Hello !

C'est en cette soirée de printemps, bercée par un orage et quelques notes de musique que je vous poste ce début de fiction qui n'aurait jamais dû exister. Je vous avez prévenu, en pleine période d'examens, je suis censée me tenir loin de mon clavier mais c'est plus fort que moi. Et cette fiction était à l'origine censée être un OS, mais encore une fois, c'est plus fort que moi. Je me suis décidée à vous en poster la première moitié, parce que je pense qu'elle est assez longue pour constituer un chapitre à part entière, et que c'est d'après vos commentaires que je vais décider de me dépêcher à la finir ou pas...

Ayant désespéremment tenté de trouver un titre (en français), j'ai finalement abandonné et retrouvé ma vieille technique qui consiste à donner à mes histoires des titres de chansons. Merci donc à mon groupe préféré pour celui-là : Sum 41 !

J'espère que ça va vous plaire !

Bonne Lecture ! =)


All your choices chosen you've got no say
Your decisions made
Face your consequences as your life begins to fade
As time keeps spinning closer to the bitter end

Pour le troisième soir d'affilée, Lisa Cuddy grelottait sur un banc, devant son hôpital. A vrai dire, elle sentait à peine le froid. Elle ne sentait plus rien depuis quelques jours. Depuis qu'elle avait quitté House, elle n'était qu'une coquille vide qui continuait de faire comme si tout allait bien parce que c'était ce qu'on attendait d'elle. Parce que c'est elle qui l'avait quitté et qu'elle n'avait pas le droit de le regretter. Même si cette rupture lui laissait un arrière goût amère. Elle ne voulait rien regretter, elle refusait d'admettre qu'ils auraient pu avancer autrement, ensemble.

Jusque-là, elle s'était accrochée à Rachel, continuant de faire comme si tout cela ne l'atteignait pas parce que sa fille avait besoin de stabilité émotionnelle, pas d'une mère éperdue d'amour pour un drogué. Elle fronça les sourcils, même dans sa tête elle ne pouvait pas le qualifier de drogué sans culpabiliser, car elle savait qu'au fond, il aurait préféré faire sans ses comprimés. Mais il n'y arrivait pas, même pour elle. Elle l'avait quitté parce qu'elle ne voulait pas de la Vicodin dans leur vie, mais elle se rendait compte qu'elle préférait un House sous Vicodin que pas de House du tout. Mais c'était trop tard, il était marié maintenant. Elle réprima un sanglot.

Elle s'en voulait d'avoir été assister à la cérémonie. Parce que même si elle savait que ce mariage ne signifiait pas grand-chose pour lui, qu'il l'avait fait juste pour lui faire du mal, elle n'aurait jamais imaginé que l'entendre dire oui à une autre puisse autant la faire souffrir. Pourtant, elle avait eu l'impression qu'il piétinait les restes bien fragiles de son cœur et si Wilson n'avait pas été là pour elle, elle aurait probablement fini par faire un scandale à la réception. Parce qu'elle avait mal.

Et depuis trois jours, elle venait sur ce banc, après le travail, et se perdait dans sa douleur. Julia, son mari et ses enfants étaient partis en vacances en Floride et la sœur de la doyenne lui avait proposé d'emmener Rachel. Cuddy avait accepté parce qu'elle s'était dit que sa fille avait grand besoin de s'amuser et de s'éloigner de leur maison, chargée d'une atmosphère emplie de nostalgie. Mais en vérité, depuis qu'elle n'avait plus personne vers qui rentrer après le travail, elle était en train de perdre pieds.

Plus par automatisme que par besoin, elle resserra ses bras autour d'elle, dans un espoir vain de se réchauffer. Elle savait qu'elle devrait finir par bouger et rentrer chez elle, mais soir après soir, cela devenait plus difficile. Elle avait de plus en plus envie de rester sur ce banc, immobile, jusqu'à ce que cette sensation de vide en elle ne se dissipe. Mais elle savait que ça n'arriverait pas et que c'était le genre de blessure qui prenait des années à guérir. Elle soupira.

- « Tu comptes rester là toute la nuit ? » grogna une voix derrière elle, la faisant sursauter.

Lorsqu'elle reconnut le propriétaire de cette voix, son cœur fit un bond dans sa poitrine et un tas d'émotions l'envahirent. Mais la colère prit le dessus.

- « Non, j'attends seulement de trouver le premier venu pour l'épouser. » répondit-elle d'une voix morne.

