Je sais ! j'avais dit que je n'écrirai pas de yaoi, c'était sans compter sur Perigrintouque.
Mais c'est de bonne guerre vu les défis tordus que je lui ai lancé.
Donc en réponse à l'un de ces deux défis, voici un yaoi sur ses chouchous.
J'espère que vous aurez autant de plaisir à le lire que moi à l'écrire.
Bonne lecture.
Suivant les précieux conseils de Sheraz, j'ai complété ce 1er chapitre.
En réponse également à Fabienne (ma bêta-lectrice) et Gabrielle-Camus, je vais tacher de mieux définir le temps écoulé car la fic se dérouler sur 6 mois, durée de l'absence de Persephone.
Pour HayliaMani. Désolé ;) en fait j'avais deux chapitres de prêt pour Dilemme. Pour celle-ci, le chapitre 3 est en cours d'écrire. Le seul hic c'est que je vois ce qui va se passer mais j'ai du mal à l'écrire.
Et merci pour vos commentaires sur mon premier Yaoi
Chapitre 1
Tolomea, 1753
Albafica se réveilla dans un lit qui n'était pas le sien avec un furieux mal de tête. Le faible éclairage venant de la fenêtre lui permit de distinguer que la chambre était spacieuse et décorée avec goût. Sur la table de chevet étaient posés une carafe d'eau et un verre de cristal, un livre et un bouquet de roses rouges, roses et blanches. Il portait pour tout vêtement une chemise de soie blanche qui sentait bon la cannelle. La porte de la chambre s'ouvrit et la lumière s'alluma brutalement.
- Bonjour Albafica, ravi de te voir enfin réveiller, salua une voix masculine qu'il lui semblait reconnaître.
Le chevalier plissa douloureusement le yeux pour tenter d'identifier son interlocuteur.
- Oh ! Excuses-moi !
La cruelle lumière s'éteignit et une boule de cosmos éclaira la chambre de façon plus tamisée.
- Je pense que c'est mieux comme ça.
Albafica pût enfin distinguer l'homme qui était entré. Non ! Ce n'était pas possible ! Minos du griffon se tenait là, debout devant lui avec un plateau-repas à la main. Mais qu'était-ce donc que cette mascarade ? Le poisson se leva d'un bond pour en découdre... Et fut rattraper in-extremis par le spectre. D'un bras, où se mêlait fermeté et douceur, il maintenait le chevalier contre lui. Le cœur Albafica se mît à battre plus fort. La chemise du juge sentait bon la cannelle et cette main sur son bras, pourquoi lui semblait-elle si familière ?
- Et là ! Doucement chevalier, tu viens de passer dix ans dans le coma, alors laisse le temps à tes jambes de se réveiller complètement, lui expliqua Minos en le faisait assoir sur le lit. Enfin, je dis coma, mais ce n'est pas tout à fait exact puisque tu es...
- Mort termina Albafica. Je suis mort ! Tu m'as tué !
- Je te signale que la réciproque est vraie, ironisa le griffon en posant le plateau sur le chevet.
- Où suis-je ?
- Dans ma chambre, à Tolomea.
Le chevalier fronça les sourcils.
- Je me suis installé dans la chambre d'à côté. Je t'ai apporté de quoi manger, normalement tu n'en as pas besoin, mais ton esprit doit te dire que oui.
Albafica se rendit compte qu'il avait très faim et la soupe sentait horriblement bon. Il soupira tandis que Minos l'aidait à se remettre sous l'édredon. Une fois de plus, le contact des mains du juge le troublèrent, pourquoi lui semblait-elles si familières, si rassurantes.
- Pourquoi fais-tu cela ? Demanda-t-il brutalement
- Parce que tu me plais, et... Ne te plains pas, tu devrais être en train de te les gelés au Cocyte. Répondit le griffon en posant le tableau sur les genoux du chevalier.
Des coups retentirent à la porte.
- Allez mange, je reviens.
Dans sa hâte à en finir avec l'importun, Minos ne ferma pas correctement la porte, de sorte qu'Albafica pu entendre Minos et son visiteur. Il se concentra sur leur voix pour écouter leur discussion.
- Eaque, ça y est, il est réveillé.
- Génial ! Tu vas pouvoir te le faire et le renvoyer là où il devrait être.
- Non, je ne veux pas que cela se passe comme ça.
- Minos ! Tu as pas voulu le sauter pendant qu'il était inconscient, je peux le comprendre. Mais maintenant qu'il est réveillé, amuse-toi avec et débarrasse tant... Et vite !
