Titre : Louisiane

Auteur : dominiquesdh

Warning : Si vous n'avez pas lu "d'Arcy contre Darcy" et de "d'Arcy à d'Arcy", c'est le moment de réparer cette omission. Lire au-delà de cet avertissement vous en apprendra plus que vous n'avez envie de savoir...

Thème : Univers (franchement) Alternatif - Drame historique - Romance (variation libre basée sur "Orgueil et Préjugés" de Jane AUSTEN) - Suite de Douze jours en Août paru sous le nom de "d'Arcy contre Darcy".

Résumé : 1801 : la Grande Bretagne est tombée entre les mains d'un corps expéditionnaire français placé sous le commandement du Premier Proconsul Geoffroy d'Arcy. Suite à des négociations avec d'Arcy les Royaumes d'Ecosse et du Pays de Galles, alliés de la République Française, ont été créés ou recréés et la Pax Republicana règne sur les villes et les campagnes anglaises.
Geoffroy d'Arcy s'est installé à Londres avec sa femme et prépare la suite de son expédition, cette fois outre Atlantique.
(Cast : tous les personnages de Jane Austen et quelques autres fictifs, dont d'Arcy et historiques tels George, Prince de Galles et Napoleon, Premier Consul...)

Disclaimer : Les personnages de P&P appartiennent évidemment à Jane Austen. Mais comme je trouve qu'ils sont trop bien pour les laisser dépérir, j'ai donc décidé de leur offrir une seconde jeunesse. Avec Geoffroy d'Arcy comme seul véritable ajout important...

Remarques :

Ceci est une suite et l'action se situe un peu plus d'un mois après le mariage de Jane et de Geoffroy à Pemberley. Leur lune de miel s'est déroulée à Pemberley mais après la blessure de sa femme, d'Arcy a décidé de la ramener à Londres avec lui...

Ils vivent au Palais du Proconsul (ex Palais Royal).

16 janvier 2009 : Je vous présente mes plus plates excuses pour le retard dans les envois à partir du chapitre 6 mais même si je suis certain de continuer je n'ai aucune idée du moment où j'aurai à nouveau du temps à consacrer à cette suite. J'ai la trame de l'histoire je n'ai juste, pour le moment, pas de temps à y consacrer... Merci de votre patience en attendant.


Chapitre Premier : Discussion


Londres, Palais Proconsulaire, 15 septembre 1801


– Non, non et non!

D'Arcy avait cet air des mauvais jours que Jane avait appris à connaître depuis qu'ils s'étaient installés à Londres. Cela ne la concernait que rarement et, le plus souvent, avec elle, il retrouvait toujours le sourire et les yeux brillants.

Mais il y avait déjà eu des exceptions.

Comme là...

Mais comme elle s'y était préparée, elle n'était guère surprise.

– Je te rappelle notre accord, tu n'essayes pas de systématiquement étouffer toutes mes initiatives et tous mes projets...

– Sauf problème de sécurité ! insista d'Arcy. Et te rendre en ville est un problème de sécurité! Tu risques à tout moment de tomber sur un fou qui veuille te tuer...

Jane leva les yeux au ciel.

– Cela fait une semaine que j'y vais et il ne s'est rien passé...

– C'est que le fou n'est pas encore passé par la même route que toi. Et ça n'élimine pas les comploteurs professionnels et autres agents de la couronne britannique. Laisse à ceux-là le temps de s'organiser. Un vrai attentat ça ne s'improvise pas! Ils vont attendre de connaître tes habitudes et te laisser le temps de relever ta garde et c'est à ce moment là qu'ils frapperont...

Jane qui connaissait déjà ces arguments pour les avoir subis de la part de Maureen, décida que la confrontation n'était pas le meilleur moyen moyen d'obtenir ce qu'elle voulait. Elle poussa donc un long soupir et laissa ses épaules se vouter.

Deux secondes plus tard, il était contre elle et la serrait dans ses bras.

– Je ne veux pas te perdre à cause d'un fou qui a envie d'entrer dans l'histoire par la petite porte... murmura-t-il. S'il t'arrivait quelque chose, je disparaîtrais très vite après toi, tu le sais...

Elle releva la tête et sourit à tant de sollicitude.

