Disclamer : les personnages appartiennent à Masami Kurumada.

Bonjour, une petite fic toute douce en deux chapitres. Bonne lecture à tous !

En remettant cette fic à jour pour la publier ici, je m'aperçois que j'avais alors aborder un sujet qui se retrouve aujourd'hui en pleine actualité (dans le chapitre 2). Je tiens juste à préciser que je n'ai rien modifié au contenu de cette fic qui a été publiée une première fois sur un autre site en 2010, la mise à jour consiste juste à chasser les fautes et éventuellement reprendre certaines tournures de phrases.


Chapitre 1

Shun soupira une nouvelle fois en jetant un regard catastrophé autour de lui. Son frère avait une nouvelle fois disparu. Sûrement avec cet éphèbe blond qu'il lui avait brièvement présenté toute à l'heure. Hyoga, lui avait-il dit, en y repensant, c'est vrai que son frère avait plutôt bon goût. Il sourit en regardant autour de lui. Son frère occupé, il n'avait plus rien à faire ici.

La fête battait maintenant son plein. Mais pourquoi s'était-il laissé convaincre de venir à cette fête déjà ? Ah oui, pour faire plaisir à Ikki qui lui reprochait de passer le nez dans les bouquins en passant à côté de sa jeunesse. Mais il aimait les bouquins lui ! Quand est-ce que son aîné comprendrait que ces fêtes l'effrayaient au plus au point ? Qu'il ne se sentait pas à l'aise au milieu de tous ces étudiants braillards et déjà bien éméchés pour la plupart.

Il en évita un de justesse en posant précipitamment son verre de jus de fruit sur une table. Le temps de rattraper le jeune homme qui s'excusa d'une voix pâteuse avant de retourner à son jeu, visiblement un remake d'un célèbre combat d'arts martiaux.

Shun laissa de nouveau échapper un soupir et récupéra son verre, décidé à s'éclipser rapidement sans voir le sourire de connivence qu'échangeaient deux étudiants un peu plus loin en le voyant avaler d'un trait le reste de son gobelet de jus de fruit avant de l'abandonner vide sur une desserte déjà archi pleine.

Il venait d'atteindre la sortie et respirait avec plaisir l'air doux de la nuit quand il se sentit subitement mal. Sa vision se brouilla et il dut faire un effort considérable pour se maintenir debout jusqu'au mur où il s'appuya :

- Mais qu'est-ce qui m'arrive ? dit-il

Il n'eut pas le temps de répondre à cette question qu'une voix mielleuse se fit entendre tout contre lui :

- Alors mon cœur, un petit coup de barre ? Viens avec moi…
- Qui êtes-vous ? réussit à prononcer Shun avant d'ajouter. Ikki…
- Ton grand frère est plutôt occupé là… Pour une fois qu'on peut profiter de toi, susurra la voix qui n'avait rien de rassurant alors qu'un bras entourait sa taille pour le soutenir :
- Lâchez-moi ! cria Shun, réalisant brutalement qu'on l'avait drogué.
- Ça, il n'en est pas question, mon cœur… répondit la voix en l'entraînant bien malgré lui.

Il tenta bien de se débattre mais quoi qu'il lui ait fait prendre, il était incapable de penser avec cohérence ou de résister par la force. Il tenta de nouveau de crier mais une main se plaqua sur son visage :

- Ça suffit, sois sage maintenant !

Alors qu'il se croyait perdu, il entendit soudain une autre voix :

- Lâchez-le tout de suite bande de lâches !
- Qui t'es toi ? Il est à nous !
- Ce n'est pas un objet et il n'est pas consentant, alors lâchez-le ! répéta la voix. J'ai déjà fait prévenir son frère !

Cette menace sembla suffire à faire fuir ses deux tortionnaires qui le lâchèrent et s'enfuir sans demander leur reste. Il tangua un instant, incapable de se maintenir debout seul et se retrouva contre un torse puissant alors que celui qui venait de le sauver le rattrapait :

- Shun ? Comment tu te sens ? entendit-il.

Il essaya de voir son sauveur sans résultat, sa vue était bien trop brouillée, tout ce qu'il put distinguer fut de longs cheveux noirs. Il sentit la main douce qui le calait contre lui, le soulevait, caressant son dos et instinctivement il se blottit dans les bras puissants et si chauds, se lovant dans la chaleur rassurante :

- Ça va aller, je vais te conduire en sécurité ! Ne t'inquiète pas !

Il connaissait cette voix, il en était sûr mais il sombra dans l'inconscience avant de trouver à qui elle appartenait.

Ooo000ooO

Quelques heures plus tard…

Shun tenta en vain d'ouvrir les yeux. Ses paupières étaient bien trop lourdes et son crâne semblait prêt à exploser. Il sentit une main dans la sienne et la reconnut :

- Ikki… murmura-t-il
- Shun ! Bon Dieu ! Tu m'as foutu une des ces trouilles ! répondit son frère en le serrant contre lui.

Les souvenirs commencèrent alors à affluer dans son esprit encore en vrac et il s'accrocha à son aîné alors qu'un flot de larmes dévalaient ses joues.

- Tiens Ikki, fais-lui boire ça, il se sentira mieux après.

Cette voix… son sauveur… il ouvrit les yeux mais fut ébloui par la lueur du jour et les referma aussitôt.

- Merci, répondit son frère en le décollant de lui et en lui mettant un verre sur les lèvres. Bois Shun.

