Pour le plaisir de partager nos expériences et nos points de vue sur la relation entre Dean et Castiel...
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"Je te promets"
Assis sur son lit, Dean regardait fébrilement le réveil posé près de son chevet.
10H15.
Samuel venait de partir pour la bibliothèque municipale, clefs de l'impala en poche. Chercher les infos qui seraient nécessaires à leur couverture.
Ok.
Avec un peu de chance, son frère voudrait pousser plus loin ses investigations et irait probablement au dinner du coin leur rapporter de quoi souper. Ce qui se résumerait à un bon hamburger bien gras avec des frites et une bière pour lui et de la sempiternelle bouffe végétarienne pour son frangin ! Beurk !
Il avait donc grosso modo deux heures à tout casser.
Grommelant, il se leva et s'installa au bureau de fortune de la chambre miteuse où ils séjournaient.
Maintenant, il n'y avait plus qu'à rédiger ce foutu bout de papier.
Attrapant une feuille du bloc note mis à disposition par le motel et un crayon (bic), il traça les premières lignes.
Au bout d'une heure, les mains tâchées d'encre, un amas de brouillon s'élevait près de lui. Finalement c'était plus ardu qu'il ne le pensait.
Il s'étira quelques instants et se massa les tempes. Signe de sa fatigue.
Poussant un énième soupir de dépit devant sa page blanche, il se rappela comment il en était arrivé là.
XXX
Trois jours plus tôt.
Lui et Sam, enfin surtout lui, avaient décidé de se plonger dans les affres d'une soirée animée pour fêter, une fois n'est pas coutume, leur victoire supplémentaire contre les démons de Crowley.
Pour l'occasion, Castiel s'était joint à eux. Plus pour faire plaisir à son protégé que par volonté propre. Et puis Dean avait su où appuyer pour le motiver.
Le mot magique : La Team Free Will.
D'un sourire, il avait accepté.
Bien entendu, il n'avait pas bu une seule goutte d'alcool. Il s'était contenté de les écouter, de les observer rire et fredonner les chansons du juke-box parfois, danser aussi.
Vers une heure du matin, Sam avait quitté le bar éméché et épuisé. Il leur avait dit de poursuivre leur soirée. Il saurait bien rentrer par lui-même. Une demie heure plus tard, Castiel lui avait confirmé que son frère était arrivé à bon port et dormait à poings fermés.
A deux heures du matin, Dean était ivre. Sa vision se troublait. Il avait des idées bizarres qui lui trottaient dans la tête. Des images aussi. De celles qui font rougir. De celles qui vous donnent envie de passer à l'acte.
Et là, il avait commis l'irréparable.
D'un geste brusque, il avait attrapé la cravate du costume de son ami et l'avait tiré vers lui. Sans ménagement, il avait posé ses lèvres contre les siennes et avait tenté de forcer le passage.
Tout ange qu'il fut, Castiel n'eut pas le temps de s'esquiver et subit de plein fouet le désir de Dean. Sa grâce vibrait. De douleur. De colère. Ou d'autre chose. Il ne saurait dire.
Afin de ne pas blesser Dean, il s'était brutalement écarté. Et en l'espace d'une micro seconde, il avait déserté le bar laissant un Dean ahuri et perplexe derrière lui.
Ce dernier, bien qu'à moitié conscient, la main encore en l'air devant lui, réalisa soudain son absence et son impair. Il ne venait quand même pas d'embrasser Castiel ? Son ange ? Si ?
Il dégrisa aussi sec. Il devait absolument le rattraper et s'excuser. Et lui expliquer aussi.
Réglant rapidement leurs consommations, il sortit et partit à la recherche de l'ange. Mais Castiel s'était littéralement volatilisé.
Il l'appela sur tous les tons.
Sur tous les modes.
Mais rien.
Seul le silence lui répondit.
Il avait mis une heure pour rentrer sans tituber.
Une fois à destination, il avait fini par s'allonger à moitié habillé et s'était assoupi en prononçant un dernier "Cas".
