Ce n'était pas la première fois qu'elle se penchait ainsi par dessus ce trou. Toujours aussi grand et profond, les échos de sa respiration faisaient des allés-retours jusqu'à son être. Elle se souvenait également de la première fois qu'elle était tombée, qu'elle avait chuté alors que le sol ne semblait plus vouloir s'approcher. Elle ne se souvenait cependant plus de la raison de ce saut, était-ce dans un élan de tristesse absolue ou seulement par la faute d'une maladresse incontrôlée ? Ces événements lui semblaient bien loin à présent, si loin qu'ils se confondaient avec ses songes. Et si depuis, elle avait réussi ses études, avaient trouvées un travail, il lui arrivait parfois de repenser à ses quelques jours qui peut-être n'avaient jamais existés, elle n'était plus sûr de rien. Du haut de ses quarante ans, les rides commençaient à creuser son visage et la sagesse avait remplit ses yeux.

Frisk regrettait. Frisk regrettait ses actes passés. Elle aurait pu les sauver, elle le sait mais à cette époque, jeune et haute comme trois pommes, elle n'avait pu s'empêcher d'en tuer. De tuer des créatures. Pas tous mais cela suffisait pour qu'elle parte de ce lieu avec du sang sur les mains. Frisk revenait alors ici, tous les jours, espérant. Juste espérant que quelque chose se passe, ayant simplement peur de tomber de nouveau d'aussi haut. Et si tout cela n'avait été qu'un rêve après tout ? L'enfance est pleine d'images aussi futiles les unes de les autres, des histoires, des contes que l'on écrit, que l'on voit en couleur, dont on interagie avec. Frisk n'était aujourd'hui plus capable de ça, elle voyait les vrais images, elle entendait les vrais sons et elle se demandait si un monde aussi étrange pouvait exister. S'essayant au bord du trou, elle ferma les yeux, ressentait un vent frais y sortir, faisant doucement remonter ses cheveux bruns. Et de ce vent, elle imagina des sons, des mélodies qui l'enlaçaient délicatement, elle aimait cette endroit, il y avait quelque chose de pur dans ses rochers, dans ses plantes qui l'entouraient, des choses, des sensations qu'elle connaissait. La femme se mit à sourire, penchant sa tête vers le noir profond du lieu. Elle pensa à ses enfants, à son mari, elle pensa à toutes les personnes qu'elle chérissait.

Rêve

L'adulte releva la tête, regarda autour d'elle. Elle n'avait pas rêvé, Frisk avait entendu une voix, une voix plongée et immergée dans un souffle, dans un vent froid.

Rêve car bientôt ce monde ne sera plus que ça.

Son coeur se mit à battre, elle n'était pas folle, quelqu'un ou quelque chose lui parlait.

Rêve car un jour c'est tout ce qui te restera.

Son visage repartit vers le trou. Cette voix, elle était grave mais cependant douce.

As-tu abandonné Frisk ? Voyons, je te pensais plus forte que ça. Dis-moi, est-ce que tu veux ? Veux-tu simplement oublier ? Simplement effacer ce monde comme je voulais le faire avec le tient ?

« Qui... », marmonna l'adulte prise dans sa stupeur.

Tu penses n'avoir aucune responsabilité ? Penses-tu que tu n'étais que de passage ? Penses-tu que tu as le doit d'abandonner ainsi ?

Aucune réponse.

...Tu as oublié ? C'est vraiment dommage...Dans ce monde…

« Non... »

C'est tuer…

« Arrête ! »

Ou...

«NE LE DIS PAS !»

être tuer…

Puis ce fut un rire, un rire affreux, un rire sordide. Frisk recula alors de l'espace en face d'elle, terrifiée. Un grondement sonna, le vent se mit à tourner et tels des serpents, à l'enrouler, la faisant vaciller. Ce fut une longue danse ou cette maman ne cessa de se débattre de ses souffles glissant sur son corps, la faisant glisser, sauter, courir, hurler. Et ses cordes invisibles la tirèrent jusqu'aux enfers, jusqu'à ce trou devenant de plus en plus sombre, de plus en plus terrifiant au fur et à mesure qu'il se rapprochait d'elle. Elle ne pouvait rien faire, seulement se débattre vainement épuisant ses pauvres forces déjà assez minimes habituellement. Frisk se sentit immergée, noyée par des mots vides de sens qu'elle ne comprenait pas, par des formes, des chants. Son pied droit fut le dernier à toucher terre.

Puis elle tomba.

HOPE AND DREAM, my dear, HOPE AND DREAM.