déjà être au lit à l'heure qu'il est...
- Mais j'ai fait un horrible cauchemar... C'est la faute de Théo... Se plaignit encore le petit, ses grands yeux mouillés semblant déjà attendrir son père.
- Est-ce que tu veux une histoire pour te rassurer avant d'aller te recoucher, Balthazar ?
Croisant les yeux aux reflets rouge de son père que tout le monde avait toujours comparé aux siens, le garçon hocha timidement la tête, le cœur déjà réchauffé et bercé par la voix toute douce. C'était peut-être parce que c'était son papa mais le tout petit avait toujours été complètement hypnotisé par la manière si particulière de son père de murmurer son prénom, comme une caresse, le poussant toujours à aller se blottir tout contre ses parents.
- O-Oui... Je veux une histoire... Mais pas sur les monstres que Théo affronte avec son épée... j'ai encore trop peur...
Visiblement, Shin et Grunlek n'avaient pas réussi à apaiser les craintes de leur ami, l'aîné de leur petit groupe s'amusant toujours à lui raconter d'affreuses histoires sur tout ce qui pouvait potentiellement l'effrayer...
Et même si sa maman passait désormais sa main dans ses cheveux en bataille pour l'apaiser et que son papa lui souriait gentiment pour le réconforter, son cauchemar paraissait encore beaucoup trop présent dans son esprit pour que le petit garçon puisse réellement se détendre, bafouillant qu'il ne se souvenait pas de son rêve mais avait tout de même encore très peur.
- Mais tu sais, Balthou... Les monstres nous ressemblent beaucoup en vérité. Parce qu'il y a une bataille entre deux créatures à l'intérieur de nous tous, lui assura son papa en envoyant un clin d'œil complice au canidé de l'auberge. Absolument chez tout le monde !
- Et si l'une des deux parties souffre tellement qu'il représente à lui seul toute la haine, la colère, la jalousie et les malheurs qui existent... Poursuivit sa maman avec un sourire. ...l'autre partie, elle, fait tant d'efforts pour être heureux qu'elle ressent toute la paix, le bonheur, l'amour et l'espoir du monde. Bien sûr, comme elles ne se comprennent pas, elles se battent constamment l'une contre l'autre.
- M-Mais... Il y a bien un des monstres qui gagne à la fin, non ? C'est lequel ? Celui qui souffre ou celui qui essaie d'être heureux ?
La question était posée avec une curiosité purement enfantine, Balthazar ne faisant que demander la fin de sa petite histoire après tout, mais même le jeune garçon n'était probablement pas assez naïf pour ne pas remarquer que ses parents échanger désormais un regard amoureux, semblant se livrer leurs sentiments d'adultes tendrement liés depuis des années rien qu'en se regardant.
Puis l'attention de ses parents revint lentement vers le bambin, leurs bras toujours autour de lui continuant de l'étreindre tout doucement, se penchant finalement à son oreille pour lui livrer leur grand secret.
Pourtant, Eden bondit immédiatement sur ses pattes lorsque la porte s'ouvrit brutalement, interrompant l'attendrissante petite scène, grondant méchamment alors que ses maîtres accueillaient l'inconnu d'un sourire amusé. Bien que ce ne soit pas rare que de nouveaux clients entrent à l'auberge, ses humains lui faisaient toujours signes de ne pas bouger, le laissant penser à une menace... ou peut-être pas.
- Bien le bonsoir, Aledan...
Perturbé, le concerné resta immobile un moment, son regard parcourant l'étendue de la salle et ses occupants. Ne voyant pas ses maîtres paniquer face à cette arrivée imprévue, le chien de garde préféra ne pas lui sauter à la gorge, guettant simplement ses moindres gestes.
- Miss Pérégrine ? Je... Je crois que l'on s'est trompé de destination...
Rejoignant sagement l'extérieur, l'humain laissa ainsi le canidé reprendre sa place près du feu, la salle complète riant doucement de son comportement apparemment complètement attendu. Seul le bambin semblait un tant soit peu déstabilisé, surtout lorsque ses parents se décidèrent à reprendre leur conclusion initiale, comme si rien ne s'était passé entre deux.
- Celui que tu nourris, Balthazar. Toujours celui que tu nourris...