- « Cuddy… » murmura House d'un ton triste.

- « Qu'est-ce que tu fais encore là ? Tu n'as pas une femme à aller retrouver ? » s'exclama-t-elle en se tournant enfin vers lui.

- « Ça suffit ! » gronda-t-il d'une voix sourde. Il ne savait même pas pourquoi il était en colère.

Il baissa les yeux vers elle et leurs regards se croisèrent pour la première fois de la soirée, s'affrontant pendant de longues secondes.

Cuddy frissonna et abandonna la bataille silencieuse, sentant enfin le froid qui lui paralysait les membres.

- « Je te ramène chez toi. » déclara House d'une voix plus douce en la voyant claquer des dents.

- « Non. » protesta la doyenne.

- « Ce n'était pas une question. » rétorqua le diagnosticien d'un ton ferme.

Elle soupira et se leva alors qu'il ne la quittait pas du regard. Il lui fit signe de la suivre et elle marcha derrière lui, la tête baissée jusqu'à sa voiture, sachant que la proximité que l'habitacle du véhicule leur procurerait était loin d'être une bonne idée. Le diagnosticien s'arrêta, interrompant le fil des pensées de la brunette, et tendit une main vers elle. Elle se rendit compte qu'ils étaient devant sa voiture à elle et qu'il attendait ses clefs. Elle hésita, de moins en moins convaincue par l'idée de se faire ramener par House.

- « Comment tu vas rentrer chez toi ? » lui demanda-t-elle brusquement.

A ces paroles, House sentit sa cuisse se contracter douloureusement pendant un instant. Cette simple question lui rappela qu'à une époque, elle ne lui aurait jamais demandé pour la bonne raison qu'il n'avait pas à rentrer chez lui. Que sa maison à elle était un peu devenue sa maison à lui aussi, que c'était en quelque sorte devenu son refuge. Et que maintenant, ce n'était plus le cas.

Cependant, il ne laissa rien paraître et répondit d'une voix neutre :

- « J'appellerais un taxi. »

Cuddy acquiesça, admettant implicitement le fait qu'elle était à court d'arguments valables et qu'elle n'avait plus qu'à se laisser raccompagner. Elle soupira, la mine défaite et monta dans la voiture. Dans le silence le plus complet, le diagnosticien mit le contact et la doyenne s'empressa d'augmenter la température du chauffage. Elle commençait à regretter ses virées nocturnes sur un banc glacial alors qu'elle n'était pas assez couverte. Désormais, elle peinait à se réchauffer. Le reste du voyage se fit tout aussi silencieusement et ils arrivèrent enfin chez la doyenne, tout aussi soulagé l'un que l'autre d'enfin pouvoir remettre plus de distance entre eux.

Rapidement, elle se dirigea vers sa porte d'entrée et s'apprêta à s'engouffrer à l'intérieur lorsque le diagnosticien lui attrapa la main pour l'arrêter et la ramener vers lui. Délicatement, ignorant le regard interrogateur de Cuddy, il posa une main sur son front. Face à la douceur de ce geste qui semblait aussi doux qu'une caresse, la doyenne ferma les yeux un instant. Elle revint à la réalité quelques secondes plus tard, grâce à la voix rauque de House qui coupa le fil de ses pensées :

- « Tu as de la fièvre. Ce qui n'est pas étonnant quand on passe ses soirées dehors alors qu'il fait un froid de canard. » Sa voix était pleine de reproches, mais il n'était pas vraiment en colère. Il semblait simplement se faire du soucis pour elle.

Cuddy voulut protester, se défendre, mais House lui coupa la parole :

- « Va te coucher, je vais chercher de quoi faire tomber ta température » dit-il en se dirigeant vers la cuisine, ignorant superbement le regard mécontent de la doyenne.

Il savait que ce qu'il faisait n'était pas une bonne idée, qu'il n'aurait pas dû aller lui parler, qu'il aurait dû repartir aussitôt qu'il était arrivé. Mais elle n'allait pas très bien et quoi qu'il en dise, il s'inquiétait bien trop pour elle pour la laisser seule dans cette grande maison vide.

Il la rejoignit dans sa chambre, quelque minutes plus tard avec une tisane. La doyenne était déjà allongée, blottie dans sa couverture, cherchant la chaleur. Il déposa la tasse à côté d'elle, acquiesça quand elle le remercia et se dirigea vers la salle de bain pour lui chercher de l'aspirine qu'il dilua ensuite dans un verre d'eau.