Docilement il ouvrit la bouche et commença à avaler un liquide amer qui le fit tousser. Aussitôt, une main rassurante vint tapoter son dos, l'aidant à mieux respirer. Il reconnut cette douce chaleur, la même qui l'avait sauvée :

- Eh ! Tu veux l'empoisonner ! protesta Ikki
- Idiot ! Ca devrait finir d'évacuer la drogue qu'ils lui ont fait boire. Laisse-le se reposer encore quelques heures, répondit la voix en le rallongeant avec des gestes doux.

Il réussit à ouvrir les yeux et le vit enfin ! Sa dernière pensée avant de sombrer de nouveau dans le sommeil fut, mon Dieu qu'il est beau !

Ooo000ooO

Il émergea de nouveau quelques heures plus tard, cette fois en pleine possession de ses esprits et regarda autour de lui. Il reconnu sans problème la chambre de son frère. Son sauveur, dont il ignorait encore le nom, avait dû le transporter ici, donc il connaissait Ikki. Il était maintenant seul. Il se leva avec précautions et en sortit de la pièce, cherchant son aîné.

Il y avait un moment qu'il n'était pas venu dans l'appartement de son frère mais il se dirigea sans peine vers la cuisine où il trouva son sauveur, de dos, occupé à préparer le repas. Il profita qu'il ne l'avait pas encore vu pour le détailler à son aise.

Il était grand et fin avec un dos large que l'on sentait puissant, de longs cheveux ébène y couraient librement pour venir mourir sur une chute de rein qu'il le fit frissonner malgré lui, sans qu'il comprenne pourquoi. Ses yeux descendirent plus bas, suivant les longues jambes fuselées qu'il devinait musclées sous le pantalon de toile. Il vit ses pieds nus faire demi-tour et releva vivement les yeux, rougissant. Un sourire magnifique l'accueillit sur un visage paisible et… beau, magnifiquement beau, il ne trouvait pas d'autre mot. Des yeux verts, vifs et intelligents complétaient ce tableau de rêve :

- Shun ! Comment te sens-tu ?
Et cette voix… profonde et grave… et incroyablement chaude…
- Mieux, beaucoup mieux… répondit-il en lui lançant un regard interrogatif.
- Oh c'est vrai, je ne me suis pas présenté avec tout ça ! Je suis Shiryu, le colocataire d'Ikki ! On s'est déjà parlé au téléphone mais on ne s'était jamais rencontré, expliqua-t-il.
- C'est pour ça que j'avais l'impression de te connaître, j'ai reconnu ta voix !

Celle d'Ikki, affolé les interrompit :

- Shiryu ! Shun a disparu !
- Il est là Ikki ! répondit ce dernier.

L'aîné rappliqua aussitôt dans la cuisine et broya son cadet dans une nouvelle étreinte :

- Doucement ! Tu vas finir par l'étouffer ! se moqua le brun.
- On voit bien que ce n'est pas ton petit frère ! s'insurgea Ikki en consentant néanmoins à lâcher Shun qui vacilla.

Shiryu le fit asseoir aussitôt d'un geste sûr :

- Je vais te donner quelque chose à manger, dit-il.
- Ça va aller… tenta de protester Shun.
- Non, il faut que tu manges, tu as dormi presque toute la journée, ton corps est affaibli !
- Ecoute-le, il est étudiant en médecine, il sait ce qu'il dit ! insista son aîné en s'asseyant également.
- Toi, mets la table ! ordonna le beau brun à ce dernier, tu n'es pas malade toi !
- Esclavagiste ! rétorqua Ikki qui se leva malgré tout pour lui obéir, faisant sourire Shun. Shiryu eut un sourire complice à son encontre et retourna à ses fourneaux.

Ils allaient manger quand un léger coup à la porte suivit d'un :

- C'est Hyoga ! Je rentre ! qui fit retrouver un franc sourire à son aîné qui se retourna vers la porte de la cuisine. Salut la compagnie ! Shiryu, Shunrei veut te voir ! Elle est devant la porte ! Mais dis donc, tu vas mieux Shun ? Notre médecin a encore sauvé la situation, dit l'arrivant en déposant un baiser sur le front du brun, de Shun et un autre sur les lèvres d'Ikki.
- Elle t'a dit ce qu'elle voulait ? interrogea Shiryu visiblement contrarié par la nouvelle.
- Non, mais toujours la même chose je suppose… Que veux-tu ? Ces filles sont toutes dingues de toi !

Le brun soupira et se leva, disparaissant de la pièce. Shun sentit son cœur se serrer sans savoir pourquoi. Il reporta son attention vers son aîné :

- Ikki, que m'est-il arrivé exactement ?
- Rien ! Grâce à Shiryu ! Il a vu quelqu'un verser quelque chose dans ton verre… Il m'a aussitôt fait prévenir et t'a suivi quand tu es sorti… empêchant ces lâches de te faire du mal !

Sa voix était devenue sourde à ces dernières paroles, pleine d'une rage contenue. Mais ils ne perdent rien pour attendre !

- Calme-toi Ikki ! lui dit Hyoga qui s'était sorti une assiette et se servait à manger. Shun va bien et c'est l'essentiel !
- Il faut que j'y aille ! les interrompit Shiryu en revenant à la cuisine où il attrapa du pain et se confectionna rapidement un sandwich.
- Un problème avec Shunrei, bourreau de cœurs ? se moqua gentiment Hyoga.
- Rien que je ne puisse résoudre, lui répondit le brun en lui assénant une petite tape sur le haut du crâne, ajoutant. Qui t'a invité toi ?
- Ça avait l'air si bon… plaida Hyoga.