Il était peut-être autoritaire et envahissant et sur protecteur mais il était un point sur lequel elle ne pouvait rien lui reprocher, l'amour qu'il lui portait était aussi fort qu'authentique.

– Je sais, murmura-t-elle à son tour. Mais je ne survivrais pas non plus si je suis tout le temps enfermée dans ce Palais. J'ai des choses à faire, des gens à voir, des affaires à traiter...

Il la regarda l'œil méfiant.

– Des affaires à traiter ?

Confiante dans le fait qu'après seulement un mois de vie commune il lui restait encore quelques aspects de son personnage qu'il ne connaissait pas, elle lui fait sa plus belle mise en scène de l'ingénue étonnée.

Et celle-là, contrairement à beaucoup d'autres qui étaient dues à Lydia, elle l'avait mise au point toute seule.

– Évidemment des affaires à traiter, répondit-elle en battant des sourcils. C'est toi-même qui en est responsable dans la mesure où, à cause de toi, j'ai mes deux pour cents dans le capital de la Compagnie d'oncle Gardiner. Il faut que je veille à suivre l'évolution de mes intérêts...

d'Arcy lui jeta un regard encore plus méfiant.

Jane se força à rester impassible mais intérieurement, elle pestait.

Il commençait à un peu trop bien la connaître et certains des trucs qui avaient toujours fonctionné avec son père ne marchaient déjà plus avec autant d'efficacité pour son mari que quelques jours encore auparavant.

Manifestement, épouser un homme très intelligent présentait quelques inconvénients mineurs...

Elle poussa un soupir plus fort encore et se permit un sourire contrit.

– D'accord, avoua-t-elle en baissant les yeux, j'ai aussi d'autres affaires qui réclament ma présence en ville au moins une fois par jour.

Il attendit sans broncher.

Il savait que, pour le moment, il avait l'avantage. Et il n'entendait donc pas l'abandonner trop rapidement. Il faudrait à sa chère épouse un peu plus d'arguments pour le convaincre qu'un simple battement de cils étonné.

Même si elle faisait ça avec un réel talent et qu'il adorait...

– Je me suis engagée auprès de la Ligue des Femmes Anglaises...

Il émit un grognement dubitatif.

Il savait ce que "s'engager" voulait dire pour son épouse. Le plus souvent cela voulait tout simplement dire qu'elle s'en occupait pratiquement toute seule pour porter le projet à bout de bras.

Et en l'espèce, il n'avait pas tout à fait tort.

Jane avait plus ou moins créé ladite Ligue, mais, pour une fois, elle n'avait pas été toute seule mais avait pu compter sur l'aide dynamique d'une vieille duchesse veuve depuis des années et qu'elle avait rencontrée quelques temps après son arrivée à Londres.

Pour être plus précis, la duchesse était venue la voir et avait demandé une audience en arguant du fait qu'elle était redevable à Lydia...

Jane qui l'aurait reçue même en l'absence de toute allusion à Lydia, avait été surprise de finalement rencontrer la fameuse duchesse Waintree of Ruthland dont Lydia avait tant parlé depuis son séjour dans les geôles de d'Arcy à Brighton...

La sympathie entre la vieille aristocrate et Jane avait été immédiate et elles s'étaient très vite découvertes des passions communes.

Dont une réelle envie de faire changer les choses pour les femmes en Angleterre.

Et c'était exactement pour cette raison que la duchesse était venue voir Jane.


– Vous comprenez ma chère, c'est le moment ou jamais... Avec la plupart de nos aristocrates les plus bornés en fuite ou en partance pour la Louisiane nous avons une carte à jouer. Et cette carte, ma chère, c'est vous...

Jane qui n'était pas idiote, avait toujours su que certains tenteraient de profiter de sa position pour obtenir des avantages. Elle fut donc assez surprise de cet aveu brusque et spontané. Elle aurait parié sur une approche plus diplomatique...

La duchesse ricana devant son air étonné.

– A mon âge on n'a plus de temps à perdre, ma chère. J'ai soixante huit ans et si je suis toujours en état c'est parce que je ne laisse pas une de ces créatures diaboliques qui se font passer pour des guérisseurs m'approcher à moins de dix pas... Ce sont tous des charlatans et rien n'a jamais été aussi efficace qu'une de mes concoctions d'herbes diverses...

