Bonjour à toutes et à tous, ça fait un moment que je n'ai rien publié mais j'étais très occupée. J'espère que cette histoire vous plaira, et je remercie par avance tout ceux qui prendront le temps de me laisser un commentaire.
Bonne lecture!
On ne change pas, Voight en était intimement convaincu. Il était flic depuis près de trente ans et il avait des preuves de ce qu'il affirmait. Personne ne change, on change de comportement, on change de mode de vie, mais intrinsèquement on reste le même. Les voleurs restent des voleurs, les tueurs restent des tueurs, les honnêtes restent honnêtes. Jusqu'à maintenant rien dans la vie ne lui avait fait penser le contraire. Il avait sauvé une gamine de quinze ans de la drogue. Il l'avait emmené chez lui, pour lui donner un foyer, et quelques années après elle a fini par replonger, puis par quitter Chicago, et maintenant il n'avait presque plus de nouvelle. Une toxico reste une toxico. Et pourtant des personnes continuent à croire que l'on peut changer, la preuve toutes ces associations qui apparaissaient pour aider les anciens criminels à trouver un travail, à reconstruire leur vie. Mais lui, lui il n'était pas dupe, enfin jusqu'à ce que ce gamin le fasse changer d'avis. Bon sang, il voulait le détester, mais il ne pouvait pas. De toutes les personnes qui auraient pu le faire changer d'avis il a fallu que ça tombe sur ce gosse. Il devait avouer, il ne l'appréciait pas beaucoup au début. C'était le seul de ses hommes qui remettait en doute ses ordres ou ses opinions, le seul qui intervenait quand il commençait à frapper un peu trop un suspect. Il devait avouer qu'il admirait son sang-froid, mais ça le mettait vraiment en rogne parfois, sa philosophe était pourtant simple : « on brise les règles, pas la loi ». Mais non, ça ne plaisait pas au gamin, alors forcément il y avait eu des échanges tendus entre les deux, c'est le moins qu'on puisse dire. Cela dit, il ne l'avouerait jamais à haute voix, mais il l'admirait, le gamin avait vécu l'enfer dans l'armée, et il en était ressorti plus fort, c'était l'un des meilleurs flics qu'il avait rencontrés, le genre de flic qu'il aurait voulu être. Voilà, c'est lui, qui lui avait fait croire que oui, les hommes peuvent changer, et non il n'a pas fait seulement en quelques mots, il a donné une preuve à son Sergent que c'était possible, et pour ce faire il n'a pas pris la route la plus simple.
Enfin, prendre ne serait peut-être pas le mot à employer. On l'a forcé sur cette route. Jay avait été diagnostiqué il y a maintenant six mois. Cancer de l'estomac. L'annonce avait été un choc, pour tout le monde, y compris pour lui, surtout pour lui. Il ne se sentait pas bien depuis quelques jours, mais rien de plus, rien de bien grave. Et puis, le médecin avait donné la réponse à ses maux, et il ne s'y attendait pas. Toute l'équipe et son frère s'en voudront toujours de l'avoir laissé y aller seul, mais ils ne pouvaient pas savoir, ils ne pouvaient pas imaginer, le pire qu'ils avaient imaginé était une crise d'appendicite, et il se moquait déjà de Jay qui refuserait de rester à l'hôpital. Qu'est-ce qu'ils avaient pu être stupides !
Le pire du pire fut de savoir qu'il n'y avait rien à faire, Jay en avait pour six mois maximum, mais aucun traitement ne pourra le sauver.
Will n'y avait pas cru, alors il avait commencé à lire toutes les revues médicales qu'il connaissait pour trouver une solution, il était médecin il ne pouvait pas rester sans rien faire, et laisser son petit frère mourir, pas sitôt, pas maintenant qu'ils c'étaient enfin retrouvés. Il avait fait ça pendant deux mois, avant que finalement Nathalie réussisse à lui faire prendre conscience du fait que c'était du temps avec son frère qu'il perdait, un temps précieux qu'il ne pourrait jamais rattraper. Alors l'ainé des frères avait tout arrêté, demandé un long congé, et profiter au maximum de son frère.