Shiryu sourit sans répondre et posa sa main sans préambule sur le front de Shun, attrapant son poignet pour vérifier son pouls, faisant violemment frissonner ce dernier. Il fronça les sourcils et conclut :

- Garde-le encore un peu ici Ikki, qu'il se repose ! rajouta-t-il déposant rapidement un baiser sur le front des trois avant de partir rapidement.
- Qu'est-ce que je disais ! Un véritable bourreau des cœurs, commenta Hyoga à qui la réaction de Shun n'avait pas échappé et qui replongea la tête dans son assiette pour cacher la rougeur qui lui montait au visage. Et le pire c'est qu'il ne s'en rend même pas compte !

Ikki se contenta d'observer attentivement son cadet, un pli soucieux apparaissant sur son visage.

Ooo000ooO

Quelques jours plus tard…

Shun sortit de ses cours qu'il avait repris la veille avec l'autorisation de Shiryu. Il avait également réintégré sa chambre sur le campus, malgré les protestations de son aîné.

Il y passa rapidement déposer ses affaires avant d'aller s'acheter de quoi manger et s'installer sur l'herbe dans le parc de la fac, comme beaucoup de ses camarades, pour profiter de la douceur de la soirée de ce début de printemps.

Là, il put se laisser aller à rêver en picorant son bento. Et depuis sa mésaventure, ses rêves se dirigeaient tous vers un certain brun dont il était éperdument tombé amoureux.

Les trois jours qu'il avait passé chez son aîné lui avait fait un peu mieux connaître Shiryu qui était très occupé et donc bien souvent absent malheureusement, mais avait toujours de petites attentions à son égard lors de ses rares moments de présence.

Seulement, il semblait en avoir pour tout le monde. Que ce soit Ikki ou Hyoga qui vivait pratiquement avec eux, ou même cette Shunrei qui venait le chercher régulièrement mais qu'il n'avait jamais fait entrer. Visiblement, il était dans la nature du beau brun de s'occuper des autres.

Bien sûr, il avait su qu'Ikki avait dû changer de colocataire récemment vu qu'il lui avait proposé à lui de venir s'installer avec lui. Proposition que le cadet avait repoussée, connaissant trop bien le côté surprotecteur de son aîné. Mais ne l'avait jamais rencontré avant.

Pourtant, ils fréquentaient tous la même fac. Il faut dire que c'était une véritable ruche, regroupant d'innombrables étudiants de toutes disciplines et qu'il n'y était lui-même que depuis l'année précédente. Il soupira et essaya de se plonger sans beaucoup de conviction dans un traité de psychologie, sa matière principale. Sans grand succès d'ailleurs.

Il allait renoncer quand une voix douce et chaude bien connue maintenant le fit lever la tête :

- Bonjour Shun !
- Shiryu !
- Si tu ne manges pas mieux que ça, reprit le brun en s'installant près de lui, je vais peut-être insister auprès d'Ikki pour que tu vives avec nous ! le menaça Shiryu en voyant son bento à peine entamé.
- Oh, j'n'avais pas très faim ce soir…
- Oui, mais t'es quand même un peu pâlichon, remarqua Shiryu en prenant son menton dans sa main pour l'observer, faisant violemment rougir Shun.
Un sourire se forma sur les lèvres du brun :
- C'est moi qui te fais rougir comme ça Shun ? demanda-t-il d'une voix qui parue encore plus chaude à ce dernier, ou était-ce lui qui avait subitement plus chaud ?
- Shiryu ! Je te cherchais ! intervint une voix féminine évitant à Shun de répondre à cette question pour le moins gênante.
- Shunrei ! Quelle surprise ! Et que puis-je pour toi cette fois ? répondit le brun visiblement très agacé par son interruption.
- J'ai besoin de toi, supplia la jeune fille que Shun voyait pour la première fois, tu ne peux pas me laisser comme ça !
- Shunrei…. commença Shiryu
- Je vais vous laisser, le coupa Shun en se levant et en partant rapidement, oubliant son précieux recueil sur l'herbe dans sa précipitation et son trouble, ne voyant pas les regards, triomphant de la jeune fille et contrarié du jeune homme qui le suivirent tout au long de sa fuite précipitée.

Il rentra directement à sa chambre et se laissa piteusement tomber sur le lit, laissant s'évacuer les larmes qu'il avait eu tant de mal à contenir en comprenant la relation entre le beau brun et cette fille.

Il avait compris rapidement ses sentiments à son égard, seulement c'était la première fois qu'il craquait pour un autre garçon. Oh ce détail ne le gênait pas en soi, après tout son frère avait depuis longtemps affirmé cette préférence. Mais d'un naturel timide et réservé, il se voyait mal déclaré sa flamme à Shiryu qu'il connaissait à peine et dont il ignorait encore tout ou presque.

Ce n'est que bien des larmes plus tard, alors que la nuit envahissait le campus encore très animé, qu'il se rendit compte qu'il avait oublié son livre. Affolé, il se précipita à l'endroit de sa rencontre avec le brun mais bien entendu le traité n'y était plus. Il revint résigné vers sa chambre. Ce livre lui avait coûté une petite fortune, mais ce n'était pas le pire, en travaillant dur, il pourrait le remplacer rapidement. Non, ce qui lui faisait peur, c'était les quelques pages de mots griffonnés pendant ses cours de ces derniers jours et laissant deviner sans équivoque possible ses sentiments envers Shiryu.