Le lendemain et les jours suivants, Castiel ne s'était pas montré.
Lorsque Sam avait demandé comment s'était terminée la soirée, Dean était resté évasif. La seule chose qu'il avait bien voulu dire était que l'ange serait probablement retenu pour régler des différends au Paradis et qu'ils devraient se passer de sa présence quelque temps. Sam avait mordu à l'hameçon. Une chose de régler.
Mais intérieurement, Dean bouillait de colère. Envers lui. Cette situation ne pouvait plus durer. Il ne pourrait pas justifier éternellement de son absence. Il devait percer l'abcès et pour cela il allait devoir donner de sa personne, se mettre à nu.
Il avait bien perçu la présence de Castiel une nuit alors qu'il venait de revivre une des strates des Enfers. Preuve que l'ange continuait malgré tout de le protéger mais hors de sa vue.
Il n'avait donc plus qu'un recours.
Ecrire.
Coucher sur le papier tous leurs non-dits.
Puisque ni l'un ni l'autre ne semblaient être à même de communiquer efficacement, autant laisser les mots le faire pour eux.
XXX
Comme il l'avait prévu, Samuel rentra satisfait de ses recherches, les bras chargés de victuailles, et prévint Dean qu'ils pourraient commencer leurs repérages dès ce soir.
Dean se contenta de hocher la tête et prépara leurs affaires.
21H00.
Alors qu'il fermait la porte de leur chambre à clefs, Dean avisa la lettre cachetée qu'il avait maladroitement disposée sur son chevet.
Bien en vue.
Parfait.
Il n'avait plus qu'à attendre et croiser les doigts pour que Cas l'intercepte et daigne la lire.
XXX
La porte à peine refermée, et malgré l'obscurité ambiante, Castiel apparut au centre de la pièce.
Son regard se porta aussitôt sur le chevet de Dean.
Cette lettre où était inscrit en caractères déliés son nom d'ange.
"Castiel ".
Il s'approcha et l'observa sans chercher à la prendre.
Devait-il l'ouvrir et la lire ? S'il le faisait, quelles seraient les conséquences ?
Il avait bien vu à quel point Dean était mal en point depuis la soirée. Il avait entendu chaque appel de plus en plus désespéré.
Mais il avait choisi de rester à l'écart pour faire le point. Sur leur relation. Sur leurs sentiments respectifs.
Mi-ange, mi-homme, il était perdu.
Son âme était liée à celle de Dean. Liée à la vie, à la mort. Depuis les Enfers. Pourrait-il y avoir autre chose ?
Sa curiosité prit le pas sur sa réserve.
Après tout que risquait-il à part une nouvelle déception de sa part ? Il était de notoriété publique que Dean n'aimait que les femmes.
Se saisissant de l'enveloppe, il la déchira sur le côté et déplia le feuillet qu'elle contenait.
XXX
" Castiel.
J'ai du écrire cette lettre des milliers de fois dans ma tête.
Et maintenant que je dois coucher mes sentiments, mes pensées, je me rends compte que je ne sais pas par quoi commencer.
Je suis perdu. Perdu depuis tant d'années dans le déni des sentiments.
Parce que j'ai appris dès mon plus jeune que l'amour pouvait nous être retiré de la plus brutale et horrible des manières.
Mettre des mots sur mon comportement est difficile.
Je ne suis pas bavard pour deux sous. Tu ne l'es pas davantage.
Je cache mes sentiments comme mes faiblesses sous des traits d'humour caustique. Dont tu fais souvent les frais.
Et pourtant.
Je prie pour que ton regard azur et translucide lise au travers de mon âme.
Rien qu'une unique fois, j'aimerai que tes yeux si bleus me sondent, découvrent mon secret.
Le seul secret que j'ai encore.
Il a fallu un moment d'égarement pour que je comprenne que ce baiser échangé n'était pas qu'une simple envie d'ivresse.
Tu es l'être auquel j'accorde le plus d'importance.
Je ne me suis jamais lié à quiconque. Cependant ta présence m'est vitale. Sans toi à mes côtés, il me manque une part de moi.