Il l'étudia avec attention alors qu'elle buvait tranquillement, sentant son estomac se contracter de culpabilité lorsqu'il vit à quel point elle avait l'air exténuée. Il savait que leur rupture la blessait tout autant que lui mais il pensait qu'elle y réagirait différemment. Il la savait forte et indépendante et il avait ressenti le besoin de la pousser à bout avec son mariage parce qu'il refusait de la laisser tourner la page, mais il ne s'était pas rendu compte qu'elle était capable de s'autodétruire, de se laisser sombrer comme lui savait si bien le faire. Il n'avait pas réalisé à quel point elle avait été fragilisée par leur histoire et il s'en voulait. Il se dit qu'il était temps d'arrêter de la blesser plus qu'elle ne l'était déjà, il lui devait au moins ça. Il était temps de la laisser tranquille.

Mais Cuddy semblait être d'un autre avis car lorsqu'il se leva pour la laisser dormir, il entendit une voix timide l'interpeller pour le retenir, bien loin du ton plein d'assurance qu'elle employait habituellement.

- « House. »

Il aurait tout donné pour être assez fort, pour avoir assez de volonté et partir malgré l'appel suppliant de la doyenne, comme elle l'avait fait pour lui quelques semaine auparavant, mais il en était incapable. Sa voix était chevrotante, et elle fondit littéralement en larmes quand il se tourna vers elle. Il était tout bonnement incapable de la laisser toute seule alors qu'elle le laissait entrevoir l'ampleur de sa peine.

Il s'approcha du lit et s'assit à côté d'elle, se laissant faire lorsqu'elle enfouit sa tête dans son cou. Il poussa même le vice jusqu'à l'entourer de ses propres bras, la serrant fort contre lui.

Il fut d'abord submergé par les émotions et les sensations provoquées par le contact entre leurs deux corps puis réussit à faire ralentir son rythme cardiaque. Enivrée par le parfum de la doyenne, il commença à lui caresser le dos, dans un geste de réconfort.

Petit à petit, au fil des minutes qui passaient, ses sanglots se calmèrent et ce qui n'était qu'une étreinte platonique pour la réconforter devint quelque chose de plus doux, de plus sensuel. Les caresses qu'il exerçait dans son dos étaient plus lentes et sentir son souffle plus régulier dans son cou le faisait agréablement frissonner. Il avait presque oublié à quel point un simple contact physique avec elle pouvait être apaisant. Il sentit le corps de Cuddy s'alourdir contre lui et ne put s'empêcher d'esquisser un léger sourire. Il avait discrètement dilué un somnifère dans la tisane qu'il lui avait apporté et était fier qu'elle n'ait rien remarqué. Elle avait tellement besoin de sommeil. Il attrapa délicatement ses bras qu'elle avait noué au tour de son cou pour la détacher de lui et l'allonger dans son lit. Exténuée, elle se laissa docilement faire mais lui demanda néanmoins d'une voix endormie :

- « Reste ».

Il hésita un instant mais au fond, il savait que son choix était déjà fait. Il n'était pas prêt à abandonner le sentiment de plénitude qui l'avait envahit lorsqu'il avait serré Cuddy contre lui. Il voulait rester à ses côtés et elle en avait apparemment aussi besoin que lui. Alors, il exerça une pression rassurante sur sa main et acquiesça avant de se relever pour faire le tour du lit. Il retira ses chaussures et s'installa à côté d'elle, n'osant pas passer sous les couvertures. Elle se tourna vers lui avant d'attraper délicatement sa main gauche tout en le dévisageant pour voir sa réaction. Les sourcils froncés, elle glissa lentement ses doigts jusqu'à son annulaire pour retirer l'alliance qu'il avait portée ces derniers jours dans l'unique but de la blesser, et la posa sur la table de nuit, derrière elle.

Face à son geste, House ne put s'empêcher d'esquisser un léger sourire auquel Cuddy répondit avant de s'allonger de nouveau, assez près de lui pour sentir sa chaleur corporelle l'envelopper, mais prenant néanmoins soin de ne pas le toucher. Enfin, elle s'endormit sous le regard bienveillant de House qui passa une bonne partie de la nuit à l'observer, se demandant s'il y avait encore de l'espoir pour eux.


TBC, si vous le voulez bien...