La nuit fut longue pour le jeune Shun qui ne savait plus s'il préférait que ce soit le brun qui ait récupéré son livre ou un vulgaire étudiant qui lui n'avait aucune chance de comprendre à qui était destiné ses mots mais qui saurait du coup qu'il avait une préférence pour les garçons.

Ooo000ooO

Shiryu rentra à son appartement après une énième discussion plutôt houleuse avec Shunrei et plusieurs heures de garde à l'hôpital où il faisait du volontariat en attendant son internat. Epuisé il se jeta sur son lit tout habillé, posant à ses côtés le livre de Shun qu'il avait récupéré après son départ précipité.

Ce dernier s'ouvrit sur une page où se trouvaient des feuilles volantes remplies d'une écriture serrée et raturée. Machinalement il en prit une et commença à la lire :

J'aimerais plonger mes mains dans ta longue chevelure sombre que je devine soyeuse, joué sans fin avec tes mèches ébène interminables que j'aime tant regarder se perdre dans le bas de ton dos, les laissant s'enrouler à leurs guises autour de mes doigts tremblants...

Il se redressa sur son lit :

J'aimerais plonger mon nez dans ton cou pour me griser de ce parfum subtil et musqué que tu laisses parfois parvenir jusqu'à mes narines frémissantes et avides quand tu m'examines, déposer ça et là quelques baisers timides et maladroits….

Il s'assit, plus du tout épuisé :

J'aimerais poser mes lèvres sur les tiennes, qui tant de fois caressent mon front et déclenchent en moi de longs frémissements incontrôlés et incontrôlables, laisser ta chaleur doucement m'envahir, savourer un instant ton frisson quand j'oserais enfin les caresser avec les miennes…

Il posa la feuille et prit les autres, les parcourant rapidement, des notes de cours entrecoupés de mots griffonnés qui se retrouvaient ensuite sur la première page. Il la reprit :

J'aimerais enlever un à un les boutons de ta chemise qui me dévoilerais enfin les trésors de ton corps… un passage barré… laisser mes lèvres goûter ta peau blanche et m'enivrer encore et encore de ta saveur…. un autre passage barré… contempler sans oser encore le toucher ton torse que je devine divinement sculpté…

La suite devenait presque illisible, hormis quelques passages :

Me donner à toi… laisser tes mains parcourir mon corps pantelant… lire dans tes yeux verts le reflet de mon amour… vibrer et mourir au rythme effréné de tes hanches…

A aucun moment n'apparaissait un nom, mais Shiryu ne pouvait avoir de doute, ce poème magnifique et inachevé, et ô combien troublant, était un hymne d'amour à son intention. Un amour comme il en avait rarement vu, pur et sincère… magnifique…

Il rangea précautionneusement les pages volantes dans le livre et se déshabilla pour dormir un peu. Son portable vibra, un message de Shunrei, il l'effaça sans le lire et prit d'une subite inspiration, se mit à parcourir fébrilement son clavier pour à son tour envoyer un message. Une fois fait, il se laissa glisser dans les bras de Morphée, non sans avoir prit le temps de relire une fois encore les mots qui dansaient maintenant devant ses yeux, l'entraînant vers un merveilleux rêve… un rêve qu'il croyait pourtant impossible…

Shun se réveilla en retard. Jurant contre son réveil et sa courte nuit peuplée de cauchemar divers et tous plus horribles les uns que les autres, il se prépara à hâte, avalant juste une brique de jus de fruit avant de foncer en cours.

Ce n'est qu'après plusieurs heures de psychologie qu'il alluma enfin son portable qui se mit tout de suite à biper. Il avait deux nouveaux messages. Un de son frère qui lui proposait de passer le samedi suivant chez lui. Il sourit en constatant que l'instant super protecteur d'Ikki était bel et bien réapparu en force. Le deuxième l'aurait sûrement fait tomber s'il n'avait pas été assis en train de manger avec ses camarades, Shiryu l'invitait le soir même !

Il regarda à deux fois le message avant de taper d'un doigt tremblant une réponse positive. Il mangea en silence, à un tel point que ses camarades, dont certains étaient au courant de sa mésaventure récente, ce genre de nouvelle faisant vite le tour d'un campus, s'inquiétèrent un peu.

Il les rassura, prétendant qu'il avait juste passé une mauvaise nuit, ce qui était vrai en plus.

Une réponse lui parvint juste avant qu'il ne se rende au cours de l'après-midi. Shiryu lui indiquait l'heure et le restaurant dans lequel ils devaient se retrouver. Son après-midi fut jalonné de questions en tous genres mais sans la moindre réponse. C'est le cœur battant à cent à l'heure qu'il se rendit au restaurant indiqué par le brun avec une bonne demi-heure d'avance.

Ce dernier avait attendu impatiemment sa réponse. Réveillé d'une courte nuit peuplée d'un jeune éphèbe aux cheveux verts et à l'allure d'un ange, il se sentait en pleine forme dès le petit déjeuner. Ikki remarqua bien sa joyeuse humeur mais Shiryu était d'un naturel heureux aussi ne s'en soucia-t-il pas plus que ça. C'est un peu plus tard, alors qu'il avait laissé le brun qui commençait un peu plus tard, qu'il commença à se poser des questions suite à une question somme toute banale de son colocataire :

- Ton frère a cours ce matin ?
- Oui, je crois. Pourquoi ?
- Pour rien, j'ai récupéré un livre à lui, je vais essayer de lui rendre. C'est tout.

