Note de l'auteur : Fairy Tail et ses personnages appartiennent à Hiro Mashima. Une fois n'est pas coutume, ce ne sera pas un simple OS mais je n'irais pas jusqu'à le qualifier de fiction. Je dirais bien three-shot mais qui sait si à la fin du troisième l'idée de continuer ne me viendra pas. Il parlera essentiellement des membres de la Team Shadow Gear suite aux sept ans d'absences. Ce premier chapitre n'est donc que le prologue. Je n'ai pas l'impression d'avoir fait des étincelles mais que cela ne vous empêche pas de lire ^_^ Sur ce, bonne lecture !


Tous les jours, vos proches vous laissent. Vos parents vont travailler, vos enfants à l'école, vos meilleurs amis partent en vacances. Vous êtes tellement surs que vous les verrez plus tard, dans quelques heures à peine, quelques jours tout au plus. Et quand ils ne reviennent pas, une part de vous s'accroche désespérément. Vous avez beau savoir de source sûre qu'ils ne reviendront plus jamais, vous ne pouvez pas vous empêcher de vous attendre à les apercevoir au coin de la rue en vous faisant de grands signes tout en vous souriant. Et d'avoir mal lorsque les rues restent vides, tout simplement vides.

Tous les jours, des gens vous disent au revoir et ne revienne jamais. Tous les jours un simple « à plus tard » devient un adieu. Il est si difficile de croire que l'on ne les reverra jamais, qu'ils sont partis pour de bon. Si difficile d'admettre que malgré soi, la vie continue. Et la poussière s'accumule sur un livre, encore ouvert pour qu'elle ne perde pas sa page. On le connaît le deuil. On la déjà ressentie la tristesse. Mais ça fait toujours aussi mal chaque foutue fois.


Il avait nié. Ce n'était pas possible. Pas eux, pas comme ça. Le Conseil se trompait. On leur mentait. Ils allaient revenir, leur raconteur une histoire abracadabrante sur ce qu'ils avaient bien pu fabriquer sur cette satanée île.

Il avait nié. Pas elle. Il ne connaissait pas de monde possible où elle ne serait plus là pour égayer ses journées de ses sourires. Un tel monde n'existait pas.

Il avait hurlé. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Ils étaient une équipe. Elle n'était pas sensée les laisser derrière. Elle n'était pas sensée partir sans eux, quel que soit le voyage. Il lui en avait voulu. Terriblement. A elle et à la terre entière. A lui-même. A Droy. Au Maître. A la Guilde. A tout ce qui l'avait jamais rendu heureux et tout ce qui l'avait jamais l'aimer. A quoi ça sert d'aimer quelqu'un si ça fait si mal quand ils partent ?

Il avait hurlé. Et courut contre le vent. La course qui avait toujours été un plaisir pour lui était désormais une lutte, une recherche de la souffrance. Il sent ses muscles crier grâce, ses poumons le brûlent. Il entend le sang qui pulse dans ses veines, la preuve qu'il est vivant et qu'elle ne l'est plus. Il court contre le vent, contre la course même du temps.

Il avait baissé la tête. Il n'y avait plus de haine en lui, toute sa rage n'avait été qu'une mince tentative de remplir le grand vide laissé par son absence. Et il ne restait plus rien. Plus que de vagues souvenirs et sa présence s'effaçant jours après jours. Il allait parfois faire le ménage dans sa chambre à Fairy Hills. Garder les choses comme elles étaient. « Arrête ça, on se croirait dans un putain de musée ! » lui avait hurlé Droy avant de fondre en larmes. Il avait fait semblant de ne rien entendre.

Il avait baissé la tête. Il ne restait rien d'autre que le néant, un trou béant dans son cœur. Il avait envie de rester planter là jusqu'à ce qu'il ne reste de lui que des os. Jusqu'à ce qu'il ne soit pas capable de ressentir l'absence, le manque. Sa peau était irritée par les larmes qu'il n'essayait plus de retenir. Elle ne reviendrait pas. Et il ne lui restait rien.

Il avait continué de marcher. Combien de jours, combien de mois ? Il ne comptait plus. Sa mort était un fait. La date officielle avait été gravée dans sa pierre tombale au cimetière de Magnolia. Il regardait les choses tomber en morceau autour de lui. Le changement de locaux de la guilde. L'humiliation venant s'ajouter au deuil.

Il avait continué de marcher. Ses cheveux avaient poussé. Il avait renoncé à son ancienne coupe de cheveux. Du changement, du changement. Elle n'était plus là pour le remarquer. Il enchaînait les missions, dans un premier temps seul puis peu à peu avec Droy. Ils n'arrivaient tout simplement pas à se visualiser l'un et l'autre comme un duo. Il leur manquait la frêle silhouette entre eux deux. Il leur manquait leurs cœurs dans leurs poitrines. Mais ils devaient continuer d'avancer. La Terre ne s'était pas arrêtée de tourner avec l'éradication de l'île Tenrou. Puisqu'ils étaient condamnés à vivre dans ce monde impossible où elle n'existait plus, à vieillir sans elle, à s'accrocher à ce qu'il leur restait de vies.

La douleur était moins vive, mais les sourires jamais aussi insouciants. Ils avançaient à regret. Jet avait lutté pendant des mois et des mois pour pleinement accepter la disparition de Levy. Et pourtant, même maintenant alors qu'il semblait être enfin parvenu à faire son deuil, une voix râleuse se faisait entendre au fond de lui, comme si elle n'était pas partie pour de bon, comme si elle allait revenir et qu'il allait devoir lui raconter chaque chose qu'il avait faite. Rattraper le temps perdu. Mais Levy n'était pas dans un voyage dont elle reviendrait de sitôt.

La douleur était moins vive, mais toujours présente. Il savait qu'elle serait toujours là au fond de lui. Mais cela ne le rendait plus triste. Cela faisait partie de ce que Levy lui avait laissé et il savait que la souffrance que l'on ressentait lorsque l'on perdait un proche était proportionnelle à l'amour qu'on lui avait porté. Dieu, qu'est-ce qu'il avait pu l'aimer. Et qu'est-ce qu'il l'aimait encore malgré tout, bien qu'il s'efforce à en parler au passé.


Plus vite, plus fort. Jet court sans s'arrêter. Il court contre le vent, juste un vieux compte à régler. Plus vite, toujours plus vite. Ses muscles crient grâce. Ses poumons le brûlent. Il a un sourire extatique aux lèvres. Plus vite, plus fort. Il ne pense plus à rien il se contente de courir. Il n'a pas le choix au fond. Il doit avancer s'il ne veut pas sombrer une nouvelle fois.

Il regarde Droy avec un mélange d'empathie et de dégoût par moment. Il sait que c'est la là façon de son nakama de passer au travers de tout cela. Il ne peut pas lui en vouloir. Il ne sait pas lui-même comment il est parvenu à mettre un pied devant l'autre après avoir pleinement réalisé qu'elle était partie pour de bon. Il ne sait même pas comme il est parvenu à aller au-delà de son déni, de sa colère et de son abattement. Il ne sait pas ce qui a pu lui donner la force maintenant qu'elle n'est plus là pour le faire. Il sait juste qu'il doit être là pour ceux qui lui sont resté. Pour Droy et pour le reste de la Guilde. Ils ont tous plus besoins des autres que jamais.

Plus vite, plus fort. Il court pour devenir le mage qu'il aurait dû être lors de l'examen de rang S. Il court pour devenir aussi fort qu'il aurait dû devenir pour la sauver.