Elle balaya ce train de pensées d'un geste de la main.

– Mais je divague! Revenons à mon petit projet. Que diriez vous de m'aider?

Jane lui jeta un regard étonné.

Certes elle était l'épouse du Proconsul mais le fait d'être l'épouse d'un dirigeant ne garantissait rien par rapport à son ouverture d'esprit.

– Vous vous demandez pourquoi je m'imagine que vous pourriez être celle qui voudra m'aider vraiment ? Mais parce que je crois qu'une jeune personne de bonne famille qui a bravé les interdits sociaux et familiaux pour suivre une sage femme et apprendre ses techniques est la bonne personne pour ce projet...

Jane se renfrogna et la duchesse s'excusa du regard.

– N'en veuillez pas trop à cette chère Lydia mais nous n'avions rien à faire d'autre que parler et vous faites partie des rares choses –hormis les officiers et autres jeunes hommes héroïques qui enfièvrent son imagination– que votre sœur admire suffisamment pour avoir envie d'en parler. Et une fois qu'elle avait laissé entendre un certain nombre de choses, je n'ai eu de cesse que d'en apprendre plus. Et ça a été un vrai plaisir que d'apprendre tous les détails qu'elle a bien voulu me révéler.

Elle gratifia Jane d'un sourire triomphant.

– Parce que je préfère vous prévenir, il n'y a personne qui résiste à mes subtiles méthodes d'interrogation.

Elle regarda Jane avec un regard aussi maternel que celui de Madame Bennet mais aussi avec cette lueur intéressée que Jane avait tant de fois vu dans le regard de sa mère lorsque passait à proximité un parti intéressant.

– Vous n'imaginez pas quelle a été ma satisfaction lorsque j'ai appris que le beau d'Arcy avait décidé de vous prendre pour femme.

Jane lui avait jeté un regard désapprobateur.

– Vous avez tout de suite envisagée de vous servir de moi ?

La duchesse ne fit pas mine de nier.

– Évidemment! Parce qu'il faut que nous agissions vite. Le temps nous est compté. Je suis presque sûre que Napoléon ne nous laissera pas profiter pendant très longtemps de la présence de votre mari. Il va, je n'en doute pas une seconde, nommer l'un ou l'autre de ses amis au poste de Gouverneur de l'Angleterre. Et, à ce moment-là, il sera trop tard.

Jane qui avait passé de longues soirées à discuter de la situation future de l'Angleterre ne put que secouer la tête.

– Il n'y aura pas de Gouverneur. Le pays va être divisé en départements et chaque département sera doté d'un préfet nommé par le Consulat. Geoffroy est en train de faire le découpage.

La duchesse qui n'était pas indifférente au sort de son pays la regarda d'un air curieux comme si elle en attendait plus.

Jane soupira lorsqu'elle se rendit compte que son interlocutrice faisait partie de cette race de femmes qui ne s'en laissaient pas compter. Elle savait qu'elle allait attendre en la dévisageant jusqu'à ce qu'elle craque. Soit en parlant, soit en la mettant à la porte. Et comme Jane respectait à la fois le grand âge de la duchesse et sa position sociale, elle se laissa aller à parler.

Après tout, ce serait connu officiellement dans quelques jours.

– La plupart des Comtés resteront et seront simplement transformés en départements sans subir de transformation. Seuls les grands Comtés, comme le Yorkshire, seront dépecés pour encadrer plusieurs départements...

La duchesse enregistra la nouvelle sans faire de commentaires.

Un petit sourire apparut sur ses lèvres juste avant qu'elle ne retrouve tout son sérieux.

– Rutland ?

– Intégré dans le Département de Brant & Glen, répondit Jane. Trop petit pour un département à lui tout seul...

La duchesse se contenta de hausser des épaules. Ce ne serait bientôt plus son problème. A ses héritiers de se débrouiller avec la nouvelle situation.

– Merci de ces renseignements, ils me seront utiles pour me préparer aux changements futurs. Si nous en revenions à notre projet?

– Notre ?