- Je t'ai déjà dit non.
- Mais enfin, c'est ridicule ! Tu pourrais avoir n'importe qui. N'importe quel damné serait près à assouvir le moindre de tes fantasmes pour échapper à leur supplice quelques heures. Alors pourquoi lui ?
- Parce que...
Albafica n'entendit pas la réponse du griffon. Il reposa le plateau sur la table de chevet et se leva lentement pour mieux entendre.
- Ok ! Je reconnais que c'est un très beau mec et qu'il a un cul à damner un saint. Mais il ne vaut pas les risques que tu prends. Si Hadès découvre que tu as falsifié les registres juste pour coucher avec l'un de ses stupides chevaliers... Je ne veux même pas imaginer ce qu'il te fera.
- Eaque, s'il te plait ! Supplia Minos.
- Bon très bien, je te couvre cette fois encore, mais tu te dépêches d'en finir avec ton jouet.
Albafica fixa la porte, tétanisé. Ainsi c'était donc ça ! Ce juge voulait coucher avec lui. Hors de question qu'il se livre à une telle ignominie. Il ne se laissera pas faire. Ce monstre ne réussira pas à le violer.
Minos revint dans la chambre et s'adossa à la porte en soupirant. Eaque ne comprenait pas, mais comment le pourrait-il ? Il ne voulait pas l'impliquer d'avantage. Il ne pouvait pas lui avouer que ce qui avait été au départ une simple attirance physique et s'était changé en un véritable sentiment amoureux. Maintenant, il ne voulait plus seulement son corps, il voulait aussi son cœur, ou à défaut, il se contentera de protéger son bel ange de la damnation. Le griffon releva la tête et vit le chevalier le toiser avec hargne.
- Alors, c'est donc ça ! Tu veux coucher avec moi ! Je te préviens, tu n'arriveras à rien. Je ne me laisserai faire. Je t'ai déjà tuer une fois et je le referai.
Minos, rapide comme l'éclair se jeta sur le poisson et le planqua sur le lit. Albafica tenta de se débattre, mais il était encore trop faible. La colère sourde qui emplissait le cosmos du juge et son regard flamboyant effrayèrent le chevalier. Son geôlier resserra sa prise et se saisit brutalement de son sexe. Le poisson grimaça de douleur.
- Tu vois ! Tu es si faible ! Si je voulais vraiment te violer et tu ne serais pas en état de te défendre. Je ne me suis pas occupé de toi pendant dix ans pour en arriver là. Je vaux mieux que cela... TU vaux mieux que cela.
Réalisant qu'il faisait souffrir son bel ange, Minos relâcha sa prise et se rassît sur le bord du lit. Albafica posa sa main sur son sexe douloureux en grimaçant à nouveau. Le griffon pris cette main et l'embrassa, tandis que de l'autre il diffusa un cosmos apaisant sur la zone douloureuse.
- Ça va mieux ?
Choqué, le chevalier hocha simplement la tête. Minos le regarda un instant, ses yeux luisants de larmes de douleurs lui firent mal. Avec douceur, il caressa les cheveux et la joue du poisson.
- Excuses-moi Mitt Hjerte (1). Souffla Minos d'une voix empreinte de tristesse.
Il rabattit l'édredon et y posa le tableau. Il prit le livre.
- Vas-y mange, tu as besoin de reprendre des forces. Pendant ce temps, je te ferai la lecture.
- Vas-t-en ! Lui dit le chevalier d'une voix neutre.
- Albafica...
- Vas-t'en ! Répéta-t-il sur le même ton.
Cela aussi lui fit mal, il aurait préféré que le chevalier se mette en colère.
- Soit ! Mange et repose-toi, nous parlerons plus tard.
Minos quitta la chambre en soupirant. Albafica trouvait le juge répugnant, mais il avait raison sur au moins une chose. Il devait reprendre des forces et s'évader pour rejoindre ses compagnons d'armes. Lorsque le griffon avait affirmé qu'il était resté dans le coma pendant dix ans, il n'en avait pas cru un mot. Il porta une cuillère de soupe à sa bouche avec méfiance. Elle était aussi bonne que son fumet le présageait et il mourrait de faim.
Piqué par la curiosité, il prit le livre, "les méditations" de Edward Taylor. Il l'ouvrit. C'était un recueil de poèmes dont certains parlaient d'amour. Il était certain de ne l'avoir jamais lu, mais les mots lui semblaient familiers, tout comme le contact des mains de Minos, familiers et rassurants. Pourquoi ? De quel sortilège était-il victime ?