Ikki acquiesça et partit. Ce n'est qu'en entrant à son premier cours que l'aîné se posa la question cruciale qui ne n'avait pas encore effleuré son esprit encore embrumé par le corps ô combien magnifique d'un certain blond avec qui il avait passé la nuit, mais où donc Shiryu avait-il récupéré un livre de Shun ? Et pourquoi ?

Il rejoignit donc son colocataire à l'heure du déjeuner, sachant à peu près où le trouver. Shiryu avait ses habitudes et déjeunait souvent au même endroit :

- Bon appétit ! dit-il en posant son plateau en face de lui
- Ikki ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?
- Je voulais savoir où tu avais récupéré un livre de Shun ? répondit ce dernier sans préambule.
- Oh, ça ! Hier, je suis tombé sur lui quand je rentrais. Il mangeait un bento dans le parc.
- Et ?
- Et Shunrei est arrivée alors qu'on discutait. Je suppose qu'il s'est senti gêné, il est parti précipitamment, oubliant son bouquin. Satisfait ? se moqua le brun qui s'amusait beaucoup de son instinct surprotecteur envers son cadet.
- Ouais…

Ils mangèrent un moment en silence :

- Dis ce que tu as à dire Ikki… reprit le brun sentant que son colocataire et surtout ami n'avait pas encore exprimé le réel pourquoi de sa présence ici.
- Qu'est-ce que tu veux à Shun ? Il est hétéro… toi aussi d'ailleurs !
- En es-tu vraiment sûr ? Pour mon compte, je suis plutôt bi qu'hétéro même si j'ai eu plus de filles que de mecs dans mes relations. Je te rappelle quand même que c'est moi qui t'ais présenté Hyoga !
- Ne me dis pas que vous êtes des ex ?
- Si… mais je te rassure, c'était il y a longtemps et nous avons vite compris tous les deux que nous étions plus amis qu'amants ! Et je suis très heureux de le voir enfin se stabilisé avec quelqu'un comme toi !
- Bon, passons sur toi… après tout je ne te connais que depuis deux ans… mais Shun, il n'a jamais montré aucun intérêt pour les mecs !
- Alors si je me trompe à son sujet, je n'insisterai pas ! Promis !
- Comment ça si tu te trompes ?
- Je crois que ton frère a un faible pour moi, je voudrais juste le vérifier ! Cela te pose un problème ?
- En soit non…
- Mais ?
- Mais c'est mon petit frère ! Il vient de vivre une malheureuse expérience et j'ai peur qu'il se trompe et en souffre encore davantage ! Ce n'est pas contre toi Shiryu ! Je sais que tu es un mec bien, mais je veux juste le protéger !

C'est à ce moment que le portable du brun se mit à vibrer, lui transmettant la réponse du frère en question. Shiryu la consulta rapidement et regarda de nouveau l'aîné :

- Tu penses vraiment ce que tu dis Ikki ? Que je suis un mec bien ?
- Bien sûr !
- Alors fais-moi confiance ! Je ne ferais rien qui puisse forcer ton frère en quoi que soit, ce n'est ni mon intention, ni mon but !
- Et quel est-il alors ?
- Comme toi Ikki, trouver la personne qui partagera ma vie… Ne m'as-tu pas avoué il y a quelques temps qu'avec Hyoga tu pensais être enfin parvenu à cela ? Moi, je la cherche encore…
- Et tu penses que Shun l'est ?
- Il est bien trop tôt pour faire ce genre de conclusion, répondit le brun, mais avec lui, j'ai envie de me donner cette chance…

Ikki resta silencieux. Shiryu était on ne peut plus sérieux, il le connaissait assez pour le savoir. Mais son frère savait-il ce qu'il faisait, lui ? Après tout, il n'était pas gay !

- Shun vient de me répondre qu'il acceptait mon rendez-vous de ce soir, reprit Shiryu jugeant plus sage de ne pas lui cacher. Laisse-le faire ses propres choix Ikki. S'il se trompe, je te promets de sortir rapidement de sa vie et de ne pas le harceler !
- Promis ? demanda l'aîné encore un peu hésitant.
- Promis ! répondit Shiryu en tendant son petit doigt pour qu'il scelle cette promesse et il rajouta une fois que cela fut fait. De toute façon, si tu me vois devenir aussi chiant que Shunrei, par pitié, fais-moi enfermer !

Ils éclatèrent de rire tous les deux en repensant à toutes les situations auxquelles avaient du faire face le brun depuis sa rupture d'avec sa belle brune un an plus tôt et qui avait finit par rapprocher Ikki de son blond. Blond avec qui il filait depuis un parfait bonheur.

Ce n'est qu'après cette conversation que Shiryu envoya l'heure et le lieu de rendez-vous à Shun, qu'il choisit en dehors de la fac, pour ne pas tomber encore une fois sur Shunrei. Il voulait que ce premier dîner soit parfait. Car au fond de lui, il espérait vraiment que Shun soit enfin celui qu'il cherchait… celui que l'on cherche tous, cette personne unique qui partagera nos pires et nos meilleurs moments… celle qui sera toujours là pour nous… celle qui saura nous donner autant que nous avons envie de donner et recevoir autant que l'on veut recevoir… celle que l'on cherche parfois toute une vie sans jamais la trouver…

Ooo000ooO

Shun se sentait comme un collégien à son premier rendez-vous. Et dans un sens c'était le cas, après tout, c'était la première fois qu'il avait rendez-vous avec un mec dont il était amoureux. Il comprenait mieux ce soir, ces conversations de filles sur le choix d'une tenue ou d'une coiffure. Lui-même avait dû sortir de sa petite armoire une bonne partie de ses maigres affaires. A ses yeux, ses livres étaient bien plus importants que ses fringues ! De plus, tout comme son aîné, il devait cumuler des petits boulots pour pouvoir étudier. Il avait aussi pris soin de se laver les cheveux. Et maintenant, il faisait les cents pas devant le lieu de rendez-vous.