La duchesse lui fit son plus beau sourire.

– Notre ! Je suis sûre que vous ne résisterez pas à la tentation de travailler pour les droits de nos sœurs opprimés par tous ces mâles tous plus idiots les uns que les autres.

Jane secoua la tête.

– Quoi que nous fassions, ce sont toujours des mâles qui sont aux commandes et en ce qui concerne mon mari, je vous garantie qu'il ne rentre pas dans la catégorie des mâles idiots!

La duchesse hocha du chef avec véhémence.

– Je suis d'accord avec vous, ne serait-ce que parce qu'il a eu l'intelligence de vous prendre pour femme, acquiesça-t-elle. Mais il a maintenant une faiblesse que nous allons pouvoir utiliser.

– Je ne...

La duchesse l'arrêta d'un simple geste de l'index.

– Nous ne ferons rien sans son accord, je vous rassure. Il faut qu'il soit d'accord et qu'il nous soutienne. C'est à ce prix que nous réussirons. Avec lui, pas contre lui...

La duchesse se pencha en avant et baissa le ton.

– Nous avons d'excellents arguments, madame d'Arcy. Il nous faut juste les lui faire passer. Et c'est en ça et uniquement en ça que vous pourrez être utile à la cause face à votre mari...

– A la cause ?

La duchesse fit une grimace plus ou moins souriante.

– Je ne vois pas comment appeler notre combat autrement, madame d'Arcy. L'Angleterre sortira différente de ce qui vient de se passer. Il ne tient qu'à nous que cette Angleterre différente soit aussi plus favorable à notre sexe...


Elle aurait du se douter qu'il ne craquerait pas.

Dans le genre patient, elle n'avait jamais rencontré quelqu'un de pire que lui.

Il était littéralement capable d'user la patience des gens avec qui il discutait. Et elle avait de la chance, le regard qu'il jetait dans sa direction était, pour elle, bienveillant et amusé. Elle avait vu le regard qu'il était capable de lancer à quelqu'un qu'il n'appréciait pas... Elle en frémissait rien que d'y penser.

Elle décida de lui accorder cette victoire-là.

– C'est un projet que nous avons monté en commun la duchesse de Rutland et moi...

Il se contenta de pencher la tête et d'accentuer son sourire qui prit une touche qu'elle arrivait maintenant à décoder comme impliquant une question.

– C'est la duchesse avec laquelle Lydia a lié des liens d'amitié alors qu'elles étaient dans tes geôles de Brighton...

Elle vit à ses yeux qu'il acceptait les conditions de sa reddition.

Il daigna entrer dans la conversation. Mais, bien évidemment, seulement sur un thème secondaire n'ayant que de très loin un rapport avec sa demande.

Il attendrait le jour et la nuit mais il lui laisserait l'honneur d'aborder elle-même les choses importantes.

– Elle n'étaient peut-être pas hébergées selon les standards auxquels elles étaient habituées mais je récuse le terme de geôles avec la plus extrême véhémence.

– C'est beaucoup plus romantique comme ça, répondit-elle en acceptant de glisser sur ce thème-là. De cette façon, elles ont toutes l'impression d'avoir été des princesses prisonnières d'un redoutable magicien...

Il sourit lorsqu'elle fit allusion au redoutable "magicien". Il savait que ce n'était pas le mot qu'elles utilisaient entre elles. Mais l'autre ne lui déplaisait pas non plus...

Elle soupira une fois de plus.

– La ligue des femmes anglaises lutte pour que les femmes aient les mêmes droits que les hommes... finit-elle par dire en allant le plus vite possible.

Juste pour que ce soit sorti...

Et qu'il ne puisse pas l'interrompre.

Il se contenta de hocher de la tête.

– C'est effectivement ce qu'on m'a dit. J'ai même parcouru les statuts de votre ligue en y trouvant des choses amusantes et intéressantes...

Il fit une grimace.

– Choquantes aussi. Notamment celle relative à la succession matrilinéaire du nom... J'ai bien peur que même un odieux et dangereux progressiste comme moi ne trouve là un argument pour perdre son sang-froid...

Elle fronça les sourcils. Comment avait-il pu parcourir des statuts dont il n'existait qu'un exemplaire qui ne sortait jamais du bureau fermé à clef du quartier général de la Ligue ?