Pour ses coéquipiers, le plus difficile fut de ne rien pouvoir faire. Ils n'avaient aucune connaissance médicale, et ne pouvaient même pas faire comme Will, en cherchant un moyen de le sauver. Quelque part, s'il avait été victime d'un crime ça aurait été plus simple. S'ils avaient pu condamner le responsable de l'état de santé de leur ami ça les aurait soulagés. Mais ils ne pouvaient pas, cet ennemi était invisible.
Voight avait demandé un congé pour toutes l'équipe. Ça avait surpris tout le monde, mais aucun commentaire n'avait été fait, au contraire ils étaient tous satisfait de cette décision, tout en se disant que de toute façon il y avait peu de chance que la tour d'Ivoire accepte, mais le Sergent était prêt à se battre, son équipe ne pouvait pas travailler, pas sans leur meilleur élément. Mais il n'eut pas besoin de mettre en avant le moindre argument, leurs supérieur avaient validé sa requête. L'équipe voulait être là pour leur ami, sans savoir trop quoi faire, enfin jusqu'à ce qu'il découvre qu'il avait une liste de chose à faire avant de mourir. Jay l'avait avoué à Antonio quand il le ramena chez lui juste après qu'il leur ait annoncé la nouvelle. Ils s'étaient donc tous donné comme mission de la réaliser jusqu'au bout.
Ils avaient tout fait, manger les meilleures pizzas de Chicago, voir un match de hockey en place VIP (ça sert d'avoir des amis hauts placés), le voyage dans le Wisconsin, la visite du cimetière d'Arlington pour rendre hommage à ses amis morts au combat, la route 66 en Harley, le grand canyon, monument Valley, un petit tour à Las Vegas, en Californie aussi. Et durant ce long périple ils avaient ris, partagé, sans jamais parler de la raison pour laquelle ils étaient là. Jay s'était encore davantage rapproché de son frère et de tous les membres de l'équipe. Et finalement, après presque six mois, ils étaient tous revenu à Chicago. Et c'est au même moment que l'état de Jay c'était dégradé au point de devoir le faire hospitaliser. La douleur devenait insupportable, et il avait des pics de fièvres assez violents. Tout le monde était désespéré de pouvoir faire quelque chose pour l'aider, il se relayait chacun leur tour à son chevet, pour le surveiller, partager des derniers instants seul avec leur ami. Des moments où Jay leur donnait des dernières recommandations, pour après son départ, pour être sûr que ses amis, et son frère ne s'arrêtent pas de vivre pour lui.
Ce jour-là c'est Hank qui était avec lui, il était presque minuit, et Jay se tordait de douleur dans son lit, Will lui proposait continuellement de prendre des antidouleurs mais il refusait, il voulait rester lucide, jusqu'à la fin. Alors la seule chose que pouvait faire le Sergent c'était lui serrer la main et attendre que ça passe. Finalement après quelques secondes interminables l'inspecteur se détendit, et Voight soupira de soulagement.
-Emmenez-moi ailleurs. Chuchota Jay.
Hank le regarda, pas sur de ce qu'il voulait dire, il semblait demander plus que sa ballade habituelle dans le parc de l'hôpital.
-Je ne veux pas mourir à l'hôpital. Poursuivit-il. Il revoyait continuellement les images de sa mère morte dans son lit d'hôpital, il ne voulait pas de ça.
-Je ne sais pas Jay.
-S'il vous plait.
Le regard du gamin le força à accepter, et après tout si c'est ce qu'il voulait qui il était pour lui refuser.
-D'accord.
Il prit le fauteuil roulant qui était habituellement à côté du lit, pour pouvoir l'emmener dans le parc, et aida Jay à s'y installer, il l'aida à enfiler son blouson, malgré l'été chaud qui régnait dans la ville, le gosse semblait avoir tout le temps froid. Et il le poussa dehors jusqu'à sa voiture, aucune infirmière ne l'arrêta, elles étaient habituées à les voir sortir Jay pour qu'il prenne un peu l'air. Il l'aida à monter dans la voiture et l'emmena, au bord du lac. Son détective avait toujours été fasciné par l'eau, sans que personne ne puisse l'expliquer, mais il savait que ça lui ferait du bien. Il l'accompagna au bord du lac, et s'installa à côté de lui sur un banc. Un silence paisible régnait, et Hank ne put s'empêcher de penser que si le temps s'arrêtait maintenant ça ne le gênerait pas.
