Chapitre 1

Défaite

C'était un échec total. En seulement deux coups, Freezer l'avait mis au tapis. Il avait cru pouvoir lutter contre lui, battre ce monstre et échapper à sa domination, recouvrer sa liberté, mais il n'était définitevement pas à la hauteur. Et maintenant, il allait mourir. Mais il ne regrettait rien, il avait joué sa partie, et il avait perdu, il était prêt à en payer le prix. Il ne regrettait rien... A part peut-être ne pas avoir pu venger son peuple, anéanti par ce tyran... A part peut-être ne pas avoir pu se venger de toutes ces années d'esclavage, de toutes les humiliations qu'il avait subies...

Maintenant il était suspendu par le cou, à moitié étranglé, pendant que Freezer le frappait en se moquant de lui. Les autres ne faisaient rien pour l'aider. Ils ne pouvaient rien faire, de toute façon. Quelle idée stupide il avait eue de s'allier à eux ? Ils n'étaient que des vermisseaux sans puissance... Même Carot ne pourrait rien faire. Carot. Cet idiot allait pouvoir s'en sortir. Il lui suffisait de quitter la planète dès qu'il serait rétabli : Freezer ignorait sa présence. Ce misérable guerrier de troisième classe allait s'en sortir, et lui, lui, le Prince des Saïyens, il allait mourir.

La douleur fusait dans tout son corps. Freezer semblait en avoir assez de lui taper dessus, il venait de le lancer à pleine puissance contre la falaise. Bof, ce n'était pas vraiment pire. Et au moins, il n'était plus étranglé. Ce qui ne l'aidait pas vraiment à respirer, les coups qu'il avait reçus lui avaient coupé le souffle. Mais respirer ne lui aurait servi à rien : d'une manière ou d'une autre, il vivait ses derniers instants...

« Keuf ! Il n'a plus l'intention de se battre... C'est un peu tôt, mais je vais l'achever ! »

Oui, c'est bien ce qu'il pensait. Etrangement, ça ne le dérangeait pas tant qu'il aurait cru. La mort serait un soulagement. Non, il ne devait pas penser ainsi. Il était le Prince des Saïyens, un des derniers représentants de son espèce (avec cette andouille de Carot !), il ne devait pas baisser les bras comme ça. Même s'il n'y avait plus d'espoir, même si comme venait le dire Freezer, il n'avait plus l'intention de se battre.

Il y avait de l'agitation, un peu plus loin. Là où étaient les Terriens. Il entendait une conversation, sans comprendre ce qui se disait. Quelqu'un s'approchait de lui et de Freezer. Peut-être un de ces trois crétins venait-il pour le sauver ? N'importe quoi. Il commençait à penser n'importe quoi. Aucun des trois n'avait une force suffisante pour affronter Freezer - et tous le savaient. En plus, ces gens étaient ses ennemis. Il n'allait tout de même pas se faire sauver par ses ennemis? Mieux valait mourir.

« C'est toi, Freezer? Je ne m'attendais pas à ce que tu ressemble à un gamin... »

Carot. C'était la voix de Carot. Non, il devait se tromper. Carot était dans un caisson de régénération, même s'il en était déjà sorti, il devait avoir quitter la planète. Venir ici ne lui servirait qu'à se faire tuer, lui aussi.

« En voilà encore un. »

« J'ai un duel prévu avec Végéta. Laisse-le. »

C'était bien Carot, finalement. Il n'avait pas fui, il venait même le sauver. Encore. Mais il ne pourrait rien faire contre Freezer. Personne ne pouvait rien faire contre une telle puissance. Carot ne s'en rendait-il donc pas compte? Ou peut-être venait-il tenter sa chance, essayer de sauver son fils, ses amis. Ce devait être ça. Il était venu sur cette maudite planète pour ça, non? Il avait un certain sens de l'honneur, après tout. Pas l'honneur tel que le concevaient les Saïyens, mais de l'honneur tout de même. Mais ça ne lui servirait à rien. Freezer, lui, n'avait aucun sens de l'honneur, mais il gagnerait tout de même ce combat et avec Carot, son fils et lui, la race des Saïyens s'éteindrait. Il ne fallait pas que ça arrive. Ça ne pouvait pas arriver. Ils appartenaient au peuple le plus fort de l'univers, ils ne pouvaient pas mourir ici, maintenant. Ce n'était tout simplement pas juste.

« Ca... Carot ! T... T... Tu... »

« Carot ?! C'est un prénom Saïyen !! »

Zut... Freezer l'avait interrompu, et maintenant, il ne savait plus ce qu'il avait voulu dire à l'autre Saïyen. Fuir. Sans doute. Mais Carot ne fuirait pas, même si c'était la seule chose intelligente à faire. Il n'était bien sûr pas question d'abandonner le combat, mais partir, s'entraîner, et revenir tuer Freezer, venger son peuple, plus tard. Il devait pouvoir faire ça, sa force avait tellement augmenté depuis son combat contre Raditz, seulement un an plus tôt...