Il se demandait encore si Shiryu avait trouvé ou non son bouquin et surtout ses notes. S'il devait profiter de cette occasion pour tenter quelque chose. Si le brun sortait encore avec cette fille de la veille. S'il était un hétéro pur et dur. Si même il ne devrait pas renoncer de suite à ce rendez-vous. La main se posant sur son épaule le fit sursauter :

- Bonsoir Shun !
- Bonsoir Shiryu…

Ils se regardèrent un instant :

- On entre ? proposa le brun en souriant. J'espère que tu aimes les pizzas ?
- Oui, bien sûr, répondit Shun en le suivant à l'intérieur.

Shiryu avait volontairement choisi un établissement abordable et sympathique qui mettrait à l'aise son cadet. Il connaissait parfaitement la situation des deux frères qui venaient d'un orphelinat et n'avait jamais été placé.

Lui aussi, tout comme Hyoga, venait de ce genre d'établissement, c'est sûrement ce qui avait d'ailleurs tissé leurs liens très forts avec Ikki. Mais contrairement aux deux frères, Hyoga et lui avaient été tous deux accueilli dans des familles et avaient eu la chance de connaître un foyer.

Hyoga dans une famille française qui vivait au Japon et dont le fils aîné, Camus, avait décidé d'adopter ce petit rebelle blond lors d'une visite de charité à l'orphelinat avec sa mère. Rebelle car Hyoga avait été le seul enfant a refusé la part de ce gâteau infect que sa très chère mère faisait pour ce genre d'occasion et qui n'avait de rien du gâteau sauf le nom.

Et pour lui, dans une famille asiatique typique qui n'avait pas pu avoir d'enfant et qui du coup en avait adopté trois. Deux, plus vieux que lui, Dohko et Shion, qui l'avaient accueilli comme un petit frère quand il était arrivé et n'avaient jamais cessé de veiller sur lui depuis.

Pour Ikki et Shun, cela n'avait jamais été le cas. Ce qui expliquait que l'aîné avait développé cet instinct surprotecteur vis-à-vis de son cadet. Leur seule véritable attache venait de cet orphelinat où ils passaient encore leurs vacances auprès d'un de leur camarade d'infortune nommé Seiya, qui avait avec sa jeune compagne repris la direction de l'établissement où ils avaient grandi tous les trois.

Ils furent installés à une table relativement tranquille et dans le fond de l'établissement sur la demande de Shiryu qui expliqua à son choix à Shun dès qu'ils furent installés :

- Je préfère éviter que l'on me voie de la rue. Avec Shunrei qui traîne toujours à ma recherche…
Shun sauta sur l'occasion pour en savoir un peu plus :
- C'est cette fille d'hier n'est-ce pas ? Etes-vous ensemble ?
- Non, plus depuis plus d'un an, mais elle a dû mal à le comprendre et s'acharne à vouloir me récupérer. Je l'aime beaucoup mais plutôt comme une sœur et je suis presque certain qu'il en est de même pour elle, même si elle refuse encore de voir la vérité en face… A ce propos, je suis désolé si cela t'a gêné hier soir, mais j'espère cette fois qu'elle ne reviendra pas à la charge !

Shun resta silencieux, incertain sur ce qu'il devait conclure de cet aveu. Le brun semblait donc libre mais hétéro… alors pourquoi l'avait-il invité ?
Ils restèrent silencieux le temps de choisir leur repas et Shiryu lui proposa un apéritif :

- Je n'ai pas l'habitude de boire de l'alcool, avoua Shun un peu gêné.
- C'est tout à ton honneur, mais tu peux prendre ceci, lui répondit Shiryu en lui indiquant un vin cuit léger, je te promets que tu garderas tous tes esprits !

Shun accepta et Shiryu orienta la conversation sur ses études pour le mettre à l'aise. Il sentait bien que le jeune homme se posait des questions mais préférait discuter un peu et le connaître un peu mieux avant d'en arriver à ce qui l'avait poussé à l'inviter.

Le brun se rendit vite compte qu'il était passionné par ses études et très studieux, bien qu'apparemment très doué dans son domaine. Il l'interrogea à son tour sur les siennes et ils devisèrent un bon moment de leurs domaines respectifs qui se rejoignaient sur certains points bien que celles de Shun soient plus théoriques.

De fil en aiguille, la conversation glissa sur leurs enfances et Shun apprit avec surprise que Shiryu et Hyoga étaient également des orphelins. Du coup, ils revinrent à Hyoga et Ikki ce qui ramena Shiryu sur le terrain qu'il voulait :

- Ton frère s'inquiète beaucoup pour toi, tu sais ?
- Je sais, Ikki croit que je suis incapable de me débrouiller seul. Avec ce qui m'est arrivé l'autre jour, il se trouve conforté dans cette idée ! Mais franchement, jamais je n'aurais participé de mon propre chef à ce genre de soirée. Je n'y suis allé que pour lui faire plaisir !
- Tu n'aimes pas ce genre de fête ?
- Pas trop, non. Je préfère de loin une soirée calme avec quelques amis ! Je sais que c'est un peu ringard de nos jours mais…
- Pas du tout, le coupa Shiryu, je préfère moi aussi les soirées calmes ! Même si bien accompagné, ces fêtes peuvent parfois être sympas…
- Alors je n'ai pas encore trouvé la personne idéale, répondit Shun, car pour l'instant je les trouve plutôt effrayantes ! finit-il en riant

