Les gouttes frappent le carreau comme un écho à ses larmes qui tombent sur le planché, témoignage silencieux d'une douleur inhumaine.
Dehors, les éclairs fusent et le tonnerre gronde, comme un reflet de son chagrin et de sa colère.
Chagrin de l'avoir perdu pour toujours, de l'avoir laissé partir, de ne lui avoir adressé qu'un sourire en dernier adieu.
Colère contre lui, de ne plus être là, contre elle, de pleurer car elle sait qu'il voudrait qu'elle rit, contre les mangemorts, de le lui avoir pris, contre le monde entier, pour avoir permis cela.
Et la terrible, suffocante douleur, étaux maléfique qui se resserre lentement sur son cœur, l'entraînant inexorablement vers une folie sans retour. Douleur brûlante et infinie qui surpasse en intensité tout les joyeux souvenirs qu'elle garde de lui.
Tournoyant dans son esprit, torture cruelle et incessante, il revient encore et toujours, petit garçon rieur couvert de terre, adolescent charmeur aux cheveux noirs de jais couché dans la neige immaculée, jeune homme effronté à la posture confiante, adulte blagueur à l'âme d'enfant. Son meilleur ami, son frère, son jumeau. La seule chose qui ne lui avait jamais semblé acquise, trop inattendue, miraculeuse, pour durer.
Duo improbable et pourtant évident, lui et elle, le blagueur au sourire ravageur et la passionnée des livres au regard timide. Et pourtant, ensemble, ils avaient changé.
Lui s'était assagi, elle avait appris à vivre avec les autres. Jumeaux de cœurs, inséparables, ils avaient ris jusqu'aux larmes, piétiné les règlements, appris à écouter, à aimer. Ensemble, ils avaient vécu.
Et aujourd'hui il n'est plus là. Ses rires ne se répercuteront jamais plus entre ces murs, ses sourires ne brilleront plus dans l'obscurité de leur quotidien, son pas allègre ne résonnera plus dans l'escalier, il ne pousseras jamais plus cette porte pour lui tendre la main et la traîner dehors.
Et elle ne pourras jamais lui dire combien elle l'aimait, combien il comptait pour elle, combien elle le remerciait. Merci d'avoir été là. Merci de m'avoir trouvé.
Et comme elle cesse de pleurer et que ses yeux s'assèchent sur une souffrance sans nom au-delà des sanglots, comme ses lèvres se retroussent en un dernier simulacre de sourire, vague réminiscence de ce sourire qu'elle n'avait que grâce à lui, ce sourire farceur et un peu maraudeur, mélange de joie sincère et de farces et attrapes, comme la lueur dans ses yeux qu'elle ne réservait qu'à lui s'éteint, elle croit entendre, comme venant de très loin, du lieu inaccessible où il l'attend peut-être, entouré de sa famille et de ceux qu'ils ont aimé tout deux, un murmure et un rire, portés par le vent, fantômes d'un passé insouciant et heureux, d'un passé à deux.
Et ils semblent lui dire, traversant les brumes de douleur qui entouraient son cœur, je suis là petite sœur, je ne te quitte pas …
Car ceux que l'on aime ne nous quittent jamais vraiment …
