Un modeste OS à personnages multiples écrit dans le cadre des Fées de l'Ecriture. A vos mirettes.
Faites péter le champagne
-Bon allez, c'est l'heure. Faites péter le champagne.
Loki est avachi dans un fauteuil, Mirajane sur les genoux. Elle se contentait de servir, comme d'habitude, mais il a réussi à la faire boire. C'est un démon lorsqu'elle perd le contrôle. Pleine de crudité, sa façade de sainte commère envolée. Une saloperie de caractère bien insupportable. Comme il les aime. Elle est entreprenante, aussi. Qu'on le rassure. C'est bien le mot pour une fille qui grogne lorsqu'on l'embrasse du bout des lèvres et se retrouve à califourchon sur votre cuisse la seconde d'après ?
Loki est béat. Il vient de succomber. Tel est pris qui croyait prendre.
C'est Natsu qui brandit la bouteille. Cana tient à peine debout, et Bacchus n'est guère mieux. Effondrés tous deux sur les tables jonchées de cadavres de bouteilles. Cana ronfle. Elle sursaute lorsque tous ceux qui sont encore vaillants s'écrient :
-BONNE ANNEE !
Les autres sont moins portés sur la bibine. Ils regardent le bouchon du champagne fuser par la fenêtre. Lisanna et Fried sont pris dans une partie d'échecs. Ils frémissent à peine. Fried avance un cavalier et Lisanna vire au rouge écrevisse. Elfman, dans un élan d'enthousiasme, soulève Evergreen au plafond tandis que celle-ci lui hurle de la laisser redescendre. Roméo montre un tour de passe-passe à Hisui.
Lucy parle à Yukino lorsqu'elles se font interrompre. Sting apporte galamment un plateau de petits fours. Yukino se sert et il harponne Lucy qui décline.
-J'ai besoin de quelqu'un à la cuisine, ça t'embête ?
Surprise, elle hoche la tête. Il lui met un doigt dans le dos pour la faire avancer. Elle se met en colère, le poursuit, il s'esclaffe et ils se retrouvent tous deux en face-à-face dans la kitchenette exiguë.
-C'est sympa de m'avoir accompagné, la remercie Sting avec le sourire. Ça doit faire deux heures que Rogue essaye de trouver un moyen de parler à Yukino. Il a cru qu'il n'y arriverait jamais. Vous, les filles, vous ne savez pas vous arrêter…
-Oh ? s'exclame Lucy avec intérêt. C'est trop mignon !
Elle jette un coup d'œil par l'entrebâillure de la porte. Le brun ténébreux a rejoint sa dulcinée. Elle glousse. Puis elle se retourne vers Sting qui s'affaire réellement aux fourneaux, à trancher du jambon fumé en petite chiffonnade.
-Je peux t'aider ?
-Je te dirais bien que ta présence me suffit en elle-même, plaisante Sting, mais dispose ça sur les toasts.
-Un vrai cordon bleu. Tu nous avais caché ça, blague Lucy en le regardant sortir une pizza du four.
Elle s'exécute et il se tourne. Il pose le plat brûlant, attrape un tablier et le lui glisse autour du cou. Dans l'étroitesse de la cuisine, elle baisse la tête et rit. Il le lui attache dans le dos. Ses doigts effleurent sa taille.
-Voilà, sourit-il, comme ça tu es parfaite.
Ses mains remontent pour dégager les cheveux blonds. Lucy lâche le couteau qu'elle avait pris. Il se rapproche, se presse contre elle et elle se retrouve coincée contre le plan de travail. Il se penche sur son visage. Son souffle lui effleure les lèvres. Elle se surprend à fermer les yeux.
-Arrête, proteste-t-elle. On va tout renverser.
Il repousse le plat d'une main, ou du moins elle le devine, au bruit dans son dos, et il l'embrasse.
Erza pousse la porte à cet instant. Lucy et Sting s'éloignent précipitamment l'un de l'autre, les joues en feu, mais la rousse marmonne quelque chose et referme la porte sans entrer. Elle retourne au salon. Sho fait un tour de magie devant Millianna, Meldy applaudit. Elle s'éclipse au balcon.
Elle s'y accoude. Le feu d'artifice a commencé. Elle s'y installe comme si elle était seule au monde, pour observer les tirs colorés qui fusent en des figures simples mais splendides. Une silhouette se dégage de l'ombre. Un jeune homme très silencieux, l'air gêné, un tatouage sur la joue.
-Dis-moi… Tu avais perdu un pari lorsque tu t'es fait ça ?
-C-comment t-tu as de-deviné ? balbutie le tatoué.
-C'est pas grave. Il te va magnifiquement.
Deux têtes rougissent et se tournent de concert. Grey, caché jusque-là, se sent de trop. Il écrase sa cigarette et rentre à l'intérieur, prétextant une soudaine frilosité. Il a encore réussi à se déshabiller sans savoir où il a jeté son t-shirt. Les réparties moqueuses se perdent dans le bal des deux amoureux.
A l'intérieur, Natsu brandit le champagne d'une main et prend une gorgée au goulot.
-C'est pas comme ça que ça se boit, abruti.
Natsu jette un regard éberlué à Grey.
-M'en fous, bredouille-t-il. J'aime pas le nouvel an. C'est ce jour-là que papa est parti. D'ailleurs je devrais partir moi aussi, je vais rentrer tard. Et puis tu sais. Après j'pourrais plus conduire.
-T'es bourré, tu vas pas conduire.
-J'aime pas le nouvel an, répète Natsu.
-Oui, oui, ça va j'ai compris.
-J'vais prendre la voiture et…
-Oh ça va, râle Grey. Tu vas rester ici, un point c'est tout. Ya assez de place dans les chambres, je te filerai mon lit. T'as pas intérêt à vouloir te barrer, je te préviens. Je ne te laisse pas partir dans cet état.
Natsu sourit et repose la bouteille. Grey l'attrape par les épaules. Natsu tangue. Grey le rattrape avant qu'il ne s'effondre, et essaye de le caler sur ses biceps. Il grimace. C'est qu'il est lourd, le gamin. Il le traine tant de bien que de mal jusqu'à la chambre. Ils croisent Jura et Flare en chemin, qui flirtent timidement. Puis Grey pousse la porte du pied, la claque de la même façon, et tente de poser Natsu sur le lit.
-T'es encore torse nu, marmonne le jeune homme en se blottissant contre ses pectoraux.
-Ouais ouais.
-Pourquoi tu finis toujours comme ça ?
-J'fais pas exprès.
Grey essaye de se dégager, mais Natsu s'accroche et l'attire contre lui.
-J'suis bien, là. Si tu te barres, je me barre.
Grey soupire. Natsu frotte sa tête comme un petit chat en manque de câlins. Il ronronne. Puis il l'entraîne de côté, contre le lit, et Grey n'ose plus bouger. Le rose va s'endormir. Il n'ose pas le réveiller.
-Connard, murmure Natsu dans son sommeil.
Grey s'esclaffe. Il lui pose un baiser contre le front, et lui caresse la tête.