-Sergent ?
Voight tourna sa tête vers Jay.
-Prenez soin de l'équipe quand je ne serais plus là.
Il hocha la tête en réponse, incapable de parler.
-Vous devez rester ensemble, alors finit les magouilles, finit les suspects battus pour avoir des réponses.
Il le regarda avec surprise, tout en sachant qu'il avait raison, la seule chose qui leur permettra de tenir une fois qu'il sera mort c'est de rester ensemble. Et s'il continuait à ne pas respecter les règles, l'équipe risquait d'être dissolue.
-Promettez.
Il ne put s'empêcher de penser que son subordonné ressemblait à un gamin en demandant ça, mais il hocha la tête. Et ce n'était pas une promesse en l'air, le genre qu'on fait à quelqu'un qui va mourir, il l'a tiendrait, à partir de maintenant sa philosophie sera « on ne brise ni les règles, ni la loi », il s'y tiendrait pour le gosse.
-Prenez soin de mon frère aussi, ne le laissez pas se renfermer sur lui-même. Et s'il vous plait faites quelque chose pour lui et Nathalie, ils sont faits pour être ensemble, si seulement ils n'étaient pas aussi aveugles.
Il ne put s'empêcher de rire doucement en entendant ça. Il ne pouvait rien promettre, il n'était certainement pas le plus compétemment pour ça, mais à lui et le reste de l'équipe, ils pourront bien essayer de faire quelque chose.
Jay avait de nouveau dirigé son regard vers le lac, et Voight décida que c'était le moment de lui reposer la même question qu'il lui posait depuis qu'il avait eu son diagnostic.
-Tu veux que j'appelle Erin ?
-Non.
Jay avait toujours donner la même réponse alors il ne fut pas vraiment surpris.
-Mais Donnez-lui ça. Dit-il tout en lui tendant une enveloppe qu'il gardait dans la poche de son blouson.
Le Sergent accepta la lettre se demandant ce qu'elle contenait. Un silence calma s'installa de nouveau avant qu'il prenne la parole.
-Je ne veux pas perdre un autre enfant.
Jay se tourna surpris, de voir des larmes dans les yeux de son Sergent, probablement l'homme le plus dur de cette ville. Il ne pouvait pas dire grand-chose, lui non plus ne voulait pas mourir, il avait tellement de choses à vivre encore, il voulait plus de temps, plus de temps avec sa famille, son équipe, il voulait se marier, avoir des enfants, mais il n'aurait rien de tout ça. Mais au moins dans toute cette épreuve il avait gagné un père, un père qui l'aimait sincèrement contrairement à son salaud de paternel. Alors tout ce qu'il trouva à répondre c'est « merci ». Parce qu'il était vraiment reconnaissant, même si sa vie avait été courte, plus longue que beaucoup, mais trop courte quand même, il avait eu une vie bien remplie, et heureuse.
Ils étaient restés quelques heures au parc et c'est là que Jay rendit son dernier souffle, Hank resta à ses côtés avant de finalement appelé quelqu'un. Il était intimement convaincu que Jay savait que c'est cette nuit qu'il allait mourir. Il lui en voulait d'une certaine manière, c'est toujours plus facile d'être celui qui part.
Son enterrement eut lieu à Chicago, une plaque à son nom fut ajoutée à l'entrée du district 21. Ses équipiers s'y arrêtaient tous les matins avant d'aller travailler, se souvenant que tous les jours sur le terrain c'est son nom qu'ils honoraient.
Et Hank découvrit qu'un homme pouvait changer, il en était la preuve vivante. Pour Jay, il avait arrêté les magouilles, il ne frappait plus les suspects pour avoir des infos. Désormais, toutes les affaires étaient résolues dans les règles de l'art. Il le savait maintenant, on peut changer, pour quelqu'un ou pour quelque chose de plus grand que soit, on peut intrinsèquement changer.
FIN