Albafica somnolait plus qu'il ne dormait réellement. Des rêves étranges troublaient son sommeil. Pas vraiment des images, plutôt des sensations et des sons. Il sentait des mains douces et chaudes le bouger, le déshabiller et le rhabiller, une tiède humidité passer sur chaque parcelle de son corps. Il entendait des mots prononcés d'une voix suave et sensuelle, des poèmes. Il revoyait son maître Lugonis s'occuper de lui lorsqu'il était malade, le laver, changer ses vêtements trempés de sueur. A l'image de son maître se substituait progressivement celle de Minos. Dans chacun de ses gestes il y avait de la tendresse, il y avait de...
Albafica se redressa brutalement.
- Non ! Souffla-t-il la respiration haletante.
Non ! Il ne devait pas penser à ce mot, il ne voulait surtout pas penser à ce mot. C'était une illusion implantée dans son esprit pour mieux le soumettre. Oui ! C'était cela ! Il devait rester lucide pour pouvoir s'évader et rejoindre Athéna et ses compagnons. Penser à eux, rester concentré sur eux, c'était le seul moyen pour ne pas sombrer. Athéna, Shion, Dohko, Aldebaran, Regulus...
Trois coups frappés à la porte interrompirent le cours de ses pensées. Celle-ci s'ouvrit doucement, laissant apparaître Minos.
- Si tu entends frapper de cette façon, tu saurais que c'est moi et tu pourras me dire d'entrer...
- ...Ou non, termina-t-il face au regard glacial du chevalier.
Le juge posa la carafe et les béquilles qu'il tenait et approcha un siège du lit pour s'assoir.
- Albafica, je sais ce que tu penses de moi et de ta situation. Aussi pour te prouver ma bonne foi, je m'engage à frapper avant d'entrer chez toi et à ne pas te toucher sans ta permission.
- Permission que tu n'auras jamais répondit sèchement le poisson.
- Dans ce cas, tu auras sans doute besoin de ça, repris Minos en désignant les béquilles.
Ignorant le regard agressif du chevalier, le griffon poursuivi.
- J'ai désigné une servante qui sera exclusivement à ton service. Elle s'appelle Célie. Si tu as besoin de quoique se soit tu n'as qu'à sonné. Dit-il en désignant le cordon près du lit.
Minos laissa le temps à Albafica de localiser le cordon avant de continuer.
- Lorsque tu te sentiras capable de quitter ta chambre, tu pourras allez où tu veux. Du moins, temps que tu ne quittes pas Tolomea.
- Minos ! Dit froidement Albafica. Je suis ton prisonnier, soit ! Tes habituels damnés ne te suffisent plus et tu as décidé de faire de moi ton jouet sexuel, très bien ! Mais cesses donc de m'insulter avec cette ignoble mascarade, prends-moi et qu'on en finisse. Ou préfères-tu attendre que j'ai assez de force pour me défendre, histoire de pimenter le jeu.
Le griffon ouvrir la bouche pour répondre, mais le poisson ne lui en laissa pas le temps.
- Ah ! Et pour info, histoire de t'exciter un peu plus, je suis encore vierge... Mais ça, je suppose que tu le savais. Peut-être même as-tu vérifié pendant que j'étais inconscient et que tu me lavais.. Tu as dû bien en profiter termina-t-il les bras croisés en fusillant du regard le juge.
Face à ce nouveau coup de poignard dans le cœur, Minos se passa les mains sur les yeux en soufflant d'exaspération. Puis il ferma les poings pour s'efforcer de garder son calme. Ne pas s'énerver songeait-il, rester calme, à sa place il agirait de même. Non, en fait, il serait pire.
- Écoute Albafica, pour l'instant tu es dépendant de moi. Je t'ai déjà dit que je n'allais pas abuser de toi. Je suis prêt à faire des concessions pour te prouver ma sincérité. Mais si tu n'y mets pas du tien, ça va être invivable pour tous les deux.
Le griffon toisa quelques instant le chevalier et reprit.
- Voilà, je m'engage à te laisser le choix d'accepter mes visites, à ne pas te toucher sans ta permission et à toujours te dire la vérité. Si je ne peux pas le faire, je te dirais que je ne peux pas te répondre plutôt que de te mentir. Et en retour, je te demande juste d'être moins agressif et de ne pas quitter Tolomea, pour ta sécurité et... Pour la mienne, finit-il avec tristesse.
