C'était un matin d'été, et la chaleur étouffait Killua. Le soleil frappait de son puissant rayon dans le ciel bleu. Aucun nuage à l'horizon. Le jeune officier Zoldyck transpirait à grosse goutte sous son uniforme militaire. Pourquoi n'avaient-ils pas mieux adapté les tenues à la température? Certes l'hiver avait été glaciale, mais l'été s'annonçait encore plus dévastateur. Le fusil à l'épaule, il déambulait dans les rues de Paris pour s'assurer que tout était en ordre.
En ordre?
Killua étouffa un rire mauvais. Cela faisait bien des années que rien ne pouvait s'assimiler à l'ordre. Les cadavres jonchaient les rues de la ville. L'odeur de pourriture et de décomposition régnait en maître, mais il n'y faisais plus attention.
Il avait vu tellement d'horreur au cours de ses 17 ans d'existences. La vie était devenu pour lui un spectacle désolant, triste. Il s'arrêta un instant alors qu'il longeait les bords de la Seine. Il se figea devant une jeune fille. Elle ne devait pas avoir plus de huit ans. Cette petite avait un visage d'ange, gentiment endormie. Au fur et à mesure que ses pas s'approchaient, il put voir que ce petit corps n'avait plus une once de vie en lui. Elle tenait un bébé dans ses bras. Mort, lui aussi. La gamine avait un trou au milieu du front, contrairement au bébé qui ne portait aucune trace de coup. Sa jupe était légèrement relevée.
C'était toujours la même chose. Pour chaque cadavre, le rituel restait le même. Il ne pouvait détacher ses yeux de chaque cadavre et les images de leur mort défilaient dans sa tête. Il voulut effacer celle de ces deux mort, mais la scène était explicite. Cette petite avait été violée, puis tuée.
Peut être même avait-elle été tuée, puis violée, qui sait?
Le bébé, lui, était sûrement mort de faim ou déshydraté dans les bras du cadavre.
Killua baissa la tête et récita une courte prière. À quoi bon? Le garçon ne croyait pas en Dieu. S'il y avait vraiment eu ce genre de personne quelque part, alors pourquoi l'humanité était-elle si monstrueuse?
Pourquoi avait-il fini par dégoûter Killua de la vie?
Et tandis qu'il porta les deux cadavres jusqu'au bord de l'eau, des larmes salées se déversèrent sur ses joues.
Pourquoi? Pourquoi était-il en vie? Qu'avait fait cette enfant pour mériter son destin?
Puis, il l'envia. Peut être que c'était mieux ainsi, au final. Elle ne souffrirait plus. Non, elle, au fond, elle était libre.
Et lui? Qu'en était-il de lui? Pourquoi la vie s'acharnait-elle à le garder près d'elle, après tout ce dont il avait été témoin?
Après toute les atrocités qu'il a commise..
Il jeta les cadavres dans le fleuve calme et un instant, il eut envie de les rejoindre. Plonger, s'enfoncer dans l'eau pour ne plus jamais en sortir...cela avait quelque chose de plaisant.
Mais non, Killua ne se suiciderait pas. Bien sûr que non, car il était qu'un peureux. Jamais il n'aurait le courage de le faire.
Pauvre misérable.
Et tandis qu'il remontait les berges, il comprit.
Peut-être la vie était-elle sa punition pour sa lâcheté..
Et puis un beau jour, un simple jour, il est arrivé. Comme ça, sans prévenir.
Il a débarqué dans sa vie et a refusé d'en sortir.
Il s'appelait Gon.
Mais voilà...il a disparu aussi vite qu'il est apparu.
Comme un rêve, une douce illusion et n'a laissé aucune trace de son passage.
Un simple et lointain souvenir...une empreinte gravé au fer rouge par le passé..