Alors si jamais tu tiens un tant soit peu à moi, Cas, restes !
Je te promets de t'aimer. Eternellement.
Dean"
Au fur et à mesure que les mots se déversaient en lui, Castiel s'était assis sur le lit. Sonné. Surpris.
Profondément plongé dans ses lectures, il avait fini par en perdre le compte, il n'avait pas entendu la porte de la chambre s'ouvrir et se refermer sur une ombre.
Ombre qui était revenue sur ses pas.
Une ombre qui s'appelait Dean Winchester.
Ce dernier avait observé dans un silence religieux Castiel déchiffrer puis dévorer sa lettre malgré le peu de lumière.
Soulagé qu'il ne se soit pas encore dématérialisé.
Il n'avait plus qu'à faire le dernier pas.
Soit l'ange resterait. Soit il le quitterait. Mais le choix lui appartenait. Définitivement.
Sans un bruit, il s'avança vers Castiel. Contournant le lit, il s'accroupit face à lui.
Alors qu'il tendait la main vers l'interrupteur, il fut stoppé dans son élan.
Castiel venait de lui saisir la main et la portait vers son visage. Vers ses lèvres. Il sentit plus qu'il ne vit le souffle chaud et doux de l'ange sur sa paume.
Le pardon angélique. Un baiser chaste comme lui seul pouvait le faire.
Figé dans sa posture, Dean fut surpris lorsque contre toute attente, Castiel dirigea sa main vers sa poitrine et la mit sur son cœur.
Sous ses doigts, Dean sentait les battements précipités de l'ange. Il devinait les doutes et les peurs de Castiel.
Il décida de le délivrer. De les délivrer de ce fardeau.
- "Cas. Ce que je t'ai écrit. Je le pense, tu sais. Je t'…
- Ne dis rien, Dean. Je l'ai toujours su. Et il en est de même pour moi. Au-delà de notre lien."
Il n'en fallut pas plus à Dean.
Son ange. Son Cas l'aimait.
Les protections édifiées depuis des décennies se brisèrent sous le poids du désir et de la fièvre qui le saisissait.
Il voulait tout connaître, tout sentir, tout goûter de cet homme. De son compagnon. Oui. C'était bien le mot. Compagnon.
Leurs mains se nouèrent.
Se redressant, Dean rapprocha leurs corps l'un de l'autre. Le contact les électrisa. La fièvre envahissant chaque pore de leur peau.
Il fondit sur les lèvres angéliques. Mais à la différence de leur première fois, Castiel répondit à l'étreinte. Leurs souffles se mêlèrent. Leurs langues s'apprivoisèrent et dansèrent au rythme de leurs échanges.
En quelques secondes, il oublia que le corps qui s'ouvrait sous ses baisers et ses caresses n'étaient pas féminin.
Seul comptait Cas. L'ange.
L'amour n'avait pas de sexe.
XXX
Au petit matin, les deux amants furent réveillés par un hurlement suivi d'un claquement de porte.
Samuel trop fatigué par sa nuit de veille n'avait pas pris garde aux deux corps enroulés dans le lit voisin lorsqu'il avait finalement regagné son lit de fortune.
Levé de bonne heure, il avait pris sa douche et s'habillait tranquille quand il avait aperçu le trench-coat de l'ange au sol. Intrigué, il avait suivi d'autres objets n'appartenant pas aux Winchester jusqu'à tomber sur un Dean et Castiel profondément endormis dans les bras l'un de l'autre et dans une tenue plus que suggestive.
Abasourdi et horrifié par cette vision, Samuel était sorti en toute hâte de la chambre. Jurant qu'à l'avenir, lui et son frère prendraient des chambres séparées.
Bien loin de toutes ces considérations, Dean et Castiel s'embrassaient langoureusement.
Seuls au monde.
FIN
J'espère que vous aurez pris autant plaisir à le lire que moi à l'écrire.
Demain je publierai une version quelque peu différente de ce défi... J'espère que vous serez au rendez-vous.
Biz
Marianclea