Le dessert arriva et ils mangèrent un peu, suspendant un instant leur conversation mais Shiryu était séduit de ce qu'il avait appris du jeune homme ce soir et reprit après quelques bouchées :

- A propos d'hier soir, tu as oublié ceci en partant, dit-il en sortant son recueil.
- Oh super ! Je suis content que ce soit toi qui l'aies trouvé ! Quand je m'en suis aperçu, j'y suis retourné il n'y était plus ! répondit-il en feuilletant rapidement le livre posé à ses côtés.
- C'est ceci que tu cherches ? demanda Shiryu en sortant les feuillets en le voyant pâlir subitement.
- Tu les as lus ? demanda Shun d'une voix blanche.
- Oui… tu écris magnifiquement bien d'ailleurs !

Shun rougit violemment et plongea dans son dessert, incapable de soutenir le regard de son compagnon :

- Shun ? l'appela Shiryu d'une voix douce.

- Shun… s'il te plait…
- Tu m'as donc invité pour te moquer de moi ? demanda ce dernier d'une voix amère en relevant doucement la tête.
- Non… je te jure que non !
- Alors pourquoi ? Pourquoi Shiryu ? murmura Shun d'une voix à peine audible.

Il se sentait faible… encore une fois… il s'était bêtement laissé avoir, pensant que le brun, s'il avait lu ses mots arriverait au moins à le comprendre même s'il ne partageait pas ses sentiments… mais là… là… il ne savait plus rien… il ne sentait plus rien que le vide et le froid violent qui semblait l'envahir de plus en plus à chaque seconde qui passait… il fallait qu'il parte… loin… fuir cette souffrance qu'il connaissait bien… comme quand il était enfant… comme il l'avait toujours fait…

Shiryu se demanda s'il avait choisi la bonne méthode pour amener Shun à reconnaître ses sentiments. Le visage dévasté par le chagrin qu'il levait maintenant vers lui le laissa un instant interdit. Un instant de trop. Le suivant Shun se levait précipitamment et comme la veille fuyait le plus vite possible, abandonnant encore une fois son livre sur la table :

- Shun ! Attends ! cria-t-il.

Il se leva à sont tour et le suivit, laissant rapidement de quoi payé la note et récupérant de nouveau le précieux recueil. Mais le jeune homme avait pris suffisamment d'avance pour qu'il ne le rattrape pas. Heureusement Shiryu connaissait ce quartier bien mieux que lui et prit un raccourci pour parvenir sur le campus en même temps que son fuyard.

Il l'attrapa alors qu'il pénétrait dans le parc. Shun, surpris leva un regard vers lui. Son visage était maintenant noyé de larmes. Le brun en fut bouleversé, jamais il n'avait voulu ça :

- Mon Dieu… murmura Shiryu en l'enlaçant. Je t'en prie, pardonnes-moi… Je ne voulais pas te faire de mal.

Ses doigts se mirent délicatement à cueillir les larmes du jeune homme qui restait interdit par son attitude et cette étrange caresse :

- Ne pleures plus Shun… Je voulais juste te comprendre un peu mieux… savoir si ces mots merveilleux que tu m'as écrits étaient sincères… me donner une chance d'y croire… tu comprends, j'ai tellement envie d'y croire… pardonnes-moi Shun… laisse-moi une chance…

Ce dernier ne disait rien. Il en était bien incapable. Instinctivement, il se lova une nouvelle fois dans cette douce chaleur qui réfrénait si bien le froid de son propre corps. Il referma ses bras autour de lui, gémissant de bien-être, fermant les yeux sur ce visage inquiet qui le regardait, sur ces yeux verts qui se reflétaient dans les siens… et il pria… pour que cet instant ne finisse jamais.

Shiryu le sentit se détendre petit à petit. Son corps se nicha dans le sien, l'épousant parfaitement, le faisant frissonner malgré lui. Ses sanglots s'entrecoupèrent et s'espacèrent pour peu à peu cesser et ses larmes se tarirent enfin. Ses bras se nouèrent dans son cou.

Sa main glissa alors dans la chevelure verte alors que l'autre resserrait son étreinte autour de sa taille, se perdant dans une caresse délicate dans son dos. Il vit les grands yeux verts se refermer et entendit son soupir. Tendrement, il posa ses lèvres sur les siennes, entrouvertes, horriblement tentantes dans une douce et chaste caresse.

Shun sursauta et rouvrit les yeux, affolé. Il réalisa d'un coup leurs positons et l'endroit où ils se trouvaient. Déjà plusieurs étudiants rentrant dans leurs chambres leur jetaient des regards curieux. Mais le sourire de son compagnon suffit à le rassurer :

- Alors, j'ai droit à une deuxième chance ? demanda celui-ci.
- Oui… murmura Shun en souriant s'élevant à sa hauteur

Quand leurs bouches se joignirent à nouveau, elles s'ouvrirent d'un même geste et avec douceur Shiryu pénétra dans celle offerte de son jeune amour, car il en était certain maintenant, Shun était un ange pur et unique, un ange qu'il ne tenait qu'à lui de découvrir.