- Et quand je serais rétabli tu me laisserais partir ironisa Albafica
- Non, c'est impossible. Je te l'ai déjà dit, tu ne peux pas, tu es mort. C'est Tolomea ou le Cocyte. Par contre, si tu ne souhaite pas rester dans cette chambre, je mettrais à ta disposition l'appartement de ton choix sur mon territoire. L'un des avantages que nous offre notre seigneur Hadès c'est d'aménagé notre sphère selon nos désirs. Donc tu ne manqueras de rien. Tu aurais ce que tu veux, y compris une roseraie si ça peut te faire plaisir.
- Très bien ! Tu prétends que tu vas me dire la vérité ! Alors allons-y ! Répètes-moi que je suis mort depuis dix ans, répliqua le poisson toujours aussi agressif.
- Tu es mort et tu es resté dans une sorte de coma pendant dix ans.
- Tu mens ! Lui cria le chevalier en se redressant. Si je suis mort, pourquoi je me sens faible, incapable de rester debout longtemps et pourquoi j'ai faim ?
Minos soupira, aussi entêté que lui, ça va pas être facile.
- Bon, comment t'expliquer cela ? C'est une question de pouvoir de l'esprit, là dessus je ne t'apprend rien. L'esprit se raccroche à ce qu'il connaît et va se modeler, en quelque sorte, un corps psychique. Il va conserver les sensations physiques qu'il connaît. Plus l'âme est forte et combative et plus ces sensations fantômes vont perdurer. Normalement, en arrivant au tribunal, l'âme est lavée de tout cela pour pouvoir être jugé. Mais la tienne est particulièrement combative et lorsque tu es arrivé dans mon tribunal ton esprit a assimilé d'un coup que le combat était terminé pour toi. La fatigue et la douleur t'ont alors submergé et tu t'es évanoui. Tes...
Minos soupira de nouveau, la lassitude semblait le gagner.
- Tes... Enfin, ta condamnation était le Cocyte, mais j'ai falsifié le registre pour que tout le monde, y compris Hadès, te croit là-bas et je t'ai ramené ici. Seul Eaque est au courant, mais c'est mon meilleur ami, il ne me trahira pas. C'est vrai qu'au début seul ton corps m'intéressait, maintenant ce n'est plus le cas. J'ai eu tout le temps de repenser à notre combat et de me renseigner sur toi. Albafica je t... Je te respecte et jamais je ne te ferais du mal.
- Et toi ? Je t'ai vécu, ton âme devrait être enfermer dans le rosaire d'Amista.
- Une partie seulement, tout comme notre seigneur Hadès, nous autres juges sommes lié au fonctionnement des enfers. Tant qu'une partie de mon âme est enfermée dans cette perle, je ne peux pas retourner à la surface. Heureusement, j'ai des serviteurs dévoués qui le peuvent. Ce sont eux qui ont ramené les rosiers que j'ai planté pour toi, acheva le juge en montrant la fenêtre.
Une colère froide brillait dans les yeux du chevalier.
- Donc mon état dépend de ma volonté. Et si je suis resté dans le coma dix ans c'est de ma faute.
- Et bien... Plus ou moins... J'ai tenté de t'expliquer cela comme je le pouvais, mais c'est très compliqué.
- Je ne te crois pas ! Cracha Albafica.
- Très bien, dit Minos en se levant. Je reviens dans une minute et je vais te le prouver.
Le griffon sorti en laissant le poisson dubitatif. Il était vrai que l'explication tenait la route, mais c'était un ennemi, il ne pouvait pas le faire confiance. Et si tout cela était vrai ? Qu'allait-il faire ? Qu'était devenu ses compagnons et Athéna ? Il se rendit compte à ce moment-là qu'il avait oublié de poser une question cruciale. Où en était la guerre contre Hadès ?
Quelques minutes plus tard, Albafica entendit trois coups à la porte. Il répondit avec humeur. Minos entra avec des vêtements et des sandales, ainsi qu'un long manteau à capuche qu'il posa sur le lit.
- Habilles-toi, Hadès est à Elysion pour plusieurs heures, alors je vais pouvoir te prouver que je dis vrai.
Minos se tourna vers la porte pour laisser le chevalier se changer.
- Où en est la guerre sainte ? Demanda Albafica.
- Fini, Athéna a gagné, répondit il résigné.
- Mais on gagnera la prochaine ajouta-t'il enthousiaste en une basse vengeance au comportement du poisson.
Il le sentit se crisper.