A bien y réfléchir, il n'aurait peut-être même pas besoin de s'entraîner d'avantage pour vaincre Freezer. Il semblait déjà incroyablement plus fort que lors du combat contre Ginue. Les Saïyens progressaient toujours après un combat, mais là... Carot n'était plus comme avant. Il avait dépassé ses limites. Il avait dépassé toutes les limites jamais atteintes par les Saïyens. Etait-il devenu un super Saïyen? Lui, ce misérable guerrier qui ne se souvenait même pas appartenir au peuple Saïyen?

Il avait fini de papoter avec Freezer. Le monstre l'avait attaqué, mais Carot avait réussi à tout bloquer. Il était même parvenu à frapper Freezer. Oui, il était sûrement devenu un super Saïyen... Il pourrait battre Freezer... L'idée de Freezer battu à mort par un Saïyen (même si ce Saïyen était Carot) lui redonna assez d'énergie pour se moquer de son ancien adversaire, de son bourreau.

« Tu devrais te battre sérieusement, Feezer. C'est lui dont tu avais peur ! » ricana-t-il. « C'est lui le super Saïyen ! » Il était parvenu à se redresser suffisamment pour voir Freezer. Celui-ci semblait surpris. « C'est lui le combattant le plus fort de l'univers, le super Saïyen ! C'est la fin pour toi, Freezer ! » Maintenant, Freezer semblait carrément fâché. Mais Végéta n'avait pas pu s'empêcher d'en remettre une couche. « Tu vas connaître le sens du mot défaite !! » Il n'aurait pas du. Freezer, furieux, venait de lui transpercer le cœur d'un trait d'énergie que personne n'avait vu venir. La douleur était insupportable. Cette fois, il allait vraiment mourir, peu importe qui gagnerait ce combat. Il se sentait partir, mais il avait encore assez de force pour entendre cet idiot de Carot s'offusquer de ce qui venait de se passer.

« Végéta ne pouvait même plus bouger ! Ce n'était pas la peine de le tuer ! »

Quel imbécile. Il ne comprendrait donc jamais que cela faisait partie de la loi du combat? Il avait perdu, c'était normal que Freezer lui donne le coup de grâce.

« Il s'est accroché à son idée de super Saïyen, mais ce n'est qu'une légende. Et je n'aime pas les casse-pieds. »

Il fallait faire quelque chose. Il ne pouvait pas rester là à mourir en les écoutant se disputer. Et Carot ne pourrait jamais gagner ce combat, si fort soit-il, s'il continuait de raisonner de cette manière. Il avait besoin d'être secoué un peu. Très bien. Ses dernières forces allaient y passer, mais si ça pouvait entraîner la mort de Freezer, ça vaudrait le coup - même s'il ne pourrait pas le voir.

« Ca...Carot... Tu...Tu es encore trop naïf...trop naïf pour être...pour être un super Saïyen !! S...Sois sans cœur et sans pitié ! Tu...Tu pourrais être un super Saïyen, si...si tu étais plus réaliste !! »

« Je ne peux pas être sans cœur comme toi, et puis... je n'ai pas tout compris à ton histoire de super Saïyen... »

Il fallait donc tout lui expliquer? Bon. « L...Les super Saïyens sont... »

«Ne parle plus ! Sinon tu vas mourir !! »

Quel idiot ! Il allait mourir, de toute façon, mais s'il était sans cesse interrompu, il mourrait avant d'avoir fini ce qu'il avait à dire. C'était déjà assez difficile comme ça ! Ce bavard se tairait-il un jour? « E...Ecoute bien, Carot. Vejitasei, notre planète natale, n'a pas été détruite par une collision avec une météorite... »

« J'ai transpercé son cœur et il parle encore? »

Freezer, maintenant. Il n'arriverait jamais à terminer... Il n'avait qu'à l'ignorer. « C...C'est Freezer qui l'a détruite ! Nous, les Saïyens, travaillions pour lui comme des esclaves. » Il lui fallait reprendre son souffle pour continuer. Finalement, les interruptions avaient du bon. « A part nous, ils ont tous été exterminés. Tes parents... mon père, le Roi... Et ce, car Freezer avait peur des super Saïyens... »

« Kof ! De quoi il parle? »

Encore Freezer. Même maintenant qu'il était devant ce fameux super Saïyen, il continuait à nier toute l'histoire... Sans importance. « Je...Je t'en supplie ! Elimine Freezer ! » Il pouvait sentir quelque chose de chaud sur ces joues. Des larmes. Voilà qu'il se mettait à pleurer, maintenant ! A cause de sa mort imminente? Non. Plutôt à cause de ce sentiment d'inutilité et de gâchis qui l'envahissait. Sa vie n'avait été qu'un immense gâchis. Mais elle n'était pas encore tout à fait terminée. Il lui restait bien la force d'ajouter quelques mots. « S'il te plait ! Il doit mourir des mains d'un Saïyen ! »

C'était terminé à présent. Il n'avait plus rien à ajouter, de toute façon, il n'en aurait pas eu la force. Il sentait la douleur dans sa poitrine s'estomper doucement. Mourir avait quelque avantage... Il voyait défiler sa vie, rapidement. Une sorte de résumé-express. Il se revoyait, enfant, sur Vejitasei. Il n'était rien, alors. Le fils du Roi? Certes. Mais personne n'y faisait attention : il était trop jeune. Même son père l'ignorait. Malgré sa force, et tous les efforts qu'il avait faits, son père ne lui avait jamais témoigné le moindre intérêt - juste une profonde irritation, lorsqu'il n'était pas à la hauteur de ses attentes.