Ce dernier sentait sa chaleur l'envahir, l'irradier de ce besoin irraisonné qu'il ne mesurait pas encore mais qui lui faisait tant de bien. Timidement, il chercha à son tour et trouva sa jumelle qu'il caressa. Shiryu le laissa venir à son rythme, savourant son innocence et sa douceur, se gavant de cet amour qu'il sentait poindre, prêt à lui être révélé. Et quand leurs langues, à force de se griser à ce jeu subtil, s'enroulèrent d'un même élan l'une autour de l'autre, il fut lui-même dépassé par l'intense explosion de fraîcheur et de passion qui le submergea totalement, lui faisant complètement quitter le moment présent.

Un cri les ramena tous deux brutalement à la réalité. Ils rompirent leur baiser pour découvrir Shunrei qui les regardait horrifiée. Shun voulut se dégager mais Shiryu resserra au contraire sa prise autour de lui. Sans un mot son regard revint vers son ange et il reprit là où on les avait interrompus. Shun resta un moment incertain mais finit par lui ouvrir de nouveau ses lèvres, quittant de nouveau la réalité.

Shiryu entendit les pas précipités de la jeune fille qui partait en courant et ses yeux se fermèrent pour savourer pleinement son échange merveilleux avec Shun. Jamais de sa courte vie, il n'avait partagé autant dans un simple baiser et il n'osait même pas imaginer l'intensité de ce qu'il ressentait et menaçait de le ravager. Il eut une pensée pour Shunrei mais il était temps que celle-ci comprenne qu'ils n'étaient pas faits l'un pour l'autre.

Ce n'est que bien plus tard, alors que la nuit avait envahit le campus. Que Shiryu eut entraîné Shun dans un bosquet à l'abri des regards indiscrets et un peu moins exposé. Qu'ils eurent échangés assez de baisers pour se convaincre l'un et l'autre de la situation, qu'ils s'installèrent enfin dans l'herbe, tendrement enlacés et reprirent leurs discussions interrompue au restaurant.

Shiryu s'excusa encore et lui rendit cette fois son livre et les feuillets en lui disant :

- Finis-le s'il te plait. Finis ce poème pour moi avant de me le rendre d'accord ?
- D'accord, je le finirais… répondit Shun en le rangeant dans son sac. Après quoi il ajouta. Je suis désolé pour Shunrei…
- Ne le sois pas ! Cela fait plus d'un an que je m'évertue à lui faire comprendre que notre relation n'avait aucun avenir.
- Mais peut-être qu'elle t'aime ?
- Non. Ce n'est qu'une illusion qu'elle se plait à croire. Je l'ai connue quand j'ai été adopté, elle habitait la maison voisine. Comme nous avions sensiblement le même âge, on jouait souvent ensemble et mes frères aînés nous charriaient sans arrêts sur un futur mariage. Mais quand j'ai été au collège, nous avons été séparés et c'est là que j'ai connu mon véritable premier amour…
- Comment s'appelait-elle ?
- Il s'appelait Hyoga et tu le connais.
- Le Hyoga d'Ikki ?
- Le même oui ! confirma Shiryu en souriant. Nous avions tous deux grandis dans le même orphelinat et nous nous sommes retrouvés au collège. C'est venu naturellement, sans même qu'on s'en aperçoive… mais nous avons tout aussi vite compris l'un et l'autre que ce n'était pas ce que nous recherchions et que notre amitié nous était bien plus précieuse que cette relation. Alors d'un commun accord, nous avons continué notre route ne gardant que notre amitié.
En arrivant dans cette fac, nous avons rencontré Ikki et j'ai retrouvé Shunrei. Hyoga a tout de suite craqué pour ton frère. Contrairement à moi, il était sûr de sa voie et avait définitivement banni les filles de ses relations. Mais il lui a fallut attendre plus d'un an pour qu'Ikki le regarde enfin autrement que comme un ami. Je ne l'avais jamais vue avec autant d'acharnement et je suis sûr qu'ils se sont réellement trouvé tous les deux…
- C'est également l'impression que j'en ais. De plus, pour qu'Ikki mette autant de temps à me le présenter, c'est qu'il est pour lui très important… et toi ?
- Moi, je me cherchais encore… J'ai cru que peut-être avec Shunrei j'y arriverai moi aussi. Mais c'était un leurre. Seulement quand j'ai voulu lui faire entendre raison, elle a refusé de m'écouter. Du coup, cela c'est fini en drame et depuis elle ne me lâche pas. A chaque fois que j'ai essayé de ressortir avec quelqu'un elle s'en est mêlée. Mais cette fois, je ne la laisserai pas faire, dit-il en prenant le visage de Shun dans sa main. Je refuse qu'elle vienne encore une fois tout gâché…

Ils échangèrent un nouveau baiser. Plus intense encore, plus chaud aussi. Shiryu sentit Shun frissonner entre ses bras et jugea plus prudent de mettre fin à cette soirée. Pour rien au monde il ne voulait le brusquer :

- Je vais te raccompagner, il commence à se faire tard ! dit-il en se levant et en lui tendant la main.
La moue boudeuse de Shun fit sourire Shiryu :
- Nous avons tout notre temps, dit-il en le tirant à lui, et je veux prendre le temps que l'on se découvre à notre rythme, d'accord ?
- Oui… mais embrasses-moi encore, supplia son ange blottit dans ses bras
- Juste une fois alors…

Après bien des arrêts et bien des baisers, Shiryu quitta enfin le bâtiment qui abritait la chambre de son ange et reprit, le cœur léger et chantant, le chemin de l'appartement qu'il partageait avec Ikki.

Il ne vit pas le regard noir d'une jeune fille blessée dans son amour propre tout comme il ne vit pas celui bien plus clair qui surveillait la dite jeune fille.

A suivre…