- Désolé ! Je n'aurais pas dû dire ça. Tu es prêt ?
- Oui.
- Très bien, dit-il en retournant. Ferme le manteau et rabat la capuche pour cacher ton visage. Ainsi tu auras l'air d'un damné choisi pour me satisfaire et personne ne fera attention à nous.
- Veux-tu que je t'aide à marcher tenta le griffon en lui tendant la main.
- Non ça ne sera pas nécessaire. Répondit abruptement le chevalier en le repoussant.
Le poisson prit une béquille et ils se mirent en route. En chemin, ils croisèrent deux gardes qui saluèrent le juge avec crainte et empressement. Minos ne leur répondit pas, il ne leur adressa même pas un regard. Albafica prenait grand soin de dissimuler son visage tout en observant attentivement les alentours en vu de sa prochaine évasion. De temps en temps, il posait mentalement des questions au spectre sur les lieux. De la même façon, Minos y répondait avec sincérité. Soit ce juge était stupide, soit il lui mentait songeait le poisson qui finalement décida de réfléchir la question plus tard. Le griffon, avait tout simplement décidé de gagner la confiance et l'affection, à défaut de l'amour, de son bel ange en respectant ses engagements, ce qui n'était pour l'instant pas le cas du chevalier. Minos soupira, il avait l'impression d'essayer d'apprivoiser un chat sauvage. Il fallait beaucoup de douceur et de patience. Cette pensée lui rendit cependant le sourire, après tout une fois le cœur du chat gagné, son amour est inconditionnel. Lorsqu'ils furent éloignés, les gardes reprirent leur conversation.
- On dirait bien que notre seigneur Minos a fait son marché.
- Ouai ! ... J'ai jamais compris pourquoi il allait se servir au milieu de ces raclures, alors qu'il a de la chair fraîche tout près qui ne demande que ça.
- Si tu parles de toi, je te signale que tu n'es plus de première fraîcheur mon vieux ! Railla le premier garde.
- p´t-et´e bien ! Mais je pourrais le satisfaire bien mieux que ces déchets.
- Oh ! Oh ! Devrait-on t'appeler monsieur Éros. Tu devrais lui soumettre ta proposition.
- Ca ne va pas ! S'écria le second garde. Je tiens à la vie moi ! Ou, au pire à une mort rapide.
- Ça c'est clair ! Remarque quand je vois leur démarche au retour, je préfère être à ma place qu'à la leur.
Les deux gardes se mirent à rire.
- N'empêche, soupira le second garde. Notre seigneur Minos mérite mieux que ces pouilleux.
- Et je pouvais... Songea-t-il.
- Allez Éros, se moqua l'autre garde le coupant dans ses pensées. Rejoins-moi après le service et tu me montreras si tu mérites ce surnom.
Minos conduisit Albafica jusqu'à la bibliothèque. Lorsqu'il posa la main sur le kamasutra en version originale, le chevalier blêmit. C'était un traquenard, il aurait dû s'en douter.
- Détends-toi ! C'est l'ouverture d'une pièce secrète. Notre reine a le sens de l'humour que veux-tu ! Expliqua le griffon avec un sourire amusé.
En effet, la bibliothèque coulissa, laissant apparaître une pièce sombre avec uniquement en son centre une vasque d'or et argent incrustée de pierreries. A peine étaient-ils entrés que la porte se renferma et des torches s'allumèrent automatiquement. Albafica retira son manteau et observa la pièce. Les murs étaient décorés de peintures et de sculptures représentant des scènes où se mêlaient humains, divinités et diverses créatures mythologiques. Dans une discrète alcôve que le chevalier n'avait pas remarqué tout de suite, se trouvait un lit, simple, mais spacieux et certainement très confortable. Le poisson se crispa alors que Minos arrivait à ses côtés.
- Albafica ! Tu es désespérant ! Je t'ai amené ici pour la vasque. Elle a été forgée par Hephaïstos et permet de voir ce qui passe à la surface. Inutile de te dire que notre présence ici est strictement interdite.
- Si c'est le cas, pourquoi n'y a-t-il pas plus de protection ? Demanda le chevalier soupçonneux.
- Parce que, autant notre seigneur Hadès peut se montrer généreux, autant il peut être implacable, voir même cruel dans ses châtiments. Surtout quand la reine Persephone est absente. Tu ne t'es jamais demandé pourquoi les guerres avait toujours lieu à la même époque de l'année ? Fit le juge en dévisageant le poisson, bras croisés.