Puis il était parti en mission, et sa planète avait été détruite. Il n'avait pas réellement ressenti de peine. Juste un peu de peur, au début : qu'allait-il devenir, dans un monde qu'il ne connaissait pas, où il ne serait qu'un orphelin détesté par tous, à cause de ses origines Saïyennes? Mais Freezer lui avait "proposé" de continuer à travailler pour lui, ce qui lui avait permis d'assurer son avenir. Et il n'était pas seul : il y avait Nappa et Raditz, qu'il pouvait martyriser à sa guise, et qui lui permettaient de se sentir encore "Prince". Quelle blague. Prince de quoi? De deux idiots qui ne le respectait que pare qu'il était le plus puissant? Il n'avait pas su s'en rendre compte. Ou pas voulu.

Et sa vie avait continué ainsi. Se battre. S'entraîner. Progresser. Il avait rapidement monté les échelons dans l'armée de Freezer, mais ça ne l'intéressait pas. Il voulait la meilleure place. La place de Freezer. Les années passant, lui obéir devenait de plus en plus difficile... Sa fierté ne le lui permettait tout simplement pas.

Il avait comploté pour pouvoir rivaliser avec Freezer. Il n'était pas assez fort, ça il le savait. La puissance de Freezer dépassait tout ce qu'un Saïyen pouvait atteindre. Il lui fallait donc trouver autre chose. Il avait commencé à bâtir son propre empire, attaquant des planètes derrière le dos de Freezer. Nappa et Raditz étaient dans le coup. Il s'était assuré leur coopération en les menaçant d'une mort particulièrement lente et douloureuse s'ils le trahissaient. Mais ce n'était pas vraiment utile : eux aussi détestaient Freezer et ses manières de tyran. Eux aussi souhaitaient voir restaurée la puissance du peuple Saïyen...

Et puis ils avaient trouvé une jolie planète. Une planète qui leur rapporterait beaucoup d'argent. Assez pour élargir leur activité, commencer à former leur propre armée. Mais les habitants de cette planète étaient trop forts, ils ne pouvaient pas l'attaquer seulement à eux trois. Ils seraient sans doute venus à bout des habitants, mais c'était tout de même un pari risqué, et revenir à moitié morts d'une mission de routine aurait mis la puce à l'oreille de Freezer. C'est alors que Raditz avait pensé à son frère. A quatre, ils pourraient se partager le travail : une équipe pour les missions de Freezer, une autre pour leurs propres missions, tant qu'ils ne seraient pas assez puissants pour rivaliser avec Freezer. C'était dangereux, la Terre était loin, mais si Raditz y allait seul, Nappa et lui pourrait le couvrir suffisamment longtemps. Ils avaient décidé d'essayer : un membre supplémentaire à leur conspiration valait bien qu'on prenne quelques risques.

Et tout avait été de travers. Carot n'avait pas voulu faire partie de l'équipe. Il avait tué Raditz, réduisant leurs chances de succès - déjà minces. Mais il y avait encore un espoir : les Dragons Balls. Il connaissait la légende : sur la planète Namek, on pouvait trouver sept Dragons Balls. Quand on les réunissait, on pouvait faire un vœu, n'importe lequel. Mais n'était-ce pas qu'une légende? Les Terriens semblaient y croire dur comme fer. Ils semblaient dire qu'il y avait des Dragons Balls sur leur planète. Ça valait le coup d'aller vérifier : avec la vie éternelle, ils pourraient venir à bout de Freezer. Au pire, il n'y avait qu'à attendre qu'il meure... ce ne serait plus qu'une question de patience.

Et encore une fois, rien n'avait été comme il l'avait voulu. Carot avait battu Nappa. Puis il l'avait battu, lui, le Prince des Saïyens. Il ne comprenait toujours pas comment ça avait pu arriver mais c'était sans importance maintenant. Après avoir fui la Terre - fuir ! lui ! - il avait voulu aller sur Namek, prendre les Dragons Balls. Mais Freezer était au courant. Et c'était entièrement de sa faute : il avait commis l'erreur - impardonnable - de parler des Dragons Balls alors que son dispositif de détection, et surtout la radio qui allait avec, était branché. Et Freezer avait tout entendu, et il l'avait devancé sur Namek. Malgré tout, il avait réussi à réunir les Dragons Balls, les Terriens avaient même pu réaliser leurs vœux. Et il aurait pu réaliser le sien aussi, si seulement ces misérables n'avaient pas tant hésité. La malchance le poursuivait depuis un an, il aurait dû deviner que ça ne marcherait pas. Le Grand Chef Namek avait choisi ce moment là pour mourir. Et Freezer pour arriver. A présent, il gisait là, mourant, pour quelques misérables secondes de perdues.

La douleur le quitta complètement, comme il plongeait dans les ténèbres...


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