Comment a-t-il su que moi et Lizzie nous nous étions juré de nous marier le même jour ?

Le terme magicien n'était peut-être pas un aussi ridicule substitut.

– Tu savais ?

Il lui sourit.

– C'est mon vice que de tout vouloir savoir, mon amour. Et lorsque ça te concerne, je suis même doublement attentif. Notamment par rapport aux gens qui cherchent à t'utiliser à leur profit. Et je me suis donc renseigné sur la duchesse. Et j'ai appris que c'est son combat depuis le jour où elle est devenue veuve. Un combat qui lui a valu l'inimitié du Roi et de son fils. Ce qui me la rend tout de suite beaucoup plus sympathique. Sauf sur un point...

Elle laissa son silence durer. Il avait commencé à en parler et donc il finirait par lui dire ce qu'elle devait entendre. Même lui n'était pas capable de résister à l'envie de la sermonner.

Le silence dura et, finalement, d'un sourire, il lui accorda cette manche.

– Si je la laisse faire, tu vas cristalliser sur toi toute l'inimitié de tous les mâles britanniques et je trouve que tu as assez d'ennemis comme ça, juste parce que tu es ma femme... Avec cette ligue tu vas avoir des ennemis qui t'en voudront personnellement. D'un point de vue égoïste, je préfèrerai que tu te contentes des ennemis que je procure à la famille...

Jane prit une longue inspiration. Il avait raison mais cela ne voulait nullement dire qu'elle devait se contenter d'approuver son raisonnement...

– Comme tu l'a si bien fait remarquer j'ai déjà des ennemis juste dûs au fait que j'ai accepté de t'épouser. Mais si d'un point de vue personnel être ta femme me procure beaucoup de satisfactions et un grand plaisir, il n'en demeure pas moins que j'ai des projets personnels que j'aimerai réussir à mettre sur pied. Et me battre pour l'égalité des droits des femmes est une cause qui me tient à cœur. J'y aurai renoncé pour garantir les intérêts de ma famille mais depuis le mariage mes sœurs sont à l'abri du pire. Elles pourront vivre une vie qui leur convient, comme moi...

Elle le regarda droit dans les yeux.

– Et si je ne fais rien alors que je suis avec toi, toi qui te bats pour que les esclaves libérés par la révolution ne soient pas, à nouveau, réduits en esclavage, quand aurais-je une meilleure occasion pour faire quelque chose ? Il y a deux mois j'étais encore prête à épouser –qu'il me plaise ou non– le premier homme suffisamment riche pour aider la famille. Et ça, tout simplement parce que dans le droit anglais les femmes sont à peine mieux considérées que des esclaves. J'ai failli vivre une vie sans amour et sans joie juste parce que les hommes considèrent les femmes comme des enfants à peine capables de penser... J'étais même privée du droit d'hériter Longbourn, juste parce que je suis une femme. Ma famille aurait perdu son domaine au profit d'un vague cousin à cause de lois qui permettent aux hommes de décréter qu'une fille légitime vaut moins qu'un cousin, même lointain. Il est temps que...

Il leva les deux mains et fit signe qu'il se rendait!

– J'ai compris, signala-t-il. Il est inutile de me faire profiter de tout le discours!

Il se passa les mains dans les cheveux. Il adorait passer les mains dans les cheveux. Les siens et encore plus ceux de sa femme. Ça le calmait. Ça lui donnait des idées aussi, surtout lorsque c'était les cheveux de sa femme.

– Si je te laisse faire, ça implique quoi ?

Elle prit bien soin de ne pas laisser sa satisfaction prendre le pas sur les impératifs d'une nécessaire clarté de son discours. Elle avait appris qu'il aimait pouvoir prévoir le maximum de choses. Et là, sa question tournait exactement autour de ça : que devrait-il prévoir pour limiter les risques qu'elle aurait à courir.

– Nous prévoyons des rencontres et des discussions... commença-t-elle. Pas plus d'une fois par semaine et il faudra aussi...

Il récupéra une feuille de papier et se mit à prendre des notes.


Chapitre second : Bonnes nouvelles à Pemberley