- Bien sur, ajouta-t-il notre reine lui autorise des aventures extra-conjugales, mais cela ne suffit pas à combler le vide de son cœur.
- D'ailleurs, pour cette nuit, c'est moi qui ait été choisi pour tenter de le satisfaire. Finit-il avec tristesse.
- Et alors ? Tu espères que je vais te plaindre ? Si tu crois que cela va m'empêcher de dormir, tu te trompes. Bien au contraire, je vais passer une excellente nuit sachant que tu es occupé ailleurs, lança le chevalier acerbe.
Minos exaspéré soupira en levant les yeux. Inutile de faire remarquer à cette tête de mule qu'il ne respectait pas ses engagements, contrairement à lui. Ils n'avaient pas de temps à perdre à se disputer.
- C'est simple, dit le griffon d'une voix aussi calme que possible. Tu glisses tes mains dans l'eau contre la parois et tu penses aux personnes ou lieux que tu veux voir. Les images apparaîtront.
- Et pourquoi est-ce moi qui doit mettre les mains là dedans ? Demanda le chevalier soupçonneux.
- Parce que si c'est moi, tu vas m'accuser de te montrer ce que je veux que tu vois. Mais la vasque ne ment pas.
Face au regard pas du tout convaincu de sa tête de mule, Minos plongea les mains dans l'eau. Il ferma les yeux pour se concentrer et prononça, Célie, Tolomea. L'eau se troubla et l'image de la servante apparue. Elle discutait joyeusement de son futur maître.
- Il paraît qu'il est beau comme un dieux, soupirait la jeune fille. Mais qu'il a un caractère de cochon.
- Je t'assure que je n'y suis pour rien, répliqua le griffon amusé en réponse au regard noir que lui lançait le poisson.
- Tout comme notre seigneur Minos soupira à nouveau la jeune fille.
Sous le regard discret du juge, Albafica se mordit la lèvre pour ne pas rire aux paroles de la servante et à la moue contrariée de Minos, enfin une réaction positive.
- Notre Célie a un cœur d'artichaut, se moqua gentiment la cuisinière.
- Hélas ! se languit Célie. Jamais il s'intéressera à une pauvre servante comme moi. Il ne rêve que de son beau chevalier.
- Tais-toi malheureuse ! Récria la cuisinière. Si le seigneur Hadès venait à le découvrir...
- Pourquoi a-t-il fallu que notre seigneur choisisse un amour si dangereux ? Questionna tristement la servante, plus pour elle-même d'ailleurs.
- C'est justement là le problème, ma douce, en amour on ne choisit pas.
Minos coupa la communication, un léger sourire sur les lèvres, il savait maintenant comment récompenser la servante. Il se tourna vers Albafica et désigna la vasque en disant.
- A toi maintenant.
Le chevalier le toisait perplexe et contrarié.
- Alors comme ça, je te mets en danger, demanda-t-il toujours agressif. Et que risques-tu donc de si épouvantable ?
Le regard de Minos s'assombrit et l'espace d'un instant le poisson sentit de la peur dans le cosmos du juge. Celui-ci répondit.
- Ce n'est pas le moment, regardes ce que tu veux voir que l'on parte vite d'ici.
Albafica plaça à son tour les mains dans la vasque et prononça le nom de sa déesse. L'eau se troubla, mais resta muette. Il répéta Athéna, en ajoutant sanctuaire, mais rien ne se produisit. Mécontent, il se tourna vers Minos qui prit les devants.
- Tu ne peux pas la voir car elle est retournée sur l'olympe. Par contre, contrairement à moi, tu peux voir ton sanctuaire.
- Shion, sanctuaire.
L'eau se troubla une fois de plus et l'image de Shion rédigeant son journal apparu. A la surprise d'Albafica, il était assis au bureau du grand pope. Le poisson se concentra sur le journal pour voir la date inscrite. A peine eut-il formulé cette pensée que l'écriture fine du bélier parue dans la vasque.
13 avril 1753
Deux armures d'or ont à nouveau trouvées porteur. Eloi pour l'armure des poissons et Achille pour celle du scorpion. Ces tout jeunes chevaliers ont la fougue que nous avions à leur âge et Zeus en soit remercié, ils ne connaîtront pas le terrible conflit que nous avons vécu. La charge de grand pope me semble si lourde, particulièrement en cette période de l'année où je vous ai tous perdus.
Pardonnes-moi Dohko, tu es toujours en vie bien-sur, mais tu es si loin de moi, et nos contacts se font plus rare... Mon cher ami.
Je n'ai encore que 28 ans, mais je me sens si vieux et si fatigué. Je me demande si Sage et mon maître Hakurei ressentait la même chose. J'espère néanmoins...
Albafica se laissa glisser au sol et ne pu retenir ses larmes. Minos disait donc vrai, il était mort... Mort depuis dix ans... Comme tous ses compagnons, seuls Dohko et Shion avait survécu. Il aurait dû se réjouir de la victoire d'Athéna, mais le prix en était bien lourd. Le chevalier, le corps secours de sanglots désespérés, réalisait avec effroi qu'il n'avait aucune échappatoire possible. Il était le prisonnier de Minos, son esclave, son jouet... Pour l'éternité. Le griffon s'accroupi près du poisson, il tendit la main vers son épaule pour le réconforter mais arrêta son geste. Non ! Il ne pouvait pas, il avait promis. Faute de mieux, il déploya un cosmos apaisant pour tenter de le calmer.
- Je préfèrerais geler dans le Cocyte, réussi à articuler le chevalier entre deux sanglots.
- Non... Ne dis pas ça... S'il te plait... Lui dit le juge d'une voix douce et triste. Viens ! Rentrons. Hadès pourrait revenir d'une minute à l'autre.
Le chevalier ne bougea pas, que lui importait qu'Hadès les découvre, il avait tout perdu. En plus, il se sentait honteux de pleurer ainsi devant son ennemi, mais il était incapable de s'arrêter. C'était comme si tout la pression accumulée depuis le début de la guerre... Non... En fait, depuis la mort de son maître, venant d'exploser d'un coup. Et il sanglotait sans pouvoir s'arrêter.
Minos, était désemparé face à la détresse du chevalier. La première fois où il avait rencontré Albafica, le voir pleurer ainsi l'aurait réjoui au plus point. Il se serait délecté des larmes du chevalier. Mais maintenant, le chagrin de son ange lui brisait le cœur. Oublié le risque de voir débarquer Hadès... Minos ne songeait plus qu'à consoler son amour. Le juge tendit à nouveau la main... Oh et puis zut ! Songea-t-il tant pis pour leur accord, le chevalier avait trop besoin de réconfort. Il caressa tendrement les cheveux et la joue du poisson, mais celui-ci le repoussa violemment.
- Albafica, je t'en prie... Murmura le griffon.
Minos enlaça tendrement le chevalier qui cette fois se laissa faire tant le cosmos du juge est doux et apaisant. Celui-ci cherchait les mots qui pourrait soulager le chevalier. Albafica blotti contre le griffon se sentait troubler au milieu des sanglots. Jamais personne ne l'avait toucher comme ça. En fait, depuis la mort de son maître quand il avait seize ans, jamais plus personne ne l'avait toucher. Et blotti ainsi dans les bras de son geôlier, il aimait le contact chaleureux de ce corps, il se sentait en sécurité, comme lorsqu'il était enfant. Soudain, sans que le chevalier le voit, Minos sourit, il avait trouvé quoi lui dire. Il murmura avec douceur.
- S'il te plait, Albafica. Athéna n'aimerait pas te voir comme ça. Elle ne voudrait pas que tu tombes aux mains d'Hadès.
Les paroles du juge firent mouchent, le chevalier se releva, sécha ses larmes et ils sortirent de la pièce. Il se sentait encore honteux d'avoir craqué ainsi devant Minos. Mais quelque part, au plus profond de son cœur, une toute petite, une infime étincelle de reconnaissance envers le griffon s'était allumée.
Sur le chemin du retour, ils croisèrent Eaque. Albafica prit soin de bien dissimuler son visage, d'autant que le second juge lui lançait des regards contrariés. Le Garuda se doutait de qui se cachait sous ce capuchon et ça ne lui plaisait pas. Minos devenait trop imprudent. Mais pour l'heure, un autre sujet le préoccupait. Il prit la main de son ami et la caressa avec douceur.
- Tu vas passer la nuit chez Hadès ?
- Oui, c'est la deuxième fois cette semaine, répondit Minos avec résignation.
Le chevalier surpris, se tourna vers le griffon pour l'observer. Il avait pu constater que son geôlier était un chaud lapin qui adorait particulièrement le sexe. Il aurait dû être honoré d'avoir les faveurs de son dieu. Alors, pourquoi ce chagrin ? En fait, il pouvait même sentir de la peur.
- Je peux te remplacer, si tu veux.
- Je te remercie Eaque, mais non. Tu sais comment est notre seigneur Hadès à cette époque de l'année et ce n'est pas le moment de le fâcher en ne remplissant pas mes devoirs envers lui.
- Oui, je sais, soupira Eaque. Mais... Je te ferais remplacer au tribunal demain et Rhadamanthe et moi prendront en charge une partie de tes dossiers, comme ça tu pourras rester chez toi et te reposer.
- Ça par contre, je veux bien... Merci pour tout, mon ami fit Minos en posant la main sur le bras d'Eaque.
- De rien, c'est normal.
Le Garuda embrassa tendrement son ami avant d'ajouter avec un clin d'œil.
- Si tu as besoin de discuter, tu sais où me trouver.
- Oui répondit Minos avec un sourire amusé. À plus tard.
Chacun reprit sa route et face au regard interrogateur d'Albafica, le juge expliqua en riant.
- En fait, la plupart du temps nos discussions finissent à l'horizontal.
- Je vois, siffla Albafica avec mépris.
- Oh non... pas souvent... Tenta de se rattraper Minos. Parfois... Et même si on fini coucher... on ne va pas forcément jusque là.
Le juge ne voulait surtout pas passer pour un obsédé aux yeux de son bel ange. Mais au vu du regard méprisant que lui lançait le poisson, s'était fichu. Minos soupira, il avait encore tout gâcher. Bah ! Au moins, son amour n'était plus triste.
Le soir même, le griffon frappa à la chambre d'Hadès.
- Entre Minos.
Le seigneur des enfers était assis le rebord de la fenêtre, sans même tourner la tête vers son juge, il ordonna d'une voix neutre.
- Installes-toi.
Sans un mot et sans bruit, le juge se déshabilla et s'allongea sur le lit. Attendant que son dieu le rejoigne, il ferma les yeux pour tenter de calmer sa respiration et les battements de son cœur. Après ce qui lui sembla une éternité, il entendit enfin Hadès se déshabiller à son tour et le rejoindre au lit.
Les yeux toujours fermé, il devinait sans peine qu'Hadès l'observait et détaillait chaque partie de corps, se demandant ce qu'il allait lui faire aujourd'hui. Minos faisant de même avec ses damnés, sauf que lui, il leur bandait les yeux et cherchait quelles tortures il allait leur infliger avant de passer à l'acte. Cependant, cela faisant maintenant trois ans qu'il n'avait plus couché avec un damné. Le juge avait déjà commencé à espacer ses ébats avec eux lorsqu'il était devenu le favori d'Hadès. Puis, il avait complètement arrêté. S'il voulait conquérir le cœur de son bel ange, il devait cesser ce genre de dépravation privé.
Il ne pu s'empêcher de tressaillir lorsqu'il sentit les mains et les lèvres d'Hadès sur sa peau. Le dieu n'y prêta pas attention car déjà Minos répondait avec tendresse à ses caresses. Le juge s'efforçait de ne pas penser à ce qui allait suivre, ne pas penser à la douleur qui allait lui vriller le corps. A ce stade, les gestes d'Hadès n'étant pas encore brutaux. Mais il n'y avait aucune douceur, aucune tendresse dans les caresses et les baisers du seigneur noir, ils étaient neutres, exécutés mécaniquement, tel un automate. Minos était là pour permettre à son dieu de satisfaire un besoin physique et il lui incombait d'aimer ça et d'être sensuel avec son seigneur. Alors, Minos se concentrait pour ne pas songer à la douleur qu'il allait devoir supporter toute la nuit, car bien plus qu'un besoin physique, c'était de toute sa frustration dont le dieu se déchargeait en son juge. Le griffon referma un instant les yeux pour se calmer. Tout en gémissant d'un plaisir feint sous les mains Hadès, il prononça mentalement, Albafica, telle une formule magique. Le visage de son aimé se forma dans son esprit et l'apaisa aussitôt. Il allait s'y raccrocher tel un naufragé à une boue pour tenir bon, d'autant que la frustration et l'impatience de son dieu était particulièrement grande cette nuit. Tellement grande que celui-ci ne prit même pas le temps de le préparer avant de le pénétrer brutalement. Minos, le visage caché contre le torse d'Hadès, ne pu s'empêcher de grimacer sous le choc, mais il serra les dents pour étouffer tous sons ou tremblement qui aurait pu trahir sa souffrance, cela aurait fâché son dieu. La nuit promettait d'être particulièrement longue et douloureuse.
A suivre...
(1) Mon cœur en norvégien.
